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A propos de livres...
21 octobre 2015

Millenium - tome 5 - Sylvain Runberg, Stieg Larsson et Homs

millenium_5_1_75 Dupuis - mars 2015 - 64 pages

Quatrième de couverture :
Lisbeth s'était évadée de la maison où la retenait son père, le sinistre Zala, chef de gang régnant sur la traite des blanches en Suède. Père et fille, bien que tous deux grièvement blessés dans l'affrontement, n'ont pas fini d'en découdre, tandis que Niedermann, le terrifiant colosse, laisse des cadavres dans le sillage de sa cavale. Lisbeth, la hackeuse solitaire, va devoir accepter l'aide des rares personnes en Suède qui la croient innocente : Mikael Blomkvist ou Plague. Mais en cherchant à lever le voile sur le passé de cet homme auquel elle doit tous les tourments de son enfance, elle va provoquer la réactivation de la « Section », une cellule secrète de la Säpo (le contre-espionnage suédois) dont les sinistres secrets dormaient avec Zala.

Auteurs : Stieg Larsson, né en 1954, journaliste auquel on doit des essais sur l'économie et des reportages en Afrique, était le rédacteur en chef d'Expo, revue suédoise observatoire des manifestations ordinaires du fascisme. Il est décédé brutalement, en 2004, d'une crise cardiaque, juste après avoir remis à son éditeur les trois tomes de la trilogie Millénium.
Né en 1971 à Tournai d'une mère Belge et d'un père Français, ayant grandi dans le sud de la France, c'est en compagnie des Astérix, Batman et autres Spirou que Sylvain Runberg étanche sa soif de bulles, le tout entrecoupé de récits historiques et de romans divers, manière de titiller son imaginaire en devenir. Il passe son bac d'Arts Plastiques dans le Vaucluse avant d'obtenir une Maîtrise d'Histoire contemporaine à la faculté d'Aix en Provence, années étudiantes ponctuées de nombreux voyages en Europe et d'organisation de soirées musicales, du rock indépendant à la musique électronique. Sylvain Runberg évolue ensuite plusieurs années en librairie avant de rejoindre le monde de l'édition. Il déménage alors à Paris pour rejoindre les Humanoïdes Associés. Mais un fâcheux accident l'immobilise plusieurs mois durant l'année 2001. Il s'essaye alors à l'écriture durant sa convalescence et s'aperçoit que ça lui plait plus que de raison et décide de continuer. En 2004, Sylvain sort son premier album, « Astrid » avec Karim Friha. Suivent ensuite des projets aux univers variés : les « Colocataires » avec Christopher, série inspirée par ses années étudiantes aixoises, « Hammerfall », avec Boris Talijancic, saga médiévale fantastique ayant pour cadre la Scandinavie du VIIIe siècle et la série de science fiction « Orbital », réalisée avec Serge Pellé. 

Né en 1975 en Espagne, José Homs se revoit tout petit entouré de crayons et de papiers. Une vocation précoce : raconter des histoires en dessinant. Il passe par l'école Joso de Barcelone, ou il fait de grandes rencontres mais suit peu de cours. Il gagne très vite sa vie grâce au dessin : publicité, presse, design, graffiti... Sa carrière l'amène ensuite à devenir pendant deux ans le dessinateur de "Red Sonja". Mais les cadences et les contraintes du marché américain le laisse frustré. À la naissance de sa fille, il décide de chercher une collaboration qui corresponde mieux à ses inclinations premières... Il travaille aujourd'hui, ravi, sur "L'Angelus", une histoire de Frank Giroud.

 

Mon avis : (lu en septembre 2015)
Voilà enfin l'adaptation du troisième tome de Millenium, "La reine dans le palais des courants d'air". Dans ce tome 5, j'ai retrouvé avec plaisir de dessin de Homs. L'intrigue s'accélère, le format BD donne au récit beaucoup de rythme et de dynamisme. Dans l'épisode précédent, nous avions laissé Lisbeth en mauvaise posture et il va lui falloir toute son énergie pour pouvoir se remettre de son affrontement  avec Zala, heureusement elle pourra compter sur ses amis fidèles comme Mikael Blomkvist, Plague, Dragan Armanskij, son ancien patron et son ancien tuteur pour la soutenir... L'adaptation BD est toujours fidèle à l'original et j'ai eu la chance de pouvoir lire le dernier tome, à la suite de celui-ci, mon billet reste à écrire et sera sans doute publié dans quelques jours.

Extrait :

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Déjà lu dans la même série :

88596558_p Millenium - tome 1 106030485 Millenium - tome 2

millenium3 Millenium - tome 3  millenium4 Millenium - tome 4

 

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28 novembre 2015

Une forêt d'arbres creux - Antoine Choplin

Lu dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire 2015 PriceMinister

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une foret d'arbres creux La fosse aux ours - août 2015 - 120 pages

Quatrième de couverture : 
TEREZIN, RÉPUBLIQUE TCHÈQUE, décembre 1941.
Bedrich arrive dans la ville-ghetto avec femme et enfant. Il intègre le bureau des dessins.
Il faut essayer de trouver chaque matin un peu de satisfaction en attrapant un crayon, jouir de la lumière sur sa table à dessin, pour enfin s'échapper du dortoir étouffant, oublier la faim, la fatigue et l'angoisse.
Chaque jour se succèdent commandes obligatoires, plans, aménagements de bâtiments. Chaque nuit, le groupe se retrouve, crayon en main, mais en cachette cette fois. Il s'agit de représenter la réalité de Terezin sans consigne d'aucune sorte.
Et alors surgissent sur les feuilles visages hallucinés, caricatures. Tout est capté et mémorisé la nuit puis dissimulé précieusement derrière cette latte de bois du bureau des dessins.

Auteur : Né en 1962, Antoine Choplin vit près de Grenoble, où il partage son temps entre l’écriture et l’action culturelle. Il est directeur de « Scènes obliques », dont la vocation est d’organiser des spectacles vivants dans les lieux inattendus, des sites de montagne. Il est aussi l’animateur depuis 1996 du Festival de l’Arpenteur (Isère), qui chaque mois de juillet programme des rencontres inhabituelles entre des créateurs (notamment des écrivains) et le public. Il s’est fait connaître en 2003 lors de la publication de son roman, Radeau, (2003), qui a connu un vrai succès populaire (Prix des librairies « Initiales », Prix du Conseil Général du Rhône). Parmi ses derniers titres : Léger Fracas du Monde (2005), L’impasse (2006), Cairns (2007), et de Apnées (2009), Cour Nord (2010), Le héron de Guernica (2011), La nuit tombée (2012), Les gouffres (2014).

Mon avis : (lu en novembre 2015)
Ce livre est un vrai coup de poing et coup de coeur.
Dans ce livre, Antoine Choplin nous raconte une histoire vraie, celle de Bedrich Fritta, un artiste tchèque déporté au camp de Terezin avec sa femme et son fils âgé de 1 an. Bedrich a été affecté au bureau des dessins techniques, il y dessine et supervise les plans d'aménagement du camp, en particulier, il va devoir avec son équipe dessiner les plans des futurs crématoriums. 
La nuit, en secret, avec quelques uns de ses compagnons, ils dessinent leur quotidien, la réalité du camp. Comme un acte de résistance, ils veulent témoigner et durant quelques heures dessiner "librement". 
Un travers un récit cours, juste, sobre et avec une écriture poétique, l'auteur dessine le ghetto de Terezin avec son l'atmosphère pesante, ses horreurs, la violence, la peur de partir dans ces trains vers la mort, la fatigue des corps amaigris mais aussi ses petits gestes d'humanité, ses lueurs d'espoir, la passion de l'art qui aide à survivre, la résistance... 

Merci PriceMinister pour ce partenariat et cette découverte poignante.

Après cette lecture touchante et forte, je me suis renseignée sur Bedrich Fritta (1906 - mort à Auschwitz en novembre 1944), voici ci-dessous quelques uns de ses dessins :

Bedřich Fritta, Barackenbau, (Auftragsarbeit), Theresienstadt 1942

Dessin "officiel" destiné à la propagande

 

Bedřich Fritta, Cvokárna: Raum mit geisteskranken Frauen, 1943

Bedřich Fritta, Sammelunterkunft, 1943

Bedřich Fritta, Männerunterkunft in der Sudetenkaserne, 1943

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17625

Dessins non officiels

Bedřich Fritta, « Für Tommy zum dritten Geburtstag in Theresienstadt 22.1.1944 », 1943/44

Livre d'image réalisé en 1943 et 1944 pour les 3 ans de Tommy, le 22 janvier 1944

Extrait : (début du livre)
Quand il regarde les deux arbres de la place, il pense à tous les arbres du monde.
Il songe à leur constance, qu’ils soient d’ici ou de là-bas, du dehors ou du dedans. Il se dit : vois comme ils traversent les jours sombres avec cette élégance inaltérée, ce semblable ressort vital. Ceux bordant la route qui relie la gare au ghetto, et qui s’inclinent à peine dans la nudité ventée des espaces. Ceux des forêts au loin, chacun comme une obole au paysage, et dont la cohorte se perd au flanc des montagnes de Bohême. Ceux aussi des jardins de l’enfance et que colorent les chants d’oiseaux. Ceux des collines froides, des bords de mer, ceux qui font de l’ombre aux promeneurs de l’été. 
Ces deux-là sont peut-être des ormes. Des ormes diffus, à en juger par l’opulence décousue de la ramure. Même au seuil de l’hiver, la seule densité des branches réussit à foncer le sol d’un gris plus net. Voilà ce que Bedrich observe un long moment, le jour même de son arrivée à Terezin. Les deux ormes, appelons-les ainsi, de tailles sensiblement égales, jeunes encore sans doute, distants de quelques mètres à peine et confondant ainsi leurs cimes. Par contraste, la clarté laiteuse du jour perçant la ramure au cœur rend à chaque branche sa forme singulière. On voit ainsi combien la silhouette rondouillarde et équilibrée de l’arbre résulte de l’agrégat d’élancements brisés, de lignes rompues et poursuivant autrement leur course, de désordres. Dans ce chaos que ne tempère que cette tension partagée vers le haut, l’œil a tôt fait d’imaginer des corps décharnés, souffrants, empruntant à une gestuelle de flamme ou de danseuse andalouse, implorant grâce ou criant au visage de leur bourreau la formule d’un ultime sortilège, résistant un instant encore à l’appel du gouffre que l’on croirait s’ouvrant à la base du tronc.
Juste derrière les deux ormes passe la clôture de fils de fer barbelés, quatre ou cinq lignes noires et parallèles rythmées par les poteaux équidistants. Drôle de portée avec ses barres de mesure, vide de toute mélodie, et contre laquelle, à bien y regarder, semble se disloquer la promesse des choses. Car à l’œil englobant de Bedrich, les deux arbres naguère palpitants et qui le renvoyaient à la grande fratrie des arbres du monde, lui apparaissent maintenant, par le seul fait de ces barbelés, comme un leurre. Au mieux, ils s’évanouissent en tant qu’arbres pour n’être plus que créatures incertaines, soumises à plus fort qu’elles-mêmes. Pour peu, ils ne seraient bientôt plus qu’une illusion de la perception, jetés en irréalité par le trait de la clôture.
Voilà peut-être pour ce qui est de ce regard du premier jour porté par Bedrich sur les deux ormes de la place de Terezin. S’y entrelacent, en lisière de cette désolation, l’élan et la contrainte, la vérité et l’illusion, le vivant et le mort. À eux seuls, les barbelés ne disent rien, pas plus que les arbres ; ce sont les deux ensemble qui témoignent de l’impensable.
Il repense aux forêts aperçues depuis le train et à cette étrange sérénité que ces paysages lui ont procurée malgré tout. Les forêts portent les espoirs, il se dit. Elles ne trompent pas. On n’a jamais rapporté le cas d’une forêt d’arbres creux, n’est-ce pas ?

 

Déjà lu du même auteur :

le_h_ron_de_guernica Le héron de Guernica 5600 La nuit tombée 

cour_nord Cour Nord choplin_radeau Radeau 98602965 Les gouffres

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23 février 2016

Des fleurs pour Algernon - Daniel Keyes

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9782367620404-001-T Audiolib - décembre 2015 - 1h27 - Lu par Grégory Gadebois

traduit de l'anglais (États-Unis) par Roger Durand

Titre original : Flowers for Algernon, 1959

Quatrième de couverture :
Algernon est une souris de laboratoire dont le traitement du Pr Nemur et du Dr Strauss vient de décupler l'intelligence. Enhardis par cette réussite, les deux savants tentent alors, avec l'assistance de la psychologue Alice Kinnian, d'appliquer leur découverte à Charlie Gordon, un simple d'esprit.
C'est bientôt l'extraordinaire éveil de l'intelligence pour le jeune homme.
Il découvre un monde dont il avait toujours été exclu, et entame une incroyable métamorphose.
Mais un jour les facultés supérieures d'Algernon déclinent...
Grégory Gadebois incarne un Charlie bouleversant. Il a obtenu le prix du meilleur comédien 2013 au Palmarès du théâtre et le Molière « Seul en scène» en 2014 pour l’adaptation théâtrale de ce texte dans la mise en scène d’Anne Kessler.

Auteur : Daniel Keyes(1927-2014) obtient un diplôme de pyschologie puis devient professeur d’anglais, de littérature et d’écriture. Sa nouvelle Des fleurs pour Algernon, qu’il transformera en roman en 1966, est connue dans le monde entier : traduite dans plus de trente pays et vendue à quelque cinq millions d’exemplaires. Daniel Keyes est aussi l’auteur du dyptique Les Mille et une vies de Billy Milligan, et Les Mille et une guerres de Billy Milligan, entre autres.

Lecteur : Ancien élève du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, Grégory Gadebois a été pensionnaire de la Comédie française de 2006 à 2012, où il s’est illustré dans de nombreuses pièces classiques (Cyrano de Bergerac, Le Mariage de Figaro…). Au cinéma, il reçoit en 2012 le César du meilleur espoir pour Angèle et Tony d’Alix Delaporte. On a pu le voir récemment dans Coup de chaud de Raphaël Jacoulot, ou Au plus près du soleil d’Yves Angelo. Il a interprété Des Fleurs pour Algernon au théâtre de 2012 à 2015 (mise en scène d’Anne Kessler, prix du Meilleur comédien 2013 au Palmarès du théâtre, et Molière « Seul en scène » 2014), ainsi qu’à la télévision, sur Arte, en 2014.  

Mon avis : (écouté en février 2016)
Cette lecture audio est très courte, mais très forte. Un coup de cœur. C'est le texte intégral de la nouvelle écrite par David Keyes en 1959 dont a été tiré un roman publié en 1966 sous le même titre.  
Charlie Gordon a 37 ans et l'âge mental d'un enfant de 6 ans. Il espère devenir intelligent en subissant une opération au cerveau semblable à celle qu'à subit la souris Algernon qui est devenue ainsi super-intelligente.
Les médecins ont demandé à Charlie d'écrire un journal pour raconter au jour le jour l'expérience et ses progrès. L'opération réussie et assez vite Charlie devient de plus en plus intelligent, mais il découvre la réalité des amitiés qu'il croyait avoir et sa nouvelle intelligence ne le rend pas plus heureux, au contraire, il se sent isolé... 
Pas facile de faire un billet sur une lecture bouleversante comme celle-ci, j'avoue avoir terminé cette écoute en larmes... Je ne suis pas adepte de Science Fiction et je ne m'attendais pas à être si troublée et touchée par ce livre qui appelle à la réflexion sur la recherche scientifique, sur la place des handicapés mentaux dans notre société...
Le lecteur, Grégory Gadebois, est exceptionnel, il a toute la légitimité pour lire cette nouvelle puisqu'il a déjà interprété ce texte au théâtre et a été primé par un Molière en 2014.

Autres avis : ValérieSaxaoulMeuraïe 

Extrait : (début du livre)
conte randu 1. – 5 mars 1965.

Le Dr Strauss dit que je devrai écrire ce que je panse et tout ce qui marive a partir de mintenan. Je sai pas pourquoi mais il dit que c’est inpor tan pour qu’on voye si on peu manployé. J’espère qu’on poura. Miss Kinnian dit que peutètre qu’on poura me randre intélijan. Je veu être intelijan. Je mapèle Charlie Gordon. J’ai 37 ans et y a 2 semaines c’était mon aniversère. J’ai plu rien a écrire mintenan alor je termine pour aujourdui.

conte randu 2. – 6 mars.

Aujourdui on ma fait passé un test. Je croi pas que j’ai réussi et je panse que peutètre qu’on manployera pas. Ya un jeune homme qu’est venu dans la chambre et il avait des cartes blanches avec plin d’ancre dessu. Il a dit Charlie quesque tu voi sur cette carte. J’avai très peur malgré que j’avai ma patte de lappin dans ma poche parsque quan j’étai gosse je ratai toujour mes test a l’école et pui je ranversai de l’ancre aussi.
Je lui ai dit que je voyai une tache d’ancre. Il a dit oui et sa ma fait plaisir. Je pansai que c’était tout mais quand je me sui levé il ma arété. Il a dit assoi toi Charlie on a pas ancore fini. Après je me rapèle pas si bien mais il voulait me faire dire ce qui y avait dans l’ancre. Je voyai rien dans l’ancre mais il a dit qui y avait des imajes et que les autres voyait des imajes. Moi je voyai pas d’imajes. J’ai vraiman essayé de voir. Jai regardé la carte de près et pui de loin. J’ai dit que si j’avai mes lunète je pourai mieu voir je les porte juste au ciné ou pour voir la télé mais j’ai di elle son dans le placar dans le couloir. On me les a donné. Alor j’ai di faite moi voir cette carte je pari que je vais trouvé mintenan.
J’ai bien essayé mais je pouvai toujour pas trouvé les imajes je voyai que l’ancre. Je lui ai di que peutètre que j’ai besoin de changé de lunète. Il a écrit quelque chose sur un papier et j’ai eu peur de raté le test. Je lui ai dit que c’était une belle tache d’ancre avec des petit points tout autour. Il a eu l’air triste et j’ai vu que c’était pas sa. Je lui ai di laissé moi essayé ancore. Je vai savoir dans quelques minutes parsque je conpran pas toujour vite.
Je li pas vite non plus dans la classe d’adultes de miss Kinnian mais j’essaye tant que je peu.
Il ma fait ancore essavé avec une autre carte qui avait 2 sortes d’ancre dessu rouje et bleu.
Il était très aimable et il parlait lanteman comme miss Kinnian et il ma espliqué que c’était un test ror chaque. Il a dit que les jans voyait des choses dans l’ancre. Jai di montré moi ou sa. Il ma dit de pansé. Je lui ai di je panse une tache mais c’était pas sa. Il a dit sa te rapèle quoi. Imagine quelque chose. J’ai fermé les yeux lontant pour imaginé. Je lui ai di j’imagine un stilo avec de l’ancre qui coule partous sur un tapi. Alor il s’est levé et il est parti.
Je croi pas que j’ai réussi le test ror chaque.

17 juin 2016

L'épine du passé - Candice Renoir

L_epine_du_passe_hd Michel Lafon - mai 2016 - 267 pages

Quatrième de couverture :
La vie d'expat à Singapour est loin de bien se passer pour Candice : trois ans après une arrivée en fanfare, l'ancienne policière du 36, quai des Orfèvres se sent prisonnière d'une cage dorée. À la tête d'une nombreuse marmaille et délaissée par un mari qui passe sa vie à travailler, elle s'ennuie ferme et se retrouve au bord de la dépression. Jusqu'au jour où elle se met à recevoir anonymement des fleurs et plantes magnifiques. Très vite, Candice réalise que les mystérieuses livraisons font référence à son propre passé et sont porteuses de messages de plus en plus inquiétants. Flic un jour, flic toujours... La jolie blonde a beau passer pour folle auprès de ses proches, elle se fie à son instinct et décide de mener l'enquête. L'heure n'est plus à la vie de desperate housewife, Candice a intérêt à retrouver ses réflexes de la PJ si elle ne veut pas voir sa photo à la rubrique faits divers des journaux... Épaulée par le séduisant Domenico, la charmante et gaffeuse super-maman va semer la zizanie dans l'ordre singapourien pour découvrir qui se cache derrière ces cadeaux fleurant bon le terrible parfum de la vengeance.

Auteur : Candice Renoir, commandant de choc pour France 2, lève le voile sur les raisons de son retour en France et sa réintégration dans la police.

Mon avis : (lu en juin 2016)
J'aime beaucoup la série télévisée Candice Renoir que je suis depuis quatre ans. Lors d'un Masse Critique de Babelio, j'ai découvert l'existence de ce livre et j'avais hâte de suivre une enquête inédite de mon héroïne favorite...
Le contexte est différent de celui de la série télévisée car elle se déroule avant le début de la série, à Singapour, alors qu'elle était simple mère de famille suivant son mari expatrié... 
Sa vie d'expatriée lui pèse, elle s'ennuie, ses enfants sont à l'école, son mari est très pris par son travail et son inactivité la fait déprimer... Et voilà que Candice reçoit des bouquets de fleurs anonymes... L'ancienne commandante de police, ne peut pas s'empêcher de mener son enquête avec l'aide de ces amis expats Sophie, Bertrand et Dominico... 
Voilà une lecture distrayante et prenante, l'intrigue est bien construite, le lecteur se prend au jeu et j'ai retrouvé l'esprit de la Candice de la série, fantaisiste, pleine d'humour, mère de famille débordée mais enquêtrice pleine de ressources...
Une petite remarque : dans la série les jumeaux sont prénommés Martin et Léo, dans le livre Léo est devenu Théo...
Si vous ne connaissez pas la série, vous découvrirez Candice avec cette enquête qui nous fait découvrir la ville de Singapour et les dessous de la vie de femme d'expatrié. Et vous aurez peut-être envie de découvrir cette série policière assez atypique.
Si vous connaissez et aimez la série, c'est l'occasion d'en savoir plus sur la vie de Candice avant son arrivée au commissariat de Sète...

Extrait : (début du livre)
En silence, je déballe le contenu du colis posé sur mon lit avec l’attention qu’il mérite. Je ne trouve pas de mots assez justes pour décrire la splendeur qui se déploie sous mes yeux. De ma vie, je n’ai jamais porté une telle merveille. Élégante, sexy, cette longue robe fourreau, ornée de perles scintillantes et d’une traîne aérienne, est travaillée dans les moindres finitions. Subtilement provocatrice, elle s’autorise un décolleté aussi osé sur la poitrine que dans le dos, dévoilant une chute de reins qui n’a rien à envier à Mireille Darc dans Le grand blond avec une chaussure noire. Sans me soucier de savoir de quel grand couturier elle est signée, je la mets contre moi pour l’admirer dans le miroir de notre chambre conjugale. En toute modestie, j’ai l’impression que la robe a été dessinée et cousue pour moi. J’attrape mon sac doré que je glisse négligemment sur mon épaule afin de donner une touche de fantaisie à ma tenue. Le menton relevé, l’air un peu arrogant, j’ai la sensation fort agréable d’être une femme fatale, une véritable James Bond Girl. Un court instant seulement…
– Oh my God, on dirait un sapin de Noël !
Emma – qu’à cet instant précis, je regrette amèrement d’avoir mise au monde il y a quatorze ans – vient de me rejoindre dans la chambre, suivie de Laurent, mon mari, amusé par la réflexion de sa fille.
– Ne l’écoute pas ! Tu es sublime, elle te va à ravir, tente-t-il de me rassurer. Par contre, le sac doré avec la robe, je ne suis pas sûr…
– C’est le seul que j’aie, je l’interromps sèchement, un poil vexée. Je te rappelle que nos valises ne sont toujours pas arrivées à Singapour.
– Ne te fâche pas ! Sac ou pas sac, tu seras de toute façon la plus belle ce soir.
Laurent s’approche et me prend dans ses bras.
– Merci chéri ! La robe est sublime.
– Tu remercieras ma patronne. C’est elle qui l’a choisie et l’a fait livrer ici quand je lui ai raconté nos malheurs avec nos bagages. Elle tenait absolument à ce qu’on soit présents pour la grande inauguration du bureau de BigEyes Security à Singapour.
– D’ailleurs, on les aura quand, nos bagages ? nous coupe Emma, qui s’est allongée sur notre lit. Ça me saoule, je m’ennuie ici. J’ai même pas d’ordi pour skyper.
– Les valises sont restées en transit à Hong Kong, mais seront normalement là demain, la rassure tant bien que mal son père.
– Un peu de patience, ma chérie, j’enchéris doucement pour faire contrepoids au ton ronchon de mon ado, en plein dans  la fleur de l’âge.
– C’est facile pour vous ! Vous vous cassez à une soirée de gala pendant que nous, on va se faire chier dans un appart vide.
– S’ennuyer ! je la corrige. Ce n’est pas non plus le bagne, ici. On a un jeu de cartes si tu veux jouer avec tes frères et profitez-en pour faire connaissance avec Dong Mei.

22 septembre 2009

Maus : un survivant raconte - Art Spiegelman

maus1 1 - Mon père saigne l'histoire

Flammarion – janvier 1994 – 159 pages

Prix Pulitzer 1992

maus2 2 - Et c'est là que mes ennuis ont commencé

Flammarion – janvier 1994 – 135 pages

Maus L'Intégrale, Maus : un survivant raconte

Flammarion – novembre 1998 – 296 pages 

Description
Maus raconte la vie de Vladek Spiegelman, rescapé juif des camps nazis, et de son fils, auteur de bandes dessinées, qui cherche un terrain de réconciliation avec son père, sa terrifiante histoire et l'Histoire. Des portes d'Auschwitz aux trottoirs de New York se déroule en deux temps (les années 30 et les années 70) le récit d'une double survie : celle du père, mais aussi celle du fils, qui se débat pour survivre au survivant. Ici, les Nazis sont des chats et les Juifs des souris.

Auteur : Art Spiegelman est un illustrateur et auteur de bande dessinée américain, né le 15 février 1948 à Stockholm (Suède). Figure phare de la bande dessinée underground américaine des années 1970-1980, il est à partir du milieu des années 1980 surtout connu pour sa bande dessinée Maus, qui lui a valu un Prix Pulitzer. C'est également un illustrateur reconnu. Il vit à New York avec sa femme, Françoise Mouly.

Mon avis : (lu en septembre 2009)

C'est un témoignage d'une force exceptionnelle. Art Spiegelman nous raconte l’histoire de son père, juif en Pologne au pire moment et rescapé d'Auschwitz. Il nous raconte aussi son histoire à lui aussi : Art, le fils, part à la recherche de la mémoire de Vladek, le père. Les relations sont difficiles entre le père et le fils, ils se chamaillent sans cesse et les deux histoires s'entremêlent habilement : les dialogues entre père et fils où Art essaie de soutirer la mémoire de Vladek et bien sûr les terribles souvenirs du père vrais moments d’Histoire. La vie de Vladek Spiegelman, marchand juif plus vrai qu'une caricature, est décrite sans complaisance. Sont présentes également, les persécutions nazies, depuis le début de la Seconde Guerre mondiale et l'invasion de la Pologne jusqu'à l'effondrement du Troisième Reich et l'immédiat après-guerre. Témoignage sur la Shoah, cette œuvre aborde la question de la survie à tout prix quand la loi est celle du plus fort, de l'antisémitisme juste après la Seconde Guerre mondiale.

Art Spiegelman a choisi de représenter les différentes nationalités par des animaux. Pour les Juifs, il a choisi une souris (Maus en allemand) c'est aussi en hommage à une célèbre Mouse américaine puisque le petit Mickey avait été mis à l'index des nazis.Les Allemands sont des chats, les Français des grenouilles, les Américains des chiens, les Polonais par des porcs. Les dessins permettent d'atténuer l'horreur que constitue ce qu'ont vécu les Juifs à l'époque, tout en exprimant le caractère sombre des événements grâce à la réalisation en noir et blanc.

Le résultat est efficace, puisque cette BD ne laisse pas indifférent, marque durablement les esprits et a un impact très puissant. C’est une œuvre très pédagogique à conseiller très vivement et à faire lire également à des ados.

Extrait :

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2 juin 2009

Un siècle de novembre – Walter D. Wetherell

Livre lu dans le cadre du partenariat Blog-o-Book - Livre de Poche

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traduit de l’anglais (États-Unis) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné

Les Allusifs – aout 2006 – 200 pages

Le Livre de Poche – novembre 2008 - 218 pages

Présentation de l'éditeur
A l'automne 1918, le magistrat Charles Marden juge les hommes et cultive ses pommes parmi les Indiens et les pionniers de l'île de Vancouver. Mais les grands maux de l'humanité le frappent de plein fouet : sa femme, Laura, est emportée par la grippe espagnole et son fils, le caporal William C. Marden, disparaît dans la mêlée des Flandres. Désormais seul au monde, Charles Marden entreprend un périple fou pour trouver l'endroit où la mort a fauché son fils. Dans sa quête, il apprend qu'une jeune femme le devance de peu sur les routes. W. D. Wetherell, qui vit au New Hampshire, signe ici un roman d'une beauté terrifiante, entre songe et réalité.

Biographie de l'auteur
Né en 1948, Walter D. Wetherell a déjà écrit plusieurs romans : Morning, Chekhov's Sister (traduit et publié en 1990 par les éditions J.-C. Lattés), ainsi que deux recueils de nouvelles, The Man Who Loved Levittown et Wherever That Great Heart May Be. Ses récits de voyage paraissent dans le New York Times. Il a récemment obtenu la bourse d'écriture Strauss de l'American Academy of Arts and Letters. A Century of November, publié aux Etats-Unis par les Presses de l'université du Michigan en 2004 et en édition de poche en 2005, a été unanimement salué par la critique et a remporté le prix littéraire le plus prestigieux du Michigan. Une adaptation cinématographique est en cours de préparation sous l'égide du scénariste Jay Wolpert, auteur des scénarios des films Pirates des Caraïbes ou encore Le Comte de Monte-Cristo. W. D. Wetherell vit aujourd'hui à Lyme dans le New Hampshire.

Mon avis : (lu en juin 2009)

Automne 1918, Charles Marden vient de recevoir la lettre officielle annonçant la disparition de son fils William au cours d'un assaut en Flandre. Trois semaines auparavant, il a perdu sa femme Laura de la grippe espagnole. Il quitte donc son île de Vancouver pour trouver l'endroit où est tombé son fils « pour apprendre à ne rien attendre, une fois pour toutes ». Il va faire un long voyage : la traversée du Canada d'ouest en est, Vancouver à Halifax en train, puis la traversée de l'Atlantique en bateau jusqu'à Southampton. A Salisbury, au camp du régiment de son fils, il apprend qu'il ne pourra se rendre là où est mort son fils seulement lorsque la guerre sera fini. Il découvre également qu'une jeune fille recherche aussi William. Charles Marden a alors un nouvel objectif, retrouver cette jeune fille Elaine qui ne peut-être que l'amie de son fils. Il se rend donc à Londres où il apprend que la guerre est finie : plus rien ne l'empêche de continuer son long voyage vers la Flandre. Après la traversée de la Manche de Folkestone à Calais puis le voyage en voiture jusqu'à Amiens, en autocar jusqu'à Poperinghe en Belgique, il arrivera à pieds à Ypres sur les champs de batailles.

Ce livre est très bien écrit : l'auteur nous fait des descriptions superbes et précises des paysages traversés, des champs de batailles, des tranchées abandonnées... Il nous décrit également les sentiments qui envahissent cet homme en deuil avec sa douleur et sa solitude. Cette histoire sombre comme les ciels de novembre, nous évoque avec beaucoup de sensibilité l'horreur de la guerre en particulier pour les survivants. J'ai beaucoup aimé lire ce livre.

Extrait : (début du livre)
Il jugeait les hommes et cultivait des pommes, et cet automne-là n’était propice ni à la justice ni aux vergers. Un automne surprise – les pommiers avaient pourtant fait miroiter de belles promesses. Les fleurs, précoces, abondantes, étaient d’un blanc-rose riche dont il n’avait jamais vu l’égal. Pour une fois, il n’y avait pas eu de neiges tardives, pas de tempêtes venues du Pacifique, pas de gel.

Extrait : (page 10)
S'il était magistrat, c'était parce que, dans cette région de la côte, il était le seul à pouvoir exercer cette fonction - celle de salarié ayant pour mandat, selon le libellé de son serment d'office, d'assurer des droits égaux aux pauvres comme aux riches, au meilleur de ses connaissances, de son jugement et de ses compétences. En temps normal, sa charge n'avait rien d'une sinécure. On lui avait déjà tiré dessus. À la faveur d'une embuscade tendue pendant que, comme maintenant, il arpentait les longues allées du verger en inspectant les arbres un par un. C'était le printemps. Le projectile avait sectionné une branche au-dessus de sa tête et fait pleuvoir sur lui des pétales blancs. Raté, se souvenait-il d'avoir pensé, tandis que la détonation résonnait sur tout le promontoire et que les fleurs lui chatouillaient le visage. À l'époque, il était aveugle, stupide. Raté.
L'arbre et sa branche scindée en deux devinrent pour lui une sorte de temple, un lieu où il allait se recueillir chaque fois qu'il était tenté de prendre ses responsabilités judiciaires à la légère ou encore trop au sérieux. C'était aujourd'hui bien plus : un coin béni, un sanctuaire, l'unique lieu où il se sentait en sécurité. La cicatrice laissée par la balle semblait avoir déclenché dans l'arbre une sorte d'élan vital : c'était, de toute la rangée, le seul qui avait produit un fruit complet. Une vaste blague, évidemment. Depuis des années qu'il était juge, il avait à maintes reprises été témoin des sales tours du destin. Il tendit la main vers la pomme. Après la pluie du matin, sa peau était humide et glissante, mais le poids familier, la plénitude ovale dans sa main, lui firent plaisir.
Il resta planté là, les mains de nouveau fourrées dans les poches de son blouson, dont il avait remonté le col pour se protéger des assauts du vent. Il vit alors quelque chose voiler et assombrir brièvement l'étroite ouverture sur la mer qu'on avait depuis le verger. Quiconque venait de la plage était forcément arrivé par bateau. Il eut une prémonition.

Extrait : (page 155)
"Ypres – et pourtant, je ne voyais qu'un nuage. Comme si la ville en ruines avait la couleur et la consistance d'un nuage. Un nuage brisé. Un nuage effiloché et déchiré, d'où aurait fui le fluide et le doux, un nuage dont il ne serait resté que des scories acérées et tranchantes, un nuage blessé. Derrière se profilait une silhouette crénelée, semblable à une lointaine chaîne de montagnes. A la longue, j'ai fini par y reconnaître des vestiges d'immeubles. Plus près, les montrant du doigt; aurait-on dit, des arbres en forme de glaives, comme ceux que nous avions déjà aperçus, clouaient le nuage au sol. L'odeur du plâtre mouillé était accablante. Seulement, elle s'accompagnait maintenant d'une puanteur fuligineuse. Plus moyen de respirer sans étouffer. Chacun regardait – jusqu'au bout de la route, les pèlerins étaient tournés du même côté, hypnotisés par la silhouette édentée, les nuages en lambeaux, les ruines déchiquetées.

Livre lu dans le cadre du partenariat logotwitter_bigger - logo 

14 juin 2010

Étranger à Berlin – Paul Dowswell

Livre lu dans le cadre du Partenariat spécial Jeunesse
avec
Blog-O-Book et les Éditions Naïve

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Etranger___Berlin___Paul_Dowswell Naïve – août 2009 - 429 pages

traduit de l’anglais par Nathalie Peronny

Présentation de l'éditeur :
Le garçon sortit une boîte d'allumettes pour en craquer une. A la lueur vacillante de la flamme, une porte fermée apparut. La clé était suspendue à côté à un clou, au bout d'un ruban rouge. Il trifouilla quelques secondes dans la serrure, et la porte s'ouvrit. Un courant d'air glacé envahit la contre-allée. Les jeunes franchirent l'ouverture pour se retrouver dans ce qui se révéla être une petite cour sordide baignée par le clair de lune. Des herbes folles poussaient entre les pavés fendus et dans les craquelures des murs en brique. Il y avait des latrines en plein air, plusieurs caisses, trois poubelles remplies à ras bord et une minuscule porte en bois. Quelqu'un actionna la poignée frénétiquement - fermé à clé. Dans leur dos explosaient des cris, des bruits de tables et de chaises fracassées. Les jeunes qui s'étaient laissé piéger au moment de la ruée vers la sortie résistaient en se battant. Des filles hurlaient. " C'est le mur ou rien ", déclara Peter.

Quand ses parents meurent, en 1941, Piotr, jeune garçon polonais, est placé dans un orphelinat à Varsovie. Il est rapidement repéré : sa grande taille, ses cheveux blonds et ses yeux bleus font de lui un modèle accompli du type aryen prôné par Hitler...
Un haut dignitaire nazi souhaite l'adopter : Piotr, rebaptisé Peter, est accueilli dans sa nouvelle famille à Berlin. Mais Peter sent bien que pour les autres, il reste un étranger. Tous ses efforts tendent à convaincre son entourage du contraire, quitte à faire parfois quelques compromis ... C'est alors qu'il rencontre Lena... et qu'il découvre grâce à elle le vrai visage du nazisme. Il est temps pour lui de choisir son camp. Et de prendre des risques...

Un roman d'aventures qui pose la délicate question de l'engagement.

Auteur : D’abord chercheur, puis éditeur, Paul Dowswell est l’auteur d’une cinquantaine de livres, dont certains sont traduits dans le monde entier. Deux de ses livres ont figuré sur les listes finales des sélections du Blue Peter Book Award, célèbre prix consacré à la littérature jeunesse.

Mon avis : (lu en mai 2010)
Ce livre est un superbe roman destiné aussi bien aux adolescents (à partir de 14 ans) qu'aux adultes. Il a été construit autour de faits historiques, l'auteur nous plonge au cœur du Reich de 1941 à 1943.
En 1941, Piotr est un jeune orphelin polonais de 13 ans. Il est de type aryen « On dirait le gamin de l'affiche de la Hitlerjugend ». Rebaptisé Peter, il va être adopté par un couple de Berlin, les Kaltenbach, qui ont également trois filles. Au début, il est content d'avoir une belle chambre et d'être bien nourri, il va tout faire pour oublier lui-même et aux autres ses origines polonaises. Il entre chez les Hitlerjugend mais il garde cependant son esprit critique et peu à peu il réalise l'absurdité et la cruauté du national-socialisme. Il découvre également la réalité du travail du professeur Kaltenbach à l'Institut scientifique.
Peter va rencontrer Lena et tomber amoureux, sa famille est appréciée et respectée par le Parti, mais ce n'est qu'une apparence car ce sont des opposants qui viennent en aide à des familles juives qui se cachent. Peter va choisir son camp et sa guerre.

Piotr ou Peter est un personnage très attachant, son parcours est original et malgré son jeune âge il ne va pas subir les évènements mais il aura une vrai prise de conscience sur la réalité du régime hitlérien.

L'histoire est passionnante et captivante, nous découvrons l'Allemagne de l'intérieur, l'endoctrinement des jeunes, les menaces d'être dénoncé à la Gestapo pour des faits anodins, mais aussi la résistance interne : l'existence de caves secrètes où l'on écoute du jazz mais aussi ceux qui prennent le risque d'aider des familles juives à se cacher...

Ce livre est un superbe roman historique à lire et à faire lire.

Avis du Fiston (15 ans) : Même si le sujet du livre n'est pas facile, il se lit assez facilement. Dès le début, j'ai été pris par l'histoire de Peter. J'ai beaucoup apprécié de suivre la vie de tous les jours et les activités d'un garçon de mon âge dans le contexte historique de la Seconde Guerre Mondiale côté allemand. Ce livre m'a appris beaucoup de choses sur la guerre de 1939-1945 que je n'avais jamais vu en cours d'Histoire.

Merci à Blog-O-Book et aux Éditions Naïve pour nous avoir permis de découvrir ce remarquable roman dans le cadre de ce Partenariat spécial Jeunesse.

Extrait : (début du livre)
Varsovie
2 août 1941
Piotr Bruck grelottait en attendant son tour avec une vingtaine d'autres garçons dénudés dans le long couloir exposé aux courants d'air. Il avait maladroitement roulé ses vêtements en boule et les pressait contre sa poitrine pour se tenir chaud. Le ciel était couvert, en cette journée d'été, et la pluie tombait sans discontinuer depuis le petit matin. Le jeune garçon maigre qui se tenait juste devant lui avait la chair de poule jusqu'aux épaules. Lui aussi tremblait, de froid ou de peur. A l'extrémité de la file d'attente se trouvaient deux hommes en blouse blanche assis à une table. Ils examinaient brièvement chacun des garçons à l'aide d'instruments étranges. Certains étaient ensuite envoyés vers une pièce située à gauche de la table. D'autres, sans plus d'explications, étaient dirigés vers la porte de droite.
Piotr, comme le reste du groupe, avait reçu l'ordre de se taire et de ne pas regarder autour de lui. Il s'efforçait donc de garder les yeux rivés droit devant. La peur qui l'habitait était si forte qu'il se sentait presque détaché de son propre corps. Le moindre mouvement lui semblait foncé, artificiel. Le seul détail qui le ramenait à la réalité était sa vessie douloureuse. Piotr savait qu'il était inutile de demander la permission d'aller aux toilettes. Quand les soldats avaient débarqué à l'orphelinat pour arracher les garçons de leurs lits et les entasser dans une camionnette, il leur avait déjà demandé. Mais cela lui avait uniquement valu une gifle au-dessus de l'oreille pour avoir osé parler sans autorisation.

Ces hommes étaient déjà passés une première fois à l'orphelinat deux semaines auparavant. Depuis, ils étaient revenus souvent. Ils emmenaient parfois des garçons, parfois des filles. Dans le dortoir surpeuplé de Piotr, certains se réjouissaient de ces départs à répétition. « Ça nous laisse plus à manger, plus de place pour dormir, où est le problème ? » avait déclaré l'un de ses voisins de lit. Seuls quelques-uns en revenaient chaque fois. Les rares qui acceptaient de parler révélaient du bout des lèvres qu'on les avait mesurés et pris en photo.

Un peu plus loin, au fond du couloir, se tenait un petit groupe de soldats en uniforme noir – celui orné d'insignes en forme d'éclairs au niveau du col. Certains avaient des chiens, de féroces bergers allemands tirant avec nervosité sur les chaînes qui leur servaient de laisses. Piotr avait déjà vu des hommes de ce genre. Ils étaient venus dans son village pendant les combats. Lui-même avait vu de ses yeux de quoi ils étaient capables.

Un autre homme les observait. Il portait le même insigne en forme d'éclair que les soldats, mais épinglé à la poche-poitrine de sa blouse blanche. Il se tenait juste devant Piotr, grand, impressionnant, les mains derrière le dos, à superviser l'étrange procédure. Au bout d'un moment, il se retourna et Piotr vit qu'il était équipé d'un petit fouet d'équitation. Ses cheveux sombres et raides lui retombaient mollement sur le sommet du crâne, mais il était rasé sur les côtés, à l'allemande, sept ou huit bons centimètres au-dessus des oreilles.

A mesure que les garçons défilaient, il les observait derrière ses lunettes cerclées de noir et marquait son refus ou son approbation d'un simple signe de tête. La plupart des candidats étaient blonds, comme Piotr, mais certains avaient les cheveux légèrement plus foncés.

2 août 2010

Treize petites enveloppes bleues – Maureen Johnson

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (21/26)

13_petites_enveloppes_bleues Gallimard Jeunesse – janvier 2007 – 347 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Julie Lopez

Quatrième de couverture :
Règle n° 1 : Tu ne peux emporter que ce qui tiendra dans ton sac à dos.
Règle n° 2 : Tu ne dois emporter ni guides de voyage ou de conversation, ni aucune aide pour les langues étrangères.
Règle n° 3 : Tu ne peux pas prendre d'argent en plus, ni de carte de crédit, de chèques de voyage, etc.
Règle n° 4 : Pas d'expédients électroniques. Ce qui signifie pas d'ordinateur portable, de téléphone portable, de musique, d'appareil photo.
C'est tout ce que tu as besoin de savoir pour l'instant. Rendez-vous à la Quatrième Nouille.
Lorsqu'elle découvre ce message de Peg, sa tante adorée qui vient de mourir, Ginny est loin d'imaginer qu'elle en recevra treize au total et que ces petites enveloppes bleues l'emmèneront loin, bien loin, pour un incroyable voyage à travers l'Europe. Et transformeront à jamais sa vie de jeune fille rangée, timide et sage...
Comme une course au trésor, ce roman nous happe et nous entraîne de rencontres en découvertes, de mésaventures en petites victoires, pour une folle virée pleine d'humour et de charme.

Auteur : Maureen Johnson est née à Philadelphie, en Pennsylvanie. Enfant, elle lisait sans arrêt, comme beaucoup de lecteurs qui finissent par écrire. Elle a étudié la dramaturgie et l'écriture romanesque à l'université de Columbia.
Afin de pouvoir vivre de sa plume, elle a pratiqué bon nombre de petits boulots de New-York à Londres en passant par Las Vegas.
Treize petites enveloppes bleues, son quatrième roman pour adolescents, est le premier publié en France. Elle vit à Nex-York avec son mari.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
Voici une histoire originale : dès la première ligne nous découvrons une lettre, la destinataire est Ginny, l'auteur est sa tante Peg décédée récemment et qui était partie sans laisser d'adresse deux ans avant. Tante Peg invite Ginny à faire un sac léger sans superflu, de réserver un aller-simple pour Londres puis de passer prendre un colis à New-York. Dans ce colis, Ginny trouve douze enveloppes bleues numérotées de deux à treize. Elle a pour consigne de les ouvrir les une après les autres, tante Peg lui donne à chaque fois une destination à atteindre et une épreuve à faire. Départ de Londres, son étonnant voyage passera par Rome, Paris, Amsterdam, Athènes... Ginny va suivre scrupuleusement ce que lui demande sa tante et faire de nombreuses rencontres et finir par comprendre pourquoi tante Peg est partie si brutalement sans laisser de nouvelles. J'ai bien aimé ce livre à la fois émouvant et plein d'humour. L'auteur s'est bien documenté sur tous les pays traversés et le lecteur voyage avec plaisir avec Ginny.

Extrait : (début du livre)
"Chère Ginger,

Je n'ai jamais beaucoup aimé les règles. Tu la sais. Alors tu vas sans doute trouver bizarre que cette lettre soit remplie de règles que j'ai établies et que je veux que tu suives.
tu dois te demander : "Les règles de quoi?" Tu as toujours posé de bonnes questions.
Tu te souviens du jeu "Aujourd'hui, j'habite en..." que nous faisions quand tu étais petite et que tu venais me voir à New York? (C'était le "Aujourd'hui, j'habite en Russie" que je préférais, je crois. On jouait toujours à celui-là en hiver. On allait voir la collection d'art russe au Metropolitan Museum, on marchait dan sla neige à Central Park. Ensuite, on allait manger dans ce petit resto russe du village, où il y avait de délicieux légumes marinés et un drôle de caniche sans poils qui restait assis près de la fenêtre et aboyait sur les taxis.)
Je voudrais que nous jouions à ce jeu encore une fois -mais de façon un peu plus littérale. Aujourd'hui, ce sera : "J'habite à Londres". Comme tu le vois, j'ai glissé mille dollars en liquide dans cette enveloppes. de quoi payer un passeport, un aller simple New York-Londres et un sac à dos. (Garde quelques dollars pour le taxi jusqu'à l'aéroport.)
Quand tu auras réservé ton billet, fais ton sac et dit au revoir à tout le monde, je veux que tu ailles à New York. Plus précisément, je veux que tu te rendes à La Quatrième Nouille, le restaurant chinois au-dessous de mon ancien appartement. Quelque chose t'y attend. Ensuite, va directement à l'aéroport.
Tu vas partir pour plusieurs semaines et voyager dans des pays étrangers. Voici les fameuses règles qui vont guider ton voyage :

Règle numéro 1 : Tu ne dois apporter que ce qui tient dans ton sac à dos. N'essaie pas de tricher avec un sac ou un bagage à main.
Règle numéro 2 : Tu ne dois apporter ni guides de voyage, ni guides de conversation, ni aucune aide pour les langues étrangères. Et pas de revues.
Règle numéro 3 : Tu ne peux pas prendre d'argent en plus, ni de carte de crédit, de débit, de chèques de voyage, etc. Je me charge de tout ça.
Règle numéro 4 : Pas d'expédients électroniques. Ce qui signifie pas d'ordinateur portable, de téléphone portable, de musique ni d'appareil photo. Interdiction de téléphoner chez toi et de communiquer avec les Etats-Unis par Internet ou par téléphone. Les cartes postales et les lettres sont acceptées et encouragées.
C'est tout ce que tu as besoin de savoir pour l'instant. rendez-vous à La Quatrième Nouille.

Je t'embrasse,
Ta tante en cavale"

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (21/26)

5 août 2010

Nicole Krauss – L'histoire de l'amour

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Gallimard – août 2006 - 356 pages

Folio – février 2008 – 459 pages

traduit de l’américain par Bernard Hoepffner avec Catherine Goffaux

Prix du meilleur livre étranger 2006

Quatrième de couverture :
A New York, la jeune Alma ne sait comment surmonter la mort de son père. Elle croit trouver la solution dans un livre que sa mère traduit de l'espagnol, et dont l'héroïne porte le même prénom qu'elle. Non loin de là, un très vieil homme se remet à écrire, ressuscitant la Pologne de sa jeunesse, son amour perdu, le fils qui a grandi sans lui. Et au Chili, bien des années plus tôt, un exilé compose un roman. Trois solitaires qu'unit pourtant, à leur insu, le plus intime des liens : un livre unique, L'histoire de l'amour, dont ils vont devoir, chacun à sa manière, écrire la fin. Cet admirable roman, hanté par la Shoah, offre une méditation déchirante sur la mémoire et le deuil. Mais c'est avant tout un hymne à la vie, écrit dans une langue chatoyante et allègre, l'affirmation d'un amour plus fort que la perte, et une célébration, dans la lignée de Borges, des pouvoirs magiques de la littérature. Il impose d'emblée Nicole Krauss comme une romancière de tout premier plan.

Auteur : Poétesse et romancière, Nicole Krauss est née en 1974 à New York. Elle publie en 2002 son premier roman Man Walks Into A Room, puis en 2005 L'histoire de l'amour, son premier livre traduit en français, récompensé par le prix du meilleur livre étranger en 2006. Elle publie fréquemment dans The New Yorker. Elle vit à Brooklyn, New York, avec son mari Jonathan Safran Foer

Mon avis : (lu en août 2010)
"L'histoire de l'amour", c'est le titre d'un manuscrit qui relie trois histoires. Celle de Leopold Gurski, un vieil émigré juif d'origine polonaise de New York, il a échappé à la Shoah et vit dans le souvenir d'Alma, son amour de jeunesse. Celle d'une adolescente de 14 ans, elle essaie de soutenir sa mère après la mort de son père. Un inconnu demande à sa mère de traduire un roman espagnol, « l'histoire de l'amour », dans lequel l'héroïne porte le prénom d'Alma, le prénom que lui ont donné ses parents après avoir lu ce même roman. Enfin, celle de Zvi Litvinoff, polonais exilé au Chili depuis 1941 et qui est l'auteur du roman.
Tour à tour chacun des trois personnages est le narrateur, et petit à petit le lecteur découvre les liens qui relient ces trois histoires.
En tête de chapitres, un petit dessin indique au lecteur qui est le narrateur : un cœur pour Leopold Gurski, une boussole pour la jeune Alma et une livre ouvert pour Zvi Litvinoff.
Dans L'histoire de l'amour, il est question de solitude, de deuils et de rendez-vous manqués. C’est un livre plein de sensibilité qui évoque l’amour des livres, de la lecture, de l’écriture et de l’influence que peut avoir un livre sur nos vie…
Un très beau livre que j’ai dévoré.

Un grand merci à Papillon (Journal d'une lectrice) qui m'a choisi ce livre lors du Swap in' Follies co-organisé par Amanda et Manu.

Extrait : (page 70)
1. MON NOM EST ALMA SINGER
Quand je suis née, ma mère m'a donné le nom de toutes les jeunes femmes qui se trouvaient dans un livre que mon père lui avait offert et qui s'appelait L'histoire de l'amour. A mon frère elle a donné le nom d'Emanuel Chaim, à cause de l'historien juif Emanuel Ringelblum qui avait enterré des bidons de lait remplis d'archives dans le ghetto de Varsovie, du violoncelliste juif Emanuel Feuermann, un des plus grands prodiges musicaux du vingtième siècle, également à cause de l'écrivain juif de génie Isaac Emmanuilovitch Babel et de Chaim, l'oncle de ma mère, un plaisantin, un véritable clown, qui faisait rire tout le monde comme des fous, et qui a été tué par les nazis. Mais mon frère refusait de répondre à ce nom. Quand on lui demandait comment il s'appelait, il inventait quelque chose. Il est passé par quinze ou vingt noms. Pendant un mois il a parlé de lui-même à la troisième personne comme étant Mr. Fruit. Le jour de son sixième anniversaire il a pris son élan et a sauté par une fenêtre du premier étage en essayant de voler. Il s'est cassé un bras et a désormais une cicatrice permanente sur le front, mais plus personne ensuite ne l'a jamais appelé autrement que Bird.

2. CE QUE JE NE SUIS PAS
Mon frère et moi, nous avions un jeu à nous. Je montrais une chaise et je disais : « CECI N'EST PAS UNE CHAISE. » Bird montrait une table. « CECI N'EST PAS UNE TABLE. » Je disais : « CECI N'EST PAS UN PLAFOND. » Nous continuions de la sorte. « IL NE PLEUT PAS DEHORS. » « MA CHAUSSURE N'EST PAS DÉLACÉE ! » hurlait Bird. Je montrais mon coude. « CECI N'EST PAS UNE ÉGRATIGNURE ! » Bird soulevait un genou.  « CECI N'EST PAS UNE ÉGRATIGNURE NON PLUS ! » « CECI N'EST PAS UNE BOUILLOIRE ! » « PAS UNE TASSE ! » « PAS UNE CUILLÈRE ! » « PAS DE LA VAISELLE SALE ! » Nous niions des pièces tout entières, des années, le temps qu'il faisait. Un jour, au plus fort de nos hurlements, Bird a respiré profondément. De toute la puissance de ses poumons, il a glapi : « JE ! N'AI PAS ! ÉTÉ ! MALHEUREUX ! TOUTE ! MA VIE ! » « Mais tu n'as que sept ans », lui ai-je dit.

22 septembre 2010

Swap Scandinavia : ouverture du colis !

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A la fin du mois de juillet dernier, je me suis incrite au Swap Scandinavia organisé par Isleene.
Ce Swap nous invitait à découvrir la Scandinavie à travers des livres, un objet, deux gourmandises, une surprise...
La Scandinavie regroupe 5 pays : le Danemark, la Finlande, l'Islande, la Norvège et la Suède.

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J'ai déjà eu l'occasion de lire des œuvres de chacun de ses pays mais ce swap a été l'occasion de découvrir un peu mieux la Scandinavie, dans un premier temps virtuellement !

Après une attente longue et impatiente et les ratés de La Poste... (cf.billet du 20/09)
J'ai enfin réussi à récupérer mon colis ce matin au bureau de poste :

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Un très gros paquet qui ne rentrait pas dans ma boîte aux lettres !

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avec pleins de paquets et de petits mots et une carte que je garde pour la fin...

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Voilà tous les paquets déballés !

Et voilà le détail :

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Les livres : 
Le livre de Dina tome 1 Herbjørg Wassmo,
le premier tome d'une trilogie que ma swappeuse veut me faire connaître.

Un safari arctique – Jørn Riel,
et autres racontars, un livre que ma swappeuse aime beaucoup,

L'Héritage impossible – Anne B. Ragde,
c'est le troisième tome de la "Trilogie des Neshov" dont j'ai déjà lu les premiers livres

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Un cœur, objet de déco scandinave
et des bâtonnets d'encens pour me plonger dans l'ambiance scandinave
"Veillée et contes d'hiver"

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le DVD Le Lièvre de Vatanen, tiré du roman d'Arto Paasilinna, j'ai bien aimé le livre et
je n'avais pas encore eu l'occasion de voir le film.

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Enfin les gourmandises...
Ma swappeuse a évité le hareng, elle a préféré le Pain d'Epices (moi aussi !)
pour évoquer la neige, elle a choisit Mousse au Chocolat blanc (très bon !)
Enfin, un énorme clin d'œil à la Suède avec les Krisprolls !
 

Et c'est la carte à l'esprit scandinave qui a dévoilé
le nom de ma swappeuse :
Pickwick

Un très grand MERCI à Pickwick pour tous ses paquets et
ses surprises nombreuses et variées.
Le plaisir que j'ai eu en découvrant ce colis a été proportionnel

à l'attente de la réception mouvementée de ce Swap

Et merci à Isleene pour l'organisation de ce Swap Scandinavia !

 

Pour ma part, j'avais préparé et envoyé un colis à Isleene

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21 avril 2011

Le Roi Oscar et autres racontars – Jørn Riel, Gwen de Bonneval, Hervé Tanquerelle

 Lu durant le Read-A-Thon Avril 2011RAT_9_10_04_2011

le_roi_oscar_x Éditions Sarbacane - janvier 2011 – 112 pages

Quatrième de couverture :
De son séjour dans les années 50 chez les trappeurs du Groenland, Jorn Riel a rapporté ses désormais célèbres racontars. Un racontar, " c'est une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge. À moins que ce ne soit l'inverse " explique-t-il, plein de malice. Il ajoute - modestement - qu'il s'est contenté de rapporter, endossant le rôle de conteur et de passeur. Rôle qu'assument à leur tour Hervé Tanquerelle et Gwen de Bonneval en adaptant ces fabuleux récits en bande dessinée, où le burlesque et l'absurde se mêlent à la poésie et l'aventure.

Auteurs :
Jørn Riel est un écrivain danois, né en 1931. Jørn Riel s'est engagé en 1950 dans une expédition scientifique pour le nord-est du Groenland, où il passera seize années, notamment sur une base d'étude de l'île d'Ella. De ce séjour, il tirera le versant arctique de son œuvre littéraire, dont la dizaine de volumes des Racontars arctiques, ou la trilogie Le Chant pour celui qui désire vivre. Dans ces romans, dédiés à son ami Paul-Émile Victor, Jørn Riel s'attache à raconter la vie des populations du Groenland. Il reçoit en 2010 le Grand Prix de l'Académie danoise pour l'ensemble de son œuvre. Il vit actuellement en Malaisie.

Gwen de Bonneval est né le 9 janvier 1973 à Nantes. Après quelques dessins publiés dans la presse, il monte avec deux autres personnes une boîte de communication, expérience qui durera 3 ans. Puis il redevient indépendant, travaille également pour la jeunesse via le journal de Mickey ou Spirou. Mais c'est véritablement après son entrée à l'atelier des Vosges qu'il se consacre plus assidûment à la BD. C'est à cette période qu'il rencontre Fabien Vehlmann avec lequel il réalise Les Aventures de Samedi et Dimanche chez Dargaud. En parallèle, il dessine deux pages mensuelles pour un périodique de Nathan, et très vite propose une nouvelle série aux éditions Delcourt. Basile Bonjour est la transposition littérale de notre monde contemporain au sein de l'école.

Hervé Tanquerelle, né le 9 août 1972 à Nantes, est un dessinateur de bandes dessinées. Il intègre l’école Émile Cohl de Lyon et a comme professeur Yves Got, dessinateur du Baron Noir scénarisé par René Pétillon. C'est en 1998 que sort son premier livre, La Ballade du Petit Pendu, chez l'Association. Il participe au recueil Comix 2000. Suit une collaboration avec Hubert sur la série Le Legs de l'Alchimiste dont il fera les trois premiers tomes. Joann Sfar le repère et lui cède la partie graphique de la série Professeur Bell à partir du troisième album de la série jusqu'au cinquième actuellement. Contributeur régulier dans le mensuel Capsule Cosmique, il y crée le personnage de Tête Noire, petit catcheur mexicain qui se bat contre des monstres idiots. Shakabam est le premier album de la série Tête Noire. Il fut un des dessinateurs réguliers de Lucha Libre dans lequel il dessina Melindez et les Luchadoritos, série de gags en une page sur scénario de Jerry Frissen.

Mon avis : (lu en avril 2011)
J'avais aimé La Vierge froide et autres racontars et j'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir les trappeurs du nord-est du Groenland de Jørn Riel dans "Le Roi Oscar et autres racontars". Les racontars sont savoureux et formidablement adaptée par Gwen de Bonneval et dessinée avec humour par Hervé Tanquerelle.

Cette fois-ci, ce sont quatre histoires : un repas de funérailles qui se termine en beuverie, la lutte fratricide pour le confort des WC, le Roi Oscar le cochon domestique, la découverte de la vie de trappeur polaire. Des histoires drôles, loufoques et des personnages hauts en couleurs mais aussi très attachants, je ne m'en lasse pas. N'hésitez pas à découvrir le Groenland et ses trappeurs !

Extrait :

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Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Danemark

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
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Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Prénom"

Du même auteur : La_vierge_froide_et_autres La Vierge froide et autres racontars


 

28 novembre 2012

Swap Nordique - édition de Noël : colis dévoilé !

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En parallèle avec le Challenge Littératures Nordiques
Myiuki22 a décidé d'organiser le Swap Nordique - édition de Noël !
La tentation était grande d'y participer... J'ai été binômée avec Natiora !

Composition du colis :

1 livre de poche dont l’auteur est nordique [Danemark, Finlande, Suède, Norvège ou Islande] tiré de la wish-list de votre swappé(e) 
1 ou 2 marque-page : promo, fait-maison, autre, …
1 carte avec un petit mot - sympa de préférence  - 
1 surprise : objet, friandises, bougies, thé, ...

 

Lundi soir, au retour du travail j'ai trouvé le colis de mon binôme dans ma BAL

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Mon APN n'étant pas chargé, je dois attendre l'après-dîner avant de satisfaire ma curiosité...

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Voilà l'ensemble avant le déballage

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Après déballage !

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Et le détail de mes surprises...

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Un superbe mug grand volume au couleur de Noël et motif Nordique !

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Une tablette de chocolat et du thé aux saveurs de Noël 

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Deux livres choisis par Natiora dans ma LAL que j'ai hâte de découvrir

Smilla et l'amour de la neige - Peter Hoeg (Danemark) 
Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison - Arto Paasilinna (Finlande)

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Une belle carte au couleur de l'hiver et le marque-page, assorti au livre finlandais,
et avec un petit air de Noël

 Un très Grand MERCI à Natiora pour ce très beau colis qui m'a donné l'impression de fêter Noël en avance !

Merci également à Myiuki22 qui a eu la très bonne idée d'organiser ce beau Swap !

 

Pour aller voir le colis que j'ai envoyé à Natiora, c'est ici

27 avril 2013

Adrenaline - Jeff Abbott

Lu en partenariat avec les éditions J'ai Lu

adrenaline J'ai Lu - février 2013 - 439 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Anath Riveline

Titre original : Adrenaline, 2011

Quatrième de couverture :
Sam Capra, un jeune Américain basé à Londres, mène la vie dont il a toujours rêvé. Brillant agent de la CIA, sa femme, Lucy, attend leur premier enfant. Mais un jour, elle l’appelle à son travail et lui demande de quitter le bâtiment immédiatement. Il le fait… quelques secondes avant que tout explose ! Lucy disparaît et le couple est bientôt accusé par la CIA. Torturé, Sam parvient à s’échapper et se lance à la recherche de sa famille et du responsable de ce complot.

Auteur : Jeff Abbott est américain. Il a publié dans une vingtaine de langues onze best-sellers, dont Trauma, Panique, Faux-semblants et Double jeu.

Mon avis : (lu en avril 2013)
Le ton est donné dès le début du livre : action, action, action...

Sam Capra travaille à Londres pour la CIA. Un jour, il reçoit un appel téléphonique de sa femme Lucy qui le supplie de quitter l'immeuble où se trouve son bureau. Il obtempère et soudain une bombe explose dans l'immeuble et Sam est le seul survivant. Lucy enceinte est enlevée et Sam emprisonné, il est suspecté d'être complice de sa femme qui a trahi... Entre les États-Unis, Amsterdam et Londres une course contre la montre est engagée.
C'est un livre qui tient en haleine comme un film d'action ou d'espionnage... Les chapitres sont courts et ils donnent beaucoup de rythme au livre.
Le lecteur est presque essoufflé tellement l'action va vite et les rebondissements sont multiples : terrorisme, enlèvement, espion, complot, trahison... Rien ne nous est épargné et tout est à cent à l'heure ! C'est enchaînement de rebondissements et de fausses pistes ont fini par me lasser, c'est efficace mais pas toujours crédible et ce n'est pas le genre de thriller que je préfère. La conclusion m'a laissé sur ma faim car elle ouvre sur une nouvelle aventure de Sam plutôt qu'elle ne conclut cette aventure...
J'ai aimé la partie qui se passe à Amsterdam puisque l'auteur décrit très bien les lieux que j'ai eu la chance de découvrir un petit peu l'année dernière.

Merci à Silvana et aux éditions J'ai Lu pour m'avoir permis de découvrir ce livre.

Extrait : (début du livre)
Un jour, ma femme me demanda : Si tu savais que c'était notre dernière journée ensemble, qu'est-ce que tu me dirais ?
Nous étions mariés depuis un an déjà. Allongés dans le lit, nous regardions le soleil qui commençait à briller à travers les épais rideaux, et je lui répondis la vérité : Tout sauf au revoir. Je ne pourrai jamais te dire au revoir.
Deux ans plus tard, cette journée-là démarra comme la plupart des autres. Levé à cinq heures du matin, je pris ma voiture et je me garai à côté de la station de métro de Vauxhall. Je profite des logements sociaux à quelques mètres de là pour mes petites aventures.
Je commençai mon entraînement par un long échauffement dans la cour en béton ouverte d'un vieil immeuble. Course sur place pour prendre le rythme, monter la température de mon corps de quelques degrés indispensables puis je me lançai. Il vaut mieux préparer ses muscles et ses ligaments. Un mur de brique s'élevait droit devant moi, trois mètres de haut environ. Je le négociai avec un élan qui me propulsa en l'air, mes doigts agrippant le bord. Je me soulevai d'un mouvement fluide que j'avais répété des milliers de fois. Souffle régulier, pas de craquements au niveau des articulations. J'essayai d'avancer sans faire de bruit. Le silence prouve la maîtrise. Je franchis le mur, traversai une cour, puis sautai par-dessus un mur bien plus bas, m'appuyant sur une main, mes jambes balayant les briques.
Dans le bâtiment principal, une cage d'escalier sentant la pisse et décorée de graffitis obscènes, noir et blanc, s'ouvrit devant moi. De mon pied gauche, je frappai le mur peint dans un bond prudent, utilisant le contact pour m'élancer en avant vers la rambarde au tournant dans l'escalier. Un geste périlleux qui m'avait valu des blessures par le passé. Mais cette fois, j'atterris sans heurt, doucement sur la balustrade, cherchant l'équilibre, le coeur battant la chamade, l'esprit au repos. L'adrénaline puisait. Je bondis de la rambarde vers une barre en acier qui s'étendait le long du chantier et, grâce à la vitesse, je me projetai vers un étage éviscéré. Le bâtiment était détruit et reconstruit. Je n'abîmerais rien, ne laisserais aucun signe de mon passage. On peut m'accuser de violation de propriété, mais pas d'être un connard. Je courus vers l'autre bout de l'étage, me jetai dans les airs, attrapai une autre barre d'acier, me balançai, lâchai et touchai le sol dans une roulade contrôlée. L'énergie de la chute se répandit dans mon dos et mes fessiers plutôt que d'alourdir mes genoux et je repartis aussitôt, de retour dans le bâtiment, à la recherche d'une nouvelle façon plus efficace d'y entrer. Le parkour, l'art de se mouvoir, maintient mon niveau d'adrénaline au maximum et en même temps, une profonde tranquillité m'envahit. À la moindre erreur, je dégringole d'un mur de brique. C'est enivrant et apaisant à la fois.
Encore trois voyages à travers l'espace fascinant de l'immeuble, sols cassés, cages d'escalier béantes, équipement de toute sorte, piochant dans ma palette de sauts, de bonds et de réceptions pour trouver la ligne, le chemin le plus direct et le plus simple à travers les murs à moitié en ruine, les briques et les escaliers vides. L'énergie enflammait mes muscles, mon coeur battait, mais tout ce temps j'essayais de garder un calme intérieur. Trouver la ligne, toujours la ligne. Autour de moi, au loin, j'entendais la circulation grossir. Le ciel s'éclairait, annonçant une nouvelle journée.
Les gens pensent que ce que les Anglais appellent des logements sociaux constitue une horreur. Ça dépend du point de vue. Pour un traceur, les vieux immeubles carrés sont un régal. Des tas de surfaces planes et de murs à escalader et sur lesquels sauter, des rambardes et des rebords desquels s'élancer, des voisins qui n'appellent pas la police au moindre bruit.
À mon dernier passage, je me laissai tomber du deuxième étage vers le premier, attrapant une barre, me balançant et me réceptionnant après une chute maîtrisée. - Eh ! s'exclama une voix, alors que je fendais l'air. Je fis une roulade, permettant à l'énergie de l'impact d'inonder mes épaules et mon bassin. Je me redressai sur les pieds, fis quelques pas et m'arrêtai.

 

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40/50 :  New-York

Challenge New-York 2013
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catégorie "Même pas peur" : 38/12

 

19 mai 2013

Film : L'Attentat - Ziad Doueiri

Date de sortie : 29 mai 2013

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Réalisé par : Ziad Doueiri

Acteurs : Ali Suliman, Reymond Amsalem, Evgenia Dodena

Titre original : The Attack

Durée : 100 mn

D'après le livre éponyme de Yasmina Khadra

Prix :
Étoile d’or du Festival de Marrakech 2012
Prix du public et Prix spécial du jury du Colcoa Film Festival 2013
Prix spécial du jury du Festival de San Sebastian.

Synopsis : 
Le docteur Amine Jaafari est Arabe Israélien. Il est complètement intégré à la société de Tel-Aviv, est marié à une femme qui l’aime, a réussi une brillante carrière de chirurgien et a de nombreux amis juifs.
Mais après un attentat dans un restaurant de Tel-Aviv, qui fait dix-neuf victimes, la police israélienne l’informe que sa femme était la kamikaze. Amine rejette d’abord l’accusation mais il se sent peu à peu envahi par le doute. Ses pires craintes sont confirmées quand il reçoit une lettre posthume de sa femme, lui confirmant son acte.
Brisé par cette révélation et désirant comprendre comment il a été incapable de déceler ses intentions, Amin décide de se rendre dans les Territoires palestiniens pour rechercher ceux qu’il imagine avoir recruté sa femme.
Là, Amine va plonger dans un univers dangereux où il n’est pas le bienvenu, sans se soucier de sa sécurité, à la recherche de la vérité…

Mon avis : (vu en mai 2013)
Lundi 13 mai, j'ai eu la chance d'être invitée à voir l'avant-première du film L'Attentat, réalisé par Ziad Doueiri qui sort le 29 mai prochain. L'Attentat est avant tout un livre de Yasmina Kahdra. Je l'ai lu il y a deux ans et j'en garde un souvenir très fort, j'étais donc très curieuse de découvrir cette adaptation au cinéma.

Le film était en VO, Arabe, Hébreu (sous-titré Français).
Le film démarre sur un couple qui se dit au revoir : « Chaque fois que tu me quittes, c’est un peu de moi qui s’en va. »
Amine Jaafari est Israélien d’origine arabe, c'est un chirurgien renommé qui reçoit le prestigieux prix Bav Eliezer. Quelques heures plus tard, Amine est à l'hôpital et l'on entend un grand « boum ». Un attentat vient d’être perpétré dans un restaurant de Tel Aviv. C'est le branle bas de combat, on se croirait dans la série Urgence... Il opère sans relâche, des images un peu sanguinolentes ne nous sont pas épargnées... Le bilan est lourd de nombreux morts et blessés. Personne ne revendique l’attentat. De retour chez lui pour se reposer Amine est surpris de ne pas retrouver Siham sa femme qui devait rentrer de chez sa grand-mère, il n'arrive pas à la joindre car elle a laissé son portable. Au milieu de la nuit, on le rappelle à l'hôpital. Son ami Naveed, policier, lui annonce alors que sa femme est morte lors de l'attentat. Il doit reconnaître son corps (j'ai eu très peur, à tort, de l'image que l'on allait nous montrer...). Puis on lui annonce que le kamikaze était sa femme. Pour Amine, c’est impossible à croire sa femme ne peut être qu'une victime ! Sa vie bascule, il a perdu tous ses repères, il se sent trahi par son épouse, ses amis israëliens le regarde maintenant comme un Arabe... 
Dans une deuxième partie du film, Amine veut comprendre pourquoi cet attentat, il va donc à Naplouse pour savoir qui a pu convaincre sa femme, chrétienne, de commettre un tel acte... 
Après avoir ce film que j'ai bien aimé, j'ai eu très envie de relire le livre de Yasmina Khadra que j'ai pu emprunter deux jours plus tard à la bibliothèque. Le film est plutôt fidèle au livre. 
Cette histoire est une réflexion profonde, instructive mais surtout humaine autour du conflit israëlo-palestinien. Il est question des origines, de l’ascension sociale, de l’attachement à son pays. Contrairement à ce que l'on pourrait croire ce n'est pas un conflit religieux mais un conflit politique. 
Le personnage d’Amine est superbement interprété par Ali Suliman et la construction du film Ziad Doueiri rend bien la force dramatique du sujet, le spectateur suit au plus près la surprise, le choc et les interrogations du personnage principal. Le réalisateur comme l'auteur du livre ne prennent pas parti pour l'un ou l'autre camp. Le spectateur a droit à différents points de vue...
Les paysages filmés sont également très beaux.

Au Liban, le film L'Attentat fait l'objet d'une vive polémique. Le réalisateur s'explique : « Il y a une campagne menée pour interdire la sortie du film dans mon pays. Le gouvernement libanais a une position ambivalente parce que j’ai violé la loi qui interdit à tous ses ressortissants d’être en contact, même de se faire photographier, avec un Israélien ». On lui reproche également d'avoir tourné le film en Israël avec des acteurs israéliens... C'est interdit pour un libanais.

Un grand merci à Anaïs pour l'invitation à cette projection de presse.

 

Bande Annonce :

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l_attentat_ L’attentat – Yasmina Khadra

30 octobre 2015

Millenium - tome 6 - Sylvain Runberg, Stieg Larsson et Man

9782800163574_1_75 Dupuis - septembre 2015 - 64 pages

Quatrième de couverture : 
Niedermann toujours en cavale, Lisbeth qui s'apprête à faire des révélations lors de son procès... les membres de la "section" s'affolent et cherchent à liquider les gêneurs, au premier rang desquels Mikael Blomkvist. Le troisième roman de Stieg Larsson, La reine dans le palais des courants d'air, trouve ici sa conclusion et met en lumière comme jamais Lisbeth, l'héroïne lanceuse d'alerte et libertaire.

Auteurs : Stieg Larsson, né en 1954, journaliste auquel on doit des essais sur l'économie et des reportages en Afrique, était le rédacteur en chef d'Expo, revue suédoise observatoire des manifestations ordinaires du fascisme. Il est décédé brutalement, en 2004, d'une crise cardiaque, juste après avoir remis à son éditeur les trois tomes de la trilogie Millénium.
Né en 1971 à Tournai d'une mère Belge et d'un père Français, ayant grandi dans le sud de la France, c'est en compagnie des Astérix, Batman et autres Spirou que Sylvain Runberg étanche sa soif de bulles, le tout entrecoupé de récits historiques et de romans divers, manière de titiller son imaginaire en devenir. Il passe son bac d'Arts Plastiques dans le Vaucluse avant d'obtenir une Maîtrise d'Histoire contemporaine à la faculté d'Aix en Provence, années étudiantes ponctuées de nombreux voyages en Europe et d'organisation de soirées musicales, du rock indépendant à la musique électronique. Sylvain Runberg évolue ensuite plusieurs années en librairie avant de rejoindre le monde de l'édition. Il déménage alors à Paris pour rejoindre les Humanoïdes Associés. Mais un fâcheux accident l'immobilise plusieurs mois durant l'année 2001. Il s'essaye alors à l'écriture durant sa convalescence et s'aperçoit que ça lui plait plus que de raison et décide de continuer. En 2004, Sylvain sort son premier album, « Astrid » avec Karim Friha. Suivent ensuite des projets aux univers variés : les « Colocataires » avec Christopher, série inspirée par ses années étudiantes aixoises, « Hammerfall », avec Boris Talijancic, saga médiévale fantastique ayant pour cadre la Scandinavie du VIIIe siècle et la série de science fiction « Orbital », réalisée avec Serge Pellé. 

Man (Manolo Carot) a vu le jour à Mollet del Vallès, dans la province de Barcelone, en 1976. Il commenca par réaliser des illustrations pour des jeux de rôles tels qu'Aquelarre et pour les couvertures de la revue spécialisée Lider, dont il fut également le directeur artistique. Man publia ses premières pages de B.D. chez La Cúpula, dans la revue érotique Kiss Comic. Durant plus de 6 ans, il publia des histoires comme "Universitarias", "Huesos y tornillos", recompilées par la suite en tomes et éditées aux États-Unis, en Allemagne et aux Pays-Bas. Chez le même éditeur, et avec son ami scénariste Hernan Migoya, il publia deux séries, "El hombre con miedo" et "Kung fu Kiyo". Épinglons les deux tomes d'Ari, "la salvadora del Universo", également réalisés avec Hernan mais publiés cette fois par Glénat Espagne. Man a collaboré à l'édition espagnole de la revue Playboy et a illustré des textes et des des ouvrages pédagogiques, des story-boards, des bandes dessinées pour la presse et des couvertures pour différentes revues d'actualité. Il est également professeur de bande dessinée durant ses loisirs. 

Mon avis : (lu en octobre 2015)
C'est le dernier tome de cette série de BD, adaptation très réussie et fidèle des 3 tomes de Millenium écrits par Stieg Larsson. 
Le dessin du personnage de Lisbeth est très réussie et dans cet épisode, où elle tient la vedette, lors de son procès, sa première apparition dans le tribunal est très réussie et inoubliable... Après des épisodes sombres et haletants, la conclusion épargne Mickaël et Lisbeth que l'on regrette de quitter. 
Pour ma part, cette série m'a été très pratique pour me rappeler de l'intégralité de l'intrigue de Millenium avant de découvrir le numéro 4 écrit par David Lagercrantz.

Extrait : 

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Déjà lu dans la même série :

88596558_p Millenium - tome 1 106030485 Millenium - tome 2

millenium3 Millenium - tome 3  millenium4 Millenium - tome 4 

millenium_5_1_75 Millenium - tome 5

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12/12

3 février 2017

Les salauds devront payer - Emmanuel Grand

Lu en partenariat avec Audiolib

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Audiolib - janvier 2017 - 10h15 - lu par Christophe Reymond

Liana Levi - janvier 2016 - 378 pages

Livre de Poche - janvier 2017 - 480 pages

Quatrième de couverture :
Wollaing. Une petite ville du Nord minée par le chômage. Ici, les gamins rêvent de devenir joueurs de foot ou stars de la chanson. Leurs parents ont vu les usines se transformer en friches et, en dehors des petits boulots et du trafic de drogue, l’unique moyen de boucler les fins de mois est de frapper à la porte de prêteurs véreux. À des taux qui tuent… Aussi, quand la jeune Pauline est retrouvée assassinée dans un terrain vague, tout accuse ces usuriers modernes et leurs méthodes musclées. Mais derrière ce meurtre, le commandant de police Erik Buchmeyer distingue d’autres rancoeurs. D’autres salauds. Et Buch sait d’expérience qu’il faut parfois écouter la petite idée tordue qui vous taraude, la suivre jusque dans les méandres obscurs des non-dits et du passé.

 

Auteur : Emmanuel Grand, né en 1966, vit en région parisienne. Son premier polar, Terminus Belz, a conquis la presse et les libraires. Il a notamment obtenu le Prix du polar SNCF 2016. Il a été publié en Allemagne et en Espagne.

 

Lecteur : Issu du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, Christophe Reymond débute à la Comédie Française sous la direction de Georges Lavaudant. Il jouera ensuite sous la direction de Stanislas Nordey, Jean-Pierre Vincent, Philippe Adrien... pour interpréter Shakespeare, Beckett, Jean Genet, Tennessee Williams, Bernard-Marie Koltès ou encore Brecht… Au cinéma, il tourne dans de nombreux films sous la direction de Cédric Klapisch (Peut-être), Bent Hamer (1001 grammes), Luc Besson (Malavita), et bien d’autres. Il enregistre régulièrement des dramatiques pour Radio France.

Mon avis : (écouté en janvier 2017)
Le livre commence avec plusieurs scènes de guerre, en 1952 en Indochine puis en 1957 en Algérie avec un trio militaire Douve, Dubus et Barjo. Les descriptions sont précises, l'auteur n'épargne pas le lecteur...  
2015, Wollaing, une petite ville du Nord situé entre Douai et Valenciennes, Pauline est retrouvée morte dans un terrain vague. C'est une jeune toxico qui avait empruntée de l'argent. Le coupable idéal semble être un certain Freddie Wallet, il est connu pour mettre la pression sur les personnes endettés afin de récupérer les impayés dûs aux organismes de crédit... Mais bien sûr, ce n'ai pas si simple, comme va le comprendre le commandant Erik Buchmeyer et le lieutenant Saliha Bouazem qui mènent l'enquête ensemble.
Au fur et à mesure de l'intrigue, le lecteur comprendra le pourquoi de ce premier chapitre sur les guerres du passé... On découvrira également le temps des luttes syndicales dans l'usine Berga qui donnait du travail à toute la ville durant les années 70.
A travers ce roman policier noir et social, l'auteur évoque la désindustrialisation du nord de la France et ses conséquences. Le duo d'enquêteurs, très différents l'une de l'autre, fonctionnent très bien et sont très crédibles et attachants. Une grande humanité se dégage de cette histoire où les destinés des personnages s'entremêlent...  

Merci Pauline et les éditions Audiolib pour ce thriller social.

Extrait : (page 108)
Avant le dîner, Buchmeyer avait fait une petite virée à Wollaing pour faire un repérage, sentir le coin, histoire de se mettre dans le bain. Il avait quitté le commissariat en fin d’après-midi au volant de sa Renault banalisée et traversé la campagne à l’aveugle, le pied sur le frein, redoutant à tout moment la camionnette enragée zigzaguant au milieu de la route. Des accidents, il en avait vu. Ça se passait toujours sur le trajet que les mecs prenaient au quotidien depuis des années. Chaque croisement, chaque virage, chaque défaut dans la chaussée ; ils connaissaient tout par cœur , et un beau matin, aussi sûrs d’eux que s’ils conduisaient une voiturette de golf sur un parking de supermarché, ils déboulaient à toute allure et s’explosaient sur le truc à quatre roues qui avait le malheur de venir dans l’autre sens. Ça finissait en tôle déchirée et en viande hachée et le seul moyen de s’en garantir était, qu’on le veuille ou non, de lever le pied de la pédale de droite.
Buchmeyer se gara sur la place de la mairie à dix-sept heures, les mains moites et les épaules dures comme du bois. Il faisait un froid de gueux et il se rua à l’intérieur du bar de la Place où une dizaine d’habitués sirotaient leur apéro. Il s’assit à une table en bois verni, commanda une bière sans rien manquer des regards qui obliquaient discrètement dans sa direction. Sa poche vibra et un SMS apparut sur l’écran de son téléphone. Erik chéri, quand tu viens voir ton chuque ? Il soupira.
Magali travaillait comme serveuse à l’hôtel de l’Escaut, un quatre étoiles des environs de Lille. Il l’avait rencontrée un soir d’hiver. Un client en voyage avec sa femme pour leurs vingt ans de mariage avait jeté sa bourgeoise du quatrième étage. Un médecin du Havre bien sous tous rapports. Une dispute à la con avait fait exploser sa boîte à malaises. Buchmeyer était venu ramasser les morceaux et Magali l’avait conduit dans la chambre, la salle de bains et sur le balcon. Les circonstances avaient beau être dramatiques, Erik n’avait cessé de plaisanter et de faire marrer la jeune femme, sans jamais abuser de son rôle de flic ni faire aucune allusion à la jupe qu’elle portait ultracourte en application stricte des consignes de la direction. Magali était tombée sous le charme. Le pétard sous l’aisselle n’y était certainement pas pour rien. Bref, elle l’avait rappelé le lendemain, et depuis, c’était le grand amour. Enfin, presque.
Reigniez apporta sa bière à Buchmeyer qui leva les yeux de l’exemplaire de Nord Éclair qu’il avait attrapé sur la table.
– C’est vous le patron ?
– Oui.
– Je peux vous poser une question ?
– Allez-y toujours. 
Buchmeyer se pencha comme pour confi er un secret.
– Vous voyez passer plein de monde ici ? Et ça discute beaucoup, pas vrai ?
– Pas mal, dit Reigniez.
– Je suis de Lens. V ous croyez vraiment qu’on risque la relégation ?

 

30 avril 2017

Opération Napoléon - Arnaldur Indridason

Prix Audiolib 2017

9782367623085-001-X 71nHon7b-WL 51i5-9JJ3+L

Audiolib - mars 2017 - 10h08 - Lu par Thierry Janssen

Métailié - octobre 2015 - 352 pages

Points - octobre 2016 - 432 pages

traduit à la demande de l’auteur à partir de l’édition anglaise par David Fauquemberg

Titre de l’édition islandaise originale : Napóleonsskjölin, 1999

Quatrième de couverture :
1945. Un bombardier allemand s'écrase sur le Vatnajökull, le plus grand glacier d'Europe, qui l’engloutit. Parmi les survivants, étrangement, des officiers allemands et américains. Vont-ils mourir gelés, emportant un des plus lourds secrets du xxe siècle ?

1999. Le glacier fond et les forces spéciales de l'armée américaine envahissent immédiatement le Vatnajökull et tentent en secret de dégager l'avion. Deux jeunes randonneurs surprennent ces manoeuvres et sont rapidement réduits au silence. Kristin, la soeur de l’un d’eux, se lance sur les traces de son frère dans une course poursuite au coeur d'une nature glaçante. Les hypothèses historiques déconcertantes, parfois dérangeantes, et la séduction inoubliable qu'exerce cette héroïne à la fois tenace et perspicace, font de ce texte un formidable roman à suspense.

Auteur : Arnaldur Indridason est né à Reykjavík en 1961. Il est l’un des plus grands écrivains de polars d’Islande, ses livres sont publiés dans 37 pays. Il est le premier à recevoir le plus prestigieux prix de littérature scandinave deux années consécutives : en 2002, pour son livre La cité des jarres, et en 2003, pour La femme en vert

Lecteur : Comédien, auteur et metteur en scène formé au clown et à la commedia dell’arte, Thierry Janssen a travaillé entre autres avec Carlo Boso et Franco Dragone.

Mon avis : (écouté en avril 2017)
Ce roman écrit par l'auteur en 1999 a seulement été traduit en français en 2015, c'est son troisième roman. Il ne fait pas partie de la série Erlendur. 
1945, un avion s'écrase dans le blizzard sur le glacier du Vatnajökull qui l'engloutit. A l'intérieur, des officiers allemands et des agents américains qui vont mourir de froid et emporter avec eux un lourd secret d'Etat...
Cinquante ans plus tard, l'avion réapparaît et l'armée américaine tente secrètement de récupérer l'avion. Mais sur le glacier, les Américains ne sont pas seuls et n'hésitent pas à réduire au silence deux jeunes islandais qui les ont surpris en action, l'un des jeunes étant en train de téléponer à sa sœur Kristin...
Le lecteur est entraîné dans la course poursuite de Kristin pour découvrir ce qui est arrivé à son frère et pour résoudre une énigme datant de la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Je suis une inconditionnelle de la série Erlendur et j'ai beaucoup aimé ce suspense, rythmé, riche en péripéties ! J'aime également découvrir l'Islande et son histoire à travers les romans d'Indridason, ici il est question de la Seconde Guerre Mondiale et des relations entre l'armée américaine et les Islandais.
Concernant la version audio, le lecteur est très bon, le suspense et le rythme de l'histoire rend l'écoute vraiment agréable et passionnante.

Extrait : (début du livre)
Le blizzard faisait rage sur le glacier.
Il ne voyait rien devant lui, parvenait tout juste à distinguer la boussole au creux de sa main. Même s’il l’avait voulu, impossible de faire demi-tour. La tempête lui cinglait le visage, criblant sa peau de flocons durs et froids venus de toutes les directions. Une épaisse croûte de neige s’était formée sur ses vêtements et, à chaque pas, il s’enfonçait jusqu’aux genoux. Il avait perdu toute notion du temps. Depuis combien d’heures marchait-il ? Il n’en avait aucune idée. Dans cette obscurité impénétrable qui l’enveloppait depuis son départ, il ne savait même plus si c’était le jour ou la nuit. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il était à bout de force. Il progressait de quelques pas, reprenait son souffle, puis repartait. Cinq pas supplémentaires. Il s’arrêtait. Encore trois pas. Il s’arrêtait. Deux pas. Il s’arrêtait. Un pas.
Il était sorti à peu près indemne du crash. D’autres avaient eu moins de chance. Dans une éruption de bruit, l’avion avait raclé la surface du glacier. L’un des moteurs avait pris feu, avant de disparaître brusquement quand l’aile s’était décrochée, tourbillonnant dans les ténèbres enneigées. Presque aussitôt, l’autre aile s’était déchirée dans une pluie d’étincelles, et le fuselage amputé avait fusé comme une torpille sur la glace.
Le pilote, lui et trois autres hommes étaient attachés sur leurs sièges quand l’avion avait décroché, mais deux des passagers, pris d’une crise d’hystérie, s’étaient levés d’un bond et précipités vers le cockpit. Le choc les avait envoyés ricocher comme des balles aux quatre coins de la cabine. Recroquevillé sur son siège, il les avait regardés s’écraser contre le plafond et rebondir sur les parois, avant d’être catapultés au-dessus de lui jusqu’au fond de l’avion où leurs hurlements furent réduits au silence.
L’épave laboura le glacier, soulevant un nuage de neige et de glace, puis elle perdit peu à peu de la vitesse et, finalement, s’immobilisa. Alors, il n’y eut plus aucun bruit, rien que les hurlements du vent.
Il était le seul, de tous les passagers, à vouloir braver le blizzard pour regagner la civilisation. Les autres recommandaient d’attendre, dans l’espoir que la tempête finirait par se calmer. Ils estimaient qu’il valait mieux rester ensemble, mais personne ne le retiendrait. Il n’avait pas envie de se retrouver pris au piège dans cet avion ; l’idée qu’il puisse devenir son cercueil lui était insupportable. Avec leur aide, il s’emmitoufla autant que possible pour cette expédition, mais il n’eut pas à marcher longtemps dans ces conditions implacables pour comprendre qu’il aurait mieux fait de rester à l’abri dans l’avion avec les autres. À présent, il était trop tard.
Il s’efforçait de suivre un cap sud-est. L’espace d’une fraction de seconde, juste avant que le bombardier ne s’écrase, il avait aperçu les lumières de ce qui ressemblait à des maisons, et maintenant il suivait ce qu’il croyait être cette direction. Il était glacé jusqu’aux os, et son pas se faisait de plus en plus lourd. Loin de se calmer, la tempête semblait au contraire gagner en intensité. Il progressait péniblement, ses forces l’abandonnant à chaque pas.
Il repensa à la situation désespérée des autres, restés dans l’avion. Quand il les avait laissés, des congères commençaient déjà à recouvrir la carlingue, et la cicatrice dessinée par sa progression sur la glace se comblait rapidement. Ils avaient des lampes à pétrole, mais le combustible ne durerait pas très longtemps, et il régnait sur ce glacier un froid inimaginable. S’ils laissaient la porte de l’avion ouverte, la cabine se remplirait de neige. Ils étaient sans doute déjà coincés à l’intérieur. Ils savaient qu’ils allaient mourir de froid, qu’ils restent dans l’appareil ou s’aventurent sur la glace. Ils avaient débattu des différentes options – elles étaient plus que limitées. Il leur avait dit qu’il ne pouvait pas rester assis là à attendre la mort.
La chaîne cliquetait. Le poids de la valise lui arrachait le bras. Elle était accrochée à son poignet par une paire de menottes. Il ne tenait plus la poignée, laissant la valise traîner derrière lui au bout de sa chaîne. Le bracelet des menottes lui cisaillait le poignet, mais il n’y prêtait aucune attention. Tout lui était égal, à présent.

Challenge Voisins Voisines 
voisins_voisines2017
Islande

Déjà lu du même auteur :

la_cit__des_jarres La Cité des jarres  la_femme_en_vert La Femme en vert 

la_voix La Voix l_homme_du_lac L'Homme du lac hiver_arctique Hiver Arctique 

 hypothermie Hypothermie la_rivi_re_noire La rivière noire betty Bettý 

la_muraille_de_lave La muraille de lave etranges_rivages Etranges rivages 

91768788 La cité des jarres 95359847 Le Duel 

105501958 Les nuits de Reykjavik 110108840 Le lagon noir

8 juillet 2009

Les Naufragés de l'île Tromelin – Irène Frain

les_naufrag_s Michel Lafon – février 2009 – 371 pages

Grand prix du roman historique en 2009

Présentation de l'éditeur
Un minuscule bloc perdu dans l'océan Indien. Cerné par les déferlantes, harcelé par les ouragans. C'est là qu'échouent, en 1761, les rescapés du naufrage de L'Utile, un navire français qui transportait une cargaison clandestine d'esclaves. Les Blancs de l'équipage et les Noirs de la cale vont devoir cohabiter, trouver de l'eau, de la nourriture, de quoi faire un feu, survivre. Ensemble, ils construisent un bateau pour s'enfuir. Faute de place, on n'embarque pas les esclaves, mais on jure solennellement de revenir les chercher. Quinze ans plus tard, on retrouvera huit survivants : sept femmes et un bébé. Que s'est-il passé sur l'île ? À quel point cette histoire a-t-elle ébranlé les consciences ? Ému et révolté par ce drame, Condorcet entreprendra son combat pour l'abolition de l'esclavage.

Auteur : Née à Lorient en 1950, femme de lettres française, Irène Frain, de son vrai nom Irène Frain le Pohon, se consacre totalement à l'écriture après la publication de son roman 'Le Nabab’ pour lequel elle obtient le prix des Maisons de la presse en 1982. L'auteur, qui se dit fortement marquée par son origine bretonne, est agrégée de lettres classiques en 1972. Le début de sa carrière est marqué par son rôle de professeur qu'elle tient au Lycée et à la Sorbonne. En 1976, la jeune femme publie son premier ouvrage 'Quand les Bretons peuplaient les mers'. S'ensuit 'Les Contes du cheval bleu les jours de grand vent'. Très vite, elle se rend compte qu'elle est faite pour écrire. Son roman 'Le Nabab', écrit d'après la vie de René Madec, la lance pleinement dans l'écriture. Forte de cette reconnaissance, elle publie une vingtaine d'ouvrages dont 'Secret de famille' qui reçoit le prix RTL Grand public 1989. On notera aussi sa collaboration avec l'illustrateur André Juillard pour son roman 'La Vallée des hommes perdus'. Dotée d'une carrière bien remplie, Irène Frain est aujourd'hui une femme de lettres reconnue par le monde de la littérature.

Mon avis : (lu en juillet 2009)

C'est la rencontre d'Irène Frain avec Max Guérout, capitaine de vaisseau passionné d'archéologie, qui est à l'origine de ce livre. Il nous raconte une histoire vraie, bouleversante et passionnante : des faits réels peu glorieux pour les autorités de l'époque.
L’Utile, navire de la Compagnie française des Indes orientales est parti de Bayonne le 17 novembre 1760 avec un équipages de 143 hommes. Après un arrêt à Madagascar pour charger une cargaison clandestine de 160 esclaves, le navire fait naufrage sur l’île de Sable (île de Tromelin), le 31 juillet 1761. Il y aura 122 rescapés dans l'équipage ainsi que 88 esclaves, mais durant les premiers jours 28 esclaves vont mourir de soif. Les hommes creuseront un puits et trouveront de l'eau saumâtre mais potable. Avec les restes de l'épave de L'Utile, les marins vont construire un bateau avec l'aide des esclaves. Mais le bateau de trente-deux pieds de long par douze pieds de large ne pourra embarquer que les français et le 27 septembre, ils quittent l'île en abandonnant les malgaches avec 3 mois de vivres et la promesse de revenir les chercher. Mais le gouverneur de l'Ile de France (île Maurice actuelle) refuse d'honorer la promesse faite. Et ce n'est que quinze ans plus tard, le 29 novembre 1776 que La Dauphine et le capitaine Tromelin, récupéra les survivants : sept femmes et un bébé de huit mois.

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J’ai trouvé formidable le travail de nombreuses personnes (archivistes, archéologues) qui se sont plongés dans les archives pour retrouver ce qu’il s’est vraiment passé en 1761. Le récit fait revivre avec une incroyable vérité les personnages de cette aventure humaine extraordinaire. Nous revivons avec eux toutes les péripéties et après avoir fermé ce livre je n'ai eu qu'une envie, c'est vouloir partager ce morceau d'histoire de France avec mes proches ou d'autres lecteurs. A lire absolument !

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L'île de Tromelin, autrefois appelée île de Sable, est l'une des terres les plus isolées de l'océan Indien. Elle est située à 450 km à l'est de Madagascar et à environ 560 km au nord de Maurice. Elle est longue d'environ 1700 m et large d'environ 700 m et d'une superficie à peine supérieure à 1 km². Elle est entourée de fonds de l'ordre de 4000 mètres. Ses coordonnées sont : 15°53' de latitude Sud et 54°31' de longitude Est. L'île Tromelin fait partie des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF).

Depuis plus de quarante ans, l'île abrite une importante station météorologique, les météorologistes, qui y travaillent, sont les seules personnes qui vivent sur l'île. Il y a une piste d'atterrissage pour avions. La flore y est assez pauvre. Classée réserve naturelle, Tromelin abrite des tortues de mer et et de nombreux oiseaux de mer : Frégates, fous masqués, fous à pied rouge, huîtriers, parfois sternes et paille-en-queue.


Pour plus de détails sur le livre, voir le site suivant : http://www.lesnaufragesdeliletromelin.fr


Vidéo sur la mission archéologique : "L'Utile 1761 esclaves oubliés" réalisée par l’Inrap (Institut National de recherches archéologiques préventives)

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vestiges du campement des esclaves oubliés

Extrait : (début du livre)

L’île est le sommet émergé d’un vieux volcan sous-marin. Il s’est éteint il y a des millénaires. La lave a bouché l’orifice de sa cheminée. Comme il se trouvait à fleur d’eau, les coraux l’on vite colonisé.

Sous les vagues, les pentes du volcan sont très raides. A deux encablures de l’île, l’abîme commence. Et les grandes houles, les courants sans fin. Il faut vraiment jouer de malchance pour se retrouver sur ce bloc de corail cerné par les déferlantes. Ou n’avoir peur de rien.

Pour pouvoir en repartir, il faudra aussi compter sur l’inconscience. A moins de chercher son salut dans l’énergie du désespoir. Nul ne s’est jamais installé ici. L’île est sans mémoire. Seuls les ouragans laissent leur trace dans les sables. Le reste va vite se perdre dans le vent, le tonnerre des lames qui, sans relâche, harcèlent les récifs. Nuit et jour, la mer bat. Elle flanche rarement. Même lorsqu’il fait beau. Quand elle consent à se calmer, c’est presque toujours dans les heures qui précèdent un cyclone. Ensuite, elle se déchaîne comme jamais, jette à l’assaut de l’île des vagues géantes qui l’engloutissent aux neuf dixièmes. Elle ne reflue qu’une fois l’ouragan passé. Pour recommencer comme avant. Même pouls méchant, têtu, mêmes lames qui frappent, fracassent et brisent, déferlent er redéferlent, frappent encore, roulent et cassent, broient, éparpillent, émiettent, s’acharnent contre cette minuscule plaque de corail perdue au cœur de l’océan.

Mais l’île est ultra dure, elle tient. La seule victoire que la mer ait jamais remportée sur elle, c’est d’empêcher les madrépores de former un rempart assez haut pour casser l’élan des déferlantes. Ici, pas de couronne de coraux, pas de lagon à l’abri des houles accourues du pôle Sud, longues et féroces – depuis l’Antarctique, elles n’ont  trouvé aucun obstacle. A quelques mètres du rivage, rien qu’un long récif frangeant que la mer mouline peu à peu en sable. Mais là encore, rien à voir avec la fine et douce farine des atolls des mers du Sud. Celui-ci est grenu, grumeleux, râpeux.

1 août 2010

La Méridienne – Denis Guedj

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Robert Laffont – septembre 1999 – 308 pages

Pocket – mars 2003 – 414 pages

Points – octobre 2008 – 379 pages

Quatrième de couverture :

Juin 1792. Deux berlines quittent les Tuileries, l’une vers Dunkerque, l’autre vers Barcelone. À leur bord, Pierre Méchain et Jean-Baptiste Delambre, les astronomes et académiciens chargés par l’Assemblée Nationale de mesurer le méridien entre ces deux villes, afin de lui donner “pour tous les hommes, pour tous les temps”, une mesure universelle : le Mètre.

La mesure se révèle une véritable expédition. Bien vite, les saufs-conduits signés par le Roi les rendent suspects. Delambre est destitué par le Comité du salut public. Méchain, quant à lui, subit un terrible accident, est emprisonné en Espagne, puis se terre dans les Pyrénées, hanté par un doute : il se serait trompé dans ses mesures à Barcelone.

Cette traversée du territoire est une traversée de l'Histoire, elle aura duré sept années : le temps que vécut la République. Le 22 juin 1799, l'étalon du mètre est consacré.

Auteur : Né en 1940 à Sétif (Algérie), Denis Guedj est à la fois écrivain, mathématicien, professeur d'histoire et d'épistémologie des sciences (à Paris VIII) et aussi scénariste de cinéma. Écrivain prolifique, il rencontre un succès mondial, traduit en vingt langues, avec Théorème du perroquet (1998) ou les Cheveux de Bérénice (2003). Romancier, auteur de théâtre, comédien mais aussi scénariste, avec ce film de 1978, une fiction documentaire dont le titre, la Vie, t’en as qu’une, résume le fond de sa pensée, de son enseignement. Car Denis Guedj était d’abord un enseignant. Il est mort samedi 24 avril 2010, à l'âge de 69 ans.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
La Méridienne est l'autre nom donné au méridien de Paris qui passe par le centre de l'Observatoire de Paris et qui est situé à 2° 20' 14" à l'est de celui de Greenwich. Le méridien de Paris a été défini le 21 juin 1667 par les mathématiciens de l'Académie. Dès lors, le méridien origine pour la France était défini.

Le livre commence le 24 juin 1792, Méchain et Delambre, deux astronomes, quittent Paris, avec pour mission de mesurer le méridien entre Dunkerque et Barcelone afin d'établir une mesure universelle, le mètre soit la dix millionième partie du quart de méridien terrestre.
C'est une grande expédition, une traversée de la France du Nord au Sud mais également une traversée de l'Histoire qui durera sept ans, le temps de la République. Cela commence avec la fin de la monarchie et cela s'achève à l'aube du Consulat, la France est en pleine tourmente révolutionnaire. Pour mesurer cette Méridienne, les astronomes vont utiliser la méthode de triangulation (qui s'appuie sur une règle simple de trigonométrie « si on connaît deux angles et un côté d'un triangle, on connaît tous les côtés ») et mesurer une chaîne de triangles entre Dunkerque et Barcelone. Pour cela, ils vont devoir se hisser sur les sommets les plus élevés, monter en hauts des clochers. Voilà, une histoire politique, économique et scientifique qui est vraiment passionnante. 

Extrait : (début du livre)
24 juin 1792. Les Tuileries portaient encore les traces de la marée humaine qui venait de les submerger ; des papiers gras, de la crotte, des morceaux de chiffons, des parterres de fleurs piétinées... Un groupe de jardiniers jaugeait les dégâts, ignorant volontairement le jeune arbre que, trois jours plus tôt, un cortège des faubourgs avait planté là malgré l'opposition des gardes du roi. Un bel arbre, qui durera pour le moins jusqu'à la fin du siècle, si rien – la foudre, la hache, le feu ou les parasites – ne vient interrompre sa croissance. Piquée à même le tronc, s'épanouissait une cocarde tricolore.
Au bout de l'allée, devant un pavillon, deux berlines lourdement chargées, garées cul à cul, étaient sur le départ. Identiques à la couleur près, l'une verte, l'autre cuivrée, elles étaient équipées d'une énorme malle arrière à la forme étrange. Autour d'elles était rassemblé un petit groupe : Lavoisier, chimiste réputé, Condorcet philosophe et député de l'Assemblée législative et le Chevalier Borda, physicien. Il y avait également une femme et ses trois enfants.
Tout ce petit monde faisait ses adieux aux citoyens Pierre Méchain et Jean-Baptiste Delambre qui s'apprêtaient à quitter la capitale.
« Alors Méchain, à vous le Sud, à moi le Nord, lança le second.
- Ainsi en a décidé l'Assemblée, répondit le premier.
- Et moi, je reste à Paris », conclut tristement Lavoisier en tendant à chacun d'eux une petite cassette où reposaient lettres de crédit et numéraire en or et argent. Puis ce fut au tour de Broda de remettre aux voyageurs un portefeuille contenant des laissez-passer et des lettres de recommandation signées du roi.
Thérèse Méchain s'efforçait de cacher son inquiétude ; elle se tenait à l'écart, digne et silencieuse. Pourtant, lorsque Delambre s'approcha pour lui faire ses adieux, elle laissa échapper : « Si seulement vous partiez avec lui ! » Condorcet s'approcha pour la réconforter, lui affirmant que, restant en contact permanent avec les deux voyageurs, il lui communiquerait toutes les nouvelles qu'il recevrait d'eux.
Méchain grimpa dans la berline cuivrée, Delambre dans la verte ; leurs regards se croisèrent, leurs yeux brillèrent. Était-ce l'excitation du départ ou bien les reflets des feux de la Saint-Jean qui, les nuits précédentes, avaient illuminé les hauteurs de Montmartre ? Ils se firent signe de la main.
« A Rodez ! A Rodez ! » lancèrent-ils ensemble.
Les deux berlines s'ébranlèrent en même temps, s'éloignant dans des directions opposées.

1 août 2010

the Visitor

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Réalisé par Thomas McCarthy
Avec Richard Jenkins, Haaz Sleiman, Danai Jekesai Gurira, Hiam Abbass

Grand Prix du Festival de Deauville

Long-métrage américain . Genre : Comédie dramatique
Durée : 01h45min Année de production : 2007
Date de sortie cinéma : 29 octobre 2008 en France
Film déjà disponible en DVD depuis le : 7 mai 2009

Synopsis : Professeur d'économie dans une université du Connecticut, Walter Vale, la soixantaine, a perdu son goût pour l'enseignement et mène désormais une vie routinière. Il tente de combler le vide de son existence en apprenant le piano, mais sans grand succès...
Lorsque l'Université l'envoie à Manhattan pour assister à une conférence, Walter constate qu'un jeune couple s'est installé dans l'appartement qu'il possède là-bas : victimes d'une escroquerie immobilière, Tarek, d'origine syrienne, et sa petite amie sénégalaise Zainab n'ont nulle part ailleurs où aller. D'abord un rien réticent, Walter accepte de laisser les deux jeunes gens habiter avec lui.
Touché par sa gentillesse, Tarek, musicien doué, insiste pour lui apprendre à jouer du djembe. Peu à peu, Walter retrouve une certaine joie de vivre et découvre le milieu des clubs de jazz et des passionnés de percussions. Tandis que les deux hommes deviennent amis, les différences d'âge, de culture et de caractère s'estompent.
Mais lorsque Tarek, immigré clandestin, est arrêté par la police dans le métro, puis menacé d'expulsion, Walter n'a d'autre choix que de tout mettre en oeuvre pour venir en aide à son ami...

 

Réalisateur : Comédien de formation, Thomas McCarthy multiplie les petites apparitions au cinéma et à la télévision. On peut l'apercevoir dans des rôles réguliers pour les séries 'Boston Public' et 'The Wire', ou dans 'Syriana', 'Mémoire de nos pères' ou 'Good Night, and Good Luck'. Il passe à la réalisation en 2003 pour 'The Station Agent', vainqueur du prix du Public à Sundance. McCarthy montre le cercle d'amis d'un nain comme une famille de substitution, et l'humanisme dépeint séduit. C'est dans cette même veine que l'on peut appréhender sa deuxième réalisation 'The Visitor', qui voit la confrontation d'un professeur d'université désabusé avec deux immigrés clandestins qui occupent par erreur son appartement. Auteur prometteur du cinéma indépendant américain, Thomas McCarthy réussit à se départir de sa carrière d'acteur pour bâtir une œuvre en parallèle.

Mon avis : (vu en juillet 2010)
J'ai beaucoup aimé ce film qui raconte l'histoire d'un homme qui retrouve goût à la vie, grâce à une rencontre inédite. Walter Vale est âgé de soixante ans, il est professeur d'économie dans une université du Connecticut, mais il a perdu le goût de l'enseignement. Son Université l'envoie à New-York pour une conférence et lorsqu'il arrive dans son appartement new-yorkais, Walter découvre qu'il est déjà occupé par deux étudiants étrangers clandestins victimes d'une arnaque immobilière. Au début, il leur demande de partir puis finalement les laissent habiter chez lui. Ce jeune couple dynamique Tarek et Zainab va mettre de la joie dans la vie de Walter. Tarek va lui donner des cours de djembé. Une belle histoire d'amitié va naître et lorsque Tarek sera arrêté par la police dans le métro,Walter va se démener face à l'administration américaine pour l'aider. Ce film aborde le thème de l'immigration et nous donne une vision des États-Unis après le 11 septembre 2001. Ce film est bouleversant et les personnages sont terriblement attachants et les acteurs jouent avec beaucoup de justesse. La ville de New-York est également très présente dans le film.

Un grand merci à Papillon (Journal d'une lectrice) pour l'envoi de ce DVD lors du Swap in' Follies co-organisé par Amanda et Manu.

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27 août 2010

Le chien jaune – Georges Simenon

Lu dans le cadre du Challenge Maigret organisé par Ferocias

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Lu dans le cadre du Challenge Lunettes noires sur Pages blanches

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Livre de Poche - Janvier 2003 - 190 pages
Pocket – janvier 2000 – 183 pages
Pocket – septembre 1989 – 183 pages
Presse Pocket – septembre 1980 – 183 pages
Edito-Service S.A. - 1974 – 136 pages
LGF – 1970 – 189 pages
LGF – janvier 1963 – 189 pages
Fayard – 1961 -

Quatrième de couverture :
Vendredi 7 novembre. Concarneau est désert. L'horloge lumineuse de la vieille ville, qu'on aperçoit au-dessus des remparts, marque onze heures moins cinq. C'est le plein de la marée et une tempête du sud-ouest fait s'entrechoquer les barques dans le port. Le vent dans les rues, où l'on voit parfois des bouts de papier filer à toute allure au ras du sol. Quai l'Aiguillon, il n'y a pas une lumière. Tout est fermé. Tout le monde dort. Seules les trois fenêtres de l'Amiral, à l'angle de la place et du quai, sont encore éclairées...

Auteur : Né à Liège le 13 février 1903, après des études chez les jésuites, et amené de bonne heure à gagner sa vie, Georges Simenon est contraint d'exercer divers métiers. Un temps reporter à La Gazette de Liège, il circule volontiers de par le monde, séjournant notamment à Paris. 'Le Roman d'une dactylo', publié sous un pseudonyme en 1924, est un véritable succès populaire. Dès lors, cet auteur prolifique rédige roman sur roman, à un rythme impressionnant, et donne naissance au fameux commissaire Maigret. L'univers de Simenon est marqué par un réalisme cru - ses personnages sont des êtres veules et médiocres - auquel se mêle toutefois une poésie particulière, liée à la restitution de l'atmosphère des lieux, ou à l'angoissante solitude qui enserre les hommes. En vertu de leurs qualités dramatiques intrinsèques, nombre de ses œuvres ont été adaptées au petit et au grand écran. Simenon gravit les marches de l'Académie royale de Belgique en 1952, rendant au genre policier toutes ses lettres de noblesse. Décédé à Lausanne le 04 septembre 1989.

Mon avis : (lu en août 2010)
J'ai choisi un peu au hasard cette aventure de Maigret qui a été écrite en 1931.
Maigret mène l'enquête à Concarneau.. Un notable de la ville, Mostaguen, principal négociant en vin du pays a été grièvement blessé d'un coup de revolver. Puis une série de tentative de meurtres est perpétrée : empoisonnements, disparition... Et avec tout cela un mystérieux chien jaune erre dans les rues de la ville. Tout se passe autour de l’Hôtel de l’Amiral et de notables de la ville habitués de l'hôtel. Je ne peux pas dire avoir été passionné par cette enquête que j'ai trouvé lente et longue. Malgré tout, l'enquête est bien contruite et la conclusion inattendue.

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Film : Le Chien jaune a été adapté au cinéma par Jean Tarride en 1932 avec Abel Tarride dans le rôle Commissaire Maigret.
Il existe également deux épisodes « Le Chien jaune » à la télévision, celui réalisé par Claude Barma en 1968 (noir et blanc) avec Jean Richard dans le rôle du Commissaire Maigret et celui réalisé par Pierre Bureau en 1988 (couleur) avec Jean Richard dans le rôle du Commissaire Maigret et Annick Tanguy dans le rôle de Madame Maigret.

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J'ai pu emprunter à la Bibliothèque le DVD de l'épisode réalisé par Claude Barma en 1968 (noir et blanc).
Ce téléfilm est une adaptation très fidèle du roman de Simenon. On retrouve les dialogues mots pour mots. Seules entorses au livre, le film situe l'histoire à Boulogne-sur-Mer dans les années 50 ou 60 plutôt qu'à Concarneau dans les années 30. L'impression de longueur et de lenteur de l'histoire est décuplée dans le film. Le côté noir et blanc donne également au film un côté vieillot.

Extrait : (début du livre)
Vendredi 7 novembre. Concarneau est désert. L’horloge lumineuse de la vieille ville, qu’on aperçoit au-dessus des remparts, marque onze heures moins cinq.
C’est le plein de la marée et une tempête du sud-ouest fait s’entrechoquer les barques dans le port. Le vent s’engouffre dans les rues, où l’on voit parfois des bouts de papier filer à toute allure au ras du sol.
Quai de l’Aiguillon, il n’y a pas une lumière. Tout est fermé. Tout le monde dort. Seules, les trois fenêtres de l’Hôtel de l’Amiral, à l’angle de la place et du quai, sont encore éclairées.
Elles n’ont pas de volets mais, à travers les vitraux verdâtres, c’est à peine si on devine des silhouettes. Et ces gens attardés au café, le douanier de garde les envie, blotti dans sa guérite, à moins de cent mètres.
En face de lui, dans le bassin, un caboteur qui, l’après-midi, est venu se mettre à l’abri. Personne sur le pont. Les poulies grincent et un foc mal cargué claque au vent. Puis il y a le vacarme continu du ressac, un déclic à l’horloge, qui va sonner onze heures.
La porte de l’Hôtel de l’Amiral s’ouvre. Un homme paraît, qui continue à parler un instant par l’entrebâillement à des gens restés à l’intérieur. La tempête le happe, agite les pans de son manteau, soulève son chapeau melon qu’il rattrape à temps et qu’il maintient sur sa tête tout en marchant.
Même de loin, on sent qu’il est tout guilleret, mal assuré sur ses jambes et qu’il fredonne. Le douanier le suit des yeux, sourit quand l’homme se met en tête d’allumer un cigare. Car c’est une lutte comique qui commence entre l’ivrogne, son manteau que le vent veut lui arracher et son chapeau qui fuit le long du trottoir. Dix allumettes s’éteignent.
Et l’homme au chapeau melon avise un seuil de deux marches, s’y abrite, se penche. Une lueur tremble, très brève. Le fumeur vacille, se raccroche au bouton de la
porte. Est-ce que le douanier n’a pas perçu un bruit étranger à la tempête ? Il n’en est pas sûr. Il rit d’abord en voyant le noctambule perdre l’équilibre, faire plusieurs pas en arrière, tellement penché que la pose en est incroyable.
Il s’étale sur le sol, au bord du trottoir, la tête dans la boue du ruisseau. Le douanier se frappe les mains sur les flancs pour les réchauffer, observe avec humeur le foc dont les claquements l’irritent.
Une minute, deux minutes passent. Nouveau coup d'œil à l’ivrogne, qui n’a pas bougé. Par
contre, un chien, venu on ne sait d’où, est là, qui le renifle.
« C’est seulement à ce moment que j’ai eu la sensation qu’il s’était passé quelque chose ! » dira le douanier, au cours de l’enquête.

28 août 2016

Un peu plus loin sur la droite - Fred Vargas

Lu en partenariat avec Audiolib

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Audiolib - juin 2016 - 7h32 - Lu par Philippe Allard

Viviane Hamy - mars 1996 - 255 pages

J'ai Lu - octobre 2005 - 256 pages

Quatrième de couverture :
Embusqué sur le banc 102, celui de la Contrescarpe, Kehlweiler, « l’Allemand », avise une drôle de « bricole » blanchâtre égarée sur une grille d’arbre. 
Ce petit bout d’os humain – car il s’agit de cela – l’obsède jusqu’à ce qu’il abandonne ses filatures parisiennes pour rallier Port-Nicolas, un village perdu au bout de la Bretagne.
Et l’attente commence dans la salle enfumée du vieux Café de la Halle. Il écoute, il surveille, de bière en bière, de visage en visage… Et, sans trêve, par les routes humides et les grèves désertes, il fait courir son assistant, Marc Vandoosler, le médiéviste rencontré dans Debout les morts.
Qui tue ?

 

Auteur : Fred Vargas est née en 1957. Médiéviste et titulaire d’un doctorat d’Histoire, elle est chercheur en Histoire et Archéologie au CNRS. La quasi-totalité de son œuvre – les « rompols » comme elle appelle ses textes policiers – est publiée aux Éditions Viviane Hamy. Primés à plusieurs reprises, adaptés au cinéma – Pars vite et reviens tard – et à la télévision, traduits dans plus de 40 langues, ses livres sont des best-sellers en France comme en Allemagne et en Italie.

Lecteur : Né à Bruxelles en 1968, Philippe Allard est comédien, improvisateur et musicien, mais également acteur de doublage (films, documentaires et séries) depuis 1995 : il a entre autres prêté sa voix à la version française de House of Lies (Don Cheadle). Il a déjà enregistré pour Audiolib, entre autres, Le vol des CigognesUne Vérité si délicateTrois mille chevaux vapeur et Ceux qui vont mourir te saluent.

Mon avis : (écouté en août 2016)
Cette relecture en mode audio de ce livre de Fred Vargas m'a beaucoup plu. J'en gardais quelques souvenirs mais je l'ai redécouvert avec grand plaisir. Le héros de ce polar n'est pas comme d'habitude Adamsberg mais 
Louis-Ludwig Kehlweiler, ancien du ministère de l'intérieur, accompagné accompagné de Bufo, son fidèle crapaud... C'est un ami d'Adamsberg qui possède un réseau national d'indicateurs, tout commence avec la découverte d'un petit os humain dans une crotte de chien sur une grille d'arbre à côté du banc 102... Une découverte insignifiante, mais qui obsède Kehlweiler. Comment cet os est arrivé là ? A qui appartient cet os ? Avec l'aide de Marc (spécialiste du Moyen-Age) et Mathias (le préhistorien) déjà rencontrés dans "Debout les morts", l'enquête va mener Louis-Ludwig Kehlweiler entre Paris et la Bretagne...
Les nombreux personnages rencontrés sont hauts en couleurs, l'histoire est prenante et l'intrigue pleines de surprises et de rebondissements. J'ai passé de très bons moments en écoutant cette histoire captivante lu avec beaucoup de talent.

Merci Audrey et Audiolib pour cette relecture très plaisante.

Extrait : (début du livre)
- Et qu'est-ce que tu fous dans le quartier ?

La vieille Marthe aimait discuter le coup. Ce soir, elle n'avait pas eu son compte et elle s'était acharnée sur un mot croisé, au comptoir, avec le patron. Le patron était un brave type mais exaspérant pour les mots croisés.
Il répondait à côté, il ne respectait pas la consigne, il ne s'adaptait pas à la grille. Pourtant il aurait pu servir, il était calé en géographie, ce qui était curieux parce qu'il n'avait jamais quitté Paris, pas plus que Marthe. Coule en Russie en deux lettres verticales, le patron avait proposé "Ienisseï ".
Enfin, c'était mieux que de ne pas parler du tout. Louis Kehlweiler était entré au café vers onze heures. Ça faisait deux mois que Marthe ne l'avait pas vu et il lui avait manqué, en fait. Kehlweiler avait mis une pièce dans le flipper et Marthe regardait les trajets de la grosse boule. Ce jeu de dingue, avec un espace fait exprès pour paumer la boule, avec une pente à remonter au prix d'incessants efforts, et que, sitôt atteinte, on redévalait aussi sec pour se perdre dans l'espace fait exprès, l'avait toujours contrariée. Il lui semblait que cette machine n'avait de cesse, au fond, de donner des leçons de morale, une morale austère, injuste et déprimante. Et si, par emportement légitime, on lui foutait un coup de poing, elle tiltait et on était puni. Et il fallait payer pour ça en plus. On avait bien tenté de lui expliquer que c'était un instrument de plaisir, rien à faire, ça lui rappelait son catéchisme.
- Hein? Qu'est-ce que tu fous dans le quartier ?
- Je suis passé voir, dit Louis. Vincent a remarqué des trucs.
- Des trucs qui valent le coup ?
Louis s'interrompit, il y avait urgence, la boule du flipper filait droit vers le néant. Il la rattrapa d'une fourchette et elle repartit crépiter vers les hauteurs, mollement.
- Tu joues mou, dit Marthe.
- J'ai vu, mais tu parles tout le temps.
- Faut bien. Quand tu fais ton catéchisme, t'entends pas ce qu'on te dit. Tu ne m'as pas répondu. Ça vaut le coup ?
- Ça peut. Faut voir.
- C'est du quoi? Politique, crapuleux, indéterminé ?
- Ne braille pas comme ça, Marthe. Ça te fera des ennuis un jour. Disons que ce serait de l'ultraréac qui se trouve là où on ne l'attendrait pas. Ça m'intrigue.
- Du bon ?
- Oui, Marthe. Du vrai, appellation nationale contrôlée, mis en bouteille au château. Faudrait vérifier, bien sûr.
- Ça se Passe où ? C'est à quel banc ?
- Au banc 102.
Louis sourit et lança une boule. Marthe réfléchit. Elle s'embrouillait, elle perdait la main. Elle confondait le banc 102 avec les bancs 107 et 98. Louis avait trouvé plus simple d'attribuer des numéros aux bancs publics de Paris qui lui servaient d'observatoires. Les bancs intéressants, cela va de soi. C'est vrai que c'était plus commode que de détailler leur situation topographique précise, d'autant que la situation des bancs est généralement confuse. Mais en vingt ans, il y avait eu des changements, des bancs mis à la retraite, et des nouveaux dont il fallait s'occuper. On avait dû numéroter des arbres aussi, quand les bancs manquaient dans des emplacements clefs de la capitale. Il y avait aussi les bancs de passage, pour les petites histoires. À force, on en était au n°137, parce qu'on ne réutilisait jamais un ancien numéro, et ça se mélangeait dans sa tête. Mais Louis interdisait qu'on ait des aide-mémoire.
- Le 102, c'est celui avec le fleuriste derrière? demanda Marthe en fronçant les sourcils.
- Non, ça c'est le 107.
- Merde, dit Marthe. Paye-moi un coup au moins.
- Prends ce que tu veux au bar. Il me reste trois boules à jouer. 
Marthe, elle n'était plus aussi performante. À soixante-dix ans, elle ne pouvait plus rôder comme avant dans la ville, entre deux clients. Et puis elle confondait les bancs. Mais enfin, c'était Marthe. Elle n'apportait plus beaucoup de renseignements mais elle avait d'excellentes intuitions. Son dernier tuyau remontait bien à dix ans. Ça avait foutu une merde salutaire, ce qui était l'essentiel.
- Tu bois trop, ma vieille, dit Louis en tirant le ressort du flipper.
- Surveille ta boule, Ludwig.
Marthe l'appelait Ludwig, et d'autres l'appelaient Louis. Chacun faisait son choix, il avait l'habitude. Ça faisait cinquante ans maintenant que les gens balançaient d'un prénom à l'autre. Il y en avait même qui l'appelaient Louis-Ludwig. Il trouvait ça idiot, personne ne s'appelle Louis-Louis.
- T'as amené Bufo ? demanda Marthe en revenant avec un verre.

 

Déjà lu du même auteur :

Ceux_qui_vont_mourir_te_saluent Ceux qui vont mourir te saluent l_homme_aux_cercles_bleus L'Homme aux cercles bleus

Debout_les_mort Debout les morts Un_peu_plus_loin_sur_la_droite Un peu plus loin sur la droite

sans_feu_ni_lieu Sans feu ni lieu l_homme___l_envers L'Homme à l'envers

Pars_vite_et_reviens_tard Pars vite et reviens tard sous_les_vents_de_neptune  Sous les vents de Neptune

Dans_les_bois__ternels Dans les bois éternels un_lieu_incertain Un lieu incertain

les_quatre_fleuves Les Quatre fleuves (BD) vargas L'Armée furieuse 

temps glacières Temps glacières 

En audio 

94114487 L'homme aux cercles bleus 

pars et reviens tard_CDlivraphone Pars vite et reviens tard

 

15 mai 2010

Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements... - Macha Makeieff et Stéphane Goudet

Livre lu en partenariat avec les Éditions Naïve

Jacques_Tati Éditions Naïve - avril 2009 – 304 pages

Mot de l'éditeur :
Sous la direction de Macha Makeïeff et Stéphane Goudet, des artistes de différents horizons témoignent de leur attachement à l’œuvre de Jacques Tati ( Pierre Étaix, David Lynch, Olivier Assayas, Jean-Claude Carrière, Sempé, Philippe Delerm, Jean-Philippe Toussaint…). Si le livre reproduit les objets, souvenirs, photogrammes des films rassemblés dans l’exposition que la Cinémathèque française consacre au cinéaste, il est, au-delà d’un catalogue, une création graphique, un objet ludique qui réussit à restituer l’esprit et la fantaisie si singulière de Tati.

Auteurs :
Née à Marseille en 1953, fondatrice, avec son acolyte Jérôme Deschamps, de la Compagnie Deschamps, Macha Makeïeff est une artiste complète, auteur, metteur en scène mais aussi costumière et décoratrice. Formée au Conservatoire d'art dramatique de Marseille, puis à la Sorbonne où elle étudie l'histoire de l'art, elle choisit la voie de la mise en scène grâce à sa rencontre avec Jérôme Deschamps au début des années 1970. La communion de leurs esprits est évidente et fait naître une langue nouvelle, celle des Deschiens. Intarissable, elle monte pièce sur pièce - plus de vingt-cinq pièces en moins de trente ans -, souvent présentées dans le cadre du Festival d'Avignon (' En avant', 'Les Petits Pas', 'Les Pieds dans l'eau') et jouées sur des scènes renommées. Ainsi 'Les Etourdis' est représentée au théâtre national de Chaillot tandis que 'L' Affaire de la rue de Lourcine' plante son décor sur la scène de l'Odéon. Makeïeff théorise son approche du théâtre et publie des essais comme 'Poétique du désastre' sorti en 1998. Multipliant les projets, l'artiste se plonge avec son complice dans la réalisation cinématographique avec 'Tam Tam', 'C' est dimanche' ou le film d'animation 'La Véritable Histoire du Chat Botté', sorti en 2009. Son travail investit également galeries et musées : l'exposition 'Le Grand Ordinaire et le petit ménager' qui se tient à la Villette dans la Grande Halle, en 1992, est suivie de 'Vestiaire et défilé' à la Fondation Cartier. Directrice du théâtre de Nîmes de 2002 à 2008, Macha Makeïeff s'investit de manière totale dans son art jusqu'à créer une véritable identité visuelle, décrite dans l'ouvrage 'Bréviaire pour une fin de siècle'. En 2009, elle est la co-commissaire et scénographe de l'exposition “Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements” à la Cinémathèque.

Stéphane Goudet est un exploitant, critique de cinéma et universitaire français. Il est directeur du cinéma Le Méliès à Montreuil depuis 2002. Il a participé en tant que critique à la revue Positif. Il est enfin maître de conférences en cinéma à l'Université Paris I et est auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma et notamment Jacques Tati, sur lequel il a écrit une thèse en 2000. Il est membre du « Club des 13 ».

Jacques Tatischeff :
Né à Le Pecq le 09 octobre 1908, d'un père russe et d'une mère française, il commence son observation du monde extérieur dès l'école. Amateur de sport, il pratique la boxe et le rugby et se produit à ses débuts dans des cabarets et des music-halls. A partir de 1936, il travaille pour le cinéma en scénarisant et en jouant dans des courts métrages. En 1947, il remplace le réalisateur René Clément sur 'L' Ecole des facteurs'. Véritable pied à l'étrier, ce film lui permet de tourner et de produire 'Jour de fête' (1947) qui remporte le prix de la Mise en scène à la Biennale de Venise deux ans après sa sortie. Tati entame alors un combat contre une société moderne qui fait d'une déshumanisation inhérente le lot de chacun. Il crée pour cela un personnage burlesque et rêveur : Hulot. Il sera le personnage principal des 'Vacances de monsieur Hulot' (1952), 'Mon oncle' (1958), 'Playtime' (1968) et 'Trafic' (1971). Malheureusement, l'échec financier de 'Playtime' mine ses dernières productions. Ses œuvres seront néanmoins récompensées par un césar d'honneur en 1977. Il est décédé à Paris le 04 novembre 1982.

Mon avis : (lu en mai 2010)

J'ai eu la chance de voir avec mon fils, l'Exposition “Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements” qui a eu lieu du 8 avril au 2 août 2009 à la Cinémathèque Française.

Ce livre est non seulement le catalogue de l'exposition mais aussi une mine de renseignements sur Jacques Tati et son œuvre. Dès la réception de ce livre, j'ai commencé à le feuilleter, à retrouver ce que j'avais vu à l'exposition mais à découvrir également beaucoup d'autres images... puis mon fils m'a emprunté le livre et il est devenu son livre de chevet pendant plus d'une semaine !

Jacques Tati évoque pour moi mon enfance, en effet mon père aimait beaucoup ses films et me les a fait découvrir. Avant de nous emmener voir les films de Jacques Tati au cinéma, mon père nous les racontait et nous mimait la partie de tennis, les Arpel enfermés dans leur garage à cause de leur petit chien... Et lorsque que nous allions en famille au cinéma, nous restions deux séances de suite pour mieux apprécier le film et ne rater aucun des gags !

Ce livre est constitué d'une première partie avec des notes et des croquis faits lors de la conception de l'exposition, dans la deuxième partie, on retrouve beaucoup d'images vues à l'exposition en 15 sensations (ou chapitres) décrivant le monde de Jacques Tati et en troisième partie, il y a des témoignages d'artistes variés sur Jacques Tati. Des auteurs, des architectes, des cinéastres et certaines personnes qui ont travaillé avec lui nous raconte des anecdoctes ou comment ils ressentent le cinéma de Jacques Tati.

Presque un an après l'Exposition “Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements”, j'ai eu beaucoup de plaisir à revivre les émotions que j'avais eu lors de ma visite. Et nous avons pu partager ce que nous avions vu avec le reste de la famille.

Un grand Merci à Camille et aux Éditions Naïve de m'avoir permis de découvrir ce très Beau Livre.

Avis de P'tit Aproposdelivres2 (15 ans) :
Ce livre est très amusant et très complet, on y retrouve bien l'expo. Il est plein de petits détails et de photos. On découvre également Tati vu par d'autres (des auteurs, des cinéastes et des architectes). J'ai trouvé cela très intéressant et j'ai beaucoup aimé ce livre.

Extrait : (début du livre)
Le monde selon Tati
Serge Toubiana

Ceux qui évoquent le cinéma de Jacques Tati, parce qu'ils ont connu ou approché de près le cinéaste, ou parce qu'ils connaissent parfaitement son œuvre, parlent de sa manière de travailler, de son obsession à trouver et mettre en scène des gags visuels toujours ancrés dans la vie quotidienne. Donc, le travail, le travail, toujours le travail. Tati a passé sa vie à travailler. Mais le résultat de son travail est tout le contraire : la fête (Jour de fête, son premier long métrage), les vacances (Les Vacances de monsieur Hulot), la famille sous l'angle le plus fantaisiste (Mon Oncle), les jeux de quiproquo et le déséquilibre à l'échelle d'une ville, voire du monde: Play Time. Et ainsi de suite avec Trafic et Parade. Sur l'écran le monde défile et parade, tandis que derrière Tati est au travail. Cet homme a travaillé à nous (spectateurs) rendre fainéants, à nous faire aimer par-dessus tout la vie buissonnière. Rien que pour cela, il a droit à notre estime et à notre admiration éternelles.

L'autre idée qui me vient à l'esprit c'est que Tati a filmé quelque chose d'essentiel au cours du XXe siècle : il a filmé la campagne, la vie à la campagne (période Jour de fête), puis il a filmé la vie pavillonnaire (Mon Oncle), l'aspiration au confort petit-bourgeois de l'après-guerre et la découverte du formica, et il a surtout filmé et capté de manière ultrasensible, tel un sismographe de génie, le passage de la campagne à la ville, cette grande transhumance des hommes et des objets, d'un monde ancien vers un monde moderne. Le vélo du facteur a laissé place à la voiture et aux ennuis qu'inéluctablement elle génère, les encombrements. Tout est bouleversé, les gestes et les parcours, les ambiances et les costumes. Et bien sûr l'architecture. La villa Arpel de Mon Oncle a laissé place aux buildings ultramodernes de Play Time, génial film d'anticipation. À eux seuls les mots n'arrivent pas à décrire cette mutation.

C'est la raison pour laquelle les films de Tati ne parlent pas. Ils sont. Ils bruitent. Ils observent. Et ils fixent du regard, d'un regard précis et entomologiste, le monde des humains fait de un plus un plus un, dans ses affolements et ses paniques, devant les inéluctables transformations de la vie matérielle. Monsieur Hulot est un homme parmi les hommes. Mais il est aussi la quintessence de l'homme: maladroit, désarticulé, mutique, lunaire, gentil (mais en est-on certain ?), guère sexué. L'Homme au cours du XXe siècle a changé : Tati en a saisi les étapes et les mutations.

Cette multitude de «légers décalages» dont parle le génial Sempé constitue l'univers graphique et plastique de Jacques Tati. Tout part du dessin, de la forme, avant de s'incarner. Le geste premier est abstrait, puis prend de la chair et s'évertue à saisir le mouvement. Il y a de la pensée, à tous les stades de l'élaboration de l'œuvre, car Tati est un cinéaste intelligent et conceptuel. Avec Tati nous en sommes toujours, ou nous y revenons, à l'art primitif du cinématographe. Plus exactement: passage par l'art forain, le cirque, la scène, puis la mise en scène. En six films, Tati fait œuvre. Son œuvre. Elle est unique et généreuse. Matricielle. Elle scintille de mille feux avec un fond de mélancolie, de tristesse russe. Comment ne pas aimer Tati ? Cet amour se transmet de génération en génération. Tati c'est notre oncle à nous, celui qu'on n'a pas eu : l'excentrique de la famille.

Lorsque Macha Makeïeff et Stéphane Goudet sont venus me voir il y a deux ans pour me parler d'une exposition consacrée à Tati, j'ai dit oui dans la seconde. Exposer Tati à la Cinémathèque française relève de l'évidence. Encore faut-il faire preuve d'imagination. Avec Macha Makeïeff je me sens rassuré. Le monde selon Tati, je sais qu'elle le connaît et qu'elle saura nous le faire re-connaître et re-voir. Un monde de féerie, de poésie et d'humour. Un monde fait sur mesure pour l'homme. Plus précisément, pour la part d'enfance qui continue de vivre en lui.

Films de Jacques Tati en DVD :

dvd_play_time     dvd_mon_oncle     dvd_les_vacances_de_monsieur_hulot
    Play Time      Mon Oncle / My Oncle   Les vacances de Monsieur Hulot

L_Illusionniste_de_Sylvain_Chomet_diaporama

Sept ans après Les triplettes de Belleville, Sylvain Chomet sortira son nouveau film d’animation L’illusionniste, adapté d’un scénario inédit de Jacques Tati, le 16 juin 2010, distribué par Pathé.

Livre lu en partenariat avec les Éditions _naive

31 juillet 2010

Le rêve de Castro – Lucy Wadham

le_r_ve_de_castro Gallimard – avril 2005 – 350 pages

traduit de l'anglais par Patrice Carrer

Quatrième de couverture :
Astrid et Lola, deux sœurs vivant en exil à Paris, sont inextricablement mêlées aux luttes séparatistes basques qui font rage dans leur pays d'origine. Elles attendent la libération de Mikel, l'amant de Lola, qui vient de passer vingt ans en prison pour actes de terrorisme. Mais Mikel, à peine libéré, disparaît. Chacune de leurs côtés, les deux sœurs partent à sa recherche en Espagne...

Auteur : Née à Londres, Lucy Wadham vit aujourd'hui à Paris comme journaliste indépendante. Après L'île du silence (Série Noire n° 2649), dont les droits cinématographiques ont été achetés par John Malkovitch, Le rêve de Castro est son deuxième roman à paraître à la Série Noire.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
J'ai pris un peu par hasard ce livre à la bibliothèque en lisant la quatrième de couverture. Il était question de Pays-Basque et connaissant un peu la partie française, j'ai décidé de découvrir ce livre écrit par une anglaise vivant à Paris...
Astrid et Lola sont deux sœurs ayant une relation complexe. Astrid est une chirurgienne brillante qui se donne beaucoup dans son travail. Lola est prof de danse, elle attend des nouvelles de Mikel son petit ami qui a passé vingt ans en prison à la suite d'actes de terrorisme au Pays Basque. Mais Mikel veut oublier son passé et il ne veut pas renouer avec Lola... Celle-ci revient au Pays-Basque espagnol pour le rechercher. Astrid a caché à sa sœur qu'elle avait reçu ses dernières années des lettres de Mikel. Voulant fuir pour un temps sa vie parisienne, Astrid va rejoindre Lola dans leur maison natale durant son voyage en voiture elle va rencontrer Kader qui fuit lui aussi Paris et qui est blessé.
Ce livre se lit assez facilement, une histoire assez palpitante, beaucoup de questions se posent autour des différents personnages rencontrés : Astrid, Kader, Mikel, Lola, Txéma, Itxua et sur ce qui s'est vraiment passé lors de l'arrestation de Mikel. Je me suis également demandée plusieurs fois pendant ma lecture, pourquoi ce livre fait partie de la collection « série noire » et j'ai eu la réponse dans les toutes dernières pages...

Extrait : (page 19)
Étendue sur le côté droit, Lola surveillait les chiffres rouges du réveil ; et pourtant la sonnerie, quand elle retentit, vint percer son propre cœur. Elle sortit un bras de dessous le drap, pour interrompre ce vacarme. Le cœur de Lola était son point faible. D'après Astrid, il émettait un bruit de souffle et, de ce fait, ne serait jamais parfaitement fiable. Astrid lui avait fait cette remarque tout en maintenant le froid stéthoscope contre sa poitrine constellée de taches de rousseur, et Lola avait baissé les yeux vers les longs cils sombres de sa sœur, avec un demi-sourire. C'était le premier diagnostic d'Astrid et Lola était fière de son aînée, même si on ne lui apprenait rien en lui annonçant que son cœur était plus faible que fiable.

Oui, c'est un souffle au cœur, avait repris Astrid, en éloignant son visage de la poitrine de Lola et en enroulant son stéthoscope flambant neuf autour de sa main. Ne t'en fais pas, Lolita. C'est à surveiller, mais ce n'est pas grave.

Et Lola, après avoir reboutonné son chemisier, était allée chercher des bières dans le réfrigérateur, et elles avaient trinqué avec les bouteilles comme pour célébrer l'inauguration de leur nouvelle tâche commune, la surveillance de cœur.

Le réveil indiquait 06:31.

Mikel était libre depuis maintenant une minute. Il lui avait bien fallu ça, rien que pour découvrir le grand ciel de l'aube, le bleu d'un papillon exotique voletant au-dessus de sa tête, pour se retourner vers l'horizon d'une blondeur de bière, pour sortir un paquet de cigarettes de sa poche et tirer une bouffée en homme libre, la première depuis vingt ans.

En fermant les yeux, Lola aperçut son bien-aimé qui se tenait debout sur cette plaine aride, là-bas, le dos tourné aux grands murs de la prison, les jambes écartées, comme toujours. Comme si la terre risquait de se mettre à trembler sous ses pieds à tout moment.

Fume ta cigarette, Mikel. Aspire, l'approuva-t-elle à voix haute. Et elle se retourna sur le ventre et enfouit son large sourire dans l'oreiller.

5 octobre 2011

La lionne blanche – Henning Mankell

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Seuil – mars 2004 – 432 pages

Points – février 2005 – 487 pages

traduit du suédois par Anne Gibson

Titre original : Den vita lejoninnan, 1993

Quatrième de couverture :
Alors qu'en Afrique du Sud un groupe d'Afrikaners fanatiques commet un attentat, en Suède le corps d'une jeune mère de famille, Louise Åkerblom, est retrouvé au fond d'un puits. L'inspecteur Wallander enquête en vain. Jusqu'à ce qu'il découvre près du lieu du crime le doigt tranché d'un homme noir...
Y aurait-il un lien entre la réalité quotidienne de la province suédoise et la lutte politique sanglante qui se déchaîne à l'autre bout du monde ?

Auteur : Henning Mankell, né en Suède en 1948, est devenu mondialement célèbre grâce à ses fameuses enquêtes de l'inspecteur Kurt Wallander : une série de polars qui a commencé en 1991 avec Meurtriers sans visage et s'est vendue à des millions d'exemplaires dans le monde. Gendre d'Ingmar Bergman, dont il a épousé la fille Eva en secondes noces, Mankell a également écrit des livres pour la jeunesse, des romans dont le magnifique Les chaussures italiennes, paru en 2009, des pièces de théâtre. Depuis 1996, l'écrivain partage sa vie entre son pays natal et le Mozambique, où il dirige le Teatro Avenida.

Mon avis : (lu en octobre 2011)
J’ai pris beaucoup de plaisir à retrouver l’inspecteur Kurt Wallander dans sa troisième enquête. On sait qu’Henning Mankell partage sa vie entre la Suède et le Mozambique, pays voisin de l’Afrique du Sud. Avec La lionne blanche, il invente une intrigue où la Suède rejoint l’Afrique.

L’histoire commence en avril 1992 en Scanie, province de Suède, avec Louise Åkerblom, agent immobilière qui vient de conclure une affaire. Avant de retrouver sa famille pour le week-end, elle part visiter une maison dans la campagne, un peu perdue elle s’engage sur un chemin et se trouve face à un homme qui l'abat froidement d'une balle en plein front.
A l’autre bout du monde, en Afrique du Sud, Victor Mabasha, tueur professionnel, se voit proposer une mission très bien payée par un commanditaire Blanc. Sa cible est un homme politique de premier plan. Il n’en sait pas plus.
Le corps de Louise Åkerblom est retrouvé au fond d'un puits. Quelques jours plus tard, non loin de là, une maison explose. Dans les décombres, la police découvre des débris d’une radio émetteur-récepteur, de revolver et… un doigt tranché d’un homme noir. Kurt Wallander et son équipe sont sur cette enquête plutôt compliquée où les différents indices sont difficiles à interpréter...
Le lecteur découvre en parallèle à l’enquête suédoise, ce qu’il se passe à l’époque en Afrique du Sud. « En 1990, Nelson Mandela quittait la prison de Robben Island, après vingt-sept ans de détention.
Tandis que le reste du monde acclamait sa libération, beaucoup de Boers virent dans ce geste une déclaration de guerre. Le président De Klerk devenait à leurs yeux un traître, un pur objet de haine. »

Non seulement, nous suivons un enquête policière classique comme sait parfaitement les écrire Henning Mankell mais nous découvrons également une description de la réalité humaine et politique en Afrique du Sud. Ce livre est vraiment passionnant à double titre. Je suis devenue une inconditionnelle de cet auteur suédois ! 

Extrait : (page 27)
Le vendredi 24 avril, peu après quinze heures, l'agente immobilière Louise Åkerblom sortit des bureaux de la Caisse d'épargne de Skurup et s'attarda sur le trottoir pour respirer l'air printanier. Que faire ? Plus que tout, elle aurait voulu conclure sa journée de travail et rentrer chez elle. Mais elle avait promis de passer voir une maison du côté de Krageholm... Combien de temps lui faudrait-il ? Une bonne heure, pas beaucoup plus. Il fallait aussi acheter du pain. Robert, son mari, pétrissait d'habitude lui-même le pain de la famille. Cette semaine-là, il avait été trop occupé. Elle traversa la place et entra dans une boulangerie. Elle était la seule cliente. La boulangère, qui s'appelait Elsa Person, se rappellerait par la suite que Louise Åkerblom avait semblé de bonne humeur. Elles avaient un peu parlé du printemps qui était enfin arrivé, quelle joie.
Elle demanda un pain de seigle et décida dans la foulée de surprendre sa famille avec des pâtisseries pour le dessert. Son choix se porta sur des tartelettes pomme vanille. Elle se dirigea ensuite vers le parking où elle avait laissée sa voiture, derrière la Caisse d'épargne. En chemin, elle croisa le jeune couple de Malmö avec qui elle venait de faire affaire. Ensemble, ils avaient signé la promesse de vente, le chèque, les formulaires d'emprunt. Elle sympathisait avec leur joie de posséder enfin leur propre maison. Mais elle s'inquiétait un peu. Seraient-ils en mesure de faire face aux traites ? Elle avait soigneusement étudié l'état de leurs finances. A la différence d'autres jeunes, ils n'avaient pas fait collection inconsidérée de factures de Carte bleue. Et la jeune épouse lui semblait du genre économe ; ils y arriveraient sans doute. Dans le cas contraire, la maison se retrouverait sur le marché, et ce serait peut-être elle, ou Robert, qui s'occuperait à nouveau de la transaction. Pour eux, le fait de vendre la même maison deux ou trois fois en l'espace de quelques années n'avait plus rien d'inhabituel.
Elle déverrouilla les portières et composa le numéro de l'agence. Elle écouta la voix de Robert sur le répondeur, disant que l'agence Åkerblom avait fermé pour le week-end, mais qu'elle rouvrirait lundi matin à huit heures.

 

Lu dans le cadre du Défi Scandinavie noire
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Suède : Henning Mankell

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Suède

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
Viking_Lit

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Animaux"

 

Challenge Thriller 
Challenge_Thriller
 catégorie "Même pas peur" : 5/8

 

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