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A propos de livres...
5 février 2012

Pico Bogue, Tome 5 : Légère contrariété – Alexis Dormal Nathalie Roques

5469 Dargaud – novembre 2011 – 48 pages

Présentation :
Ce sont les vacances ! Pico et Ana Ana en profitent bien : copains, palabres, jeux, piscine, détente, soleil. Mmm. qu'est-ce que c'est bien ! Mais, tout à coup, rien ne va plus : leurs parents ont décidé de partir une semaine en vacances sur un voilier mais. SANS EUX ! Tragique erreur : Pico et Ana Ana vont leur faire comprendre, à leur façon, qu'on n'abandonne pas ses enfants comme ça ! 48 pages de bonheur !  

Auteurs : Dominique Roques, mère d'Alexis Dormal, est née en 1948 à Casablanca. Elle a eu deux fils, dont l'un s'est mis à dessiner. Ainsi en 2005, après s'être intéressée aux dessins de son fils, elle écrit des scénarios.

Alexis Dormal, fils de Dominique Roques, né en 1977 à Bruxelles. Plus tard, diplômé d'une école belge de réalisation cinéma/télévision, il part étudier le dessin à l'école Émile Cohl, à Lyon. Maintenant, il dessine et sa maman écrit les bulles...

Mon avis :(lu en décembre 2011)
Dans ce 5ème album des aventures de Pico Bogue et sa famille, il y a un fil rouge. En effet, ce sont les vacances et les parents de Pico et Ana Ana ont décidé de partir une semaine en vacances sans leurs enfants. Ceux-ci sont furieux de cet abandon, pour preuve, la tête qu'ils font sur la couverture de l'album... Pico et Ana Ana vont donc s'allier pour faire comprendre à leurs parents qu'on ne doit pas abandonner ses enfants !

Encore un album très réussi qu'on ne se lasse pas de lire en famille enfants comme parents !

Extrait : 

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Déjà lu des même auteurs : 

picobogue  Pico Bogue tome 1 : La vie et moi

pico_bogue_T2  Pico Bogue tome 2 : Situations critiques

pico_bogue_T3 Pico Bogue tome 3 : Question d'équilibre

5468  Pico Bogue, Tome 4 : Pico love


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9 mars 2012

Sœurs Chocolat – Catherine Velle

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Editions Anne Carrière – mars 2007 – 316 pages

Corps 16 – janvier 2008 (Gros Caractères)

Livre de poche – décembre 2009 – 310 pages

Quatrième de couverture :
Elles ne sont pas sœurs... elles sont Sœurs. Leur petite communauté, au coeur de la France, subsiste - difficilement - grâce au délicieux chocolat qu'elles produisent. Mais si elles manquent le rendez-vous au fin fond de la Colombie, la part de fèves de cacao qui leur est réservée sera immédiatement attribuée à d'autres. Quittant leurs habits monastiques, elles se retrouvent dans la forêt amazonienne, face à des bandits qui convoitent leur trésor de fèves. Prêtes à tout pour sauver leur communauté, elles vont changer d'identité, jouer du revolver, chanter et danser dans un cabaret infesté de malfrats... Une aventure haletante et pleine de fantaisie, dans la plus pure tradition romanesque.

Auteur : Catherine Velle a été comédienne et publicitaire. Elle est aujourd'hui directrice de la communication du groupe Marie-Claire. Sœurs chocolat est son troisième roman.

Mon avis : (lu en février 2012)
Voilà un livre que j'ai découvert sur la blogosphère, que malgré mon envie, j'ai mis du temps à sortir de ma PAL... Et j'ai trouvé ce livre très amusant. 
A l'Abbaye de Saint-Julien, les Sœurs consacrent leur vie à Dieu et pour faire vivre la communauté, elles fabriquent un chocolat délicieux grâce à un recette secrète que les Sœurs se transmettent de génération en génération… L’origine de ce chocolat exceptionnel, c’est l’arrivée à l’Abbaye d’une sœur colombienne avec des fèves de chocolat en provenance de son village. Depuis, tous les dix ans, deux Sœurs partent pour aller chercher ces fameuses fèves de cacao.
Le lecteur va être le témoin du voyage des deux Sœurs Jasmine la novice et Anne la plus confirmée. Le voyage va être plus difficile que prévu car des bandits voudraient bien s’emparer du chocolat réservé aux « Sœurs Chocolat ». Elles vont donc voyager incognito et affronter des épreuves nombreuses et variées pour tenter à tout prix à rejoindre le lieu de rendez-vous au fond la forêt Amazonienne.
Ce livre est à la fois un roman d'aventure qui nous entraîne en Colombie à la recherche de fèves de cacao exceptionnelles et une quête initiatique pour deux sœurs, ce voyage plein de péripéties va ébranler leur vocation à chacune.
Les deux Sœurs sont attachantes et j’ai suivie avec beaucoup de plaisirs leurs aventures. Ce livre est tour à tour drôle, plein de suspense et de rebondissements, plein de fraîcheur, et également émouvant.

Autres avis : Sandrine, Valérie

Extrait : (début du livre)
La silhouette vacillante se hâtait dans la neige. Après la ruelle sombre, en atteignant la grand-place, elle s’arrêta un moment, clignant des yeux dans la lumière, le temps d’habituer sa vision à la luminosité nouvelle.
La neige avait fait son apparition au petit matin, déversant sur tout le Haut-Koenigsbourg des tonnes de poudre blanche. Le vieux bourg alsacien de Bergheim était encore endormi, raidi sous la vague de froid, et les  sapins du fond de la place, figés sous leurs guirlandes glacées, semblaient attendre un signal pour se remettre à respirer. Un oiseau triste traversa le ciel plombé en criant.
Encore quelques minutes et elle serait arrivée à destination. Il lui suffisait de traverser la place en diagonale, mêlant ses pas aux traces brunes qui maculaient la neige vierge et convergeaient toutes en faisceau vers la grande bâtisse grise. AD UNUM PRO TOTIS, lut-elle au fronton. Au coup de heurtoir on lui demanda son nom, en dialecte, depuis l’intérieur.
« Je suis Sœur Clothilde.
- Entrez vite, la Sœur, dit le portier en s’effaçant pour laisser passer la vieille religieuse. On n’attendait plus que vous. Les Vénérables sont réunis. Ça va bientôt commencer. »
Il la laissa monter le grand escalier de pierre couvert d’épais tapis. Elle connaissait le chemin. Elle avait gravi ces marches pour la première fois un an auparavant. A ce souvenir, elle frissonna et accéléra sa montée, sautillant comme un moineau noir, avalant les degrés dans le seul chuintement de la longue robe. Au premier étage, un second portier lui ouvrit la porte de la bibliothèque.
Tout le monde était là. Dans la quasi-obscurité et le silence.
Elle glissa comme un fantôme vers la place qu’elle savait lui être réservée. Deux habitués lui firent un léger signe de tête dans l’ombre quand elle rejoignit le cercle. Les autres la regardèrent froidement, sans émotion, et retournèrent leur attention vers le centre de la pièce.
Ils étaient là, les Vénérables. Si blancs de poil, si âgés, que leur simple présence inspirait le respect, si absorbés dans leur tâche que le silence se faisait encore plus épais, plus lourd, à leur entour. Cornelius Van de Velde, Abraham Ritter et Maurice de Chilly-Fortaleza.
Les trois sommités mondiales en matière de chocolat. Trois savants, trois humanistes bardés de toutes les décorations possibles, reçues dans tous les coins du monde où leurs nombreux voyages les avaient entraînés leur vie durant.
A plus de quatre-vingts ans, ils restaient les experts incontournables du cacao et de ses mystères, et la Cabosse d’Or remise chaque année par leur association était la plus haute distinction qu’un fabricant de chocolat pouvait souhaiter.

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Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Couleur"

24 avril 2012

Demain, demain : Nanterre, bidonville de la folie, 1962-1966 – Laurent Maffre

  Lu dans le cadre de Masse Critique Spécial BD
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Actes Sud et Arte éditions - mars 2012 – 160 pages

Présentation éditeur :
- Ça c'est pas une maison, ça c'est une cabane, dans une cabane il pleut, dans une cabane il fait froid ! À la croisée du documentaire et de la fiction, le destin d'une famille algérienne, du bidonville de Nanterre à son relogement.

1962, alors que la guerre d’Algérie prend fin, Soraya débarque, à Orly, avec ses deux enfants. Ils sont venus rejoindre Kader, le chef de famille, arrivé lui en France quelques années plus tôt pour contribuer par son travail, comme beaucoup d’autres immigrés, au miracle des Trente glorieuses.
Car la France des années 1950, en pleine relance économique liée à la reconstruction de l’après-guerre, favorisait à cette époque l’immigration des Portugais, des Espagnols et des Maghrébins pour fournir une main d’œuvre bon marché aux industries du bâtiment et de l’automobile.
Evidemment personne n’avait pensé à loger ces nouveaux prolétaires qui n’avaient d’autre alternative que de s’installer dans des baraquements en périphérie des grandes villes non loin des chantiers et des usines. Ainsi Kader habite le bidonville de La Folie à Nanterre et c’est là que la petite famille regroupée va s’installer.
Dans un récit très documenté, nourri de témoignages, Laurent Maffre va suivre sur quatre ans les tribulations, le quotidien de cette famille, leurs conditions de vie, leurs espoirs et leurs désillusions. Si tous se souviennent encore ici de la manifestation du 17 octobre 1961, la vie continue avec pour priorité la quête d’un logement décent. Mais c’est sans compter sur les obstacles que l’administration française de l’époque lève face à eux.
Un album particulièrement actuel alors que la xénophobie est aujourd’hui devenue le fond de commerce de politiciens dévoyés.

Auteur : Laurent Maffre a 35 ans, professeur agrégé, il enseigne les arts-appliqués à Paris. Il a publié une adaptation, sélectionnée à Angoulême en 2007, de L’Homme qui s’évada d’Albert Londres. Ensuite Chambres du cerveau, d’après une nouvelle de Stevenson, toutes les deux aux éditions Actes Sud BD. Pour réaliser ce roman graphique époustouflant de précisions historiques, Laurent Maffre s’est appuyé sur les photos, les plans et autres documents inédits collectés à l’époque par Monique Hervo, auteur de Chroniques du bidonville (Seuil).

Mon avis : (lu en avril 2012)
Cette bande dessinée est l'occasion de découvrir un pan de notre histoire rarement évoqué, l'immigration.

Ici, Laurent Maffre nous raconte le parcours d'une petite famille immigrée cela commence le 1er octobre 1962, le jour de l'arrivée de Soraya et de ses deux enfants, Samia et Ali en provenance d’Algérie, elle vient rejoindre en France son mari Kader. Soraya va vite découvrir la réalité de la vie dans un bidonville, la difficulté pour obtenir un logement décent. Vu d'Algérie, la vie en France a une image idyllique que les émigrés se gardent bien de démentir... Le bidonville de La Folie rue de la Garenne à Nanterre, c'est la boue, la corvée d'eau, l'absence d'électricité, des baraques faites de bric et de broc avec des planches, parfois des parpaings avec un toit de tôle qui laisse souvent passer la pluie... Le bidonville est comme une ville dans la ville, heureusement la solidarité est présente entre les habitants.
Dans une deuxième partie de l'histoire, petit flash-back avec l'indépendance de l'Algérie qui s'invite dans la vie du bidonville...
L'auteur s'est beaucoup documenté pour décrire cette réalité, il a en particulier utilisé les archives de Monique Hervo qui a vécu dans ce bidonville de Nanterre de 1959 à 1971. On retrouve en fin de la bande dessinée des photos et le témoignage de Monique Hervo. C'est très fort.
Il faut également aller voir en complément de la lecture de cette bande dessinée, la fresque sonore qui nous permet d'entendre des témoignages d'époque recueillis par Monique Hervo.
Une bande-dessinée qui m'a beaucoup touchée et beaucoup d'intéressée.

Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud BD et Arte éditions.


Demain, demain par Laurent Maffre
tous les livres sur Babelio.com

Extrait : ici

 

 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Géographie"

 

7 janvier 2012

Le héron de Guernica – Antoine Choplin

le_h_ron_de_guernica Éditions de Rouergue– Août 2011  – 158 pages

Quatrième de couverture :
Avril 1937, Guernica. Quand il ne donne pas un coup de main à la ferme du vieux Julian, Basilio passe son temps à peindre des hérons cendrés dans les marais, près du pont de la Renteria. Ce matin du 26, alors que nombre d’habitants ont déjà fuit la ville dans la crainte de l’arrivée des Nationalistes, le jeune homme rejoint son poste d’observation au bord de l’eau. Amoureux d’une jeune ouvrière de la confiserie, il veut lui peindre un héron de la plus belle élégance, lui prouver sa virtuosité et son adresse de coloriste, alors que, déjà, les premiers bombardiers allemands sillonnent le ciel. Ce n’est pas que Basilio se sente extérieur au conflit, il a même tenté de s’enrôler chez les Républicains, mais on n’a pas voulu de lui. En ville, on dit de lui qu’il a un sacré coup de pinceau. Mais qui peut comprendre sa fascination pour ces oiseaux, l’énigme de leur regard, leur élégance hiératique, mais aussi leur vulnérabilité ? Peintre naïf, peut-être que ce Basilio, mais surtout artiste qui interroge la question de la représentation. Comment faire pour rendre par le pinceau la vie qui s’exprime dans le frémissement des plumes ? Questionnement peut-être plus essentiel encore dans ces temps de cruauté. Car sitôt les premières bombes incendiaires tombées sur Guernica, Basilio rejoint la ville pour voir, de ses propres yeux, l’horreur à l’oeuvre. Avec l’aide d’Eusebio, son ami prêtre, il photographie les avions allemands, pour témoigner de ce massacre. Mais comment rendre la vérité de ce qu’ils sont en train de vivre, ceux de Guernica, dans ce cadre limité de la plaque photo ? « Ce qui se voit ne compte pas plus que ce qui est invisible » dit-il.

Auteur : Né en 1962, Antoine Choplin vit près de Grenoble, où il partage son temps entre l’écriture et l’action culturelle. Il est directeur de « Scènes obliques », dont la vocation est d’organiser des spectacles vivants dans les lieux inattendus, des sites de montagne. Il est aussi l’animateur depuis 1996 du Festival de l’Arpenteur (Isère), qui chaque mois de juillet programme des rencontres inhabituelles entre des créateurs (notamment des écrivains) et le public. Il s’est fait connaître en 2003 lors de la publication de son roman, Radeau, (La Fosse aux Ours, 2003), qui a connu un vrai succès populaire (Prix des librairies « Initiales », Prix du Conseil Général du Rhône). Parmi ses derniers titres : Léger Fracas du Monde (La Fosse aux Ours, 2005), L’impasse (La Fosse aux Ours, 2006), Cairns (La Dragonne, 2007), et de Apnées (La Fosse aux Ours, septembre 2009). Au Rouergue, il a publié Cour Nord en janvier 2010, dans La brune.

Mon avis : (lu en janvier 2012)
Voilà mon premier coup de cœur de l'année. Un livre qui nous raconte une histoire pure et naïve pleine de poésie.
Basilio est un garçon simple. C'est un jeune peintre autodidacte, depuis plusieurs années il s'obstine à peindre des hérons. Il cherche la perfection, arriver à donner l'impression de vie à l'oiseau sur sa toile. Il parcourt donc les marais de la Mundaca à proximité de Guernica le village où il vit. Inlassablement, sans relâche, il les observe, les scrute, immobile, il les apprivoise du regard puis se décide à esquisser quelques traits, puis il se met à peindre. Il a déjà peint plus de cent hérons.
Nous sommes à Guernica en avril 1937. Tout au long du livre la guerre est présente, au début, au second plan puis Basilio est un des témoins directes du bombardement de la ville.
Quelques mois plus tard, Basilio, petit peintre amateur et timide va croiser la route de Picasso sans oser lui adresser la parole. Et pourtant Basilio « ne comprend pas comment il [Picasso] peut peindre sur les évènements de Guernica, s'il n'y était pas quand cela s'est produit. »
Un très beau texte empreint de beaucoup de poésie qui fait réfléchir le lecteur sur l'art, la vie, la guerre, le témoignage. A découvrir sans hésiter !

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Guernica après le bombardement du 26 avril 1937

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Guernica - Pablo Picasso
Toile peinte à Paris pour pour décorer le pavillon espagnol de
l'Exposition universelle de Paris de 1937.
Il est exposée au musée de la Reine Sofia à Madrid

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Extrait : (page 72)
Basilio a réinstallé son matériel au même endroit que dans la matinée. Il a fait ça avec soin, en y mettant le temps qu'il faut pour se laisser reprendre par sa peinture. C'est pas si facile après le brouhaha du marché, la vente du cochon, la liasse de billets dans la poche.
Sous le couvert des arbres, la température est agréable. Il ne pleuvra pas aujourd'hui.
Les manches retroussées, palette en main, Basilio détaille longuement son travail du matin, approchant le nez ou prenant parfois un ou deux pas de recul. Furtivement, il arrive aussi que son regard s'allonge jusqu'au héron, le vrai, debout là-bas contre les roseaux.
Il se dit que peut-être, ce soir, il en aura fini avec lui, et qu'il pourra aller trouver Celestina pour le lui offrir.
Avant de lui poser dans les mains, il faudra lui répéter combien le héron peint est différent du héron que l'on voit et encore plus du héron tout court, tel qu'en lui-même.
Il lui dira aussi qu'il regrette un peu cette idée de lui donner une peinture de héron. Que bien sûr, il est heureux de pouvoir lui offrir quelque chose ; et en même temps, que le moindre caillou ramassé par terre aurait sûrement plus de valeur.
Bien entendu, elle protestera. Mais il voudra qu'elle comprenne. Lui offrir un caillou, ce serait l'inviter à porter un regard sur un objet véritable. Sur une chose d'origine, et non pas sur une esquisse de représentation, forcément imparfaite. Ce serait déjà, de la part de Basilio, un geste d'artiste. Plus modeste, mais quand même. Alors, il lui dira sa crainte, avec la peinture de héron, de passer pour prétentieux. Il lui expliquera, en détail, tout ce qu'il pense de cette peinture médiocre qu'il lui remet, tu parles d'une idée. Il lui dira aussi, que la seule bonne raison de lui donner ça, c'est sa conviction que lui, Basilio, ne sait rien faire de mieux. Il repose sa palette à même la terre moussue. Lève les yeux vers le ciel.
D'abord, c'est juste un faible ronronnement au lointain.
Il voit le héron qui fait quelques pas nerveux vers l'arrière jusqu'à disparaître parmi les roseaux.
Lentement, le bruit s'intensifie et change de texture. Gagne dans les graves.

Challenge 4%
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
28/28

Challenge Petit BAC 2012 
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"Animaux"
"Géographie"

27 mai 2012

Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus - Éric-Emmanuel Schmitt

les_10_enfants Albin Michel – avril 2012 – 114 pages

Quatrième de couverture :
Madame Ming aime parler de ses dix enfants vivant dans divers lieux de l’immense Chine. Fabule-t-elle, au pays de l’enfant unique ? A-t-elle contourné la loi ? Aurait-elle sombré dans une folie douce ? Et si cette progéniture n’était pas imaginaire ? L’incroyable secret de Madame Ming rejoint celui de la
Chine d’hier et d’aujourd’hui, éclairé par la sagesse immémoriale de Confucius.
Dans la veine d’Oscar et la dame rose, de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran ou de L’Enfant de Noé, Les dix enfants que Madame Ming n’a jamais eus est le sixième récit du Cycle de l’Invisible.

Auteur : Né en 1960, normalien, agrégé de philosophie, docteur, Éric-Emmanuel Schmitt s’est d’abord fait connaître au théâtre avec Le Visiteur, cette rencontre hypothétique entre Freud et peut-être Dieu, devenue un classique du répertoire international. Rapidement, d’autres succès ont suivi : Variations énigmatiques, Le Libertin, Hôtel des deux mondes, Petits crimes conjugaux, Mes Evangiles, La Tectonique des sentiments… Plébiscitées tant par le public que par la critique, ses pièces ont été récompensées par plusieurs Molière et le Grand Prix du théâtre de l’Académie française. Son œuvre est désormais jouée dans plus de quarante pays.
Il écrit le Cycle de l’Invisible, quatre récits sur l’enfance et la spiritualité, qui rencontrent un immense succès aussi bien sur scène qu’en librairie : Milarepa, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Oscar et la dame rose et L'enfant de Noé. Une carrière de romancier, initiée par La Secte des égoïstes, absorbe une grande partie de son énergie depuis L’Evangile selon Pilate, livre lumineux dont La Part de l’autre se veut le côté sombre. Depuis, on lui doit Lorsque j’étais une œuvre d’art, une variation fantaisiste et contemporaine sur le mythe de Faust et une autofiction, Ma Vie avec Mozart, une correspondance intime et originale avec le compositeur de Vienne. S'en suivent deux recueils de nouvelles : Odette Toulemonde et autres histoires, 8 destins de femmes à la recherche du bonheur,  inspiré par son premier film, et la rêveuse d'Ostende, un bel hommage au pouvoir de l'imagination. Dans Ulysse from Bagdad, son dernier roman, il livre une épopée picaresque de notre temps et interroge la condition humaine. Encouragé par le succès international remporté par son premier film Odette Toulemonde, il adapte et réalise Oscar et la dame rose. 

 

Mon avis : (lu en mai 2012)
Madame Ming est la "dame pipi" des toilettes hommes du Grand hôtel de Yunhai en Chine.
Le narrateur est un homme d'affaires européen qui vient très souvent en Chine. Pour déstabiliser ses interlocuteurs, il a comme stratégie d'interrompre souvent les négociations en allant aux toilettes. C'est là qu'il rencontre la fascinante Madame Ming. Lorsqu'un jour, elle lui affirme avoir dix enfants, il en doute beaucoup, la Chine étant le pays de l'enfant unique. Malgré cela, il apprécie ses conversations avec madame Ming et il est curieux de mieux connaître Ting Ting, Ho, Da-Xia, Kun, Kong, Li mei, Wang, Ru, Zhou et Shuang à travers les portraits faits par leur mère.
L'histoire est courte, facile à lire, le lecteur découvre la Chine d’hier et d’aujourd’hui et est appelé à réfléchir sur le bonheur, l'amour, la sagesse. Une lecture plaisante et détendante.

Extrait : (début du livre)
La Chine, c'est un secret plus qu'un pays.
Madame Ming, l'œil pointu, le chignon moiré, le dos raidi sur son tabouret, me lança un jour, à moi, l’Européen de passage :
- nous naissons frères par la nature et devenons distincts par l’éducation.
Elle avait raison… Même si je la parcourais, la Chine m’échappait. A chacun de mes voyages, son sol s’étendait, son histoire s’évaporait, je perdais mes jalons sans en gagner de nouveaux ; malgré mes progrès en cantonais, en dépit de mes lectures, quoique je multipliasse les contrats commerciaux avec ses habitants, la Chine reculait à mesure que j'avançais, tel l'horizon.
- Au lieu de se plaindre de l'obscurité, mieux vaut allumer la lumière, affirma madame Ming.
Comment ? Quel individu choisir pour fouiller ce sol énigmatique ? Quelle proie harponner ? La Chine contenait autant de sujets que la Méditerranée de poissons.
- La planète porte un milliard de Chinois et cinq milliards d'étrangers, murmura madame Ming en ravaudant une paire de bas.
Au cours d'une émission qu'elle écoutait sur sa radio en plastique bistre, vestige de l'époque maoïste qui enrhumait les voix en y ajoutant des postillons, madame Ming répétait les propos du journaliste gouvernemental, un as des statistiques et du léchage de culs. « Un milliard de Chinois. » A ce moment-là, je ne repérai pas ce qui la déconcertait, qu'il y ait tant de Chinois ou si peu...
Au sein du peuple arithméticien qui inventa jadis la calculette, cette dame entretenait un rapport insolite aux chiffres. Peu de choses à première vue la différenciaient des autres cinquantenaires ; mais, nul ne l'ignore, la première vue ne voit rien.  


Déjà lu du même auteur :

oscar_et_la_dame_rose Oscar et la dame rose odette_toulemonde Odette Toulemonde et autres histoires

la_reveuse_d_ostende La rêveuse d'Ostende ulysse_from_Bagdad Ulysse from Bagdad

le_sumo_qui_ne_voulait_pas_grossir Le sumo qui ne pouvait pas grossir l_enfant_de_no__p L'enfant de Noé

quand_je_pense_que_Beethoven Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent... 

mr_ibrahim_ldp_2012 Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran

Challenge Eric Emmanuel Schmitt
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 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Personnage célèbre"

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25 juin 2015

Les Héritiers de la mine - Jocelyne Saucier

Lu en partenariat avec les éditions Denoël

les-héritiers-de-la-mine Denoël - mai 2015 - 224 pages

Quatrième de couverture :
Eux, c’est la tribu Cardinal. Ils n’ont peur de rien ni de personne. Ils ont l’étoffe des héros… et leur fragilité.
Notre famille est l’émerveillement de ma vie et mon plus grand succès de conversation. Nous n’avons rien en commun avec personne, nous nous sommes bâtis avec notre propre souffle, nous sommes essentiels à nous-mêmes, uniques et dissonants, les seuls de notre espèce. Les petites vies qui ont papillonné autour s’y sont brûlé les ailes. Pas méchants, mais nous montrons les dents. Ça détalait quand une bande de Cardinal décidait de faire sa place. 
– Mais combien étiez-vous donc? 
La question appelle le prodige et je ne sais pas si j’arrive à dissimuler ma fierté quand je les vois répéter en chœur, ahuris et stupides : 
– Vingt et un? Vingt et un enfants? 
Les autres questions arrivent aussitôt, toujours les mêmes, ou à peu près : comment nous faisions pour les repas, comment nous parvenions à nous loger, comment c’était à Noël, à la rentrée des classes, à l’arrivée d’un nouveau bébé, et votre mère, elle n’était pas épuisée par tous ces bébés? 
Alors je raconte… 

Auteur : Jocelyne Saucier est une romancière canadienne née dans la province du Nouveau-Brunswick en 1948. Elle a fait des études de sciences politiques et de journalisme. Il pleuvait des oiseaux est son quatrième roman.

Mon avis : (lu en juin 2015)
La famille Cardinal n'est pas ordinaire... C'est une famille de vingt et un enfants ! Le père est prospecteur de mines et champion de la dynamite. La mère passe ses journées dans sa cuisine. Les enfants s'élèvent presque tout seul, les Grands s'occupent des Titis... Entre eux, ils ne s'appellent que par des surnoms, LePatriarche, LaPucelle, LaJumelle, LeGrandJaune, Geronimo, Zorro, ElToro... 
Trente années plus tard, toute la famille se retrouve, pour la première fois depuis longtemps. LePère doit être décoré du mérite des prospecteurs lors d'un congrès. Tous les enfants ont grandis et sont devenus adultes.
Tour à tour six d'entre d'eux nous racontent leur enfance, leurs souvenirs de famille et surtout le drame qui a été le début de l'éclatement de la famille.
J'ai beaucoup aimé cette histoire, même si au début j'ai eu du mal à me repérer au milieu de toute cette tribu où chacun à son surnom... J'ai fini par prendre un papier et un crayon pour noter les vingt et un surnoms et les quelques prénoms utilisés. 

Merci Célia et les éditions Denoël pour cette découverte explosive...

Extrait : (début du livre)
Quand le vieil hibou aux dents vernissées de nicotine a posé la question, j'ai cru que nous étions partis pour le folklore.
Je n'ai rien contre. J'adore ce moment où je sens que notre famille se glisse dans la conversation et qu'on va me poser la question.
Notre famille est l'émerveillement de ma vie et mon plus grand succès de conversation. Nous n'avons rien en commun avec personne, nous nous sommes bâtis avec notre propre souffle, nous sommes essentiels à nous-mêmes, uniques et dissonants, les seuls de notre espèce. Les petites vies qui ont papillonné autour s'y sont brûlé les ailes. Pas méchants, mais nous montrons les dents. Ça détalait quand une bande de Cardinal décidait de faire sa place.
- Mais combien étiez-vous donc ?
La question appelle le prodige et j'en ai plein qui m'étourdissent. Je ne sais pas si j'arrive à dissimuler ma fierté quand je les vois répéter en choeur, ahuris et stupides :
- Vingt et un ? Vingt et un enfants ?
Les autres questions arrivent aussitôt, toujours les mêmes, ou à peu près : comment nous faisions pour les repas (la dimension de la table, inévitablement, une femme veut savoir), comment nous parvenions à nous loger (combien de chambres ?), comment c'était à Noël, à la rentrée des classes, à l'arrivée d'un nouveau bébé, et votre mère, elle n'était pas épuisée par tous ces bébés ?
Alors je raconte. La maison que notre père avait déménagée de Perron à Norcoville après avoir découvert la mine. Les quatre cuisines, les quatre salons, les quatre salles de bains minuscules (nous disions «le cagibi» : il n'y avait ni bain ni lavabo) ; c'était une maison de quatre logis, notre père s'était contenté de défoncer des murs. Je leur en mets plein l'estomac. Les deux douzaines d'oeufs le matin, le cent livres de patates à la cave, les batailles avant l'école pour retrouver nos bottes, les batailles le soir pour nous faire une place devant la télé, les batailles tout le temps, pour rien, par plaisir, par habitude. Le folklore.

Déjà lu du même auteur :

il pleuvait des oiseaux - Copie Il pleuvait des oiseaux

6 septembre 2012

Le guerrier solitaire - Henning Mankell

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Seuil – mars 1999 - 439 pages

Points – mars 2004 - 553 pages

Succès du Livre – novembre 2007 -

Livraphone – mai 2012 - CD

traduit du suédois par Christofer Bjurström 

Titre original : Villospår, 1995

Quatrième de couverture :
Été 1994, la petite ville d'Ystad somnole sous la chaleur. Rivés devant leurs postes de télévision, tous les Suédois suivent la Coupé du monde de football. Mais, alors que l'inspecteur Wallander se prépare à partir en vacances, une jeune fille s'immole par le feu dans un champ de colza. Le lendemain, un ancien ministre est tué à coups de hache. Une série de meurtres d'une sauvagerie terrifiante se déclenche.
La police d'Ystad, menée par Kurt Wallander, entame une course contre la montre haletante pour arrêter le tueur avant qu'il ne frappe à nouveau. Mais quel lien y a-t-il entre un ancien ministre en retraite, un riche marchand d'art et un minable truand ? Pourquoi les victimes sont-elles scalpées ? Et qui est cette jeune fille qui s'est suicidée ? A-t-elle un rapport avec les meurtres ?

Auteur : Né en 1948, Henning Mankell partage sa vie entre la Suède et le Mozambique. Lauréat de nombreux prix littéraires, outre la célèbre « série Wallander », il est l'auteur de romans sur l'Afrique ou des questions de société, de pièces de théâtre et d’ouvrages pour la jeunesse. Son dernier titre, L’Homme inquiet, est l'ultime enquête de Kurt Wallander.

Mon avis : (lu en septembre 2012)
C'est le cinquième épisode de la série du Commissaire Wallander. Durant l'été 1994, les Suédois se passionnent pour la coupe du monde de football. Dans un champ de colza, une jeune fille s'immole par le feu sous les yeux de Wallander. Le lendemain, un ancien ministre est retrouvé chez lui, tué à coups de hache et scalpé. C'est le premier meurtre d'une longue série. Et pour Wallander, qui prévoyait de partir en vacances, c'est le début d'une enquête difficile.

Le lecteur devient le spectateur de cette enquête, il découvre assez vite qui se cache derrière ses meurtres en série et il suit à la fois les faits et gestes du meurtrier et le tâtonnement de l'enquête de Wallander et son équipe. Ce jeu du chat et de la souris entre police et meurtrier nous tient en haleine. Sans oublier que cette série de meurtres cache un trafic un peu particulier...

Cet épisode particulièrement violent est très réussi et j'aime toujours découvrir la Suède telle qu'elle est à travers le regard de Wallander cet anti-héros, fatigué mais intuitif et humain.

En 2008, ce livre a été adapté par la BBC dans la série télévisée Wallander (saison 1 – épisode 1) réalisé par Andy Wilson avec Kenneth Branagh, Benedict Taylor, David Sibley, Roland Hedlund, Rupert Graves.
Je n'ai pas encore vu cet épisode mais je le ferai très prochainement.

Extrait : (page 25)
Dès l'aube, il entama sa transformation.
Il avait tout bien étudié pour réussir. Cela lui prendrait toute la journée, et il ne voulait pas risquer de manquer de temps. Il saisit le premier pinceau et le tint devant lui. Par terre, le magnétophone passait la cassette qu'il avait préparée, avec les tambours. Il regarda son visage dans le miroir. Puis il traça les premiers traits noirs sur son front. Il constata que sa main ne tremblait pas. Il n'était pas nerveux. Pourtant, c'étaient ses premières vraies peintures de guerre. Jusqu'à cet instant précis tout cela n'avait été qu'une sorte de fuite, sa manière à lui de se défendre contre toutes les injustices auxquelles il avait été sans cesse confronté. Mais maintenant, c'était la grande transformation, pour de bon. A chaque trait qu'il se peignait sur le visage, c'était comme un morceau de son ancienne vie qu'il laissait derrière lui. Il n'y avait plus de retour possible. Ce soir même, le temps du jeu serait définitivement révolu, il allait entrer dans la vraie guerre, celle où les gens meurent pour de bon.  

 

Déjà lu du même auteur : 
tea_bag  Tea-Bag  les_chaussures_italiennes  Les chaussures italiennes

meurtriers_sans_visage_p Meurtriers sans visage Les_chiens_de_Riga_2 Les chiens de Riga

l_homme_inquiet L'homme inquiet le_retour_du_professeur_points Le Retour du professeur de danse

la_lionne_blanche_p La lionne blanche  profondeurs_p Profondeurs le_chinois Le Chinois

l_homme_qui_souriait_p L’homme qui souriait

 Challenge Thriller 
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catégorie "Même pas peur" : 5/12

 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

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"Métier"

 Challenge Voisins, voisines

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Suède

 Défi Scandinavie noire 2012
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Suède : Henning Mankell

  Challenge Littératures Nordiques

litterature_nordique 

 

6 octobre 2012

L'Embellie - Auður Ava Ólafsdóttir

l_embellie Zulma - août 2012 - 395 pages

traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson

Titre original : Ringing í nóvember, 2004

Quatrième de couverture : 
C’est la belle histoire d’une femme libre et d’un enfant prêté, le temps d’une équipée hivernale autour de l’Islande.
En ce ténébreux mois de novembre, la narratrice voit son mari la quitter sans préavis et sa meilleure amie lui confier son fils de quatre ans. Qu'à cela ne tienne, elle partira pour un tour de son île noire, seule avec Tumi, étrange petit bonhomme, presque sourd, avec de grosses loupes en guise de lunettes.
Avec un humour fantasque et une drôlerie décapante, l’Embellie ne cesse de nous enchanter par cette relation cocasse, de plus en plus attentive, émouvante entre la voyageuse et son minuscule passager. Ainsi que par sa façon incroyablement libre et allègre de prendre les fugaces, burlesques et parfois dramatiques péripéties de la vie, et de la vie amoureuse, sur fond de blessure originelle. Et l’on se glisse dans l’Embellie avec le même bonheur immense que dans Rosa candida, en une sorte d’exultation complice qui ne nous quitte plus.

Auteur : Auður Ava Ólafsdóttir est née en 1958 à Reykjavík. Après l’immense succès de Rosa candida, elle nous offre l’Embellie, traduit pour la première fois en français.

Mon avis : (lu en octobre 2012)
J'ai beaucoup aimé Rosa Candida et lorsque j'ai appris qu'un nouveau livre d'Auður Ava Ólafsdóttir était traduit en français, j'étais impatiente de le découvrir.
En Islandais le livre se nomme « Pluie de novembre », en effet dans ce roman écrit avant Rosa Candida, il fait chaud pour la saison et l’Islande est sous la pluie, elle subit même des inondations.
La narratrice a trente-trois ans, elle parle onze langues différentes et travaille comme traductrice et correctrice, elle est indépendante, immature et originale. Son mari la quitte car elle repousse l'idée de devenir mère... Elle décide alors de partir en vacances d'été en novembre et de quitter Reykjavík pour l'est de Islande. Juste avant son départ, elle se voit confier par sa meilleure amie Audur Tumi, son fils âgé de quatre ans. Ce petit bonhomme est sourd et très myope. N'ayant pas l'habitude des enfants, elle va s'occuper de Tumi à l’instinct « il existe un monde au-delà des mots ». Et au fil des kilomètres une belle complicité va se créer entre eux deux. Tumi apporte des joies simples, le voyage est joyeux plein de péripéties et de rencontres surprenantes. Au cours de cette histoire, s'entremêlent quelques passages en italique qui reviennent sur une douleur ancienne de la narratrice et cela donne à ce voyage autour de l'Islande un sens plus profond.
J'ai beaucoup aimé cette lecture que je n'avais pas envie de terminer, j'ai aimé découvrir cette Islande profonde et déserte sous cette pluie de novembre. L'humour est très présent  dans ce livre et de nombreuses situations cocasses ou improbables m'ont fait penser à Arto Paasilinna.
En bonus, à la fin du roman, sont rassemblées « Quarante-sept recettes de cuisine et une de tricot », plus ou moins fantaisistes, souvenirs de la délicieuse complicité en l'enfant et la jeune femme et de leur voyage autour de l'Islande. Une très belle découverte.

Autre avis : Canel 

Extrait : (début du livre)
Quand je regarde en arrière, sans vraiment respecter à cent pour cent la chronologie, nous sommes là, serrés l’un contre l’autre, au milieu de la photo. Je le tiens par les épaules et il m’attrape quelque part, plus bas par la force des choses ; une mèche châtain foncé barre mon front très pâle ; il affiche un grand sourire et tient quelque chose dans son poing tendu.
Ses oreilles décollent un peu de sa grosse tête, ses prothèses auditives, curieusement démodées, ressemblent à des récepteurs pour ondes radio intersidérales. Et ses yeux démesurément agrandis par ses verres de lunettes lui donnent un look très spécial. D’ailleurs les gens dans la rue se retournent sur notre passage; ils considèrent le petit, puis après m’avoir brièvement dévisagée, ne le lâchent plus du regard, tandis que nous traversons le terrain de jeux, la main dans la main, jusqu’à ce que je referme la grille de fer derrière lui. Quand je l’aide à grimper dans le siège pour enfant et que je boucle sa ceinture de sécurité, je constate qu’on nous observe encore depuis les autres voitures.
Dans le fond de la photo, on voit mon ancienne voiture, à boîte de vitesses manuelle. Les trois poissons rouges flottent dans le coffre – il n’en sait rien encore – sur le sac de couchage bleu pour deux personnes qui s’est mué en éponge. Je ne tarderai pas à acheter deux édredons neufs à la Coopérative car il ne convient pas qu’une femme de trente-trois ans partage son sac de couchage avec un garçonnet qui ne lui est rien – ça ne se fait pas. Un tel achat ne devrait pas poser problème car la boîte à gants déborde de billets tout frais sortis de la banque. Aucun méfait n’a pourtant été commis, à moins que ça n’en soit un que de coucher avec trois hommes sur une distance de trois cents kilomètres de route circulaire, non asphaltée pour l’essentiel, là où la bande côtière est la plus étroite entre le glacier et la grève et où abondent les ponts à voie unique.
Rien ne se présente comme à l’accoutumée, en cet ultime jour de novembre – un jour ténébreux sur l’île ; nous portons tous les deux un pull-over, le mien est blanc à col roulé, le sien est neuf, vert menthe, tricoté main, avec un motif à torsades et une capuche. La température est comparable à celle de Lisbonne le jour précédent, à ce que dit la radio, et l’on prévoit encore de la pluie et un réchauffement. C’est pourquoi une femme seule avec enfant ne devrait pas se trouver sans raison valable sur les routes, dans des zones sombres et inhabitées, et encore moins au voisinage de ponts à voie unique, les routes étant souvent inondées.
Je ne suis pas présomptueuse au point de m’attendre à voir surgir un nouvel amant à chaque pont à voie unique, sans vouloir toutefois exclure totalement une telle éventualité. À mieux considérer la photo, on distingue au second plan, à quelques pas du petit et de moi, un jeune homme d’environ dix-sept ans au visage un peu flou. Il a les traits plutôt délicats sous son bonnet et on dirait que son acné commence tout juste à s’arranger. L’air ensommeillé, yeux mi-clos, il s’appuie contre la pompe à essence.
Si l’on examine la photo de vraiment près, je ne serais pas étonnée que l’on distingue des plumes sur les pneus et même des taches de sang sur les enjoliveurs, bien que trois semaines se soient écoulées depuis que mon mari est parti avec le matelas ergonomique du lit conjugal, le matériel de camping et dix cartons de livres – tel fut l’enchaînement. Mais gardons à l’esprit que les apparences sont parfois trompeuses et que contrairement à une photo, la réalité, elle, grouille de sens.

Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Sélection roman 
Jury Février

Déjà lu du même auteur : 

Rosa_candida Rosa Candida

Challenge 1% Littéraire 2012

 logochallenge2 
7/7

Challenge Voisins, voisines

voisin_voisines2012
Islande

 Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie blanche

dc3a9fi_scandinavie_blanche
Islande

 Challenge Viking Lit' 

Viking_Lit

Challenge Littératures Nordiques

litterature_nordique

 

17 août 2012

L'élimination - Rithy Panh

l__limination_1 lelimination Grasset – janvier 2012 – 336 pages

Quatrième de couverture :
"A treize ans, je perds toute ma famille en quelques semaines. Mon grand frère, parti seul à pied vers notre maison de Phnom Penh. Mon beau-frère médecin, exécuté au bord de la route. Mon père, qui décide de ne plus s'alimenter. Ma mère, qui s'allonge à l'hôpital de Mong, dans le lit où vient de mourir une de ses filles. Mes nièces et mes neveux. Tous emportés par la cruauté et la folie khmère rouge. J'étais sans famille. J'étais sans nom. J'étais sans visage. Ainsi je suis resté vivant, car je n'étais plus rien."

Trente ans après la fin du régime de Pol Pot, qui fit 1.7 millions de morts, l'enfant est devenu un cinéaste réputé. Il décide de questionner un des grands responsables de ce génocide : Duch, qui n'est ni un homme banal ni un démon, mais un organisateur éduqué, un bourreau qui parle, oublie, ment, explique, travaille sa légende.

L'élimination est le récit de cette confrontation hors du commun. Un grand livre sur notre histoire, sur la question du mal, dans la lignée de Si c'est un homme de Primo Levi, et de La nuit d'Elie Wiesel.

Auteurs : Rithy Panh est cinéaste. On lui doit, entre autres, Les gens des rizières, Bophana et S21 – La machine de mort khmère rouge, qui fut un événement, et Duch, le maître des forges de l'enfer. Il a écrit ce livre avec Christophe Bataille, qui est romancier.

Christophe Bataille, né en 1971, est l’auteur de plusieurs romans, parmi lesquels Annam (1993) et J’envie la félicité des bêtes (2002), Quartier général du bruit (2006). Il est éditeur chez Grasset depuis 1997.

Mon avis : (lu en août 2012)
Avant de recevoir ce livre pour le Jury Elle 2013, j'avais déjà entendu parler de ce livre et vu une interview de l'auteur. J'étais donc très curieuse de le découvrir.
Rithy Panh est avant tout un cinéaste, il a réalisé en 2003 le film documentaire S21, la machine de mort Khmère rouge où il filme la rencontre entre deux des sept rescapés de ce centre de détention situé au cœur de Phnom Penh où près de 17 000 prisonniers ont été torturés, interrogés puis exécutés entre 1975 et 1979 et de leurs anciens bourreaux. Pour avoir un autre point vue sur ce génocide, en 2011, Rithy Pahn réalise un documentaire sur Dutch qui a dirigé le centre S21. Il l'a rencontré et filmé des centaines d'heures dans sa cellule pour tenter de cerner ce communiste acteur du génocide cambodgien, pour essayer de comprendre pourquoi il est devenu bourreau. C'est à la suite de cette rencontre que Rithy Pahn a ressenti le besoin d'écrire ce livre où il raconte en parallèle sa rencontre avec Dutch et son enfance sous le joug des Khmers rouges trente-cinq ans plus tôt. Cela l'amène aussi à quelques réflexions sur l'homme capable de devenir inhumain.
Dutch est un personnage ambiguë et glaçant, il reconnaît ses crimes mais veut les justifier, il se définit comme un « technicien de la révolution ». Jamais, il n'a un mot de compassion ou de pardon pour ses trop nombreuses victimes. « Méchanceté et cruauté ne font pas partie de l'idéologie. C'est l'idéologie qui commande. Mes hommes ont pratiqué l'idéologie. »  
Rithy Pahn est lui-même un rescapé du génocide commis par les Khmers Rouges sur presque un tiers de la population cambodgienne. Il avait une dizaine d'année le 17 avril 1975, lorsque les Khmers rouges sont entrés dans Phnom Penh et que sa vie a été à jamais bouleversé.

Ayant lu il y a un an sur le même sujet le livre Le portail de François Bizot, cela m'a permis d'en apprendre encore plus sur ce moment d'Histoire mais je n'ai pas pu m'empêcher de comparer les deux livres et regretter que Rithy Panh soit beaucoup dans la retenue et laisse une distance avec son lecteur, mais c'est sans doute conforme à sa personnalité et à sa culture. J'ai eu également l'occasion de voir plusieurs interviews à propos du livre et Rithy Panh est plus touchant dans son témoignage oral que à l'écrit, c'est vrai qu'il est avant tout un cinéaste. Aussi après la lecture de ce livre je suis vraiment curieuse de découvrir ses films S21 et Dutch, le maître des forges de l'enfer.

C'est un témoignage très fort à la fois terrible et passionnant qui ne peut pas laisser indifférent. En cours de lecture, j'ai noté de nombreux passages qui m'ont frappé et que j'ai voulu relire en rédigeant ce billet.

Autres avis : CanelJostein, Mimi, Clara, Constance

Extrait : (début du livre)
Kaing Guek Eav, dit Duch, fut le responsable du centre de torture et d'exécution S21, dans Phnom Penh, de 1975 à 1979. Il explique avoir choisi ce nom de guérilla en souvenir d'un livre de son enfance, où le petit Duch était un enfant sage.
12 380 personnes au moins furent torturées dans ce lieu. Les suppliciés qui avaient avoué étaient exécutés dans le « champ de la mort » de Choeung Ek, à quinze kilomètres au sud-est de Phnom Penh - également sous la responsabilité de Duch. A S21, nul n'échappe à la torture. Nul n'échappe à la mort.
Dans sa prison du tribunal pénal parrainé par l'ONU (en fait CETC, soit « Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens »), Duch me dit de sa voix douce : « A S21, c'est la fin. Plus la peine de prier, ce sont déjà des cadavres. Sont-ils hommes ou animaux ? C'est une autre histoire. » J'observe son visage de vieil homme, ses grands yeux presque rêveurs, sa main gauche abîmée. Je devine la cruauté et la folie de ses trente ans. Je comprends qu'il ait pu fasciner, mais je n'ai pas peur. Je suis en paix.

Quelques années auparavant, pour préparer mon film S21 - La machine de mort khmère rouge, j'ai mené de longs entretiens avec des gardiens, des tortionnaires, des exécuteurs, des photographes, des infirmiers, des chauffeurs qui travaillaient sous les ordres de cet homme. Très peu ont fait l'objet de poursuites judiciaires. Tous sont libres. Assis dans une ancienne cellule, au cœur du centre S21 devenu un musée, l'un d'eux me lance : « Les prisonniers ? C'est comme un bout de bois. » Il rit nerveusement.
A la même table, devant le portrait de Pol Pot, un autre m'explique : « Les prisonniers n'ont aucun droit. Ils sont moitié homme, moitié cadavre. Ce ne sont pas des hommes. Ce ne sont pas des cadavres. Ce sont comme des animaux sans âme. On n'a pas peur de leur faire du mal. On n'a pas peur pour notre karma. » A Dutch aussi, je demande s'il cauchemarde, la nuit, d'avoir fait électrocuter, frapper avec des câbles électriques, planter des aiguilles sous les ongles, d'avoir fait manger des excréments, d'avoir consigné des aveux qui sont des mensonges, d'avoir fait égorger ces femmes et ces hommes, les yeux bandés au bord de la fosse, dans le grondement du groupe électrogène. Il réfléchit puis me répond, les yeux baissés : « Non. » Plus tard, je filme son rire.  

Grand_Prix_des_Lectrices_2013
Sélection document
Jury Septembre

Autre livre sur le même sujet :

le_portail_folio Le portail - François Bizot

 

1 septembre 2012

L'enfant aux cailloux – Sophie Loubière

Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
un_mot_des_titres 

Le mot : ENFANT

L_enfant_aux_cailloux Fleuve Noir – avril 2011 – 334 pages

Quatrième de couverture :
Elsa Préau est une retraitée bien ordinaire. De ces vieilles dames trop seules et qui s'ennuient tellement - surtout le dimanche - qu'elles finissent par observer ce qui se passe chez leurs voisins. Elsa, justement, connaît tout des habitudes de la famille qui vient de s'installer à côté de chez elle. Et très vite, elle est persuadée que quelque chose ne va pas. Les deux enfants ont beau être en parfaite santé, un autre petit garçon apparaît de temps en temps - triste, maigre, visiblement maltraité. Un enfant qui semble l'appeler à l'aide. Un enfant qui lui en rappelle un autre... Armée de son courage et de ses certitudes, Elsa n'a plus qu'une obsession : aider ce petit garçon qui n'apparaît ni dans le registre de l'école, ni dans le livret de famille des voisins. Mais que peut-elle contre les services sociaux et la police qui lui affirment que cet enfant n'existe pas ? Et qui est vraiment Elsa Préau ? Une dame âgée qui n'a plus toute sa tête ? Une grand-mère souffrant de solitude comme le croit son fils ? Ou une femme lucide qui saura croire à ce qu'elle voit ? Sophie Loubière, en reine du roman psychologique, brosse un bouleversant portrait de femme en proie à la violence ordinaire et touche en plein
cœur.

Auteur de cinq romans, de nouvelles policières et d'un livre pour la jeunesse, Sophie Loubière publie son premier polar dans la collection "Le Poulpe" Elle s'est fait un nom dans le milieu de l'édition grâce à une émission littéraire unique en son genre (Parking de nuit, France Inter) et à ses chroniques à France Info (Info polar).

Mon avis : (lu en août 2012)
Elsa Préau est une ancienne directrice d'école retraitée bien ordinaire. Vivant seule, elle regarde souvent par la fenêtre et aperçoit de temps en temps dans le jardin de ses nouveaux voisins un petit garçon triste et sale qui semble lui demander de l'aide. Ayant eu des ennuis psychiatrique personne, même son propre fils, ne semble croire la vieille dame... Est-ce la réalité ou la folie ?
Je n'en dirais pas plus pour ne pas en dévoiler trop...

C'est une histoire captivante, pleine de suspense qui m'a tenue en haleine jusqu'à la dernière page. Un thriller psychologique très réussi et une très belle découverte.

Autres avis : Canel, Enna, Liliba

Extrait : (début du livre)
Le jeu du vent et du soleil amusait les rideaux. Depuis sa chaise, le petit garçon eut un sourire. Il lui semblait qu'un être invisible, sensible aux caresses de ce dimanche d'été, jouait à cache-cache derrière le tissu en jacquard. Les yeux clos, l'enfant aurait juré entendre des gloussements de plaisir sous le motif de médaillon.
- Gérard !
Dos droit, les paumes de chaque côté de l'assiette, le garçonnet détourna le regard de la fenêtre donnant sur le jardin. Des bouquets de glaïeuls, de lis et de dahlias distillaient un parfum exaltant. Leurs couleurs éblouissantes formaient des taches de lumière dans la pénombre de la pièce. Les petits pois roulaient dans la sauce du poulet, balayés par les lames des couteaux, indifférents à la conversation de ce déjeuner.
Gérard repris sa mastication, nez en l'air, martelant les pieds de sa chaise à coups de talon. Il ne s'intéressait guère aux sujets abordés par son oncle, ses parents et grands-parents : il était question de revendications salariales motivées par la hausse des prix de l'alimentation, du plus petit que le plus petit des maillots de bains du monde, d'un essai nucléaire américain réalisé voilà quelques jours sur l'atoll de Bikini dans le Pacifique et d'un procès à Nuremberg.

 Challenge Thriller 
challenge_thriller_polars
 catégorie "Même pas peur" : 4/12

  Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

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"Objet"

 

4 août 2012

Promenons-nous dans les bois – Bill Bryson

promenons_nous_dans_les_bois Payot – avril 2012 – 346 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Karine Chaunac

Titre original : A walk in the woods, 1997

Quatrième de couverture :
Rentré aux États-Unis au milieu des années 1990 après avoir longtemps vécu en Angleterre, le désopilant Bill Bryson nous avait raconté les péripéties de son quotidien dans American Rigolos (Payot, 2001). Outre observer la faune de ses concitoyens, il a voulu redécouvrir aussi son pays par un retour à la nature. Alors il s’est courageusement attaqué à l’Appalachian Trail, un sentier qui serpente à travers les montagnes sur 3 500 kilomètres, du Maine à la Géorgie.
Pour compagnon dans des paysages autrement plus tourmentés que son Iowa natal, Bill s’est choisi son vieux copain d’école, Stephen Katz, qu’il nous avait présenté dans Ma fabuleuse enfance dans l’Amérique des années 1950 (Payot, 2009). Le problème, c’est que Katz n’aime rien tant que regarder la série X-Files dans les motels. L’autre problème, c’est qu’en se promenant dans les bois on risque, comme dans la série, de croiser de drôles de créatures qui n’ont pas l’humour de l’auteur – des ours ou, pis, des randonneurs, sans oublier les petites plantes toxiques qui vous rendent plus vert qu’un Martien.
La littérature de voyage à la Bryson a pour immense avantage de ne pas endormir le lecteur en chemin. « Jamais un bouquin ne m’a fait autant rire ! » s’est exclamé Robert Redford après en avoir acquis les droits cinématographiques pour devenir Bill à l’écran aux côtés de Katz, alias Paul Newman. Le décès de ce dernier a repoussé le projet, mais Redford a récemment déclaré ne pas y avoir renoncé… 

Auteur : Né en 1951, Bill Bryson est un auteur américain de récits de voyages humoristiques, ainsi que de livres traitant de la langue anglaise et de sujets scientifiques. Il a vécu la majorité de sa vie d'adulte au Royaume-Uni.  

Mon avis : (lu en août 2012)
Je n'aurais jamais emprunté ce livre s'il ne m'avait pas été conseillé par ma Bibliothécaire préférée...
Avec beaucoup d'humour, l'auteur nous raconte sa longue randonnée avec son ami Stephen Katz sur le mythique sentier des Appalaches qui fait environ 3500 km de la Georgie au Maine en passant par tous les sommets. Ils sont deux quadragénaires pas spécialement préparés et leurs péripéties sont souvent hilarantes. C'est également un livre documentaire car il y a beaucoup de passages racontant l'histoire de sentier de randonnée qu'est l'Appalachian Trail. C'est très intéressant mais parfois cela devient lassant car les mésaventures et les rencontres de Bill et Stephen sont bien plus amusantes.
Je le conseille également pour le Challenge 50 états 50 billets car il y a le choix pour les états évoqués dans ce livre : Georgie, Caroline du Sud, Caroline du Nord, Virginie, Pennsylvanie, Maine, New-Hampshire...  

Extrait : (début du livre)
Peu après avoir déménagé ma petite famille dans une bourgade modeste du New Hampshire, je suis tombé sur un chemin qui démarrait à la lisière de la ville pour disparaître dans les bois. Une pancarte indiquait qu'il ne s'agissait pas de n'importe quelle piste mais du célèbre sentier des Appalaches, ou AT pour «Appalachian Trail», qui longe la côte Est des États-Unis sur plus de 3 500 kilomètres à travers la paisible - et ô combien prometteuse - chaîne de montagnes du même nom.
C'est l'ancêtre des chemins de grande randonnée. La section qui traverse la Virginie fait à elle seule deux fois la longueur du Pennine Way, un itinéraire anglais qui mène du Derbyshire à la frontière écossaise. L'AT serpente de la Géorgie au Maine, à travers quatorze États, par-delà de plaisants mamelons rebondis dont les appellations mêmes - Blue Ridge, Smokies, Cumberlands, Catskills, Green Mountains, White Mountains - semblent une invitation à l'errance. Qui peut prononcer les mots de «Great Smoky Mountains» ou «Shenandoah Valley» sans sentir le besoin irrépressible, comme l'a évoqué au XIXe siècle le naturaliste John Muir, «de jeter une miche de pain et une livre de thé dans une vieille besace puis de sauter par-dessus la barrière du jardin» ?
Et voici que ce sentier se présentait à moi, à l'improviste, étirant ses courbes dangereusement séduisantes dans ce coin agréable de Nouvelle-Angleterre où je venais juste de m'installer. Cela paraissait absolument extraordinaire : je pouvais claquer la porte de chez moi et m'enfoncer dans les forêts de Géorgie sur 2 900 kilomètres ou partir en sens inverse et grimper les flancs escarpés et rocailleux des White Mountains jusqu'à la proue légendaire du mont Katahdin, à 700 kilomètres au nord. Et tout cela dans un environnement sauvage dont peu ont fait l'expérience. Au fond de moi, une petite voix murmurait : «Ça a l'air génial. Vas-y !»
J'ai échafaudé quelques bonnes raisons de me lancer dans l'aventure. Cela me remettrait en forme après des années à me traîner comme une larve. Cela me serait bénéfique - je ne savais pas en quoi, mais j'en étais sûr - d'apprendre à me débrouiller seul dans la nature.
Quand des types en pantalons de camouflage et chapeaux de chasse se mettraient à raconter leurs terrifiants exploits au comptoir du Four Aces, je ne me sentirais plus aussi benêt. Je voulais moi aussi un peu de la suffisance du gars buriné qui promène un regard d'acier sur l'horizon lointain et dit lentement, avec un reniflement viril : «Ouaip ! J'ai chié dans les bois. Et pas qu'une fois.»

   logo_bibli_VLS_20

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32/50 : Virginie

22 août 2012

Belle Famille - Arthur Dreyfus

belle_famille Gallimard – janvier 2012 – 244 pages

Quatrième de couverture :
« Madec se dirigea vers la cuisine pour chercher un couteau à pointe fine. Comme s'il était surveillé, il s'interdit la lumière. L'obscurité ne faisait pas disparaître les formes, mais les couleurs. Est-ce ainsi que voyaient les gens dans les vieux films ? L'enfant ouvrit le tiroir à ustensiles. » 

Ensuite un peu de bruit, et beaucoup de silence.

Auteur : Arthur Dreyfus est né en 1986. Belle Famille est son deuxième roman.  

Mon avis : (lu en août 2012)
Je suis très déçue par ce livre dont je n'avais jamais entendu parler avant de le recevoir pour le Jury Elle 2013. En le commençant, je savait seulement que l'auteur s'était inspiré de l'affaire Maddie Mc Cann et qu'Arthur Dreyfus avait 26 ans.

J'ai eu beaucoup de mal à lire ce livre... Cette histoire m'a dérangée, elle est malsaine. Le titre se veut-il ironique ? Je suis gênée par l’ironie et le cynisme de l’auteur autour de ce fait divers douloureux et non résolu…

Le lecteur sait au bout d'une centaine de page, le sort de Madec imaginé par l'auteur car il assiste à la disparition de l'enfant et devient spectateur de ce qui se passe après... Ensuite, il suit en parallèle le quotidien des parents et de leurs proches, de l'enquêteur italien et du principal suspect comme dans un épisode de l'inspecteur Colombo...

Les personnages sont caricaturaux, la mère est machiavélique, le père démissionnaire et inconsistant, les frères insupportables. Tony, l'oncle de Madec est un personnage cynique, il s'est autoproclamé porte-parole de la famille Macant et débarque dans l’histoire après la disparition de Madec pour créer un buzz médiatique. Seuls le petit Madec, enfant incompris, fait pitié et Ron le principal suspect est touchant.

J'ai peiné à lire ce livre que j'ai trouvé plein de longueurs inutiles l’auteur délaye sa prose… que de longueur… Il a fallut que je me force pour terminer ce livre, si cela n’avait pas été pour le Jury Elle je l’aurai vite abandonné !  

Autres avis : Clara, Constance, Canel, Mimi, Jostein, Anna Blume

Extrait : (début du livre)
Granville est située au bord de la Manche à l'extrémité de la région naturelle du Cotentin, elle ferme par le nord la baie du Mont-Saint-Michel et par le sud la côte des havres. Jadis la ville était fameuse pour son port morutier, devenu le premier port coquillier de France. On pourrait dire sans risque de se tromper qu'au moins le mitan du quinze millier de Granvillais tire bénéfice, de près ou de loin, du négoce des fruits de mer. Malgré cela, la plupart d'entre eux rechignent encore à se sustenter de coquillages (peut-être par peur de mordre la main qui les alimente). On ne compte plus les visiteurs de passage qui se sont frottés à cette énigme - dont la simple évocation suscite immédiatement, et pour une raison inconnue, de la gêne, un malaise, voire de l'animosité.

De pente très faible, l'estran de la côte granvillaise permet à des marées de plus de quatorze mètres de monter. Au début du siècle, et à plusieurs reprises, des enfants partis à la chasse aux palourdes ont laissé leurs familles en deuil. Si de tels drames ne sont plus à déplorer depuis quelques décennies, les propagandes maternelles n'ont fait que s'accroître, au point d'engendrer des générations hantées par un même cauchemar immense et salé. A l'école municipale, la leçon de Sergine Frêle sur le mouvement des marées prend chaque année la forme et la solennité d'un avertissement.

 

Grand_Prix_des_Lectrices_2013
Sélection roman
Jury Septembre

25 septembre 2012

Là où j'irai - Gayle Forman

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Oh ! Editions - novembre 2010 - 281 pages

Pocket - novembre 2011 - 238 pages

Pocket jeunesse - novembre 2011 - 242 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie-France Girod

Titre original : Where she went, 2010

Quatrième de couverture :
Il y a trois ans, il l’a suppliée de rester. À tout prix. Et Mia est sortie du coma. Pour quitter Portland, peu après, pour le quitter 
lui. C’était le prix à payer. Et la voilà de nouveau en chair et en os. Ce soir, Carnegie Hall est à guichets fermés. Tout New York est venu admirer sa virtuosité au violoncelle. Et Adam s’est glissé dans la salle. Lui, la rock star à la vie dissolue, pourchassé par les paparazzis, il tremble… Souvenirs et mélodies affluent – retrouvailles en si majeur…

Auteur : Gayle Forman vit à Brooklyn avec son mari et leurs filles. Ses livres, tous des best-sellers, sont traduits dans le monde entier.

Mon avis : (lu en septembre)
"Là ou j'irai" est la suite de "Si je reste", nous avions laissé Mia et Adam qui se séparaient pour cause d'études et nous les retrouvons dans des vies bien différentes même si l'un et l'autre ont réussi dans leur domaine. Mia, violoncelliste virtuose, joue maintenant à Carnegie Hall et Adam est devenu une rock star traquée par la presse et les fans.
Un peu par hasard, ils vont se retrouver à New-York et faire une longue balade dans la ville dans des lieux insolites. C'est romantique et poétique, cela se lit facilement. C'est sans prétention. Un moment de lecture détendant et sympathique.    

Merci Azilis pour ce livre offert lors du Swap Anniversaire organisé par Hérisson 

Extrait : (début du livre)
Chaque matin, en m'éveillant, je me dis : Ce n'est qu'une journée, vingt-quatre heures à passer. Je ne sais plus ni quand ni pourquoi j'ai pris l'habitude de cet encouragement quotidien. On dirait l'une des douze étapes de ces groupes d'Anonymes, dont je ne fais pourtant pas partie. Encore qu'à lire les âneries qu'on écrit sur moi, on pourrait penser que je devrais. Je mène le genre de vie devant lequel beaucoup bavent d'envie. Et malgré tout, j’éprouve le besoin de me rappeler la durée d’une journée, pour me persuader que si j’ai réussi à passer celle de la veille, j’irai au bout de la prochaine.
Après mon petit mantra, je jette un coup d'oeil à la pendulette minimaliste posée sur la table de nuit de l'hôtel. Elle indique 11h47, autrement dit l'aube, pour moi. La réception m'a déjà téléphoné deux fois pour me réveiller et notre manager, Aldous, a pris le relais, poliment, mais fermement. La journée qui m'attend n'a peut-être que vingt-quatre heures, mais elle s'annonce bien remplie. 

 

Déjà lu du même auteur : 

si_je_reste_ Si je reste 

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34/50 : Arizona
Bryn la petite amie d'Adam est originaire d'Arizona

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12 octobre 2012

Réanimation - Cécile Guilbert

r_animation Grasset - août 2012 - 272 pages

Quatrième de couverture :
« Blaise vient de fêter ses cinquante printemps. Quelque chose en lui refuse-t-il de naître ? De céder ? De s’ouvrir ? Une délivrance ? Une douleur ? Un remords ? Peut-être. Car soudain tonne le canon qui abat tout, renverse tout, démolit tout. »
La narratrice et Blaise, mariés, vivent comme des adolescents, des Robinson parisiens, artistes accrochés l’un à l’autre, insouciants. Jusqu’au jour où Blaise est atteint d’une maladie rare, la « cellulite cervicale », forme de nécrose parfois mortelle des tissus du cou. Hospitalisé d’urgence à Lariboisière, Blaise se mue du jour au lendemain en « homme-machine » plongé dans le coma. Alors la peur s'installe. De le perdre. De voir le bonheur disparaître. S'installe aussi la curiosité fascinée de la narratrice pour ce service spécial – la « réa » – tandis que son existence se détraque et se ranime elle aussi...
Récit intelligent et sensible, exercice de mise à distance du malheur, méditation d'une grande douceur sur le temps et l'espérance, les pouvoirs de l'art et de la médecine, les pièges de l'image et les sortilèges de l'imagination, le livre de Cécile Guilbert, traversé de mythes et de contes, et aussi – surtout ? – une lettre d'amour à Blaise.

Auteur : Romancière et essayiste, Cécile Guilbert est l’auteur de Warhol Spirit (2007), Prix Médicis de l’essai et de Animaux and Cie (2010), avec Nicolas Guilbert.  

Mon avis : (lu en octobre 2012)
Le sujet de ce livre n'avait rien d'attirant pour moi et je ne l'aurai jamais lu en dehors du Grand Prix des lectrices Elle. J'ai personnellement une relation difficile avec l'hôpital, je n'aime pas les odeurs, les bruits, je suis jamais à l'aise lorsqu'il faut que je m'y rende que ce soit pour consulter ou pour rendre visite à quelqu'un...
A cinquante ans, Blaise le mari de la narratrice est opéré d'urgence pour une infection rare appelé cellulite cervicale. Après l'opération, sa femme vient lui rendre visite et elle découvre avec surprise que son mari est dans le service Réanimation post-opératoire et traumatologique, il a été plongé dans un coma artificiel pour quelques semaines.
Elle réalise alors que pour la première fois de sa vie elle se trouve séparé de Blaise et d'une manière qu'elle n'avait jamais imaginé, ni envisagé...
Elle se met alors à écrire au jour le jour, ses pensées, ses impressions dans un journal intime. Elle se retrouve seule à la maison, tout autour d'elle lui rappelle Blaise, elle se souvient du passé, elle a des craintes quand à l'avenir... Elle se raccroche à ces lectures, aux contes, à la mythologie, à l'Art... Elle se rend à l’hôpital, elle observe le service de Réanimation, son homme endormi, livré aux médecins et personnel soignant.
Ce livre est bien écrit, l'auteur a su décrire en détail l'atmosphère de l'hôpital et du service de Réanimation. Cette longue attente forcée va petit à petit conduire Blaise et la narratrice vers une réanimation médicale et spirituelle.
Le sujet est vraiment trop angoissant pour moi pour que j'apprécie pleinement ce livre, j'y ai également trouvé quelques longueurs. C'est malgré tout, une belle déclaration d'amour.

Extrait : (page 13)
Cette année-là, dans les derniers jours de mars, nuits et jours sont de même longueur et quelque chose a lieu.
Est-ce une buée passagère ? un fourmillement sans conséquence ?
La maladie est juste un mauvais rêve, le cauchemar favori des hommes tentés secrètement par la Faucheuse bien qu'ils la redoutent chaque nuit dans leur sommeil, enroulés dans leur drap comme dans leur linceul, étendus sans conscience comme s'ils étaient morts.

Blaise n'est pas de ce bois dont on fait les cercueils.
Dût-il demeurer longtemps alité, jamais ne lui viendrait la tentation de s'halluciner en cadavre. Pas plus qu'il n'aurait, mourant, l'idée de se photographier en gisant pour contempler son image durant son agonie. 
Y croit-il seulement, à la mort ?

Vous vivez ensemble depuis vingt ans.
Tu l'as aimé au premier regard, lumière du coup de foudre.
Tu aimes sa générosité, son espièglerie ; tu aimes son humour et par-dessus tout sa grande santé, qui ne vient pas du corps mais de l'appétit de vivre, et son élasticité joueuse, et son énergie.
Cet été-là, des feux d'artifice déchirent le ciel, Paris fait la fête, le Bicentenaire bat son plein mais la Révolution, c'est vous.
Davantage qu'à sa forte tête, trop souvent belliqueuse, tu fais confiance à son corps vif et viril de trente ans. Animé d'une gestuelle si déliée qu'il semble voltiger dans l'espace comme un papillon ivre, un ludion enfourchant l'univers dans sa ruée, tu sais d'instinct que sa vitalité supplantera toutes les baisses de tension (il y en aura), vaincra tous les chagrins.
Quand Aphrodite frappe, l'amour devient l'autre nom de la foi : brusque, soudaine, sans raison ni limites. Puisque Biaise saura être ton frère, ton fils, ton père, ton complice inégalé, et parce que vous y voyez l'occasion de sceller symboliquement l'exception dont n'ont pu se réclamer tous ceux et celles qui jadis et naguère ont fait battre vos cœurs et fondre vos corps, vous vous mariez. Bien décidés à n'avoir jamais d'enfants puisque vous en êtes. Que d'ailleurs Biaise a déjà un fils de six ans et Robert Louis Stevenson raison : les parents qui s'aiment n'engendrent que des orphelins.  

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Jury JANVIER
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29 septembre 2012

Bois sauvage – Jesmyn Ward

Lu en partenariat avec les éditions Belfond

bois_sauvage Belfond – août 2012 – 336 pages

traduit de l'américain par Jean-Luc Piningre

Titre original : Salvage the Bones, 2011

Quatrième de couverture :
Couronnée par le National Book Award, une œuvre violente et bouleversante, aux accents faulknériens. Dans la chaleur étouffante d'un Mississippi pauvre et oublié de tous, l'histoire d'une famille fracassée par une des plus grandes catastrophes de l'histoire des États-Unis. 

Esch Baptiste, quatorze ans, observe. Elle voit son père tenter de s'extirper des vapeurs de l'alcool pour consolider leur masure ; elle voit Randall, son frère aîné, s'entraîner sans relâche au basket, dans l'espoir de décrocher une bourse sportive, d'échapper enfin à Bois Sauvage , à cette misère; elle voit Skeet, le cadet, voler de la nourriture pour China, son pitbull adoré, sa championne de combats ; elle voit Junior, le petit dernier, chercher un peu de tendresse et d'attention ; elle voit leur mère, morte en couches, qui veille sur eux malgré tout ; et puis elle voit son corps qui change, ce secret dont elle ne peut parler à personne, ce bébé qu'elle n'attendait pas. 

Dans dix jours, un ouragan va frapper le golfe du Mexique. Mais cet ouragan n'est pas un ouragan comme les autres, c'est Katrina, la mère de tous les ouragans. Telle Médée dont Esch lit et relit l'histoire, Katrina est venue pour tuer...

Auteur : Jesmyn Ward, trente-cinq ans, est née à DeLisIe, dans l'État du Mississippi, et vit aujourd'hui en Alabama. Elle est issue d'une famille nombreuse, dont elle fut la première à bénéficier d'une bourse pour l'université. Son premier roman, Where the Line Bleeds (à paraître en 2013) lui a valu d'être remarquée par la critique américaine. Mais c'est avec Bois Sauvage qu'elle va rencontrer la reconnaissance internationale en remportant le National Book Award 2011, récompense littéraire suprême aux États-Unis. 

Mon avis : (lu en septembre 2012)
Nous sommes à Bois Sauvage dans le Mississippi, douze jours avant l'arrivée de l'ouragan Katrina. La narratrice Esch, 14 ans, nous raconte au jour le jour le quotidien de sa famille.
La maman est morte en mettant au monde Junior le petit dernier qui a maintenant 8 ans.
Le père alcoolique ne songe qu'à clouer des planches de bois sur les ouvertures de la maison avant l'arrivée de la tempête. Âgé de 16 ans, le fils aîné Randall s'entraîne sans relâche au basket, il espère être sélectionné par l'équipe universitaire. Le second Skeet, 15 ans, ne vit que pour sa chienne pitbull China, celle-ci vient de mettre au monde sa première portée qui devrait rapporter de l'argent. Esch doit s'occuper des tâches ménagères, elle rêve du grand amour et vient de découvrir qu'elle est enceinte. C'est un huis-clos familiale dans un climat de plus en plus pesant au sens propre comme au sens figuré... Les personnages sont attachants et haut en couleur. Le style est simple et souvent parlé puisque la narratrice n'a que quatorze ans, malgré tout il y a quelques passages plein de poésie « Le soleil s'est couché pendant que Skeeter et moi on cherchait du bois, les couleurs explosaient, le soleil a coulé entre les arbres, et le ciel s'est vidé comme l'eau dans un tuyau. Il est devenu tout délavé, tout blanc, puis bleu marine et noir. »

Merci à Jérémy et aux éditions Belfond pour cette très belle découverte.

Extrait : (début du livre)
China se bat contre elle-même. Si je savais pas, je croirais qu'elle veut manger ses pattes. Et qu'elle est folle. Ça, c'est un peu vrai. À part Skeet, elle laisse personne la toucher. Quand elle était bébé, avec sa grosse tête de pitbull, elle volait toutes les chaussures de la maison. Les tennis que maman nous achetait, noires pour pas qu'elles salissent trop vite, celles qui gardent leurs formes si on les brosse pas. Maman a pas eu de bol avec ses vieilles sandales plates, oubliées dans un coin, tellement pleines de terre rouge qu'elles étaient roses. On les reconnaissait plus. China cachait toutes nos pompes sous les meubles, derrière les toilettes, elle en faisait des tas et elle dormait dessus. Dès qu'elle a pu trotter, elle descendait le perron pour les planquer dans les rigoles. Impossible de lui reprendre : autant déraciner un arbre. Aujourd'hui, elle vole plus, elle donne, elle va nous faire des petits.
C'est rien comparé à ce qu'a souffert maman en accouchant de Junior. Comme nous, il a vu le jour dans la chambre des parents, au milieu de la clairière que son père a créée de ses mains avant de nous construire notre maison. On l'appelle maintenant la Fosse. J'avais huit ans, je suis la seule fille de la famille, et j'avais rien pu faire. Papa dit que maman voulait pas qu'on l'aide, que Randall et moi étions sortis vite, sous l'ampoule nue au-dessus du lit, alors elle pensait que ça serait pareil avec Junior, mais elle se trompait. Elle est restée accroupie à hurler jusqu'au bout. Junior est né violet comme un hortensia : la dernière fleur de sa vie. Quand papa lui a montré, maman l'a effleuré du bout des doigts, comme si elle avait peur de la flétrir, sa fleur, d'éparpiller le pollen. Elle refusait d'aller à l'hôpital. Papa l'a portée jusqu'à la voiture, le sang coulait à ses pieds, on l'a jamais revue.
China fait ce pour quoi elle est faite : elle se bat. Contre nos chaussures, contre les autres chiens, contre ses chiots aveugles, trempés, qui poussent vers la sortie. Elle sue beaucoup et les garçons l'observent, tout contents. Je vois papa derrière la fenêtre de la remise. Sa tête brille comme les truites qui filent au soleil sous la surface de l'eau. Tout est calme. Il fait lourd. Ça sent la pluie, mais il pleut pas. Pas d'étoiles dans le ciel, rien que la Fosse et ses ampoules nues.
- Reste pas devant l'entrée, ça l'énervé. Skeeter est le portrait de son père, très noir, petit et mince. À seize ans, il a un corps musclé, plein de nœuds. C'est le cadet de la famille, mais le plus grand pour China. Elle connaît que lui.
- Mais non, elle s'en fout, répond Randall.  

 

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Le mois américain

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34/50 : Mississipi

Challenge 1% Littéraire 2012

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5/7

 

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

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"Végétal"

 

16 octobre 2012

La Reine de la Baltique – Viveca Sten

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France Loisirs – août 2012 – 412 pages

Albin Michel - août 2013 - 400 pages

Livre de Poche - août 2014 - 480 pages

traduit du suédois par Rémi Cassaigne

Titre original : I de lugnaste vatten, 2008

Quatrième de couverture :
Archipel de Stockholm, en pleine saison estivale : les cadavres s'accumulent, la population s'affole...
Un corps est retrouvé sur une plage de l''île de Sandhamn. L'inspecteur Thomas Andreasson est chargé de l'enquête. Habitué des lieux pour y passer toutes ses vacances, il va se voir proposé une aide bien inattendue : celle de Nora, son amie d'enfance, jeune femme d'une perspicacité redoutable.
L'été vire au cauchemar quand un second cadavre est découvert dans une chambre d'hôtel. Et si, désormais, plus personne n'était à l'abri ? 
Thomas croyait tout savoir de sa petite île paradisiaque. Il n'est pourtant pas au bout de ses lugubres découvertes...

Auteur : Viveca Sten vit près de Stockholm avec son mari et leurs trois enfants. Après une brillante carrière juridique, elle s'est lancée dans l'écriture. Sa série mettant en scène Thomas Andreasson et Nora Linde sur l'île de Sandhamn a connu un succès phénoménal en Suède et dans une douzaine de pays, et a été adapté à la télévision. Comme ses héros, l'auteur possède une vieille maison familiale sur l'île et y a passé tous les étés de sa jeunesse.

Mon avis : (lu en octobre 2012)
J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque attirée par la couverture et l'auteur suédoise...
En Suède, ce roman a remporté un formidable succès et il a même été adapté à la télévision.
L'inspecteur Thomas Andreasson et son amie d'enfance Nora Linde mènent l'enquête sur l'île de Sandhamn. Tout commence avec la découverte sur la plage d'un corps rejeté par la mer. Un homme vivant à Stockholm, inconnu à Sandhamn. Est-ce un accident ? Un suicide ? Un meurtre ? C'est la saison estivale, dans cette station balnéaire sans histoire. Le lecteur découvre en parallèle l'enquête de police et la vie quotidienne de cette île et ses habitants.
Une intrigue bien construite, une enquête avec du suspens, des fausses pistes et des personnages très attachants. Un peu dans le même esprit que Camilla Läckberg. Une belle découverte.
C'est le premier livre de cette auteur traduit en français et paru en avant-première chez France Loisirs, d'autres livres de cette série ont déjà été publiés en suédois, j'espère qu'ils le seront prochainement également en français. J'ai très envie que retourner sur cette si sympathique petite île suédoise...

Extrait : (début du livre)
Tout était absolument silencieux, paisible comme l'archipel l'est seulement en hiver, quand il appartient encore aux insulaires, avant que la foule bruyante des estivants prenne les îles d'assaut.
La surface de l'eau était lisse et sombre, écrasée par le froid hivernal. Sur les rocher, quelques touches de neige qui n'avait pas encore fondu. Quelques canards ponctuaient le ciel où le soleil était encore bas. 
« Aidez-moi ! cria-t-il. Aidez-moi, pour l'amour du ciel ! »
L'amarre qu'on lui lança formait une boucle. Dans l'eau glaciale, il se la passa gauchement autour du corps.
« Remontez-moi ! » haleta-t-il en s'agrippant au bord du bateau de ses doigts déjà gourds.
Quand l'ancre attachée à l'autre bout de la corde fut jetée par-dessus bord, il eut surtout l'air étonné, comme s'il n'avait pas compris que son poids allait bientôt l'entraîner par le fond.
Qu'il n'avait plus que quelques secondes à vivre avant que son corps suive la lourde masse d'acier.
La dernière chose qu'on vit de lui fut sa main qui battit la surface, emmêlée dans le filet. Puis l'eau se referma sur lui avec un imperceptible bruit de succion.
On n'entendit plus que le bruit du moteur tandis que, lentement, le bateau faisait demi-tour et reprenait la direction du port.

Challenge 1% Littéraire 2012

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11/14

Challenge Voisins, voisines

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Suède

 Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie noire

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Suède

 Challenge Littératures Nordiques

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Challenge Thriller 
challenge_thriller_polars
catégorie "Même pas peur" : 9/12

18 octobre 2012

La nuit tombée – Antoine Choplin

5600 La fosse aux ours – août 2012 – 128 pages

Quatrième de couverture :
Un homme sur une moto, à laquelle est accrochée une remorque bringuebalante, traverse la campagne ukrainienne. Il veut se rendre dans la zone interdite autour de Tchernobyl. Il a une mission. Le voyage de Gouri est l'occasion pour lui de retrouver ceux qui sont restés là et d'évoquer un monde à jamais disparu où ce qui a survécu au désastre tient à quelques lueurs d'humanité.

Auteur : Né en 1962, Antoine Choplin vit près de Grenoble, où il partage son temps entre l’écriture et l’action culturelle. Il est directeur de « Scènes obliques », dont la vocation est d’organiser des spectacles vivants dans les lieux inattendus, des sites de montagne. Il est aussi l’animateur depuis 1996 du Festival de l’Arpenteur (Isère), qui chaque mois de juillet programme des rencontres inhabituelles entre des créateurs (notamment des écrivains) et le public. Il s’est fait connaître en 2003 lors de la publication de son roman, Radeau, (2003), qui a connu un vrai succès populaire (Prix des librairies « Initiales », Prix du Conseil Général du Rhône). Parmi ses derniers titres : Léger Fracas du Monde (2005), L’impasse (2006), Cairns (2007), et de Apnées (2009), Cour Nord (2010).

Mon avis : (lu en octobre 2012)
Quel beau roman à la fois effrayant et plein de poésie.
Deux ans après le drame de Tchernobyl, Gouri vient de Kiev, il revient seul à moto à Pripiat dans son ancien logement  pour y rechercher un « souvenir ». En chemin, il s'arrête  à Chevtchenko, chez ses amis Iakov et Vera, le village proche de la zone interdite a été contaminé et déserté.
Dans cette histoire, le nom de Tchernobyl n'est jamais directement évoqué. L’auteur nous décrit des lieux vides, un no man’s land où règne un silence pesant, les maisons sont abandonnées, il n’y a plus que quelques rares habitants et il y règne une atmosphère irréelle…
Je n’en raconterai pas plus pour ne pas en dévoiler trop.
J’ai beaucoup aimé ce livre dont il se dégage beaucoup d’humanité et de fraternité dans un paysage d’apocalypse.
Un très beau roman à découvrir sans hésiter !

Extrait : (début du livre)
Après les derniers faubourgs de Kiev, Gouri s’est arrêté sur le bas-côté de la route pour vérifier l’attache de la remorque. Avec force, il essaie de la faire jouer dans un sens puis l’autre et, comme rien ne bouge, il finit par se frotter les mains paume contre paume, l’air satisfait.
Une voiture le dépasse en klaxonnant et il adresse sans savoir un petit signe de la main dans sa direction. Il tire sur les pans de sa veste de cuir, referme jusqu’au menton la fermeture éclair. Après quoi, il enfourche sa moto et redémarre.
Il roule tranquillement, attentif aux reliefs inégaux de la chaussée. Parfois, il donne un coup de guidon pour éviter un nid de poule et, derrière lui, son attelage vide se met à brinquebaler méchamment avant de se recaler comme il faut dans son sillage.
La lumière est douce, tamisée par les bois de bouleaux et de résineux qui encadrent la route. Un semblant de voile, moins qu’une brume, paraît ainsi jeté sur le paysage, et on peut en distinguer le grain dans l’air. Il est plus de quatre heures, il ne tardera pas à faire froid. Gouri devrait rejoindre Chevtchenko avant la nuit.

Cela fait bientôt deux ans qu’il n’est pas revenu ici et forcément son regard balaye les espaces avec gourmandise. Il éprouve à nouveau l’attrait que la forêt a toujours exercé sur lui, ses odeurs, ses bruissements, ses sols tendres. Il se souvient des pique-niques et des parties de football entre les arbres.

Déjà lu du même auteur :

le_h_ron_de_guernica Le héron de Guernica

Challenge 1% Littéraire 2012

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12/14

6 novembre 2012

Les lisières – Olivier Adam

les_lisi_res Flammarion – août 2012 – 454 pages

Quatrième de couverture :
Entre son ex-femme dont il est toujours amoureux, ses enfants qui lui manquent, son frère qui le somme de partir s'occuper, « pour une fois », de ses parents, son père ouvrier qui s'apprête à voter FN et le tsunami qui ravage le Japon où il a vécu les meilleurs moments de sa vie, tout semble pousser Paul Steiner aux lisières de sa propre existence. De retour dans la banlieue de son enfance, il doit se confronter au monde qui l'a fondé et qu'il a fui. En quelques semaines et autant de rencontres, il va se livrer à un véritable état des lieux personnel, social et culturel qu'il se livre, porté par l'espoir de trouver, enfin, sa place.
Dans ce roman ample et percutant, Olivier Adam embrasse dans un même souffle le destin d'un homme et le portrait d'une certaine France, à la périphérie d'elle-même.

Auteur : Olivier Adam est né en 1974. Après avoir grandi en banlieue et vécu à Paris, il s'est installé à Saint-Malo. Il a publié Je vais bien, ne t'en fais pas (2000) et Passer l'hiver (Goncourt de la nouvelle 2004), Falaises, A l'abri de rien (prix France Télévisions 2007 et prix Jean-Amila-Meckert 2008), Des Vents contraires (Prix RTL/Lire 2009) et plus récemment Le Cœur régulier.

Mon avis : (lu en novembre 2012)
Olivier Adam est un auteur que j'aime beaucoup malgré ses histoires souvent tristes... Ce livre est beaucoup plus long que ces précédents, il reprend des thèmes chers à l'auteur.
Paul Steiner, écrivain, doit quitter quelques temps sa Bretagne et y laisser son ex-femme et ses enfants pour aller s'occuper de son père en banlieue parisienne pendant l'hospitalisation de sa mère.
Il retourne dans la ville et la maison où il a grandi. Il retrouve des anciens camarades de classe.
Paul se sent en décalage, sa vie est différente de celle de ses parents, de celles de ses amis d'enfance, il nous raconte sa vie, ses problèmes sentimentaux, sa relation compliquée avec ses parents et son frère. C'est une réflexion sur l'enfance, la famille, la banlieue, la classe ouvrière, sur la crise.
Ce Paul Steiner ressemble furieusement à Olivier Adam et cette histoire est tellement actuelle, noire, réaliste. J'ai beaucoup aimé ce livre touchant, sensible, émouvant. Un coup de cœur à découvrir !

Extrait : (début du livre)
Je me suis garé sur le trottoir d'en face. J'ai jeté un oeil dans le rétroviseur. Sur la banquette arrière, Manon rassemblait ses affaires, le visage caché derrière un long rideau de cheveux noirs. A ses côtés, Clément s'extirpait lentement du sommeil. Six mois n'avaient pas suffi à m'habituer à ça. Cette vie en pointillés. Ces week-ends volés une semaine sur deux. Ces dimanches soir. Ces douze jours à attendre avant de les revoir. Douze jours d'un vide que le téléphone et les messages électroniques ne parvenaient pas à combler. Comment était-ce seulement possible ? Comment avions-nous pu en arriver là ? J'ai tendu ma main vers ma fille et elle l'a serrée avant d'y poser un baiser. 
- Ça va aller, papa ? 
J'ai haussé les épaules, esquissé un de ces sourires qui ne trompait personne. Elle est sortie de la voiture, suivie de son frère. J'ai attrapé leurs sacs à dos dans le coffre et je les ai suivis. De l'autre côté de la rue, la maison de Sarah n'était plus la mienne. Pourtant rien ou presque n'y avait changé. Je n'avais emporté que mes vêtements, mon ordinateur et quelques livres. Chaque dimanche, quand je ramenais les enfants, il me semblait absurde de repartir, je ne comprenais pas que ma vie puisse ne plus s'y dérouler. J'avais le sentiment d'avoir été expulsé de moi-même. Depuis six mois je n'étais plus qu'un fantôme, une écorce molle, une enveloppe vide. Et quelque chose s'acharnait à me dire qu'une part de moi continuait à vivre normalement dans cette maison, sans que j'en sache rien. Dans le jardin tout renaissait. Un tapis de délicates fleurs roses s'étendait au pied du cerisier. Les jonquilles et les tulipes coloraient les parterres. La pelouse avait été tondue quelques heures plus tôt, l'herbe coupée embaumait l'air encore doux. J'imaginais mal Sarah s'acquitter d'une telle besogne. Sans doute le voisin lui avait-il proposé son aide. C'était son job après tout. J'ai regardé sa maison et je n'ai pu m'empêcher de lui en vouloir. Ça n'avait pas de sens. Je l'aimais bien. C'était un brave type qui croulait sous les emmerdes. Un de ses gamins était autiste ou quelque chose dans le genre, et sa femme enchaînait les opérations depuis trois ans, la plupart du temps on la voyait avec des béquilles et la jambe droite plâtrée. Mais en voyant l'herbe rase, je me suis dit qu'il faisait partie de la meute invisible qui depuis six mois me volait ma vie. 
Sarah se tenait dans l'encadrement de la porte, souriante, un verre de vin à la main. Au moment de l'embrasser, j'ai dû me retenir de poser mes lèvres sur sa bouche, d'y fourrer ma langue et de la serrer contre moi. Ça non plus je n'arrivais pas à m'y habituer. Nous étions là, face à face, nous n'avions pas changé, c'était toujours son corps et sa bouche. Pourquoi n'avais-je plus le droit de promener ma main sur son cul, de caresser ses seins, de passer un doigt entre les lèvres de son sexe ? Qu'est-ce qui avait changé ? 
- Tout, Paul. Tout a changé, avait-elle coutume de répondre quand après quelques verres de vin je ne parvenais plus à décoller du salon et cherchais ses lèvres. 
Nous avons échangé deux bises ridicules, de celles qu'on réserve aux connaissances vagues, aux collègues. 
- T'as l'air en forme, ai-je tenté, et j'étais parfaitement sincère. Depuis que nous étions séparés Sarah resplendissait, quelque chose en elle semblait libéré d'un poids, et il fallait bien que je me résolve à accepter que ce poids, c'était moi. Ce n'était d'ailleurs pas très difficile à comprendre. Toutes ces années, je n'avais pas été un cadeau, je n'étais pas un type facile, tout le monde s'accordait à le dire. Je ne voyais pas à quoi tous ces gens se fiaient pour s'entendre sur un tel constat, mais l'unanimité faisait foi : j'étais visiblement, et de notoriété publique, impossible à vivre. 
- Pas toi, a dit Sarah, avec dans les yeux cette légèreté nouvelle. 

Challenge 3% Littéraire 2012

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Déjà lu du même auteur :

a_l_abris_de_rien_p A l'abri de rien    falaises Falaises  
 Des_vents_contraires
Des vents contraires  je_vais_bien_ne_t_en_fait_pas_p Je vais bien, ne t'en fais pas
 le_coeur_r_gulier  Un cœur régulier    kyoto_limited_Express  Kyoto Limited Express  

a_l_ouest_p  A l'ouest

 

22 septembre 2012

Festival America - quelques photos

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Comme prévu, j'ai passé l'après-midi à Vincennes au Festival America, 

Mes premières photos :

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Salle des Fêtes de la Mairie de Vincennes, pour l'Ouverture du Festival America (15h à 16h)
avec Toni Morrison. Il y avait beaucoup de monde...

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C'était une interview autour de son nouveau livre "Home", 
c'était très intéressant (avec traduction), surtout que je l'ai lu il y a peu.

Vidéo : Café des Libraires avec Toni Morrison
(Vendredi 21 Septembre 2012)

 

 

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Débat sur le thème Zones d'ombres (16h à 17h)
avec Michael Christie (Canada), Eduardo Antonio Parra (Mexique)
Felipe Becerra Calderon (Chili) et Philipp Meyer (Etats-Unis), 
Ils ont écrit des livres sur les exclus de notre société.

Ensuite, j'ai eu le temps de faire un petit tour au Salon du Livre.

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Luis Sepúlveda (Chili)      Ángel Parra (Chili)    Eugenia Almeida (Argentine) 

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Juan Gabriel Vásquez (Colombie)

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Sergio Ramirez (Nicaragua) Eduardo Antonio Parra (Mexique)

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Marvin Victor (Haïti)

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Iain Levison (États-Unis)          Dinaw Mengestu (États-Unis)

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Darin Strauss Ruan (États-Unis)   Eric Miles Williamson (États-Unis)

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  Janet Skeslien Charles (États-Unis)

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 Samuel Archibald (Canada-Québec) Lucie Lachapelle (Canada-Québec) Michael Christie (Canada)           

 

et j'y retourne tout à l'heure...

23 septembre 2012

Festival America - la suite...

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Conquise par ma visite du Vendredi après-midi, j'ai décidé d'y retourner pour la journée de Samedi avec un rendez-vous avec Valérie qui passe le week-end sur Vincennes...

Elle avait choisi de commencer par aller voir un Forum des écrivains sur le thème "Le rôle de l'écrivain" avec comme invités Russel Banks, Louise Erdrich, John Freeman, Nicole Krauss et Luis Sepúlveda. J'ai donc décidé d'y aller la retrouver et comme nous étions arrivés bien en avance, nous avons eu l'occasion de bavarder une bonne heure avant que le Forum des écrivains commence.
C'était la première fois que nous nous rencontrions "en vrai", le contact s'est fait spontanément comme si nous nous connaissions depuis toujours... Un moment très sympa !

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Russel Banks                                         Louise Erdrich

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John Freeman                          Nicole Krauss 

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Luis Sepúlveda

Forum des écrivains sur le thème "Le rôle de l'écrivain" :
Quelle chance de rencontrer quatre écrivains que j'ai eu l'occasion de lire et de les entendre parler de leur façon d'écrire, de raconter des histoires, d'être des citoyens et des écrivains... 

Ensuite, j'ai passée l'après-midi dans la salle des fêtes de la Mairie où j'ai trouvé une place autour d'une petite table au premier rang pour 3 Café des Libraires. Animé par Maëtte Chantrel, autour d'un thème, les auteurs sont interrogés par un libraire sur leur livre.

 

Le premier Café des Libraires sur le thème "D'autres vies que la leur" avec comme invités prévus Dave Eggers, Percival Everett et William Ospina. Je connaissais seulement Dave Eggers qui malheureusement a fait faux bond au festival.
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William Ospina (Colombie)        et            Percival Everett (États-Unis) 

 

Le deuxième Café des Libraires sur le thème "Drôles de couples"
avec comme invités Louise Erdrich, Jorge Franco et Adam Foss.
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Louise Erdrich (États-Unis)                                  Adam Foss (États-Unis) 
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Jorge Franco (Colombie)

 

Le troisième Café des Libraires sur le thème "La vie n'est pas si grave"
avec Jonathan Dee, Fernanda García Lao, Rebecca Makkaï et Alan Pauls
 
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Jonathan Dee (États-Unis)                       Fernanda García Lao (Argentine)
 
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Rebecca Makkaï (États-Unis)                                  Alan Pauls (Argentine)

 

Ensuite, j'ai refait un petit tour du Salon du Livre où quelques d'auteurs dédicaçaient...

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João Almino (Brésil)                     Teju Cole (États-Unis) 

Un seul regret pour ce Festival America, c'est mon faible niveau  en anglais qui ne m'a pas permis de communiquer avec un auteur. J'ai juste pu dire un faible "Thank you very much" à Louise Erdrich après avoir obtenu un signature sur mon livre...

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29 novembre 2012

L'Affaire Jennifer Jones - Anne Cassidy

l_affaire_Jennifer_Josse_x Milan – mars 2012 – 370 pages

traduit de l'anglais par Nathalie M.C. Laverroux

Titre original : Looking for JJ, 2004

Quatrième de couverture :
Au moment du meurtre, tous les journaux en avaient parlé pendant des mois.
Lies dizaines d'articles avalent analyse l'affaire sous tous les angles. Les événements de ce jour terrible à Berwick Waters. Le contexte. Les familles des enfants. Les rapports scolaires. Les réactions des habitants. Les lois concernant les enfants meurtriers. Alice Tully n'avait rien lu à l'époque. Elle était trop jeune. Cependant, depuis six mois, elle ne laissait passer aucun article, et la question sous-jacente restait la même : comment unie petite fille de dix ans pouvait-elle tuer un autre enfant ?  
Alice Tully. 17 ans, jolie, cheveux coupés très court. Etudiante, serveuse dans un bistrot.
Et Frankie, toujours là pour elle.
Une vie sans histoire.
Mais une vie trop lisse, sans passé, sans famille, sans amis. Comme si elle se cachait.
Comme si un secret indicible la traquait.

Auteur : Pilier de la littérature jeunesse, Anne Cassidy est passionnée par les romans policiers. Mais ce qui l'intéresse n'est pas de découvrir qui est le coupable, mais pourquoi le meurtre a été commis, comment et, surtout, les conséquences de cet événement sur la vie des gens ordinaires.

Mon avis : (lu en novembre 2012)
C'est la blogosphère qui m'a donnée envie de découvrir ce livre destiné aux adolescents et qui est très intéressant à lire également pour les adultes. 
« Au moment du meurtre, tous les journaux en avaient parlé pendant des mois. Des dizaines d'articles avaient analysé l'affaire sous tous les angles. Les événements de ce jour terrible à Berwick Waters. Le contexte. Les familles des enfants. Les rapports scolaires. Les réactions des habitants. [...] La question était : comment une petite fille de dix ans pouvait-elle tuer un autre enfant ? » 
Six après, Alice Tully
 a seize ans, elle est en apparence une jeune fille comme les autres, elle a un petit ami nommé Frankie, elle travaille dans une cafétéria et à la rentrée elle doit s'inscrire en première année d'Histoire.  

Cette histoire est menée comme un roman policier, je n'en dirais donc pas plus sur l'intrigue... 
Des thèmes nombreux et profonds sont abordés à travers cette histoire : comment et pourquoi devient-on meurtrier ? L'environnement familial ou social peut-il être en cause ? Peut-on pardonner ? Un enfant meurtrier a-t-il droit à une deuxième chance ?

C'est un beau livre qui ne laisse pas indifférent. Une très belle découverte.

Extrait : (début du livre)

 Challenge Thriller 
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 catégorie "Même pas peur" : 13/12

Challenge Voisins, voisines
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Grande-Bretagne

Challenge God Save The Livre 
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30 décembre 2012

La décapotable rouge - Louise Erdrich

Lu en partenariat avec les éditions Albin Michel

la_d_capotable_rouge Albin Michel - septembre 2012 - 412 pages

traduit de l'américain par Isabelle Reinbarez

Titre original : The red convertible, 2009

Quatrième de couverture : 
Dans l’œuvre de Louise Erdrich, le rêve peut surgir du quotidien, le comique tourner au tragique, la violence et la beauté envahir tout à coup un paysage banal. 
Rassemblées pour la première fois en deux volumes (La décapotable rouge et Femme nue jouant Chopin, à paraître prochainement), ces nouvelles publiées dans des revues littéraires et des magazines américains sont marquées par l’imaginaire sensuel et fertile d’un écrivain singulier.
On y retrouve la genèse de ce qui a constitué, au fil des livres, l’univers de Louise Erdrich, de Love Medicine à La Malédiction des Colombes : le Dakota du Nord, le monde indien, un réalisme à la fois magique et poétique, la passion secrète qui habite ses personnages et la puissance d’évocation de ses histoires.

« L’un de nos plus grands écrivains, remarquable par son audace stylistique et sa virtuosité artistique. La décapotable rouge est une splendide démonstration de son talent et de son style. » The Washington Post

Auteur :  Karen Louis Erdrich est née le 7 juillet 1954 à Little Falls, dans le Minnesota, d'une mère ojibura (famille des Chippewa), donc amérindienne, et d'un père germano-américain. Elle grandit dans le Dakota du Nord, aux États-Unis, où ses parents travaillaient au Bureau des Affaires Indiennes.
Louise Erdrich est, avec Sherman Alexie, l'une des grandes voix de la nouvelle littérature indienne d'outre-Atlantique. Si elle écrit, c'est pour réinventer la mémoire déchirée de ces communautés qui, aux confins des Etats-Unis, vivent sur les décombres d'un passé mythique. Louise Erdrich vit aujourd’hui dans le Minnesota. 

Mon avis : (lu en décembre 2012)
J'ai eu la chance de voir Louise Erdrich lors du Festival America en septembre dernier à Vincennes et à l'occasion des deux conférences où je l'ai entendu, j'ai beaucoup aimé sa gentillesse. Lorsque Claire, attachée de presse des éditions Albin Michel, m'a proposé de choisir un livre parmi les dernières parutions de l'éditeur, je n'ai pas vraiment hésité à choisir ce livre de 19 nouvelles qui parlent du Dakota du Nord, du monde indien en particulier les indiens Chippewas. Ces nouvelles ont été écrites en 1978 et 2008 par Louise Erdrich, on y retrouve les thèmes chers à l'écrivain, le monde indien, sa solidarité, ses soucis, ses traditions. Toutes ces nouvelles ne sont pas complètements indépendantes, certains personnages sont présents dans plusieurs.
Les nouvelles sont très bien écrites, intéressantes mais moins prenantes que les romans de Louise Erdrich que j'ai déjà lu. J'ai toujours dans ma PAL son dernier roman, « Le jeu des ombres » et cette lecture m'a donné envie de le ressortir !

Merci à Claire et aux éditions Albin Michel de m'avoir permis de découvrir ce livre.

Un deuxième tome de nouvelles, « Femme nue jouant Chopin », doit paraître prochainement.

Extrait : (début du livre)
J'ai été le premier à rouler en décapotable sur ma réserve. Et forcément elle était rouge, une Olds rouge. J'en étais propriétaire avec mon frère, Stephan. Nous en étions tous les deux propriétaires jusqu'à ce que ses bottes se remplissent d'eau, par une nuit venteuse, et qu'il me rachète ma part. Maintenant Stephan en est l'unique propriétaire, et son petit frère Marty (c'est moi) va partout à pied.

Comment ai-je gagné assez d'argent pour acheter ma part, à l'origine ? Mon unique talent était de toujours réussir à me faire du fric. J'avais le chic pour ça, pas courant chez un Chippewa, et surtout dans ma famille. Dès le départ, j'avais cette différence, et tout le monde le reconnaissait. J'ai été le seul môme qu'on a laissé entrer au Legion Hall de Rolla pour cirer des chaussures, par exemple, et une année, à Noël, j'ai vendu des images pieuses au porte-à-porte pour la mission. Les sœurs m'ont permis de garder un pourcentage. Une fois lancé, il semblait que plus je gagnais d'argent, plus l'argent venait à moi facilement. Tout le monde m'encourageait. A quinze ans, j'ai trouvé un boulot de plongeur au Joliet Café, et c'est là que j'ai percé.
Rapidement j'ai été promu au rang de serveur, et puis la cuisinière qui préparait les plats rapides est partie et j'ai été engagé à sa place. En un rien de temps, j'étais devenu le gérant du Joliet. Le reste appartient à l'histoire. J'ai été gérant un moment. Je suis rapidement passé copropriétaire, et bien sûr à partir de là personne ne pouvait plus m'arrêter. Il n'a pas fallu longtemps avant que tout soit à moi.
Alors que j'étais propriétaire du Joliet depuis un an, il a brûlé. Toute l'affaire. Une perte sèche. Je n'avais que vingt ans. J'avais tout, et je l'ai perdu vite fait, mais avant j'avais invité tous les membres de ma famille, et les membres de leurs familles, à dîner, et avec Stephan j'avais aussi acheté la vieille Olds dont j'ai parlé.



Déjà lu du même auteur :

la_chorale_des_maitres_bouchers_p La Chorale des maîtres bouchers la_mal_diction_des_colombes La malédiction des colombes

omakayas Omakayas love_medecine_p Love Medecine

 

 

Challenge 4% Littéraire 2012

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27/28

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36/50 : Dakota du Nord

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Couleur"

 

 

22 décembre 2012

Furioso – Carin Bartosch Edström

 Lu en partenariat avec les éditions JCLattès

furioso JC Lattès – octobre 2012 – 550 pages

traduit du suédois par Frédéric Fourreau

Titre original : Furioso, 2011

Quatrième de couverture :
En se retirant sur un paisible îlot privé de l’archipel de Stockholm, les musiciennes de l’ensemble Furioso pensaient enregistrer au calme le dernier Quatuor à cordes de Stenhammar. Mais lorsque Louise Armstahl doit cèder sa place de premier violon au charismatique Raoul Liebeskind, adulé par les femmes, l’équilibre qui régnait jusque-là vole en éclats. . 
De vieilles intrigues ressurgissent tandis que de nouvelles intrigues apparaissent, attisées par la passion de la musique. Une nuit, un corps sans vie est découvert alors que seuls les cinq musiciens se trouvent sur l’île. 
La commissaire Ebba Schröder se voit confier cette délicate enquête, d'autant plus difficile qu'entre secrets et rivalités tous semblent suspects...

Auteur : Carin Bartosch Edström est née en 1965, a grandi à Rome et à Lund. Elle a travaillé comme chef d'orchestre et suivi des études de composition musicale. Elle compose avant tout de l'opéra et de la musique de chambre. Elle traduit par ailleurs des opéras italiens.  

Mon avis : (lu en décembre 2012)
Louise est une brillante violoniste, elle a créé le quatuor Furioso avec Anna, Helena et Caroline. Elles ont prévues de passer quelques jours au calme à Svalskär, l'île privé de Louise, pour enregistrer le dernier Quatuor à cordes de Stenhammar. Mais juste avant de partir, Louise se blesse à la main, elle ne pourra plus jouer pendant quelques semaines. Elle fait donc appel à son ami Raoul pour la remplacer pour l'enregistrement prévu. Quatre femmes et un homme sur une île, c'est comme mettre un loup dans une bergerie...

Dans la première partie du livre, le lecteur découvre un huis clos entre les différents personnages et les relations complexes qu'ils ont les uns avec les autres.
Sachant que ce livre est un roman policier, le premier suspense sera de prévoir qu'elle sera la première victime ? En effet, durant cette première partie le lecteur ressent parfaitement les nombreuses tensions qu'il existe entre Louise, Caroline, Raoul, Anna et Helena et le drame imminent.
Dans la deuxième partie, entre en scène la commissaire Ebba Schröder et l'inspecteur Vendela Smythe-Fleming pour mener une enquête pleine de surprises... 

J'ai beaucoup aimé ce roman dont la construction est très différente des romans policiers habituels. Cette construction permet de bien connaître les différents protagonistes avant de suivre l’enquête d’un point de vue policier. Cela rend l’intrigue prenante et passionnante, le lecteur échafaude alors de nombreuses hypothèses... Une très belle surprise.

Un grand Merci à Emily et aux éditions JCLattès pour m'avoir permis de découvrir ce livre.

Extrait : (début du livre)
En se promenant le long de Strandvägen, à Stockholm, ce jour-là, il eut l'impression d'accomplir un rituel. Son corps était animé par un nouveau souffle de vie et son dos avait retrouvé sa souplesse d'antan. Il se sentait désormais l'âme d'un vainqueur. Alors que le compte à rebours était lancé depuis des années, il avait enfin eu cette idée géniale. Toutefois, même si, en pratique, cela ne nécessiterait qu'un tout petit effort de sa part, du moins dans un premier temps, la suite serait autrement plus ardue à mettre en 
œuvre. Il lui faudrait mentir à ses proches. 
Il s'y était préparé. Il avait pris les mesures nécessaires pour assurer son avenir.
Peder Armstahl avait pris conscience de son devoir dès qu'il avait été en âge de comprendre la place qu'il occupait au sein de la lignée. Il ne l'avait pas choisi, on ne lui avait même pas demandé son avis. Et, si quelqu'un lui avait demandé ce qu'il en pensait, il aurait probablement prétendu que c'était un honneur. Ce qui n'aurait rien eu de surprenant.
Mais ce devoir, qui constituait sa vraie raison de vivre, était difficile à endosser. Jusque-là, en effet, la tâche s'était révélée insurmontable.
Il avait dû se faire une raison après ses échecs répétés. Tandis que sa famille s'était gardée de tout commentaire à ce sujet. Ils auraient au moins pu faire en sorte que leurs v
œux ne sonnent pas si faux à chaque nouveau baptême.

 

Challenge 4% Littéraire 2012

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25/28

Challenge Voisins, voisines

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Suède

 Challenge Thriller 
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catégorie "Même pas peur" : 18/12

 Défi Scandinavie noire 2012

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Suède 

Challenge Littératures Nordiques

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Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman

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7 novembre 2012

Exposition Hopper - Grand Palais (10 octobre - 28 janvier 2013)

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Edward Hopper, né le 22 juillet 1882 à Nyack dans l’État de New York et mort le 15 mai 1967 à New York, est un peintre et graveur américain, qui exerça essentiellement son art à New York, où il avait son atelier. Il est considéré comme l’un des représentants du naturalisme ou de la scène américaine, parce qu’il peignait la vie quotidienne des classes moyennes. Au début de sa carrière, il représenta des scènes parisiennes avant de se consacrer aux paysages américains et de devenir un témoin attentif des mutations sociales aux États-Unis. Il produisit beaucoup d’huiles sur toile, mais travailla également sur des affiches, des gravures en eau-forte et desaquarelles. Une grande partie de l’œuvre de Hopper exprime la nostalgie d’une Amérique passée, ainsi que le conflit entre nature et monde moderne. Ses personnages sont le plus souvent esseulés et mélancoliques.  

Avant de voir de la promotion pour cette Exposition, je connaissais déjà certains tableaux de Edward Hopper sans connaître le nom de son auteur...

En particulier, j'avais le souvenir de couvertures de livres empruntant des extraits de certains tableaux.
Depuis quelques jours, je me suis donc amusée à les recenser... 

the view from Hopper's window at the Baptist Mission (1906, 1907, 1909)

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New York Corner (1913)

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Soir bleu (1914)

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House by the railroad (1925)

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Intérieur (Modèle lisant) (1925)

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Jo Sketching at Good Harbor Beach (1925-1928)

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Eleven A.M (1926)

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Sunday (1926)

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La-Fin

Automat (1927)

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Lighthouse Hill (1927)

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The Lighthouse at Two Lights (1929)

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Chop Suey (1929)

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New York - New Haven and Hartford (1931)

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High Road (1931)

The camel's hump (1931)

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Room in Brooklyn (1932)

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Room in New York (1932)

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House at Dusk (1935)

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The Long Leg (1935)

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White River at Sharon (1937)

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Cape cod evening (1939)

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New York Film (1939)

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Gas (1940)

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Office at night (1940)

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Nighthawks (1942)

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Summertime (1943)

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The Martha McKeen of Wellfleet (1944)

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Rooms for Tourists (1945)

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Summer evening (1947)

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Pennsylvania coal town (1947)

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Conference at night (1949)

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Portrait of Orleans (1950)

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Rooms by the sea (1951)

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Morning Sun (1952)

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Sea Watchers (1952)

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Office in a small city (1953)

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South Carolina Morning (1955)

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Four Lane road  (1956)

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 New York Office (1962)

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Sun in an Empty Room (1963)

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Chair Car (1965)

 

...

Au fait, j'ai profité des vacances pour aller voir l'Exposition en famille...
C'est toujours émouvant de voir en vrai des tableaux dont on a souvent vu des reproductions, les couleurs sont différentes... On fait plus attention à certains détails...
Tous les tableaux n'ont pas la même taille, c'est un des effets trompeur des reproductions dans un livre ou sur un écran...

 

23 novembre 2012

La faille souterraine et autres enquêtes - Henning Mankell

la_faille_souterraine Seuil – octobre 2012 – 471 pages

traduit du suédois par Anna Gibson

Titre original : Pyramiden, 1999

Quatrième de couverture :
« Beaucoup m'ont posé la question : que faisait Wallander avant le commencement de la série ' Que s'est-il passé avant le 8 janvier 1990, ce matin d'hiver où Wallander est réveillé à l'aube par un appel qui marque le début de Meurtriers sans visage ? Quand Wallander entre alors en scène, il est flic depuis longtemps, il est déjà père et divorcé, et il a quitté Malmö pour Ystad. Les lecteurs se sont interrogés. Et moi avec eux. J'ai alors commencé à écrire dans ma tête des récits qui se déroulaient avant cette date. Puis j'ai rassemblé ces histoires et décidé de les publier. Elles constituent un point d'exclamation après le point final. Comme l'écrevisse, il est parfois bon de marcher à reculons. De revenir vers un point d'origine. Aucun tableau n'est jamais achevé. Mais ces fragments m'ont semblé devoir faire partie du lot. Le reste appartient au silence. » H. M.

Auteur : Henning Mankell, né en 1948, partage sa vie entre la Suède et le Mozambique. Lauréat de nombreux prix littéraires. Outre la célèbre « série Wallander », il est l'auteur de romans sur l'Afrique ou sur des questions de société, de pièces de théâtre et d’ouvrages pour la jeunesse.  

Mon avis : (lu en novembre 2012)
Alors que la fin de la série avait été annoncée, quelle belle surprise de retrouver Kurt Wallander dans un nouveau livre d'Henning Mankell !
Ce livre regroupe 5 enquêtes de Wallander avant le début de la série. Cela commence en 1969 alors que Kurt Wallander n’a que 21 ans et 1990 avec le coup de téléphone nocturne qui annonce et l’enquête « Meurtrier sans visage ». Certaines avaient déjà été éditées comme l’enquête Pyramide, en 1999 en Suède, mais encore jamais en France. D’autres sont inédites.
J’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir Kurt Wallander jeune puis à divers moment clé de sa vie dans cinq enquêtes de longueur différente mais toutes à la hauteur de la série. 

Extrait : (début du livre)
Au commencement tout n'était que brouillard.
Ou peut-être comme une mer épaisse, blanche, silencieuse. Le paysage de la mort. Ce fut d'ailleurs la première pensée de Wallander lorsqu'il revint à lui. Il était déjà mort. Il n'aurait pas dépassé l'âge de vingt-deux ans. Un jeune policier, à peine adulte. Voilà. Et puis un inconnu s'était précipité sur lui avec un couteau et il n'avait pas pu l'éviter.
Après, il n'y avait eu que le brouillard blanc. Et le silence.
Lentement il se réveillait, lentement il revenait à la vie. Les images étaient brouillées, confuses. Il essayait de les capturer, comme on chasse les papillons. Mais elles se dérobaient et ce fut pour lui un grand effort que de reconstituer le fil des événements...

Il était de repos. C'était le 3 juin 1969 et il venait de laisser Mona au terminal des ferries vers le Danemark. Pas les bateaux récents, ces aéroglisseurs qui allaient à toute allure, mais un ferry à l'ancienne, où on avait encore le temps de déjeuner durant la traversée. Elle devait retrouver une amie, elles iraient peut-être à Tivoli mais, surtout, l'objectif était de lécher les vitrines. Wallander avait voulu l'accompagner puisqu'il était de repos. Mais elle avait dit non. Ce voyage était pour sa copine et pour elle. Interdit aux hommes.
Il regarda le bateau quitter le port. Mona devait revenir le soir même et il avait promis d'être là. Si le beau temps persistait, ils iraient se promener. Puis ils rentreraient chez lui. Il louait un appartement dans la banlieue de Rosengård.
Il s'aperçut que, rien que d'y penser, ça l'excitait. Il ajusta son pantalon et traversa la rue en direction de la gare. Il acheta un paquet de cigarettes, des John Silver comme d'habitude, et en alluma une avant même d'être de nouveau dehors.
Il n'avait pas de projets pour cette journée. C'était un mardi, il était de repos. Il avait fait beaucoup d'heures sup, entre autres à cause des grandes manifs contre la guerre du Vietnam qui se succédaient partout, tant à Lund qu'à Malmö. A Malmö, il y avait eu des échauffourées. Wallander avait trouvé l'expérience désagréable. Ce qu'il pensait des revendications des manifestants - US go home-, il n'en savait trop rien. La veille encore, il avait essayé d'en discuter avec Mona, mais son opinion à elle se bornait à estimer que «ces gens-là cherchent les embrouilles». Il avait insisté, allant jusqu'à lui affirmer qu'il n'était pas juste, de la part de la première puissance militaire mondiale, de bombarder un pays agricole pauvre situé dans un autre continent avec l'objectif de le faire «retourner à l'âge de pierre», comme l'avait dit un officier américain cité dans le journal de la veille ; elle lui avait rétorqué qu'elle n'avait pas l'intention d'épouser un communiste.
Cette réplique l'avait soufflé, et la discussion en était restée là. S'il était certain d'une chose, c'était qu'il allait bien épouser Mona, aux cheveux châtains, au nez effilé et au menton pointu, qui n'était peut-être pas la plus belle fille qu'il eût jamais rencontrée ; mais qu'il voulait avoir pour lui, quoi qu'il arrive.

Déjà lu du même auteur : 
tea_bag  Tea-Bag  les_chaussures_italiennes  Les chaussures italiennes

meurtriers_sans_visage_p Meurtriers sans visage Les_chiens_de_Riga_2 Les chiens de Riga

l_homme_inquiet L'homme inquiet le_retour_du_professeur_points Le Retour du professeur de danse

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catégorie "Même pas peur" : 12/12

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Suède : Henning Mankell

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