La faille souterraine et autres enquêtes - Henning Mankell
Seuil – octobre 2012 – 471 pages
traduit du suédois par Anna Gibson
Titre original : Pyramiden, 1999
Quatrième de couverture :
« Beaucoup m'ont posé la question : que faisait Wallander avant le commencement de la série ' Que s'est-il passé avant le 8 janvier 1990, ce matin d'hiver où Wallander est réveillé à l'aube par un appel qui marque le début de Meurtriers sans visage ? Quand Wallander entre alors en scène, il est flic depuis longtemps, il est déjà père et divorcé, et il a quitté Malmö pour Ystad. Les lecteurs se sont interrogés. Et moi avec eux. J'ai alors commencé à écrire dans ma tête des récits qui se déroulaient avant cette date. Puis j'ai rassemblé ces histoires et décidé de les publier. Elles constituent un point d'exclamation après le point final. Comme l'écrevisse, il est parfois bon de marcher à reculons. De revenir vers un point d'origine. Aucun tableau n'est jamais achevé. Mais ces fragments m'ont semblé devoir faire partie du lot. Le reste appartient au silence. » H. M.
Auteur : Henning Mankell, né en 1948, partage sa vie entre la Suède et le Mozambique. Lauréat de nombreux prix littéraires. Outre la célèbre « série Wallander », il est l'auteur de romans sur l'Afrique ou sur des questions de société, de pièces de théâtre et d’ouvrages pour la jeunesse.
Mon avis : (lu en novembre 2012)
Alors que la fin de la série avait été annoncée, quelle belle surprise de retrouver Kurt Wallander dans un nouveau livre d'Henning Mankell !
Ce livre regroupe 5 enquêtes de Wallander avant le début de la série. Cela commence en 1969 alors que Kurt Wallander n’a que 21 ans et 1990 avec le coup de téléphone nocturne qui annonce et l’enquête « Meurtrier sans visage ». Certaines avaient déjà été éditées comme l’enquête Pyramide, en 1999 en Suède, mais encore jamais en France. D’autres sont inédites.
J’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir Kurt Wallander jeune puis à divers moment clé de sa vie dans cinq enquêtes de longueur différente mais toutes à la hauteur de la série.
Extrait : (début du livre)
Au commencement tout n'était que brouillard.
Ou peut-être comme une mer épaisse, blanche, silencieuse. Le paysage de la mort. Ce fut d'ailleurs la première pensée de Wallander lorsqu'il revint à lui. Il était déjà mort. Il n'aurait pas dépassé l'âge de vingt-deux ans. Un jeune policier, à peine adulte. Voilà. Et puis un inconnu s'était précipité sur lui avec un couteau et il n'avait pas pu l'éviter.
Après, il n'y avait eu que le brouillard blanc. Et le silence.
Lentement il se réveillait, lentement il revenait à la vie. Les images étaient brouillées, confuses. Il essayait de les capturer, comme on chasse les papillons. Mais elles se dérobaient et ce fut pour lui un grand effort que de reconstituer le fil des événements...
Il était de repos. C'était le 3 juin 1969 et il venait de laisser Mona au terminal des ferries vers le Danemark. Pas les bateaux récents, ces aéroglisseurs qui allaient à toute allure, mais un ferry à l'ancienne, où on avait encore le temps de déjeuner durant la traversée. Elle devait retrouver une amie, elles iraient peut-être à Tivoli mais, surtout, l'objectif était de lécher les vitrines. Wallander avait voulu l'accompagner puisqu'il était de repos. Mais elle avait dit non. Ce voyage était pour sa copine et pour elle. Interdit aux hommes.
Il regarda le bateau quitter le port. Mona devait revenir le soir même et il avait promis d'être là. Si le beau temps persistait, ils iraient se promener. Puis ils rentreraient chez lui. Il louait un appartement dans la banlieue de Rosengård.
Il s'aperçut que, rien que d'y penser, ça l'excitait. Il ajusta son pantalon et traversa la rue en direction de la gare. Il acheta un paquet de cigarettes, des John Silver comme d'habitude, et en alluma une avant même d'être de nouveau dehors.
Il n'avait pas de projets pour cette journée. C'était un mardi, il était de repos. Il avait fait beaucoup d'heures sup, entre autres à cause des grandes manifs contre la guerre du Vietnam qui se succédaient partout, tant à Lund qu'à Malmö. A Malmö, il y avait eu des échauffourées. Wallander avait trouvé l'expérience désagréable. Ce qu'il pensait des revendications des manifestants - US go home-, il n'en savait trop rien. La veille encore, il avait essayé d'en discuter avec Mona, mais son opinion à elle se bornait à estimer que «ces gens-là cherchent les embrouilles». Il avait insisté, allant jusqu'à lui affirmer qu'il n'était pas juste, de la part de la première puissance militaire mondiale, de bombarder un pays agricole pauvre situé dans un autre continent avec l'objectif de le faire «retourner à l'âge de pierre», comme l'avait dit un officier américain cité dans le journal de la veille ; elle lui avait rétorqué qu'elle n'avait pas l'intention d'épouser un communiste.
Cette réplique l'avait soufflé, et la discussion en était restée là. S'il était certain d'une chose, c'était qu'il allait bien épouser Mona, aux cheveux châtains, au nez effilé et au menton pointu, qui n'était peut-être pas la plus belle fille qu'il eût jamais rencontrée ; mais qu'il voulait avoir pour lui, quoi qu'il arrive.
Déjà lu du même auteur :
Tea-Bag Les chaussures italiennes
Meurtriers sans visage Les chiens de Riga
L'homme inquiet Le Retour du professeur de danse
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