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A propos de livres...
24 novembre 2011

Profondeurs - Henning Mankell

profondeurs profondeurs_p

Seuil – janvier 2008 – 343 pages

Points – janvier 2009 – 347 pages

traduit du suédois par Rémi Cassaigne

Titre original : Djup, 2004

Quatrième de couverture :
En octobre 1914, l’Europe est au bord de la guerre. Afin d’améliorer la défense des côtes suédoises, le capitaine Lars Tobiasson-Svartman inspecte les routes maritimes. Sur la toute petite île de Sara Fredrika, il rencontre une femme dont il devient l’amant. Pour la revoir, il ment à sa femme, à l’amirauté, à lui-même, jusqu’au point de non-retour… Un roman à la fois sobre et sensuel.

Auteur : Henning Mankell est né à Stockholm en 1948. Auteur de célèbres romans policiers, de romans et de pièces de théâtre, il partage sa vie entre la Suède et le Mozambique.

Mon avis : (lu en novembre 2011)
Voilà un livre d'Henning Mankell très différent de ceux que j'ai déjà eu l'occasion de lire. Ce n'est pas un roman policier, mais un récit captivant qui se lit comme un suspens.
Automne 1914, nous sommes à l'aube de la Première Guerre Mondiale, le sombre héros de cette histoire Lars Tobiasson-Svartman est capitaine de la marine de guerre suédoise. Il est hydrographe et il est chargé de tracer de nouvelles routes maritimes en sondant les profondeurs de la mer sur les bords des côtes suédoises.
Au cours d'une de ces missions, le capitaine Lars va rencontrer une femme vivant seule et loin de tout sur la toute petite île de Halsskär. Il tombe amoureux d'elle et pour la revoir va se mettre à mentir à tous. C'est l'engrenage mensonges après mensonges il s'enferre et la folie n'est pas loin...
Le personnage de Lars est vraiment antipathique, désagréable, froid ensuite on le découvre menteur, égoïste, lâche. Et enfin, au fil des pages, il devient de plus en plus inquiétant.
Il règne dans cette histoire une atmosphère pesante et lourde, l'environnement naturel n'arrange rien avec le froid, le vent, la mer et la guerre en toile de fond n'est pas plus réjouissante...
Hennig Mankell nous décrit avec beaucoup de précision cette nature sauvage et hostile mais aussi le métier d'hydrographe au début de siècle que j'ai trouvé très intéressant.

Au résultat, un roman très bien construit, efficace mais glaçant !

Un grand Merci à Tiphanie qui m'a offert ce livre lors du Swap Une Vague Bleue organisé par Valérie

Avec ce livre je termine mon Défi Scandinavie blanche et noire, Catégorie Étoile des neiges  
et j'inaugure mon Challenge Objectif PAL Swap


Extrait : (début du livre)
Les jours sans vent, on entendait les cris des fous de l'autre côté du lac.
En automne surtout. C'était la saison des cris.
C'est aussi en automne que commence cette histoire. Dans un brouillard humide, par quelques degrés à peine au-dessus de zéro, une femme entrevoit soudain la liberté. Elle a découvert un trou dans la clôture.
Automne 1937. Cette femme s'appelle Kristina Tacker, elle est enfermée depuis des années dans un grand hôpital psychiatrique aux environ de Säter. Elle n'a plus aucune notion du temps.
Longuement, elle fixe le trou, comme si elle ne saisissait pas : la clôture a toujours été une limite dont elle ne devait pas s'approcher. Une frontière bien arrêtée.
D'où vient cette ouverture ? Cet endroit où la clôture a cédé ? Une main inconnue a ouvert une porte sur ce qui, un instant plus tôt, était encore une zone interdite. Il lui faut une éternité pour comprendre. Puis elle se glisse prudemment par le trou et la voilà de l'autre côté. Immobile, la tête enfoncée dans ses épaules crispées, elle écoute, guettant la main qui viendra l'attraper.
Pendant ces vingt-deux années enfermée à l'asile, jamais elle n'a senti d'êtres humains autour d'elle, rien que des souffles. La respiration est son geôlier invisible.
Les corps de bâtiments massés derrière elle, tapis comme des fauves assoupis, semblent prêts à bondir. Elle attend. Le temps s'est arrêté. Personne ne vient la forcer à rentrer. 
Après avoir longuement hésité, elle ose un premier pas, puis un autre, avant de disparaître parmi les arbres. 
C'est une forêt de résineux où règne une odeur âcre, semblable à celle de chevaux en rut. Elle croit deviner un sentier. Elle se déplace lentement et ne se retourne que lorsqu'elle cesse enfin de sentir la lourde respiration de l'asile. 
Elle est entourée d'arbres. Que le sentier, à présent disparu, ait été imaginaire n'a pas d'importance: de toute façon, elle ne va nulle part. Echafaudage autour d'un espace vide, elle n'existe pas. Derrière, il n'y a jamais rien eu, ni maison, ni personne. 
Elle traverse maintenant la forêt à toute allure, comme si malgré tout elle avait un but. Très souvent aussi elle reste plantée là, complètement immobile, paraissant elle-même se transformer en arbre. 
Dans la forêt, le temps est aboli. Il n'y a que les troncs des arbres, des pins surtout, quelques sapins, et les rayons du soleil qui tombent sans bruit sur le sol humide. 
Elle se met à trembler. Une douleur rampe sous sa peau. D'abord elle croit que c'est cette terrible démangeaison dont elle souffre parfois, et qui contraint les infirmiers à l'attacher pour qu'elle ne se gratte pas jusqu'au sang. Puis elle comprend que c'est autre chose. 
Elle se souvient qu'autrefois elle avait un mari. 
Elle ne sait pas d'où lui vient cette pensée. Mais elle se rappelle très bien, elle a été mariée. Il s'appelait Lars, elle s'en souvient. Il avait une cicatrice au-dessus de l'oeil gauche, et mesurait vingt-trois centimètres de plus qu'elle. C'est tout pour l'instant. Le reste, elle l'a refoulé et relégué dans l'ombre. 
La mémoire lui revient pourtant. Elle jette un regard perdu autour d'elle, parmi les troncs d'arbres. Pourquoi penser ici à son mari? Lui qui détestait les forêts, lui qui était toujours attiré par la mer? Lui qui fut cadet dans la marine, puis hydrographe et capitaine chargé de missions secrètes? 

Le brouillard se dissipe, l'air devient transparent. 

Elle reste sans bouger. Quelque part, dans un battement d'ailes, un oiseau s'enfuit. Puis à nouveau le silence s'installe. 
Mon mari, pense Kristina Tacker. J'avais autrefois un mari, nos vies mêlées formaient un rempart autour de nous. Pourquoi dois-je me souvenir de lui maintenant, alors que j'ai trouvé un trou dans la clôture, que j'ai laissé derrière moi le fauve aux aguets? 
Dans sa tête, parmi les arbres, elle cherche une réponse. 

Il n'y en a pas. Il n'y a rien. 

Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie blanche
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Suède : Henning Mankell

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Suède

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
Viking_Lit

Challenge Objectif PAL Swap
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Commentaires
A
Je n'ai pas encore lu cet auteur mais je le note pour l'an prochain ou l'an 2013 ou 2014
Répondre
L
le seul Mankell que je n'ai pas aimé !
Répondre
T
Je suis contente que ça t'ai plu!
Répondre
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