Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A propos de livres...
29 janvier 2010

Seul contre tous - Jeffrey Archer

Livre lu dans le cadre  07_chronique_de_la_rentree_litteraireen partenariat avec ulike_logo_petit

seul_contre_tous Editions Générales First - février 2009 – 572 pages

Prix du Polar International

Présentation de l'éditeur :

Il suffit parfois de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment pour voir basculer le cours de sa vie... Si Danny Cartwright avait demandé Beth Wilson en mariage un jour plus tôt, ou un jour plus tard, il n'aurait ainsi jamais pu être accusé du
meurtre de son meilleur ami. Mais quand les quatre témoins de l'accusation sont un avocat, un acteur à succès, un aristocrate et le plus jeune associé d'une prestigieuse agence immobilière, qui pourrait bien croire à la version des faits d'un garagiste de l'East End ? AU MAUVAIS ENDROIT, AU MAUVAIS MOMENT. Danny est donc condamné à vingt-deux années d'emprisonnement dans le quartier de Haute sécurité de la prison de Belmarsh, duquel personne ne s'est jamais échappé. Seulement, ses adversaires ont tous sous-estimé le désir de revanche du jeune homme et la farouche détermination de sa fiancée à faire entendre justice

Auteur : Né en Angleterre en 1940, sir Jeffrey Archer fait ses études à l'université d'Oxford avant d'embrasser la carrière politique. En 1969, il est élu à la Chambre des Communes, dont il devient l'un des plus jeunes membres de toute l'Histoire. Il en démissionne en 1974, ruiné et endetté, et décide de faire fortune grâce à sa plume. Pari gagné ! Inspiré de son expérience d'actionnaire floué, son premier livre La Main dans le sac, rencontre un succès immédiat aux États-Unis, et se vend à plusieurs millions d'exemplaires dans le monde. Il sera suivi de bien d'autres best-sellers.

Mon avis : (lu en janvier 2010)

Ce livre n’est pas un thriller mais un roman policier où se mêle suspens et une intrigue qui nous tient en haleine.

Danny Cartwright, fils d’ouvrier, vit dans le East End, un faubourg populaire de Londres, il travaille dans un garage. Il est amoureux de Beth, la fille de son patron, et il vient de la demander en mariage. Ils doivent fêter cela avec son meilleur ami Bernie, le frère de Beth, dans le quartier chic de West End.

Spencer Craig vit dans le West End, après des études à Cambridge, il est devenu avocat et est promis à une belle carrière. Ce même soir, il passe une soirée conviviale avec des amis pour fêter les 30 ans de Gerald Payne avec Larry Davenport et Toby Mortimer

Danny et Spencer n'auraient jamais du se rencontrer. Mais cette soirée va changer leur destin à tous jamais… Spencer va provoquer une bagarre au cours de laquelle il poignardera Bernie mais avec la complicité de ses amis, il fera accuser Danny. Personne ne voudra croire à sa version des faits face aux quatre témoins de l’accusation qui sont un brillant avocat, un acteur à succès, un aristocrate et un talentueux agent immobilier. Danny sera donc condamné à vingt-deux ans de prison. Il se retrouve donc dans le quartier de Haute-Sécurité de la prison de Belmarsh. Mais Danny va se battre pour prouver son innocence.

Ce roman policier est très bien documenté. L’auteur nous décrit parfaitement des scènes de procès, on découvre la vie à l’intérieur d’une prison… Les descriptions de la psychologie des nombreux personnages sont très bonnes, et certains sont vraiment attachants. Un livre vraiment agréable à lire, et que l’on ne veut pas lâcher avant la fin !

Merci aux Éditions Générales First et à Ulike pour ce livre à découvrir sans tarder !

Extrait : (début du livre)
- Oui !
Beth avait essayé de feindre la surprise et le ravissement. Mais elle n'avait pas été très convaincante. Ce mariage, elle l'avait décidé depuis leurs années de collège. Elle fut néanmoins stupéfaite lorsqu'elle vit Danny se mettre à genoux au milieu du restaurant bondé.
- Oui, répéta-t-elle rapidement et un peu gênée. Elle voulait que Danny se lève avant que toute la salle ne s'arrête de dîner pour les observer.
Mais Danny restait à genoux, et, tel un prestidigitateur, il sortit une boîte minuscule qui semblait venue de nulle part. Il l'ouvrit. Elle contenait une bague en or simple, ornée d'un solitaire bien plus gros que ce que Beth avait imaginé - même si son frère lui avait déjà confié que Danny avait dépensé deux mois de salaire pour lui offrir cet anneau.
Quand son fiancé se décida enfin à se relever, elle le vit sortir son portable et composer fébrilement un numéro. Beth savait parfaitement qui serait au bout du fil.
- Elle a dit oui ! annonça-t-il triomphalement. (Beth sourit en regardant le diamant de plus près, à la lumière.) Et si tu venais nous rejoindre ? ajouta-t-il avant que Beth ne puisse l'en empêcher. Super ! Retrouvons-nous dans ce bar à vins sur Fulham Road - celui où on est allé après le match de Chelsea l'an dernier. On se retrouve là-bas, mon vieux.

Beth ne protesta pas ; après tout, Bernie n’était pas seulement son frère, c’était le plus vieil ami de Danny et il lui avait déjà probablement proposé d’être son garçon d’honneur.

Quand Danny demanda l’addition au serveur, le maître d’hôtel s’approcha.

- C’est pour la maison, annonça-t-il en les gratifiant d’un sourire chaleureux.

La nuit allait être pleine de surprises

Livre lu dans le cadre  07_chronique_de_la_rentree_litteraireen partenariat avec ulike_logo_petit

Publicité
Publicité
25 novembre 2009

L'histoire de Chicago May – Nuala O'Faolain

l_histoire_de_chicago_may l_histoire_de_chicago_may_p

Sabine Wespieser éditeur – août 2006 - 443 pages

10x18 - mai 2008 - 392 pages

traduit de l'anglais (Irlande) par Vitalie Lemerre

Présentation de l'éditeur :

Nuala O'Faolain s'empare du destin d'une jeune Irlandaise pauvre qui, en 1890, s'est enfuie de chez elle pour devenir une criminelle célèbre en Amérique sous le nom de "Chicago May". L'amour, le crime et un destin exceptionnel de femme au tournant du XXe siècle : tous les ingrédients du romanesque sont réunis. Tour à tour braqueuse, prostituée, arnaqueuse, voleuse et danseuse de revue musicale, May avait une beauté magnétique qui tournait la tête des hommes. Ses aventures la conduisirent du Nebraska, où elle côtoya les frères Dalton, à Philadelphie, où elle mourut en 1929, en passant par Chicago, New York, Le Caire, Londres et Paris, où elle fut jugée pour le braquage de l'agence American Express. Elle vécut sur un grand pied, fit de la prison, et écrivit même, dans le genre convenu des mémoires de criminels, l'aventure de sa vie. Partant de ce matériau, Nuala O'Faolain mène une enquête trépidante, tentant de saisir les motivations de cette énigmatique cœur d'Irlande, elle aussi exilée aux Etats-Unis. Car cette héroïne romanesque et sentimentale a payé au prix fort l'indépendance qu'elle a conquise contre les normes sociales. Ici l'écrivain nourrit de sa propre expérience une émouvante réflexion sur la quête d'une femme qui a décidé de sortir des sentiers battus, choisissant l'aventure et assumant la solitude.

L'Auteur :
Nuala 0’Faolain est née en Irlande en 1940. Journaliste à Londres, pour la BBC, puis à Dublin, elle a publié tardivement son premier livre, On s'est déjà vu quelque part ? (Sabine Wespieser éditeur, 2002). Le succès de ce récit autobiographique, qui a suscité un véritable phénomène d'identification auprès de toute une génération de femmes, a changé sa vie. Elle la consacre désormais à l'écriture, et partage son temps entre son cottage de l’ouest de l’Irlande et New York. Après Chimères (2003), J'y suis presque (2005), L'Histoire de Chicago May (Prix Femina étranger, 2006), tous parus chez Sabine Wespieser éditeur. Nuala 0’Faolain est décédée le 9 mai 2008 et Best love Rosie a été publié après sa mort.

Mon avis : (lu en novembre 2009)

J'avais découvert Nuala O'Faolain avec son livre Best love Rosie que j'avais bien aimé. J'ai donc été un peu surprise par ce livre qui est essentiellement une biographie, celle de Chicago May une femme vivant au début du XXème siècle. Elle est contrainte de quitter son pays natal l'Irlande et elle émigre aux États-Unis. Seule et sans argent, sa vie n'est pas facile et elle tombe dans la prostitution et le vol. Elle fera de la prison en France puis en Angleterre avant de retourner aux États-Unis. Tout au long du livre, l'auteur n'hésite pas à partager avec le lecteur ses interrogations, ses recherches. Elle accompagne son récit de nombreuses photos, lettres et documents pour confirmer la véracité de l'histoire. On découvre la terrible condition de la femme à cette époque aux États-Unis. L'auteur étant elle-même irlandaise vivant aux États-Unis, on sent l'importance que ces recherches sur Chicago May a eu sur sa propre histoire. J'ai trouvé très intéressant ce livre mais comme j'attendais plutôt un vrai roman qu'une biographie je l'ai trouvé un peu long à lire et j'ai été un peu déçue.

Extrait : (page 115)
Elle s'éveillait dans l'après-midi dans un grand lit où, j'imagine, un vieux manteau de fourrure miteux servait de couverture d'appoint et où les rideaux étaient cloués à la fenêtre et non suspendus. Je suppose qu'elle pouvait entendre de la rue un homme vendant du combustible à la criée, et qu'il lui montait un sac de charbon. Peut-être y avait-il une domestique quelque part qui allumait le feu et posait une casserole de café en équilibre dessus - May devait se blottir dans la chaleur dès l'instant où le feu rougeoyait. Elle lève sa tasse de café d'une main nerveuse, extrait quelque chose à se mettre hors du chaos de ses vêtements, rafraîchit son visage brûlant dans l'eau froide d'une cuvette en fer. Puis elle file vers son banc ou sa chaise attirés dans le saloon quelconque qui était à ce moment-là le quartier général de sa bande.

2 décembre 2009

L'attrape-cœurs - Jerome David Salinger

 

l_attrape_coeur_p l_attrape_coeur_p1

traduction de l'américain par Annie Saumont

Pocket – janvier 1994 – 252 pages

Pocket – mai 2002 – 252 pages

l_attrape_coeur

traduction de l'américain par Sébastien Japrisot

Robert Laffont – septembre 1999 - 258 pages

Présentation :

Nous sommes en 1949 dans une pension de la côte est américaine. Holden Caulfield pourrait être un adolescent américain tout ce qu'il y a de plus ordinaire : une famille qui lui tape sur le système, une scolarité chaotique... des problèmes d'adolescence ordinaires. Expulsé, Holden s'enfuit trois jours avant le début des vacances de Noël. Il prend le train pour New York et, ayant trop peur de la réaction de ses parents, s'installe dans un hôtel. 'L'attrape-cœurs' relate les trois jours durant lesquels ce jeune garçon est livré à lui-même. A chaque pas, à chaque rencontre, ne trouvant toujours pas les réponses à ses questions, ne comprenant pas le monde qui l'entoure, complètement paumé, il se rapproche un peu plus d'une crise qui nous guette finalement tous.

Auteur : Jerome David Salinger est un écrivain américain, né le 1er janvier 1919 à New York. Il commence à se faire connaître en 1948 avec des nouvelles parues dans le New Yorker, mais il est surtout célèbre pour son roman L'Attrape-cœurs (titre original : The Catcher in the Rye). Traitant de l'adolescence et du passage à l'âge adulte, ce roman, devenu un classique du genre, connaît une popularité importante depuis sa publication en 1951. L'un des thèmes majeurs de Salinger est l'étude des esprits agiles et puissants de jeunes hommes perturbés et du pouvoir rédempteur des enfants dans la vie de tels hommes.
Salinger est également connu pour sa vie de reclus. Il n'a pas fait une seule apparition publique, donné une seule entrevue ou publié un seul écrit depuis quarante ans.

Mon avis : (lu en décembre 2009)

Livre lu dans le cadre des challenges « 100 ans de littérature américaine – Yes we can » et  « Les coups de cœurs de la blogosphère », proposition d’Anneso.

Ce livre est un classique de la littérature américaine, il est écrit à la première personne dans un style parlé et parfois familier. Il raconte l’errance de Holden Caulfield, jeune garçon new yorkais de 17 ans, il vient d’être renvoyé de son collège quelques jours avant Noël et décide de ne pas rentrer directement chez lui. Plutôt que d’avouer son renvoi, il préfère errer dans New-York fréquentant des bars glauques et des hôtels miteux. Avec ce livre, l’auteur décrit avec ironie et justesse la société américaine des années 1950 et il nous parle de l'adolescence avec ses révoltes et ses inquiétudes. Holden Caulfield est très touchant dans son malaise d’adolescent qui n’appartient plus au monde de l’enfance et pas encore à celui des adultes. Une très belle lecture.

Extrait : (début du livre)

Si vous avez réellement envie d'entendre cette histoire, la première chose que vous voudrez sans doute savoir c'est où je suis né, ce que fut mon enfance pourrie, et ce que faisaient mes parents et tout avant de m'avoir, enfin toute cette salade à la David Copperfield, mais à vous parler franchement, je ne me sens guère disposé à entrer dans tout ça. En premier lieu, ce genre de truc m'ennuie, et puis mes parents piqueraient une crise de nerfs si je racontais quelque chose de gentiment personnel à leur sujet. Ils sont très susceptibles là-dessus, surtout mon père. Ils sont gentils et tout - je ne dis pas - mais ils sont quand même bougrement susceptibles. D'ailleurs, je ne vais pas vous faire entièrement ma saleté d'autobiographie ni rien. Je vais seulement vous parler de ce truc idiot qui m'est arrivé au dernier Noël, juste avant que je tombe malade et qu'on m'envoie ici pour me retaper.

Lu dans le cadre du challenge coeur_vs3 proposition de AnneSo

challenge_100_ans_article_300x225

Livre lu dans le cadre du Challenge 100 ans de littérature américaine

22 mars 2010

Park Life – Shuichi Yoshida

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (15/26)

park_life park_life_p

Editions Philippe Picquier – septembre 2007 - 95 pages

Picquier poche - janvier 2010 – 128 pages

traduit du japonais par Gérard Siary et Mieko Nakajima-Siary

Présentation de l'éditeur :

Ce petit roman est une bouffée d'air pur dans la vie affairée et raisonnable des citoyens du XXIe siècle que nous sommes. Un air venu du parc de Hibiya à Tôkyô, où l'on pénètre sur les pas d'un jeune employé légèrement excentrique, et soudain " l'exhalaison de terre et d'herbe vous chatouille les narines ". Là, il croise une triathlonienne consommatrice de bains moussants, rencontre un vieil homme qui fait voler un capricieux aérostat rouge, rêve, médite, s'exerce à chambouler la perspective pour voir le monde autrement. Il arrive que s'y nouent des idylles, à peine plus tangibles que le bruissement des pigeons qui s'envolent. Ce récit a le charme des parenthèses qui s'ouvrent parfois dans la vie pour laisser entrer l'enchantement, comme un léger vertige teinté de déraison. La ville n'est pas loin, les buildings cernent l'horizon, mais dans cet espace clos et protégé, se jouent les menues aventures qui donnent son goût unique à l'existence, la petite musique d'un grand parc au cœur d'une immense capitale. Park Lift a été couronné en 2002 du prix Akutagawa, le Goncourt japonais.

Auteur : Né en 1968 à Nagasaki. Après des études de gestion à l'Université Hosei de Tôkyô, Yoshida Shuichi écrit plusieurs romans. En 2002, il a obtenu le Prix Akutagawa pour Park Life, après l'avoir laissé échapper quatre fois.

Mon avis : (lu en mars 2010)

Un livre qui se lit très facilement. L'histoire commence dans le métro lorsqu'un jeune homme (le narrateur) s'adresse par erreur à une inconnue. Il la rencontre un peu plus tard dans le parc Hibiya de Tokyo. Ils vont se revoir au même endroit plusieurs fois pendant leur pause-repas et ils observent les habitués de ce parc qui est une bouffée d'air dans cette ville trépidante. Entre temps, le narrateur nous raconte son quotidien insolite, ainsi que ses souvenirs. C'est frais, exotique mais en lisant la quatrième de couverture, j'attendais plus de ce livre.

Extrait : (page 8)

En empruntant cet escalier un peu sombre, on débouche derrière l'îlot de police du parc. Si, pour y pénétrer, on enjambe la barrière basse à côté des toilettes publiques, on respire un autre air que dans l'enceinte du métro, l'exhalaison de terre et d'herbe vous chatouille les narines. Une fois entré, j'ai marché le plus possible tête baissée. Tout en m'efforçant de ne pas regarder au loin, j'ai avancé dans le sentier qui entoure la mare de Shinji, passé les allées de ginkgos et le petit kiosque à musique, et pénétré dans le square au grand jet d'eau. Les pigeons s'y acharnent à donner des coups de bec dans la nourriture. Veillant à ne pas leur marcher dessus, j'ai traversé le square pour aller m'asseoir confortablement à l'un des bancs autour du jet d'eau. Il ne faut surtout pas relever trop vite la tête. J'ai d'abord desserré ma cravate, siroté une gorgée du café en canette que j'avais acheté dans une boutique du métro. Juste avant de relever la tête, il vaut mieux fermer les yeux, même quelques secondes. Après avoir respiré lentement et profondément, j'ai levé la tête d'un seul trait et écarquillé les yeux. Quand j'écarquille soudain les yeux, le grand jet d'eau, les arbres d'un vert foncé et l'Hôtel Impérial, qui présentent respectivement un paysage proche, à mi-distance et éloigné, font brusquement irruption dans mon champ visuel en chamboulant la perspective. C'est dur pour mes yeux habitués aux étroites voies souterraines. La tête me tourne. Je savoure un léger état de transe.

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (15/26)

2 avril 2010

Sukkwan Island – David Vann

sukkwan_island Éditions Gallmeister – janvier 2010 – 220 pages

traduit de l'américain par Laura Derajinski

Quatrième de couverture :

Une île sauvage du Sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu’il connaît si mal. La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu’au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.

Sukkwan Island est une histoire au suspense insoutenable. Avec ce roman qui nous entraîne au cœur des ténèbres de l’âme humaine, David Vann s’installe d’emblée parmi les jeunes auteurs américains de tout premier plan.

Auteur : David Vann est né sur l'île Adak, en Alaska. Après avoir parcouru plus de 40 000 milles sur les océans, il travaille actuellement à la construction d’un catamaran avec lequel il s'apprête à effectuer un tour du monde à la voile en solitaire. Auteur de plusieurs livres, il vit en Californie où il enseigne également à l'Université de San Francisco. Sukkwan Island est son premier roman traduit en français. Site de l'auteur

Mon avis : (lu en avril 2010)

Après avoir lu beaucoup de bons billets sur ce livre, j'étais très curieuse de pouvoir le découvrir.

Ce livre est un huis clos en pleine nature, dans une petite île inhabitée en Alaska. Pour renouer avec son père, Roy un adolescent de 13 ans qui accepte d'aller vivre un an dans une cabane avec son père sur cette île. Cela commence comme un retour à la nature, un aventure de Robinson mais assez vite les conditions de vie s'avèrent plus difficiles que prévu et surtout le père ne semble pas à la hauteur de son projet. Roy se rend vite compte que son père est bizarre : il l'entend pleurer et gémir chaque nuit et il voit bien qu'il est incapable de gérer les difficultés. Au bout d'un mois et divers péripéties, Roy demande à arrêter l'aventure. Mais après une discussion avec son père et pour ne pas le décevoir, la mort dans l'âme, il accepte de continuer. Et là, alors qu'on s'y attend pas, tout bascule...

Le livre se lit très facilement, l'histoire est prenante, bouleversante et ne laisse pas le lecteur indifférent. A découvrir !

Extrait : (début du livre)

ON AVAIT UNE MORRIS MINI, avec ta maman. C’était une voiture minuscule comme un wagonnet de montagnes russes et un des essuie-glaces était bousillé, alors je passais tout le temps mon bras par la fenêtre pour l’actionner. Ta maman était folle des champs de moutarde à l’époque, elle voulait toujours qu’on y passe quand il faisait beau, autour de Davis. Il y avait plus de champs alors, moins de gens. C’était le cas partout dans le monde. Ainsi commence ton éducation à domicile. Le monde était à l’origine un vaste champ et la Terre était plate. Les animaux de toutes espèces arpentaient cette prairie et n’avaient pas de noms, les grandes créatures mangeaient les petites et personne n’y voyait rien à redire. Puis l’homme est arrivé, il avançait courbé aux confins du monde, poilu, imbécile et faible, et il s’est multiplié, il est devenu si envahissant, si tordu et meurtrier à force d’attendre que la Terre s’est mise à se déformer. Ses extrémités se sont recourbées lentement, hommes, femmes et enfants luttaient pour rester sur la planète, s’agrippant à la fourrure du voisin et escaladant le dos des autres jusqu’à ce que l’humain se retrouve nu, frigorifié et assassin, suspendu aux limites du monde.

Son père fit une pause et Roy demanda : Et après ?

Au fil du temps, les extrémités ont fini par se toucher. Elles se sont recroquevillées pour se rejoindre et former le globe, et sous le poids de ce phénomène la rotation s’est déclenchée, hommes et bêtes ont cessé de tomber. Puis l’homme a observé l’homme, et comme il était devenu si laid avec sa peau nue et ses bébés pareils à des cloportes, il s’est répandu sur la surface de la Terre, massacrant et revêtant les peaux des bêtes les plus correctes.

Ha, lança Roy. Mais ensuite ?

La suite devient trop compliquée à raconter. Quelque part, il y a eu un mélange de culpabilité, de divorce, d’argent, d’impôts, et tout est parti en vrille.

Tu crois que tout est parti en vrille quand tu t’es marié avec Maman ?

Son père le dévisagea d’un œil qui prouva à Roy qu’il était allé trop loin. Non, c’est parti en vrille un peu avant, je crois. Mais difficile de dire quand.

Ils ne connaissaient pas cet endroit ni son mode de vie, ils se connaissaient mal l’un l’autre. Roy avait treize ans cet été là, l’été suivant son année de cinquième à Santa Rosa, en Californie, où il avait vécu chez sa mère, avait pris des cours de trombone et de foot, était allé au cinéma et à l’école en centre-ville. Son père avait été dentiste à Fairbanks. Ils s’installaient à présent dans une petite cabane en cèdre au toit pentu en forme de A. Elle était blottie dans un fjord, une minuscule baie du Sud-Est de l’Alaska au large du détroit de Tlevak, au nord-ouest du parc national de South Prince of Wales et à environ quatre-vingts kilomètres de Ketchikan. Le seul accès se faisait par la mer, en hydravion ou en bateau. Il n’y avait aucun voisin. Une montagne de six cents mètres se dressait juste derrière eux en un immense tertre relié par des cols de basse altitude à d’autres sommets jusqu’à l’embouchure de la baie et au-delà. L’île où ils s’installaient, Sukkwan Island, s’étirait sur plusieurs kilomètres derrière eux, mais c’étaient des kilomètres d’épaisse forêt vierge, sans route ni sentier, où fougères, sapins, épicéas, cèdres, champignons, fleurs des champs, mousse et bois pourrissant abritaient quantité d’ours, d’élans, de cerfs, de mouflons de Dall, de chèvres de montagne et de gloutons. Un endroit semblable à Ketchikan, où Roy avait vécu jusqu’à l’âge de cinq ans, mais en plus sauvage et en plus effrayant maintenant qu’il n’y était plus habitué.

Tandis qu’ils survolaient les lieux, Roy observait le reflet de l’avion jaune qui se détachait sur celui, plus grand, des montagnes vert sombre et du ciel bleu. Il vit la cime des arbres se rapprocher de chaque côté de l’appareil, et quand ils amer - rirent des gerbes d’eau giclèrent de toute part. Le père de Roy sortit la tête par la fenêtre latérale, sourire aux lèvres, impatient. L’espace d’un instant, Roy eut la sensation de débarquer sur une terre féerique, un endroit irréel.

Ils se mirent à l’ouvrage. Ils avaient emporté autant de matériel que l’avion pouvait en contenir. Debout sur un des flotteurs, son père gonfla le Zodiac avec la pompe à pied pendant que Roy aidait le pilote à décharger le moteur Johnson six chevaux au-dessus de la poupe où il patienta, suspendu dans le vide, jusqu’à ce que l’embarcation fût prête. Ils l’y fixèrent, chargèrent le bateau de bidons d’essence et de jerrycans qui composèrent le premier voyage. Son père le fit en solitaire tandis que Roy, anxieux, attendait dans la carlingue avec le pilote qui ne cessait pas de parler.

Pas très loin de Haines, c’est là que j’ai essayé.

J’y suis jamais allé, fit Roy.

Eh ben, comme je te disais, tu y trouves des saumons et des ours, et tout un tas de trucs qu’une grande majorité d’humains n’aura jamais, mais c’est tout ce que tu y trouves, et ça inclut une vraie solitude sans personne autour.

Roy ne répondit rien.

C’est bizarre, c’est tout. Les gens emmènent rarement leurs gosses avec eux. Et la plupart emportent de la nourriture.

De la nourriture, ils en avaient apporté, du moins pour les deux premières semaines, ainsi que les denrées indispensables : farine et haricots, sel et sucre, sucre brun pour fumer le gibier. Des fruits en conserve. Mais ils comptaient vivre de chasse et de pêche. C’était leur plan. Ils mangeraient du saumon frais, des truites Dolly Varden, des palourdes, des crabes et tout ce qu’ils parviendraient à abattre – cerfs, ours, mouflons, chèvres, élans. Ils avaient embarqué deux carabines, un fusil et un pistolet.

Tout ira bien, dit le pilote.

Ouais, fit Roy.

Publicité
Publicité
8 mars 2010

La Ferme des Neshov – Anne Birkefeld Ragde

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (14/26)

la_ferme_des_Neshov Balland – janvier 2010 – 379 pages

traduit du norvégien par Jean Renaud

Présentation de l'éditeur :

« À la ferme, de toute façon, tout ce qui était beau était mis de côté pour des jours qui ne viendraient jamais. »

Trois frères que tout sépare se retrouvent dans la ferme familiale à la mort de leur mère. Tous sont confrontés à un moment de leur vie où ils doivent faire un choix important. Tor, l’aîné, doit se décider : poursuivre son élevage de porcs ou laisser sa fille reprendre la ferme et quitter alors sa vie d’assistante vétérinaire à Oslo. Que va devenir la ferme des Neshov ? Arriveront-ils à surmonter leur différence pour recréer des liens familiaux mis à rude épreuve depuis si longtemps ? Anne B. Ragde met en scène les destins entrecroisés des membres de la famile Neshov et signe une saga d’une grande finesse psychologique où le chagrin et la douleur se mêlent à l’humour, la chaleur et l’amour.

Saluée par la critique et les lecteurs, la saga d’Anne B. Ragde est le phénomène incontournable de la scène littéraire norvégienne. Traduit dans plus de 15 langues, La Ferme des Neshov a obtenu le Prix des Libraires et des Lecteurs. Après le succès de La Terre des mensonges, Anne B. Ragde poursuit avec La Ferme des Neshov une formidable saga norvégienne.

Auteur : Anne B. Ragde, née en 1957, a fait ses débuts en littérature en 1986 avec le livre pour la jeunesse Hallo! Her er jo! Depuis, elle a écrit plusieurs livres pour la jeunesse, dont une biographie de Sigrid Undset pour laquelle elle a reçu le Prix Brage. Son premier roman pour adulte En tiger for en engel a été publié en 1990. D’autres romans ont suivis, tout comme des polars et des recueils de nouvelles. La Terre des mensonges (dont le titre original est Berlinerpoplene), paru en 2004 a été traduit dans plus de vingt langues et a obtenu le obtenu les prix littéraires Riksmål et Booksellers' prize. La Ferme des Neshov a reçu le Prix des libraires et prix des lecteurs en Norvège.

 

Mon avis : (lu en mars 2010)

J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir la suite de La Terre des mensonges. J'ai retrouvé les membres de la famille Neshov : les trois frères Tor l’éleveur de porcs, Margido le croque-mort et Erlend, décorateur à Copenhague et Krumme son compagnon, Torunn, la fille de Tor, aide-vétérinaire à Oslo. Ils s'étaient retrouvés lors de la mort de leur mère, ils avaient faits connaissance, un secret de famille avait été dévoilée. Après ses quelques jours ensemble, chacun va retourner à sa vie quotidienne. Les liens familiaux ont été secoués et quelle sera l'avenir de la ferme des Neshov ? Le livre se lit aussi facilement que le premier, les personnages évoluent, le lecteur les suit de Trondheim à Copenhague en passant par Oslo. Le livre se conclu avec un épisode dramatique alors j'attends avec impatience la sortie du prochain et dernier livre de cette trilogie.

Extrait : (page 21)

Un heure plus tard, la petite voiture de location était pleine à craquer. C'était une Golf, Krumme l'avait louée à l'aéroport de Vaernes et ils allaient la rendre au même endroit. Torunn rentra en trombe dans le petit salon voir le grand-père, après avoir enfilé manteau et bottines. Elle voulait donner l'impression qu'ils étaient pressés maintenant. Elle avait longtemps retardé le moment de dire au revoir, fait comme si c'était une simple tasse de café qu'ils avaient bue, en dépit des allées et venues fébriles d'Erlend entre le premier étage et la voiture dans la cour, pour descendre toutes sortes de choses qu'il voulait emporter à la dernière minute.

Le grand-père était assis devant une tasse sans soucoupe, des miettes sur la table et sur les genoux – elle lui avait donné une part de gâteau fourré aux amandes. Il portait son dentier, en haut comme en bas, la télé était éteinte, elle jeta un rapide coup d'œil aux plantes vertes sur le rebord de la fenêtre, celles qu'Erlend avait achetées, et fut intimement persuadée qu'elles seraient crevées d'ici quinze jours. Ou bien complètement desséchées, ou bien trop arrosées. Elle était également persuadée qu'il ne se raserait pas avant longtemps. Ni ne changerait de caleçon. Comment vont-ils se débrouiller ? se demanda-t-elle. Et moi qui m'en vais. Mais elle pensa aussitôt qu'Erlend aussi s'en allait, et il était quand même plus proche d'eux, pour autant qu'on puisse établir une telle hiérarchie. Erlend était le frère cadet, elle était la fille : qui des deux devait avoir davantage mauvaise conscience ? Mais Margido habitait de l'autre côté de la colline, à lui maintenant de venir en aide à sa famille à Neshov ! Il y serait obligé, en tant que frère. La question était de savoir comment il pourrait s'y prendre et si Tor le laisserait faire, alors qu'il s'était tenu à l'écart de la ferme pendant sept ans.

- C'est le départ ? Demanda le grand-père.

- Oui.

Elle se pencha et appuya sa joue contre la sienne. Ça piquait. Il sentait le vieillard, les vieux habit, le renfermé, le gâteau aux amandes et le café. Elle l'embrassait pour la première fois, il parvint à lever le bras assez haut pour lui toucher la joue.

- Au revoir, murmura-t-elle.

Qu'aurait-elle pu lui dire d'autres ? Rien qu'elle puisse promettre.

- Porte-toi bien !

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (14/26)

21 avril 2010

Le Prince des Marées – Pat Conroy

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (17/26)

Lu dans le cadre du challenge_100_ans_article_300x225

le_prince_des_mar_es_ le_prince_des_mar_es_p

Belfond – juin 2002 – 588 pages

Pocket – juin 2004 – 1069 pages

traduit de l'américain par Françoise Cartano

conroy_prince Presse de la Renaissance - 1988

conroy_prince_1988_france_loisir France Loisir - 1988

le_prince_des_mar_es_j_ai_lu1_x le_prince_des_mar_es_j_ai_lu2_x J’ai lu – 1989 – 470 pages + 472 pages

le_prince_des_mar_es_1 Presse de la Renaissance - Mars 1998

le_prince_des_mar_es_j_ai_lu1 le_prince_des_mar_es_j_ai_lu2 J’ai lu – janvier 1999 – 469 pages

Quatrième de couverture

Il y avait le père, Henry Wingo, pêcheur de crevettes, violent buté. La mère, Lila, belle, ambitieuse, monstrueuse. Et les disputes, les cris, les coups... Luke, le fils aîné, Tom et Savannah, les jumeaux, auraient peut-être pu, malgré tout, sortir indemnes de leur enfance saccagée. Car ils avaient l'île Melrose, les marais, le parfum d'eau salée de la Caroline du Sud, l'or de ses lunes et de ses soleils... Peut-être auraient-ils échappé aux stigmates du passé, s'il n'y avait eu ce moment d'horreur absolue, un soir, dans la petite maison blanche. Et si leur mère ne leur avait pas imposé le silence, les condamnant ainsi à revivre le drame, jour après jour, nuit après nuit. Dans une Amérique actuelle et méconnue, au cœur du Sud profond, un roman bouleversant qui mêle humour et tragédie.

Auteur : Né à Atlanta en 1945, Pat Conroy publie son premier roman en 1972, mais c'est Le grand Santini (1989) qui le fait vraiment connaître du public. Il rencontre un succès international avec Le Prince des Marées, qui sera adapté au cinéma en 1991 par Barbara Streisand. Il publiera ensuite Beach music et Saison noire.

Mon avis : (lu en avril 2010)

J'avais entendu beaucoup de bien sur ce livre et j'avais très envie de le lire, j'ai profité du début des vacances pour m'y plonger... Et j'ai eu du mal à ne pas le lâcher...

Pour sauver sa sœur jumelle qui est dans un hôpital psychiatrique à la suite d'un suicide, et aider sa psychiatre à mieux comprendre Savannah Tom va lui raconter l'histoire de son enfance et de sa famille en dévoilant peu à peu les secrets qu'il avait enfoui au fond de sa mémoire. La famille Wingo vit en Caroline du Sud, sur l'île de Melrose. Le père est violent, la mère belle et ambitieuse ne supporte pas d'être l'épouse d'un simple pêcheur de crevettes. Les trois enfants Luke, Tom et Savannah sont solidaires et s'adorent pour supporter la vie que leurs imposent leurs parents. Tom nous raconte cette enfance dramatique avec un humour grinçant pour marquer un certain détachement avec ce qu'il a vécu.

Ce fut une lecture captivante, émouvante et magnifique ! Il y a de superbes descriptions du Sud profond des États-Unis, une histoire sombre, bouleversante qui tient le lecteur en haleine et des personnages hauts en couleur.

le_prince_des_marees_the_prince_of_the_tides_1991_reference

Ce livre a également été adapté au cinéma dans un film américain réalisé en 1991 par Barbra Streisand , avec Barbra Streisand, Nick Nolte, Blythe Danner.

Extrait : (page 106 - Edition Presses de la Renaissance 1988)

Le samedi avant son départ pour la Corée, mon père nous emmena en voiture et nous quittâmes Atlanta avant l'aube; après avoir garé la voiture, il nous entraîna sur le chemin pédestre qui montait au sommet de Stone Mountain d'où nous regardâmes le soleil se lever dans le ciel de l'est. C'était la première montagne que nous eussions jamais vue, à plus forte raison gravie. Debout sur la crête de granité, avec la lumière qui nous arrivait de Géorgie, nous avions l'impression d'avoir le monde entier couché à nos pieds. Loin, très loin, nous voyions le modeste horizon d'Atlanta se dessiner dans le soleil. Sur le flanc de la montagne, les effigies à demi achevées de Robert E. Lee, Jefferson Davis et Stonewall Jackson étaient sculptées dans le roc, et ces cavaliers sans corps caracolaient dans le granité en une chevauchée intemporelle.

Ma mère avait préparé un pique-nique et elle étala une nappe blanche au sommet du plus grand morceau de granité visible au monde. C'était un jour clair et sans vent, et la nappe adhéra comme un timbre-poste au rocher. Nous, les enfants, nous chahutions gentiment avec notre père sur cette montagne que nous avions pour nous seuls. Ce fut au sommet de Stone Mountain que j'eus un premier aperçu de la véritable nature du caractère de mon père et de la façon dont mon enfance en serait affectée. Ce jour-là, j'eus la révélation soudaine et aiguë des dangers courus par notre famille.

– Pourquoi est-ce que tu dois retourner faire des guerres, papa ? demanda Savannah à mon père qui était couché à plat dos, la tête contre la pierre et le regard perdu dans le ciel bleu.

Les veines de ses avant-bras semblaient courir sur ses muscles comme les rouleaux de corde sur le pont d'un bateau.

– Ça, j'aimerais bien le savoir, mon ange, dit-il en la soulevant dans les airs.

Avec un regard panoramique sur les environs, Luke dit :

– Je veux retourner à Colleton. Y a pas de crevettes ici.

– Je ne serai parti qu'un an. Ensuite, on retournera à Colleton.

Ma mère sortit un festin de sandwiches au jambon, d'œufs à la diable, et de salade de pommes de terre, mais elle eut la surprise de voir une colonie de fourmis avancer en rangs serrés vers la nourriture.

– Mes bébés vont me manquer, dit mon père en la regardant. Je t'écrirai toutes les semaines et je mettrai des millions de baisers dans chacune de mes lettres. Mais pas pour vous, les garçons, vous n'en avez rien à faire des baisers, vous, n'est-ce pas ?

– Non, papa, répondîmes-nous simultanément, Luke et moi.

– Vous les garçons, je vous élève pour que vous soyez des durs. Exactement! Je ne veux pas que mes fils deviennent des jolis cœurs, dit-il en nous flanquant une taloche sans douceur derrière le crâne. Dites-moi que vous ne vous laisserez pas transformer en jolis cœurs par votre mère, pendant mon absence. Elle est trop tendre avec vous. Ne la laissez pas vous mettre des fanfreluches pour aller prendre le thé avec elle. Je veux que vous me promettiez une chose. Que pas un jour ne passera sans que vous ayez flanqué une raclée à un gars d'Atlanta, un chacun. Je n'ai pas envie de trouver des gars de la ville qui se donnent des grands airs quand je reviendrai de Corée. D'accord ? N'oubliez pas, vous êtes des gars de la campagne, et les gars de la campagne, c'est toujours des durs.

– Non, dit ma mère avec une fermeté tranquille. Mes fils ne seront pas des brutes. Ils seront les garçons les plus adorables qu'on ait jamais vus. Si tu veux un dur, Henry, tu en as un là. Ma mère désigna Savannah.

– Ouais, papa, applaudit Savannah. Moi, je suis un vrai dur. Je bats Tom quand je veux. Et j'arrive presque à battre Luke quand il se sert d'une seule main.

– Non, tu es une fille, toi. Les filles, ça doit être mignon. Je ne veux pas que tu te battes. Je veux que tu sois tout sucre tout miel, l'amour chéri de ton papa.

– Je n'ai pas envie d'être tout sucre tout miel, dit Savannah.

– Toi, dis-je. Tu en es loin.

Savannah, plus rapide et plus forte que moi, m'expédia un grand coup de poing dans l'estomac. Je me mis à pleurer et courus me réfugier dans les bras de ma mère qui m'ouvrit son aile protectrice.

– Savannah, tu cesses d'embêter Tom. Tu es toujours après lui, gronda ma mère.

– Tu as vu ? dit Savannah en se tournant pour défier mon père. Je suis une dure, je sais me battre.

– Tom, tu me fais honte, fils, dit mon père dont le regard passa au-dessus de Savannah, sans la voir, pour ne s'intéresser qu'à moi. Pleurer parce qu'une petite fille te tape. Quel scandale! Un garçon ne pleure pas. Jamais. Sous aucun prétexte.

– Il est sensible, Henry, dit ma mère en me caressant les cheveux doucement.

– Comme ça, il est sensible, ironisa mon père. Dans ce cas, je ne voudrais pas dire quoi que ce soit qui risque de choquer cette âme sensible. Mais tu ne verrais jamais Luke pleurer comme un bébé pour une raison pareille. J'ai corrigé Luke au ceinturon sans le voir verser une larme. Lui, c'est un homme depuis le jour de sa naissance. Tom, arrive ici et bats-toi avec ta sœur. Donne-lui une bonne leçon.

– Il n'a pas intérêt ou je recommence, dit Savannah, mais j'entendais au son de sa voix qu'elle regrettait bien ce qu'elle avait déclenché.

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (17/26)

Lu dans le cadre du challenge_100_ans_article_300x225

3 avril 2010

Le Monde de Barney – Mordecai Richler

Livre lu dans le cadre du partenariat Blog-o-Book - Livre de Poche

le_monde_de_barney  le_monde_de_Barney_p


Albin Michel – janvier 2000 – 558 pages

LGF – janvier 2001 – 603 pages

traduit de l'anglais (Canada) par Bernard Cohen

Quatrième de couverture :

Drôle de vie que celle de Barney !
Barney Panofsky, juif canadien, expatrié dans les années cinquante à Paris, où il a côtoyé la bohème artistique. De retour au pays, il devient importateur de fromages français, puis producteur de télévision.
De ses trois épouses, la première, nymphomane, se suicidera. Il abandonnera la deuxième le jour même de leur mariage. Quant à la troisième, elle le quittera au bout de trente-six ans.
Accusé du meurtre d'un de ses copains, Barney finira solitaire et poivrot, laissant cette autobiographie.
Drôle d'histoire ? Oui. Ecrite d'une plume virtuose, avec un humour et un souffle ahurissants. Et l'un des plus grands romans du Canada anglophone d'aujourd'hui.

Auteur : Mordecai Richler (27 janvier 1931 – 3 juillet 2001) était un auteur et un scénariste canadien. Né et élevé dans le Mile End (rue Saint-Urbain) à Montréal, au Québec, il fréquenta l’Université Sir George Williams (qui fait maintenant partie de l’Université Concordia). Dans les premières années de sa vie, il vécut et écrivit en Angleterre mais revint au Canada en 1972.

Mon avis : (lu en mars 2010)

Cette lecture fut laborieuse. N’étais-je peut-être pas dans de bonnes dispositions pour découvrir ce livre ?

J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce livre. J'ai mis deux jours à lire les 140 premières pages et devant ces difficultés, j'ai préféré faire une pause avant de le reprendre.

Barney Panofsky a été mis en cause injustement dans une autobiographie écrite par son ennemi Terry McIver, écrivain reconnu. Il décide donc de lui répondre en écrivant ses propres mémoires pour donner sa version en trois chapitres. Chacun d'entre eux évoque ses trois femmes : Clara : une artiste qu'il a rencontré à Paris, Mrs Panofsky II et Miriam, la femme de sa vie et la mère de ses trois enfants. Il a vécu à Paris de façon un peu bohème, il est retourné au Canada où il a été importateur de fromages puis producteur de télévision. Aujourd'hui, il a 70 ans, il boit et fume trop, il commence également à avoir des problèmes de mémoires.

Il y a beaucoup de personnages, les histoires et anecdotes se succèdent sans que le lecteur ne les mettent en relations les unes aux autres. L'auteur passe brutalement du présent au passé et du passé au présent. Et l’auteur le dit lui-même page 373, « Les digressions, ou plutôt ce que je préfère considérer comme les "propos de table de Barney Panofsky", abondent. », ce qui embrouille encore plus l'esprit de son lecteur. En avançant dans le livre, on comprend un peu mieux la chronologie des faits, mais j’avoue avoir vraiment eu du mal à être intéressée par cette histoire.

Merci à Blog-O-Book et Livre de Poche de m’avoir donné l’occasion de lire ce livre.

Livre lu dans le cadre du partenariat logo_bob_partenariat - logo


4 mars 2010

Zola Jackson – Gilles Leroy

zola_jackson Mercure de France – janvier 2010 – 139 pages

Présentation de l'éditeur :

Août 2005, delta du Mississippi : l'ouragan Katrina s'abat sur La Nouvelle-Orléans. Les digues cèdent sur le lac Pontchartrain et les quartiers modestes sont engloutis. La catastrophe touche de plein fouet la communauté noire. Tandis que ses voisins attendent des secours qui mettront des jours à arriver, l'institutrice Zola Jackson s'organise chez elle pour sa survie. L'eau continue de monter, inexorablement. Du ciel, les hélicoptères des télévisions filment la mort en direct. Réfugiée dans le grenier avec sa chienne Lady, Zola n'a peut-être pas dit son dernier mot. Sous la plume de Gilles Leroy, Zola Jackson, femme de trempe et mère émouvante, rejoint le cercle des grandes héroïnes romanesques.

Auteur : Né en 1958, après un parcours classique de littérature qui l'amène sur les bancs d'hypokhâgne et khâgne au lycée Lakanal, Gilles Leroy passe une DEUG de lettres et arts en 1977, suivi d'une licence puis d'une maîtrise de lettres modernes en 1979. Il achève son cursus universitaire par un mémoire sur le poète Henri Michaux. Il exerce ensuite divers métiers, avant de devenir journaliste de presse écrite et audiovisuelle durant quelques années. En 1996, il quitte Paris pour vivre à la campagne, dans le Perche, où il se consacre à l'écriture. Il profite de son temps libre pour voyager, étudier seul les littératures américaine et japonaise et s'adonner à tout ce qui le passionne. Gilles Leroy publie son premier roman, 'Habibi', en 1987. Ce dernier sera suivi par une dizaine d'autres, dont 'L' Amant russe' en 2002, 'Grandir' en 2004, 'Champsecret' en 2005 ou encore 'Alabama Song' en 2007. Gilles Leroy a su imposer à travers quelques ouvrages sa plume légère et sensible.

Mon avis : (lu en mars 2010)

La veille de la tempête Xynthia, je terminais le livre Une catastrophe naturelle – Margriet de Moor, qui raconte une histoire construite autour d'une terrible tempête fin janvier 1953 qui avait fait céder de nombreuses digues et rayé de la carte le Sud-Ouest des Pays-Bas...

Ce livre Zola Jackson est dans ma PAL depuis quelque temps et il est lui aussi malheureusement d'une grande actualité puisqu'il évoque l'ouragan Katrina qui s'est abattue sur la Nouvelle-Orléans en août 2005 et faisant céder des digues, le Mississippi inondera les quartiers les plus pauvres.

Zola Jackson est une femme noire, institutrice à la retraite, elle vit seule avec sa chienne Lady. Elle habite le quartier de Gentilly, un des plus populaires de la Nouvelle-Orléans. A l'annonce de la tempête Katrina, elle organise sa survie chez elle, ce n'est pas la première tempête qu'elle affronte, Betsy en 1965, Ivan en 2004. Elle est toute seule dans sa vie, son fils, Caryl est mort depuis dix ans alors où fuir ? Par flash-backs, elle évoque également sa vie passée.

A travers ce récit entre présent et passé, le lecteur assiste heure par heure à l'horreur de la tragédie et découvre une femme, un mère courageuse et émouvante. Zola Jackson va subir les vents de l'ouragan, puis les pluies diluviennes, ensuite la montée des eaux avec les digues cédant les une après les autres et Zola obligée de se réfugier jusque sous le toit de sa maison, elle va devoir supporter la canicule de l'après tempête. Elle refusera de quitter sa maison sans Lady...

Gilles Leroy dénonce également l'incompétence des autorités : peu de sauveteurs sont envoyés sur place, ils mettront trop de temps à arriver. «Mais non, l'armée ne viendra pas. L'armée est retenue loin, très loin de nous, dans les déserts d'Orient. Quelle ironie.»

Beaucoup de moyens ont été mis en œuvre par les médias pour faire du sensationnel avec la catastrophe plutôt que pour aider au secours des victimes. « Dans le ciel, ils sont arrivés par dizaines et ils ont tourné, de midi à minuit, des hélicoptères venus non pas nous sauver mais plutôt assister à notre fin : il faut croire que n'importe quelle chaîne de télévision, fût-elle à l'autre bout du pays, était assez organisée et riche pour voler jusqu'à nous et réussir là où le gouvernement de la première puissance au monde échouait. »

On assiste à une mise en scène de sauvetage par un acteur célèbre... «L'acteur a franchi le perron de la maison Grant, pour en ressortir quelques instants plus tard une fillette dans les bras. (…) Sur leurs scooters, les cadreurs se rapprochaient, les photographes aussi, au ralenti et en sourdine jusqu'à former un demi-cercle : j'attendais les alligators et, ma foi, ils étaient là. Tout le monde doit manger. Ceux-là ne mangent que la chair riche et célèbre.»

Un livre très fort, une écriture juste et pour moi beaucoup d'émotions.

Extrait : (page 27)
Quand j'ai rouvert les yeux, c'était déjà le soir. Du ciel livide, tout soleil effacé. La lumière avait cette matité lugubre que l'on connaît bien chez nous et j'ai compris que ça n'allait pas trop.
J' avais la langue pâteuse de trop de bière, de bourbon et de somnifères, les joues humides, les yeux chassieux. Comme si j'avais pleuré dans mon sommeil.
Sur l'oreiller voisin, la chienne roulée en boule gémit et frissonne, les yeux révulsés sous la paupière gauche ourlée de noir. Elle aussi doit faire un rêve. Un rêve mauvais, un rêve cruel, comme celui qui pendant quelques minutes ou quelques heures a fait revivre Caryl sous mes paupières noyées - et il faut en passer par ce temps suspendu, cette hésitation sur l'heure et le jour, la mémoire et l'espoir, cet insidieux et lent retour du réel, qui en moins d'une seconde fera chavirer le jour nouveau en nouvel enfer, fera succéder aux larmes de joie un torrent de douleur.
Car il est mort. Caryl est mort. Il sourit sur la table de chevet, mais en fait il est mort.

Extrait : (page 73)
Les hélicoptères des garde-côtes ont fait un tour d'observation. Ils jetaient çà et là des bouées, des gilets à ceux qui leur tendaient les bras depuis la rue, l'eau jusqu'aux épaules. Ils ont même repêché Samuel, le vieux chanteur obèse. Samuel aussi a un chien, un corniaud blanc et noir, malin comme tout, qui l'accompagnait par les rues, portait dans sa gueule le vieux chapeau où les touristes charmés tant par la bête frétillante que par la belle voix de Sam glissaient des pièces, des billets d'un dollar pour les plus généreux. Comme il était trop volumineux pour tenir dans une nacelle, ils lui ont jeté un harnais orange et hop ! Le gros Sam soulevé des deux bras s'est envolé dans le ciel bleu sans un chant pour le Seigneur. Qu'est devenu le chien de Sam ?
A la santé de Sam, j'ai pris le bourbon dans le chevet et je lui ai fait un sort. (...)
Qu' est devenu le corniaud blanc et noir ? Qu'est devenu le chien de Samuel ? Il deviendra fou, le gros Sam, sans son partenaire pour faire la manche. Car c'est un duo qu'ils forment, un numéro d'amour, et il n'est pas certain que la belle voix veloutée du chanteur (étonnante voix flûtée, gracile, presque chevrotante, hébergée par ce corps outré tel un rossignol dans le ventre d'un éléphant), pas sûr qu'elle fût vraiment ce que préféraient les touristes dans le spectacle.

En complément, le site de l'auteur.

17 avril 2010

Le K – Dino Buzatti

Lu dans le cadre du challenge Caprice challenge_caprice

le_K le_K_p3

le_K_p1 le_K_p

Robert Laffont – mars 2002 – 355 pages

Pocket – 1994 – 441 pages

Livre de Poche – janvier 2003 – 258 pages

Pocket – janvier 2004 – 441 pages

traduit de l'italien par Jacqueline Remillet

Présentation de l'éditeur :

Lorsque le vieux Stefano rencontre enfin le K, le squale qui doit le dévorer, il découvre que le monstre l'a poursuivi sur toutes les mers du monde, non pour l'avaler mais pour lui remettre la perle merveilleuse « qui donne à celui qui la possède fortune, puissance, amour et paix de l'âme ». Devenu, avec Le désert des Tartares, un classique du XXe siècle, ce récit ouvre un recueil de 50 contes fantastiques où l'on retrouve tous les thèmes poignants et familiers de Dino Buzzati : la fuite des jours, la fatalité de notre condition de mortels, l'angoisse du néant, l'échec de toute vie, le mystère de la souffrance et du mal. Autant d'histoires merveilleuses, tristes ou inquiétantes pour traduire la réalité vécue de ce qui est par nature incommunicable.

Auteur : Né à San Pellegrino en 1906, écrivain de renommée mondiale, Dino Buzzati s'est d'abord fait connaître du public italien en tant que journaliste au Corriere della Sera, le plus grand quotidien du pays. Son goût pour le bizarre et le merveilleux transparaît déjà dans ses reportages. Il s'inspire de son lieu de travail pour imaginer certains décors de son premier roman, 'Le Désert des Tartares' (1940). L'originalité de ses œuvres tient sans doute à l'univers si particulier qu'il parvient à créer. Sous la plume de Dino Buzzati, la moindre banalité prend un caractère étrange. Alors que le quotidien est rattrapé par le fantastique, l'homme réalise la fragilité du monde qui l'entoure (' Le Rêve de l'escalier', 1973). S'il est plus célèbre pour ses romans, le talent de Dino Buzzati ne se limite pourtant pas à ce genre littéraire. Il a également écrit des poésies, des scénarios, des textes pour le théâtre ainsi que des livrets d'opéra. Il est décédé à Milan le 28 janvier 1972.

 

Mon avis : (lu en avril 2010)

Lorsque j'ai été défiée par La grande Stef pour lire « Le K » de Dino Buzatti. J'avoue ne pas avoir été très enthousiaste... Je classais ce livre dans la catégorie « Fantastique » et c'est un genre de livres auquel je n'accroche pas vraiment. Après, j'ai appris par un de mes fils qu'il s'agissait de Nouvelles et je me suis dit que cela se lirait sans doute plus facilement ! Je me suis donc décidé début avril d'emprunter ce livre à la Bibliothèque et après l'avoir laissé attendre un peu dans ma PAL, je me suis lancée ! Le première nouvelle m'a beaucoup plu, la seconde aussi et ainsi de suite je me suis plongée dans le livre et je l'ai lu sans peine, malgré mon appréhension. Le livre regroupe 51 nouvelles courtes, mêlant fantastique et réalisme, elles sont variées, parfois graves, parfois ironiques ou humoristiques et souvent percutantes.

J'en ai aimé certaines, d'autres moins et certaines m'ont laissé sceptique. Mais globalement, j'ai été contente de cette lecture que je n'aurai certainement jamais faite sans ce Challenge, je remercie donc La grande Stef pour cette belle découverte.

Quelques unes de mes préférées : Le K, La création, L'œuf, L'humilité...

Lu dans le cadre du challenge Caprice challenge_caprice

3 mai 2010

Sans laisser d'adresse – Harlan Coben

sans_laisser_d_adresse Belfond – mars 2010 – 347 pages

traduit de l'américain par Roxane Azimi

Quatrième de couverture :
De Paris à New York en passant par Londres et la Nouvelle-Angleterre, entre services secrets, réseaux terroristes et scientifiques corrompus, une machination infernale orchestrée par un Harlan Coben au sommet de son art.
Ancien sportif reconverti dans les relations publiques, Myron tombe des nues quand il reçoit l'appel de Terese, dont il est sans nouvelles depuis sept ans. " Rejoins-moi. Fais vite... ".
À peine arrivé à Paris, le cauchemar commence...
Qui en veut à la vie de Terese ? Quels secrets lui a-t-elle cachés ? Pourquoi le Mossad, Interpol et la CIA les traquent-ils sans relâche ?
Enlèvements, meurtres, menace islamiste, manipulations génétiques, complots internationaux... Un suspense au coeur d'une actualité brûlante, par le maître de vos nuits blanches.

 

Auteur : Né en 1962, Harlan Coben vit dans le New Jersey avec sa femme et leurs quatre enfants.
Diplômé en sciences politiques du Amherst College, il a travaillé dans l’industrie du voyage avant de se consacrer à l’écriture.
Depuis ses débuts en 1995, la critique n’a cessé de l’acclamer. Il est notamment le premier auteur à avoir reçu le Edgar Award, le Shamus Award et le Anthony Award, les trois prix majeurs de la littérature à suspense aux États-Unis.
Traduits dans une quarantaine de langues, ses romans occupent les têtes de listes de best-sellers dans le monde entier.
Le premier de ses romans traduit en France, Ne le dis à personne (Belfond, 2002) – prix du polar des lectrices de Elle en 2003 – a obtenu d’emblée un énorme succès auprès du public et de la critique. Succès confirmé avec : Disparu à jamais (2003), Une chance de trop (2004), Juste un regard (2005), Innocent (2006), Promets-moi (2007), Dans les bois (2008) et Sans un mot (2009).

Mon avis : (lu en mai 2010)
Un livre qui se lit facilement et rapidement comme un Harlan Coben qui se respecte ! Ce n’est pas le meilleur mais je l’ai lu avec plaisir et détente. Myron Bolitar reçoit un appel de Terese, une femme qu’il n’avait pas revue depuis huit ans. Celle-ci lui demande simplement au téléphone : "Viens vite à Paris", son ton est semble-t-il inquiet. Myron va se laisser convaincre et partir pour Paris, dès l’arrivée à l’aéroport les ennuis commencent… De l’action, du suspens, beaucoup de rebondissements et finalement on se laisse prendre par l’intrigue, on découvre un peu plus de la personnalité de Myron et le lecteur est plongé dans une histoire de famille, de terrorisme…

En situant une partie de l’histoire à Paris, Harlan Coben fait quelques petits clin d'œil à l'adaptation cinématographique de Ne le dis à personne par Guillaume Canet, comme par exemple le Commissaire de police français qui se nomme Berléand.

Extrait : (début du livre)

- Tu ne connais pas son secret, m’a dit Win.
- Pourquoi, je devrais ?
Win a haussé les épaules.
- C’est grave ? ai-je demandé.
- Très.
- Alors j’aime mieux ne pas savoir.

Deux jours avant que je ne découvre le secret qu’elle gardait enfoui en elle depuis dix ans – un secret a priori personnel qui allait non seulement nous démolir tous les deux, mais changer à jamais la face du monde -, Terese Collins m’avait téléphoné à cinq heures du matin, me propulsant d’un rêve quasi érotique dans un autre. Pour me déclarer de but en blanc :
- Viens à Paris.

Ça faisait sept ans que je n’avais pas entendu le son de sa voix, il y avait de la friture sur la ligne, et elle n’avait pas perdu de temps en préliminaires.
- Terese ? avais-je répondu en émergeant. Où es-tu ?
- Dans un charmant hôtel de la rive gauche. Tu vas adorer. Il y a un vol Air France ce soir, à dix-neuf heures.
Je m’étais assis. Terese Collins. Les images affluaient : son bikini assassin, l’île privée, la plage baignée de soleil, son regard envoûtant, son bikini assassin.
Le bikini mérite d’être cité deux fois.
- Je ne peux pas, avais-je dit.
- Paris.
- Je sais.

Il y a presque dix ans, nous nous étions réfugiés sur une île comme deux âmes perdues. Je pensais ne plus jamais la revoir, mais je me trompais. Quelques années plus tard, elle m’avait aidé à sauver la vie de mon fils. Après quoi, pfuitt, elle s’était volatilisée… jusqu’à ce jour.

30 juillet 2010

Le quai de Ouistreham - Florence Aubenas

le_quai_ouistreham Éditions de l’Olivier – février 2010 – 269 pages

Quatrième de couverture :
«La crise. On ne parlait que de ça, mais sans savoir réellement qu'en dire, ni comment en prendre la mesure. Tout donnait l'impression d'un monde en train de s'écrouler. Et pourtant, autour de nous, les choses semblaient toujours à leur place. J'ai décidé de partir dans une ville française où je n'ai aucune attache, pour chercher anonymement du travail. J'ai loué une chambre meublée. Je ne suis revenue chez moi que deux fois, en coup de vent : j'avais trop à faire là-bas. J'ai conservé mon identité, mon nom, mes papiers, et je me suis inscrite au chômage avec un baccalauréat pour seul bagage. Je suis devenue blonde. Je n'ai plus quitté mes lunettes. Je n'ai touché aucune allocation. Il était convenu que je m'arrêterais le jour où ma recherche aboutirait, c'est-à-dire celui où je décrocherais un CDI. Ce livre raconte ma quête, qui a duré presque six mois, de février à juillet 2009. J'ai gardé ma chambre meublée. J'y suis retournée cet hiver écrire ce livre.», Florence Aubenas.

Auteur : Née en 1961, Florence Aubenas a fait la plus grande partie de sa carrière de journaliste à Libération, avant de devenir grand reporter au Nouvel Observateur. Depuis juillet 2009, elle est présidente de l'Observatoire international des prisons.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
Pour rendre compte de la crise, Florence Aubenas a voulu vivre de l'intérieur, l'expérience d'un travailleur précaire de février à juillet 2009. Elle s'est installée anonymement à Caen, elle a gardé son identité, elle s'est créée un CV avec un baccalauréat, obligée de trouver du travail après une séparation avec un homme qui subvenait à ses besoins depuis vingt-ans. Et l'aventure commence, Pôle Emploi qui lui propose de devenir femme de ménage, entretien avec les conseillers, formation, chasse aux heures de ménages chez différents employeurs (en général des sociétés de nettoyage).

Elle rencontre une foule de personnages qui accumulent aussi des petits boulots dans le secteur des sociétés de nettoyage, quelques heures à droite et à gauche de tâches peu qualifiées, épuisantes, sous payées. On découvre le monde du chômage et de Pôle Emploi avec ses entretiens obligatoires mais souvent inutiles. Il est admirable de constater l'acharnement que ces gens ont à travailler dans des conditions aussi difficiles pour maintenir l'estime de soi et un lien social. Florence Aubenas a arrêté son expérience le jour où on lui a offert un CDI de 2h30 par jour, ne voulant pas bloquer un travail réel. Cette expérience est très forte et intéressante, le livre se lit comme un roman.

Extrait : (page 71)
Tout le monde m'avait mise en garde. Si tu tombes sur une petite annonce pour un boulot sur le ferry-boat à Ouistreham, fais attention. N'y va pas. Ne réponds pas. N'y pense même pas. Oublie-la. Parmi ceux que j'ai rencontrés, personne n'a travaillé là-bas, mais tous en disent la même chose : cette place-là est pire que tout, pire que dans les boîtes de bâtiment turques qui te payent encore plus mal qu'en Turquie et parfois même jamais ; pire que les ostréiculteurs, qui te font attendre des heures entre les marées avant d'aller secouer les poches en mer par n'importe quel temps ; pire que dans le maraîchage, qui te casse le dos pour des endives ou des carottes ; pire que les grottes souterraines de Fleury, ces anciennes carrières de pierre, puis abris antiaériens pendant la guerre, devenues aujourd'hui des champignonnières, qui te laissent en morceaux au bout d'un après-midi de travail. Pour les pommes, on en bave aussi, mais la saison commence plus tard. Ces boulots-là, c'est le bagne et la galère réunis. Mais tous valent mieux que le ferry de Ouistreham.
[…] (page 85)
C'est le tout petit matin. La veille, pour être sûre de ne pas arriver en retard, j'ai fait deux fois le trajet avec le Tracteur, ma nouvelle voiture. Le rendez-vous est à 5h30, au port d'embarquement du ferry-boat, pour la matinée de formation. A la sortie de Caen, quelques camions naviguent doucement sur la voie rapide entre les ronds-points et les radars, comme en apesanteur ; d'autres sont encore garés en troupeaux à l'entrée des villes où ils ont passé la nuit.
[…]
Nous sommes cinq nouveaux embauchés ce jour-là, à l'embarcadère. Arriver jusqu'au ferry est un nouveau périple. Il faut pénétrer dans la zone sous douane en montrant un badge avec une photo, fourni par la société. Parfois, des vigiles sortent de la guérite et s'accroupissent pour ausculter les essieux ou les habitacles, en parlant de trafics et de clandestins.
Nous nous postons devant un bâtiment composé d'une petite salle nue flanquée de deux toilettes. Nous attendons l'autocar de la compagnie qui nous conduira jusqu'au ferry. La distance entre les deux ne doit pas excéder sept cents mètres, mais il interdit de les effectuer à pied. Entre l'attente, le trajet en car, l'attente à nouveau avant de grimper à bord, il faut compter une bonne demi-heure supplémentaire.

21 juin 2010

C'est l'été !

van_gogh
Van Gogh - Les blés jaunes

Nuits de juin

L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte,
On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.

Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.

Victor Hugo, Les rayons et les ombres

3 octobre 2010

Innocent - Harlan Coben

Lu dans le cadre du Baby Challenge Polar 2011
baby_challenge_polar
Baby Challenge - Polar Livraddict : 6/20 déjà lus

innocent innocent_p

Pocket – mars 2007 – 517 pages

Belfond – mars 2006 – 389 pages

traduit de l'américain par Roxane Azimi

Quatrième de couverture :
Un ami en danger
Une bagarre qui dégénère
Un accident
À vingt ans, Matt Hunter est devenu un assassin.
Treize ans plus tard, il mène enfin une vie paisible avec la femme qu’il aime, Olivia, enceinte de leur premier enfant.
Et puis, un jour, sur son portable, une vidéo d’Olivia dans une chambre d’hôtel en compagnie d’un inconnu.
Le cauchemar recommence.
Meurtres, disparitions, faux-semblants… un suspense explosif par le maître de nos nuits blanches.

Auteur : Harlan Coben est né et a grandi dans le New Jersey, où il vit avec sa femme et leurs quatre enfants. Après Ne le dis à personne... (2002), Disparu à jamais (2003), Une chance de trop (2004) et Juste un regard (2005), Innocent est son cinquième roman publié chez Belfond.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
Matt est un jeune homme dont la vie bascule à 20 ans, lors d'une bagarre il tue accidentellement un jeune homme. Il va être obligé de faire quatre ans de prison à sa sortie son grand frère va l'aider à s'en sortir. Il se marie avec Olivia et fonde une famille. Mais lorsque 11 ans après, il reçoit sur son portable une photo lui montrant sa femme en compagnie d'une homme dans une chambre d'hôtel. Matt ne veut pas croire que sa femme le trompe.
En parallèle, Loren Muse, enquêtrice de la brigade criminelle, est devant le cadavre d'une bonne sœur, qui a des implants mammaires. Sœur Mary Rose était professeur dans le lycée de jeunes filles Ste Margaret, là même où Loren a été élève. Bien sûr il y a un lien entre ses deux histoires... Comme d'habitude Halan Coben construit une intrigue pleine de surprises et de rebondissements. Ses personnages sont attachants et à travers cette histoire, Halan Coben dénonce des injustices et des souffrances : il est question de pauvreté, de prostitution, d'adoption et d'adolescence. C'est un bon thriller que j'ai beaucoup de plaisir à lire.

Extrait : (début du livre)
Prologue
VOUS N’AVEZ JAMAIS EU L’INTENTION DE LE TUER.
Votre nom est Matt Hunter. Vous avez vingt ans. Vous avez grandi dans une banlieue résidentielle du New Jersey, non loin de Manhattan. Votre quartier ne paie pas de mine, mais la ville elle-même est relativement riche. Vos parents travaillent dur et vous aiment inconditionnellement. Vous êtes leur deuxième enfant. Vous avez un grand frère que vous idolâtrez et une petite soeur que vous supportez.
Comme tous les gosses du voisinage, vous vous faites du souci pour votre avenir et vous interrogez sur l’université qui va vous accepter. Vous vous appliquez, vos notes sont bonnes, mais pas extraordinaires. Vous avez une moyenne de A –. Vous n’êtes pas dans les dix premiers, mais de peu. Vous avez d’honnêtes activités parascolaires ; entre autres, vous exercez la fonction de trésorier du lycée. Vous faites partie à la fois de l’équipe de foot et de celle de basket – vous êtes assez fort pour jouer en troisième division, mais pas suffisamment pour décrocher une bourse. Vous avez légèrement tendance à la ramener et vous ne manquez pas de charme. En termes de popularité, vous vous classez juste après le peloton de tête. Quand vous vous présentez aux tests de sélection qui vont décider de votre cursus universitaire, votre conseiller d’orientation est surpris par vos bons résultats.
Vous visez l’Ivy League, mais à vrai dire vous ne faites pas le poids. Harvard et Yale vous refusent tout net. Penn et Columbia vous placent sur liste d’attente. Pour finir, vous entrez à Bowdoin, un petit établissement select de Brunswick, dans le Maine. Vous vous y sentez bien.
Les classes sont petites. Vous vous faites des amis. Vous n’avez pas de copine attitrée, sans doute
parce que vous n’en voulez pas. En deuxième année, vous intégrez l’équipe de foot en tant qu’arrière. En troisième, vous commencez le basket, et maintenant que leur joueur vedette a terminé ses études, vous avez de grandes chances de gagner de précieuses minutes de temps de jeu.
C’est là, en revenant sur le campus entre le premier et le deuxième semestre de cette troisième année de fac, que vous tuez quelqu’un.

11 octobre 2010

La Mécanique du Cœur – Mathias Malzieu

Lu durant le Read-A-Thon RAT_logo

Lu dans le cadre du Challenge : coeur_vs3 proposition de Lael

la_m_canique_du_coeur la_m_canique_du_coeur_p

Flammarion – octobre 2007 – 177 pages

J'ai lu – mars 2009 – 155 pages

Quatrième de couverture :
Édimbourg, 1874 : le jour le plus froid du monde. Lorsque Jack naît, son cœur gelé se brise immédiatement. La sage-femme le remplace par une horloge et le sauve. Depuis lors, il doit prendre soin d'en remonter chaque matin le mécanisme. Mais gare aux passions ! Le regard de braise d'une petite chanteuse andalouse va mettre le cœur de Jack à rude épreuve...

Auteur : Auteur, compositeur et interprète, Mathias Malzieu est le chanteur survolté de l'un des meilleurs groupes de rock français : Dionysos. Il est également l'auteur d'un recueil de nouvelles et d'un bouleversant premier roman, Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
C'est un conte pour les grands qui nous emmène dans un monde fantastique, un monde de rêves et de poésie. Il raconte l'histoire de Jack qui a à la place du cœur, une horloge. Il doit en prendre soin et remonter ses mécanismes chaque jour et éviter les émotions fortes. Mais un jour il rencontrera Miss Acacia, petite chanteuse andalouse, qui va lui mettre son cœur à rude épreuve.

C'est pas le genre de lecture que j'ai l'habitude de faire mais j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce livre après avoir découvert le CD audio La Mécanique du cœur de Dionysos.

la_m_canique_du_coeur_CD

Extrait : (début du livre)

Il neige sur Édimbourg en ce 16 avril 1874. Un froid de canard paranormal cadenasse la ville. Les vieux spéculent, il pourrait s'agir du jour le plus froid du monde. A croire que le soleil a disparu pour toujours. Le vent est coupant, les flocons plus légers que l'air. BLANC ! BLANC ! BLANC ! Explosion sourde. On ne voit plus que ça. Les maisons font penser à des locomotives à vapeur, la fumée grisâtre qu'exhalent leurs cheminées fait pétiller un ciel d'acier.

Édimbourg et ses rues escarpées se métamorphosent. Les fontaines se changent une à une en bouquets de glace. L'ancienne rivière, habituellement si sérieuse dans son rôle de rivière, s'est déguisée en lac de sucre glace qui s'étend jusqu'à la mer. Le fracas du ressac sonne comme des vitres brisées. Le givre fait des merveilles en pailletant le corps des chats. Les arbres ressemblent à de grosses fées en chemise de nuit blanche qui étirent leurs branches, bâillent à la lune et regardent les calèches déraper sur une patinoire de pavés. Le froid est tel que les oiseaux gèlent en plein vol avant de s'écraser au sol. Le bruit qu'ils font dans leur chute est incroyablement doux pour un bruit de mort.

C'est le jour le plus froid du monde. C'est aujourd'hui que je m'apprête à naître.

Lu dans le cadre du challenge coeur_vs3 proposition de Lael 

13 octobre 2010

Il a jamais tué personne, mon papa - Jean-Louis Fournier

Lu durant le Read-A-Thon RAT_logo

il_a_jamais_tu__personne_mon_papa_stock il_a_jamais_tu__personne_mon_papa

Stock – janvier 1999 – 152 pages

Livre de Poche – décembre 1999 – 150 pages

Quatrième de couverture :
Il était docteur, le papa de Jean-Louis Fournier.
Un drôle de docteur qui s'habillait comme un clochard, faisant ses visites en pantoufles et bien souvent ne demandait pas d'argent. Ses patients lui offraient un verre. Il n'était pas méchant, seulement un peu fou quand il avait trop bu ; il disait alors qu'il allait tuer sa femme. Un jour il est mort : il avait quarante-trois ans. Longtemps après, son fils se souvient. A petites touches, en instantané, il trace le portrait de ce personnage étonnant, tragique et drôle à la fois.
Il a appris, en devenant grand, l'indulgence. Et qu'il ne faut pas trop en vouloir à ceux qui, plus fragiles, choisissent de " mauvais " moyes pour supporter l'insupportable. Il en résulte un livre drôle et poignant qui a bouleversé des dizaines de milliers de lecteurs.

Auteur : Jean-Louis Fournier est un écrivain, humoriste et réalisateur de télévision né à Arras le 19 décembre 1938. Il est le créateur, entre autres, de La Noiraude et d'Antivol, l'oiseau qui avait le vertige. Par ailleurs, il fut le complice de Pierre Desproges en réalisant les épisodes de La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède, ainsi que les captations de ses spectacles au Théâtre Grévin (1984) et au Théâtre Fontaine (1986). C'est également à lui que l'on doit l'intitulé de la dépêche AFP annonçant le décès de l'humoriste: "Pierre Desproges est mort d'un cancer. Etonnant non ?". Il adore Ionesco.
Jean-Louis Fournier est l'auteur de nombreux succès depuis 1992 (Grammaire française et impertinente), Il a jamais tué personne mon papa (1999), Les mots des riches, les mots des pauvres (2004), Mon dernier cheveu noir (2006). Autant de livres où il a pu s entraîner à exercer son humour noir et tendre. Où on va, papa est peut-être son livre le plus désespérément drôle.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
C'est un beau livre, très court et poignant, qui parle de l'alcoolisme et de ses conséquences sur un ton léger, plein de poésie et de tendresse.
C'est à la manière d'un petit garçon, Jean-Louis Fournier nous parle de son père.
" Mon papa était docteur. Il soignait les gens, des gens pas riches, qui souvent ne le payaient pas, mais ils offraient un verre en échange, parce que mon papa, il aimait bien boire un coup, plusieurs coups même, et le soir, quand il rentrait, il était bien fatigué. Quelquefois, il disait qu'il allait tuer maman, et puis moi aussi, parce que j'étais l'aîné et pas son préféré. Il était pas méchant, seulement un peu fou quand il avait beaucoup bu. Il a jamais tué personne, mon papa, il se vantait. "
A travers de nombreuses anecdotes, Jean Louis Fournier rend un bel hommage à l'humanité de son père malgré tout.
"Un jour, il est rentré avec sa traction dans un troupeau. Il a abimé quelques moutons mais il a pas écrasé le berger, il s'est arrêté juste devant."
"Un jour, le patron d'un des cafés où papa avait ses habitudes, il a fait des gros travaux dans son bistrot. Il a acheté un nouveau comptoir. Tout le monde a dit que c'était le docteur Fournier qui avait subventionné les travaux. Je ne savait pas ce que ça voulait dire, "subventionner", j'ai regardé dans le dictionnaire, ça veut dire « aider financièrement ».  Pourquoi maman, elle a pas ouvert un bistrot?"

Déjà lu du même auteur :

ou_on_va_papa_p Où on va papa ? le_cv_de_Dieu Le CV de Dieu

l_arithm_tique_impertinente L'arithmétique appliquée et impertinente

la_grammaire_impertinente La grammaire française et impertinente

16 octobre 2010

Green River – Tim Willocks

l_odeur_de_la_haine green_river

Pocket – octobre 1997 – 416 pages

Sonatine – avril 2010 – 410 pages

traduit de l'anglais par Pierre Grandjouan

Quatrième de couverture :
Green River, un pénitencier de sécurité maximale au Texas. Un univers sans pitié où le silence n'existe pas, l'obscurité non plus. Un véritable enfer, entre tensions raciales et violences quotidiennes, dans lequel vivent cinq cents âmes perdues. C'est ici que Ray Klein, ancien médecin, purge sa peine. Alors que sa libération approche, une émeute éclate dans la prison. Au milieu du chaos et de l'anarchie, Ray, qui est tombé amoureux de Juliette Devlin, psychiatre judiciaire, va tout mettre en œuvre pour sauver la jeune femme séquestrée avec ses patients dans l'infirmerie. Avec ce huis clos impitoyable peuplé de figures effrayantes, depuis John Campbell Hobbes, directeur de prison psychorigide, jusqu'à Henry Abbott, meurtrier schizophrène, Tim Willocks nous offre un portrait terrifiant de la vie carcérale. Il nous donne surtout un thriller prodigieux, au rythme haletant et au suspens oppressant.

Auteur : Tim Willocks est né en 1957. Grand maître d'arts martiaux, il est aussi chirurgien, psychiatre, producteur et écrivain. Scénariste, il a travaillé avec Steven Spielberg et Michael Mann. Green River, déjà publié en France en 1995 chez Plon, sous le titre L'Odeur de la haine, est son premier roman. Il en a depuis publié cinq autres, parmi lesquels La Religion (Sonatine, 2009). Il vit en Irlande.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
Ce livre nous plonge dans l'univers carcéral des États-Unis. Green River est un pénitencier au Texas. Une prison où les rivalités entre communautés Noirs, Latinos et Blancs sont présentes.
Dans cette prison, Ray Klein, ancien chirurgien, travaille à l'infirmerie et purge sa peine. Il vient d'apprendre qu'il sera libéré le lendemain lorsque qu'une émeute éclate dans la prison.
Ray Klein veut attendre tranquillement au fond de sa cellule que tout se calme mais les évènements en ont choisi autrement car certains émeutiers veulent attaquer l'infirmerie pour tuer les « Pédés » (c'est à dire les malades atteints du sida)...
C'est un roman très noir, violent, rien n'est épargné au lecteur. Avec l'émeute, Green River est devenu pire que l'enfer : le feu, les égouts, des viols, des explosions, de la fumée, des flingues, des hommes terrifiants. Mais heureusement dans ce chaos et cet enfer il y a un peu d’espoir. Il reste un peu d'humanité pour certains et malgré les rivalités raciales il y a des amitiés qui se créent.
Un thriller passionnant, une plongée dans l'enfer des prisons. Pour public averti...

Un grand Merci à Delphine du Blog Mes petites idées grâce à qui j'ai gagné ce livre cet été.

18 novembre 2010

La Ballade de Lila K - Blandine Le Callet

la_ballade_de_lila_K Stock – septembre 2010 – 400 pages

Quatrième de couverture : La ballade de Lila K, c’est d’abord une voix : celle d’une jeune femme sensible et caustique, fragile et volontaire, qui raconte son histoire depuis le jour où des hommes en noir l’ont brutalement arrachée à sa mère, et conduite dans un Centre, mi-pensionnat mi-prison, où on l’a prise en charge.
Surdouée, asociale, polytraumatisée, Lila a tout oublié de sa vie antérieure. Elle n’a qu’une obsession : retrouver sa mère, et sa mémoire perdue.
Commence alors pour elle un chaotique apprentissage, au sein d’un univers étrangement décalé, où la sécurité semble désormais totalement assurée, mais où les livres n’ont plus droit de cité.
Au cours d’une enquête qui la mènera en marge de la légalité, Lila découvrira peu à peu son passé, et apprendra enfin ce qu’est devenue sa mère. Sa trajectoire croisera celle de nombreux personnages, parmi lesquels un maître érudit et provocateur, un éducateur aussi conventionnel que dévoué, une violoncelliste neurasthénique en mal d’enfant, une concierge vipérine, un jeune homme défiguré, un mystérieux bibliophile, un chat multicolore... Roman d’initiation où le suspense se mêle à une troublante histoire d’amour, La ballade de Lila K est aussi un livre qui s’interroge sur les évolutions et possibles dérives de notre société.

Auteur : Blandine Le Callet est née en 1969. Elle est maître de conférences à l’université Paris-XII et poursuit des recherches en philosophie ancienne et littérature latine sur les monstres dans la Rome antique (elle a publié un essai, Rome et ses monstres, paru en 2005 aux éditions J. Millon). Elle habite en région parisienne.
Son premier roman, Une pièce montée, a remporté un grand succès auprès de la critique et du public en 2006. Il a reçu le Prix des lecteurs du Livre de poche en 2007.

Mon avis : (lu en novembre 2010)
J'ai depuis plus d'un an, le livre Une pièce montée de Blandine Le Callet dans ma PAL perso et lorsque j'ai vu son nouveau livre à la bibliothèque, j'ai eu envie de l'emprunter. A la dernière émission de La Grande Librairie de France 5, Blandine Le Callet était invitée et lorsqu'elle nous a parlé de La Ballade de Lila K, j'étais surprise et un peu inquiète lorsque le terme roman anticipation a été employé... Mais ce livre ne doit pas être classé en science-fiction, il évoque un monde futur par rapport au nôtre, mais finalement assez proche du monde d'aujourd'hui.
Lila a été enlevée à sa mère assez violemment lorsqu'elle avait trois ans, elle est ensuite élevée dans le Centre, un monde normalisé, aseptisé et sécurisé, jusqu'à ses 18 ans.
Lila n'a qu'une idée en tête, connaître son passé, retrouver sa mère dont elle a très peu de souvenirs.
Lila est très attachante et l'on suit sa quête initiatique avec beaucoup de d'émotions. Elle fera de nombreuses rencontres importantes pour son avenir.
L'écriture et le style fluide rende la lecture de ce livre très facile. Un très beau roman fascinant et poignant.

Extrait : (début du livre)
Le Centre
Quand je suis arrivée dans le Centre, je n'étais ni bien grande, ni bien grosse, ni en très bon état. Ils ont tout de suite cherché à me faire manger. Me faire manger, c'était leur obsession, mais c'était trop infect. Chaque fois qu'ils essayaient, je détournais la tête en serrant les mâchoires. Lorsqu'ils parvenaient malgré tout à me glisser une cuillerée dans la bouche, je la recrachais aussitôt. Plusieurs fois j'ai vomi, de la bile et du sang. C'est écrit dans le rapport.
Finalement, ils m'ont attachée sur mon lit, puis ils m'ont enfoncé une sonde dans le nez, et m'ont nourrie par là. On ne peut pas dire que c'était confortable, mais enfin, c'était mieux qu'avaler leurs immondices.
Je ne supportais pas le moindre contact. C'est écrit en page treize : Hurle dès qu'on la touche. Juste après : Sédation. Sédation, ça veut dire injections d'anxiolytiques, sangles, et musique douce pour enrober le tout d'un peu d'humanité.
Voilà comment ils sont parvenus à me faire tenir tranquille et à me trimbaler de service en service afin d'effectuer leurs batteries d'examens : ils m'ont palpée, auscultée, mesurée, pliée dans tous les sens. Ils m'ont planté des aiguilles dans le corps, ont branché sur moi des machines. Ils m'ont photographiée, aussi. Je pleurais sous les flashes. Alors ils m'ont donné des lunettes noires qui tenaient avec des élastiques, et je n'ai plus rien dit.
Ils m'ont opérée des mains peu après. Mes doigts ont été séparés sans problème. Je n'ai pas de séquelles, seulement des cicatrices, très fines et nacrées, que je prends soin de cacher en serrant bien les poings, pour éviter les questions indiscrètes.
Ils me gardaient la plupart du temps dans une pièce close maintenue dans la pénombre. Je flottais dans une sorte de torpeur, sans conscience du temps qui passe, et c'était aussi bien.
Dès que j'émergeais du brouillard, j'appelais ma mère. Je ne savais rien dire d'autre, ama, ama, ama, des heures durant, dans l'espoir que cette mélopée, poursuivie sans relâche, finirait par me la ramener.
Un monsieur est venu : Il faut que tu arrêtes d'appeler ta maman. Ta maman est partie. Est-ce que tu comprends ? J'ai fait oui de la tête. Tu es en sécurité ici. Tout ira bien, tu verras. Seulement, il faut que tu arrêtes d'appeler ta maman. Il parlait doucement, mais il y avait ses yeux, très froids, une sourde menace sous la douceur des mots.
J'ai senti qu'il valait mieux ne pas les contrarier. Ils risquaient de faire du mal à ma mère si je n'obéissais pas. Alors, j'ai obéi : j'ai cessé de l'appeler, pas de penser à elle. Il me fallait bien ça pour supporter les bruits.
Il en venait de partout, à l'assaut de ma chambre. Des chuchotements derrière la porte, et les gémissements des enfants enfermés dans les chambres voisines, comme des cafards sur mon visage, des mouches grignotant mes tympans. Même en remuant la tête, très fort de gauche à droite, je n'arrivais pas à m'en débarrasser. Ils s'accrochaient à moi, ils me mangeaient le crâne, sans jamais s'arrêter.
J'aurais voulu me plaquer les mains sur les oreilles et me réfugier sous le lit, roulée en boule bien compacte. Cela m'aurait peut-être aidée à retrouver ce silence dense, tissé de bruits feutrés, qui me protégeait autrefois, quand j'étais allongée dans mon cocon obscur. Mais j'étais attachée, et bien trop épuisée pour faire autre chose que miauler faiblement comme un chaton perdu.
Tous les après-midi, on me détachait du lit, et l'on me déposait dans un fauteuil roulant, que l'on poussait ensuite jusqu'à une grande cour, pour me faire prendre l'air. C'était terrible, à cause de la lumière qui me brûlait les yeux malgré mes lunettes noires, mais surtout à cause des hélicoptères. Ils patrouillaient en permanence au-dessus de la ville, à l'époque, vous vous souvenez sûrement. C'était quelques années après les événements ; le plan de sécurité était encore maintenu à son niveau extrême.
La première fois, j'ai paniqué. Ama, ama, ama. Ils m'ont rapatriée fissa à l'intérieur : Tu te souviens de ce qu'on t'a dit ? Tu ne dois plus appeler ta maman. Tu ne dois plus l'appeler ! Je sentais à leur voix qu'ils n'étaient pas contents. J'ai pensé au monsieur qui était venu me parler, aux menaces qu'il y avait dans ses yeux. Je me suis ratatinée dans mon fauteuil. Ama. J'avais peur pour elle, et c'était encore pire que les hélicoptères.
A partir de là, je me suis tenue à carreau. Dès que j'entendais au loin le bourdonnement sourd des gros frelons trapus, et leurs lourdes pales hachant l'air, je me bouchais les oreilles, et je me mordais la lèvre tout en fermant les yeux. Calme-toi, ce n'est rien. Ils nous protègent, tu sais. Ils vont bientôt partir. Je ne les écoutais pas. En secret, je priais ma mère, la seule à pouvoir étouffer le vacarme des monstres qui s'abattaient sur moi.
Ma mémoire s'est brouillée, peu à peu - sans doute à cause de tous les calmants qu'on me faisait avaler. Ils me chiffonnaient l'esprit, insidieusement, effaçaient mon passé. Je me souvenais bien du moment où les hommes en noir nous avaient séparées - ça oui, je m'en souvenais -, mais au-delà, tout devenait confus. Un fatras d'impressions sans aucune cohérence. Au milieu, émergeait une vision précise, une seule - allez savoir pourquoi -, celle d'un square, avec un tourniquet chargé d'enfants.
Je suis au milieu d'eux, bousculée par les grands. Je ris pourtant ; je m'amuse, emportée par le manège dont chaque tour me ramène l'image de ma mère, assise sur un banc avec d'autres femmes. Les autres femmes sont laides, la peau dévorée d'allergies, le sourire tout mangé de chicots. A côté d'elles, ma mère ressemble à une reine, un ange miraculeusement préservé de cette corruption.
Pour ne pas l'oublier, je convoquais sans arrêt cette scène, le square, le tourniquet et le visage intact de ma mère. Mais cela n'a pas suffi : les calmants n'ont cessé de ronger ma mémoire ; mon ange s'est envolé chaque jour un peu plus haut.
Tous les matins, quelqu'un venait me caresser, tantôt un homme, tantôt une femme. Durant plusieurs minutes, leurs doigts effleuraient le dessus de ma main, avant de glisser lentement vers ma paume sur laquelle ils se refermaient, sans serrer. Je me crispais dans mes sangles - c'était si dégoûtant. Mais je n'essayais pas de me débattre. Inutile de protester : j'étais à leur merci.
Après la main, ils sont passés aux bras, aux épaules et au cou. Puis aux pieds, aux chevilles, aux mollets, aux cuisses. Des caresses, des massages, tantôt doux, tantôt vigoureux, qui me mettaient au bord de l'évanouissement.

Livre 26/28 pour le Challenge du 4% littéraire 1pourcent2010

21 novembre 2010

La couleur des sentiments – Kathryn Stockett

coup_coeur_voh1

la_couleur_des_sentiments

Jacqueline Chambon Editions - septembre 2010 – 525 pages

traduction de l'anglais (États-Unis) par Pierre Girard

Quatrième de couverture :
Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu'on n'a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée. Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s'acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot. Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante. Passionnant, drôle, émouvant, La Couleur des sentiments a conquis l'Amérique avec ses personnages inoubliables. Vendu à plus de deux millions d'exemplaires, ce premier roman, véritable phénomène culturel outre-Atlantique, est un pur bonheur de lecture.

Auteur : Kathryn Stockett a grandi à Jackson. Elle vit actuellement à Atlanta avec son mari et leur fille, et travaille à l'écriture de son deuxième roman.

Mon avis : (lu en novembre 2010)
Ce livre a été, pour moi, dès les premières pages de lecture, un grand coup de cœur !
Je suis rentrée dans ce livre très rapidement et j’ai été transportée à Jackson, petite ville du Mississipi dans les années 60. C’est un récit à 3 voix sur la condition des Noirs à cette époque, aux États-Unis. Elles sont trois femmes : Aibileen et Minny deux bonnes noires et Miss Steeker une jeune femme blanche. On découvre une ségrégation qui perdure malgré tout, car des lois continuent à séparer les deux populations. De la rencontre improbable entre Miss Steeker, jeune bourgeoise blanche et Aibileen et Minny va naître une amitié et surtout un livre racontant les histoires des bonnes noires au service des maîtres blancs. Elles évoquent les vexations, les colères contenues et leurs tendresses immenses pour les enfants qu'elles élèvent.

Une histoire simple avec des personnages très attachants qui fait passer le lecteur par toutes les émotions de la tristesse à la colère sans oublier le rire car certaines situations sont vraiment pleines d’humour…

J’ai pris vraiment beaucoup de plaisir à lire ce livre, je l’ai savouré ne voulant pas le quitter trop vite. Un vrai grand coup de cœur !

Extrait : (début du livre)
AIBILEEN

Août 1962

Mae Mobley, elle est née de bonne heure un dimanche matin d'août 1960. Un bébé d'église, comme on dit. Moi je m'occupe des bébés des Blancs, voilà ce que je fais, et en plus, de tout le boulot de la cuisine et du ménage. J'en ai élevé dix-sept de ces petits, dans ma vie. Je sais comment les endormir, les calmer quand ils pleurent et les mettre sur le pot le matin, avant que les mamans aient seulement le temps de sortir du lit.
Mais un bébé qui hurle comme Mae Mobley Leefolt, ça j'en avais jamais vu. Le premier jour que je pousse la porte je la trouve toute chaude et toute rouge à éclater et qui braille et qui se bagarre avec son biberon comme si c'était un navet pourri. Miss Leefolt, elle a l'air terrifiée par son propre enfant. "Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Pourquoi je ne peux pas arrêter ça ?"
Ça ? Tout de suite, je me suis dit : il y a quelque chose qui cloche ici.
Alors j'ai pris ce bébé tout rouge et hurlant dans mes bras. Je l'ai un peu chahuté sur ma hanche pour faire sortir les gaz et il a pas fallu deux minutes pour que Baby Girl arrête de pleurer et me regarde avec son sourire comme elle sait faire. Mais Miss Leefolt, elle a plus pris son bébé de toute la journée. Des femmes qui attrapent le baby blues après l'accouchement, j'en avais déjà vu des tas. Je me suis dit que ça devait être ça.
Mais il y a une chose avec Miss Leefolt : c'est pas juste qu'elle fronce tout le temps les sourcils, en plus elle est toute maigre. Elle a des jambes tellement fines qu'on les dirait poussées de la semaine dernière. A l'âge de vingt-trois ans, la voilà efflanquée comme un gamin de quatorze. Même ses cheveux bruns sont tellement fins qu'on voit à travers. Elle essaie de les faire bouffer, mais ça les fait seulement paraître plus fins. Et sa figure, elle ressemble à celle du diable rouge sur la bonbonnière, avec le menton pointu et tout. Pour tout dire, elle a le corps tellement plein de pointes et de bosses qu'il faut pas s'étonner si elle arrive jamais à calmer ce bébé. Les bébés, ils aiment les grosses. Ils aiment fourrer la tête sous votre bras pour s'endormir. Ils aiment les grosses jambes, aussi. Ça, je peux vous le dire.
Mae Mobley, à un an, elle me suivait déjà partout où j'allais. Quand arrivait cinq heures elle se cramponnait à mes Scholl, elle se traînait par terre et elle bramait comme si j'allais jamais revenir. Après, Miss Leefolt me regardait de travers, à croire qu'il aurait pas fallu décrocher ce bébé qui criait à mes pieds. Je pense que c'est le risque qu'on prend, quand on laisse quelqu'un d'autre élever ses enfants.   

Livre 27/28 pour le Challenge du 4% littéraire 1pourcent2010

27 novembre 2010

Sanctuaires ardents – Katherine Mosby

sanctuaires_ardents La Table Ronde – août 2010 – 381 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Cécile Arnaud

Quatrième de couverture :
Depuis l'arrivée du couple Daniels, la petite bourgade de Winsville, en Virginie, est en émoi. L'intense beauté de Vienna, sa déroutante culture, sa passion immodérée pour les arbres suscite l'admiration des uns, l'effroi des autres, les commentaires de tous. Un jour, Willard s'en va, laisse Vienna élever seule leurs deux enfants, Willa et Elliott, deux sauvageons pétris de curiosité et de connaissances. Dès lors, les rumeurs enflent. Jalousies et désirs se multiplient, se cristallisent. Puis le destin commence à s'acharner sur les Willard. Forte de sa foi païenne, de son appétit de vivre, de l'amour qu'elle porte à Willa et Elliot, Vienna entre alors éperdument en résistance.

Auteur : Katherine Mosby est née à Cuba en 1957, elle vit aujourd'hui à New-York. Professeur à l'université de Columbia, Katherine Mosby collabore également au New Yorker et à Vogue. Sanctuaires ardents, le premier de ses 4 romans, avait été salué par toute la presse à sa sortie en 1995, ainsi que par de nombreux écrivains allant de Larry McMurty à Paul Bowles.

Mon avis : (lu en novembre 2010)
« Souviens-toi, être différent ne fait pas de vous quelqu'un de spécial, mais être spécial fait de vous quelqu'un de différent. » Cette phrase de présentation résume parfaitement l'état d'esprit de ce livre.
Cette histoire commence dans les années 30 et se poursuivra après la Seconde Guerre Mondiale. Suite à son mariage avec Willard, Vienna, originaire du Nord de l'Amérique vient s'installer dans le Sud, à Winsville, petite ville de Virginie. Elle sera assez vite abandonnée par son mari, et elle élèvera ses deux enfants avec beaucoup de liberté. C'est une superbe femme, originale, intelligente mais plutôt associable, elle déplaît aux habitants de Winsville car elle est trop différente. Elle rejette la religion, mais se prend de passion pour la nature, elle élève ses enfants presque comme des sauvageons : Willa, la petite fille, se promène toujours pieds nus, Eliott, le petit garçon, se passionne pour les animaux, en particulier les oiseaux.
Lecture agréable, qui éveille tous nos sens : il est question d'odeurs, de couleurs, de chants d'oiseaux, d'amour des arbres, il se dégage de ce livre beaucoup de poésie. Les personnages sont originaux et très attachants.

Extrait : (page 11)
Ils ne semblaient pas habiter le monde de la même façon que lui, rivé à la terre par sa large ossature à chacun de ses pas pesants. Willa en particulier paraissait planer avec l'énergie du vol suspendu, pareille à un colibri humain, comme si le mouvement était son état naturel alors que l'immobilité exigeait d'elle un gros effort. Elle avait les traits délicats et, comme la splendeur ostentatoire de certaines églises que sa mère jugeait prétentieuses, d'autant plus impressionnants aux yeux d'Addison qu'ils possédaient une finesse peu réaliste, bien différente des surfaces de son propre visage, auxquelles une découpe grossière avait conféré une humanité reconnaissable, comme une tête sculptée dans le pommeau d'une canne. Willa avait une beauté déroutante et subtile : aussi évidente quand son visage était animé qu'absente au repos, quand ses traits fins et réguliers ne se distinguaient plus de ceux de tout un tas de jolies filles au teint pâle.

La famille Daniels suscitait en Addison le besoin d’une langue plus extravagante que ne le permettait son maigre vocabulaire. Plus tard, il ne pourrait expliquer ce qui avait rendu cette première rencontre avec les Daniels aussi fondamentale, mais il se rappellerait la façon dont la lumière miroitait à travers les branches des platanes, les feuilles en mouvement pointillant le sentier de cette même luminescence qu’il sentait à l’intérieur de lui, excitante et insaisissable.

Livre 28/28 pour le Challenge du 4% littéraire 1pourcent2010

Lu dans le cadre du challenge_100_ans_article_300x225

20 novembre 2010

Je me suis laissée tenter...

Ces derniers jours, je me suis laissée tenter par un Challenge et un Swap !

dafi_d10

Challenge Christmas - Défi Noël

challenge_christ10

Ce Challenge est organisée par Evy, il s'agit de lire un livre (ou plus si vous en avez envie, le nombre n'est bien évidemment pas limité !) sur le thème de Noël et en écrire un petit billet sur votre lecture ! Tous les livres sont acceptés : polars, romans historiques, chick-lit, contes, classiques, etc. du moment qu'ils soient en rapport avec le thème de Noël ! Ce défi se terminera le 31 décembre 2010 !

  Swap Marque Page

swap_marque_page

Ce Swap est organisé par Galleane sur le Forum de Livraddict

Le but est donc d'envoyer des marque pages à votre futur à une personne. Il s'agira d'en offrir 7 (un pour chaque jours de la semaine). Pour cela vous pouvez les acheter, les récupérer en librairie, les réaliser sur ordinateur bref vous faites comme vous le souhaitez.
En plus vous devrez réaliser un huitième et dernier MP entièrement fait main soit en le dessinant, en faisant un collage... Il n'a pas besoin d'être compliqué.

Les inscriptions se font à partir du 11/11/2010  et se terminerons le 20 novembre (c'est à dire aujourd'hui).
Vous aurez jusqu'au 15 décembre pour faire/acheter les MP et les envois se feront du 16 au 25 décembre
.

25 novembre 2010

Quinze ans après, Fanfan 2 – Alexandre Jardin

Lu dans le cadre du Partenariat  Blog-O-Book et Livre de Poche

quinze_ans_apr_s quinze_ans_apr_s_p

Grasset – octobre 2009 – 353 pages

Livre de Poche – octobre 2010 – 286 pages

Quatrième de couverture :
A vingt-cinq ans, Fanfan et Alexandre s'étaient passionnément désirés. Fou de romantisme, il avait fait à sa belle une cour sans fin, lui refusant même l'acompte d'un baiser. Leur songe rose et plein d'effroi avait tourné court... Et voilà que quinze ans après, une machination orchestrée par un éditeur et un producteur avides remet en présence le couple qui inspira le roman Fanfan, incarné au cinéma par Sophie Marceau et Vincent Perez. Mais leur météo intime est à nouveau aux antipodes. Lui rêve désormais d'un amour quotidiennement réenchanté : faire de la vie domestique, érotisée avec zèle, un tremplin vers l'éternité ; elle a des bleus au coeur et se refuse à tout engagement. Triompheront-ils du cynisme de l'époque et de la conjuration des intérêts ? Guérit-on jamais d'un premier amour ?

Auteur : Né en 1965, diplômé de Sciences-politiques, Alexandre Jardin obtient en 1986 le prix du Premier roman pour Bille en tête. Deux ans plus tard, Le Zèbre est couronné par le prix Femina.

Mon avis : (lu en novembre 2010)
J’ai découvert Alexandre Jardin avec Le Zèbre puis avec Fanfan, j’étais donc très curieuse de lire Fanfan 2 pour retrouver des personnages que j’avais adorés.

Malheureusement, je n’ai pas trouvé Fanfan 2 à la hauteur de l’original… J’ai eu du mal à rentrer dans le livre, j’ai été agacée par les constantes allusions au livre Fanfan, à son auteur et au film Fanfan ainsi qu’à ses acteurs (Sophie Marceau et Vincent Perez), j’ai trouvé que l’histoire n’avançait pas et je me suis plutôt ennuyée. Il y avait bien plusieurs personnages caricaturaux comme Faustine, la critique culturelle et littéraire et fausse bonne amie de Fanfan, Dizzy l’éditeur et Darius le producteur.
L’intérêt de Fanfan, c’était les nombreuses surprises tout au long du livre, pour Fanfan2, je n’ai jamais été surprise… Dommage.

Merci cependant à Blog-O-Book et au Livre de Poche pour ce partenariat.

15 janvier 2011

Chute de vélo – Étienne Davodeau

chutedevelo_ chute_de_velo

Dupuis – mars 2004 – 100 pages

Dupuis – mars 2009 – 100 pages

Résumé :
Avec son mari, ses enfants, son frère et un ami, Jeanne vient remettre en état la maison de sa mère pour en préparer la vente. La vieille dame, qui perd la mémoire, est hospitalisée. Mais les médecins ont accepté qu'elle revienne passer quelques jours en famille dans la maison. De l'autre côté de la rue, un maçon forme un apprenti sur un chantier. L'ambiance est rude. Fascinés par les rapports entre les deux hommes, les enfants vont, par accident, exacerber cette tension. C'est le moment que choisit la vieille dame pour disparaître. Elle demeure introuvable. C'est la panique. Mais heureusement, Toussaint est là. Toussaint est un ami, un pauvre type malchanceux que toute la famille aide depuis des années à ne pas sombrer dans la misère. Toussaint est quelqu'un d'étrange : rendre service le bouleverse, comme s'il cachait un secret dont ses amis ne sauront jamais rien.

Auteur : Étienne Davodeau est un dessinateur et scénariste de bandes dessinées, né le 19 octobre 1965 à Botz-en-Mauges en Maine-et-Loire. Étudiant au département d'arts plastiques de l'université de Rennes 2, il fonde le studio Psurde avec d'autres passionnés de BD (dont ses futurs collaborateurs Joub et Jean-Luc Simon).
Il publie son premier album en 1992, L’Homme qui n’aimait pas les arbres, dans la nouvelle collection pour jeunes auteurs, Génération Dargaud.
Depuis, il alterne fictions et récits du réel. Ses histoires, ancrées dans la province au quotidien, tracent des portraits bien vivants de gens ordinaires aux démêlés particuliers.

Mon avis : (lu en janvier 2011)
Une famille se retrouve à la campagne, dans un village tranquille, pour remettre en état la maison de leur enfance avant de la mettre en vente. C'est l'été, le cadre est tranquille, les enfants sont contents de se retrouver entre cousins, les adultes profitent de ce dernier été qui leurs rappelle pleins de souvenirs. Toussaint, l'ami de la famille sur qui ils ont toujours pu compter est également présent. Or Toussaint cache un lourd secret.
Le dessin est très beau et les couleurs décrivent parfaitement les différentes atmosphères de cet été un peu particulier. J’ai vraiment beaucoup aimé cette histoire pleine de sensibilité.

Extrait :

chutedevelo_t0

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
logo_challenge_Petit_BAC
"Objet"

Déjà lu du même auteur :

lulu_femme_nue_tome1  Lulu Femme Nue : 1er livre – Étienne Davodeau

lulu_femme_nue_tome2 Lulu Femme Nue : 2ème livre – Étienne Davodeau

rural Rural ! Chronique d'une collision politique - Étienne Davodeau

5 janvier 2011

Maman – Isabelle Alonso

Lu dans le cadre du Partenariat  Blog-O-Book et Éditions Héloïse d'Ormesson

maman Éditions Héloïse d'Ormesson - Novembre 2010 – 247 pages

Quatrième de couverture :
"Ce matin, j'ai tapé "maman est morte" sur Google. En un dixième de seconde, le moteur de recherche affiche un million trois cent mille réponses ". La mort, on se l'imagine comme dans les films : tirs de mitraillettes, cow-boy fauché par une flèche, et un mot d'esprit qui s'échappe au moment du dernier soupir. Mais en fait la mort d'une mère, c'est insidieux et ça vous prend par surprise. Malgré les signes avant-coureurs, en dépit des diagnostics médicaux, on refuse l'inéluctable. Entre fêtes et larmes, malheur et douceur, Isabelle Alonso ose parler de la perte la plus intime qui soit : celle de sa mère. Après Fille de rouge et L'Exil est mon pays, elle poursuit sa chronique familiale en affrontant sa douleur sans pathos. Elle ne s'épargne rien et, par le rire, tord le cou au larmoyant, pour n'en être que plus poignante.

Auteur : Née en Bourgogne de parents espagnols réfugiés politiques, Isabelle Alonso est devenue française à l'âge de huit ans par naturalisation. Elle est chroniqueuse à la radio et à la télévision. Maman est son cinquième roman.

Mon avis : (lu en janvier 2011)
Je connais Isabelle Alonso comme chroniqueuse dans les émissions de Laurent Ruquier, comme appartenant aux "Chiennes de Garde", et combattant en contre le sexisme.
Dans ce livre, elle nous parle de son amour indescriptible pour sa Maman et que jamais elle n’imaginait qu’elle pourrait mourir. Isabelle Alonso nous raconte avec beaucoup d’humanité, de sensibilité, avec de l’humour mais également sans aucune concession, les dernières années de sa Maman.
Cela commence par un infarctus, puis des chutes et des membres cassés, la vieille dame devient de plus en plus dépendante, il y aura des séjours à l’hôpital, dans des maisons de convalescence puis la maison de retraite. Elle a la chance d’être bien entourée par son mari et ses quatre enfants.
Après la disparition de sa Maman, dans les derniers chapitres du livre, Isabelle nous parle avec beaucoup de pudeur de sa douleur, de l'absence de l'être aimée. Elle voit partout des signes de sa Maman.
Je m'exprime très mal pour dire que ce livre est bouleversant et pleins d'émotions.

Un Grand Merci à Blog-O-Book et Éditions Héloïse d'Ormesson pour m'avoir permis de découvrir ce livre bouleversant.
Merci également aux Éditions Héloïse d'Ormesson pour le jolie marque-page (reprenant la très belle couverture du livre) qui accompagnait celui-ci !

Extrait : (début du livre)
Ce matin j’ai tapé « maman est morte » sur Google. En un dixième de seconde, le moteur de recherche affiche un million trois cent mille réponses. Sort commun, banalité presque rassurante. Eh alors ? Alors rien. On se sent moins seule ? Même pas. Ce n’est pas seule que je me sens. C’est malade. Comme dans la chanson de Lama, « Comme quand ma mère sortait le soir et qu’elle me laissait seul avec mon désespoir… ». Pour sortir, elle est sortie. Définitivement. Mais ça reste une abstraction. Je sais qu’elle n’était pas là à Noël, ni au jour de l’an. Ni à l’anniversaire de papa. Je sais que je ne l’ai pas eue au téléphone depuis des mois maintenant, alors que je l’appelais tous les jours. Elle n’a pas donné signe de vie, comme on dit. Mais je reste sur une sorte de qui-vive. Le téléphone va sonner, il y aura sa voix qui dira quelque chose comme : « Allô, la cotorrita, la petite cafteuse ? Demande à Gus de décrocher, il faut que je lui parle. » Elle sait que je filtre les appels, elle a pris l’habitude de s’annoncer. Je l’imagine parfaitement sur son fauteuil, je connais sa position, tête légèrement penchée, jambes croisées, attendant, souriante, un peu anxieuse. Et si sa fille n’était pas là ? Je suis là, maman, je suis là. Elle me raconte une insignifiance de sa vie : « Tu sais ce qu’il m’a encore fait, ton frère ? » Je ne sais pas mais je me doute. « Il a acheté cinq kilos de côtes de porc chez Leclerc ! Cinq kilos ! Il est tout content, il les a eues à moitié prix parce qu’elles seront périmées demain !

Déjà lu du même auteur : l_Exil_est_mon_pays L'exil est mon pays

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
logo_challenge_Petit_BAC
"Métier"

26 décembre 2010

Au bonheur des ogres - Daniel Pennac

Lu dans le cadre du Challenge Christmas - Défi Noël
challenge_christ10

Lu dans le cadre du Baby Challenge Contemporain 2011
baby_challenge_contemporain
Baby Challenge - Contemporain Livraddict : 10/20 déjà lus
Médaille en chocolat

au_bonheur_des_ogres_serie_noire  au_bonheur_des_ogres_p88 au_bonheur_des_ogres_p88_x au_bonheur_des_ogres_p97 au_bonheur_des_ogres_2003

Série noire - 1985 - 288 pages

Folio - mars 1988 - 286 pages

Folio - octobre 1997 - 286 pages

Gallimard - mai 2003 - 308 pages

Quatrième de couverture :
Côté famille, maman s'est tirée une fois de plus en m'abandonnant les mômes, et le Petit s'est mis à rêver d'ogres Noël.
Côté coeur, tante Julia a été séduite par ma nature de bouc (de bouc émissaire).
Côté boulot, la première bombe a explosé au rayon des jouets, cinq minutes après mon passage. La deuxième, quinze jours plus tard, au rayon des pulls, sous mes yeux. Comme j'étais là aussi pour l'explosion de la troisième, ils m'ont tous soupçonné.
Pourquoi moi ?
Je dois avoir un don...

Auteur : Né en 1944, à Casanblanca au Maroc d'un père officier de la Coloniale, Daniel Pennacchioni grandit en Afrique et en Asie du Sud. Il obtient sa maîtrise de lettres à Nice et commence par être professeur dans un collège de Soissons. Il s'installe à Belleville, qu'il se plaira à décrire dans ses romans. En 1973, il publie son premier essai, 'Le Service militaire au service de qui ? ', un pamphlet sur le service national. Puis il écrit pour les enfants. En 1985, il donne le jour à la famille Malaussène avec 'Au bonheur des ogres' puis ' La Fée carabine', 'La Petite Marchande de proses' - prix Inter 1990 -, 'Monsieur Malaussène' et 'Aux fruits de la passion'. En 1992, il écrit un essai sur la lecture, 'Comme un roman', dans lequel il définit les droits du lecteur. En 1997, autre roman, 'Messieurs les enfants', ou un conte adressé aux grands enfants que nous sommes tous, avec une adaptation cinéma à la clé, par Pierre Boutron. 'Merci' paraît en octobre 2004 aux éditions Gallimard. En 2006, Daniel Pennac sort encore 'Nemo par Pennac', un ouvrage dans lequel il présente le parcours du dessinateur Nemo, qui illustre depuis plusieurs années les murs de son quartier de Belleville. En 2007, il reçoit le prix Renaudot pour son essai Chagrin d'école. En 2009, l'écrivain cède la place à l'orateur en montant sur scène pour défendre un texte d'Herman Melville, 'Bartleby le scribe'. Une histoire de Wall Street en pleine crise financière : Daniel Pennac démontre, une fois de plus, son intérêt pour le monde qui l'entoure et son enracinement dans l'actualité.

Mon avis : (relu en décembre 2010)
Au Bonheur des ogres est le premier roman de la Saga Malaussène publié en 1985 par Daniel Pennac. Le titre est librement inspiré du roman d'Émile Zola « Au bonheur des dames ». Nous découvrons la drôle de famille des Malaussène : Le mère est souvent absente, elle va d’amourette en amourette. Benjamin Malaussène, le fils aîné est devenu le chef de famille, c'est lui qui s'occupe de tous ses demi-frères et demi-sœurs. Il y a Clara passionnée de photographie, Louna infirmière, Thérèse qui voit l'avenir dans les astres et les lignes de la main, Jérémy qui adore faire de nouvelles expérience et le Petit qui est encore à la maternelle et rêve d'Ogres de Noël et il ne faut pas oublier Julius le chien épileptique.
Benjamin travaille comme Bouc Émissaire dans un grand magasin, lorsqu'un client vient se plaindre pour un produit c'est à lui de prendre toute la responsabilité. Une bombe, puis deux, explosent dans le magasin. Toujours présent sur les lieux aux moments des explosions, Benjamin est le suspect numéro un de cette vague d'attentats aveugles...

Autour une intrigue pleines de surprise, Daniel Pennac nous livre une galerie de personnages terriblement attachants, le bonheur règne dans cette famille hétéroclite et ce livre est bourré d'humour. Le style est rythmé, plein d'espièglerie. Ce livre m'a autant amusée qu'à ma première lecture. Il va falloir que je prenne le temps de relire les épisodes suivant de la famille Malaussène : "La Fée carabine", "La Petite Marchande de proses" , "Monsieur Malaussène" et "Aux fruits de la passion".

Extrait : (page 44)
- Entrez !
Ouh! là, angoisse dans la voix de Lehmann. Le mastodonte ouvre lui-même la porte, sans se retourner. Je me faufile entre son bras et le chambranle avec la souplesse craintive du chien battu.
- Trois jours d'hosto et quinze d'arrêt de travail, il va y laisser son calbute, votre Contrôleur Technique.
C'est la voix du client. Neutre, comme je m'y attendais, et remplie d'une dangereuse certitude. Il n'est pas venu se plaindre, ni discuter, ni même exiger - il est venu imposer son droit par sa force, c'est tout. Suffit de lui jeter un coup d'oeil pour comprendre qu'il n'a jamais eu d'autre mode d'emploi. Suffit de lui en jeter un second pour constater que ça ne l'a pas mené bien haut dans la hiérarchie sociale. Il doit avoir un coeur qui le gêne quelque part. Mais Lehmann ne sent pas ces choses-là. Habitué à filer des coups, il n'a peur que d'une chose: en prendre. Et sur ce terrain-là, l'autre est crédible.
Je mets suffisamment de terreur dans mon regard pour que Lehmann trouve enfin le courage de m'affranchir. En deux mots comme en mille, M. Machin, ici présent, plongeur sous-marin de son état (pourquoi ce détail? Pour authentifier le muscle?) a commandé, la semaine dernière, un lit de 140 au rayon meubles plein bois.
- Le plein bois, c'est bien votre secteur, Malaussène?
Oui timide de mon bonnet.
- A donc demandé un lit de 140, noyer chantourné, ref. T.P. 885, à vos services, M. Malaussène, lit dont les deux pieds de tête se sont brisés au premier usage.
Pause. Coup d'œil au plongeur dont la mâchoire inférieure torture un atome de chewing-gum. Coup d'œil à Lehmann qui n'est pas mécontent de me refiler le paquet.
- La garantie, dis-je...
- La garantie jouera, mais votre responsabilité est engagée ailleurs, sinon je ne vous aurais pas fait venir.
Gros plan sur mes godasses.
- Il y avait quelqu'un d'autre, sur ce lit.
Ce genre de plaisirs, même au plus profond de sa trouille, Lehmann ne pourra jamais s'en passer.
- Une jeune personne, si vous voyez ce que je...
Mais le reste s'évapore sous le regard chalumeau du mastard. Et c'est lui-même qui achève, laconique:
- Une clavicule et deux côtes. Ma fiancée. A l'hopital.
- OOOH!
C'est un vrai cri que j'ai poussé. Un cri de douleur. Qui les a fait sursauter tous les deux.
- OOOH!
Comme si on m'avait frappé à l'estomac. Puis, compression de ma cage thoracique par la pointe de mon coude, juste au-dessous du sein, et je deviens aussi blanc que les draps du plumard fatal. Cette fois, Hercule fait un pas en avant, esquissant même le geste de me rattraper au cas où je tomberais dans les vapes.
- J'ai fait ça?
Voix blanche, début d'asphyxie. Chancelant, je m'appuye au bureau de Lehmann.
- J'ai fait ça?
D'imaginer seulement cette montagne de barbaque tombant du haut de son plongeoir sur les corps de Louna et de Clara, et faisant sauter tous leurs osselets, suffit à me voir des larmes certifiées conformes. Et, c'est le visage ruisselant que je demande:
- Comment s'appelait-elle?
Le reste marche comme sur des roulettes. Sincèrement ému par mon émotion, M. Muscle se dégonfle d'un seul coup. Impressionnant. On croirait presque voir la forme de son cœur. Lehmann en profite aussitôt pour me charger méchamment. Je lui présente ma démission en sanglotant. Il ricane que se serait trop facile. Je supplie, arguant que le Magasin ne peut vraiment rien attendre d'une nullité de mon espèce.
- La nullité, ça se paye, Malaussène! Comme le reste! Plus que le reste!
Et il se propose de me la faire payer si cher, ma nullité, que le client traverse soudain la pièce pour venir poser ses deux poings sur son bureau.
- ça vous fait bicher, de torturer ce type?
«Ce type», c'est moi. Ça y est, me voilà sous la protection de Sa Majesté le Muscle. Lehmann souhaiterait son fauteuil plus profond. L'autre s'explique: déjà, à l'école, ça lui foutait les boules de voir des caves s'attaquer à plus faibles qu'eux.
- Alors, écoute-moi bien, bonhomme.
«Bonhomme», c'est Lehmann. Couleur de cierge. De ces cierges qu'on brûle pour que ça passe. Ce qu'il a à écouter est simple. Primo, l'autre retire sa plainte. Deuxio, il viendra bientôt vérifier si je suis toujours en poste. Tertio, si je n'y suis pas, si Lehmann m'a fait jeter...
- Je te casse comme ça!
«Ça», c'est la jolie règle d'ébène de Lehmann, souvenir colonial, qui vient de péter net entre les doigts de mon sauveur.

Publicité
Publicité
A propos de livres...
Publicité
A propos de livres...
Newsletter
55 abonnés
Albums Photos
Visiteurs
Depuis la création 1 377 006
Publicité