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A propos de livres...
15 juin 2009

Sans un mot – Harlan Coben

sans_un_mot Belfond – mars 2009 – 411 pages

traduit de l'américain par Roxane Azimi

 

Présentation de l'éditeur
Jusqu'à quel point connaît-on vraiment son enfant ? Mike et Tia ne cessent de se poser la question : leur fils Adam, seize ans, a changé. Réfugié dans sa chambre, il ne quitte plus son ordinateur. Malgré leurs réticences, Mike et Tia se décident à installer un logiciel de contrôle. Un jour, un e-mail inquiétant. Et Adam disparaît. Sans un mot... C'est alors que tout bascule. Sur un rythme d'enfer, Harlan Coben nous entraîne dans un thriller plus électrisant que jamais. Pièges du web, délinquance virtuelle, tueur psychopathe, le maître de nos nuits blanches se joue de nos angoisses avec une délectation machiavélique.

Auteur : Né en 1964, originaire du New Jersey, où il vit actuellement avec sa femme et ses quatre enfants, Harlan Coben obtient un diplôme en sciences politiques au Amherst College. Il travaille pendant quelques temps dans l'industrie du voyage. Passionné par l'écriture, plus spécialement l'écriture de romans policiers et de thrillers, il est déjà à 25 ans l'auteur de deux romans d'angoisse qu'il ne publiera jamais par la suite. Persuadé qu'il est impossible de percer dans ce milieu, Harlan Coben préfère assurer ses arrières professionnels avant de tenter sa chance et de se consacrer à plein temps à l'écriture. En effet, onze ans après la fin de ses études, en 1995, ses secrets espoirs se réalisent enfin avec la publication cette année-là de son premier roman, 'Rupture de contrat', mettant en scène l'ex-champion de basket-ball et ex-agent du FBI reconverti en agent sportif Myron Bolitar. Ce héros délicieusement cynique plaît immédiatement au public. Harlan Coben publie alors une fois par an, avec la régularité d'un métronome, six autres aventures de Myron Bolitar. Grâce à ces histoires, entre autres, il est le premier auteur à recevoir l'Edgar Award, le Shamus Award et l'Anthony Award, trois prix majeurs de la littérature policière aux Etats-Unis. Après 'Ne le dis à personne', 'Disparu à jamais' et 'Une chance de trop', il sort 'Innocent' qui paraît en France en 2006.

 

Mon avis : (lu en juin 2009)

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce thriller d'Harlan Coben, il est plein de suspens et de rebondissements dans la lignée de "Ne le dis à personne". C'est l'histoire de Tia et Mike des parents qui s'inquiètent pour leur fils Adam et des dangers d'internet. A son insu, ils installent un logiciel espion sur son ordinateur pour le protéger. Cela sera-t-il efficace ? En parallèle nous suivons d'autres histoires qui peu à peu vont se mêler pour aboutir à un final que je ne dévoilerai pas... Le livre est bien construit et l'intrigue est captivante mais aussi nous donne froid dans le dos lorsqu'on est soi-même parents...

 

Extrait : (page 47)

"Alors, qu'as-tu trouvé dans l'ordinateur d'Adam?» demanda Mike.

Ils étaient assis à la table de la cuisine. Tia avait fait du café. Elle buvait un déca. Mike préférait l'espresso. Un de ses patients travaillait chez un fabricant de machines à café, celles pour lesquelles on utilise des dosettes et non des filtres. Il lui en avait offert une, après une transplantation réussie. Le principe était simple: on prend une dosette, on l'insère, et le café est prêt.

- Deux choses, répondit Tia.
- O.K.
- Primo, il est invité demain soir à une fête chez les Huff.
- Et...?
- Les Huff partent en week-end. D'après le mail, ils vont passer la soirée à se déchirer.
- Alcool, drogue?
- Le message n'est pas clair. Ils envisagent d'inventer une excuse pour rester dormir; comme ça ils pourront - je cite - «s'éclater à donf».

Les Huff. Daniel Huff, le père, était capitaine dans la police municipale. Son fils - tout le monde l'appelait DJ - était probablement le pire élément de la classe d'Adam.
- Quoi? fit Tia.
- Je réfléchis.

Elle déglutit.
- Qui sommes-nous en train d'élever, Mike?

Il ne répondit rien.
- Je sais que tu refuses de lire ces rapports, mais...

Elle ferma les yeux.
- Quoi?
- Adam regarde des films pornos en ligne, dit-elle. Tu le savais?

Il ne répondit pas.
- Mike?
- Et que veux-tu qu'on y fasse?
- Ça ne te dérange pas?
- A seize ans, je piquais des numéros de Playboy.
- Ce n'est pas pareil.
- Ah bon? C'est tout ce que nous avions à l'époque. On n'avait pas Internet. Sinon, j'aurais sûrement exploré cette piste-là... Tout était bon pour voir une femme nue. C'est la société d'aujourd'hui. On ne peut rien allumer sans en avoir plein les yeux ou les oreilles. Ce qui serait bizarre, c'est qu'un garçon de seize ans ne s'intéresse pas aux femmes nues.

- Donc tu approuves.
- Bien sûr que non. Seulement, je ne vois pas de solution.
- Parle-lui.
- Je lui ai parlé. Je lui ai expliqué les choses de la vie. Que le sexe est meilleur quand il va de pair avec l'amour. J'ai essayé de lui apprendre à respecter les femmes et à ne pas les instrumentaliser.
- Sur ce dernier point, dit Tia, il n'a pas capté.
- Ce dernier point, aucun ado ne peut le capter. Je ne suis pas convaincu, d'ailleurs, qu'un homme adulte le capte davantage.

Tia sirotait son café, laissant la question informulée en suspens.

On distinguait des pattes-d'oie au coin de ses yeux. Elle passait beaucoup de temps à les examiner dans la glace. Toutes les femmes ont un problème avec leur physique, mais, au moins sur ce sujet, Tia avait toujours été très sûre d'elle. Sauf que dernièrement, Mike sentait bien qu'elle n'était pas à l'aise avec l'image que lui renvoyait le miroir. Elle avait commencé à se teindre les cheveux. Elle voyait les rides, la peau flasque, les symptômes de l'âge, quoi, et ça la perturbait.

- Un adulte, c'est différent, dit-elle.

Il voulut trouver des mots rassurants, puis renonça.

- Nous avons ouvert la boîte de Pandore, ajouta Tia.

Il espérait qu'elle parlait toujours d'Adam.

- En effet.
- Je veux savoir. Et ce que je découvre me fait horreur.

Il lui prit la main.
- Que fait-on, pour cette soirée?
- Qu'en penses-tu?
- On ne peut pas le laisser y aller, dit-il.
- Donc, on le garde à la maison?
- J'imagine que oui.
- Il m'a dit que Clark et lui allaient chez Olivia Burchell. Si on lui interdit de sortir, il va se douter qu'il y a anguille sous roche.

Mike haussa les épaules.
- Tant pis. Nous sommes des parents. Nous pouvons nous permettre d'être irrationnels.
- Soit. Donc on lui dit qu'il doit rester à la maison demain soir?
- Ben oui.
Elle se mordit la lèvre.
- Il s'est bien conduit toute la semaine, il a fait tous ses devoirs. Normalement, il a le droit de sortir le vendredi soir.

La bataille s'annonçait rude, ils le savaient. Mike était prêt à se battre, mais en avait-il envie? Il faut faire attention où l'on met les pieds. Et lui interdire d'aller chez Olivia Burchell risquait d'éveiller les soupçons d'Adam.
- Si on décrétait un couvre-feu? suggéra-t-il.
- Et qu'est-ce qu'on fera s'il ne le respecte pas? On se pointera chez les Huff?

Elle avait raison.
- Hester m'a convoquée dans son bureau, dit Tia. Elle veut que j'aille demain à Boston pour une déposition.

Mike savait à quel point c'était important pour elle. Depuis qu'elle avait repris le travail, on ne lui confiait pratiquement que des tâches de routine.
- C'est super.
- Oui. Mais ça veut dire que je ne serai pas là.
- Pas de problème, répondit Mike, je peux gérer ça tout seul.
- Jill dort chez Yasmin. Elle ne sera donc pas dans les parages.
- O.K.
- Alors, comment empêcher Adam d'aller à cette soirée?
- J'ai peut-être une solution, mais je dois encore y réfléchir, répondit Mike.
- D'accord.

Une ombre traversa le regard de Tia. Et Mike se souvint.
- Tu as parlé de deux choses qui te gênaient.

Elle hocha la tête. Son expression changea. Presque imperceptiblement. Au poker, on appelle ça un «tell». Ça arrive quand on est marié depuis longtemps. On lit facilement sur le visage de l'autre... ou alors il ne prend plus la peine de dissimuler. Quoi qu'il en soit, Mike comprit que ce n'était pas une bonne nouvelle.
- Un échange de messages instantanés, dit Tia. D'il y a deux jours.

Elle fouilla dans son sac et sortit le papier. Les messages instantanés. Les gamins se parlaient d'ordinateur à ordinateur en temps réel. Le résultat ressemblait à une sorte de dialogue indigeste. Les parents, dont la plupart avaient passé des heures, durant leur adolescence, pendus à un bon vieux téléphone, déploraient cet état de fait. Mike, lui, ne voyait pas où était le problème. Nous avions le téléphone, ils ont les textos et MSN. Quelle différence? Ça lui rappelait ces vieux qui pestaient contre les ados et leurs jeux vidéo avant de sauter dans un autocar, direction Atlantic City et ses machines à sous. Pure hypocrisie, non?
- Jette un œil là-dessus.

Mike chaussa ses lunettes de lecture. Il les utilisait depuis quelques mois seulement et, déjà, cela l'incommodait au plus haut point. Adam avait gardé son ancien surnom de HockeyAdam1117. Le numéro de Mark Messier, son joueur de hockey favori, et celui de Mike, le numéro 17, du temps de Dartmouth. Curieux qu'il ne l'ait pas modifié. Ou peut-être qu'au contraire c'était logique. Ou alors, plus vraisemblablement, ça ne voulait rien dire du tout.

CJ8115: Ça va, toi?
HockeyAdam1117: Je continue à penser qu'on devrait le dire.
CJ8115: C de l'histoire ancienne. Boucle-la et tu risques rien.

D'après le compteur, il y avait eu une pause d'une minute.
CJ8115: T toujours là?
HockeyAdam1117: Oui.
CJ8115: T OK?
HockeyAdam1117: Je suis OK.
CJ8115: Super. A vendredaï.

Ça s'arrêtait là.
- «Boucle-la et tu risques rien», répéta Mike. Ça veut dire quoi, à ton avis?
- Aucune idée.
- C'est peut-être en rapport avec le lycée. Ils ont dû voir quelqu'un tricher à un contrôle, un truc comme ça.
- Possible.
- Ou alors, c'est rien. Ça pourrait faire partie d'un jeu d'aventures en réseau.
- Possible, dit à nouveau Tia, sans grande conviction.
- Qui est CJ8115? demanda Mike.

Elle secoua la tête.
- C'est la première fois qu'Adam discute avec lui.
- Ou elle.
- Ou elle, exact.
- «A vendredi». Donc CJ8115 sera à la soirée chez les Huff. Ça nous avance à quelque chose?
- Je ne vois pas à quoi.
- On lui pose la question?
- C'est trop vague, tu ne crois pas?
- Oui, acquiesça Mike. Et ça laisse deviner qu'on le flique

Il relut le papier. Les mots étaient toujours là.
- Mike ?
- Ouais.
- A propos de quoi Adam doit la boucler pour ne rien risquer ?

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