Park Life – Shuichi Yoshida
Livre lu dans le cadre du - (15/26)
Editions Philippe Picquier – septembre 2007 - 95 pages
Picquier poche - janvier 2010 – 128 pages
traduit du japonais par Gérard Siary et Mieko Nakajima-Siary
Présentation de l'éditeur :
Ce petit roman est une bouffée d'air pur dans la vie affairée et raisonnable des citoyens du XXIe siècle que nous sommes. Un air venu du parc de Hibiya à Tôkyô, où l'on pénètre sur les pas d'un jeune employé légèrement excentrique, et soudain " l'exhalaison de terre et d'herbe vous chatouille les narines ". Là, il croise une triathlonienne consommatrice de bains moussants, rencontre un vieil homme qui fait voler un capricieux aérostat rouge, rêve, médite, s'exerce à chambouler la perspective pour voir le monde autrement. Il arrive que s'y nouent des idylles, à peine plus tangibles que le bruissement des pigeons qui s'envolent. Ce récit a le charme des parenthèses qui s'ouvrent parfois dans la vie pour laisser entrer l'enchantement, comme un léger vertige teinté de déraison. La ville n'est pas loin, les buildings cernent l'horizon, mais dans cet espace clos et protégé, se jouent les menues aventures qui donnent son goût unique à l'existence, la petite musique d'un grand parc au cœur d'une immense capitale. Park Lift a été couronné en 2002 du prix Akutagawa, le Goncourt japonais.
Auteur : Né en 1968 à Nagasaki. Après des études de gestion à l'Université Hosei de Tôkyô, Yoshida Shuichi écrit plusieurs romans. En 2002, il a obtenu le Prix Akutagawa pour Park Life, après l'avoir laissé échapper quatre fois.
Mon avis : (lu en mars 2010)
Un livre qui se lit très facilement. L'histoire commence dans le métro lorsqu'un jeune homme (le narrateur) s'adresse par erreur à une inconnue. Il la rencontre un peu plus tard dans le parc Hibiya de Tokyo. Ils vont se revoir au même endroit plusieurs fois pendant leur pause-repas et ils observent les habitués de ce parc qui est une bouffée d'air dans cette ville trépidante. Entre temps, le narrateur nous raconte son quotidien insolite, ainsi que ses souvenirs. C'est frais, exotique mais en lisant la quatrième de couverture, j'attendais plus de ce livre.
Extrait : (page 8)
En empruntant cet escalier un peu sombre, on débouche derrière l'îlot de police du parc. Si, pour y pénétrer, on enjambe la barrière basse à côté des toilettes publiques, on respire un autre air que dans l'enceinte du métro, l'exhalaison de terre et d'herbe vous chatouille les narines. Une fois entré, j'ai marché le plus possible tête baissée. Tout en m'efforçant de ne pas regarder au loin, j'ai avancé dans le sentier qui entoure la mare de Shinji, passé les allées de ginkgos et le petit kiosque à musique, et pénétré dans le square au grand jet d'eau. Les pigeons s'y acharnent à donner des coups de bec dans la nourriture. Veillant à ne pas leur marcher dessus, j'ai traversé le square pour aller m'asseoir confortablement à l'un des bancs autour du jet d'eau. Il ne faut surtout pas relever trop vite la tête. J'ai d'abord desserré ma cravate, siroté une gorgée du café en canette que j'avais acheté dans une boutique du métro. Juste avant de relever la tête, il vaut mieux fermer les yeux, même quelques secondes. Après avoir respiré lentement et profondément, j'ai levé la tête d'un seul trait et écarquillé les yeux. Quand j'écarquille soudain les yeux, le grand jet d'eau, les arbres d'un vert foncé et l'Hôtel Impérial, qui présentent respectivement un paysage proche, à mi-distance et éloigné, font brusquement irruption dans mon champ visuel en chamboulant la perspective. C'est dur pour mes yeux habitués aux étroites voies souterraines. La tête me tourne. Je savoure un léger état de transe.