La Ferme des Neshov – Anne Birkefeld Ragde
Livre lu dans le cadre du - (14/26)
Balland – janvier 2010 – 379 pages
traduit du norvégien par Jean Renaud
Présentation de l'éditeur :
« À la ferme, de toute façon, tout ce qui était beau était mis de côté pour des jours qui ne viendraient jamais. »
Trois frères que tout sépare se retrouvent dans la ferme familiale à la mort de leur mère. Tous sont confrontés à un moment de leur vie où ils doivent faire un choix important. Tor, l’aîné, doit se décider : poursuivre son élevage de porcs ou laisser sa fille reprendre la ferme et quitter alors sa vie d’assistante vétérinaire à Oslo. Que va devenir la ferme des Neshov ? Arriveront-ils à surmonter leur différence pour recréer des liens familiaux mis à rude épreuve depuis si longtemps ? Anne B. Ragde met en scène les destins entrecroisés des membres de la famile Neshov et signe une saga d’une grande finesse psychologique où le chagrin et la douleur se mêlent à l’humour, la chaleur et l’amour.
Saluée par la critique et les lecteurs, la saga d’Anne B. Ragde est le phénomène incontournable de la scène littéraire norvégienne. Traduit dans plus de 15 langues, La Ferme des Neshov a obtenu le Prix des Libraires et des Lecteurs. Après le succès de La Terre des mensonges, Anne B. Ragde poursuit avec La Ferme des Neshov une formidable saga norvégienne.
Auteur : Anne B. Ragde, née en 1957, a fait ses débuts en littérature en 1986 avec le livre pour la jeunesse Hallo! Her er jo! Depuis, elle a écrit plusieurs livres pour la jeunesse, dont une biographie de Sigrid Undset pour laquelle elle a reçu le Prix Brage. Son premier roman pour adulte En tiger for en engel a été publié en 1990. D’autres romans ont suivis, tout comme des polars et des recueils de nouvelles. La Terre des mensonges (dont le titre original est Berlinerpoplene), paru en 2004 a été traduit dans plus de vingt langues et a obtenu le obtenu les prix littéraires Riksmål et Booksellers' prize. La Ferme des Neshov a reçu le Prix des libraires et prix des lecteurs en Norvège.
Mon avis : (lu en mars 2010)
J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir la suite de La Terre des mensonges. J'ai retrouvé les membres de la famille Neshov : les trois frères Tor l’éleveur de porcs, Margido le croque-mort et Erlend, décorateur à Copenhague et Krumme son compagnon, Torunn, la fille de Tor, aide-vétérinaire à Oslo. Ils s'étaient retrouvés lors de la mort de leur mère, ils avaient faits connaissance, un secret de famille avait été dévoilée. Après ses quelques jours ensemble, chacun va retourner à sa vie quotidienne. Les liens familiaux ont été secoués et quelle sera l'avenir de la ferme des Neshov ? Le livre se lit aussi facilement que le premier, les personnages évoluent, le lecteur les suit de Trondheim à Copenhague en passant par Oslo. Le livre se conclu avec un épisode dramatique alors j'attends avec impatience la sortie du prochain et dernier livre de cette trilogie.
Extrait : (page 21)
Un heure plus tard, la petite voiture de location était pleine à craquer. C'était une Golf, Krumme l'avait louée à l'aéroport de Vaernes et ils allaient la rendre au même endroit. Torunn rentra en trombe dans le petit salon voir le grand-père, après avoir enfilé manteau et bottines. Elle voulait donner l'impression qu'ils étaient pressés maintenant. Elle avait longtemps retardé le moment de dire au revoir, fait comme si c'était une simple tasse de café qu'ils avaient bue, en dépit des allées et venues fébriles d'Erlend entre le premier étage et la voiture dans la cour, pour descendre toutes sortes de choses qu'il voulait emporter à la dernière minute.
Le grand-père était assis devant une tasse sans soucoupe, des miettes sur la table et sur les genoux – elle lui avait donné une part de gâteau fourré aux amandes. Il portait son dentier, en haut comme en bas, la télé était éteinte, elle jeta un rapide coup d'œil aux plantes vertes sur le rebord de la fenêtre, celles qu'Erlend avait achetées, et fut intimement persuadée qu'elles seraient crevées d'ici quinze jours. Ou bien complètement desséchées, ou bien trop arrosées. Elle était également persuadée qu'il ne se raserait pas avant longtemps. Ni ne changerait de caleçon. Comment vont-ils se débrouiller ? se demanda-t-elle. Et moi qui m'en vais. Mais elle pensa aussitôt qu'Erlend aussi s'en allait, et il était quand même plus proche d'eux, pour autant qu'on puisse établir une telle hiérarchie. Erlend était le frère cadet, elle était la fille : qui des deux devait avoir davantage mauvaise conscience ? Mais Margido habitait de l'autre côté de la colline, à lui maintenant de venir en aide à sa famille à Neshov ! Il y serait obligé, en tant que frère. La question était de savoir comment il pourrait s'y prendre et si Tor le laisserait faire, alors qu'il s'était tenu à l'écart de la ferme pendant sept ans.
- C'est le départ ? Demanda le grand-père.
- Oui.
Elle se pencha et appuya sa joue contre la sienne. Ça piquait. Il sentait le vieillard, les vieux habit, le renfermé, le gâteau aux amandes et le café. Elle l'embrassait pour la première fois, il parvint à lever le bras assez haut pour lui toucher la joue.
- Au revoir, murmura-t-elle.
Qu'aurait-elle pu lui dire d'autres ? Rien qu'elle puisse promettre.
- Porte-toi bien !