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A propos de livres...
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30 mars 2012

Les oreilles de Buster – Maria Ernestam

5484 Gaïa – septembre 2011 – 411 pages

traduit du suédois par Esther Sermage

Titre original : Busters öron

Quatrième de couverture : 
Eva cultive ses rosiers. A cinquante-six ans, elle a une vie bien réglée qu'elle partage avec Sven. Quelques amies, des enfants, et une vieille dame acariâtre dont elle s'occupe. Le soir, lorsque Sven est couché, Eva se sert un verre de vin et écrit son journal intime. La nuit est propice aux souvenirs, aussi douloureux soient-ils. Peut-être aussi ta cruauté est-elle plus douce lorsqu'on l'évoque dans l'atmosphère feutrée d'une maison endormie. Eva fut une petite fille traumatisée par sa mère, personnage fantasque et tyrannique, qui ne l'a jamais aimée. Très tôt, Eva s'était promis de se venger. Et elle l'a fait, avoue-t-elle d'emblée à son journal intime. 

Un délicieux mélange de candeur et de perversion.

Auteur : Maria Ernestam est suédoise, et vit à Stockholm. Éclectique, elle a multiplié les expériences artistiques : chanteuse, danseuse, mannequin, comédienne, journaliste et auteur. L'écriture s'est imposée naturellement comme son moyen d'expression privilégié. Son premier roman traduit en français, Toujours avec toi, a été particulièrement bien accueilli.

 

 

Mon avis : (lu en mars 2012)
Pour ses 56 ans, Eva reçoit de la part de sa petite-fille Anna-Clara un journal intime décoré d’un chat dormant sous un rosier. Eva décide alors de raconter ses mémoires.
Le lecteur découvre le jour, la vie quotidienne bien rangée d’Eva à Frillesås, petite ville suédoise au bord de la Mer du Nord, elle vit avec Sven, elle a des amies, des petits-enfants, elle s'occupe parfois d’une vieille femme et elle s’occupe de son jardin et en particulier de ses exceptionnels rosiers. Et la nuit, Eva écrit le récit de son enfance avec sa difficile relation avec sa mère. Eva cherche l’amour de sa mère et celle-ci égoïste et tyrannique ne sait que la rabaisser, l’humilier… Le livre s’ouvre sur deux phrases terribles « J’avais sept ans quand j’ai décidé de tuer ma mère. Et dix-sept ans quand j’ai finalement mis mon projet à exécution. »  En effet, pour supporter cette situation insupportable, Eva décide à 7 ans de suivre un « entraînement » à supporter la douleur, la peur… Le lecteur va découvrir les douleurs d’Eva et peu à peu ses secrets, comment elle va traverser l’enfance puis l’adolescence en se forgeant une carapace et… nous ne sommes pas à bout de nos surprises… car je pensais assez rapidement avoir compris les grandes lignes du dénouement de l’histoire et malgré tout j’ai été surprise par plusieurs rebondissements…
Eva est un personnage hors du commun et à la fois effrayant mais tellement touchant, elle balance entre un côté noir et un côté blanc entre le passé et le présent. Un roman coup de cœur !


Extrait : (page 11)
13 juin
J’avais sept ans quand j’ai décidé de tuer ma mère. Et dix-sept ans quand j’ai finalement mis mon projet à exécution.
À travers ce simple constat, je viens de m’exprimer sur cette page avec une sincérité dont je n’ai pas l’habitude. À vrai dire, je n’ai jamais été aussi franche. Cela fait un moment que je n’écris plus de cartes postales, sans parler de lettres, et je n’ai jamais tenu de journal intime. Les mots m’ont toujours narguée, tournoyant sans répit dans ma tête. Des pensées qui me paraissaient révélatrices, originales tant que je les gardais prisonnières, s’effritaient durant leur brève course dans l’atmosphère et mouraient dès qu’elles touchaient le papier. Comme si le simple passage de mon for intérieur au dehors suffisait à les flétrir.
L’écart impitoyable entre inspiration et insignifiance qu’ont cruellement révélé mes rares tentatives d’écriture, m’a incitée à délaisser la plume, hormis pour consigner des faits purs et durs. Beurre, œufs, tomates, radis. Dentiste, ne pas oublier d’appeler. Il peut donc sembler pathétique de se mettre ainsi à rédiger un journal intime à l’âge de cinquante-six ans, mais je m’en arroge le droit. Ce cadeau doit bien avoir un sens, surtout venant d’Anna-Clara. Il implique un engagement de ma part – cela fait si longtemps que je ne me suis pas sentie redevable de quoi que ce soit… Les obligations ont cessé de dicter mon comportement bien avant que je n’arrête d’écrire des lettres. Mais je m’égare.
Ce carnet vierge m’a donc été offert par Anna-Clara, la plus jeune et la plus caractérielle de mes petits-enfants. C’est la raison pour laquelle j’apprécie tant cette petite. Parce qu’elle est considérée comme une enfant difficile. Alors que ses aînés Per et Mari sont joyeux et communicatifs – des âmes simples aux yeux pleins de bonté – Anna-Clara est renfermée, sombre et tranchante. Elle ouvre rarement la bouche. Quand elle le fait, c’est généralement laconique. Je peux avoir le pain ? Tu peux me verser du sirop ? Je peux aller lire dans la chambre ?
Aussi loin que je me souvienne, elle m’a toujours demandé la permission de se retirer pour lire. Quand j’acquiesce, comme je le fais immanquablement, elle monte dans ma chambre et s’installe à côté de la table de chevet encombrée de bouquins et de vieux journaux. Pendant que nous autres continuons à bavarder à table, autour d’un thé ou d’un dîner accompagné de bon vin, elle se plonge dans la lecture avec une obstination et une faculté de concentration que je lui envie. Je ne lui ai jamais exprimé mon admiration, cela pourrait paraître condescendant. Mais elle sait bien qu’au fond, mon consentement est aussi une approbation. Voilà pourquoi j’adore Anna-Clara. Elle n’a pas besoin de mots pour être soi-même.
Aujourd’hui, elle a donc passé le plus clair des festivités enfermée dans ma chambre en train de lire. Elle s’est hissée dans mon lit, a placé un oreiller derrière son dos, enroulé mon plaid jaune autour de ses jambes, posé sa part de gâteau et son verre de sirop sur la table de chevet, et avalé méthodiquement un journal après l’autre : les colonnes nécrologiques sans bavures des conflits armés dans la presse du matin ; les enquêtes criminelles et les rubriques mondaines dans celle du soir. Quel âge a-t-elle maintenant ? Huit ans, bientôt neuf ? Sa soif de lecture est certainement digne d’éloges. D’ailleurs, on ne manque pas de la souligner dès que l’occasion se présente, puisqu’il n’y a rien d’autre à dire. « Per a marqué trois buts au match de foot vendredi, Mari a joué de la flûte au spectacle de fin d’année, les arbres bourgeonnent et Anna-Clara… c’est incroyable, ce qu’elle peut lire ! Elle aura bientôt dévoré tous ce que nous avons à la maison et après, ce sera au tour de la bibliothèque communale. Ça lui ressemblerait. Parcourir systématiquement une étagère après l’autre, un livre après l’autre, phrase après phrase, mot après mot. Elle lit vraiment énormément, Anna-Clara. » Puis le silence.

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Challenge 6% 
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
39/42

Challenge Voisins, voisines
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Suède

Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie blanche
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Suède : Maria Ernestam

 Challenge Viking Lit'

Viking_Lit

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Partie du Corps"

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27 mars 2012

De bons voisins – Ryan David Jahn

de_bons_voisins Actes Sud – janvier 2012 – 272 pages

traduit de l’américain par Simon Baril

Titre original : Acts of Violence, 2009

Quatrième de couverture : 
New York, années soixante. A la fin d’une froide nuit de mars, la jeune Katrina Marino rentre chez elle après avoir fermé le bar où elle travaille. Garant sa voiture sur le parking en face de sa résidence, elle traverse la rue et s’approche de la porte de son appartement au rez-de-chaussée… quand un homme surgit de l’ombre et la poignarde. L’homme s’enfuit, mais il reviendra une heure plus tard, pour la violer et l’achever de plusieurs coups de couteaux. Mais que s’est-il passé pendant les soixante minutes où Kat est restée seule à agoniser dans la cour de sa résidence ? Malgré l’heure tardive, de nombreux témoins se sont penchés depuis leur fenêtre et ont vu la jeune femme et son agresseur. Pourquoi personne n’a appelé la police ? Quelles pensées occupaient ces hommes et ces femmes pour qu’aucun d’entre eux ne porte secours à leur voisine ? C’est à cette question que tente de répondre le roman de Ryan David Jahn, inspiré d’un fait divers réel, le meurtre de Kitty Genovese dans le Queens, en 1964, qui a lui-même servi de base au développement de la théorie du “bystander effect” en criminologie, en faisant alterner les témoins et le récit de leur nuit : Frank, un mécanicien, part à la recherche de la poussette que sa femme Erin croit avoir renversée plus tôt dans la soirée. Fausse alerte, il n’y avait qu’une poupée dans le landau… mais entre-temps Frank a croisé la route d’Alan, un flic corrompu qui compte profiter du fait que Frank soit noir pour lui faire porter la responsabilité d’un crime violent qu’il vient de commettre. Le jeune Patrick n’arrive pas à dormir, car au lever du jour il doit se présenter à un examen médical des forces armées. S’il est sélectionné, il partira se battre au Vietnam, abandonnant sa mère malade sur laquelle il veille depuis que son père les a quittés. Diane et Larry se déchirent pour la dernière fois. Leur amour a fait long feu, et au cours de la nuit Larry finit par avouer qu’il a une maîtresse. Diane décide de faire ses valises. Thomas a sorti le revolver de son grand-père et il s’apprête à se suicider… c’est alors qu’on frappe à sa porte : Christopher, un partenaire de bowling, aide Thomas à vaincre son isolement et à accepter son homosexualité. Peter, cadre médiocre, cherche à pimenter sa vie en se lançant dans l’échangisme. Il a convaincu sa femme Anne de tenter l’expérience avec un collègue de bureau et son épouse, mais l’aventure tourne à l’humiliation pour Peter, qui risque même de perdre Anne. Enfin, cette nuit-là, le hasard va mettre David, un jeune infirmier, en position de sauver la vie de Nathan Vacanti, l’enseignant qui a jadis abusé sexuellement de lui. Pour faire ce que le devoir exige, David devra surmonter son désir de vengeance….

Auteur : Ryan David Jahn écrit depuis l’âge de dix ans. De bons voisins, son premier roman, a remporté le prix du meilleur premier roman décerné chaque année par la Crime Writers Association. Il vit à Los Angeles. Il est déjà traduit ou en cours de traduction en allemand, néerlandais, espagnol, italien, japonais, chinois, islandais, danois et norvégien.

Mon avis : (lu en mars 2012)
C’est Valérie qui m’a donné envie de découvrir ce livre. 
Ce livre est directement inspiré de l’affaire Kitty Genovese, en 1964, à New-York, une jeune femme est assassinée dans l’indifférence totale de son voisinage. Ce fait divers est devenu un cas d'école sur la théorie de « l'effet du témoin » : en cas d'urgence, plus il y a de témoins moins ceux-ci réagissent et se portent au secours d'une victime.

Cette histoire est celle de l'indifférence et de l'égoïsme. Elle se déroule dans les années 60, à New-York, dans le Queens. Kat, une jeune femme rentre chez elle à quatre heures du matin. Mais devant sa porte, un inconnu l'attaque violemment à coups de couteau. Elle hurle. Dans la cour de l'immeuble, derrière les fenêtres, des hommes et des femmes l'ont entendu et se sont bien réveillés. Ils s'interrogent tous : que se passe-t-il ? Ils aperçoivent la jeune femme blessée, l'homme qui se sauve. Chacun se rassure en pensant que quelqu'un a du appeler les secours et qu'il est inutile de le faire pour ne pas encombrer inutilement la ligne téléphonique de la police. Et chacun retourne à ses propres soucis du moment, sans plus penser à Kat qui agonise sur le trottoir.

L'auteur nous raconte de façon chronologique cette terrible soirée, à chaque chapitre, comme dans le film « Fenêtre sur cour » d'Hitchcock,  le lecteur se déplace d’appartement en appartement, découvrant peu à peu la vie et les préoccupations diverses de chacun des potentiels témoins et en parallèle, le lecteur suit la terrible agonie de Kat.

Ce livre est à la fois poignant et terrifiant, il dénonce le monde égoïsme et anonyme dans lequel nous vivons et auquel nous participons... Un livre qui fait réfléchir.

Le style est dépouillé, le ton est neutre, l'auteur ne juge pas ces personnages, ce n'est pas nécessaire, les faits suffisent à eux-même. 

Ce même fait divers a inspiré Didier Decoin pour son livre «Est-ce ainsi que les femmes meurent ?» et j'ai très envie de lire prochainement. Le livre de Decoin a été adapté au cinéma en mars 2012 dans le film « 38 témoins » réalisé par Lucas Belvaux.

Extrait :(début du livre)

Ça commence sur un parking.
Le parking se trouve à l’arrière d’un bar sportif, un bâtiment en brique qui a accumulé les blessures et les cicatrices au cours de sa longue histoire. Il s’est fait percuter par des conducteurs en état d’ébriété qui ont passé la marche arrière au lieu de la marche avant, s’est fait taillader par des gens qui ont gravé leurs initiales sur les murs, et prendre d’assaut par des vandales ivres. Un soir, il y a quinze ans, quelqu’un a tenté d’y mettre le feu. Malheureusement pour le pyromane en puissance, la météo avait prévu de la pluie. De sorte que le bar est toujours là.
Il est presque quatre heures du matin – trois heures cinquante-huit –, un moment d’obscurité parfaite où aucun soupçon de lumière ne pointe encore à l’est. Il fait nuit noire.
Le bar est fermé et silencieux.
Seules trois voitures sont garées sur son parking habituellement bondé : une Studebaker de 1957, une Oldsmobile de 1953 et une Ford Galaxie de 1962 à l’aile cabossée. Deux d’entre elles appartiennent à des clients : l’un est un vendeur à domicile qui consacre ses journées à essayer de fourguer des aspirateurs ; l’autre, un chômeur qui passe les siennes à contempler les fissures du plafond de l’appartement dont il n’a pas payé le loyer depuis trois mois. Tous deux ont bu quelques coups de trop plus tôt dans la soirée et ont trouvé un autre moyen de rentrer chez eux – le taxi, sans doute. C’est sûrement le cas du chômeur. Le vendeur s’est peut-être fait raccompagner par un camarade, mais le chômeur, lui, a presque certainement pris un taxi. Quand il vous reste trente dollars et que le montant du loyer c’est quatre-vingts, inutile d’économiser. Buvez jusqu’à l’ivresse et payez-vous un taxi pour rentrer. Si l’on doit toucher le fond, autant prendre plaisir à la chute. C’est quand il vous reste quatre-vingt-sept dollars et que le loyer s’élève à quatre-vingts qu’il faut se restreindre.
Des gobelets en carton et d’autres déchets – journaux, emballages alimentaires – jonchent l’asphalte décoloré par le soleil. Un bref instant, une brise que l’on entend gémir chasse tous ces détritus en travers du macadam fendillé, réorganisant légèrement leur position avant de s’évanouir.
Et c’est alors qu’une jolie fille – une femme, à vrai dire, bien qu’elle ne se sente pas adulte – sort du bar, poussant la porte.
Elle se nomme Katrina – Katrina Marino –, mais presque tout le monde l’appelle Kat. Les seules personnes qui l’appellent encore Katrina sont ses parents, à qui elle parle chaque samedi au téléphone. Ils vivent à près de six cent cinquante kilomètres, mais ça ne les empêche pas de lui taper sur les nerfs, oh non ! Quand vas-tu enfin te montrer raisonnable et quitter cette ville, Katrina ? C’est un dangereux cloaque. Quand vas-tu te trouver un jeune homme bien avec qui te mettre en couple, Katrina ? Une fille de ton âge ne devrait pas être célibataire. Tu es plus près de la trentaine que de tes vingt ans, tu sais. Bientôt, tu n’auras plus cette beauté encore fraîche qui permet de décrocher un homme bien, un docteur ou un avocat, et il faudra que tu te contentes de moins. Tu ne voudrais pas te résoudre à ça, n’est-ce pas, Katrina ?
Une fois sortie, Kat tend le bras en arrière pour palper le mur, à la recherche d’une protubérance.
Elle finit par la sentir, un interrupteur qu’elle pousse vers le bas. Clic. Les fenêtres du bar plongent dans le noir, et la lumière qui débordait sur le parking, blanchissant l’asphalte gris, s’efface.
Kat referme la porte et la verrouille, tournant la poignée une dernière fois pour vérifier, puis rabat le portail en métal – vlan ! – et fixe le cadenas.

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Challenge Thriller 
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 catégorie "Même pas peur" : 14/8

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18/50 : New York (2)

Challenge New York en littérature

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Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
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23 mars 2012

La tentation du homard – Elizabeth Gilbert

la_tentation_du_homard Calmann-Lévy – septembre 2011 – 408 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie Boudewyn

Titre original : Stern men, 2000

Quatrième de couverture : 
Sur deux îles voisines le long des côtes du Maine, des pêcheurs de homards se livrent depuis des générations une lutte sans merci pour s’approprier les ressources de l’océan. Ruth Thomas, âgée de dix-huit ans, revient parmi les siens après des années passées en pension sur le continent, résolue à intégrer pleinement la communauté des durs à cuire qui peuplent son île.

Plus la lutte qui oppose Fort Niles à Port Courne s’envenime, plus la détermination de Ruth s’affermit : sa place est parmi ces drôles d’insulaires, la truculente Mme Pommeroy et sa ribambelle de garçons, Simon le Sénateur et son rêve de musée, Angus le teigneux, Webster et sa chasse au trésor… Futée comme personne mais pas romantique pour deux sous, Ruth succombe pourtant au charme d’Owney Wishnell, un jeune pêcheur beau à se damner, issu de l’île rivale…

La Tentation du homard est le premier roman d’Elizabeth Gilbert. Il brosse le portrait d’une inoubliable héroïne promise à un destin hors du commun.

« Un sens de la métaphore absolument remarquable […]. La Tentation du homard fait mouche tant il déborde de vie et de force. » New York Times

Auteur du best-seller Mange, Prie, Aime (2008), paru dans plus de trente pays et adapté au cinéma, Elizabeth Guilbert a également publié Le Dernier Américain, en 2009, et Mes alliances, histoires d’amour et de mariages, en 2010. En 2008, le magazine Time l'a désigné comme l’une des cent personnes les plus influentes de la planète.

 

Mon avis : (lu en mars 2012)
J’ai pris ce livre à la bibliothèque car j’ai été attirée par sa couverture multicolore et l’atmosphère marine qu’elle évoquait… (y est photographiées les balises qui permettent de distinguer les casiers des pêcheurs, chacun a sa couleur).
C’est le premier roman d’Elizabeth Gilbert, il a été  publié en 2000 et il a fallut attendre 11 ans pour qu’il soit traduit en France.

Ce livre raconte l’histoire de deux îles voisines et rivales des côtes du Maine, Fort Niles et Port Courne. Depuis des générations, les pêcheurs de homards de ces deux îles se livrent une guerre sans merci autour des lieux de pêche.
Ruth Thomas est la fille d’un pêcheur de Fort Niles, intelligente et brillante, elle est partie faire ses études sur le continent. Tous les ans, elle revenait pour les vacances. Agée de 18 ans, diplômée, malgré les pressions, elle est bien décidée à revenir  vivre sur son île. Le lecteur va suivre Ruth durant cet été et découvrir à la fois le quotidien des habitants de Fort Niles, l’histoire de cette rivalité avec Port Courne, l’histoire de la famille de Ruth… A travers les proches de Ruth, nous découvrons également une galerie de personnages hauts en couleurs, son père Stan Thomas, les frères Addams Angus et Simon le Sénateur, Mme Pommeroy et ses sept fils tous plus ou moins « dégénérés »,  sa mère Mary, Mademoiselle Vera…

Au début de chaque chapitre, une citation sur le comportement des homards est mise en parallèle avec les comportements des habitants de l’île du roman. C'est plutôt bien vu !
Il y a beaucoup d’humour dans ce livre, j’ai beaucoup aimé le personnage de Ruth spectatrice de ce petit monde îlien. Elle a un caractère bien trempé, elle sait ce qu’elle veut. Il n’y a pas beaucoup d’actions ou de rebondissements, mais l’atmosphère iodée m’a fait passer un bon moment.
J’ai aimé les descriptions des deux îles, de sorties de pêches… J’aurais aimé venir passer un été à Fort Niles ou Port Courne.

 

Extrait : (début du livre)
A trente-deux kilomètres au large des côtes du Maine se dressent en vis-à-vis les îles de Fort Niles et de Port Courne, qui se regardent en chiens de faïence depuis la nuit des temps, chacune d’elles montant la garde face à sa rivale. Il n’y a rien d’autre aux alentours. Elles se situent au milieu de nulle part. Rocheuses, en forme de pommes de terre, elles constituent à elles seules un archipel. La découverte de ces îles jumelles sur une carte a de quoi étonner ; comme si on tombait sur deux villes jumelles dans la savane, deux campements jumeaux dans le désert, deux cabanes jumelles dans la toundra. Isolées du reste du monde, les îles de Fort Niles et de Port Courne ne sont séparées que par un filet d’eau de mer baptisé le Bon Chenal, de près de un kilomètre et demi de large, si peu profond par endroits qu’en le traversant à marée basse, même en canot, il est impératif de redoubler de prudence. A moins de savoir ce qu’on fait, et pas qu’un peu.

Uniques en leur genre, les îles de Fort Niles et de Port Courne sont si étonnamment semblables que leur créateur ne pouvait qu’être un simple d’esprit ou un génie comique.
Les deux îles, uniques sommets qui subsistent encore d’une seule et même chaîne de montagnes aujourd’hui submergée, se composent d’une strate de granit noir masquée par une couverture luxuriante de pins. Chacune mesure à peu près six kilomètres et demi de long sur trois de large et possède quelques petites criques, plusieurs nappes d’eau douce, des grèves rocheuses disséminées çà et là, une unique plage de sable, une unique colline et un seul port digne de ce nom, que l’une et l’autre dissimulent jalousement dans leur dos comme un sac de pièces d’or.
Sur chaque île se trouvent une église, une école et une grand-rue qui mène au port (baptisée dans l’un et l’autre cas « Grande-Rue »), le long de laquelle s’alignent quelques établissements publics : poste, épicerie, café. Il n’y a de route pavée sur aucune des deux îles. Les maisons s’y ressemblent beaucoup. Rien ne distingue les bateaux qui mouillent dans l’un et l’autre ports. Les îles bénéficient du même microclimat, plus doux l’hiver et plus frais l’été que dans n’importe  quelle ville du littoral, et disparaissent souvent sous une nappe de brouillard pas très rassurante. Les mêmes  espèces de fougères, d’orchidées, de champignons et de roses sauvages poussent sur les deux îles, peuplées des même types d’oiseaux, de grenouilles, de cerfs, de rats, de renards, de serpents et d’hommes.

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Challenge 6% 
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
38/42

Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
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Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Animal"

50__tats
18/50 : Delaware
Ruth est envoyée faire ses études dans l'Etat du Delaware 

22 mars 2012

Nouveau Challenge : Challenge Eric-Emmanuel Schmitt

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Organisé par unchocolatdansmonroman, il s'agit de découvrir une ou plusieurs oeuvres d'Eric Emmanuel Schmitt jusqu'au 5/02/2013, je me suis inscrite dans la catégorie "Fan de la première heure" (2 romans + un ouvrage du cycle de l'invisible + un autre écrit au choix)

Déjà lu d'Éric-Emmanuel Schmitt :

Cycle de l'invisible :

oscar_et_la_dame_rose Oscar et la dame rose  le_sumo_qui_ne_voulait_pas_grossir Le sumo qui ne pouvait pas grossir 

l_enfant_de_no__p L'enfant de Noé

Romans :

   ulysse_from_Bagdad Ulysse from Bagdad

Nouvelles :

odette_toulemonde Odette Toulemonde et autres histoires

la_reveuse_d_ostende La rêveuse d'Ostende

Ecrits plus intime :

quand_je_pense_que_Beethoven  Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent...   

 

Je prévois de lire : 

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran 

La part de l'autre

L'Evangile selon Pilate

Hôtel des deux mondes


21 mars 2012

Les Solidarités mystérieuses – Pascal Quignard

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Gallimard – octobre 2011 – 251 pages

Quatrième de couverture :
« Ce n’était pas de l’amour, le sentiment qui régnait entre eux deux. Ce n’était pas non plus une espèce de pardon automatique. C’était une solidarité mystérieuse. C’était un lien sans origine dans la mesure où aucun prétexte, aucun événement, à aucun moment, ne l’avait décidé ainsi. » 

Auteur : Romancier, poète et essayiste, Pascal Quignard est né en 1948. Après des études de philosophie, il entre aux Éditions Gallimard où il occupe les fonctions successives de lecteur, membre du comité de lecture et secrétaire général pour le développement éditorial. Il enseigne ensuite à l’Université de Vincennes et à l’École Pratique des Hautes Études en Sciences Sociales. Il a fondé le festival d’opéra et de théâtre baroque de Versailles, qu’il dirige de 1990 à 1994. Par la suite, il démissionne de toutes ses fonctions pour se consacrer à son travail d’écrivain.

Mon avis : (lu en mars 2012)
J'ai découvert ce livre grâce au « Café Lecture » de la Bibliothèque.
Le livre s'ouvre avec le voyage de Claire en Bretagne pour le mariage d'une cousine. Elle revient sur les lieux de son enfance, entre Dinard et Saint-Lunaire. Des lieux qui lui rappellent des moments de joie mais aussi des drames. Claire est orpheline depuis l'âge de neuf ans, avec son jeune frère Paul âgé de 4 ans à l'époque, ils sont les seuls rescapés d'un accident de voiture où son mort le reste de la famille. Ensuite, ils ont été confiés à un oncle et une tante. A l'âge de 13 ans, Claire rencontre Simon et leur complicité amoureuse durera jusqu'à ce que leurs études supérieures ne les séparent. Claire a maintenant une quarantaine d'années, et lors de ce retour en Bretagne elle retrouve par hasard, Madame Ladon, son ancien professeur de piano qui lui propose de l'héberger quelques temps à Saint-Enogat. Elle ne repartira jamais vers son ancienne vie.
Peu à peu Pascal Quignard dévoile au lecteur l'histoire de Claire, ses douleurs, ses failles. Dans une deuxième partie, le lecteur découvre les points de vue des proches de Claire, celui de Simon, de Paul, de Juliette. Ce livre est une histoire simple que l'auteur arrive à sublimer. Le titre est mystérieux, il apparaît et est un peu explicité dans l'extrait placé en quatrième de couverture.
J'ai beaucoup aimé ce livre remarquablement écrit. J'ai été très sensible aux très belles descriptions de la nature de bord de mer, la lande bretonne, les plages, les falaises, la mer, le ciel, la végétation, les oiseaux, les animaux terrestres ou aquatiques... Tous nos sens sont en éveil, j'ai eu l'impression d'accompagner Claire dans ses longues errances.

Extrait : (début du livre)
Mireille Methuen se maria à Dinard le samedi 3 février 2007. Claire partit le vendredi. Paul refusa de l'accompagner. Il n'avait conservé aucun lien avec ce qui restait de la famille. Dès onze heures elle eut faim. Elle suivait l'Avre. Elle préféra passer Breux, Tillières, Verneuil. Après la sortie de Verneuil, Claire s'arrêta pour déjeuner sur une aire sableuse et vide. 
C'est la forêt de L'Aigle. 
Elle traverse le parking en direction d'une petite table en fer posée devant un chalet alpin. Un pot de forsythias jaunes a été placé au milieu de la petite table. Devant le pot de forsythias, il y a une ardoise où est noté à la craie le menu du jour. Elle examine le menu. 
Un homme d'une cinquantaine d'années sort timidement de l'auberge. Il porte un tablier à grands carreaux rouges et blancs. 
- Monsieur, on peut manger là, au soleil ? 
Claire montre la petite table en fer à l'extérieur. 
- Vous savez qu'il n'est pas midi ? 
- Cela vous pose un problème de faire à manger dès maintenant ? 
- Non. 
- Alors je voudrais m'installer là, dans ce rayon de soleil, même s'il n'est pas midi. 
L'aubergiste n'a pas l'air très favorable. De toute façon il ne répond rien. Il a un comportement étrange. Il examine Claire avec attention. Cette dernière s'approche de lui, elle le prend par le bras, elle est deux fois plus grande que lui. 
- Je vous parle : Je vous demande si je peux m'asseoir là, sous le soleil. 
- Là ? 
- Oui, là, dans le rayon de soleil. 
L'aubergiste lève des yeux tout bleus vers elle. 
- Monsieur, je souhaiterais manger, ne serait-ce qu'une salade, là, en plein soleil, à onze heures, au mois de février, répète-t-elle. 
Silence. 
- Monsieur, je pense qu'il faut que vous me répondiez. 
Alors l'aubergiste s'avance, prend la pancarte, l'ardoise sur laquelle est noté le menu du jour, le bouquet de forsythias. 
Il va les porter dans le chalet. 
Il revient avec une éponge. 
Il essuie lentement la table. 
En l'essuyant, elle se révèle bancale. 
L'aubergiste est à genoux. Les racines ont soulevé la terre. Il glisse un caillou sous un des pieds de la table. 
Un genou encore en terre, haussant les sourcils, il lève les yeux vers Claire et dit simplement : 
- J'hésitais, Madame, parce qu'il y a une hulotte. 
Il montre le haut de l'arbre avec son doigt. 
Ils lèvent tous les deux la tête en même temps. 
L'air est léger et bleu. 
Le chêne paraît nu malgré les petites feuilles toutes neuves prises dans les rayons du soleil. 
- Je pense qu'à cette heure-ci elle dort, suggère Claire. 
- Vous pensez ? 
Claire incline la tête. 
- Vous le pensez vraiment ? 
L'aubergiste, toujours un genou à terre, les bras croisés sur l'autre genou, l'interroge du regard en silence. 
- J'en suis certaine, dit Claire. 
Elle tire la chaise, elle s'assoit devant la petite table, elle se met à pleurer doucement. 
Le rendez-vous à la mairie est fixé à dix heures trente. 
Claire a pris son petit déjeuner dès qu'elle l'a pu (dès que la patronne de l'hôtel est allée chercher le pain à la boulangerie), à sept heures et quart. 
A neuf heures, elle se rend au marché. 
Elle traîne. 
Elle contemple une barquette de fraises parfaitement hors de saison. Elle ne résiste pas au désir de prendre une fraise, de la glisser dans sa bouche, de se rendre compte par elle-même de son parfum. 
Elle ferme les yeux. Elle goûte. 
Elle était en train de goûter une fraise qui ne sentait pas beaucoup plus que l'eau qu'elle contenait quand elle entendit une voix qui la toucha d'une manière indescriptible. Elle sentit l'intérieur de son corps se dilater sans bien comprendre ce qui lui arrivait. 
Elle ouvrit les yeux. Elle se retourna. 
Elle découvrit un peu plus loin, sur sa gauche, une marchande de légumes biologiques en grande discussion avec une dame âgée. 
Elle s'approcha lentement. 
Les légumes qui étaient exposés à la vente sur l'étal n'avaient pas grande allure ; leur apparence était chétive ; leur volume était informe ; leur peau était délibérément terreuse. 
La voix provenait de la dame toute petite qui se tenait devant eux. 
Elle avait un chignon blanc et - au-dessus - un fichu à motif de fleurettes roses sur fond noir beaucoup trop petit pour la masse de ses cheveux. La vieille dame était en train de demander comment étaient les poireaux. 
Claire aimait cette voix qu'elle entendait à dix pas d'elle. 
Elle adorait cette voix. 
Elle cherchait à mettre un nom sur ce timbre si clair, sur ces sortes de vagues de phrases rythmées qui attiraient son corps. La voix montait des romaines et des betteraves noires. La voix demanda brusquement, avec autorité, une botte de radis. Quand la voix demanda des côtes de blette, alors les yeux de Claire Methuen s'emplirent de larmes. Elle ne pleura pas pour autant mais, la vue brouillée, elle vit surgir, sans qu'elle en fût surprise, la main et la bague, au-dessus des grandes feuilles sombres des branches d'épinard, afin de saisir le sac terne, en papier recyclé, que lui tendait la marchande. 
Claire poussait les gens qui étaient dans la file. 
Les gens qui attendaient leur tour se mirent à murmurer et à grogner. 
- Madame Ladon, murmura Claire tout bas. 
Rien. La vieille dame ne se retourna pas. 

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Déjà lu du même auteur : 
villa_amalia_p Villa Amalia

Challenge 6% 
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
37/42

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18 mars 2012

La Nuit des corbeaux – John Connolly

En librairie depuis le 15 mars 2012

Lu en partenariat avec les Presse de la Cité

la_nuit_des_corbeaux Presse de la Cité – mars 2012 – 450 pages

traduit de l'anglais (Irlande) par Jacques Martinache

Titre original : The Burning Soul, 2011

Présentation éditeur : 
Lorsqu’il était adolescent, Randall Haight a commis l’irréparable : avec un ami, il a tué sans raison une jeune fille de quatorze ans. Après avoir purgé une peine de prison pour ce meurtre, il a refait sa vie dans une petite ville du Maine, où il pense que personne ne connaît ni son identité, ni son histoire. Pourtant quelqu’un sait. Un jour, il reçoit un courrier anonyme contenant une photo de la ferme où le crime a eu lieu. Il fait alors appel à Charlie Parker afin de découvrir qui est le mystérieux corbeau. Mais une adolescente disparaît, et l’instinct du détective l’amène à soupçonner son client…

Auteur : John Connolly est né à Dublin en 1968. En neuf romans, dont L’Ange Noir et La Proie des ombres, ce journaliste à l’Irish Times a su imposer un univers noir, fantastique et poétique d’une grande originalité, à l’image de l’un de ses personnages-clés : Charlie Parker, détective privé hanté par le meurtre de sa femme et de sa fille.

Site de l'auteur : http://www.johnconnollybooks.com 

Mon avis : (lu en mars 2012)
J’ai accepté de lire ce livre en pensant lire un simple roman policier… En effet, j’ai confondu les auteurs Michael Connelly et John Connolly. J’avais déjà lu des livres de Michael Connelly mais encore jamais de John Connolly. N’étant pas du tout fan de fantastique, le fait que l’on définisse cet auteur irlandais comme un auteur de romans fantastiques noirs cela me faisait un peu peur. Finalement le côté fantastique est très peu présent, et ce livre est surtout un très bon thriller.

L’histoire commence avec la disparition d’Anna Kore, une jeune fille de quatorze ans dans la petite ville de Pastor's Bay dans l’État du Maine. Dans cette même ville vit Randall Haight, ce n'est pas son vrai nom, car lorsqu'il avait quatorze ans, il avait été coupable avec un camarade du viol et du meurtre d'une jeune adolescente noire. Il a payé sa dette à la société pendant de longues années en prison. Randall se sentant rattrapé par son passé fait alors appel à une avocate, Aimee Price, qui elle-même fait appel au détective privé Charlie Parker (personnage récurrent de John Connolly) pour enquêter sur la disparition d'Anna Kore.

J'ai beaucoup aimé ce thriller, l'histoire est très bien construite, le suspens est présent. Dès le début, l'auteur nous envoie sur plusieurs pistes et de nombreux personnages entre en scène... Le lecteur accompagne Charlie Parker tout au long de l'enquête, avec ses interrogations, ses doutes, ses questions, ses impressions. J'ai aimé les descriptions de l'ambiance, de l'atmosphère des lieux.

A découvrir sans hésiter !  

Je remercie beaucoup Pauline et les éditions Presse de la Cité pour ce partenariat.

Extrait :(début du livre)
Une mer grise, un ciel gris, mais le feu dans les bois et les arbres en flammes. Pas de chaleur, pas de fumée, et pourtant la forêt brûlait, couronnée de rouge, de jaune et d’orange, un incendie froid venu avec l’automne et la chute résignée des feuilles. Il y avait de la mortalité dans l’air, portée par les premiers signes des vents d’hiver, leur menace glacée, et les animaux se préparaient aux neiges à venir. On avait commencé à se remplir le ventre en prévision des temps de vaches maigres. La faim forcerait les bêtes les plus vulnérables à prendre des risques pour se nourrir et les prédateurs seraient à l’affût. Les araignées noires embusquées au coin de leur toile ne sommeillaient pas encore. Il restait des insectes à prendre au piège, des trophées à ajouter à leurs collections d’enveloppes corporelles desséchées. Les pelages d’hiver s’épaississaient et les fourrures s’éclaircissaient pour mieux se confondre avec la neige. Des oies en formation quadrillaient le ciel en laissant des traces dans leur sillage, abandonnant, comme des réfugiés fuyant une guerre proche, ceux qui étaient contraints de rester et d’affronter ce qui allait venir.

Les corbeaux étaient immobiles. Nombre de leurs frères du Grand Nord avaient migré vers le sud pour échapper au plus fort de l’hiver, mais pas ceux-là. Enormes et cependant racés, ils possédaient des yeux brillant d’une intelligence étrange. Sur cette route reculée, certaines personnes les avaient déjà remarqués, et si elles avaient un compagnon de marche, ou un passager dans leur voiture, elles avaient commenté leur présence. Oui, tous en convenaient, ils étaient plus gros que les corbeaux habituels et peut-être suscitaient-ils aussi un sentiment de malaise, ces volatiles voûtés, ces éclaireurs patients et perfides. Ils étaient perchés sur les branches d’un très vieux chêne, organisme dont les derniers jours étaient annoncés : ses feuilles tombaient plus tôt chaque année, si bien que fin septembre il était déjà dénudé, créature calcinée au milieu du flamboiement, comme si le feu dévorant l’avait déjà consumé, ne laissant que les restes fumants de nids depuis longtemps abandonnés. L’arbre se dressait au bord d’un taillis qui s’avançait légèrement pour suivre la courbe de la route et dont il occupait la pointe la plus éloignée. Il avait eu autrefois des compagnons semblables à lui, mais les hommes qui avaient construit cette route les avaient abattus, des années plus tôt. Il restait maintenant le seul de son espèce, et lui aussi disparaîtrait bientôt.
Pourtant les corbeaux étaient venus s’y percher, parce qu’ils aimaient les créatures mourantes. 

 

 

Challenge Voisins, voisines
voisin_voisines2012
Irlande

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Animaux" 


50__tats

17/50 : Maine 

Challenge God Save The Livre
 Challenge_anglais

10 mars 2012

La disparue du Père-Lachaise - Claude Izner

la_disparue_du_P_re_Lachaise 10/18 – mars 2003 – 302 pages

Quatrième de couverture :
Paris, 1890. Qu'elle n'est pas la surprise de Victor Legris de voir débarquer Denise Le Louarn, la gouvernante de son ancienne maîtresse, Odette de Valois, dans sa librairie. La jeune femme est visiblement bouleversée. Elle lui apprend qu’Odette, devenue depuis peu adepte de ce spiritisme tant en vogue, a disparu à la suite  d'un étrange rendez-vous au cimetière du Père-Lachaise. D'abord sceptique, Victor ne peut s'empêcher de s'interroger et le voilà donc lancé sur la piste de son ancienne maîtresse... A sa suite on découvre ce Paris où l'on entendait encore le bruit des sabots sur les pavés de bois et les cris des petits métiers, où les hommes portaient le haut-de-forme, les femmes le corset et où les mystères naissaient à chaque coin de rue...

Auteur : Claude Izner est le pseudonyme de deux sœurs, Liliane Korb et Laurence Lefèvre. Liliane a longtemps exercé le métier de chef-monteuse de cinéma, avant de se reconvertir bouquiniste sur les quais de la Seine, qu'elle a quittés en 2004. Laurence a publié deux romans chez Calmann-Lévy, Paris-Lézarde en 1977 et Les Passants du dimanche en 1979. Elle est bouquiniste sur les quais. Elles ont réalisé plusieurs courts métrages et des spectacles audiovisuels. Elles écrivent ensemble et individuellement depuis de nombreuses années, tant pour la jeunesse que pour les adultes. Les enquêtes de Victor Legris sont aujourd'hui traduites dans huit pays.

Mon avis : (lu en mars 2012)
C'est la seconde enquête de Victor Legris, libraire et détective amateur. Denise, la gouvernante d'Odette de Valois vient demander de l'aide à la librairie car cette dernière a disparue au cimetière du Père-Lachaise alors qu'elle rendait visite à son défunt mari mort en Colombie. Odette de Valois étant l'ancienne maîtresse de Victor, il décide de mener son enquête. C'est alors que Denise disparaît à son tour... Voilà comment commence une enquête bien construite, avec du suspense et des rebondissements. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce nouvel épisode où l'on retrouve la belle Tasha, l'énigmatique Kenji et le perspicace Joseph, dans le Paris du XIXe siècle où l'ambiance y est parfaitement décrite.

La postface est très intéressante, les auteurs reviennent sur les faits historiques évoqués durant l'enquête de Victor Legris, comme la construction du canal de Panama. Et cela nous explique bien le contexte historique.
A l'occasion, j'emprunterai la suite de la série à la Bibliothèque. Une lecture facile et agréable. 

Extrait : (page 17)
- Seigneur, il était si bon et si doux, nous l’aimions si tendrement ! Seigneur, il était…
Les mots, inlassablement répétés, filtraient à travers la voilette masquant le visage d’une femme tassée contre la portière d’un fiacre. Une autre femme, assise en vis-en-vis, les soulignait parfois d’un signe de croix à peine esquissé. Cette litanie devait, pour être perçue, lutter avec le grincement des essieux et le raclement des roues sur les pavés. Elle avait depuis longtemps perdu tout sens, semblable à ces comptines ressassées par les enfants.
Le cocher tira sur les rênes, la voiture s’arrêta rue des Rondeaux devant l’une des entrées du Père-Lachaise. L’homme descendit de son perchoir, alla parlementer avec un gardien, lui glissa la pièce, après quoi il se hissa lourdement sur sa banquette et fit claquer son fouet.
Précédant de peu un convoi funéraire, le fiacre pénétra dans le cimetière et emprunta l’avenue circulaire. La pluie nimbait d’un dôme luisant l’immense nécropole. De part et d’autre de la route se succédaient chapelles, cénotaphes, mausolées ornés d’angelots dodus ou de nymphes éplorés. Un labyrinthe d’allées et de sentes se perdait parmi les tombes, envahi par une végétation de sous-bois encore clairsemée en ce début du mois de mars. Sycomores, thuyas, hêtres et tilleuls assombrissaient un ciel déjà bas. 
Le fiacre amorça un virage et manqua percuter un grand bonhomme à cheveux blancs contemplant la croupe épanouie d'une pleureuse de bronze. Le cheval se cabra, le cocher lâcha une bordée de jurons, le vieillard montra le poing en hurlant : « Sang de bois, Grouchy, j'aurai ta peau ! » et s'éloigna en titubant.

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Déjà lu du même auteur :

myst_re_rue_des_Saints_P_res Mystère rue des Saints-Pères


Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Personne connue"

9 mars 2012

Sœurs Chocolat – Catherine Velle

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Editions Anne Carrière – mars 2007 – 316 pages

Corps 16 – janvier 2008 (Gros Caractères)

Livre de poche – décembre 2009 – 310 pages

Quatrième de couverture :
Elles ne sont pas sœurs... elles sont Sœurs. Leur petite communauté, au coeur de la France, subsiste - difficilement - grâce au délicieux chocolat qu'elles produisent. Mais si elles manquent le rendez-vous au fin fond de la Colombie, la part de fèves de cacao qui leur est réservée sera immédiatement attribuée à d'autres. Quittant leurs habits monastiques, elles se retrouvent dans la forêt amazonienne, face à des bandits qui convoitent leur trésor de fèves. Prêtes à tout pour sauver leur communauté, elles vont changer d'identité, jouer du revolver, chanter et danser dans un cabaret infesté de malfrats... Une aventure haletante et pleine de fantaisie, dans la plus pure tradition romanesque.

Auteur : Catherine Velle a été comédienne et publicitaire. Elle est aujourd'hui directrice de la communication du groupe Marie-Claire. Sœurs chocolat est son troisième roman.

Mon avis : (lu en février 2012)
Voilà un livre que j'ai découvert sur la blogosphère, que malgré mon envie, j'ai mis du temps à sortir de ma PAL... Et j'ai trouvé ce livre très amusant. 
A l'Abbaye de Saint-Julien, les Sœurs consacrent leur vie à Dieu et pour faire vivre la communauté, elles fabriquent un chocolat délicieux grâce à un recette secrète que les Sœurs se transmettent de génération en génération… L’origine de ce chocolat exceptionnel, c’est l’arrivée à l’Abbaye d’une sœur colombienne avec des fèves de chocolat en provenance de son village. Depuis, tous les dix ans, deux Sœurs partent pour aller chercher ces fameuses fèves de cacao.
Le lecteur va être le témoin du voyage des deux Sœurs Jasmine la novice et Anne la plus confirmée. Le voyage va être plus difficile que prévu car des bandits voudraient bien s’emparer du chocolat réservé aux « Sœurs Chocolat ». Elles vont donc voyager incognito et affronter des épreuves nombreuses et variées pour tenter à tout prix à rejoindre le lieu de rendez-vous au fond la forêt Amazonienne.
Ce livre est à la fois un roman d'aventure qui nous entraîne en Colombie à la recherche de fèves de cacao exceptionnelles et une quête initiatique pour deux sœurs, ce voyage plein de péripéties va ébranler leur vocation à chacune.
Les deux Sœurs sont attachantes et j’ai suivie avec beaucoup de plaisirs leurs aventures. Ce livre est tour à tour drôle, plein de suspense et de rebondissements, plein de fraîcheur, et également émouvant.

Autres avis : Sandrine, Valérie

Extrait : (début du livre)
La silhouette vacillante se hâtait dans la neige. Après la ruelle sombre, en atteignant la grand-place, elle s’arrêta un moment, clignant des yeux dans la lumière, le temps d’habituer sa vision à la luminosité nouvelle.
La neige avait fait son apparition au petit matin, déversant sur tout le Haut-Koenigsbourg des tonnes de poudre blanche. Le vieux bourg alsacien de Bergheim était encore endormi, raidi sous la vague de froid, et les  sapins du fond de la place, figés sous leurs guirlandes glacées, semblaient attendre un signal pour se remettre à respirer. Un oiseau triste traversa le ciel plombé en criant.
Encore quelques minutes et elle serait arrivée à destination. Il lui suffisait de traverser la place en diagonale, mêlant ses pas aux traces brunes qui maculaient la neige vierge et convergeaient toutes en faisceau vers la grande bâtisse grise. AD UNUM PRO TOTIS, lut-elle au fronton. Au coup de heurtoir on lui demanda son nom, en dialecte, depuis l’intérieur.
« Je suis Sœur Clothilde.
- Entrez vite, la Sœur, dit le portier en s’effaçant pour laisser passer la vieille religieuse. On n’attendait plus que vous. Les Vénérables sont réunis. Ça va bientôt commencer. »
Il la laissa monter le grand escalier de pierre couvert d’épais tapis. Elle connaissait le chemin. Elle avait gravi ces marches pour la première fois un an auparavant. A ce souvenir, elle frissonna et accéléra sa montée, sautillant comme un moineau noir, avalant les degrés dans le seul chuintement de la longue robe. Au premier étage, un second portier lui ouvrit la porte de la bibliothèque.
Tout le monde était là. Dans la quasi-obscurité et le silence.
Elle glissa comme un fantôme vers la place qu’elle savait lui être réservée. Deux habitués lui firent un léger signe de tête dans l’ombre quand elle rejoignit le cercle. Les autres la regardèrent froidement, sans émotion, et retournèrent leur attention vers le centre de la pièce.
Ils étaient là, les Vénérables. Si blancs de poil, si âgés, que leur simple présence inspirait le respect, si absorbés dans leur tâche que le silence se faisait encore plus épais, plus lourd, à leur entour. Cornelius Van de Velde, Abraham Ritter et Maurice de Chilly-Fortaleza.
Les trois sommités mondiales en matière de chocolat. Trois savants, trois humanistes bardés de toutes les décorations possibles, reçues dans tous les coins du monde où leurs nombreux voyages les avaient entraînés leur vie durant.
A plus de quatre-vingts ans, ils restaient les experts incontournables du cacao et de ses mystères, et la Cabosse d’Or remise chaque année par leur association était la plus haute distinction qu’un fabricant de chocolat pouvait souhaiter.

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Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Couleur"

7 mars 2012

Sous haute tension – Harlan Coben

En librairie depuis le 1er mars 2012

Lu en partenariat avec les éditions Belfond

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France Loisirs - octobre 2011 - 429 pages

Belfond – mars 2012 – 391 pages

traduit de l'américain par Roxane Azimi

Titre original : Live wire, 2011

Présentation éditeur : 
La championne de tennis, Suzze Trevantino est inquiète : d’étranges messages ont été postés sur sa page Facebook, affirmant que l’enfant qu’elle porte n’est pas celui de son époux, Lex Ryder. Depuis, Lex, chanteur de HorsePower – célèbre groupe de rock en mal d’actualité –, est introuvable. 
Ami du couple, Myron Bolitar mène l’enquête. Et lorsqu’il pense mettre la main sur Lex dans une boîte de nuit branchée, celui-ci disparaît de nouveau. Qu’essaie-t-il de fuir ? Et pourquoi se précipite-t-il chez le très mystérieux Gabriel Wire, son richissime partenaire de HorsePower, terré dans sa villa depuis des années ? 
Poursuivant sa mission, Myron fait alors une surprenante rencontre: sa belle-sœur, Kitty. Que fait-elle à New York avec son fils Mickey, dont Myron n’avait jamais entendu parler ? Et où est Brad, ce frère qu’il n’a pas vu depuis seize ans ? Shootée à l’héroïne, la jeune femme refuse de parler. Mais bientôt, Myron fait une découverte bien étrange : Kitty est l’auteur des menaces sur Facebook… 
Meurtres, drogue, rock’n’roll, mafia, traque sur Internet et secrets familiaux… Avec l’aide de son équipe, Myron va remonter le fil d’une périlleuse et délicate affaire, dont il ne sortira pas indemne. À se demander si, parfois, de jolis mensonges ne valent pas mieux qu’une cruelle vérité…

Auteur : Né en 1962, Harlan Coben vit dans le New Jersey avec sa femme et leurs quatre enfants. Diplômé en sciences politiques du Amherst College, il a rencontré un succès immédiat dès ses premiers romans, tant auprès de la critique que du public. Il est le premier auteur à avoir reçu le Edgar Award, le Shamus Award et le Anthony Award, les trois prix majeurs de la littérature à suspense aux États-Unis. Belfond a déjà publié douze de ses romans, dont Ne le dis à personne… (2002) – qui a remporté le Prix des lectrices de Elle et qui a été adapté avec succès au cinéma par Guillaume Canet –, Dans les bois (2008), Sans un mot (2009), Sans laisser d’adresse (2010), Sans un adieu (2010), Faute de preuves (2011) et Remède mortel (2011). Avec Sous haute tension, Harlan Coben signe le nouveau volet des aventures de son personnage récurrent, Myron Bolitar.

Site de l'auteur : http://www.harlan-coben.fr/

http://www.facebook.com/HarlanCobenFrance 

Mon avis : (lu en mars 2012)
Quel plaisir de retrouver Myron Bolitar, notre super agent de MB Reps, et ses acolytes Win, Esperanza et Big Cindy dans un nouvel épisode.
Cette nouvelle enquête va permettre au lecteur d’en connaître un peu plus sur Myron, son passé et sa famille.

Tout commence lorsque Suzze Trevantino, cliente et amie de Myron Bolitar, le contacte car elle a reçu sur sa page Facebook des messages révélant que le bébé qu’elle porte n’est pas de Lex Ryder, son mari. Ce dernier est le chanteur d’un célèbre groupe de rock et il a disparu. En menant son enquête Myron tombe sur Kitty Bolitar, sa belle-sœur, il ne l'a pas revu depuis 16 ans, lorsqu’elle est partie avec Brad le frère de Myron… Y a-t-il un lien entre ces évènements ?  

Comme d'habitude, Harlan Coben nous offre une histoire palpitante, pleine de suspens et de rebondissements… Un vrai « page turner » efficace qui m’a fait passer un très bon moment.

Je remercie beaucoup Pauline et les éditions Belfond pour ce nouveau partenariat.

Concours pour gagner des livres


Extrait : (début du livre)
La vérité la plus abjecte, avait dit jadis un ami à Myron, vaut mieux que le plus séduisant des mensonges.
Myron y repensait à présent, en regardant son père dans son lit d'hôpital. Il se rappela la dernière fois, voilà seize ans, qu'il avait menti à son père, mensonge qui avait engendré tant de souffrance et de destruction, mensonge à l'origine d'un tragique effet boule de neige qui, de désastres en catastrophes, allait les conduire ici.
Son père avait les yeux fermés, le souffle rauque et irrégulier. Des tubes lui sortaient de partout. Myron contempla son avant-bras. Il se souvint, enfant, d'avoir rendu visite à papa dans son entrepôt de Newark. Son père trônait derrière son énorme bureau, les manches retroussées. L'avant-bras était assez puissant alors pour tendre le tissu, transformant la manchette en une sorte de garrot autour du muscle. Aujourd'hui, le muscle paraissait flasque, raboté par l'âge. Le large torse qui lui avait inspiré un tel sentiment de sécurité était toujours là, mais il était devenu fragile, comme si en appuyant dessus on risquait de broyer la cage thoracique à la manière d'un tas de brindilles. Le visage pas rasé était constellé de plaques grises au lieu de la coutumière barbe de cinq heures ; la peau du menton pendait mollement, tel un pardessus trop grand.
La mère de Myron – mariée à Al Bolitar depuis quarante-trois ans – était assise à côté du lit. Sa main, agitée par la maladie de Parkinson, serrait celle de son mari. Elle aussi avait l'air terriblement frêle. Jeune, sa mère avait été une féministe de la première heure : elle avait brûlé son soutien-gorge au côté de Gloria Steinem, arboré des T-shirts avec l'inscription « La place d'une femme est dans la Chambre… et au Sénat ». Tous deux, Ellen et Al Bolitar (« On est El-Al, plaisantait maman, comme la compagnie aérienne d'Israël »), se maintenaient malgré l'outrage des ans, plus chanceux que la plupart des couples vieillissants… Seulement, la chance avait une drôle d'allure, à la fin.
Dieu a un sens de l'humour bien à lui.
— Alors, dit tout bas maman à Myron. Nous sommes d'accord ?
Myron ne répondit pas. Le plus séduisant des mensonges face à la vérité la plus abjecte. Il aurait dû retenir la leçon il y a seize ans, lorsqu'il avait menti à cet homme formidable qu'il aimait par-dessus tout. Mais non, ce n'était pas aussi simple. La vérité la plus abjecte pouvait faire des ravages. Elle pouvait ébranler un monde.
Voire tuer.
Si bien que, quand les yeux de son père papillotèrent, qu'il regarda son aîné d'un air implorant, éperdu presque, comme un enfant, Myron se tourna vers sa mère et hocha lentement la tête. Puis, ravalant ses larmes, il s'apprêta à servir un ultime mensonge à cet homme qu'il chérissait tant.

 

Déjà lu du même auteur :

Ne_le_dis___personne_ Ne le dis à personne sans_un_mot Sans un mot 
sans_laisser_d_adresse Sans laisser d'adresse innocent Innocent 
sans_un_adieu Sans un adieu
 faute_de_preuves Faute de preuves
rem_de_mortel
 
Remède mortel

Challenge Thriller 
Challenge_Thriller
 catégorie "Même pas peur" : 13/8

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16/50 : New Jersey (2)
Harlen Coben vit dans le New Jersey

Challenge New York en littérature
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6 mars 2012

Et puis, Paulette... - Barbara Constantine

Et_puis_Paulette Calmann-Levy – janvier 2012 – 320 pages

Quatrième de couverture : 
Ferdinand vit seul dans sa grande ferme vide. Et ça ne le rend pas franchement joyeux. Un jour, après un violent orage, il passe chez sa voisine avec ses petits-fils et découvre que son toit est sur le point de s’effondrer. À l’évidence, elle n’a nulle part où aller. Très naturellement, les Lulus (6 et 8 ans) lui suggèrent de l’inviter à la ferme. L’idée le fait sourire. Mais ce n’est pas si simple, certaines choses se font, d’autres pas… 
Après une longue nuit de réflexion, il finit tout de même par aller la chercher. 
De fil en aiguille, la ferme va se remplir, s’agiter, recommencer à fonctionner. Un ami d’enfance devenu veuf, deux très vieilles dames affolées, des étudiants un peu paumés, un amour naissant, des animaux. Et puis, Paulette…

Auteur : Barbara Constantine rêvait depuis toute petite d’être indienne. Elle devient de plus en plus indrienne (habitante de l’Indre). C’est presque. Et puis, Paulette… est son quatrième roman, après Allumer le chat, À Mélie, sans mélo et Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom. Elle écrit aussi pour la jeunesse.

Mon avis : (lu en mars 2012)
C'est toujours un plaisir de lire un livre de Barbara Constantine, une bouffée de bonheur dans notre monde.
Ferdinand veuf, vit seul dans une grande ferme avec le chaton de ses petits fils Chamalo. Il n'est pas franchement heureux, sa joie ce sont les quelques instants qu'il passe avec ses petits-fils (les Lulus de 8 et 6 ans). 
Lorsque le livre commence, Ferdinand manque d'écraser le chien de Marcelline sa voisine. Il découvre alors es difficultés de sa voisine qui vit dans une maison qui tombe en ruine avec comme seules ressources les produits de son jardin qu’elle vend au marché. Après un gros orage et l’inondation la maison, Ferdinand recueille Marcelline, sa chienne, son gros chat et l’âne Cornélius. Puis Guy va les rejoindre, il déprimait depuis le décès de sa femme… Et la petite communauté commence à prendre forme. Il y aura ensuite Simone et Hortense, Muriel, Kim « et puis, Paulette… ». Mais je vous laisse découvrir par vous-même !

C'est une histoire de solidarité, d'amitié, de partage, d'entraide entre générations, entre voisins ou avec de parfaits inconnus… Il est question de mal-logement, de colocation, de dépendance chez les personnes âgées mais aussi d’agriculture biologique… C’est un livre peu dans le même esprit de "Ensemble c’est tout" d’Anna Gavalda.
Un livre qui se dévore, qui est plein d'espoir et qui donne la pêche !

 

Extrait : (début du livre)
Le ventre bien calé contre le volant et le nez sur le pare-brise, Ferdinand se concentre sur sa conduite. L'aiguille du compteur collée sur le cinquante. Vitesse idéale. Non seulement il économise de l'essence, mais ça lui laisse tout le temps de regarder défiler le paysage, d'admirer le panorama. Et surtout, de s'arrêter à la moindre alerte, sans risquer l'accident.
Justement, un chien court, là, devant lui. Réflexe. Il écrase la pédale de frein. Crissement de pneus. Le gravier vole. Les amortisseurs couinent. La voiture tangue et finit par s'immobiliser au milieu de la route.
Ferdinand se penche à la portière.
- Où tu vas comme ça, mon gars ? Traîner la gueuse, j'parie ?
Le chien fait un écart, dépasse la voiture au galop et va s'aplatir un peu plus loin dans l'herbe du fossé. Ferdinand s'extirpe.
- Mais t'es le chien de la voisine. Qu'est-ce que tu fais là, tout seul ?
Il s'approche, tend la main très doucement, caresse sa tête. Le chien tremble.
Au bout d'un moment, enfin amadoué, il accepte de le suivre.
Ferdinand le fait monter à l'arrière et redémarre.
Arrivé à l'entrée d'un chemin de terre, il ouvre la portière. Le chien descend, mais vient se coller contre ses jambes en geignant, l'air d'avoir peur. Ferdinand pousse la petite barrière en bois, l'incite à entrer. Le chien rampe à ses pieds, geint toujours. Il remonte le chemin entre les deux haies de broussailles, arrive devant une petite maison. La porte est entrouverte. Il crie... Oh... Y a quelqu'un ? … Pas de réponse. Il regarde autour. Personne. Il pousse la porte. Au fond, il distingue dans la pénombre une forme allongée sur le lit. Il appelle. Rien ne bouge. Renifle. Ça pue là dedans... Il renifle encore. Ouh la ! Ça pue le gaz !

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Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Prénom"

Déjà lu du même auteur :

allumer_le_chat Allumer le chat     a_M_lie__sans_m_lo_p A Mélie, sans mélo
 tom_petit_tom Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom


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