Mystère rue des Saints-Pères – Claude Izner
10/18 – mars 2003 – 282 pages
Quatrième de couverture :
Comme nombre de visiteurs du monde entier, Victor Legris, libraire rue des Saints-Pères, se rend à l'Exposition universelle où la tour Eiffel, qui vient d'être achevée, trône en véritable vedette. En ce début d'été 1889, les Parisiens ont bien du mal à se frayer un chemin dans la foule qui se presse entre les kiosques multicolores, dans les allées envahies de pousse-pousse et d'âniers égyptiens...
Au premier étage de la tour, Victor doit retrouver Kenji Mori, son associé, et son ami Marius Bonnet, qui vient de lancer un nouveau journal, Le Passe-partout. Mais leur rendez-vous est vite interrompu : une femme vient de s'écrouler sous le coup d'une étrange piqûre. S'ensuit une série de morts inexpliquées qui vont marquer les débuts d'enquêteur de Victor Legris...
Ces nouveaux mystères de Paris nous plongent dans la capitale des impressionnistes, ses " villages " et ses quartiers populaires.
Auteur : Claude Izner est le pseudonyme de deux sœurs, Liliane Korb et Laurence Lefèvre. Liliane a longtemps exercé le métier de chef-monteuse de cinéma, avant de se reconvertir bouquiniste sur les quais de la Seine, qu'elle a quittés en 2004. Laurence a publié deux romans chez Calmann-Lévy, Paris-Lézarde en 1977 et Les Passants du dimanche en 1979. Elle est bouquiniste sur les quais. Elles ont réalisé plusieurs courts métrages et des spectacles audiovisuels. Elles écrivent ensemble et individuellement depuis de nombreuses années, tant pour la jeunesse que pour les adultes. Les enquêtes de Victor Legris sont aujourd'hui traduites dans huit pays.
Mon avis : (lu en février 2012)
J'avais envie de découvrir cette série depuis le passage des auteurs à l'émission de La Grande Librairie et c'est à la suite de l'article de mrs pepys que j'ai emprunté les deux premiers livres à la bibliothèque.
Victor Legris est libraire rue des Saints-Pères, il est également détective amateur. Il vient d'accepter de participer à la rédaction du nouveau journal créé par son ami Marius Bonnet le "Passe-partout".
Une série de morts mystérieuses apparemment provoquées par des piqûres d’abeilles affole les Parisiens et les visiteurs de l'Exposition Universelle de 1889 dont la Tour Eiffel en est la principale attraction. Victor Legris va alors mener son enquête. Cette enquête nous plonge dans le Paris de la fin du XIXe siècle, avec ses villages et ses quartiers.
C'est un roman policier qui se lit facilement. J'ai beaucoup aimé les descriptions de Paris à cette époque. Le décor et l'ambiance avec ses bruits, ses odeurs sont très bien rendus car très bien documentés. Il est question de la vie intellectuelle de l’époque, du Paris des impressionnistes... Les personnages sont très attachants.
Extrait : (début du livre)
Des nuées d'orage couraient au-dessus de la steppe coincée entre les fortifications et la gare de marchandises des Batignolles. La vaste étendue d'herbe galeuse dégageait des relents d'égout. Groupés autour de tombereaux d'ordures ménagères, des chiffonniers nivelaient à coups de crochet une marée de détritus, soulevant des tourbillons de poussière. Au loin, un train s'avançait, grossissait lentement. Une bande de gamins dévala les buttes en hurlant :
- Le voilà ! Buffalo Bill arrive !
Jean Méring se redressa, posa les poings sur ses hanches et se pencha en arrière pour soulager ses courbatures. La récolte était bonne : une chaise à trois pattes, un cheval à bascule éventré, un vieux parapluie, une épaulette de soldat, un morceau de cuvette à filet d'or. Il se tourna vers Henri Capus, un petit homme maigrichon à la barbe déteinte.
- Je vais voir les Peaux-Rouges, tu me rejoins ? dit-il en ajustant sa hotte d'osier sur ses épaules.
Il attrapa sa chaise, dépassa les voitures de l'agence Cook et se mêla aux badauds massés aux abords de la gare : ouvriers, petits-bourgeois, gens de la haute venus en fiacre.
Sifflant à toute vapeur, une locomotive suivie d'un interminable convoi freina le long du quai dans un panache de fumée. Jean Méring vit s'arrêter devant lui un wagon bâché où piétinaient des chevaux affolés, la crinière en bataille. Des hommes au teint brûlé coiffés de feutres bosselés, des Indiens au visage peint couronné de plumes se penchaient aux portières. Il y eu une bousculade. Jean Méring porta vivement une main à sa nuque, quelque chose l'avait piqué. D'une démarche mal assurée, il se glissa de côté, tituba, trébucha contre une femme qui le repoussa en le traitant d'ivrogne. Ses jambes se dérobèrent, la chaise lui échappa, il s'affaissa sur les genoux et bascula à terre, entraîné par le poids de sa hotte. Il tenta de soulever la tête mais il était trop faible. Il entendit la voix d'Henri Capus, assourdie.
- Qu'est-ce qui t'arrive, mon vieux ? Tiens bon, je vais t'aider. Qu'est-ce qui ne va pas ?
Un râle fusa de ses bronches, il parvint à articuler : - Ab... a-beille.
Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
"Personne connue"