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A propos de livres...

25 juin 2012

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [83]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu ou publié la semaine dernière ?

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La muraille de lave – Arnaldur Indridason 
Fugue – Anne Delaflotte Mehdevi 
Indignation - Philip Roth

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Il faut laisser les cactus dans le placard - Françoise Kerymer

Que lirai-je cette semaine ?

Un livre pour le Challenge "Un mot, des titres", le mot = FILLE
Au lieu-dit Noir-Étang... - Thomas H. Cook 
La sirène - Camilla Läckberg

Bonne semaine et bonne lecture.

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24 juin 2012

Indignation - Philip Roth

 Lu dans le cadre d'un partenariat Livraddict et Folio

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Gallimard - septembre 2010 - 195 pages

Folio - février 2012 - 237 pages

traduit de l'américain par Marie-Claire Pasquier

Titre original : Indignation, 2008

Quatrième de couverture :
Nous sommes en 1951, seconde année de la guerre de Corée. Marcus Messner, jeune homme de dix-neuf ans, intense et sérieux, d'origine juive, poursuit ses études au Winesburg College, dans le fin fond de l'Ohio. Il a quitté l'école de Newark, dans le New Jersey, où habite sa famille. Il espère par ce changement échapper à la domination de son père, boucher de sa profession, un homme honnête et travailleur, mais qui est depuis quelque temps la proie d'une véritable paranoïa au sujet de son fils bien-aimé. Fierté et amour, telles sont les sources de cette peur panique. Marcus, en s'éloignant de ses parents, va tenter sa chance dans une Amérique encore inconnue de lui, pleine d'embûches, de difficultés et de surprises.
Indignation, le vingt-neuvième livre de Philip Roth, propose une forme de roman d'apprentissage : c'est une histoire d'audace et de folie, d'erreurs et de tâtonnements, de résistances et de révélations, tant sur le plan sexuel qu'intellectuel. Renonçant à sa description minutieuse de la vieillesse et de son cortège de maux, Philip Roth poursuit avec l'énergie habituelle son analyse de l'histoire de l'Amérique - celle des années cinquante, des tabous et des frustrations sexuelles - et de son impact sur la vie d'un homme jeune, isolé, vulnérable.

Auteur : Philip Roth est né à Newmark, aux États-Unis, en 1933. Il vit dans le Connecticut.
Son premier roman, Goodbye, Columbus, lui vaut le National Book Award en 1960, prix qui lui est de nouveau décerné en 1995 pour Le Théâtre de Sabbath. Il a reçu à deux reprises le National Book Critics Award, en 1987 pour La contrevie et en 1992 pour Patrimoine. Le prix Pulitzer et, en France, le prix du Meilleur Livre étranger ont couronné Pastorale américaine. Le PEN Faulkner Award a récompensé les romans Opération Shylock et La tache, également distingué par le prix Médicis étranger en 2002. Entre autres récompenses, Le complot contre l’Amérique a été consacré Meilleur livre de l’année par le New York Times Book Review.

Mon avis : (lu en juin 2012)
C'est le deuxième livre que je lis de Philip Roth, avant d'avoir ce blog, j'avais déjà lu La Tache.
Dans "Indignation", Philip Roth fait une critique sans concession de l'Amérique des années 50. Il raconte l'histoire d'un jeune américain d'origine juive, Marcus Messner. Pour échapper à l'emprise de son père trop protecteur, Marcus, étudiant de dix-neuf ans, choisit de quitter le domicile familiale à Newark, dans la banlieue de New York, pour aller étudier au Winesburg College dans l'Ohio. Nous sommes au début des années 1950, pendant la guerre de Corée.
Fils d'un modeste boucher kasher, son ambition est de sortir major de sa promotion pour être officier et éviter de se retrouver en premières lignes pour la guerre en Corée. Enfant unique, très bon élève, il préfère le calme, la solitude pour s'adonner pleinement à ses études. Il est parti de chez lui pour échapper aux folles angoisses de son père et le voilà plongé dans le monde d'une université américaine conservatrice qu'il ne comprend pas et dont il n'accepte pas toutes les règles. Il est également décontenancé par son aventure amoureuse avec Olivia Hutton, une jeune étudiante.

Voilà un roman facile et très agréable à lire. Les personnages sont attachants et fouillés. L'atmosphère de l'époque et la vie universitaire américaine y sont bien décrites.

Un des moments les plus fort du livre, c'est la confrontation entre Marcus et le doyen Caudwell. Marcus n'a pas peur d'exprimer son indignation en face, en particulier il proteste  contre l'obligation pour tous les étudiants d'assister à l'office religieux. Il part dans un discours et un réquisitoire digne d'un futur avocat avec une conclusion inattendue...

Je me suis laissée porter par cette histoire dont je ne savais pas où elle aller me mener... J'avais quelques pressentiments sur l'issue de l'histoire mais ce sont vraiment les toutes dernières pages qui donnent à ce livre toute sa force...

Le titre « Indignation » fait référence à l'hymne national chinois "La Marche des Volontaires" que Marcus Messner se chante sans fin dans la tête pour supporter l'office religieux obligatoire.

Je remercie beaucoup Livraddict et Folio pour m'avoir permis de découvrir ce livre de Philip Roth.

Extrait : (page 109)
« Je proteste contre le fait d'être obligé de suivre l'office religieux quarante fois d'ici la fin de mes études si je veux obtenir mon diplôme, monsieur le doyen. Je ne vois pas au nom de quoi l'université aurait le droit de me forcer à écouter, ne serait-ce qu'une fois, un pasteur, quelle que soit sa confession, ni à écouter, ne serait-ce qu'une fois, un hymne chrétien s'adressant à une divinité chrétienne, étant donné que je suis un athée qu'offensent profondément, à dire vrai, les pratiques et les croyances des religions établies. » Je ne pouvais plus m'arrêter, malgré l'immense faiblesse que je ressentais. « Je n'ai pas besoin des sermons des moralistes professionnels pour me dicter ma conduite. Je n'ai certainement pas besoin d'un Dieu pour cela. Je suis parfaitement capable de mener une existence morale sans en attribuer le mérite à des croyances impossibles à prouver, défiant la raison, des croyances qui, pour moi, ne sont rien de plus que des contes de fées pour enfants auxquels adhèrent les adultes et qui ne sont pas plus fondées, en réalité, que le fait de croire au Père Noël. Je suppose que vous connaissez, monsieur le doyen, les écrits de Bertrand Russell. Bertrand Russell  éminent mathématicien et philosophe anglais, a été l'année dernière lauréat du prix Nobel de littérature. L'un des ouvrages pour lesquels on lui a attribué le prix Nobel est un essai de grande diffusion écrit à partir d'une conférence faite en 1927, intitulée "Pourquoi je ne suis pas chrétien". Connaissez-vous cet essai, monsieur le doyen ?
- Rasseyez-vous, je vous prie », dit le doyen.
Je fis ce qu'il me disait mais sans m'arrêter de parler. « Je vous demande si vous connaissez cet essai très important de Bertrand Russell. Apparemment, la réponse est non. Il se trouvé que moi je le connais, parce que lorsque j'étais capitaine de l'équipe de débatteurs de mon école, je m'étais donné pour tâche d'en apprendre par cour des passages entiers. Je ne l'ai toujours pas oublié, et je me suis juré que je ne l'oublierais jamais. Cet essai, ainsi que d'autres du même genre, contient les arguments de Russell, non seulement contre la conception chrétienne de Dieu, mais contre celles que professent toutes les grandes religions du monde, que Russell trouve tout à la fois erronées et dangereuses. Si vous lisiez son essai - et au nom de l'ouverture d'esprit, je vous conjure de le faire , vous vous apercevriez que Bertrand Russell, l'un des logiciens les plus réputés du monde, en plus d'être philosophe et mathématicien, réfute avec une logique indiscutable l'argument de la cause première, l'argument de la loi naturelle, l'argument du dessein intelligent, les arguments moraux en faveur d'une divinité, et l'argument du remède à l'injustice. Pour vous donner deux exemples. Premièrement, pour montrer qu'il ne peut y avoir aucune validité dans l'argument de la cause première, il dit : "Si tout doit avoir une cause, alors Dieu doit avoir une cause. S'il existe quelque chose qui n'ait pas de cause,ce peut être aussi bien le monde que Dieu." Deuxièmement, quant à l'argument du dessein intelligent, il dit : "Pensez-vous que si l'on vous donnait l'omnipotence et l'omniscience et des millions d'années pendant lesquelles perfectionner votre univers, vous ne pourriez rien produire de mieux que le Ku Klux Klan ou les fascistes ? " Il discute aussi les défauts de l'enseignement du Christ, tel qu'il est présenté dans les Évangiles tout en remarquant qu'historiquement il est extrêmement douteux que le Christ ait jamais existé. Le défaut moral le plus sérieux qu'il trouve à reprocher au Christ, c'est le fait qu'il croie à l'existence de l'Enfer. Russell écrit :"Je n'ai personnellement pas le sentiment que quelqu'un de profondément humain puisse croire au châtiment éternel." Et il reproche au Christ sa fureur vindicative contre ceux qui refusent d'écouter ses sermons. Il discute avec une totale franchise la façon dont les Églises ont retardé le progrès humain et comment, à force d'insister sur ce qu'elles choisissent d'appeler moralité, elles infligent à toutes sortes de gens des souffrances inutiles et non méritées. La religion, déclare-t-il, est fondée principalement sur la peur - la peur de l'inconnu, la peur de la défaite, et la peur de la mort. La peur, dit Bertrand Russell, engendre la cruauté, il n'est donc pas étonnant que cruauté et religion aillent de pair depuis des siècles. Conquérir le monde par l'intelligence, dit Russell, plutôt que d'être soumis comme des esclaves par la terreur que suscite le fait d'y vivre. Toute la conception de Dieu, conclut-il, est une conception indigne d'hommes libres. Telles sont les pensées d'un lauréat du prix Nobel renommé pour ses contributions à la philosophie, sa maîtrise de la logique et de la théorie de la connaissance, et je suis en total accord avec ses idées. Les ayant étudiées, y ayant réfléchi, j'ai l'intention de vivre en les appliquant, ce qui, vous l'admettrez certainement, monsieur le doyen, est mon droit le plus strict. »

 

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21 juin 2012

Fugue – Anne Delaflotte Mehdevi

A l'occasion de la Fête de la Musique

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fugue Gaïa – septembre 2010 – 326 pages

Quatrième de couverture :
Madeleine s'enfuit de l'école le jour de la rentrée. Sa mère, folle d'angoisse, crie son nom le long de la rivière. L'enfant est saine et sauve, mais Clothilde y perd la voix. Sa voix du quotidien, sa voix de mère, de fille, d'amie et d'amante lui fait désormais défaut. Clothilde consulte, se refuse aux traitements, se heurte à l'incompréhension de tous. Et, contre toute attente, prend des cours de chant. La voix chantée de Clothilde est belle, sublime même. Passionnée de musique depuis l'enfance, comment pourrait-elle se détourner de ce talent qui affleure ? Un portrait de femme d'une tonalité bouleversante.

Auteur : Anne Delaflotte Mehdevi est née en 1967 à Auxerre. Elle grandit près de Saint-Sauveur-en-Puisaye où est née Colette. Elle suit des études en droit international et diplomatique et pratique le piano et le chant lyrique. Depuis 1993, elle vit à Prague où elle exerce le métier de relieur, parallèlement à son travail d'écrivain. Après La relieuse du gué (2008), Fugue est son second roman.

Mon avis : (lu en juin 2012)
J’avais ce livre dans ma LAL depuis trop longtemps… et la proposition d’Anne de faire une lecture « musicale » pour le 21 juin jour de Fête de la Musique en marge de son Challenge Des mots et des notes était l’occasion rêvée pour le découvrir !
Clothilde vit à Levayze un petit village de Bourgogne, elle a quatre enfants Antoine, Madeleine et les jumeaux Adèle et David. Vincent son mari est pilote de ligne, il est absent tous les trois jours et demi. Sa vie est équilibrée entre la famille, les amis, la maison et la musique qui a toujours été importante pour elle.
Lorsque l'histoire commence, c'est le jour de la Rentrée des classes et c'est la première Rentrée des jumeaux. Clothilde commence à songer à son avenir, son travail de maman à plein temps est terminé, mais elle ne sait pas encore quel travail elle pourrait faire.
En fin de matinée, elle reçoit un appel de l'école, sa fille Madeleine a fugué de l'école. Clothilde, accompagnée de son chien Beau, se met à sa recherche en l'appelant sans relâche. Madeleine est finalement retrouvé saine et sauve, mais Clothilde a perdu sa voix. 
Ce n'est pas une simple extinction de voix. Elle est alors confrontée à l'incompréhension de son mari, de sa meilleure amie et de son père, car elle refuse une injection dans ses muscles du larynx qui serait une solution transitoire. Après quelques semaine, elle découvre avec son phoniatre que malgré son impossibilité de parler, elle arrive à chanter sans aucune difficulté et elle décide alors de prendre des cours de chant.
J'ai beaucoup aimé ce livre plein de sensibilité, je me suis facilement identifiée à Clothilde, je suis mère de famille, j'ai été pendant quelques années en congé parental et je chante... J'ai aimé sa force et sa détermination à vouloir imposer ses choix de vie.
Tout au long du livre, l'auteur utilise le vocabulaire musical, cela donne une vraie poésie et une musicalité à ses propos. Il y a également beaucoup de références à des œuvres que je n'ai pas pris le temps de découvrir. Un livre apaisant à découvrir !

Autres avis : Clara - Sandrine - Saxaoul - Mirontaine

Extrait : (début du livre)
Clothilde était au jardin, elle y taillait un buis auquel elle donnait une forme ronde. La musique, qui lui parvenait du salon par la baie laissée ouverte, accompagnait son geste, précis et délicat, du bout des lames. L'Art de la fugue en était au XIVe contrepoint. Quand la musique de Bach cessa au milieu de cette partition dont il n'avait pas écrit la fin, Clothilde continua à sculpter dans le silence.

Concentrée sur l'arbuste, elle ne perçut d'abord que les mouvements de va-et-vient impatients de son chien blanc sur le fond vert des charmilles. Elle se redressa pour en chercher la cause et c'est alors qu'un filet de brise lui fit parvenir l'appel. Elle s'extirpa du dédale de parterres de fleurs rampantes qu'elle laissait empiéter sur les allées et décrocha enfin. C'était juste avant midi, jour de rentrée scolaire.
La directrice de l'école demandait à la jeune mère de venir la rejoindre de toute urgence. Clothilde pensa que quelque chose n'allait pas avec ses jumeaux. Adèle avait-elle déclaré la guerre à l'institution ? Dès sa première rentrée ? Elle siffla Beau et le grand chien blanc des Pyrénées se colla comme une ombre à sa maîtresse. Ils s'engouffrèrent dans la voiture pour rejoindre l'école. Quittant les hauteurs du village pour gagner le pied de la colline à l'opposé du bourg, Clothilde nota en bas dans la plaine un banc de brouillard toujours accroché au lit de la rivière, une traîne blanche, comme un cumulus tombé des nues.

Devant l'école, attendait la directrice, le dos voûté, les mains nouées l'une à l'autre. Noués les doigts de cette femme, nouvelle ici, qui voulait que l'on mît Beau en laisse. Mettre Beau en laisse !

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20 juin 2012

La muraille de lave – Arnaldur Indridason

la_muraille_de_lave Éditions Métailié - mai 2012 – 317 pages

traduit de l'islandais par Éric Boury

Titre original : Svörtuloft, 2009

Quatrième de couverture :
Le commissaire Erlendur est parti en vacances sur les lieux de son enfance, il ne donne aucune nouvelle, on a retrouvé sa voiture abandonnée en rase campagne. Mais son équipe continue à travailler. Tandis qu'Elinborg, la fine cuisinière, s'occupe d'une affaire de viol, Sigurdur Oli, le jeune homme moderne formé aux Etats-Unis, reconnaît par hasard dans la rue l'un des témoins d'une affaire de pédophilie en partie résolue et le suit. Dans le même temps, un ami lui demande d'aider discrètement un couple de jeunes cadres qui, pratiquant l'échangisme, fait l'objet d'un chantage. Troublé par son divorce, surveillé de près par sa hiérarchie qui n'apprécie pas ce type d'aide, Sigurdur Oli va aller jusqu'au bout d'une histoire surprenante, révélant la cupidité qui s'est emparée de la société islandaise avec l'expansion mondiale des modèles financiers. Commencé comme un polar classique, tissant les trames de plusieurs affaires, ce roman montre au lecteur comment, à l'image de la muraille de lave, au pied de laquelle un remous violent engloutit toutes les embarcations qui l'approchent, et surnom donné au siège d'une grande banque à l'architecture sombre et aux pratiques discutables, l'impudeur de l'amour de l'argent peut entraîner dans son tourbillon la perte de tout critère moral.

Auteur : Arnaldur Indridason est né à Reykjavik en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Il est l'auteur de romans noirs couronnés de nombreux prix prestigieux, publiés dans 37 pays.  

Mon avis : (lu en juin 2012)
C'est le 8ème épisode de la série du « détective Erlendur », mais comme l'épisode précédent, Erlendur n'est pas là, il est parti sur la côte Est et personne n'a de nouvelles de lui. C'est Sigurður Oli qui va prendre en charge deux enquêtes sur des homicides. 
Pour rendre service à un ami, Sigurður Oli accepte d'aller rendre visite à un couple qui fait du chantage à l'encontre de proches de l'ami. Arrivé sur les lieux, il est témoin d'une scène de violence avec l'agresseur toujours sur les lieux, la jeune femme Lina baigne dans une mare de sang. L'enquête va mener Sigurður Oli vers les milieux bancaires et réveiller une enquête bâclée. En parallèle, Sigurður Oli reconnaît par hasard dans la rue un des témoins de l’affaire de pédophilie en partie résolue dans La Voix.
C'est l'occasion de découvrir un peu plus le personnage de Sigurður Oli qui accompagne Erlendur depuis le début de la série. Il a l'image du policier moderne, formé aux États-Unis. Alors que cette histoire commence, son couple bat de l'aile, avec sa femme, ils hésitent à se séparer.
Dans ce livre écrit en 2008, Arnaldur Indridason dénonce un peu avant l'heure les dérives financières de l'Islande autour de spéculations et endettements. Il est également question d'échangisme, de pédophilie...
Une intrigue plutôt bien menée, des personnages fouillés et attachants, des descriptions de l'Islande et j'ai encore passé de très bons moments en découvrant ce nouveau Indridason. Mais dans le prochain livre j'espère vraiment retrouver Erlendur Sveinsson, il me manque de plus en plus !

Et pour finir, une petite explication concernant le titre du livre « La Muraille de lave » (Svörtuloft), fait référence à une falaise de basalte au pied de laquelle un tourbillon violent engloutit toutes les embarcations qui s’approchent, c’est également le surnom qui a été donné au siège social d’une grande banque islandaise.

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Svörtuloft

Autres avis : Sharon, Jostein

Extrait : (début du livre)
Il avait attrapé au fond du sac en plastique le masque de confection grossière et imparfaite. Ce n'était pas un chef-d’œuvre, mais il ferait l'affaire.
Bien que redoutant de croiser un flic en chemin, il était passé inaperçu. Le sac qu'il portait à la main contenait également deux bouteilles provenant du Rikid, la boutique d'alcools, ainsi qu'un gros marteau et un poinçon d'acier, achetés dans un magasin de bricolage.
La veille, il s'était procuré tout le matériel nécessaire à la confection du masque chez un importateur de cuir et peaux, et s'était soigneusement rasé avant d'enfiler sa tenue la plus convenable. Sachant ce qu'il lui fallait, il avait tout trouvé sans difficulté, le cuir, le fil ou l'alêne de cordonnier.
Personne ne risquait de le remarquer. A cette heure matinale, la ville était encore presque déserte. Il s'était soigneusement abstenu de regarder les rares personnes qu'il avait croisées, marchant d'un pas résolu, tête baissée, vers la maison en bois couverte de tôle ondulée dans la rue Grettisgata. Il avait descendu les marches en vitesse, ouvert la porte, puis il s'était précipité à l'intérieur avant de refermer soigneusement derrière lui.
Ensuite, il était resté posté dans l'ombre. Il connaissait désormais si bien ce petit appartement en sous-sol qu'il était capable de s'y repérer, même dans le noir complet. La salle de bains et les toilettes se trouvaient à droite au fond du couloir, la cuisine, du même côté, avec une grande fenêtre fermée par d'épais rideaux, donnait sur l'arrière-cour. De l'autre côté du couloir, le salon, puis la chambre à coucher où il n'avait pénétré qu'une seule fois. D'épais rideaux étaient également tirés devant la fenêtre du salon qui donnait sur Grettisgata. Quant à celle de la chambre, placée en hauteur, elle était occultée par une bâche de plastique noir.
Au lieu d'allumer la lumière, il avait pris le morceau de bougie qu'il conservait sur l'étagère du couloir puis, guidé par sa clarté vacillante, presque fantomatique, il était entré dans le salon. Il entendait les gémissements étouffés du salaud bâillonné, attaché sur sa chaise, les mains derrière le dos, et s'employait à ne pas l'observer avec trop d'attention, évitant surtout de croiser son regard. Il avait posé le sac en plastique sur la table pour en sortir le marteau, le masque, le poinçon et les bouteilles. Puis, il avait ouvert le Brennivin et avalé goulûment une grande lampée d'alcool tiède. Ce liquide fort au goût âpre ne lui brûlait plus la gorge depuis des années.

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Déjà lu du même auteur :

la_cit__des_jarres La Cité des jarres  la_femme_en_vert La Femme en vert 

la_voix La Voix l_homme_du_lac L'Homme du lac hiver_arctique Hiver Arctique 

 hypothermie Hypothermie la_rivi_re_noire La rivière noire betty Bettý

 

Challenge Voisins, voisines
voisin_voisines2012
Islande

Défi Scandinavie noire 2012
dc3a9fi_scandinavie_noire

Islande

 Challenge Viking Lit' 
Viking_Lit

Challenge Thriller 
Challenge_Thriller
 catégorie "Même pas peur" : 19/8

 Challenge Littératures Nordiques
litterature_nordique

 

18 juin 2012

La chambre mortuaire - Jean-Luc Bizien

Lecture Commune 
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avec Valérie et Karine

la_chambre_mortuaire 10/18 – février 2009 – 428 pages

Quatrième de couverture :
Étrange personnage que le docteur Simon Bloomberg ! Dans son hôtel particulier de la rue Mazarine à la façade presque aveugle, conçu comme une pyramide égyptienne, cet aliéniste au regard pénétrant et à la réputation sulfureuse traite ses patients selon des méthodes avant-gardistes qui font scandale. Lorsque la jeune Anglaise Sarah Englewood entre à son service, elle tombe immédiatement sous le charme de ce scientifique hors du commun, fascinée par le mystère qui l'entoure. Pourquoi ne voit-on jamais sa femme, une archéologue de renom dont les trouvailles encombrent chaque recoin de la maison ? Et pourquoi une des pièces est-elle interdite d'accès ? Tandis qu'une série de meurtres inexpliqués défraient la chronique parisienne, une relation trouble se noue entre l'intrépide Anglaise et l'ombrageux médecin...

Auteur : Né en 1963 à Phnom Penh (Cambodge), Jean-Luc Bizien a vécu une grande partie de son enfance à l'étranger. Il a exercé pendant une quinzaine d'années la double profession d'auteur et d'enseignant avant de se consacrer totalement à l'écriture. Jean-Luc Bizien s'épanouit dans les jeux de rôles et la littérature SF : il a obtenu en 1994 le prix Cassus Belli du meilleur jeu de rôles pour Chimères et a publié de nombreux livres pour la jeunesse, dont une trilogie médiévale parue chez Bayard Jeunesse. En 2002, il a obtenu le prix du roman d'aventures pour La Mort en prime time et le prix Fantastic'Arts pour WonderlandZ. Il est aussi l'auteur du Masque de la bête et de La Muraille (Éditions du Masque) et de Marie Joly, parue aux Éditions Sabine Wespieser.

Mon avis : (lu en mai 2012)
Voilà un livre qui nous emporte à Paris à la fin du XIXème siècle, au départ ce livre m'a fait penser à la série des enquêtes de Victor Legris de Claude Izner puisque l'époque et le lieu sont les mêmes.
Sarah Englewood est une jeune anglaise qui vient  d'arriver à Paris, elle a été engagée comme gouvernante par Simon Bloomberg, un aliéniste. C'est un médecin controversé par ses collègues, ils jugent ses méthodes innovantes dangereuses. Au début du livre, Simon Bloomberg est perturbé par la disparition de sa femme Elzbiéta, égyptologue, elle a quitté la maison sans donner de nouvelles.
Sarah est une très jolie jeune femme curieuse et qui s'intéresse aussi bien au travail de son employeur, qu'aux mystères de cette drôle de maison, elle s'interroge également sur la série de meurtres inexpliqués  vu dans le journal. Et le lecteur va suivre en parallèle ce qui se passe dans la maison de la rue Mazarine et l'enquête difficile du commissaire Desnoyers.
Les deux héros principaux sont complétés par une belle galerie de personnages secondaires comme les employés de maison de l’aliéniste : Ulysse, un géant au grand cœur ; Marceline, la gentille cuisinière, et Jéromine une bonne inquiétante mais aussi les enquêteurs, Léonce Desnoyers et Raoul Mesnard.
La maison de Simon Bloomberg située rue Mazarine est au centre du livre, elle est assez étrange, inspirée des pyramides égyptiennes, elle a été conçue comme  un labyrinthe avec de nombreux couloirs. C'est un lieu austère, décoré de bibelots en tout genre et de trésors archéologiques. Il y a également une cage avec des chimpanzés. Et il s'y passe des choses plutôt troublantes. Malgré les nombreuses descriptions des différentes parties de cette maison, je n'ai pas réussi à m'imaginer son vrai plan...
Un roman policier réussi, l'intrigue est originale et bien construite qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page. J'ai soupçonné de nombreux coupables avant d'avoir la solution de l'auteur...
Il existe une suite à ce livre avec « La Main de Gloire ».

Un Grand Merci à Valérie qui m'a offert ce livre lors du Swap Mettez de la couleur dans votre PAL : le dernier  organisé par elle-même et qui m'a proposée cette lecture commune.

Extrait : (page 21)
Paris est un océan de goudron ce soir.
Au cœur des ténèbres, la Seine s'étire paresseusement, reptile ventru à la formidable musculature. En cette morne soirée, Paris ne vit plus, Paris s'est éteint. Quelques épaves, l'esprit engourdi par l'absinthe ou la drogue, hantent encore ses ruelles. Les plus chanceux atteindront leur domicile sans heurts. Les autres tomberont sous les coups des crocheteurs, ou seront happés par les roues d'un fiacre jaillissant de nulle part. Des chiens trop maigres les regardent passer. Leurs yeux chassieux s'interrogent un instant : faudra-t-il disputer le territoire, défendre les déchets trouvés sur les pavés luisants ? Mais déjà les danseurs de l'aube s'éloignent. Leurs pieds lourds battent le pavé. L'écho va s'amenuisant. Le calme et le silence retombent.
L'ombre est de nouveau maîtresse.

Quelque part au milieu des toits, une étincelle persiste. Son halo pâle révèle le vasistas clos d'une pièce mansardée, étroite et longue. Un réduit fleurant la négligence et la solitude. Sur les lattes fatiguées, qui n'ont pas connu la caresse de la cire depuis des lustres, un matelas est posé. Un large coffre de bois, semblable à ceux qui envahissaient les cabines des capitaines corsaires déverse des vêtements froissés. C'est un capharnaüm chamarré, où de tristes fripes côtoient des habits de spectacle aux couleurs violentes. Les draps défaits de la couche, maculés de larges traces de sueur, auxquelles viennent s'ajouter les témoignages en fleurs rêches sur la toile de plaisirs vécus sous ces combles malodorants, accentuent l'arrière-goût de lassitude planant sur les lieux.

 

  Challenge Objectif PAL Swap
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11/25

Challenge Paris
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18 juin 2012

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [82]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu ou publié la semaine dernière ?

chroniques la_part_de_l_autre_2003 la_mort_indienne_ldp la_chambre_mortuaire 

Chroniques de l'asphalte 1/5 - Samuel Benchetrit 
La Part de l'autre d’Éric-Emmanuel Schmitt 
La mort indienne – Karin Fossum 
La chambre mortuaire - Jean-Luc Bizien

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

La muraille de lave - Arnaldur Indridason 

Que lirai-je cette semaine ?

Indignation - Philip Roth
Fugue - Anne Delaflotte Mehdevi
Au lieu-dit Noir-Étang... - Thomas H. Cook 
La sirène - Camilla Läckberg

Bonne semaine et bonne lecture.

17 juin 2012

La mort indienne – Karin Fossum

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Jean-Claude Lattès – avril 2007 – 390 pages

J'ai Lu – juin 2009 – 347 pages

traduit du norvégien par Alex Fouillet

Titre original : Elskede Poona, 2000

Quatrième de couverture :
Gunder Jomann, célibataire endurci, part en Inde dans l'espoir de rencontrer celle qui deviendra sa femme.
Ce n'est que quelques semaines plus tard que Poona le rejoint en Norvège. Mais le jour de son arrivée, rien ne se passe comme prévu. Le corps mutilé d'une jeune femme est retrouvé près de chez Gunder.
Qui est-elle ? Qui à Elvestad est capable d'une telle inhumanité ?
L'inspecteur Konrad Sejer, lui, sait que chacun est capable du pire.

Auteur : Karin Fossum est une écrivaine norvégienne en 1954 à Sandefjord dans le sud de la Norvège. Elle vit avec ses deux filles à Tyrifjorden dans la région d'Oslo. Elle écrit des poèmes, des romans et des romans policier. Son premier recueil de poésie lui a valu le prix des débutants Tarjei Vesaas en 1974. En 1995, elle se lance dans le roman policier et devient une référence dans le genre. Dans son pays, on la surnomme « la reine du crime » ; ses romans remportent toujours un vif succès et lui valent de nombreuses récompenses. Ses deux premiers romans ont été adaptés en télévision et au cinéma.

Mon avis : (lu en juin 2012)
La mort indienne est la troisième enquête du commissaire Konrad Sejer. Gunder Jomann part en Inde en espérant trouver une femme. A l'étonnement de tout le village d'Elvestad, il revient marié mais pas encore avec sa femme, Poona celle-ci doit venir le rejoindre en Norvège quelque temps plus tard. Mais le jour de son arrivée, Gunder ne peut pas la rejoindre comme prévu à l'aéroport, car sa sœur Marie vient d'avoir un très grave accident de voiture. Gunder envoie donc un taxi chercher Poona. Mais celui-ci revient sans elle. 
Le lendemain, le corps mutilé et sans vie d'une femme d'origine étrangère est retrouvé et l'inspecteur Konrad Sejer est chargé de l'affaire.
Cette histoire met un peu de temps à s'installer avant que l'enquête elle-même ne commence. La fin est également surprenante...
Les personnages sont très fouillés et vraiment très "attachants". Avec ce roman policier norvégien, j'ai découvert une nouvelle auteur que je compte bien lire de nouveau.

Un grand merci à mrs pepys qui m'a offert ce livre lors du Swap Frissons en Noir & Blanc organisé par Canel (il y a déjà 1 an 1/2...)

Extrait : (début du livre)
Le calme est déchiré par des aboiements. La mère lève les yeux de l'évier et observe ce qui se passe à l'extérieur. Le chien pousse des jappements qui montent des profondeurs de sa gorge. Tout son corps noir et musculeux vibre d'enthousiasme.
Le fils apparaît. Il s'extrait de la Golf rouge et lâche un sac bleu sur le sol. Il jette un œil vers la fenêtre, où il aperçoit la silhouette de sa mère. Il s'approche du chien et le détache. L'animal se jette sur lui et le fait basculer, ils se mettent à chahuter dans le sable qui voltige. Le chien grogne, et le fils lui crie des doux noms d'oiseau à l'oreille. De temps à autre, il pousse un cri et donne une bonne gifle sur la truffe du rottweiler. Celui-ci finit par rester couché. Le fils se relève lentement. Il tape son pantalon pour en chasser la terre et la poussière, et jette un nouveau coup d’œil vers la fenêtre. En hésitant, le chien relève et s'immobilise devant lui, tête baissée. Il peut finalement venir lui lécher avec soumission le coin de la bouche. Le fils va ensuite jusqu'à la maison et entre dans la cuisine.
- Doux Jésus, regarde de quoi tu as l'air !
Sa mère regarde le t-shirt bleu. Il est taché de sang. Ses mains sont couvertes d'égratignures. Le chien l'a également griffé au visage.
- Makan ! S'écrie-t-elle avec un renâclement coléreux. Laisse le sac. Je nettoierai plus tard.  

Challenge Voisins, voisines
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Norvège

Défi Scandinavie noire 2012
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Norvège

 Challenge Viking Lit' 
Viking_Lit

Challenge Thriller 
Challenge_Thriller
 catégorie "Même pas peur" : 18/8

 Challenge Littératures Nordiques
litterature_nordique

Challenge Objectif PAL Swap
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10/37

 

16 juin 2012

Swap Mettez de la couleur dans votre PAL : le dernier !

Dans le cadre du Swap Mettez de la couleur dans votre PAL organisé par Valérie
après le Swap Une Vague Bleue, le Swap Encre noire sur page blanche, le Swap Les Vertes Années 
et le Swap Yello(w)range exotic, l'aventure se termine avec le Swap Violet

swap

Les règles : C'est un Swap en binôme.
Chaque colis doit contenir :
un roman dont la couverture contient du  violet/ mauve  ou dont le titre  contient l'une de ces couleurs
un roman écrit par une femme et dont le personnage principal est une femme
un marque-page de la couleur ou sur le thème demandé 
une surprise (si possible surprise ou MP préparé par vos petits doigts) de la couleur ou sur le thème demandé 
une gourmandise de votre choix.     

Pour ce dernier Swap, j'ai la chance d'avoir notre grande organisatrice Valérie comme binôme.
J'ai découvert son blog à l'occasion du premier Swap auquelle je n'ai pas pu participer étant arrivée trop tard pour les inscriptions... et depuis, je viens quotidiennement sur son blog.

Dès 10 mai, Valérie m'annonce que son colis est prêt à être envoyé et mecdemande si j'y vois un inconvénient à ce qu'elle me l'envoit plus tôt... Ma réponse étant positive, elle le poste le soir même et La Poste ayant également assurée, je reçois le colis 2 jours après...

P1110665_20Un très gros colis que j'ai eu du mal à extraire de ma boîte aux lettres

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L'ensemble des paquets avant ouverture avec des petits mots indices 

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Après ouverture : 
Un superbe SLAT et sa trousse assortie 
des gaufrettes à la violette 

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1 adorable mug typiquement british et son couvercle
que j'ai trouvé après coup dans l'emballage 
1 jolie carte mauve

3 marque-pages magnétiques venant de Grande-Bretagne
1 mignon marque-page brodé à mon prénom 
1 marque-page lavande et une gentille carte

et 3 livres :

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En un monde parfait - Laura Kasischke 
La chambre mortuaire - Jean-Luc Bizien
Le treizième conte – Diane Setterfield 

Encore de nouvelles surprise dans la trousse :

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quelques sachets de thé violet
un joli petit carnet
3 feutres (violet, rose, turquoise) 
1 porte-clé poupée russe
1 oeuf en chocolat 

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mes surprises préférées ! ! ! 

Un très Grand MERCI à Valérie pour ce très beau colis, 
et pour l'organisation parfaite de tous ces Swaps Mettez de la couleur dans votre PAL

Après ce colis très en avance sur le timing prévu, je n'ai pas traîné à terminer le mien et devancé un peu la date d'envoi prévu. Allons maintenant découvrir, le colis violet que j'ai préparé avec beaucoup de plaisir pour Valérie

14 juin 2012

La Part de l'autre d’Éric-Emmanuel Schmitt

la__part_de_l_autre la_part_de_l_autre_2003

Albin Michel - décembre 2005 – 518 pages

Livre de poche – septembre 2003 – 503 pages

Quatrième de couverture :
« 8 octobre 1908 : Adolf Hitler recalé. 
Que se serait-il passé si l'Ecole des beaux-arts de Vienne en avait décidé autrement ? Que serait-il arrivé si, cette minute-là, le jury avait accepté et non refusé Adolf Hitler, flatté puis épanoui ses ambitions d'artiste ? Cette minute-là aurait changé le cours d'une vie, celle du jeune, timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le cours du monde... »

Auteur : Né en 1960, normalien, agrégé de philosophie, docteur, Éric-Emmanuel Schmitt s’est d’abord fait connaître au théâtre avec Le Visiteur, cette rencontre hypothétique entre Freud et peut-être Dieu, devenue un classique du répertoire international. Rapidement, d’autres succès ont suivi : Variations énigmatiques, Le Libertin, Hôtel des deux mondes, Petits crimes conjugaux, Mes Evangiles, La Tectonique des sentiments… Plébiscitées tant par le public que par la critique, ses pièces ont été récompensées par plusieurs Molière et le Grand Prix du théâtre de l’Académie française. Son œuvre est désormais jouée dans plus de quarante pays.
Il écrit le Cycle de l’Invisible, quatre récits sur l’enfance et la spiritualité, qui rencontrent un immense succès aussi bien sur scène qu’en librairie : Milarepa, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Oscar et la dame rose et L'enfant de Noé. Une carrière de romancier, initiée par La Secte des égoïstes, absorbe une grande partie de son énergie depuis L’Evangile selon Pilate, livre lumineux dont La Part de l’autre se veut le côté sombre. Depuis, on lui doit Lorsque j’étais une œuvre d’art, une variation fantaisiste et contemporaine sur le mythe de Faust et une autofiction, Ma Vie avec Mozart, une correspondance intime et originale avec le compositeur de Vienne. S'en suivent deux recueils de nouvelles : Odette Toulemonde et autres histoires, 8 destins de femmes à la recherche du bonheur,  inspiré par son premier film, et la rêveuse d'Ostende, un bel hommage au pouvoir de l'imagination. Dans Ulysse from Bagdad, son dernier roman, il livre une épopée picaresque de notre temps et interroge la condition humaine. Encouragé par le succès international remporté par son premier film Odette Toulemonde, il adapte et réalise Oscar et la dame rose. 

Mon avis : (lu en juin 2012)
J’avais envie depuis longtemps de découvrir ce livre et je ne regrette pas d’avoir enfin fait. Voilà un livre surprenant et culotté… Ecrire autour du sujet Hitler est toujours délicat, Éric-Emmanuel Schmitt a imaginé qu’Adolph.H réussisse son examen pour l’école des Beaux-Arts de Vienne et l’Histoire du monde aurait alors été différente.
Pour sa forme, la narration alterne entre des paragraphes racontant l’histoire d’Hitler et celle d’Adolph H. On connaît la vie d’Hitler tout d’abord sans un sou, devenu caporal avec la Croix de fer durant la Première Guerre Mondiale, puis c’est le dirigeant du parti national-socialiste qui devient un dictateur fou…
Son double,  Adolph H. va rencontrer Freud et celui-ci va l’aider à se libérer de ses névroses. Il va devenir un grand artiste du mouvement surréaliste, il va vivre des passions, son existence sera riche et accomplie et alors l'Histoire est  radicalement modifiée…

Ce livre est passionnant du point de vue historique car très bien documenté  mais il force également  le lecteur à s’interroger sur lui-même et son propre parcours de vie.

A la fin de la version de poche, on trouve des extraits du journal qu’Éric Emmanuel Schmitt a tenu pendant la rédaction du roman. C’est très intéressant car on découvre que l’écriture de ce livre a été difficile pour l’auteur.

Cette lecture a été tour à tour dérangeante, surprenante et passionnante. Un roman très réussi.


Extrait : (début du livre)
— Adolf Hitler : recalé.
Le verdict tomba comme une règle d'acier sur une main d'enfant.
— Adolf Hitler : recalé.
Rideau de fer. Terminé. On ne passe plus. Allez voir ailleurs. Dehors.
Hitler regarda autour de lui. Des dizaines d'adolescents, oreilles cramoisies, mâchoire crispée, le corps tendu sur la pointe des pieds, les aisselles mouillées par l'affolement, écoutaient l'appariteur qui égrenait leur destin. Aucun ne faisait attention à lui. Personne n' avait remarqué l'énormité qu'on venait d'annoncer, la catastrophe qui venait de déchirer le hall de l'Académie des beaux-arts, la déflagration qui trouait l'univers : Adolf Hitler recalé.
Devant leur indifférence, Hitler en venait presque à douter d'avoir bien entendu. Je souffre. J'ai une épée glacée qui me déchire de la poitrine aux entrailles, je perds mon sang et personne ne s'en rend compte ? Personne ne voit le malheur qui me plombe ? Suis-je seul, sur cette terre, à vivre avec autant d'intensité ? Vivons-nous dans le même monde ?
L'appariteur avait fini la lecture des résultats.

[...]

Voilà ce qui se passait ce 8 octobre 1908. Un jury de peintres, graveurs, dessinateurs et architectes avait tranché sans hésiter le cas du jeune homme. Trait malhabile. Composition confuse. Ignorance des techniques. Imagination conventionnelle. Cela ne leur avait pris qu'une minute et ils s'étaient prononcés sans scrupule : cet Adolf Hitler n'avait aucun avenir.
Que se serait-il passé si l'Académie des beaux-arts en avait décidé autrement ? Que serait-il arrivé si, à cette minute précise, le jury avait accepté Adolf Hitler ? Cette minute-là aurait changé le cours d'une vie mais elle aurait aussi changé le cours du monde. Que serait devenu le vingtième siècle sans le nazisme ? Y aurait-il eu une Seconde Guerre mondiale, cinquante-cinq millions de morts dont six millions de Juifs dans un univers où Adolf Hitler aurait été un peintre ?

— Adolf H.: admis.
Une vague de chaleur inonda l'adolescent. Le flux du bonheur roulait en lui, inondait ses tempes, bourdonnait à ses oreilles, lui dilatait les poumons et lui chavirait le cœur. Ce fut un long instant, plein et tendu, muscles bandés, une crampe extatique, une pure jouissance comme le premier orgasme accidentel de ses treize ans.

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Déjà lu du même auteur :

oscar_et_la_dame_rose Oscar et la dame rose odette_toulemonde Odette Toulemonde et autres histoires

la_reveuse_d_ostende La rêveuse d'Ostende ulysse_from_Bagdad Ulysse from Bagdad

le_sumo_qui_ne_voulait_pas_grossir Le sumo qui ne pouvait pas grossir l_enfant_de_no__p L'enfant de Noé

quand_je_pense_que_Beethoven Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent...  

mr_ibrahim_ldp_2012 Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran 

les_10_enfants Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus

 Challenge Eric Emmanuel Schmitt

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 Baby Challenge Contemporain - Livr@ddict 2012
littraturecontemporaines
15 /20   Médaille de bronze

 

13 juin 2012

Chroniques de l'asphalte 1/5 - Samuel Benchetrit

chroniques_ chroniques

Julliard – octobre 2005 – 187 pages

Pocket – février 2007 – 187 pages

Quatrième de couverture :
Qu'en est-il du jeune auteur dont on a dit, à la sortie de son premier roman Récit d'un branleur, qu'il " était à la littérature ce que les Sex Pistols ont été au rock " ? 
Samuel Benchetrit ne s'est pas calmé. Après des aventures au cinéma (Janis et John, réalisé en 2003) et au théâtre (Moins deux, pièce créée en 2005, connaît actuellement un succès considérable au théâtre Hébertot), il revient aujourd'hui en librairie avec un projet tout à fait déraisonnable : raconter, en cinq livres, les trente premières années de sa vie. 
Il aurait pu attendre d'avoir soixante ans pour faire le point. Il n'avait pas envie. Voici donc le premier volume : son enfance. 

Auteur : Né en 1973, Samuel Benchetrit est écrivain, acteur, auteur de pièces de théâtre, scénariste, réalisateur et metteur en scène. Il a publié trois volumes de nouvelles (placées sous le titre général de « Chroniques de l’asphalte ») et Le cœur en dehors (2009).

Mon avis : (lu en juin 2012)
Livre qui se lit très facilement et très rapidement. Samuel Benchetrit raconte son enfance en banlieue à travers des tranches de vie dans un HLM, une histoire pour chaque étage, du 1er au 12ème avec même pour terminer le toit de l'immeuble.
Le narrateur c'est le jeune Samuel, c'est écrit avec le ton d'un adolescent, un langage parlé, avec des gros mots et de l'argot. C'est à la fois naïf et sans retenue, il balance toutes les petites histoires de l'immeuble. Il est question de racisme, d'échec scolaire, de sexe, de drogue, d'espoir et de désespoir. C'est à la fois plein d'humour et de cruauté, cela dépeint la réalité de la vie de toute une société d'une tour du Val-de-Marne. Il y a beaucoup de tendresse de la part de l'auteur pour les habitants de cette cité.
Le résultat est un livre plein d'humanité.

Merci à Pimousse4783 qui m'a offert ce livre lors du Swap Les Vertes Années organisé par Valérie

Autres avis : InColdBlog

Extrait : (page 27)
Au début, la famille Bouteille habitait au neuvième. Et puis la mère, je crois qu'elle s'appelait Suzanne, enfin madame Bouteille, elle a eu une sclérose en plaques. Alors plus sa maladie avançait et plus ils descendaient d'étage dans l'immeuble. Faut dire qu'elle avait vraiment du mal à marcher et avec l'ascenseur toujours en panne c'était pas évident. Monsieur Bouteille, qui je crois s'appelait Georges ou peut-être Joseph, je dis ça parce que tout le monde l'appelait Jojo, arrivait facilement à changer d'appartement vu que lui-même travaillait pour la ville. En fait, toute la famille y travaillait. C'étaient les éboueurs. 
Jojo conduisait le camion et restait toujours derrière son volant à écouter des noms de chevaux (Marquis du Maquis, Black Angel, Lady Like...) pronostiqués dans les courses qui l'intéressaient plus tard dans la journée. Quand Jojo jetait un coup d'œil dans son rétro, il pouvait voir Titi et Neness, ses jumeaux, charger la benne à ordures, pendant que Marco, son aîné, restait accroché au camion, occupé à faire marcher le broyeur.
Nous, on les voyait tous les matins à l'école. C'est pas qu'on les croisait pendant leur tournée. Non. Ils déposaient Dédé, un de mes meilleurs amis, le dernier des Bouteille, encore trop jeune pour travailler sur le camion.
Quand Dédé descendait de la benne, il était plutôt gêné, faut dire que tout le monde se foutait de sa gueule. Et comme sa seule façon de s'en tirer c'était la dignité, il nous disait à chaque fois :
- Ça va... Y a pas de honte !
Dédé, c'était le type le plus gentil de la Terre. Il était serviable, généreux, disait tou­jours des trucs agréables aux gens, ne parlait jamais mal aux filles et faisait tout pour bien travailler en cours, bien qu'il était le plus mauvais de l'école. Et s'il était un peu plus con que les autres, c'était pas de sa faute. Fallait plutôt aller regarder du côté des mélanges dans sa famille. Parce que la mère et le père de Dédé, ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, et la légende disait qu'ils étaient deux frère et sœur débiles qui n'avaient pas trouvé mieux qu'eux pour se marier.

 

Déjà lu du même auteur : le_coeur_en_dehors Le cœur en dehors

 Challenge Objectif PAL Swap
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9/37

Challenge le nez dans les livres
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La reine des lectrices 9/6


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