La chambre mortuaire - Jean-Luc Bizien
Lecture Commune
avec Valérie et Karine
10/18 – février 2009 – 428 pages
Quatrième de couverture :
Étrange personnage que le docteur Simon Bloomberg ! Dans son hôtel particulier de la rue Mazarine à la façade presque aveugle, conçu comme une pyramide égyptienne, cet aliéniste au regard pénétrant et à la réputation sulfureuse traite ses patients selon des méthodes avant-gardistes qui font scandale. Lorsque la jeune Anglaise Sarah Englewood entre à son service, elle tombe immédiatement sous le charme de ce scientifique hors du commun, fascinée par le mystère qui l'entoure. Pourquoi ne voit-on jamais sa femme, une archéologue de renom dont les trouvailles encombrent chaque recoin de la maison ? Et pourquoi une des pièces est-elle interdite d'accès ? Tandis qu'une série de meurtres inexpliqués défraient la chronique parisienne, une relation trouble se noue entre l'intrépide Anglaise et l'ombrageux médecin...
Auteur : Né en 1963 à Phnom Penh (Cambodge), Jean-Luc Bizien a vécu une grande partie de son enfance à l'étranger. Il a exercé pendant une quinzaine d'années la double profession d'auteur et d'enseignant avant de se consacrer totalement à l'écriture. Jean-Luc Bizien s'épanouit dans les jeux de rôles et la littérature SF : il a obtenu en 1994 le prix Cassus Belli du meilleur jeu de rôles pour Chimères et a publié de nombreux livres pour la jeunesse, dont une trilogie médiévale parue chez Bayard Jeunesse. En 2002, il a obtenu le prix du roman d'aventures pour La Mort en prime time et le prix Fantastic'Arts pour WonderlandZ. Il est aussi l'auteur du Masque de la bête et de La Muraille (Éditions du Masque) et de Marie Joly, parue aux Éditions Sabine Wespieser.
Mon avis : (lu en mai 2012)
Voilà un livre qui nous emporte à Paris à la fin du XIXème siècle, au départ ce livre m'a fait penser à la série des enquêtes de Victor Legris de Claude Izner puisque l'époque et le lieu sont les mêmes.
Sarah Englewood est une jeune anglaise qui vient d'arriver à Paris, elle a été engagée comme gouvernante par Simon Bloomberg, un aliéniste. C'est un médecin controversé par ses collègues, ils jugent ses méthodes innovantes dangereuses. Au début du livre, Simon Bloomberg est perturbé par la disparition de sa femme Elzbiéta, égyptologue, elle a quitté la maison sans donner de nouvelles.
Sarah est une très jolie jeune femme curieuse et qui s'intéresse aussi bien au travail de son employeur, qu'aux mystères de cette drôle de maison, elle s'interroge également sur la série de meurtres inexpliqués vu dans le journal. Et le lecteur va suivre en parallèle ce qui se passe dans la maison de la rue Mazarine et l'enquête difficile du commissaire Desnoyers.
Les deux héros principaux sont complétés par une belle galerie de personnages secondaires comme les employés de maison de l’aliéniste : Ulysse, un géant au grand cœur ; Marceline, la gentille cuisinière, et Jéromine une bonne inquiétante mais aussi les enquêteurs, Léonce Desnoyers et Raoul Mesnard.
La maison de Simon Bloomberg située rue Mazarine est au centre du livre, elle est assez étrange, inspirée des pyramides égyptiennes, elle a été conçue comme un labyrinthe avec de nombreux couloirs. C'est un lieu austère, décoré de bibelots en tout genre et de trésors archéologiques. Il y a également une cage avec des chimpanzés. Et il s'y passe des choses plutôt troublantes. Malgré les nombreuses descriptions des différentes parties de cette maison, je n'ai pas réussi à m'imaginer son vrai plan...
Un roman policier réussi, l'intrigue est originale et bien construite qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page. J'ai soupçonné de nombreux coupables avant d'avoir la solution de l'auteur...
Il existe une suite à ce livre avec « La Main de Gloire ».
Un Grand Merci à Valérie qui m'a offert ce livre lors du Swap Mettez de la couleur dans votre PAL : le dernier organisé par elle-même et qui m'a proposée cette lecture commune.
Extrait : (page 21)
Paris est un océan de goudron ce soir.
Au cœur des ténèbres, la Seine s'étire paresseusement, reptile ventru à la formidable musculature. En cette morne soirée, Paris ne vit plus, Paris s'est éteint. Quelques épaves, l'esprit engourdi par l'absinthe ou la drogue, hantent encore ses ruelles. Les plus chanceux atteindront leur domicile sans heurts. Les autres tomberont sous les coups des crocheteurs, ou seront happés par les roues d'un fiacre jaillissant de nulle part. Des chiens trop maigres les regardent passer. Leurs yeux chassieux s'interrogent un instant : faudra-t-il disputer le territoire, défendre les déchets trouvés sur les pavés luisants ? Mais déjà les danseurs de l'aube s'éloignent. Leurs pieds lourds battent le pavé. L'écho va s'amenuisant. Le calme et le silence retombent.
L'ombre est de nouveau maîtresse.
Quelque part au milieu des toits, une étincelle persiste. Son halo pâle révèle le vasistas clos d'une pièce mansardée, étroite et longue. Un réduit fleurant la négligence et la solitude. Sur les lattes fatiguées, qui n'ont pas connu la caresse de la cire depuis des lustres, un matelas est posé. Un large coffre de bois, semblable à ceux qui envahissaient les cabines des capitaines corsaires déverse des vêtements froissés. C'est un capharnaüm chamarré, où de tristes fripes côtoient des habits de spectacle aux couleurs violentes. Les draps défaits de la couche, maculés de larges traces de sueur, auxquelles viennent s'ajouter les témoignages en fleurs rêches sur la toile de plaisirs vécus sous ces combles malodorants, accentuent l'arrière-goût de lassitude planant sur les lieux.