Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

A propos de livres...

24 juillet 2012

Sunset Park – Paul Auster

sunset_park Actes Sud – septembre 2011 – 316 pages

Edition Theleme - mars 2012 – CD mp3

traduit de l'américain par Pierre Furlan

Titre original : Sunset Park, 2010

Quatrième de couverture :
Parce qu’il s’est toujours senti coupable de la mort accidentelle de son demi-frère, Miles s’est banni de sa propre histoire. Il a quitté sa famille, abandonné ses études, et travaille, en Floride, à débarrasser les maisons désertées par les victimes des subprimes. Amoureux d’une fille trop jeune, passible de détournement de mineure, Miles fait bientôt l’objet d’un chantage et est obligé – encore une fois – de partir. Il trouve alors refuge à Brooklyn où son fidèle ami Bing Nathan squatte une maison délabrée, en compagnie de deux jeunes femmes, elles aussi condamnées à la marge par l’impossibilité d’exprimer ou de faire valoir leurs talents respectifs. Désormais Miles se trouve géographiquement plus proche de son père, éditeur indépendant qui tente de traverser la crise financière, de sauver sa maison d’édition et de préserver son couple. Confronté à l’écroulement des certitudes de toute une génération, il n’attend qu’une occasion pour renouer avec son fils afin de panser des blessures dont il ignore qu’elles sont inguérissables…
Avec ce roman sur l’extinction des possibles dans une société aussi pathétiquement désorientée qu’elle est démissionnaire, Paul Auster rend hommage à une humanité blessée en quête de sa place dans un monde interdit de mémoire et qui a substitué la violence à l’espoir.

Auteur : Né à Newark, New Jersey le 03 février 1947, figure centrale de la scène culturelle new-yorkaise, Paul Auster commence à écrire des l'âge de 13 ans pour s'imposer vingt plus tard comme une référence de la littérature post-moderne. Diplômé en arts, il se rend à Paris dans les années 1970 où il se plonge dans la littérature européenne et gagne sa vie en traduisant Sartre, Simenon ou Mallarmé. Cette expérience aura une influence considérable sur l'œuvre du jeune écrivain parfois qualifié de 'plus français des écrivains américains'. Son premier ouvrage majeure est une autobiographie, 'L' invention de la solitude', écrite aussitôt après la mort de son père. Devenu célèbre grâce à la fameuse 'Trilogie américaine' et au roman 'Moon Palace', l'écrivain y déploie ses thèmes de prédilections : le rapport en fiction et réalité, la solitude, ou en encore la quête d'identité. Auster écrit également pour le cinéma : on lui doit par exemple l'écriture du scénario de 'Smoke' en 1995 et la réalisation d'un film en 2006, adaptation de son roman 'La Vie intérieure de Martin Frost'. Écrivain aux influences multiples, juives, européennes et bien sûr américaines, Paul Auster a su conquérir le monde entier par on œuvre dense et profonde.

Mon avis : (lu en juillet 2012)
Ce livre est dans ma PAL depuis quelques temps et je me décide enfin à l'y sortir pour honorer le Challenge Paul Auster organisé par Mrs Pepys auquel je me suis inscrite il y a bientôt 1 an et qui se termine dans quelques jours.
Miles est le personnage principal de ce roman. Après la mort de son demi-frère dont il se sent coupable, il a quitté New-York et sa famille, abandonné ses brillantes études. Il a parti sur les routes des États-Unis et sept ans plus tard, il vit en Floride. Il travaille à vider les maisons abandonnées par les victimes des subprimes.
Il y a quelques mois, il a rencontré Pilar une jeune lycéenne mineur d'origine cubaine victime d'un chantage, il est obligé de fuir la Floride et il revient à New-York, à Brooklyn dans le quartier de Sunset Park dans une petite maison transformée en squat. Il y retrouve un ancien camarade, Bing Nathan, qui vit en communauté avec deux jeunes filles Ellen Brice et Alice Bergstrom.
A travers le destin de ces différents personnages Paul Auster nous fait le portrait d'une Amérique en pleine crise sociale ,politique et économique.
Tous ses personnages sont vraiment attachants. Il est question d'amour, de relations parents / enfants, de solidarité face aux difficultés.
Un très beau roman, fort mais sombre.  

Autres avis : Jostein, Keisha

Extrait : (début du livre)
Depuis presque un an, maintenant, il prend des photos d’objets abandonnés. Il y a au moins deux chantiers par jour, parfois jusqu’à six ou sept, et chaque fois que ses acolytes et lui pénètrent dans une nouvelle maison, ils se retrouvent face aux objets, aux innombrables objets jetés au rebut que les familles ont laissés en partant. Les absents ont tous fui précipitamment dans la honte et la confusion, et il est certain que, quel que soit le lieu où ils vivent à présent (s’ils ont trouvé un endroit où vivre et ne sont pas en train de camper dans les rues), leur nouveau logement est plus petit que la maison qu’ils ont perdue. Chacune de ces maisons est une histoire d’échec – de faillite, de cessation de paiement, de dette et de saisie – et il s’est chargé personnellement de relever les dernières traces encore perceptibles de ces vies éparpillées afin de prouver que les familles disparues ont jadis vécu là, que les fantômes de gens qu’il ne verra ni ne connaîtra jamais restent présents dans les débris qui jonchent leur maison vide.
On appelle son travail de l’enlèvement de rebuts ; il fait partie d’une équipe de quatre hommes employés par la Dunbar Realty Corporation, laquelle sous-traite ses services de “préservation de domicile” pour les banques locales qui, désormais, possèdent les propriétés en question. Les vastes terres plates du Sud de la Floride regorgent de ces constructions orphelines, et comme les banques ont intérêt à les revendre au plus vite, les logements vidés doivent être nettoyés, réparés et mis en état d’être montrés à des acheteurs éventuels. Dans un monde en train de s’écrouler, un monde de ruine économique et de misère implacable toujours plus étendue, l’enlèvement des rebuts est l’une des rares activités en plein essor dans cette région. Il a de la chance d’avoir trouvé ce travail, ça ne fait pas de doute. Il ignore combien de temps encore il va pouvoir le supporter, mais la rémunération est correcte et, dans un pays où les emplois se font de plus en plus rares, c’est sans conteste une bonne place.
Au début, il était stupéfait par le désordre et la crasse, l’état d’abandon. Rares sont les fois où il pénètre dans une maison que ses anciens propriétaires ont laissée impeccable. Le plus souvent, une éruption de violence ou de rage, un déchaînement de vandalisme irraisonné se sera produit au moment du départ : depuis les robinets ouverts au-dessus de lavabos et les baignoires qui débordent jusqu’aux murs défoncés à coups de masse, couverts de graffitis obscènes ou criblés d’impacts de balles, sans parler des tuyaux en cuivre arrachés, des moquettes tachées d’eau de Javel et des tas de merde déposés sur le plancher du séjour. Il est possible qu’il s’agisse là de cas extrêmes, d’actes impulsifs déclenchés par la rage d’être dépossédé, de messages de désespoir répugnants mais compréhensibles ; et s’il n’est pas toujours saisi par le dégoût quand il entre dans une maison, jamais cependant il n’ouvre une porte sans un sentiment de crainte. Inévitablement, la première chose contre laquelle il doit lutter, c’est l’odeur, la violence de l’air fétide qui assaille ses narines, les relents omniprésents où se mêlent moisi, lait aigre, litière de chat, cuvettes de w.-c. maculées d’ordure et nourriture en train de pourrir sur le plan de travail de la cuisine. Même laisser l’air frais s’engouffrer par les fenêtres ouvertes ne parvient pas à chasser ces odeurs ; même tout enlever avec la plus grande minutie et la plus grande attention n’arrive pas à effacer la puanteur de la défaite.

  logo_bibli_IGN_20

Challenge Paul Auster
challenge_Paul_Auster

Challenge New York en littérature
challenge_ny_12

50__tats
30/50 : New York

Challenge 7% 
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
47/49 
 

Publicité
Publicité
23 juillet 2012

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [87]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

Comme_dans_un_miroir l_insoutenable_legerete_de_l_etre_folio1990 au_lieu_dit_Noir_Etang 

Comme dans un miroir - Gunnar Staalesen
 L'Insoutenable légèreté de l'être - Milan Kundera
Au lieu-dit Noir-Etang –Thomas H. Cook

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Sunset Park - Paul Auster

Que lirai-je cette semaine ?

Room - Emma Donoghue (Canada)
Chaman - Galsan Tschinag (Mongolie)
Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre - Ruta Sepetys

Bonne semaine et bonne lecture. 

22 juillet 2012

Au lieu-dit Noir-Etang –Thomas H. Cook

au_lieu_dit_Noir_Etang Seuil - janvier 2012 - 354 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Loubat-Delranc

Titre original : The Chatham School Affair, 1996

Quatrième de couverture :
Août 1926. Chatham, Nouvelle-Angleterre, à quelques encablures du cap Cod : son église, son port de pêche et son école de garçons, fondée par Arthur Griswald, qui la dirige avec droiture et vertu. L'arrivée de la belle Mlle Channing, venue d'Afrique pour enseigner les arts plastiques à Chatham School, paraît anodine en soi, mais un an plus tard, dans cette petite ville paisible, il y aura eu plusieurs morts. Henry, le fils adolescent de M Griswald, est vite fasciné par celle qui va lui enseigner le dessin et lui faire découvrir qu'il faut " vivre ses passions jusqu'au bout ". Du coup, l'idéal de vie digne et conventionnelle que prône son père lui semble être un carcan. Henry assiste, complice muet et narrateur peu fiable, à la naissance d'un amour tragique entre Mlle Channing et M Reed, le professeur de lettres qui vit au bord du Noir-Etang avec sa femme et sa fille. Il voit en eux " deux figures romantiques, des versions modernes de Catherine et de Heathcliff ". Mais l'adultère est mal vu à l'époque, et après le drame qui entraine la chute de Chatham School, le lecteur ne peut que se demander, tout comme le procureur : " Que s'est-il réellement passé au Noir-Etang ce jour-là ? "
Utilisant avec une subtilité machiavélique la palette des apparences, des dits et des non-dits, Thomas H. Cook allie à une tragédie passionnelle digne des classiques du XIXe siècle un suspense d’une ambiguïté insoutenable.

Auteur : Né en 1947, Thomas Cook a été professeur d'histoire et secrétaire de rédaction au magazine Atlanta. Il vit à New York et au cap Cod. Un prestigieux Edgar Award a récompensé Au lieu-dit Noir-Etang en 1996 aux Etats-Unis, et Les Feuilles mortes a reçu le Barry Award en 2006.

Mon avis : (lu en juillet 2012)
Ayant beaucoup aimé Les feuilles mortes et Les leçons du Mal , j'étais très impatiente de découvrir le dernier livre paru en France de Thomas H. Cook. Il a été publié en 1996 au États-Unis, il est donc antérieur aux deux autres. Je n'ai pas été déçu au contraire, ce livre est un coup de cœur.
Tout d'abord, j'aime beaucoup le mystérieux du titre et surtout la couverture avec son phare.
Chatham, petite ville sans histoire de Nouvelle-Angleterre, Henry le fils du directeur de Chatham School se souvient du jour de l'arrivée de Mlle Channing, la nouvelle professeur d’arts plastiques en août 1926. Henry qui est le narrateur de cette histoire, longtemps après cette année scolaire qui marquera à jamais sa vie, il vit toujours à Chatham, en solitaire. 

Mlle Channing est une artiste, son père un grand voyageur l'a élevé avec des principes très novateurs pour l'époque, « vivre selon ses passions », privilégier la liberté, son développement personnel...
Elle est logée dans un cottage isolé, au lieu-dit Noir-Etang où non loin de là vit M. Reed, professeur de littérature, avec sa femme et sa petite fille. Chaque jour, ils font ensemble le trajet entre le collège et leurs domiciles. Henry est le témoin privilégié du rapprochement qui s'opère peu à peu entre Mlle Channing et M. Reed, mais du haut de ses quinze ans il imagine certaines choses...
Dès le début, le lecteur comprend que cette histoire se terminera par un drame et tout au long du récit l'auteur nous en dévoile peu à peu des indices. Que s'est-il vraiment passé au "lieu-dit Noir -Étang" ?
Le style de ce livre est magnifique, il est écrit comme un roman classique, c'est également le portrait d'une époque et les lieux y sont superbement décrits.
La psychologie des personnages est très intéressante, autant pour les personnages principaux que sont Mlle Channing, M. Reed et Henry mais aussi pour le père d'Henry et directeur de Chatham School.
La construction du livre donne tout le suspens et même après le dénouement de l'histoire, le lecteur a droit à de nouvelles surprises dans les toutes dernières pages.  
Un vrai coup cœur pour moi que je vous invite à découvrir.

Autres avis : Anna Blume, Clara, Mimi, JosteinCanelConstance, Theoma

Extrait : (début du livre)
Mon père avait une phrase préférée. Il l'avait empruntée à Milton, et aimait la citer aux garçons de Chatham School. Planté devant eux le jour de la rentrée des classes, les mains bien enfoncées dans les poches de son pantalon, il ménageait un silence, leur faisant face, l'air grave. "Prenez garde à vos actes, déclamait-il alors, car le mal contre lui-même se retourne." Il ne pouvait imaginer à quel point la suite des évènements le contredirait, ni à quel point j'en aurais éminemment conscience.
Parfois, en ces tristes journées d'hiver si fréquentes en Nouvelle-Angleterre où le vent malmène autant les arbres que les arbustes, où la pluie tambourine contre les toits et les vitres, je me sens de nouveau happé par l'univers de mon père, par ma jeunesse, par la petite ville qu'il aimait tant et où je vis toujours. Je regarde par la fenêtre de mon bureau et revois la grand-rue de Chatham telle qu'elle était alors : une poignée de petits commerces, un cortège fantomatique d'automobiles aux phares montés sur des pare-chocs inclinés. Dans mon esprit, les morts retrouvent la vie, reprennent leur enveloppe charnelle. Je vois Mme Albertson livrer son panier de palourdes au marché Kessler, M. Lawrence faire des embardées avec le scooter des neiges qu'il a construit de ses propres mains, des skis à l'avant, deux parties des chenilles d'un tank de la Première Guerre mondiale à l'arrière, le tout accroché au châssis cabossé d'un vieux roadster. En passant, il me fait signe, agitant sa main gantée dans l'air intemporel.
Me présentant une nouvelle fois sur le seuil de mon passé, je retrouve mes quinze ans, tous mes cheveux et une peau dépourvue de taches de vieillesse, le ciel loin de moi et de l'enfer de mes préoccupations. Je pressens même que, par essence, la vie a du bon.
Puis, de but en blanc, je repense à elle. Pas à la jeune femme que j'ai connue il y a si longtemps, mais à la petite fille qui contemple au loin la mer d'un bleu étincelant, son père, à côté d'elle, lui disant ce que tous les pères disent depuis toujours à leurs enfants : que l'avenir leur tend les bras, que c'est un pré d'herbe tendre qui n'abrite aucune sombre forêt. Je la revois dans mon cottage, ce jour-là, je réentends sa voix, ses paroles tintent encore à mon oreille, distantes clochettes, porteuses de la foi qu'elle eut brièvement en la vie. Ne te prive pas, Henry. Il y en a pour tout le monde.

 logo_bibli_IGN_20

Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Sélection policier
Jury Septembre

Déjà lu du même auteur : 

les_feuilles_mortes_p Les feuilles mortes les_le_ons_du_mal_p Les leçons du Mal 

 

50__tats
30/50 : Georgie
(Thomas H. Cook a étudié et enseigné en Georgie)

 Challenge Thriller 
challenge_thriller_polars
 catégorie "Même pas peur" : 3/12

  Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

logo_Petit_BAC_2012
"Couleur"





20 juillet 2012

L'Insoutenable légèreté de l'être - Milan Kundera

l_insoutenable_legerete_de_l_etre Milan_Kundera_L_insoutenable_legerete_de_l_etre l_insoutenable_legerete_de_l_etre_folio1990

Gallimard – avril 1984 – 393 pages

Folio – octobre 1989 – 476 pages

Folio – janvier 1990

traduit du tchèque par François Kérel

Titre original : Nesnesitelná lehkost bytí, 1982

Quatrième de couverture :
Qu'est-il resté des agonisants du Cambodge ?
Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune.
Qu'est-il resté de Tomas ?
Une inscription : il voulait le Royaume de Dieu sur la terre.
Qu'est-il resté de Beethoven ?
Un homme morose à l'invraisemblable crinière, qui prononce d'une voix sombre : Es muss sein ! " Qu'est-il resté de Franz ?
Une inscription : Après un long égarement, le retour.
Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Avant d'être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c'est la station de correspondance entre l'être et l'oubli.

Auteur : Né à Brno en Tchécoslovaquie en 1929, Milan Kundera a enseigné l'histoire du cinéma à l'Académie de musique et d'art dramatique, puis à l'Institut des hautes études cinématographiques de Prague. Après l'invasion de la Tchécoslovaquie par les Soviétiques, il perd son emploi, et ses ouvrages (La plaisanterie, 1965; Risibles amours, 1968...) sont interdits. Il émigre en France en 1975 où il enseigne la littérature comparée à l'université de Rennes puis à l’École des hautes études en sciences sociales. En 1981, il obtient la nationalité française. En 1984, L'insoutenable légèreté de l'être lui apporte une reconnaissance internationale. Suivent une poignée de chefs-d’œuvre parmi lesquels L'art du roman (1986), L'immortalité (1990), Les testaments trahis (1993), La lenteur (1995), L'identité (1997) ou encore L'ignorance (2003).   

Mon avis : (lu en juillet 2012)
Ce qui m'a incité à lire ce livre c'est d'une part le Baby Challenge - Contemporain Livraddict et ensuite ma sœur qui m'a gentiment prêté le livre. 
L'Insoutenable Légèreté de l'être est le cinquième roman de Milan Kundera, il a été écrit en 1982 et publié en France pour la première fois en 1984.
Le côté philosophique de cette lecture me faisait un peu peur, j'ai donc profité d'un voyage de 3 heures de train pour l'entamer. Finalement, il se lit plutôt facilement grâce à des chapitres assez courts.
Il faut situer l'histoire à Prague en 1968, c'est en Tchécoslovaquie le Printemps de Prague, puis le pays sera envahi par l'URSS. Les personnages principaux sont Tomas et Tereza. Tomas aime beaucoup Tereza mais ne peut pas s'empêcher d'avoir des aventures avec d'autres femmes. Tereza est jalouse mais ne l'exprime pas ouvertement. Il y a également deux autres personnages Sabina, artiste et l'une des maîtresses de Tomas, et Franz homme marié, amant de Sabina...
Le cours de la narration est interrompu par des interrogations, des réflexions de l'auteur sur l'homme, l'amour, l'infidélité.
J'ai été gêné par la construction du livre, où beaucoup de choses se mélangent : le présent, le passé, le récit, les rêves, les interrogations, les réflexions. Par moment, j'avais du mal à suivre...
Impossible de dire si j'ai aimé ou pas aimé ce livre...
J'ai aimé découvrir les conditions de vie sous l'occupation soviétique, ainsi Tomas chirurgien est obligé d'abandonner son métier pour ne pas renier ses convictions, il deviendra laveur de carreaux.
Je n'ai pas aimé dans cette histoire les perpétuels aller-retour entre présent et passé.
Malgré tout, je suis contente d'avoir pu découvrir ce classique de la littérature.

 film_insoutenable_legerete_de__l_etre

Une adaptation cinématographique de L'Insoutenable Légèreté de l'être a été réalisée en 1988, par Philip Kaufman avec Daniel Day-Lewis, Juliette Binoche, Lena Olin.

Extrait : (début du livre)
L’éternel retour est une idée mystérieuse, et Nietzsche, avec cette idée, a mis bien des philosophes dans l’embarras : penser qu’un jour tout va se répéter comme on l’a déjà vécu et que cette répétition va encore indéfiniment se répéter ! Que veut dire ce mythe insensé ? 
Le mythe de l’éternel retour nous dit, par la négation, que la vie qui va disparaître une fois pour toutes et ne reviendra pas est semblable à une ombre, qu’elle est sans poids, qu’elle est morte dès aujourd’hui, et qu’aussi atroce, aussi belle, aussi splendide fût-elle, cette beauté, cette horreur, cette splendeur n’ont aucun sens. Il ne faut pas en tenir compte, pas plus que d’une guerre entre deux royaumes africains du XIVe siècle, qui n’a rien changé à la face du monde, bien que trois cent mille Noirs y aient trouvé la mort dans d’indescriptibles supplices. 
Mais est-ce que ça va changer quelque chose à cette guerre entre deux royaumes africains du XIVe siècle de se répéter un nombre incalculable de fois dans l’éternel retour ?
Oui, certainement : cela va devenir un bloc qui se dresse et perdure, et sa sottise sera sans rémission.
Si la Révolution française devait éternellement se répéter, l’historiographie française serait moins fière de Robespierre. Mais comme elle parle d’une chose qui ne reviendra pas, les années sanglantes ne sont plus que des mots, des théories, des discussions, elles sont plus légères qu’un duvet, elles ne font pas peur. Il y a une énorme différence entre un Robespierre qui n’est apparu qu’une seule fois dans l’histoire et un Robespierre qui reviendrait éternellement couper la tête aux Français.
Disons donc que l’idée de l’éternel retour désigne une perspective où les choses ne nous semblent pas telles que nous les connaissons : elles nous apparaissent sans la circonstance atténuante de leur fugacité. Cette circonstance atténuante nous empêche en effet de prononcer un verdict quelconque. Peut-on condamner ce qui est éphémère ? 
Les nuages orangés du couchant éclairent toute chose du charme de la nostalgie ; même la guillotine.
Il n’y a pas si longtemps, je me suis pris moi-même sur le fait : ça me semblait incroyable mais, en feuilletant un livre sur Hitler, j’étais ému devant certaines des ses photos ; elles me rappelaient le temps de mon enfance ; je l’ai vécu pendant la guerre ; plusieurs membres de ma famille ont trouvé la mort dans des camps de concentration nazis ; mais qu’était leur mort auprès de cette photographie d’Hitler qui me rappelait un temps révolu de ma vie, un temps qui ne reviendrait pas ?
Cette réconciliation avec Hitler trahit la profonde perversion morale inhérente à un monde fondé essentiellement sur l’inexistence du retour, car dans ce monde-là tout est d’avance pardonné et tout y est donc cyniquement permis.  

Challenge Voisins, voisines
voisin_voisines2012
République Tchèque
(Tchécoslovaquie)

littraturecontemporaines
Baby Challenge - Contemporain Livraddict : 16/20

 

 

17 juillet 2012

Comme dans un miroir - Gunnar Staalesen

  Lu dans le cadre de Masse Critique
massecritique

Comme_dans_un_miroir Gaïa – septembre 2012 – 304 pages

traduit du norvégien par Alexis Fouillet

Titre original : Som i et speil, 2002

Quatrième de couverture :
En 1957, une femme sublime se tue en voiture avec son amant saxophoniste, dans un pacte macabre. Elle laisse deux filles. Trente-cinq ans plus tard, lorsque l’une disparaît avec son mari, sa sœur imagine le pire et appelle Varg Veum. Entre le mythe des amants suicidés en 1957 et le présent, beaucoup de recoupements, de ressemblances, comme dans un miroir. Les chalets de montagne sur les hauteurs de Bergen se renvoient les échos du passé par-delà les fjords.
Sur fond de trafic en tous genres, la Norvège des années 90 a bien les deux pieds dans son époque. Varg Veum aussi : il vient d’acheter un téléphone portable !
Un nouvel épisode jazzy pour le privé norvégien.

Auteur : Gunnar Staalesen est né à Bergen, en Norvège, en 1947. Il fait des études de philologie et débute en littérature à 22 ans. Il se lance peu à peu dans le roman policier et crée en 1975 le personnage de Varg Veum, qu’il suivra dans une douzaine de romans. Tous les polars de Staalesen suivent les règles du genre à la lettre, avec brio. Et les problèmes existentiels du détective privé, ses conflits avec les femmes et son faible pour l’alcool sont l’occasion d’explorer, non sans cynisme, les plaies et les vices de la société. Avec le Roman de Bergen, il dédie à sa ville natale une grande fresque sociale et policière couvrant tout le XXe siècle. 

Mon avis : (lu en juillet 2012)
Ce livre est la 11ème enquête du personnage récurant de Gunnar Staalesen le privé norvégien Varg Veum traduite en France. Pour ma part, c’est ma deuxième enquête avec Varg Veum.
Berit, avocate, demande à Varg Veum d’enquêter sur la disparition soudaine de sa sœur Bodil et de son mari, plus trente ans auparavant leur mère et son amant ont été retrouvés noyés dans leur voiture comme dans un pacte mortel.   
L’enquête met beaucoup de temps à s’installer, durant les deux cent premières pages l’enquête n’avance pas, l’auteur nous « balade » sur plusieurs pistes dont aucunes ne progressent vraiment…
C’est à la limite de devenir lassant… Il est question du passé, de multiples trafics…
Et puis tout à coup l’enquête s’emballe et les révélations se succèdent et la fin inattendue ne m’a pas fait regretter cette lecture. Dommage que le début soit si poussif…

Merci à Babelio et aux Éditions Gaïa pour m'avoir permis de découvrir cette nouvelle enquête de Varg Veum, personnage sympathique et attachant.

 

Extrait : (début du livre)
Je l'avais vue bien avant que nous nous croisions.
Nous allions chacun dans sa direction sur la portion de montagne que les Berguénois appellent Vidden, le haut plateau, comme s'il n'y en avait qu'un. Elle arrivait d'Ulriken, en direction de Fløien.

Je venais de faire l'ascension de Trappefjellet, et je longeais l'alignement de cairns sur ce qui s'appelle depuis très longtemps Alfjellet. C'était un jeudi de la mi-avril, et la température hésitait encore entre des valeurs à un ou deux chiffres. Plus bas, sur Midtfjellet, j'avais entendu le cri strident caractéristique du bécasseau. Sous les nuages qui filaient dans le ciel, la première formation d'oies sauvages volaient vers le nord, mystérieusement attirées par le Møre. Le printemps arrivait. Mais sur Vidden, il restait des névés. Du côté des marais en face de Hyttelien, on s'enfonçait sérieusement dans la boue quand on quittait le sentier.
Tout à coup, elle disparut, telle une fée des forêts. Sur le dernier tronçon avant le Borgaskar, un coup d'index de géant en travers de Vidden, je la perdis de vue. Je m'arrêtai un instant, bouche bée, et elle réapparut après le col  pour se diriger à grands pas vers moi.  Je lui laissai le passage sur le chemin.
Elle était équipée pour ce genre d'activités ; sac à dos léger, knickers marron, coupe-vent vert et bonnet blanc. Elle passa devant moi avec un sourire rapide et un « Bonjour ! » joyeux, comme il est d'usage entre randonneurs.
« Mais... ! L'entendis-je s'exclamer après m'avoir croisé. Ce ne serait pas... »
Je me retournerai vers elle.
« Veum ?
- Si. »
J'analysai en vitesse ma première impression. Ses yeux étaient gris-vert, son regard clair. Elle était plus grande que moi, environ 1,85 m. Pourtant, il y avait un côté des plus féminins dans ses traits réguliers, ses lèvres pulpeuses et sa peau lisse. Le vent vif de la montagne lui avait laissé une jolie tache rouge sur chaque joue. Quelques rares gouttes de sueur s'étaient formées dans le duvet clair de sa lèvre supérieure. Hormis cela, elle affichait une grande décontraction, et son souffle était léger comme celui d'un marathonien dans une descente.  

tous les livres sur Babelio.com

Déjà lu du même auteur :  l__criture_sur_le_mur L'écriture sur le mur

Challenge Voisins, voisines
voisin_voisines2012
Norvège

Défi Scandinavie noire 2012
dc3a9fi_scandinavie_noire

Norvège

 Challenge Viking Lit' 
Viking_Lit

Challenge Thriller 
challenge_thriller_polars
 catégorie "Même pas peur" : 2/12

 Challenge Littératures Nordiques
litterature_nordique

 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

logo_Petit_BAC_2012
"Objet"

Challenge 1% Littéraire 2012
 logochallenge2 
1/7

Publicité
Publicité
16 juillet 2012

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [86]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

Brise glace – Jean-Philippe Blondel 
Les Filles de l’ouragan – Joyce Maynard 
La fille de l'hiver - Eowyn Ivey

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Comme un miroir - Gunnar Staalesen (Babelio)
L'insoutenable légèreté de l'être - Milan Kundera

Que lirai-je cette semaine ?

Au lieu-dit Noir-Étang... - Thomas H. Cook
et...

Bonne semaine et bonne lecture. 

15 juillet 2012

La fille de l'hiver - Eowyn Ivey

Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
un_mot_des_titres 

Le mot : FILLE

La_fille_de_l_hiver Fleuve Noir – janvier 2012 - 432 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Chapman

Titre original : The Snow Child, 2012

Quatrième de couverture :
L’Alaska, ses forêts impénétrables, ses étendues enneigées. Son silence. Sa solitude. 
Depuis la mort de leur bébé, le mariage de Mabel et Jack n'a plus jamais été le même. Partir vivre sur ces terres inhospitalières paraissait alors une bonne idée. Seulement, le chagrin et le désir d'enfant les ont suivis là-bas et la rudesse du climat, le travail éreintant aux champs les enferment chacun dans leur douleur. 
Jusqu'à ce soir de début d'hiver où, dans un moment d'insouciance, le couple sculpte un bonhomme de neige à qui ils donnent les traits d'une petite fille. Le lendemain matin, celui-ci a fondu et de minuscules empreintes de pas partent en direction de la forêt… 
Peu de temps après, une petite fille apparaît près de leur cabane, parfois suivie d'un renard roux tout aussi farouche qu'elle. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Est-elle une hallucination ou un miracle ? Et si cette petite fille était la clé de ce bonheur qu'ils n'attendaient plus ? 
Inspiré d'un conte traditionnel russe, La fille de l'hiver est un roman à la fois moderne et intemporel où le réalisme des descriptions n'enlève rien à la poésie d'une histoire merveilleuse… dans tous les sens du terme.

Auteur : Eowyn Ivey a grandi en Alaska où elle vit toujours avec son mari et leurs deux filles. Cette ancienne journaliste, devenue libraire, aime à se définir comme une entremetteuse, qui présente des livres aux lecteurs. La fille de l'hiver est son premier roman, inspiré d'un conte russe, mais aussi de ses expériences personnelles et de son cadre de vie.

 

Mon avis : (lu en juillet 2012)
L’auteur s’est inspiré d’un conte traditionnel russe pour écrire cette belle histoire. Après la perte d'un enfant à la naissance et l'impossibilité de donner la vie, Mabel et Jack sont partis s'installer en Alaska. Leur douleur les incite à se réfugier dans le travail et la solitude.
Pourtant aux premiers jours de l’hiver, un jour de première neige, le couple s'amuse à faire un bonhomme de neige au forme d'une petite fille. Le lendemain, tout a fondu, les moufles et l'écharpe ont disparu... Peu temps après, ils leur semble apercevoir une petite fille à la lisière de la forêt... Où est le rêve ? Où est la réalité ? Cette histoire est vraiment troublante... Je n'en dévoilerai pas plus...
Mabel et Jack ont également des voisins qui veillent sur eux, dans cet endroit hostile, la solidarité est importante. George et Ester sont parents de trois grands garçons, ils sont exubérants et originaux .
J'ai beaucoup aimé les superbes descriptions en toutes saisons des grands espaces et des paysages de l'Alaska. Elles sont si précises et évocatrices que je n'avais aucun mal à les imaginer.
Une très belle découverte !

 

Autres avis : Valérie, Kathel, ClaraEmmyne

Extrait : (début du livre)
Mabel avait su d'avance ce qui l'attendrait. C'était le but recherché après tout. Aucune voix d'enfant, ni cris de joie ni pleurs. Aucun bruit de jeux en provenance de la rue, aucun frottement de petits pieds sur le bois de marches polies par les ans, aucun cliquetis de jouets traînant sur le carrelage de la cuisine. Tous ces échos retentissants de son échec et de ses regrets, elle les avait volontairement laissés loin derrière elle, pour mieux embrasser le silence.
Un silence qu'elle avait imaginé aussi paisible en Alaska que la neige soufflant dans l'immensité d'une nuit pleine de promesses. Hélas, ce n'était pas ce qu'elle avait trouvé. Quand elle faisait le ménage, les crins de son balai crissaient sur le plancher telles les dents pointues d'une furie qui lui grignoterait le cœur. Quand elle faisait la vaisselle, les assiettes et les bols s'entrechoquaient comme s'ils allaient se briser. Le seul son qui n'émana pas d'elle fut un brusque «croa croa» provenant du dehors. Mabel essora sa lavette et regarda par la fenêtre juste à temps pour voir un corbeau voleter de branche en branche dans les bouleaux dépouillés de leurs feuilles. Il n'y avait pas d'enfants jouant à se poursuivre sur le tapis d'automne en s'appelant à tue-tête ; il n'y avait même pas d'enfant solitaire sur une balançoire.

*

Il y en avait eu un. Une toute petite chose, née immobile et silencieuse. Dix années s'étaient écoulées depuis, mais aujourd'hui encore il lui arrivait de revivre ce moment et de regretter de ne pas avoir posé sa main sur le bras de Jack, de ne pas l'avoir arrêté. Si seulement... Elle aurait pris la tête du bébé dans le creux de sa main et coupé quelques mèches de ses minuscules cheveux afin de les conserver dans un médaillon autour de son cou. Elle aurait contemplé son petit visage et su si c'était un garçon ou une fille, puis elle se serait tenue au côté de Jack pendant qu'il l'inhumait dans la terre hivernale de Pennsylvanie. Elle aurait marqué sa tombe... Si seulement elle s'était autorisé ce deuil.
C'était un enfant, après tout, même s'il ressemblait davantage à un petit être échangé par une fée. Visage chiffonné, menton miniature, oreilles pointues ; elle en avait vu assez pour le pleurer ; elle aurait pu l'aimer tel qu'il était.

 logo_bibli_IGN_20

 

50__tats
29/50 : Alaska (2)

 

15 juillet 2012

Les Filles de l’ouragan – Joyce Maynard

Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
un_mot_des_titres 

Le mot : FILLE

les_filles_de_l_ouragan Philippe Rey – janvier 2012 – 330 pages

traduit de l’anglais (États-Unis) par Simone Arous

Titre original : The good daughters, 2010

Quatrième de couverture :
Elles sont nées le même jour, dans le même hôpital, dans des familles on ne peut plus différentes. Ruth est une artiste, une romantique, avec une vie imaginative riche et passionnée. Dana est une scientifique, une réaliste, qui ne croit que ce qu’elle voit, entend ou touche. Et pourtant ces deux femmes si dissemblables se battent de la même manière pour exister dans un monde auquel elles ne se sentent pas vraiment appartenir. Situé dans le New Hampshire rural et raconté alternativement par Ruth et Dana, Les Filles de l’ouragan suit les itinéraires personnels de deux « sœurs de naissance », des années 1950 à aujourd’hui. Avec la virtuosité qu’on lui connaît, Joyce Maynard raconte les voies étranges où s’entrecroisent les vies de ces deux femmes, de l’enfance et l’adolescence à l’âge adulte - les premières amours, la découverte du sexe, le mariage et la maternité, la mort des parents, le divorce, la perte d’un foyer et celle d’un être aimé - et jusqu’au moment inéluctable où un secret longtemps enfoui se révèle et bouleverse leur existence. C’est un roman sur la culture des fraises et la conscription pour le Vietnam ; sur l’élevage des chèvres et les rêves vains de fortune vite gagnée ; sur l’amour de la terre et l’amour d’un père ; sur des individus qui, sans cesser de se chérir, peuvent soudain se blesser profondément. Les Filles de l’ouragan est surtout une histoire sur les liens qui constituent une famille, un foyer, sur la force dévastatrice de l’amour qui s’achève, et l’apaisement qu’apporte le pardon.

Auteur de plusieurs romans et essais (dont Long week-end), collaboratrice de multiples journaux, radios et magazines, Joyce Maynard, 57 ans, vit désormais entre la Californie et le Guatemala. Surnommée lors de ses débuts fracassants en 1972 la Françoise Sagan américaine, elle est également connue pour sa relation avec J.D. Salinger alors qu’elle avait 18 ans, relation douloureuse sur laquelle elle est revenue dans son autobiographie vingt ans plus tard (Et devant moi, le monde).

Mon avis : (lu en juillet 2012)
Au cœur d’une Amérique rurale, des années 50 à nos jours, c’est l’histoire de Ruth et Dana des « sœurs d’anniversaire ». Elles sont nées toutes les deux un 4 Juillet 1950 dans un petit village du New Hampshire. Et elles appartiennent à deux familles très différentes.
Ruth est la dernière d’une famille de cinq filles, ses parents sont agriculteurs  depuis plusieurs générations. Très tôt, elle se découvre un sens artistique et un attachement sans faille  pour la terre familiale. Sa mère est plutôt distante avec elle, contrairement à son père dont elle est très proche.Dana vit dans une famille bohème. Sa mère est artiste peintre, son père fourmille d’idée et enchaîne projets sur projets dans l’espoir de faire fortune. Leurs vies très différentes ne vont cesser de se croiser durant toutes ses années.
Le lecteur comprend assez vite le secret qui entoure Ruth et Dana et c’est parfois énervant de voir que ni l’une ou ni l’autre ne l’ont pas compris plus tôt !
Une lecture très agréable avec des personnages aussi attachants qu’originaux. Une belle découverte de l'Amérique rurale.

Extrait : (page 17)
Ruth
La Grande Perche

Mon père me disait que j'étais un bébé de l'ouragan. Cela ne signifiait pas que j'étais née au cours d'un ouragan. Le jour de ma naissance, le 4 juillet 1950, se situe bien avant la saison des ouragans.
Il voulait dire que j'avais été conçue pendant un ouragan. Ou dans son sillage.
« Arrête ça, Edwin », intervenait ma mère chaque fois qu'elle le surprenait à me raconter cette histoire. Pour ma mère, Connie, tout ce qui avait à voir avec le sexe ou ses conséquences (à savoir ma naissance, ou du moins le fait de relier ma naissance à l'acte sexuel) ne pouvait être un sujet de discussion.
Mais quand elle n'était pas là, il me racontait cette nuit où il avait été appelé pour dégager la route d'un arbre abattu par la tempête, il me décrivait la pluie battante, le vent impétueux. «Je n'ai pas été comme mes frères faire la guerre en France, disait-il, mais j'ai eu l'impression de livrer une bataille, en luttant contre ces bourrasques qui soufflaient à cent cinquante kilomètres à l'heure. Et là il se passe une chose bizarre. Craint-on vraiment pour sa vie dans des moments pareils ? Mais c'est à de tels moments que l'on se sait vivant.»
Il me racontait cette pluie qui s'abattait si violemment sur la cabine du camion qu'il n'y voyait plus rien, comme son cœur battait fort alors qu'il progressait dans l'obscurité, et ensuite - exposé au déluge, il coupait l'arbre et dégageait les grosses branches sur le bord de la route, ses bottes lourdes de pluie s'enfonçaient dans la boue, ses bras tremblaient.
« Le bruit du vent avait quelque chose d'humain, se souvenait-il, comme le gémissement d'une femme. »
Plus tard, me remémorant la façon dont mon père me racontait cette histoire, je me rendis compte que les mots qu'il utilisait pour décrire la tempête auraient aussi bien pu évoquer un couple faisant l'amour. Il imitait le bruit du vent, et je me jetais contre sa poitrine pour qu'il me protège de ses bras puissants. Je frémissais rien qu'à l'idée de ce qu'avait dû être cette nuit.
Pour une raison que j'ignorais, mon père se plaisait à me la raconter - pas à mes sœurs ni à notre mère, mais à moi, son unique public. Bon, il y avait peut-être une raison. J'étais sa fille de l'ouragan. Sans la tempête, aimait-il à dire, je ne serais pas là.
J'étais née neuf mois plus tard, au jour près, à la maternité du Bellersville Hospital, en pleine Fête nationale, juste après la fin des premières moissons et alors que les fraises étaient à leur apogée.

logo_bibli_VLS_20

Déjà lu du même auteur :

 long_week_end Long week-end 

50__tats
29/50 : New Hampshire (2)

14 juillet 2012

Un été au Cap-Ferret de Fabienne Legrand + concours

Stéphie organise un concours sur son blog :

Mille et une pages

été cap ferret

à gagner 

Répondre avant le mardi 17 juillet à minuit 

    Renseignement ici

 

13 juillet 2012

En pause...

Avant les vraies vacances au mois d'août,
pour fêter un anniversaire... 

amsterdam1

Nous partons en couple pour un week-end touristique !

 A très bientôt !

 

En mon absence, j'ai cependant planifié  plusieurs billets pour les jours prochains... 

Publicité
Publicité
A propos de livres...
Publicité
A propos de livres...
Newsletter
55 abonnés
Albums Photos
Visiteurs
Depuis la création 1 376 598
Publicité