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12 juin 2011

La septième vague – Daniel Glattauer

la_septi_me_vague Grasset – avril 2011 – 352 pages

traduit de l'allemand (Autriche) par Anne-Sophie Anglaret

Quatrième de couverture :
Leo Leike était à Boston en exil, le voici qui revient. Il y fuyait la romance épistolaire qui l'unissait en esprit avec Emmi. Elle reposait sur trois principes : pas de rencontres, pas de chair, pas d'avenir. Faut-il mettre un terme à une histoire d'amour où l'on ne connaît pas le visage de l'autre ? Où l'on rêve de tous les possibles ? Où l'on brûle pour un(e) inconnu(e) ? Où les caresses sont interdites ? "Pourquoi veux-tu me rencontrer ?" demande Léo, inquiet. "Parce que je veux que tu en finisses avec l'idée que je veux en finir" répond Emmi, séductrice. Alors, dans ce roman virtuose qui joue avec les codes de l'amour courtois et les pièges de la communication moderne, la farandole continue, le charme agit. Léo et Emmi finiront de s'esquiver pour mieux... s'aimer

Auteur : Daniel Glattauer, né à Vienne en 1960, écrit depuis 1989 des chroniques politiques et judiciaires pour journal Der Standaard. Il est l’auteur entre autres de Quand souffle le vent du nor (Grasset, 2010), vendu à plus de 800.000 exemplaires en Allemagne, traduit dans le monde entier.

Mon avis : (lu en juin 2011)
J'étais à la fois contente et inquiète de retrouver les échanges épistolaires entre Emmi et Léo. Contente, car j'avais beaucoup aimé le livre précédent Quand souffle le vent du nord et inquiète car une suite est parfois décevante... Finalement, mon inquiétude était infondée.
Lorsque le livre précédent s'était terminé, Leo était parti à Boston laissant entendre à Emmi que leurs échanges de mails étaient terminés. En tant que lecteur, j'avais trouvé cette fin un peu brutale mais heureusement que j'avais vu qu'une suite (pas encore traduite en français) existait sinon cela aurait gâché ma lecture.
C'est Emmi qui relance Léo, au départ sans grand résultat puisqu'elle n'obtient comme seule réponse le message automatique suivant « ATTENTION. ADRESSE MAIL MODIFIÉE. LE DESTINATAIRE NE PEUT PLUS REGARDER CETTE BOÎTE. LES NOUVEAUX MESSAGES SERONT AUTOMATIQUEMENT EFFACÉS. LE MANAGER DU SYSTÈME EST A VOTRE DISPOSITION POUR PLUS D'INFORMATIONS. »
Mais elle persévère en envoyant régulièrement des messages et neuf mois plus tard Leo, de retour de Boston, lui répond enfin... Le dialogue va reprendre, l'histoire sera moins virtuelle puisqu'il y aura plusieurs rencontres entre Emmi et Leo.
J'ai pris beaucoup de plaisir à les retrouver plus d'un an après même si ces échanges sont moins surprenants (il y a quand même quelques rebondissements) et la conclusion est celle que j'attendais... Une histoire facile à lire, j'ai passé un très bon moment en compagnie d'Emmi et Leo !

Extrait : (page 225)
Pourquoi est-ce que je t'écris ? Parce que j'en ai envie. Et parce que je ne veux pas atteindre en silence la septième vague.
Oui, ici on raconte l'histoire de l'implacable septième vague. Les six premières sont prévisibles et équilibrées. Elles se suivent, se forment l'une sur l'autre, n'amènent aucune surprise. Elles assurent une continuité. Six départs, si différents qu'ils puissent paraître vus de loin, six départs - et toujours la même arrivée.
Mais attention à la septième vague ! Elle est imprévisible. Elle est longtemps discrète, elle participe au déroulement monotone, elle s'adapte à celles qui l'ont précédées. Mais parfois elle s'échappe. Toujours elle, toujours la septième vague.
Elle est insouciante, innocente, rebelle, elle balaie tout sur son passage, remet tout à neuf.
Pour elle, il n'y a pas d'avant, mais un maintenant. Et après, tout a changé.
En bien ou en mal? Seuls peuvent en juger ceux qui ont été emportés, qui ont eu le courage de se mettre face à elle, de se laisser entraîner.
Je suis assise ici depuis une bonne heure, je compte les vagues et j'observe ce que font les septièmes. Pour l'instant, aucune ne s'est emballée. Mais je suis en vacances, je suis patiente, je peux attendre. Je ne perds pas d'espoir ! Ici, sur la côte ouest, souffle un fort et chaud vent du sud. Emmi.

Déjà lu du même auteur : quand_souffle_le_vent_du_nord  Quand souffle le vent du nord

 

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Autriche

 

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11 juin 2011

Un Juif pour l'exemple – Jacques Chessex

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Grasset & Fasquelle – janvier 2009 – 102 pages

Livre de Poche – septembre 2010 – 88 pages

Quatrième de couverture :
1942 : l’Europe est à feu et à sang, la Suisse est travaillée de sombres influences. À Payerne, ville de charcutiers « confite dans la vanité et le saindoux », le chômage aiguise les rancœurs et la haine ancestrale du Juif. Autour d’un « gauleiter » local, le garagiste Fernand Ischi, et du pasteur Lugrin, proche de la légation nazie à Berne, s’organise un complot de revanchards au front bas, d’oisifs que fascine la virilité germanique. Ils veulent du sang. Une victime expiatoire. Ce sera Arthur Bloch, marchand de bestiaux. À la suite du Vampire de Ropraz, c’est un autre roman, splendide d’exactitude, à l’atmosphère lourde, que nous donne Jacques Chessex. Les assassins sont dans la ville.

Jacques Chessex, notre nouveau Flaubert, n’a pas son pareil pour décrire sans trembler des abominations, pour hurler à voix basse, pour fouiller la culpabilité dans une prose de confessionnal. Jérôme Garcin, Nouvel Observateur.

Un petit chef-d’œuvre. Il écrit en peintre, mais sobre, incisif, mordant, effarant et bref. Beauté du monde, fatalité du mal, silence de Dieu, tout est là, qu’on reçoit comme une claque. Marie-Françoise Leclère, Le Point.

Auteur : Romancier, essayiste et poète, Jacques Chessex est né en 1934 dans le canton de Vaud, en Suisse. En 1973, il a obtenu le prix Goncourt pour L’Ogre et, en 2007, le Grand Prix Jean Giono pour l’ensemble de son œuvre. Jacques Chessex est décédé le 9 octobre 2009.

Mon avis : (lu en juin 2011)
Voilà un livre qui se lit d’une traite puisqu’il ne fait qu’une centaine de pages. L’auteur nous raconte un drame qui a eu lieu dans son village suisse en avril 1942, alors qu’il était âgé de huit ans. Cet évènement sordide semble l’avoir hanté toute sa vie.
En 1942 à Payerne « les lieux sont beaux, d'une intensité presque surnaturelle », « Campagnes perdues, forêts vaporeuses à l'odeur de bête froide à l'aube, vallons giboyeux déjà pleins de brume, harpes des grands chênes à la brise tiède. » La guerre est loin de ce village prospère. Et pourtant, quelques antisémites, quelques sympathisants fascistes comme le pasteur Philippe Lugrin ou Fernand Ishi cherchent à faire grandir leur cause, admiratifs de ce qui se passe en Allemagne... Ils « ont galvanisé son public de chômeurs, d'aigris, de paysans déçus, d'appauvris, de gueulards impuissants et convulsifs ». En avril 1942, Ishi et ses compagnons décident de passer à l'action, ils choisissent une victime, Arthur Bloch un marchand de bestiaux. Ils organisent et exécutent un assassinat bestial. Les coupables seront rapidement arrêtés et jugés. Jamais ils ne manifesteront de regrets par rapport à leur acte. Et Payerne ne réagira pas, le village s'empressera d'oublier cet épisode odieux, seul reste l'inscription sur la pierre tombale : « Gott weiss warum » (Dieu sait pourquoi).
Au crépuscule de sa vie, Jacques Chessex nous dévoile avec beaucoup de sobriété un visage caché de la Suisse, soi-disant neutre et sage. Le lecteur est saisi par cette histoire vraie qui nous est raconté de façon factuelle. Le fanatisme, la violence et la bêtise ont entraîné la mort d'Arthur Bloch, « Un Juif pour l'exemple ». En lisant ce livre, je me suis pris une vraie claque.

Extrait : (début du livre)
Quand cette histoire commence, en avril 1942, dans une Europe jetée à feu et à sang par la guerre d'Adolf Hitler, Payerne est un gros bourg vaudois travaillé de sombres influences à l'extrémité de la plaine de Broye, près de la frontière de Fribourg. La ville a été la capitale de la reine Berthe, veuve de Rodolphe II, roi de Bourgogne, qui l'a dotée d'une abbatiale dès le dixième siècle. Rurale, cossue, la cité bourgeoise veut ignorer la chute récente de ses industries et les gens qu'elle a réduits à la misère, cinq cents chômeurs qui la hantent sur les cinq mille habitants de souche.

Le commerce du bétail et du tabac fait la richesse apparente de la ville. Et surtout la charcuterie. Le cochon sous toutes ses formes, lard, jambon, pied, jarret, saucisson, saucisse au chou et au foie, tête marbrée, côtelettes fumées, terrine, oreille, atriaux, l'emblème du porc couronne le bourg et lui donne son aspect débonnaire et satisfait. Dans l'ironie des campagnes, on appelle les Payernois les « cochons rouges ». Cependant les courants opaques circulent et se cachent sous la certitude et le commerce. Teint rose et cramoisi, terres grasses, mais menaces dans la cloison.
C'est loin, la guerre, pense-t-on communément à Payerne. C'est pour les autres. Et se toute façon l'armée suisse nous garantit de son dispositif invincible. Infanterie helvétique d'élite, artillerie puissante, aviation aussi performante que celle des Allemands et surtout, un dispositif anti-aérien décisif avec le 20 millimètres Oerlikon et le canon de 7.5. Sur tout le territoire accidenté les barrages, les fortins surarmés, les toblerones, et si ça se gâte, ultime défense, l'imprenable « réduit national » dans les montagnes du Vieux-Pays. Bien malin celui qui nous prendra en défaut.
Et dès le soir, l'obscurcissement. Rideaux clos, volets fermés, toutes sources de lumières éteintes. Mais qui obscurcit quoi ? Qui cache quoi ? Payerne respire et transpire dans le lard, le tabac, le lait, la viande des troupeaux, l'argent de la Banque Cantonale et le vin de la commune qu'on va chercher à Lutry sur les bords du lointain Léman, comme au temps des moines de l'abbatiale. Le vin qui soûle solairement, depuis bientôt un millénaire, une capitale confite dans la vanité et le saindoux.
Au printemps où commence cette histoire les lieux sont beaux, d'une intensité presque surnaturelle qui tranche sur les lâchetés du bourg. Campagnes perdues, forêts vaporeuses à l'odeur de bête froide à l'aube, vallons giboyeux déjà pleins de brume, harpes des grands chênes à la brise tiède. A l'est les collines enserrent les dernières maisons, les vallonnements s'allongent dans la lumière verte et dans les plantations à perte de vue le tabac commence à monter au vent de la plaine.
Et les bois de hêtres, bocages aérés, bosquets de pins, haies profondes, taillis clairs qui couronnent les collines de Grandcour. Mais le mal rôde. Un lourd poison s'insinue. O Allemagne, Reich de l'infâme Hitler. O Niebelungen, Wotan, Walkyries, Siegfried étincelant et buté, je me demande quelle fureur instille ces fantômes vindicatifs de la Forêt-Noire dans la douce sylve de Payerne. Rêve dévoyé d'absurdes chevaliers teutoniques qui assomme l'air de la Broye, un matin du printemps 1942, où Dieu et une bande d'autochtones fous se sont fait berner, une fois de plus, par Satan en chemise brune.

 

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Suisse

10 juin 2011

Les enfants de la liberté – Marc Levy

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Robert Laffont – mai 2007 – 433 pages

Pocket – juin 2008 – 375 pages

Pocket – décembre 2009 – 367 pages

Quatrième de couverture :
Jeannot, Tu leur diras de raconter notre histoire dans leur monde libre. Que nous nous sommes battus pour eux. Tu leur apprendras que rien ne compte plus sur cette terre que cette putain de liberté capable de se soumettre au plus offrant. Tu leur diras aussi que cette grande salope aime l'amour des hommes, et que toujours elle échappe à ceux qui veulent l'emprisonner, qu'elle ira toujours donner la victoire celui qui la respecte sans jamais espérer la garder dans son lit. Dis-leur Jeanne, dis-leur de raconter tout cela de ma part, avec leurs mots à eux, ceux de leur époque. Les miens ne sont faits que des accents de mon pays, du sang que j'ai dans la bouche et sur les mains.

Auteur : Né en 1961 à Boulogne dans les Hauts-de-Seine, il quitte la France pour les États-Unis à 23 ans et fonde une société spécialisée dans l'image de synthèse. Il reste en Amérique du Nord, sa seconde patrie, pendant sept ans et revient à Paris avec le projet de créer un cabinet d'architecture avec deux de ses amis. Il en est directeur pendant près de dix ans. Aimant raconter des histoires, Marc Levy se met à l'écriture en amateur. Finalement, il décide d'envoyer son manuscrit à plusieurs éditeurs et ce sont les éditions Robert Laffont qui le contacteront. Son premier roman 'Et si c'était vrai ...' est très bien accueilli par le public et adapté au cinéma en 2005. Depuis, il se consacre à l'écriture et emmène le lecteur dans son univers où tout est possible. 'La Prochaine Fois' paraît en février 2005. En janvier 2006, les ventes de ses cinq livres, toutes éditions et langues confondues, ont dépassé les dix millions d'exemplaires. Ses romans, 'Mes amis, mes amours' et 'Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites' sont venus confirmer l'engouement pour cet auteur. Marc Levy vit à Londres.

Mon avis : (relu en mai 2011)
Les enfants de la liberté est le septième roman de Marc Levy, il est très différent des histoires habituelles de l'auteur.
Ce livre est un bel hommage aux étrangers qui se sont battus pour la France lors de la Seconde Guerre Mondiale. Marc Levy raconte ici l'histoire de son père et de son oncle, deux jeunes Juifs qui rentrent dans la Résistance, ils combattent, ils ont peur, ils tuent, des camarades se font tuer ou se font arrêter, ils passeront quelques temps dans la prison St Michel de Toulouse, puis se feront déporter après un périple long et pénible en train... Malgré les trahisons, les arrestations et la mort, l'espoir, le courage et la liberté sont toujours présents pour les faire avancer et espérer à un avenir meilleur.

Ce livre est bouleversant, car ses jeunes sont des enfants devenus trop vite adultes qui rêvaient de liberté ! Je n'oublierai pas Jacques, Boris, Rosine, Ernest, François, Marius, Enzo, Antoine, Charles, Claude, Alonso, Catherine, Sophie, Marc, Emile, Robert, Damira... des copains, espagnols, italiens, polonais, hongrois, roumains, les enfants de la liberté.

Extrait : (page 13)
« Ce 21 mars 1943, j'ai dix-huit ans, je suis monté dans le tramway et je pars vers une station qui ne figure sur aucun plan : je vais chercher le maquis.
Il y a dix minutes, je m'appelais encore Raymond, depuis que je suis descendu au terminus de la ligne 12, je m'appelle Jeannot. Jeannot sans nom. A ce moment encore doux de la journée, des tas de gens dans mon monde ne savent pas ce qui va leur arriver. Papa et maman ignorent que bientôt on va leur tatouer un numéro sur le bras, maman ne sait pas que sur un quai de gare, on va la séparer de cet homme qu'elle aime presque plus que nous.
Moi je ne sais pas non plus que dans dix ans, je reconnaitrai, dans un tas de paire de lunettes de près de cinq mètres de haut, au Mémorial d'Auschwitz, la monture que mon père avait rangée dans la poche haute de sa veste, la dernière fois que je l'ai vu au café des Tourneurs. Mon petit frère Claude ne sait pas que bientôt je passerai le chercher, et que s'il n'avait pas dit oui, si nous n'avions pas été deux à traverser ces années-là, aucun de nous n'aurait survécu. Mes sept camarades, Jacques, Boris, Rosine, Ernest, François, Marius, Enzo, ne savent pas qu'ils vont mourir en criant « Vive la France », et presque tous avec un accent étranger.
Je me doute bien que ma pensée est confuse, que les mots se bousculent dans ma tête, mais à partir de ce lundi midi et pendant deux ans, sans cesse mon coeur va battre dans ma poitrine au rythme que lui impose la peur ; j'ai eu peur pendant deux ans, je me réveille encore parfois la nuit avec cette foutue sensation. Mais tu dors à côté de moi mon amour, même si je ne le sais pas encore. Alors voilà un petit bout de l'histoire de Charles, Claude, Alonso, Catherine, Sophie, Rosine, Marc, Emile, Robert, mes copains, espagnols, italiens, polonais, hongrois, roumains, les enfants de la liberté.

Lu dans le cadre du Baby Challenge Contemporain 2011
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Baby Challenge - Contemporain Livraddict :
12/20 déjà lus  Médaille de bronze

 

3 juin 2011

Quatre jours en mars - Jens Christian Grøndahl

Lecture Commune avec Canel
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quatre_jours_en_mars Gallimard – février 2011 – 437 pages

 

traduit du danois par Alain Gnaedig

 

Quatrième de couverture :
Les meilleures années appartiennent-elles toujours au passé ? En est-on responsable ? Ces questions viennent hanter Ingrid Dreyer, architecte et mère divorcée, au cours de quatre jours dramatiques, où plus rien ne se révèle être comme elle le croit. Lorsque son fils adolescent est arrêté pour des actes de violence, lorsque sa relation à un homme plus âgé et marié prend un tour inattendu, elle replonge dans les souvenirs de sa jeunesse solitaire et de son mariage raté, afin de tenter de comprendre pourquoi sa vie commence à ressembler à une impasse. Ingrid Dreyer est-elle condamnée à reproduire les comportements, les lubies et les erreurs de sa mère ou de sa grand-mère, femme de lettres qui a connu jadis son heure de gloire ? Les histoires de ces femmes ne sont-elles que les variations d'un même thème et d'un même drame ? Après "Sous un autre jour" et "Les mains rouges", Jens Christian Grøndahl propose ici un nouveau portrait de femme de notre temps, avec cette profondeur psychologique et cette maîtrise stylistique qui sont la marque du grand écrivain danois.

 

Auteur : Jens Christian Grøndahl est né à Copenhague en 1959. Il est aujourd'hui un auteur vedette au Danemark et ses livres sont traduits dans de nombreux pays. Ses romans parus aux Editions Gallimard l'ont également fait connaître en France.

Mon avis : (lu en mai 2011)
Quatre jours, jeudi, vendredi, samedi et dimanche dans la vie d'Ingrid Dreyer. Elle a quarante-huit ans, elle est architecte, divorcée, mère d'un adolescent de quatorze ans et amoureuse d'un homme marié.
Elle est en voyage professionnel à Stockholm, lorsqu'on lui demande de rentrer d'urgence à Copenhague car son fils Jonas a été arrêté par la police pour avoir participé à des actes de violence contre un jeune Arabe. L'acte de son fils est comme un premier choc. Ingrid va se replonger dans son passé pour essayer de comprendre comment elle en est arrivée là. Elle revoie ses souvenirs de jeunesse, son mariage raté, sa vie amoureuse... Va-t-elle reproduire les mêmes erreurs que sa mère et sa grand-mère ?

Ce livre est très bien écrit, l'histoire est très prenante l'auteur a su parfaitement nous distiller des allers-retours entre présent et passé et petit à petit raconter ce qu'il faut pour que le lecteur comprenne peu à peu qui est Ingrid. La psychologie des différents personnages est très travaillée. Les relations entre les personnages sont subtiles.

J'ai beaucoup aimé cette lecture, je me suis sentie proche d'Ingrid même si ma vie est très différente de la sienne... Elle est touchante dans ses interrogations, son sentiment de culpabilité vis à vis de son fils. Berthe et Ava, sa mère et grand-mère, sont des personnages pas facile à vivre... J'ai également aimé les descriptions des paysages scandinaves, de la ville de Rome, des intérieurs... Une très belle découverte qui me donne envie de lire d'autres livres de cet auteur danois.

Maintenant allons voir l'avis de Canel avec qui je faisais Lecture Commune ! 

Extrait : (début du livre)
Elle a déjà mis une de ses boucles d'oreilles et cherche à se saisir de la seconde lorsque le téléphone sonne. Les pulsations de la tonalité lui semblent aussi étrangères que les meubles anonymes de la chambre. Elle reste devant le miroir. Son rouge à lèvres est trop vif, c'était un essai, d'habitude elle porte une nuance plus pâle. C'est sûrement Morten, son coordinateur de projet, qui, comme toujours, est en avance. Pourtant, il reste encore quelques minutes avant leur rendez-vous dans le hall de l'hôtel. Il sait où se trouve le restaurant. De toute façon, c'est lui qui règle les détails de logistique. Mais aujourd'hui, elle s'est bien débrouillée, encore une fois. La présentation s'est déroulée comme prévu, même les questions des maîtres d'ouvrage sont restées dans le cadre prévu, et elle s'est montrée claire et concentrée. 
Elle s'autorise à continuer de regarder son reflet dans le miroir, puisqu'elle a décidé de faire comme si elle n'était pas là. Le bourdonnement intermittent du téléphone lui donne l'impression d'être surveillée. Elle ferait mieux de mettre sa deuxième boucle d'oreille, de prendre sa pochette, de poser son manteau sur le bras et de sortir dans le couloir silencieux. Elle croise son regard. Ingrid Dreyer, quarante-huit ans. Une femme célibataire, qui a réussi et, aux yeux de certains, encore belle. Du moins, aux yeux de ceux qui lui importent, mais elle a trop maigri. On le voit avec la robe qu'elle a choisie pour la soirée, on voit son âge. Il y a quelque chose à la clavicule et à la peau des bras, mais pas seulement. 
Sa robe est belle, de style Empire, d'un vert passé comme les feuilles de sauge duveteuses. Étonnamment féminine, diront certains, et c'est bien le but recherché. Elle la porte afin de convaincre les représentants de Svensk Energi qu'elle est également une personne, une femme, et même une mère. Lorsque l'on est sur le point de lui confier un chantier d'un demi-milliard, c'est bien le moins que l'on peut attendre. D'ordinaire, elle porte des pantalons, des tailleurs et des T-shirts neutres. Pas de maquillage, pas de bijoux, à la rigueur des escarpins à bride avec des talons hauts, juste pour se différencier, mais lorsque le commanditaire invite, elle peut se permettre de céder à l'autre côté de sa personnalité. Car il est bien là. Son expérience lui dit qu'un soupçon d'humanité vulnérable ne fait que renforcer l'intégrité professionnelle, en tout cas si l'on est de sexe féminin. Le téléphone ne cesse pas de sonner. 
De sa fenêtre du dix-septième étage, elle entrevoit au loin l'archipel comme des pointillés incandescents dans l'eau bleu foncé. Un groupe de hauts immeubles de bureaux lui bouche la vue, mais la façade vitrée de l'un d'eux envoie un reflet de la claire lumière de mars dans sa chambre capitonnée au plafond bas. Elle s'assoit sur le bord du lit et décroche le combiné, toujours une boucle d'oreille à la main. La perle blanche brille dans le soleil du soir. C'est un cadeau de Frank, son amant. Ce n'est pas lui qui appelle. Elle comprend qu'elle l'espérait quand elle entend la voix inconnue se présenter. Cela fait déjà bien des années qu'il lui a donné ces boucles d'oreilles à Rome. Elle se souvient que la première chose qui lui était venue à l'esprit avait été de se demander comment il pouvait dépenser une aussi grosse somme avec sa carte de crédit sans que sa femme ne s'en aperçoive. Elle n'avait pas encore découvert que Frank était un homme qui possédait de nombreux comptes en banque. 
Après coup, cela l'agace de n'avoir pas demandé au brigadier du poste de Station City comment il a réussi à la trouver dans une chambre d'hôtel de Stockholm. Elle allume son portable après avoir raccroché et écoute les messages. Au moins, Jonas a essayé de l'appeler. Elle a la bouche sèche en écoutant sa voix bredouillante d'adolescent de quinze ans, toujours aussi brusque et tranchante. Il a été arrêté. A l'entendre, on a l'impression qu'il appelle pour dire qu'il ne rentrera pas dîner. D'habitude, il ne songe même pas à partager ce genre d'informations pratiques avec sa mère. Elle se demande soudain s'il n'a pas oublié qu'elle allait à Stockholm. Car elle le lui a bien dit, n'est-ce pas ? Oui, bien sûr. Le téléphone sur la table de nuit sonne à nouveau, cette fois-ci, c'est Morten. Mais qu'est-ce qu'elle fait ? Elle répond qu'elle descend tout de suite. 
Elle était restée indifférente au ton décontracté du brigadier et elle avait deviné dans sa voix un accent de reproche enjoué. De fait, Jonas n'avait eu droit qu'à un seul coup de fil, mais comme elle n'avait pas répondu, on lui avait permis d'appeler son grand-père. Le gamin était encore mineur, même si on avait du mal à le croire. Le policier avait déclaré cela comme si l'âge de Jonas était une forme de tromperie eu égard à la pointure considérable de ses chaussures. Elle avait demandé ce qui s'était passé. Là, le brigadier était devenu plus neutre dans son rapport. Jonas avait été arrêté dans une ruelle près de Christiania. Une voiture de patrouille était passée par hasard au moment où Jonas et ses camarades encerclaient un garçon à terre et lui donnaient des coups de pied dans la tête et dans le ventre. 
Jonas avait donné des coups de pied ? 
Sa voix s'était affaiblie et elle avait entendu que le policier avait noté le léger changement de ton, la brève difficulté à respirer. Les jeunes gens n'étaient guère communicatifs, en outre, il était important que la victime n'ait aucun souvenir de qui avait fait quoi. Quoi qu'il en soit, ils n'avaient pas l'âge de la majorité pénale et l'affaire serait du ressort des services sociaux, cependant, elle devrait apprendre à son fils à choisir ses amis avec plus de soin. Plusieurs d'entre eux étaient bien connus de la police, et l'on ne parlait pas ici de graffitis et de petits larcins. Il était question de recel organisé et de trafic de hasch, et ce que l'on avait confisqué cet après-midi n'était pas de la petite bière. Il s'agissait de crans d'arrêt et de coups de poing, et s'il était à sa place, il aurait une discussion sérieuse avec le gamin, quand elle finirait par rentrer de Stockholm. 
Y avait-il quelque chose dans la manière dont il avait dit "finirait par rentrer", ou était-elle hypersensible ? Elle avait demandé si Jonas connaissait la victime. On aurait dit que le policier souriait en donnant sa réponse. Il ne pouvait pas savoir qui son fils connaissait ou non et, de toute façon, il n'avait pas le droit de dévoiler l'identité du jeune homme. Cependant, l'affaire était d'autant plus délétère qu'il s'agissait d'un type dont les origines ethniques n'étaient pas danoises. Il serait donc possible que, à l'avenir, son fils soit obligé de bien regarder dans son dos quand il irait à l'école, au cas où il serait rattrapé par un cimeterre. 
Ingrid avait demandé où il se trouvait. Le brigadier avait demandé si elle pensait à la victime. Dans ce cas, il pouvait la rassurer, les urgences avaient renvoyé le jeune homme chez lui en lui ordonnant de rester tranquille pendant deux ou trois jours. Il s'en était sorti avec une commotion cérébrale et, tant qu'il ne se mettait pas à se cogner le front contre les tapis de la mosquée, il avait une chance de s'en tirer sans séquelles. D'ailleurs, c'était un miracle qu'il n'ait pas été plus gravement touché, car son fils et les autres garçons n'y étaient pas allés de main morte. Le policier avait marqué une pause. Mais en ce qui concernait son rejeton, en ce moment précis, il attendait que son grand-père vienne le chercher. 

Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie blanche
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Danemark

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Danemark

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
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2 juin 2011

Les Enfants de la Terre, Tome 6 : Le pays des grottes sacrées

le_pays_des_grottes_sacr_es Presses de la Cité - mars 2011 – 681 pages

Quatrième de couverture :
La petite orpheline Cro-Magnon recueillie par une tribu Neandertal a fait bien du chemin depuis Le Clan de l'Ours des Cavernes, le premier tome de ses aventures publié il y a maintenant trente ans. Ayla vient de mettre au monde une petite fille prénommée Jonayla, et a été peu à peu adoptée par les membres de la Neuvième Caverne, le clan de son compagnon Jondalar. A tel point que la Zelandoni, guérisseuse et chef spirituel de la Neuvième Caverne, la choisit pour lui succéder un jour. Pour parvenir à cette fonction, Ayla suit pendant plusieurs mois la grande prêtresse. Son initiation passe notamment par la visite des nombreuses grottes ornées de la région, l'occasion pour l'apprentie Zelandoni de découvrir des sites magnifiquement décorés, dont elle apprend à comprendre le sens. Cette formation, jalonnée de rites de passage, n'a rien d'une promenade de santé, et Ayla devra franchir bien des obstacles avant de devenir Zelandoni. Saura-t-elle trouver un équilibre entre ses obligations de jeune mère et d'épouse et les exigences de son apprentissage ? L'amour de Jondalar et d'Ayla résistera-t-il à tant d'épreuves ?

Auteur : En 1977, alors âgée de quarante ans, l'Américaine Jean Auel décide de quitter son emploi, un poste à responsabilité dans une entreprise d'électronique. En attendant d'obtenir un travail plus stimulant, cette mère de cinq enfants se met à écrire une nouvelle consacrée à une femme de la préhistoire. Ainsi naît Ayla, l'héroïne des " Enfants de la Terre ", une formidable saga préhistorique qui s'est à ce jour vendue à plus de 45 millions d'exemplaires à travers le monde.

 

Mon avis : (lu en mai 2011)
Lorsque Jérémy m'a proposé de recevoir ce livre, j'ai accepté en partie pour mon mari qui avait déjà lu les quatre premiers livres de la série. Et c'est lui qui a commencé la lecture du livre, cela fait plus d'un mois qu'il s'accroche car il trouve qu'il y a de nombreuses redites avec les tomes précédents.

Pour ma part, j'ai attendu d'avoir quelques jours de congés à la maison pour me lancer dans la lecture de ce pavé de presque 700 pages car le livre est vraiment trop lourd à emporter dans le train ! La préhistoire ne m'a jamais vraiment intéressée mais j'espérais changer d'avis en découvrant cette saga appréciée dans le monde entier. Malheureusement, j'ai eu un mal fou à lire ce livre, qui je l'avoue, m'est tombé des mains... Après plus d'une semaine de lecture (en alternance avec d'autres livres), j'abandonne... Ce livre est beaucoup trop long à mon goût, il se perd dans les détails, il y a beaucoup de répétitions et aucune action me donnant envie de connaître la suite de l'histoire... J'ai appris beaucoup de choses comme « comment élever mon enfant » ou « faire la cuisine » au temps de la Préhistoire et j'ai visité de nombreuses grottes...

Merci à Jérémy et aux éditions Presse de la Cité de m'avoir permis de découvrir ce livre et cet auteur.

Pour en savoir plus : site de l'auteur et page FB

 

Challenge 100 ans de littérature américaine 2011
challenge_100_ans

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31 mai 2011

Petite sœur, mon amour – Joyce Carol Oates

petite soeur, mon amour

Philippe Rey – octobre 2010 – 666 pages

traduit de l'anglais (États-Unis)

Quatrième de couverture :
S'emparant d'un fait-divers, un mystère jamais résolu, qui bouleversa l'Amérique - l'assassinat le soir de Noël 1996 de la petite JonBenet Ramsey, six ans et demi, célèbre mini-Miss vedette de concours de beauté -, Joyce Carol Oates reconstruit l'affaire qu'elle n'hésite pas, elle, à dénouer. Une histoire effarante racontée dix ans après par le frère de la victime. La petite fille s'appelle maintenant Bliss, c'est une championne de patinage sur glace, l'enfant adoré de ses parents, la coqueluche d'un pays, la sœur aimée et jalousée par son frère, son aîné de trois ans, Skyler. Skyler qui, depuis le meurtre, a vécu dans un univers de drogues, de psys et d'établissements médicalisés. Âgé aujourd'hui de dix-neuf ans, il fait de son récit une sorte de thérapie. Ses souvenirs sont à la fois vivaces et disloqués. Peu à peu émerge le nom du coupable : est-ce le père - homme d'affaires ambitieux, la mère - arriviste forcenée, un étranger cinglé ou bien... le narrateur lui-même ? Tous les ingrédients préférés de Joyce Carol Oates sont là : la vanité féminine, la stupidité masculine, la famille dysfonctionnelle, l'angoisse du parvenu, le christianisme de charlatan, les dérives de la psychanalyse, le vampirisme des médias, l'incompétence de la police. Pour produire en fin de compte un chef-d'œuvre hallucinant, un dépeçage au scalpel de l'âme humaine et de l'horreur ordinaire...

Auteur : Née en 1938, Joyce Carol Oates a publié son premier roman en 1963. Membre de l'Académie américaine des Arts et des Lettres, professeur de littérature à Princeton, titulaire de multiples récompenses littéraires (dont le prix Femina étranger en 2005), Joyce Carol Oates occupe depuis longtemps une place au premier rang des écrivains contemporains avec Blonde, Eux, Bellefleurs, Confessions d’un gang de filles, Nous étions les Mulvaney.

Mon avis : (lu en mai 2011)
Dans ce livre Joyce Carol Oates s'est inspirée d'un fait-divers réel qui traumatisa l'Amérique en 1996, le meurtre de la petite JonBenet Ramsey âgé de six ans, Mini-Miss. Ce meurtre n'a jamais été élucidé.
Dans son histoire, l'auteur donne sa plume à Skyler le grand-frère, il était âgé de neuf ans au moment des faits. Dix ans plus tard, névrosé et drogué, il raconte la véritable histoire de sa sœur Bliss petite patineuse prodige. Il commence avec sa vie avant la naissance de sa petite sœur, puis l'arrivée de sa sœur, ses exploits de patineuse, le drame et les dix ans de l'après-drame.
Skyler revit très souvent les évènements de la nuit de la disparition de Bliss, il se sent coupable de ne pas avoir répondu à l'appel qu'il entend dans sa tête et qui le hante depuis dix ans « Skyler aide-moi Skyler je suis si seule ici Skyler j'ai si peur j'ai si mal Skyler tu ne me vas pas me laisser dans cet endroit horrible, dis Skyler ? »
A travers ses souvenirs, Skyler nous décrit ses parents : son père Bix est un homme d'affaires qui réussit, pas toujours fidèle à sa femme. Sa mère Bantsey est une égoïste qui recherche la reconnaissance et qui pour se faire valoir n'hésite pas à utiliser le talent de sa fille de quatre ans. Skyler raconte également le sentiment de jalousie qu'il avait vis à vis de sa sœur, il aimait beaucoup Bliss mais il reprochait surtout à ses parents de se désintéresser de lui.
Ce roman dénonce avec force les parents indignes qui utilisent leurs enfants pour être glorifiés et qui volent leur enfance. Dans cette histoire, Bliss est condamnée à réussir de nombreux concours de patinages puis après le drame, c'est Skyler qui sera placé dans de nombreux instituts et écoles pour traiter ses nombreuses maladies...
La forme du livre est assez spéciale, en effet c'est comme si le lecteur avait en main un manuscrit, Skyler multiplie les notes de bas de pages à l'infini... Certaines sont pertinentes, d'autres moins ce qui hache le récit. Mais c'est vrai que c'est aussi l'état d'esprit de Skyler qui se décrit lui-même comme une « note de bas de page dans la vie de ses parents » et qui ne sait pas lui-même où il en est et si oui ou non il est coupable de la mort de sa petite sœur... Skyler prend aussi très souvent le lecteur à témoin.
Skyler et Bliss sont des enfants très attachants, contrairement à leurs parents dont le comportement est souvent inimaginable et révoltant...
Voilà un très bon roman qui se lit comme un policier et qui nous fait réfléchir !

Extrait : (début du livre)
PETITE  SOEUR MON AMOUR

« Skyler aide-moi Skyler je suis si seule ici Skyler j'ai si peur j'ai si mal Skyler tu ne me vas pas me laisser dans cet endroit horrible, dis Skyler ? »
Neuf ans, dix mois, cinq jours.
Cette voix d'enfant dans ma tête.

« SURVIVANT »

Les familles dysfonctionnelles se ressemblent toutes.
Idem pour les « survivants ».
Moi, je suis l'enfant « survivant » d'une famille américaine tristement célèbre mais, près de dix ans ayant passé, vous ne vous souvenez probablement pas de moi : Skyler.
Un prénom qui en jette, non ? Skyler : sky – ciel.
Un prénom choisi tout spécialement par mon père, qui plaçait de grands espoirs en moi, son fils premier né.
Un prénom qui, de l'avis de mon père, Bix Rampike, mettrait son porteur à l'abri du platement ordinaire.
Mon nom de famille - « Rampike » - vous a fait battre un cil, n'est-ce pas ? Ram-pike. A moins de vous prétendre « au-dessus de tout ça » (à savoir la terre ravagée de l'Amérique tabloïd), d'être délibérément obtus, déficient mental ou vraiment très jeune, ce nom vous dit certainement quelque chose.
Rampike ? Cette fameuse famille ? La petite patineuse, celle qui...
Et on n'a jamais su qui...
Les parents, ou un maniaque sexuel, ou...
Quelque part dans le New Jersey, il y a longtemps, une bonne dizaine d'années au moins...
Raison pour laquelle – finalement ! - je me suis obligé à commencer ceci, sans trop savoir ce que ce sera, un genre de document personnel - « un document personnel unique » - pas simplement un témoignage mais (peut-être) une confession. (Vu que pour certains Skyler Rampike est un suspect, je devrais avoir beaucoup à confesser, vous ne croyez pas ?) Comme de juste, ce document ne sera pas chronologique/linéaire, mais suivra un chemin d'associations libres organisées par une logique intérieure invariable (quoique indécelable) : sans prétention littéraire, d'un amateurisme crasse désarmant, imprégné de culpabilité, conforme au « survivant » qui abandonna sa sœur de six ans à son « sort » aux « petites heures » du 29 janvier 1997, dans notre maison de Fair Hills, New Jersey. Oui, je suis ce Rampike-là.

Déjà lu du même auteur :

nous__tions_les_Mulvaney Nous étions les Mulvaney  fille_noire__fille_blanche Fille noire, fille blanche

Livre 42/42 pour le Challenge du 6% littéraire
1pourcent2010

Challenge 100 ans de littérature américaine 2011
challenge_100_ans

25 mai 2011

Les Années cerises – Claudie Gallay

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Éditions du Rouergue – octobre 2004 – 128 pages

Actes Sud – avril 2011 – 172 pages

 

Quatrième de couverture :
Au village, ils l'appellent tous l'Anéanti. C'est parce que sa maison va bientôt disparaître dans un grand trou, à cause de la falaise qui s'effrite au bout du jardin. Malgré le risque, sa mère ne veut pas déménager. Elle n'est pas drôle et elle distribue souvent des claques. Alors quand il en a marre de sa famille pas rigolote, des zéros à l'école et des histoires de falaise qui menace, il va retrouver Paulo et sa grande sœur, qui le fait rêver à l'amour. Ou il part à la pêche avec son grand-père. Pour être heureux, il suffit parfois d'un rien.
 

Auteur : Née en 1961, Claudie Gallay vit dans le Vaucluse. Elle a publié aux éditions du Rouergue L'Office des vivants (2000), Mon amour, ma vie (2002), Les Années cerises (2004), Seule Venise (2004, prix Folies d'encre et prix du. Salon d'Ambronay), Dans l'or du temps (2006) et Les Déferlantes (2008), qui a reçu le Prix des lectrices de Elle et fera prochainement l'objet d'une adaptation cinématographique.

Mon avis : (lu en mai 2011)
C’est le seul livre de Claudie Gallay que je n’avais pas encore lu…

A l’école on appelle Pierre-Jean l’Anéanti car la maison, qu’il habite avec ses parents, est menacée d’être engloutie par une falaise qui grignote peu à peu le  jardin.

Pour le moment, ses parents refusent de déménager. Son père est souvent absent, sa mère ne va pas bien, elle ne sait que le gronder ou lui donner des claques.

A l’école ce n’est pas mieux, il collectionne surtout les zéros et son maître ne le comprend pas et s’en désintéresse. Heureusement, il y a son copain Paulo et sa jolie sœur dont il est secrètement amoureux. Il aime aussi les week-end à la ferme chez son pépé et sa mémé, il aime s’occuper des animaux, aller à la pêche avec son grand-père et profiter des bons petits plats  confectionnés par sa grand-mère. Sans oublier son oncle François qui sait lui parler et le réconforter.

L’histoire de ce jeune garçon de onze ans est très touchante, pleine de nostalgie et de mélancolie. Le lecteur est plein d’empathie avec lui qui se sent si seul et mal aimé par sa mère…

Claudie Gallay ménage un certain suspens entre le mal-être de Pierre-Jean et la maison prête à disparaître au bord de la falaise… A découvrir !

 

 

Extrait : (début du livre)
Heureusement, il y a les chevaux. Je dis ça même si je sais, les chevaux ne sont pas à moi. Ils sont à pépé, mais quand même. Quand je passe, je leur donne des sucres et du pain.
Maman n’aime pas les animaux. Elle dit toujours : « Tous ces poils ! … » Que ça lui donne des migraines et les animaux, il faut s’en occuper. Qu’il y a déjà tant à faire. Et puis quand on part en vacances, hein, qui c’est qui s’en occupe ? Je te le demande ?
- On ne part jamais en vacances, alors qu’est-ce que ça change !
Une taloche bien méritée, et puis va dans ta chambre, ça t’apprendra à être insolent.
Des fois, elle dit : « Il faudrait lui acheter une bête, un chien quoi », parce qu’elle me voit assis sur la pelouse. Triste.
- Pas besoin d’acheter, je lui réponds, je connais quelqu’un qui en donne.
Maman, il ne faut pas la regarder comme ça. Elle ne supporte pas.
Le chien, c’est quand elle voudra et puis les mâles, ça pisse partout, et les femelles, c’est toujours en chaleur.
Il faut pas qu’elle attende trop. J’ai déjà onze ans. En attendant, je caresse la chienne de pépé. C’est la seule chose qu’elle comprend, les caresses. Elle se couche sur le dos et elle ferme les yeux. Je lui raconte les choses de ma vie et ça me fait du bien. Elle est bourrée de puces, surtout maintenant que c’est l’été. Les puces, c’est pas grave. Je la prends contre moi. J’ai ses poils dans la bouche. Pour ça, ils ne disent plus rien. Ils ont renoncé.
Un jour, j’ai entendu pépé dire : « Si ça lui fait du bien ! … »
Pépé, il est toujours avec moi. Même quand il ne devrait pas.
Avant, il travaillait dans une usine.
Maintenant, son métier, je ne sais pas ce que c’est mais c’est ce que je veux faire plus tard, quand je serai grand.
Il a trois vaches et puis des poules. Un tracteur. L’été, il moissonne.
Rien que de le voir, j’ai envie de grandir.

 

Déjà lu du même auteur :

lesd_ferlantes Les déferlantes Dans_l_or_du_temps Dans l'or du temps

mon_amour_ma_vie Mon amour ma vie l_office_des_vivants L'office des vivants

seule_venise_p Seule Venise l_amour_est_une_ile L’amour est une île

 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Végétal"

22 mai 2011

Là-haut, tout est calme – Gerbrand Bakker

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Gallimard - septembre 2009 – 350 pages

Folio – février 2011 – 370 pages

Quatrième de couverture :
Helmer van Wonderen vit depuis trente-cinq ans dans la ferme familiale, malgré lui. C'est Henk, son frère jumeau, qui aurait dû reprendre l'affaire. Mais il a disparu dans un tragique accident, à l'âge de vingt ans. Alors Helmer travaille, accomplissant les mêmes gestes, invariablement, machinalement. Un jour, sans raison apparente, il décide d'installer son vieux père au premier étage, de changer de meubles, de refaire la décoration de la maison. Le besoin de rompre la monotonie de sa vie et l'envie de mettre fin à ce face-à-face presque silencieux avec un homme devenu grabataire le font agir, plein de colère retenue. Les choses s'accélèrent le jour où il reçoit une lettre de Riet lui demandant de l'aide : Riet était la fiancée de son frère. Elle fut aussi à l'origine de son accident mortel... En se mettant dans les pas d'un paysan du nord de la Hollande qui, à cinquante-cinq ans, comprend qu'il n'est pas trop tard pour combler ce manque qui le ronge, l'écrivain néerlandais évoque avec une grande force le désir humain de maîtriser sa vie et d'accéder à une forme de vérité intérieure. À la fois précise et poétique, l'écriture de Là-haut, tout est calme entraîne le lecteur dans une inoubliable quête de bonheur.

Auteur : Gerbrand Bakker est né en 1962. Après des études de lettres à Amsterdam, il a exercé différents métiers, puis publié un livre pour adolescents en 2004. Là-haut, tout est calme, son premier roman, a été le phénomène éditorial de l'année 2006 aux Pays-Bas avec des ventes dépassant les 70000 exemplaires. Depuis, il a été traduit avec succès dans de très nombreux pays.

Mon avis : (lu en mai 2011)
Helmer a du renoncer à ses études supérieures. C'est son frère jumeau Henk qui était destiné à reprendre la ferme familiale mais suite à un accident de voiture et son décès, le devoir a obligé Helmer à remplacer son frère. Helmer a mis de côté son projet de vie et depuis trente-cinq ans, son quotidien de fermier n'a pas changé. Il s'occupe machinalement des animaux de la ferme et de son père âgé qui ne quitte pratiquement plus son lit.
Lorsque le livre commence, Helmer a décidé de déménager son père au premier étage, et de moderniser un peu le bas de la maison, il s'achète un nouveau lit, il repeint la maison...
Son quotidien monotone va être bousculé par l'arrivée d'une lettre de Riet, l'ancienne petit amie de Henk, elle reprend contact après des années de silence. Elle demande à Helmer d'accueillir quelque temps son fils comme garçon de ferme.
Ce livre évoque les liens particuliers unissant des jumeaux et les troubles que ressent Helmer depuis la disparition de son double. Le lecteur découvre aussi les ressentiments d'Helmer vis à vis de son père qui a toujours préféré Henk. Il subit malgré lui cette situation.
Les descriptions des paysages, et de la nature qui change au fil des saisons font partie du récit : le plat pays sous le neige avec les canaux gelés, à l'approche du printemps. Les animaux sont très présents également dans cette histoires, les animaux de la ferme, les oiseaux...
L'impression de calme de cette vie monotone et régulière seulement ponctuée par les saisons est palpable durant la première partie de l'histoire. Ce calme va être bouleversé par le retour de Riet puis l'arrivée de son fils.
J'ai lu très facilement ce livre dont j'ai aimé l'ambiance et Helmer m'a beaucoup touchée.

Extrait : (début du livre)
J'ai mis papa là-haut. Après l'avoir assis dans une chaise, j'ai démonté le lit. Papa est resté dans cette chaise, comme un veau né de quelques minutes et que la vache n'a pas encore léché, tête vacillant de façon incontrôlée, regard qui ne s'attache à rien. J'ai arraché du matelas couvertures, draps et alèse, posé le matelas et les planches du fond le long du mur, défait les vis qui maintenaient tête et pied aux côtés. J'essayais autant que possible de respirer par la bouche. La chambre d'en haut – ma chambre – je l'avais déjà débarrassée.
« Qu'est-ce que tu fais ? a-t-il demandé.
- Tu déménages.
- Je veux rester ici.
- Non. »
Je lui ai laissé son lit. Depuis plus de dix ans, l'une des moitiés est froide, mais la place inoccupée est toujours couronnée d'un oreiller. J'ai revissé le lit dans la chambre du haut, en l'orientant face à la fenêtre. Sous les pieds, j'ai placé des billots de bois. J'ai mis un couchage propre : des draps et deux taies. Puis j'ai porté papa dans l'escalier. Dès l'instant où je l'ai eu soulevé de la chaise, il m'a regardé et ne m'a plus quitté des yeux jusqu'à ce que je le couche et que nos visages se touchent presque.
C'est alors seulement qu'il a dit : « Je peux marcher tout seul.
- Non, tu ne peux pas. »
Il a vu, par la fenêtre, des choses qu'il ne s'attendait pas à voir. « Je suis bien haut, a-t-il fait.
- Oui. Comme ça, en regardant dehors, tu ne verras pas que du ciel. »

Lu dans le cadre du ChallengeVoisins, voisines
voisin_voisine
Pays-Bas

20 mai 2011

Brida – Paulo Coelho

Brida Flammarion – octobre 2010 – 298 pages

traduit du portugais (Brésil) par Françoise Marchand Sauvagnargues

Quatrième de couverture :
Brida, une jeune Irlandaise à la recherche de la Connaissance, s'intéresse depuis toujours aux différents aspects de la magie, mais elle aspire à quelque chose de plus. Sa quête l'amène à rencontrer des personnes d'une grande sagesse, qui lui font découvrir le monde spirituel: un mage habitant la forêt lui apprend à vaincre ses peurs et à croire en la bonté de l'univers; une magicienne lui explique comment danser au rythme du monde et invoquer la lune. Brida part alors à la rencontre de son destin. Parviendra-t-elle à réconcilier sa vie amoureuse et son désir de tout quitter pour devenir sorcière? Ce roman enchanté renoue avec des thèmes chers aux lecteurs de Paulo Coelho : le conteur y tisse un récit qui mêle amour, passion, mystère et spiritualité.

Auteur : Paulo Coelho est né en 1947 à Rio de Janeiro. Adolescent rebelle dans une famille conservatrice et étudiant contestataire plusieurs fois emprisonné sous un régime dictatorial, il devint parolier d'une des plus grandes stars du rock des années 70 au Brésil, Raul Seixas. L'Alchimiste, paru en 1988 au Brésil, est devenu un best-seller mondial aujourd'hui traduit dans 59 langues et publié dans 150 pays. Parmi ses douze ouvrages traduits en français, Flammarion a déjà publié Le Zahir, Comme le fleuve qui coule, Veronika décide de mourir et La Sorcière de Portobello.

Mon avis : (lu en mai 2011)

Ce livre se lit facilement, les chapitres sont courts. Le lecteur suit la quête initiatique de Brida, une jeune irlandaise, qui voudrait apprendre la magie pour répondre aux questions qu’elle se pose sur la vie. Elle va rencontrer un Magicien et Wicca, découvrir la Tradition du Soleil et la Tradition de la Lune, elle espère aussi trouver son Autre Partie…

Est-ce parce que je ne suis pas friande des histoires de magie, sorcières et paranormal… mais j’ai trouvé l’histoire un peu simpliste. Dans ce livre, Paulo Coelho nous invite à réfléchir sur soi-même, sur la vie, sur l’amour…

Autant j’avais aimé et été touchée par « Le Pèlerin de Compostelle » autant j’ai été déçue par « Brida » qui ne restera pas dans ma mémoire…

 

Extrait : (début du livre)
« Je veux apprendre la magie », déclara la jeune fille.
Le Magicien la regarda. Jean délavé, T-shirt, et cet air de défi que prennent toujours les timides quand ils ne le devraient pas. « Je dois être deux fois plus âgé qu’elle », pensa-t-il. Et, malgré cela, il savait qu’il se trouvait devant son Autre Partie.
« Je m’appelle Brida, poursuivit-elle. Excuse-moi de ne pas m’être présentée. J’ai beaucoup attendu ce moment, et je suis plus anxieuse que je ne le pensais.
- Pourquoi veux-tu apprendre la magie ? demanda-t-il.

- Pour répondre à certaines questions que je me pose sur ma vie. Pour connaître les pouvoirs occultes. Et peut-être pour voyager dans le passé et dans l’avenir. »

Ce n’était pas la première fois que quelqu’un venait jusqu’au bois lui demander cela. Il fut une époque où il était un Maître très connu et respecté par la Tradition. Il avait accepté plusieurs disciples, et cru que le monde changerait dans la mesure où lui pourrait changer ceux qui l’entouraient. Mais il avait commis une erreur. Et les Maîtres de la Tradition ne peuvent pas commettre d’erreurs.
« Ne crois-tu pas que tu es un peu trop jeune ?
- J’ai vingt et un ans, dit Brida. Si je voulais apprendre la danse classique maintenant, on me trouverait déjà trop vieille. »

Déjà lu du même auteur :

alchimiste  L'alchimiste Comme_le_fleuve_qui_coule  Comme le fleuve qui coule  

Livre 41/42 pour le Challenge du 6% littéraire
1pourcent2010

 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Prénom"

19 mai 2011

Zona frigida – Anne B. Ragde

zona_frigida Balland – mars 2011 – 384 pages

traduit du norvégien par Hélène Hervieu et Eva Sauvegrain

Quatrième de couverture :
Qu'est-ce qui a bien pu pousser Bea, jeune caricaturiste branchée de 35 ans, à s'inscrire pour une croisière à destination des terres du Grand Nord ? La croisière, d'abord : un concept plutôt destiné au Troisième âge et pas à une célibataire croqueuse d hommes comme elle... La destination, ensuite : le Svalbard, dite « Zona frigida », aux confins septentrionaux de la Norvège, ne constitue pas un territoire des plus accueillants. On prétend même qu'il y fait si froid que tous les animaux sont devenus blancs... Autant dire que la présence de Bea sur ce cargo a de quoi susciter la curiosité de ses compagnons de route.
Si la jeune femme a prétexté auprès de ses proches le besoin de rompre avec son quotidien, il apparaît rapidement que ses motivations sont tout autres : Bea a des comptes à régler avec son passé et ce voyage devrait lui permettre de repartir à zéro. La croisière d'agrément va vite se transformer en cauchemar pour certains passagers...

Auteur : Anne Birkefeldt Ragde est née en 1957, elle a passé son enfance à Trondheim, ancienne professeur assistante de communication à l'Université de Trondheim, elle a écrit plus de quarante livres depuis 1986 aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Auréolée des très prestigieux prix Riksmål (équivalent du Goncourt français), prix des Libraires et prix des Lecteurs pour sa « Trilogie de Neshov », Anne B. Ragde est une romancière à succès, déjà traduite en 15 langues, aux millions d'exemplaires vendus.

Mon avis : (lu en mai 2011)
Le personnage principal et narratrice de ce livre est une jeune femme Bea qui travaille comme caricaturiste pour des journaux. Lorsque le livre commence, elle est en train de préparer son départ pour une croisière vers le Spitzberg. Originale comme destination pour partir en vacances... Mais Bea a une vraie raison de faire ce voyage, elle l'évoque même dès les premières pages « j’étais bien décidée à mener mon plan à terme, avec précision et sans aucun laisser-aller. » Le lecteur va tout au long du livre essayer de mieux connaître Bea et comprendre quelles sont ses motivations...
Cette croisière vers le grand Nord est un huis clos entre des passagers venus du monde entier et un équipage, ils doivent apprendre à vivre ensemble dans des conditions particulières.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce voyage captivant, j'ai imaginé avec les personnages les beaux espaces et paysages qui s'offraient à eux, les nombreux animaux rencontrés durant cette croisière... Phoques, ours, fulmars, pingouins, morses, sternes, mouettes... Cette région polaire est appelée « Zona frigida », là où le froid n'a pas de limite. La nature y est reposante. Les différents personnages sont très bien campés et Bea très attachante.
Une belle réussite, cela m'a donné très envie de faire ce beau voyage en vrai !

Extrait : (début du livre)
Pour être tout à fait honnête, je suis partie au Spitzberg pour picoler. Je me le suis avoué à haute voix, un jour, en plein mois d’août. J’ai soudain tout laissé tomber pour m’inscrire à un voyage qui allait me coûter la peau des fesses. Mais, d’après le tour-opérateur, j’étais assurée de voir un grand nombre d’animaux sauvages dans un environnement à vous couper le souffle. Cependant cette promesse me posait un problème. En effet, comment peut-on vous garantir une telle expérience ? Au Spitzberg, la nature est d’une beauté exceptionnelle, tout le monde le sait. Mais en ce qui concerne les animaux, j’étais plus dubitative. Un ours blanc en colère, un morse endormi, ça se commande, ça ? La brochure présentait la photo d’un ours blanc qui passait la tête par un hublot en se léchant les babines. Des baleines aussi faisaient partie du package. Manifestement, l’agence ne laissait rien au hasard. C’était assez bluffant.
En tout cas, pour ce qui était de l’approvisionnement en alcool, j’étais rassurée. L’État norvégien n’allait quand même pas supprimer juste avant mon départ les lois sur les produits hors taxes en vigueur au Spitzberg depuis toujours. Cette pensée me mettait du baume au cœur, et le prix exorbitant du voyage m’a paru, du coup, moins dur à digérer. Je pourrais picoler à mon aise, sans risquer d’avaler de travers en pensant à tout l’argent dépensé. J’ai toujours été très douée pour dissimuler mon taux d’alcoolémie. J’allais donc pouvoir me soûler de manière quasi permanente sans perdre de vue la vraie raison de mon voyage, car j’étais bien décidée à mener mon plan à terme, avec précision et sans aucun laisser-aller. Mon caractère joyeux et insouciant tromperait tout le monde, j’en avais déjà fait maintes fois l’expérience. Une bonne rasade d’alcool hors taxes me procure toujours le bagou nécessaire pour être tout à fait moi-même. Après quelques verres, j’arrive sans problème à convaincre mon entourage que mon attitude dans la vie est foncièrement positive et optimiste.
Je n’avais pas beaucoup de temps pour me préparer. Trois jours. Dimanche soir, donc, avec un verre de vin blanc glacé et un cendrier propre à portée de main, j’ai commencé à dresser une liste. Le départ avait lieu tôt mercredi matin. Le vol pour Tromsø étant à sept heures, il me fallait un taxi pour six heures moins le quart. J’ai donc noté ça sur une feuille, tout en haut de laquelle j’ai écrit « Andersen » car il fallait que je le confie à quelqu’un pendant mon absence.
Je l’ai regardé, mon oiseau chéri, ma perruche jaune, et j’ai pris le téléphone. J’ai d’abord appelé deux de mes ex avec qui j’avais gardé le contact. Ils voulaient tout savoir sur mon voyage au Spitzberg et avaient des tas de choses à me raconter sur leur expérience du froid et de l’hiver dans ces régions polaires. Et si je rencontrais un ours ?

 

 Déjà lu du même auteur :

la_terre_des_mensonges La Terre des mensonges  la_ferme_des_Neshov La Ferme des Neshov
l_h_ritage_impossible L'héritage impossible

Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie blanche
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Norvège

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Norvège

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
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