Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A propos de livres...
31 mai 2011

Petite sœur, mon amour – Joyce Carol Oates

petite soeur, mon amour

Philippe Rey – octobre 2010 – 666 pages

traduit de l'anglais (États-Unis)

Quatrième de couverture :
S'emparant d'un fait-divers, un mystère jamais résolu, qui bouleversa l'Amérique - l'assassinat le soir de Noël 1996 de la petite JonBenet Ramsey, six ans et demi, célèbre mini-Miss vedette de concours de beauté -, Joyce Carol Oates reconstruit l'affaire qu'elle n'hésite pas, elle, à dénouer. Une histoire effarante racontée dix ans après par le frère de la victime. La petite fille s'appelle maintenant Bliss, c'est une championne de patinage sur glace, l'enfant adoré de ses parents, la coqueluche d'un pays, la sœur aimée et jalousée par son frère, son aîné de trois ans, Skyler. Skyler qui, depuis le meurtre, a vécu dans un univers de drogues, de psys et d'établissements médicalisés. Âgé aujourd'hui de dix-neuf ans, il fait de son récit une sorte de thérapie. Ses souvenirs sont à la fois vivaces et disloqués. Peu à peu émerge le nom du coupable : est-ce le père - homme d'affaires ambitieux, la mère - arriviste forcenée, un étranger cinglé ou bien... le narrateur lui-même ? Tous les ingrédients préférés de Joyce Carol Oates sont là : la vanité féminine, la stupidité masculine, la famille dysfonctionnelle, l'angoisse du parvenu, le christianisme de charlatan, les dérives de la psychanalyse, le vampirisme des médias, l'incompétence de la police. Pour produire en fin de compte un chef-d'œuvre hallucinant, un dépeçage au scalpel de l'âme humaine et de l'horreur ordinaire...

Auteur : Née en 1938, Joyce Carol Oates a publié son premier roman en 1963. Membre de l'Académie américaine des Arts et des Lettres, professeur de littérature à Princeton, titulaire de multiples récompenses littéraires (dont le prix Femina étranger en 2005), Joyce Carol Oates occupe depuis longtemps une place au premier rang des écrivains contemporains avec Blonde, Eux, Bellefleurs, Confessions d’un gang de filles, Nous étions les Mulvaney.

Mon avis : (lu en mai 2011)
Dans ce livre Joyce Carol Oates s'est inspirée d'un fait-divers réel qui traumatisa l'Amérique en 1996, le meurtre de la petite JonBenet Ramsey âgé de six ans, Mini-Miss. Ce meurtre n'a jamais été élucidé.
Dans son histoire, l'auteur donne sa plume à Skyler le grand-frère, il était âgé de neuf ans au moment des faits. Dix ans plus tard, névrosé et drogué, il raconte la véritable histoire de sa sœur Bliss petite patineuse prodige. Il commence avec sa vie avant la naissance de sa petite sœur, puis l'arrivée de sa sœur, ses exploits de patineuse, le drame et les dix ans de l'après-drame.
Skyler revit très souvent les évènements de la nuit de la disparition de Bliss, il se sent coupable de ne pas avoir répondu à l'appel qu'il entend dans sa tête et qui le hante depuis dix ans « Skyler aide-moi Skyler je suis si seule ici Skyler j'ai si peur j'ai si mal Skyler tu ne me vas pas me laisser dans cet endroit horrible, dis Skyler ? »
A travers ses souvenirs, Skyler nous décrit ses parents : son père Bix est un homme d'affaires qui réussit, pas toujours fidèle à sa femme. Sa mère Bantsey est une égoïste qui recherche la reconnaissance et qui pour se faire valoir n'hésite pas à utiliser le talent de sa fille de quatre ans. Skyler raconte également le sentiment de jalousie qu'il avait vis à vis de sa sœur, il aimait beaucoup Bliss mais il reprochait surtout à ses parents de se désintéresser de lui.
Ce roman dénonce avec force les parents indignes qui utilisent leurs enfants pour être glorifiés et qui volent leur enfance. Dans cette histoire, Bliss est condamnée à réussir de nombreux concours de patinages puis après le drame, c'est Skyler qui sera placé dans de nombreux instituts et écoles pour traiter ses nombreuses maladies...
La forme du livre est assez spéciale, en effet c'est comme si le lecteur avait en main un manuscrit, Skyler multiplie les notes de bas de pages à l'infini... Certaines sont pertinentes, d'autres moins ce qui hache le récit. Mais c'est vrai que c'est aussi l'état d'esprit de Skyler qui se décrit lui-même comme une « note de bas de page dans la vie de ses parents » et qui ne sait pas lui-même où il en est et si oui ou non il est coupable de la mort de sa petite sœur... Skyler prend aussi très souvent le lecteur à témoin.
Skyler et Bliss sont des enfants très attachants, contrairement à leurs parents dont le comportement est souvent inimaginable et révoltant...
Voilà un très bon roman qui se lit comme un policier et qui nous fait réfléchir !

Extrait : (début du livre)
PETITE  SOEUR MON AMOUR

« Skyler aide-moi Skyler je suis si seule ici Skyler j'ai si peur j'ai si mal Skyler tu ne me vas pas me laisser dans cet endroit horrible, dis Skyler ? »
Neuf ans, dix mois, cinq jours.
Cette voix d'enfant dans ma tête.

« SURVIVANT »

Les familles dysfonctionnelles se ressemblent toutes.
Idem pour les « survivants ».
Moi, je suis l'enfant « survivant » d'une famille américaine tristement célèbre mais, près de dix ans ayant passé, vous ne vous souvenez probablement pas de moi : Skyler.
Un prénom qui en jette, non ? Skyler : sky – ciel.
Un prénom choisi tout spécialement par mon père, qui plaçait de grands espoirs en moi, son fils premier né.
Un prénom qui, de l'avis de mon père, Bix Rampike, mettrait son porteur à l'abri du platement ordinaire.
Mon nom de famille - « Rampike » - vous a fait battre un cil, n'est-ce pas ? Ram-pike. A moins de vous prétendre « au-dessus de tout ça » (à savoir la terre ravagée de l'Amérique tabloïd), d'être délibérément obtus, déficient mental ou vraiment très jeune, ce nom vous dit certainement quelque chose.
Rampike ? Cette fameuse famille ? La petite patineuse, celle qui...
Et on n'a jamais su qui...
Les parents, ou un maniaque sexuel, ou...
Quelque part dans le New Jersey, il y a longtemps, une bonne dizaine d'années au moins...
Raison pour laquelle – finalement ! - je me suis obligé à commencer ceci, sans trop savoir ce que ce sera, un genre de document personnel - « un document personnel unique » - pas simplement un témoignage mais (peut-être) une confession. (Vu que pour certains Skyler Rampike est un suspect, je devrais avoir beaucoup à confesser, vous ne croyez pas ?) Comme de juste, ce document ne sera pas chronologique/linéaire, mais suivra un chemin d'associations libres organisées par une logique intérieure invariable (quoique indécelable) : sans prétention littéraire, d'un amateurisme crasse désarmant, imprégné de culpabilité, conforme au « survivant » qui abandonna sa sœur de six ans à son « sort » aux « petites heures » du 29 janvier 1997, dans notre maison de Fair Hills, New Jersey. Oui, je suis ce Rampike-là.

Déjà lu du même auteur :

nous__tions_les_Mulvaney Nous étions les Mulvaney  fille_noire__fille_blanche Fille noire, fille blanche

Livre 42/42 pour le Challenge du 6% littéraire
1pourcent2010

Challenge 100 ans de littérature américaine 2011
challenge_100_ans

Publicité
Publicité
Commentaires
T
réflexion d'un enfant ....par rapport à cette douloureuse tragédie ....il aime , déteste & jalouse sa soeur , si talentueuse , et il est si malheureux ....il n'y peouvait rien .....les adultes règnent ..dirigent et gèrent même s'ils se trompent et ne voient rien ....superbe histoire ...bravo !!!
Répondre
R
J'ai beaucoup aimé moi aussi malgré la forme un peu atypique. Je me suis vite habituée aux notes de bas de page, au point de continuer à regarder vers le bas même quand il n'y en avait pas. :-)
Répondre
V
Un roman très marquant. Lu l'été dernier, je ne suis pas prête de l'oublier.
Répondre
M
J'ai découvert cette auteure récemment avec "Viol: une histoire d'amour", très dur mais que j'avais bien aimé malgré tout. <br /> J'avais vu ce roman à la bibliothèque mais je l'avais reposé car il est vraiment très long, il a l'air bien mais il vaut mieux le commencer quand on a du temps pour lire! ;o) <br /> Merci pour cette critique et bonne journée!
Répondre
A propos de livres...
Publicité
A propos de livres...
Newsletter
55 abonnés
Albums Photos
Visiteurs
Depuis la création 1 380 435
Publicité