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Gallimard - septembre 2009 – 350 pages

Folio – février 2011 – 370 pages

Quatrième de couverture :
Helmer van Wonderen vit depuis trente-cinq ans dans la ferme familiale, malgré lui. C'est Henk, son frère jumeau, qui aurait dû reprendre l'affaire. Mais il a disparu dans un tragique accident, à l'âge de vingt ans. Alors Helmer travaille, accomplissant les mêmes gestes, invariablement, machinalement. Un jour, sans raison apparente, il décide d'installer son vieux père au premier étage, de changer de meubles, de refaire la décoration de la maison. Le besoin de rompre la monotonie de sa vie et l'envie de mettre fin à ce face-à-face presque silencieux avec un homme devenu grabataire le font agir, plein de colère retenue. Les choses s'accélèrent le jour où il reçoit une lettre de Riet lui demandant de l'aide : Riet était la fiancée de son frère. Elle fut aussi à l'origine de son accident mortel... En se mettant dans les pas d'un paysan du nord de la Hollande qui, à cinquante-cinq ans, comprend qu'il n'est pas trop tard pour combler ce manque qui le ronge, l'écrivain néerlandais évoque avec une grande force le désir humain de maîtriser sa vie et d'accéder à une forme de vérité intérieure. À la fois précise et poétique, l'écriture de Là-haut, tout est calme entraîne le lecteur dans une inoubliable quête de bonheur.

Auteur : Gerbrand Bakker est né en 1962. Après des études de lettres à Amsterdam, il a exercé différents métiers, puis publié un livre pour adolescents en 2004. Là-haut, tout est calme, son premier roman, a été le phénomène éditorial de l'année 2006 aux Pays-Bas avec des ventes dépassant les 70000 exemplaires. Depuis, il a été traduit avec succès dans de très nombreux pays.

Mon avis : (lu en mai 2011)
Helmer a du renoncer à ses études supérieures. C'est son frère jumeau Henk qui était destiné à reprendre la ferme familiale mais suite à un accident de voiture et son décès, le devoir a obligé Helmer à remplacer son frère. Helmer a mis de côté son projet de vie et depuis trente-cinq ans, son quotidien de fermier n'a pas changé. Il s'occupe machinalement des animaux de la ferme et de son père âgé qui ne quitte pratiquement plus son lit.
Lorsque le livre commence, Helmer a décidé de déménager son père au premier étage, et de moderniser un peu le bas de la maison, il s'achète un nouveau lit, il repeint la maison...
Son quotidien monotone va être bousculé par l'arrivée d'une lettre de Riet, l'ancienne petit amie de Henk, elle reprend contact après des années de silence. Elle demande à Helmer d'accueillir quelque temps son fils comme garçon de ferme.
Ce livre évoque les liens particuliers unissant des jumeaux et les troubles que ressent Helmer depuis la disparition de son double. Le lecteur découvre aussi les ressentiments d'Helmer vis à vis de son père qui a toujours préféré Henk. Il subit malgré lui cette situation.
Les descriptions des paysages, et de la nature qui change au fil des saisons font partie du récit : le plat pays sous le neige avec les canaux gelés, à l'approche du printemps. Les animaux sont très présents également dans cette histoires, les animaux de la ferme, les oiseaux...
L'impression de calme de cette vie monotone et régulière seulement ponctuée par les saisons est palpable durant la première partie de l'histoire. Ce calme va être bouleversé par le retour de Riet puis l'arrivée de son fils.
J'ai lu très facilement ce livre dont j'ai aimé l'ambiance et Helmer m'a beaucoup touchée.

Extrait : (début du livre)
J'ai mis papa là-haut. Après l'avoir assis dans une chaise, j'ai démonté le lit. Papa est resté dans cette chaise, comme un veau né de quelques minutes et que la vache n'a pas encore léché, tête vacillant de façon incontrôlée, regard qui ne s'attache à rien. J'ai arraché du matelas couvertures, draps et alèse, posé le matelas et les planches du fond le long du mur, défait les vis qui maintenaient tête et pied aux côtés. J'essayais autant que possible de respirer par la bouche. La chambre d'en haut – ma chambre – je l'avais déjà débarrassée.
« Qu'est-ce que tu fais ? a-t-il demandé.
- Tu déménages.
- Je veux rester ici.
- Non. »
Je lui ai laissé son lit. Depuis plus de dix ans, l'une des moitiés est froide, mais la place inoccupée est toujours couronnée d'un oreiller. J'ai revissé le lit dans la chambre du haut, en l'orientant face à la fenêtre. Sous les pieds, j'ai placé des billots de bois. J'ai mis un couchage propre : des draps et deux taies. Puis j'ai porté papa dans l'escalier. Dès l'instant où je l'ai eu soulevé de la chaise, il m'a regardé et ne m'a plus quitté des yeux jusqu'à ce que je le couche et que nos visages se touchent presque.
C'est alors seulement qu'il a dit : « Je peux marcher tout seul.
- Non, tu ne peux pas. »
Il a vu, par la fenêtre, des choses qu'il ne s'attendait pas à voir. « Je suis bien haut, a-t-il fait.
- Oui. Comme ça, en regardant dehors, tu ne verras pas que du ciel. »

Lu dans le cadre du ChallengeVoisins, voisines
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Pays-Bas