Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A propos de livres...
12 juin 2014

Une dernière danse - Victoria Hislop

Lu en partenariat avec les éditions Les Escales

9782365690874 Les Escales - mai 2014 - 453 pages

traduit de l'anglais par Séverine Quelet

Titre original : The Return, 2008

Quatrième de couverture : 
Derrière les tours majestueuses de l'Alhambra, les ruelles de Grenade résonnent de musique et de secrets. Venue de Londres pour prendre des cours de danse, Sonia ignore tout du passé de la ville quand elle arrive. Mais une simple conversation au café El Barril va la plonger dans la tragique histoire de la cité de Garcia Lorca et de la famille qui tenait les lieux.
Soixante-dix ans plus tôt, le café abrite les Ramirez : trois frères qui n'ont rien d'autre en commun que leur amour pour leur soeur, Mercedes. Passionnée de danse, la jeune fille tombe bientôt sous le charme d'un gitan guitariste hors pair. Mais tandis que l'Espagne sombre dans la guerre civile, chacun doit choisir un camp. Et la fratrie va se déchirer entre résistance, soumission au pouvoir montant, ou fuite.
Happée par ce récit de feu et de sang, Sonia est loin d'imaginer à quel point cette histoire va bouleverser sa propre existence...

Auteur :  Victoria Hislop est diplômée de littérature anglaise de l’université d’Oxford. Best-seller international, vendu à plus de deux millions d’exemplaires dans le monde, son premier roman L’Île des oubliés est resté plus de 15 semaines dans les classements des meilleures ventes en France, et a fait l’objet d’une série télévisée très populaire en Grèce. Le Fil des souvenirs, son deuxième ouvrage est publié aux Éditions Les Escales.

Mon avis : (lu en juin 2014)
Après avoir découvert Victoria Hislop avec L'île des oubliés  que j'ai beaucoup aimé, je n'ai pas hésité à accepter son nouveau livre en partenariat. Tout commence de nos jours à Grenade avec Sonia venu d'Angleterre pour participer à un stage de danse avec sa meilleure amie. En se promenant dans la ville un matin, elle entre au hasard dans un café et lie connaissance avec le vieux monsieur qui le tient. Elle reviendra plusieurs fois le voir et celui-ci va lui raconter l'histoire de la famille Ramirez propriétaire du café El Barril. Il
est question de danse, de guerre civile espagnole, d'amour...

Avec comme décor la belle ville de Grenade, le lecteur découvre une belle histoire d'amour entre Mercedes qui danse merveilleusement le flamenco et Javier le beau guitariste gitan. Les frères de Mercedes se déchireront et seront des victimes de la guerre civile.
Un livre très prenant, l'écriture est fluide, les personnages attachants, une très belle découverte !

Merci Anaïs et les éditions Les Escales pour m'avoir permis de découvrir cette belle histoire.

Extrait : 
Les deux femmes avaient pris place quelques instants plus tôt à peine, dernières spectatrices à être admises avant que le gitano à l’air revêche ne pousse d’un geste ferme les verrousà la porte.

Traînant derrière elles des jupes volumineuses, cinq jeunes filles aux cheveux de jais firent leur entrée. Ajustées à leurs corps, tournoyaient des robes d’un rouge et d’un orange flamboyants, vert fluo et ocre. Ces couleurs éclatantes, le cocktail d’effluves lourds, la célérité de leur arrivée ajoutée à leur démarche arrogante, tout cela donnait à la scène un effet théâtral aussi forcé qu’écrasant. À leur suite se présentèrent trois hommes, dans des costumes sombres comme ceux qu’on porte aux funérailles, tout en noir depuis leurs souliers de cuir fabriqués main à leurs cheveux gominés.
L’ambiance se modifia alors, à mesure que le battement léger, céleste, des paumes qui s’effleuraient s’élevait dans le silence. L’un des hommes brossait des doigts les cordes de sa guitare. Un autre poussa un profond gémissement plaintif qui se mua bientôt en chant. Le rauque de sa voix s’accordait à la rusticité du lieu et à la rudesse de son visage grêlé. Seul le chanteur et sa troupe comprenaient l’obscur patois, mais le public pouvait en ressentir le sens. Un amour avait été perdu.
Cinq minutes s’écoulèrent ainsi, la cinquantaine de spectateurs assise en rond dans l’obscurité d’une des cuevas humides de Grenade osant à peine respirer. Rien n’annonça la fin de la chanson – elle s’évanouit simplement – mais les danseuses y virent le signal pour quitter la scène, les unes derrière les autres, les yeux rivés sur la porte devant elles, avançant d’une démarche à la sensualité brute, sans même remarquer la présence des étrangers dans la salle. Une impression de menace planait dans l’espace sombre.
— C’est tout ? chuchota l’une des retardataires.
— J’espère que non, répondit son amie.
Plusieurs minutes durant, la salle fut saisie d’une incroyable tension puis un son doux et continu leur parvint. Ce n’était pas de la musique, mais un ronronnement mélodieux et percutant : des castagnettes.
L’une des danseuses revenait ; elle parcourut la scène aussi étroite qu’un couloir en tapant du pied, les volants de son jupon balayant les pieds recouverts de poussière des touristes assis au premier rang. Le tissu de sa robe, d’un orange vif parsemé de gros pois noirs, était tendu sur son ventre et sa poitrine. Les coutures étaient tirées. Ses pieds martelaient en rythme les lames de bois qui composaient la scène : un deux, un deux, un deux trois, un deux trois, un deux…
Puis ses mains s’élevèrent dans les airs, les castagnettes s’agitant dans un trille agréable, et la femme se mit à tourner lentement. Tandis qu’elle virevoltait, ses doigts claquaient contre les petits disques noirs qu’elle tenait entre les mains.
Le public était sous le charme. 
Un chant plaintif l’accompagnait ; le chanteur gardant la plupart du temps les yeux baissés. La danseuse poursuivit, plongée dans une transe personnelle. Si elle suivait la musique, elle n’en montrait rien, et si elle avait conscience de la présence du public, celui-ci ne le ressentait pas. L’expression de son visage sensuel n’était que pure concentration et son regard était plongé dans un autre monde qu’elle seule discernait. Sous ses bras, le tissu s’assombrit de transpiration et des gouttes de sueur perlèrent à son front tandis qu’elle tournoyait, toujours plus vite.

Déjà lu du même auteur :

92118027  L'île des oubliés 


  Challenge Voisins Voisines 2014
logo_voisins_voisines_2014_h300
Grande-Bretagne

Publicité
Publicité
11 juin 2014

Et la colère monta dans un ciel rouge et noir - Haddid Aggoune

Lu en partenariat avec StoryLab éditions

et la colère Storylab édition - juin 2014 - 45 pages

Présentation éditeur :
« 
Et la colère monta dans un ciel rouge et noir » est l'histoire d'un homme tiraillé entre sa bonté naturelle et son désir de vengeance.
Professeur de littérature dans une favela de Rio, supporter du mythique club de football Flamengo, Henrique Da Silva est le témoin désabusé de la préparation de la Coupe du monde dans son pays. À quelques jours du coup d’envoi, une dernière bavure militaire va faire basculer sa vie.
Celui que l’on surnomme « Le Professeur » ne veut plus être une victime. Il se laisse envahir par la colère, la sienne, celle de tout un pays.

Auteur : Hafid Aggoune est né à Saint-Etienne en 1973 avec le vert des yeux de sa mère et du légendaire maillot stéphanois. Après son bac, il quitte sa ville natale pour vivre à Lyon, finance des études supérieures par différents petits emplois, tout en écrivant de la poésie, un important journal et ce qui deviendra son premier roman.
En 2002, après avoir vécu à Aix-en-Provence et à Venise, il choisit de s’installer à Paris. Deux ans plus tard, il publie Les Avenirs aux éditions Farrago, un premier roman salué par la critique et récompensé par le prix de l’Armitière et le prestigieux prix Félix Fénéon. En 2013, une édition revue et corrigée de ce livre est publiée aux éditions StoryLab.
Hafid Aggoune est l’auteur de trois autres romans : Quelle nuit sommes-nous ? (éd. Farrago/Verdier), Premières heures au paradis (éd. Denoël) et Rêve 78 (éd. Gallimard/coll. Joëlle Losfeld).

Mon avis : (lu en juin 2014)
Ce livre numérique est l'occasion de découvrir les éditions StolyLab qui proposent des fictions et des documents d'actualité à lire en moins d'une heure. C'est un beau récit sur la colère d'un père de famille brésilien qui fait écho à la colère grandissante des Brésiliens face aux abus et aux aberrations occasionnés par la Coupe du monde de football 2014. Henrique Da Silva est professeur de littérature dans la favela de la Maré, veuf. A quelques jours du coup d'envoi de la Fête du Football Mondial, Luiz son petit garçon est à l'hôpital, il a reçu une balle dans le dos lors d'une manifestation... 
Un bon moment de lecture qui nous rappelle que ce Mondial de Football a un peu oublié le jeu et les plus pauvres pour les contrats juteux !

Merci Claire et StoryLab éditions

logo_Ebook

Extrait : (début du livre)
Henrique Da Silva poussa le moteur de sa Monza comme jamais il ne l'avait fait. Le soleil lui faisait face et ne touchait plus l'horizon. La Chevrolet qu'il s'était offert pour fêter le quatrième titre national du C.R. Flamengo, il y a vingt ans, continuait sa course aveugle à toute allure, sans défaillir. Sur le siège passager, les livres et un Beretta étaient maculés de sang. Les amortisseurs étaient mis à rude épreuve. Chaque virage donnait lieu à un dérapage qui aurait plus à son fils Luiz. Agité par l'adrénaline, Henrique était persuadé d'avoir fait les bon choix.
Quelques heures avant, celui que l'on surnommait depuis son adolescence le « Professeur » avait attrapé le sac de sport de son fils Luiz, celui aux couleurs de Flamengo, ouvert le cadenas de son tiroir de bureau pour en extirper le 9 mm et une liasse de billets (toutes ses économies à vrai dire). Mais avant de jeter le tout au fond du sac, il découvrit le maillot du dernier macth de Luiz, pas lavé, avec sa sueur, son odeur, traces qu'il ne pourrait plus effacer, celle d'une vie où son petit pouvait encore courir, heureux, plein de vie et de vitesse, aussi rapide sans qu'avec le ballon aux pieds. Henrique dût lutter pour contenir les larmes, ce qui le rendit plus déterminé que jamais et crispa d'avantage une machoire carnassière que ses nerfs ne desserraient plus.
Après avoir quitté le parking de l'école et jeté le sac dans le coffre, le Professeur repensa aux sermons de son épouse à propos de la faible puissance des phares. La nuit allait tomber sans prévenir et la vieille Chevrolet faisait regretter de ne pas avoir pris au sérieux les remarques d'Isabella toutes ces années. Il conduisait prudemment, ce n'était pas le moment de sortir de la route ou de se perdre. Au bout du fil, l'homme avait été clair : détruire et jeter le téléphone avec lequel il l'avait contacté, être à l'heure et seul.
Après avoir filé dans une nuit sans lune, il arriva, les yeux fatigués à cause des maudits phares défaillants. La baraque, située au Nord, en lisière de forêt, était  perdue au milieu des vapeurs d'humidité et semblait déserte. Il laissa volontairement la Chevrolet dans une impasse, loin de l'entrée. Il descendit de la voiture et prit l'arme du coffre. Pour la première fois depuis qu'il avait ramassé le Berretta, il marchait armé et, tout en approchant de la construction où vivait l'homme, il serrait la crosse dans la poche gauche de son blouson, incapable de contrôler le doigt qui en titillait les formes — par le biais d'un jeune de la favela, Maicom, un ancien élève qui lui rendait certains services, il n'avait eu aucun mal à trouver les balles pour le charger ; là où il avait grandi et enseignait désormais, il était plus facile de trouver un lance-roquettes qu'un roman d'Hemingway.
Henrique traversa un jardin jonché de pinhas sèches qui lui rappelèrent son fils. Depuis ses trois ans, Luiz collectionnait tout ce qui sortait de terre ou tombait des arbres, avec une prédilection particulière pour ces pommes de pin typiques qui finissaient par ressembler à des fleurs une fois déshydratées. La flore qui entourait Rio était si riche que le petit n'avait jamais fini d'enrichir son herbier. Par reflexe, le Professeur en ramassa quelques-unes et les glissa dans la poche libre de son blouson. Même si Luiz avait peu de chance de remarcher un jour et quoique le sort lui réserve, sa collection continuerait à s'agrandir.

   Challenge Petit Bac 2014
91121022
"Couleur" (10)

9 juin 2014

C'est lundi, que lisez-vous ? [177]

91950711

(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ? 

buvard-1493174-616x0 96496883 96713260 9782290081105

Buvard - Julia Kerninon 
Le liseur du 6h27 - Jean-Paul Didierlaurent 
Le Réseau Corneille - Ken Follett 
Gagner à en mourir - Pierre-Louis Basse

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Une dernière danse - Victoria Hislop (partenariat Les Escales)

Que lirai-je cette semaine ?

Le monde d'Hannah - Ariane Bois (partenariat J'ai Lu)
Le sourire des femmes - Nicolas Barreau
Un long moment de silence - Paul Colize (partenariat Folio)

Bonne semaine, bonnes lectures !

8 juin 2014

Gagner à en mourir - Pierre-Louis Basse

Lu en partenariat avec J'ai Lu

9782221131060 9782290081105

Robert Laffont - avril 2012 - 154 pages

J'ai Lu - avril 2014 - 123 pages

Quatrième de couverture :
« C'était une histoire qui n'avait cessé de me hanter, au fil des ans, sans que je parvienne à réunir l'ensemble des pièces du puzzle. Une histoire de football, privée d'images et de caméra embarquée. Une histoire de dribleurs fous et insouciants qui avaient préféré la mort à un match arrangé. »

Le 9 août 1942, l'équipe ukrainienne du FC Start rencontre une sélection des meilleurs joueurs de l'Allemagne nazie. S'ils remportent ce match de football, les Ukrainiens savent que leur existence est menacée. Faut-il risquer sa peau plutôt que de souffrir une vie de déshonneur ? Que devient le sport quand il n'est plus un jeu ?

Homme de radio devenu écrivain, passionné de lettres et d'histoire, Pierre-Louis Basse s'est impliqué pleinement dans ce récit. Le « match invisible » qu'il commente avec une réelle ferveur rend hommage à ceux qui, quelles que soient les circonstances, choisissent de combattre.

Auteur : Pierre-Louis Basse est journaliste et écrivain. Grande figure du journalisme sportif (Europe 1, Canal +), passionné d'histoire et de football, il s'est imposé au fil du temps comme animateur culturel de talk shows : « Le temps de se le dire » et « Bienvenue chez Basse » sur Europe 1. Il a collaboré également à Marianne et au Figaro. Auteur d'une dizaine de livres dont Éric Cantona, un rêve modeste et fou (1993), Guy Môquet, une enfance fusillée (2000), Séville 82 France-Allemagne : le match du siècle (2005).

Mon avis : (lu en juin 2014)
Lorsque j'ai eu la proposition de recevoir ce livre, je n'ai pas hésité longtemps, une histoire de football, en Ukraine et durant la Seconde Guerre Mondiale, voilà trois raisons d'être en phase avec des sujets d'actualités...
Malheureusement, le rendez-vous a été raté... 
Ce livre devait nous raconter l'histoire de ce « match invisible » disputé à Kiev le 9 août 1942 entre l'équipe ukrainienne du FC Start et une sélection des meilleurs joueurs de l'Allemagne nazie. Une façon pour l'occupant de montrer la supériorité de la race aryenne... Mais à la mi-temps, l'équipe ukrainienne mène 2 à 1 et malgré quelques pressions le FC Start sortira victorieux de la rencontre...
En fait, l'histoire de ce « match invisible » ne tient qu'en quelques pages et avant d'y arriver le lecteur a du subir une très très longue introduction où se mélangent les évènements passé, présent, des faits historiques, des souvenirs personnels de l'auteur...
L'auteur s'est certainement beaucoup documenté mais le récit est tellement fouilli, avec beaucoup de digressions que je me suis perdue dans tous ses détails que tout s'est mélangé et qu'au final j'ai trouvé ces 123 pages indigestes... Dommage.

Ce match est également appelé Match de la mort 

Merci Silvana et les éditions J'ai Lu pour ce partenariat.

Extrait : (début du livre)
J’ai aimé le football comme on aime son enfance.
Le 17 mars 1976, au moment exact où le Dynamo Kiev encaissa trois buts – sans en rendre un seul – du côté de Geoffroy-Guichard, ma petite gueule de Komsomol en prit un sérieux coup ! Le parti communiste réunissait encore un peu plus de 20 % de notre électorat. Trois fois le Modem s’il vous plaît ! Quelques mois plus tôt, dans les rues de Paris, et jusqu’au Père-Lachaise, deux cent mille personnes avaient accompagné la dépouille de Jacques Duclos. Il y avait encore du monde, plein de jolies jeunes filles en larmes, sur le passage mortuaire de cette figure assez bonhomme, d’un communisme à la française. Et quand le Dynamo Kiev de Blokhine, Onitchenko, Rudhakov et Lobanovski se dressa sur la route de la bande à Larqué et Rocheteau, croyez-moi : j’étais à fond les ballons derrière les Soviétiques !
Je sais bien. Je ne vais pas me faire que des amis. Mais je profite de ce livre dans lequel nous allons beaucoup parler de Kiev, de ses héros – invisibles et légendaires – pour revoir en boucle – c’est la magie d’Internet et la mise à disposition des images de l’INA – le tournant de ce fameux match du printemps 1976, à Saint-Etienne.
Magnéto.
Trente-six ans ont passé. Ces images n’ont pas pris une ride. Les hommes sont les mêmes. Seuls la haute technologie et le spectacle du sport semblent avoir modifié les visages et les corps en mouvement. Sur le terrain, les photographes sont admis au plus près des joueurs. Après chaque but, on dirait qu’ils gambadent sur le pré. Y compris dans l’action. Il y a dans les tribunes de Geoffroy-Guichard des types dont l’allure, assez naturelle, n’est pas sans rappeler le physique de Gérard Depardieu dans Le Choix des armes. Cheveux longs et pantalons en tergal avec pattes d’éléphant. L’impression que les ouvriers – au stade, comme en ville – n’avaient pas encore été placés hors champ de la réalité des choses. Illusion d’optique. Parfois, lorsqu’il était d’humeur badine, Giscard leur rendait visite à l’heure du souper. Le monde ouvrier français, en ces étranges années vertes, découvrait à domicile le tweed et les cravates du président. Ils ont bien fait d’en profiter. Bientôt, mon pays les abandonnerait. L’été promettait d’être chaud. Après chaque match de Saint-Etienne, cette année-là, on aurait dit que la télévision française découvrait l’enthousiasme des foules pour le ballon. Quelques signes – panneaux indicateurs – d’un monde qui a changé ? Ces petits riens, qui en disent long, sur une forme d’effacement, de disparition. Les jolies liaisons comme psalmodiées par les joueurs, dans leurs commentaires d’après-match. Une voix de sport ancrée encore dans l’épaisseur de vie. Et pour lancer le reportage, le présentateur, inquiet, semblait chercher une boîte mystérieuse planquée sous la table.

  Challenge Petit Bac 2014
91121022
"Verbe" (9)

7 juin 2014

Qu'est-ce que je faisais le 06/06 à 18h06 ?

rdv_enna

Je participe au rendez-vous d'Enna du 06/06 à 6h06... (plutôt 18h06)

P1010747

C'est le début du Café Lecture de la Bibliothèque, dernier avant les grandes vacances...
Nous étions seulement cinq aujourd'hui,
il faisait chaud ce soir, le thé habituel a été remplacé par un jus de fruit...
J'ai présenté les deux livres suivants : 
Les Fleurs d'hiver - Angélique Villeneuve 
Le liseur du 6h27 - Jean-Paul Didierlaurent

Les autres livres présentés sont :
L'emprise - Marc Dugain
La garçonnière - Hélène Gremillon
Xenia - Gérard Mordillat
Les suprêmes - Edward Kelsey Moore 

 

Publicité
Publicité
6 juin 2014

Le Réseau Corneille - Ken Follett

CVT_Le-Reseau-Corneille_1769 kenfollett_fl le-reseau-corneille-3817  554759-gf le-reseau-corneille-297585 9782253090564 kenfollett 9782221134221_1_75

Robert Laffont - janvier 2003 -

France Loisirs - 2003 - 548 pages

Livre de Poche - mai 2004 - 599 pages

Livre de Poche -

Succès du Livre - 2007 -

Robert Laffont - janvier 2013 - 464 pages

traduit de l'anglais par Jean Rosenthal 

Titre original : Jackdaws, 2001

Quatrième de couverture : 
France, 1944. Betty a vingt-neuf ans, elle est officier de l'armée anglaise, l'une des meilleures expertes en matière de sabotage. A l'approche du débarquement allié, elle a pour mission d'anéantir le système de communication allemand en France. Après une première tentative catastrophique et coûteuse en vies humaines, Betty va jouer le tout pour le tout en recrutant une brigade unique en son genre : le Réseau Corneille, une équipe de choc. Six femmes à la personnalité hors du commun : l'aristocrate, la taularde, l'ingénue, la travestie... chacune va apporter sa touche très personnelle au grand sabotage.

Auteur : Ken Follett, né au pays de Galles en 1949, compte parmi les plus grands auteurs de best-sellers et de thrillers d'espionnage (L'Arme à l'œil, Les Lions du Panshir, Le Réseau Corneille, Le Troisième Jumeau...), mais c'est avec ses romans historiques Les Piliers de la terre et Un monde sans fin qu'il a connu ses plus grands succès : vingt millions d'exemplaires vendus à travers le monde. Plusieurs de ses livres ont été adaptés au cinéma. Il vit à Stevenage, en Angleterre, avec son épouse. 

Mon avis : (relu en 2014)
En ce 70ème anniversaire du 6 juin 1944, j'ai décidé de relire rapidement ce livre Ken Follett qui raconte une histoire se déroulant quelques jours avant le Débarquement des Alliés.
Un central téléphonique proche Reims doit être détruit pour donner toutes ses chances à la réussite du Débarquement en coupant les communications avec l'Allemagne. La première tentative a été un vrai échec et Betty responsable de l'action a déjà une nouvelle idée pour saboter ce central. Elle imagine réunir une équipe de six femmes qui sous la couverture de femmes de ménage pourraient y pénétrer sans éveiller les soupçons. Du 28 mai au 6 juin 1944, le lecteur découvre la naissance du Réseau Corneille avec Betty, Diana, Maude, Jelly, Greta et Ruby, six femmes courageuses, parfois inconscientes. En parallèle, nous suivons également Franck Dicter , agent des services de renseignements nazi, dont la mission est de démanteler la Résistance. L'intrigue est très rythmée, le duel à distance entre Betty et Dicter est passionnant. Ken Follett s'est inspiré de faits historiques pour écrire ce roman.

Un livre qui rend hommage aux femmes combattantes de la Seconde Guerre Mondiale.

Avant de relire ce livre, je croyais me souvenir que cette histoire se situait dans le Pas de Calais et non autour de Reims... En fait, je confondais avec un autre livre lu en 1988, "Fortitude" - Larry Collins qui raconte comment les Alliés ont leurré les Allemands en leur faisant croire que le Débarquement aurait lieu dans le nord de la France. Je le relirai prochainement.

Extrait : (début du livre)
Dimanche 28 mai 1944

1.

Une minute avant l'explosion, le calme régnait sur la place de Sainte-Cécile. Dans la douceur du soir, une couche d'air immobile s'étendait sur la ville comme une couverture. La cloche de l'église tintait paresseusement pour appeler, sans grand enthousiasme, les fidèles à vêpres. Mais Elizabeth Clairet l'entendait comme un compte à rebours.
Un château du XVIe siècle dominait la place. Ce Versailles en miniature présentait une imposante façade en saillie flanquée de deux ailes à angle droit qui s'amenuisaient vers l'arrière. Il était composé d'un sous-sol, de deux étages principaux et d'un dernier niveau mansardé dont les fenêtres cintrées s'ouvraient sur le toit. 
Elizabeth, que tout le monde appelait Betty, adorait la France. Elle en appréciait l'architecture élégante, la douceur du climat, les déjeuners qui n'en finissent pas, les gens cultivés qu'on y rencontre. Elle aimait la peinture et la littérature françaises, ainsi que le chic vestimentaire. Les touristes reprochaient souvent aux Français leur manque d'amabilité, mais Betty pratiquant la langue depuis l'âge de six ans ne laissait deviner à quiconque qu'elle était étrangère.
Elle enrageait de la disparition de cette France qu'elle chérissait tant.
Les rigueurs du rationnement ne permettaient plus les déjeuners prolongés, les nazis avaient fait main basse sur les collections de tableaux, et seules les prostituées portaient de jolies toilettes. Comme la plupart des femmes, Betty usait une robe informe dont les couleurs avaient depuis longtemps perdu tout éclat. Son ardent désir de retrouver la vraie France serait peut-être bientôt exaucé : il fallait seulement qu'elle, et d'autres comme elle, parviennent à leurs fins.
Elle assisterait à la victoire, à l'unique condition de survivre aux minutes à venir. Elle ne cédait pas au fatalisme : elle avait envie de vivre et comptait bien après la guerre réaliser tous ses projets - terminer sa thèse de doctorat, avoir un bébé, visiter New York, s'offrir une voiture de sport, boire du Champagne sur les plages cannoises. Pourtant, si elle devait mourir, passer ses derniers instants en écoutant parler français, sur une place ensoleillée, à contempler un bel édifice vieux de quelques siècles, la comblerait.
Le château avait été érigé pour abriter les aristocrates de la région, mais, après la mort du dernier comte de Sainte-Cécile guillotiné en 1793, le parc avait été transformé en vignoble - évolution bien naturelle dans cette région située au cour de la Champagne. quant au b‚timent lui-même, il abritait maintenant un important central téléphonique qu'on avait choisi d'installer là car le ministre responsable de la poste était né à Sainte-Cécile.

  Challenge Petit Bac 2014
91121022
"Animaux" (6)

Challenge Trillers et Polars
 88054471_o
catégorie "Même pas peur" :  31/25

4 juin 2014

Le liseur du 6h27 - Jean-Paul Didierlaurent

Lu en partenariat avec Au Diable Vauvert

Le-liseur-du-6h27-Jean-Paul-Didierlaurent Au Diable Vauvert - mai 2014 - 217 pages

Quatrième de couverture : 
"Peu importait le fond pour Guylain. Seul l'acte de lire revêtait de l'importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écoeurement qui l'étouffait à l'approche de l'usine". Guylain Vignolles est préposé au pilon et mène une existence maussade et solitaire, rythmée par ses allers-retours quotidiens à l'usine. 
Chaque matin en allant travailler, comme pour se laver des livres broyés, il lit à voix haute dans le RER de 6h27 les quelques feuillets qu'il a sauvé la veille des dents de fer de la Zerstor 500, le mastodonte mécanique dont il est le servant. Un jour, Guylain découvre les textes d'une mystérieuse inconnue qui vont changer le cours de sa vie... Dans une couleur évoquant le cinéma de Jean-Pierre Jeunet ou la plume ouvrière de Jean Meckert, Jean-Paul Didierlaurent signe un premier roman qui nous dévoile l'univers d'un écrivain singulier, plein de chaleur et de poésie, où les personnages les plus anodins sont loufoques et extraordinaires d'humanité, et la littérature le remède à la monotonie quotidienne.

Auteur : Jean-Paul Didierlaurent habite dans les Vosges. Nouvelliste exceptionnel lauréat de nombreux concours, trois fois finaliste et deux fois lauréat du Prix Hemingway, Le Liseur du 6h27 est son premier roman.

Mon avis : (lu en juin 2014)
Ce livre est une très belle surprise. Je l'ai découvert lors du passage de l'auteur à La Grande Librairie et la couverture ne pouvait que me parler... Cette banquette n'évoque pas pour moi le RER mais les "petits gris" qui roulaient encore il y a deux ans sur certaines lignes Transiliennes... Le liseur du 6h27 s'appelle Guylain Vignolles, il souffre de ce nom et prénom qui prête à rire. Il travaille dans la Société de traitement et de recyclage naturel (STERN), il a la responsabilité de la terrible machine Zerstor 500. Guylain la nomme "la Chose", elle est destinée à « broyer, aplatir, piler, écrabouiller, déchirer, hacher, lacérer, déchiqueter, malaxer, pétrir, ébouillanter. » Cette machine sert à passer au pilon les produits de l'édition invendus. Guylain supporte de moins en moins son métier, sa seule satisfaction consiste à voler à la machine chaque jour quelques pages non encore digérées. Ses pages sauvées du massacre, qu'il nomme "les peaux vives", il les place entre des buvards pour les sécher. Le lendemain dans le RER de 6h27, comme d'habitude, il les lira à haute voix aux passagers de la rame. Cette vie "métro - boulot - dodo" va sortir de sa monotonie lorsqu'un matin Guylain trouve un clé usb dans le RER...
Une jolie histoire touchante et pleine d'humanité. Guylain est un personnage très attachant tout comme son ancien collègue Giuseppe victime de "la Chose", le gardien de l'usine Yvon qui ne parle qu'en alexandrins, les soeurs Delâtre qui prennent le RER de 6h27 spécialement pour écouter les lectures de Guylain...
C'est le genre de lecture qui fait du bien. C'est beau, c'est émouvant !

Note : ♥♥♥♥♥

Extrait : (début du livre)
Certains naissent sourds, muets ou aveugles. D’autres poussent leur premier cri affublés d’un strabisme disgracieux, d’un bec de lièvre ou d’une vilaine tache de vin au milieu de la figure. Il arrive que d’autres encore viennent au monde avec un pied bot, voire un membre déjà mort avant même d’avoir vécu. Guylain Vignolles, lui, était entré dans la vie avec pour tout fardeau la contrepèterie malheureuse qu’offrait le mariage de son patronyme avec son prénom : Vilain Guignol, un mauvais jeu de mots qui avait retenti à ses oreilles dès ses premiers pas dans l’existence pour ne plus le quitter.
Ses parents avaient ignoré les prénoms du calendrier des Postes de cette année 1976 pour porter leur choix sur ce « Guylain » venu de nulle part, sans même penser un seul instant aux conséquences désastreuses de leur acte. Étonnamment et bien que la curiosité fut souvent forte, il n’avait jamais osé demander le pourquoi de ce choix. Peur de mettre dans l’embarras peut-être. Peur aussi sûrement que la banalité de la réponse ne le laissât sur sa faim. Il se plaisait parfois à imaginer ce qu’aurait pu être sa vie s’il s’était prénommé Lucas, Xavier ou Hugo. Même un Ghislain aurait suffi à son bonheur. Ghislain Vignolles, un vrai nom dans lequel il aurait pu se construire, le corps et l’esprit bien à l’abri derrière quatre syllabes inoffensives. Au lieu de cela, il lui avait fallu traverser son enfance avec, accrochée à ses basques, la contrepèterie assassine : Vilain Guignol. En trente-six ans d’existence, il avait fini par apprendre à se faire oublier, à devenir invisible pour ne plus déclencher les rires et les railleries qui ne manquaient pas de fuser dès lors qu’on l’avait repéré. N’être ni beau, ni laid, ni gros, ni maigre. Juste une vague silhouette entraperçue en bordure du champ de vision. Se fondre dans le paysage jusqu’à se renier soi-même pour rester un ailleurs jamais visité. Pendant toutes ces années, Guylain Vignolles avait passé son temps à ne plus exister tout simplement, sauf ici, sur ce quai de gare sinistre qu’il foulait tous les matins de la semaine. Tous les jours à la même heure, il y attendait son RER, les deux pieds posés sur la ligne blanche qui délimitait la zone à ne pas franchir au risque de tomber sur la voie. Cette ligne insignifiante tracée sur le béton possédait l’étrange faculté de l’apaiser. Ici, les odeurs de charnier qui flottaient perpétuellement dans sa tête s’évaporaient comme par magie. Et pendant les quelques minutes qui le séparaient de l’arrivée de la rame, il la piétinait comme pour se fondre en elle, bien conscient qu’il ne s’agissait là que d’un sursis illusoire, que le seul moyen de fuir la barbarie qui l’attendait là-bas, derrière l’horizon, aurait été de quitter cette ligne sur laquelle il se dandinait bêtement d’un pied sur l’autre et de rentrer chez lui. Oui, il aurait suffi de renoncer, tout simplement, de retrouver son lit et de se lover dans l’empreinte encore tiède que son corps avait laissé pendant la nuit. Dormir pour fuir. Mais au final, le jeune homme se résignait toujours à rester sur la ligne blanche, à écouter la petite foule des habitués s’agglutiner derrière lui tandis que les regards se déposaient sur sa nuque en une légère brûlure qui venait lui rappeler qu’il était encore vivant. Au fil des ans, les autres usagers avaient fini par faire preuve envers lui de ce genre de respect indulgent que l’on réserve aux doux dingues. Guylain était une respiration qui, durant les vingt minutes que durait le voyage, les arrachait pour un temps à la monotonie des jours.

 Challenge Petit Bac 2014
91121022
"Moment/Temps" (9)

3 juin 2014

Buvard - Julia Kerninon

 

buvard-1493174-616x0 Edition du Rouergue - janvier 2014 - 200 pages

Quatrième de couverture :
Cela ressemble à quoi, un écrivain ? Quand Lou passe pour la première fois la porte de Caroline N. Spacek, il ne connaît d'elle que ses livres. D'ailleurs, il ne comprend pas pourquoi elle a accepté de le recevoir, lui, le simple étudiant. À 39 ans, Caroline N. Spacek vit recluse dans la campagne anglaise, après avoir connu une gloire précoce et scandaleuse. Enfant terrible de la littérature, ses premiers romans ont choqué par la violence de leur univers et la perfection de leur style. Issue d'un milieu marginal, elle a appris très jeune à combattre, elle a aussi appris à fuir.

Mais Lou va l'apprivoiser. Alors ensemble, durant un été torride, ils vont reconstruire une trajectoire minée de secrets.

Auteur : Née en 1987 dans la région nantaise, Julia Kerninon est actuellement thésarde en littérature, et mène une recherche sur la revue américaine, The Paris review. Buvard est son premier roman en littérature générale.

Mon avis : (lu en mai 2014)
J'ai pris ce livre à la bibliothèque en premier lieu pour le titre (parfait pour le Challenge Petit Bac et son thème Matière que jai du mal à trouver...), ensuite pour la première phrase de la quatrième de couverture « Cela ressemble à quoi, un écrivain ? ».

Caroline N. Spacek est une romancière célèbre qui vit coupé du monde dans la campagne anglaise. Lou est un jeune étudiant en thèse que les livres de Caroline N. Spacek touchent beaucoup. Il lui écrit une lettre pour lui faire part de son admiration et à sa grande surprise il reçoit en retour une réponse et l'adresse de la romancière. Il décide donc d'aller la rencontrer pour l'interviewer. Caroline a toujours fuit la presse mais accepte la visite de Lou. Initialement, celle-ci devait durer quelques heures finalement Lou restera neuf semaines chez Caroline. Cette dernière se racontera jour après jour et tout comme Lou, le lecteur est captivé par cette interview en plusieurs épisodes. Découvrir le parcours, les pensées et les états d'âme de cette écrivain est passionnant, Lou est également un personnage intéressant, il se trouve quelques points communs avec Caroline en particulier leurs enfances difficiles. Une belle découverte.

Autres avis : Clara, Keisha

Extrait : (début du livre)
Après s'être levée pour me serrer la main, Caroline s'était assise sur un fauteuil au soleil, dehors, et m'avait désigné le siège près du sien. Posé là, enfin immobile après le trajet cahotant en bus d'Exeter jusqu'au trou d'herbe où elle vivait, j'avais soudain douté de la justesse de ma présence ici. La femme qui me faisait face maintenant - yeux d'acier, jambes interminables dans un pantalon laissant voir deux pieds aux ongles laqués de rose rouge - ressemblait tellement peu à un écrivain qu'il paraissait absurde que j'aie pu vouloir à un moment l'interroger au sujet de son oeuvre, pousser l'indélicatesse jusqu'à pénétrer sa propriété pour la questionner, elle, à propos de livres portant son nom. J'avais été à deux doigts de me relever, demander pardon pour lui avoir fait perdre son temps, et repartir en sens inverse, confus, mais Caroline N. Spacek ne m'avait pas laissé le choix :
- Alors, mon lapin, par où est-ce que tu veux commencer ? Elle souriait en parlant, d'un sourire un peu féroce, alors j'avais balbutié que j'avais apporté un dictaphone.
- Très bien.
Elle avait tendu la main et je n'avais rien pu faire d'autre que lui remettre la machine. Elle s'était assurée de la présence d'une cassette, avant de presser le bouton REC d'un geste sûr.
Même ses mains étaient bronzées. Elle les avait croisées derrière sa nuque, comme pour me dire : Allons-y. Tu as voulu voir à quoi ressemblait un écrivain ? Je t'attends. Mais à ce moment-là, j'étais resté muet.
Comme si la regarder ne me demandait pas déjà toute mon énergie. Après tout, c'était la première fois de ma vie que je voyais un écrivain d'aussi près, et rien ne m'avait préparé à ça. Caroline me regardait aussi, et finalement, elle avait eu un petit rire.
- Et voilà. Vous êtes tous les mêmes. Vous m'envoyez vos atroces petites lettres qui me donnent l'impression que votre survie dépend de moi, je vous fais venir, je prends le temps pour ça, et une fois arrivés ici vous restez collés à me mater comme des imbéciles. Et c'est pathétique. Fais-le savoir, quand tu partiras d'ici. Va leur dire de ma part que je ne suis à personne d'autre que moi et que je ne réponds pas au téléphone. Que je ne donne rien et que je ne reçois plus personne. Moi non plus, je ne sortirai plus de mon lit pour moins de dix mille dollars - parce que dans mon lit, je travaille. Et il n'y a rien qui m'intéresse davantage aujourd'hui. Dis-leur. Et qu'ils me laissent en paix.

 Challenge Petit Bac 2014
91121022
"Matière" (4)

  92737225_o
Challenge Rentrée Hiver 2014

2 juin 2014

C'est lundi, que lisez-vous ? [176]

 91950711

(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ? 

96371034 9782714456090 vénus noire_ pars et reviens tard_CDlivraphone

La mauvaise pente - Chris Womersley 
Il est de retour - Timur Vermes 
Vénus noire - Abdellatif Kechiche et Renaud Pennelle 
Pars vite et reviens tard - Fred Vargas

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Buvard - Julia Kerninon
Le liseur du 6h27 - Jean-Paul Didierlaurent (partenariat Au Diable Vauvert)

Que lirai-je cette semaine ?

Le monde d'Hannah - Ariane Bois (partenariat J'ai Lu)
Gagner à en mourir - Pierre-Louis Basse (partenariat J'ai Lu)
Une dernière danse - Victoria Hislop (partenariat Les Escales)

Bonne semaine, bonnes lectures !

1 juin 2014

Pars vite et reviens tard - Fred Vargas

 JMLA(2014)-BookdO-300x80

pars et reviens tard_CDlivraphonePars_vite_et_reviens_tard 51E0H47MBTL pars_vite_et_reviens pars vite pars et reviens tard_audio

Livraphone - novembre 2004 - Lu par François Berland

Viviane Hamy - octobre 2001 - 346 pages

J'ai Lu - octobre 2004 - 346 pages

Audiolib - mars 2012 - 10h12 - Lu par Thierry Janssen

PRIX DES LIBRAIRES 2000

GRAND PRIX DES LECTRICES DE ELLE 2002

PRIX DU MEILLEUR POLAR FRANCOPHONE 2002

DEUTSCHER KRIMIPREIS 2004 (Allemagne)

Quatrième de couverture :
On l’a peint soigneusement sur les treize portes d’un immeuble parisien : un grand 4 noir, inversé, à la base élargie. Le commissaire Adamsberg les photographie, et hésite : simple graffiti, ou menace ? A l’autre bout de la ville, Joss, l’ancien marin breton devenu Crieur de nouvelles est perplexe. Depuis trois semaines, une main glisse à la nuit d’incompréhensibles missives dans sa boîte à messages. Un amuseur ? Un cinglé ? Son ancêtre murmure à son oreille : « Fais gaffe à toi, Joss. Il n’y a pas que du beau dans la tête de l’homme ».

Auteur : Fred Vargas - de son vrai nom Frédérique Audoin-Rouzeau - est née en 1957. Médiéviste et titulaire d’un doctorat d’Histoire, elle est chercheur en Histoire et Archéologie au CNRS. La quasi totalité de son oeuvre – les « rompols » comme elle appelle ses textes policiers – est publiée chez Viviane Hamy. A plusieurs reprises primée, adaptée au cinéma et à la télévision, elle est traduite dans plus de 40 langues, et ses livres sont des best-sellers en France mais également en Allemagne et en Italie.

Lecteur : François Berland est un acteur français. Spécialisé dans le doublage, il est également la voix off de nombreuses émissions, publicités et jeux télévisés. Il est la voix officielle de la radio RFM depuis septembre 2011.

Mon avis : (écouté en mai 2014)
C'est le neuvième roman de Fred Vargas et le sixième avec le commissaire Adamsberg, l'un de mes préférés. Adamsberg vient d'être nommé sur Paris. Des mystérieux 4 à l'envers sont peints sur les portes d'appartements de certains immeubles. D'étranges et inquiétants messages sont déposés dans la boîte de Joss, ancien marin breton devenu "crieur de rues". Puis un cadavre est retrouvé, la peau couverte de charbon... La peste serait elle revenue à Paris ? Voilà une enquête originale, déroutante et complexe comme sait bien le faire Fred Vargas. J'ai beaucoup aimé les personnages qui gravitent autour de la place Edgar Quinet et son crieur : Joss Le Gern, Hervé Decambrais, Eva, Lizbeth...
Danglard est toujours le second d'Adamsberg. Une nouvelle relecture que j'ai savouré.

 Pars_vite_et_reviens_tard_film1              Pars_vite_et_reviens_tard_film

Un film réalisé par Régis Wargnier a été tiré de ce livre et est sortie le 24 janvier 2007 avec José Garcia, Lucas Belvaux, Marie Gillain, Olivier Gourmet, Nicolas Cazalé, Linh Dan Pham, Michel Serrault. Un film que j'ai beaucoup aimé. Paris y est particulièrement bien filmé.

Extrait : (début du livre)
Les types, à Paris, marchent beaucoup plus vite qu’au Guilvinec, Joss l’avait constaté depuis longtemps. Chaque matin, les piétons s’écoulaient par l’avenue du Maine à la vitesse de trois nœuds. Ce lundi, Joss filait presque ses trois nœuds et demi, s’efforçant de rattraper un retard de vingt minutes. En raison du marc de café qui s’était déversé en totalité sur le sol de la cuisine. 
Ça ne l’avait pas étonné. Joss avait co mpris depuis longtemps que les choses étaient douées d’une vie secrète et pernicieuse. Hormis peut-être certaines pièces d’accastillage qui ne l’avaient jamais agressé, de mémoire de marin breton, le monde des choses était à l’évidence chargé d’une énergie tout entière concentrée pour emmerder l’homme. La moindre faute de manipulation, parce qu’offrant à la chose une liberté soudaine, si m inime fût-elle, amorçait une série de calamités en chaîne, pouvant parcourir toute une gamme, du désagrément à la tragédie. Le bouchon qui échappe aux doigts en était, sur le mode mineur, un modèle de base. Car un bouchon lâché ne vient pas rouler aux pieds de l’homme, en aucune manière. Il se love derrière le fourneau, mauvais, pareil à l’araignée en quête d’inaccessible, déclenchant pour son prédateur, l’Homme, une succession d’épreuves variables, déplacement du fourneau, rupture du flexible de raccordement, chute d’ustensile, brûlure. Le cas de ce matin avait procédé d’un enchaînement plus complexe, amorcé par une bénigne erreur de lancer entraînant fragilisation de la poubelle, affaissement latéral et épandage du filtre à café sur le sol. C’est ainsi que les choses, animées d’un esprit de vengeance légitimement puisé à leur condition d’esclaves, parvenaient à leur tour par moments brefs mais intenses à soumettre l’homme à leur puissance larvée, à le faire se tordre et ramper comme un chien, n’épargnant ni femme ni enfant. Non, pour rien au monde Joss n’aurait accordé sa confiance aux choses, pas plus qu ’aux hommes ou à la mer. Les premières vous prennent la raison, les seconds l’âme et la troisième la vie. 

En homme a guerri, Joss n’avait pas défié le sort et avait ramassé le café comme un chien, grain par grain. Il avait accompli sans broncher la pénitence et le monde des choses avait reflué sous le joug. Cet incident matinal n’était rien, rien en apparence qu’un désagrément négligeable mais, pour Joss qui ne s’y trompait pas, il était le clair rappel qu e la guerre des hommes et des choses se poursuivait et que, dans ce combat, l’homme n’était pas toujours va inqueur, loin s’en fallait. Rappel des tragédies, des vaisseaux démâtés, des chalutiers écartelés et de son bateau, Le Vent de Norois, qui avait fait eau le 23 août en mer d’Irlande à trois heures du matin avec huit hommes à bord. Dieu sait pourtant si Joss respectait les exigences hystériques de son chalutier et Dieu sait si l’homme et le bateau étaient conciliants l’un pour l’autre. Jusqu’à cette foutue nuit de tempête où, pris d’un coup de sang, il avait frappé le plat-bord du poing . Le Vent de Norois, déjà presque couché sur tribord, avait brusquement fait eau à l’arrière. Moteur noyé, le chalutier avait dérivé dans la nuit, les hommes écopant sans relâche, pour s’immobiliser enfin sur un récif à l’aube. C’était il y a quatorze ans et deux hommes étaient morts. Quatorze ans que Joss avait déglingué l’armateur du Norois à coups de botte. Quatorze ans que Joss avait quitté le port du Guilvinec, après neuf m ois de taule pour coups et blessures avec intention de donner la mort, quatorze ans que sa vie presque entière avait coulé par cette voie d’eau.

Déjà lu du même auteur :

Ceux_qui_vont_mourir_te_saluent Ceux qui vont mourir te saluent l_homme_aux_cercles_bleus L'Homme aux cercles bleus

Debout_les_mort Debout les morts Un_peu_plus_loin_sur_la_droite Un peu plus loin sur la droite

sans_feu_ni_lieu Sans feu ni lieu l_homme___l_envers L'Homme à l'envers

Pars_vite_et_reviens_tard Pars vite et reviens tard sous_les_vents_de_neptune  Sous les vents de Neptune

Dans_les_bois__ternels Dans les bois éternels un_lieu_incertain Un lieu incertain

les_quatre_fleuves Les Quatre fleuves (BD) vargas L'Armée furieuse 

94114487 L'homme aux cercles bleus

Challenge Trillers et Polars
 88054471_o
catégorie "Même pas peur" :  30/25

 

Publicité
Publicité
<< < 1 2
A propos de livres...
Publicité
A propos de livres...
Newsletter
55 abonnés
Albums Photos
Visiteurs
Depuis la création 1 376 558
Publicité