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A propos de livres...
29 mai 2014

Il est de retour - Timur Vermes

Lu en partenariat avec les éditions Belfond

9782714456090 Belfond - mai 2014 - 390 pages

traduit de l'allemand par Pierre Deshusses

Titre original : Er ist wieder da, 2012

Quatrième de couverture :
Succès inouï en Allemagne, traduit dans trente-cinq langues, bientôt adapté au cinéma, Il est de retour est un véritable phénomène. Entre Chaplin, Borat et Shalom Auslander, une satire aussi hilarante que grinçante qui nous rappelle que face à la montée des extrémismes et à la démagogie, la vigilance reste plus que jamais de mise.


Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n'est pas content : comment, plus personne ne fait le salut nazi ? L'Allemagne ne rayonne plus sur l'Europe ? Depuis quand tous ces Turcs ont-ils pignon sur rue ? Et, surtout, c'est une FEMME qui dirige le pays ?
Il est temps d'agir. Le Führer est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin. Et pour cela, il lui faut une tribune. Ça tombe bien, une équipe de télé, par l'odeur du bon client alléchée, est toute prête à lui en fournir une.
La machine médiatique s'emballe, et bientôt le pays ne parle plus que de ça. Pensez-vous, cet homme ne dit pas que des âneries ! En voilà un au moins qui ne mâche pas ses mots. Et ça fait du bien, en ces temps de crise...
Hitler est ravi, qui n'en demandait pas tant. Il le sent, le pays est prêt. Reste à porter l'estocade qui lui permettra d'achever enfin ce qu'il avait commencé...

Auteur : De mère allemande et de père juif hongrois réfugié en Allemagne, Timur Vermes est né à Nuremberg en 1967. Après des études d'histoire et de sciences politiques, il devient journaliste et contribue à de nombreux journaux et magazines. Succès colossal outre-Rhin avec près d'1,5 million d'exemplaires vendus, traduit dans 35 langues, Il est de retour est son premier roman.

Mon avis : (lu en mai 2014)
J'avoue avoir hésité à accepter de lire ce livre... Le sujet du livre me gênait, faire de l'humour autour de ce personnage est dérangeant. Charlie Chaplin a su très bien le faire avec son film Le Dictateur en 1940, c'était plus courageux qu'en 2012 !
Je n'ai pas assumé la couverture du livre que j'ai recouverte, en particulier dans les transport public, le temps de ma lecture... 
Ce livre est présenté comme suit : « ... Tout à la fois hilarante et édifiante, une satire virtuose et prophétique sur nos sociétés fascinées par la célébrité et le culte de la personnalité, même si (ou a fortiori ?) ces  "people" font, au mieux, preuve d'une bêtise crasse ou, au pire, professent des idées nauséabondes. »
Je trouve les qualificatifs « hilarante et édifiante virtuose et prophétique » très exagérés et tente à penser que ce livre est surtout un coup commercial... On remarquera que le prix du livre a été fixé à 19,33 euros.

L'idée qu'Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin, 65 ans après sa disparition est assez originale et ses réactions face à une télévison, à un ordinateur, à un téléphone portable sont plutôt bien vu. Les Allemands de 2011 le prenne pour un artiste comique qui joue formidablement son personnage... Il est donc invité à participer à un Show télévisé et devient très populaire.
Il y a un vrai décalage entre les vraies intentions d'Hitler et le spectacle qu'il donne, beaucoup le prennent à la rigolade. Il y a quand même quelques uns qui ne le trouvent vraiment pas drôle et dénoncent l'indécence du personnage et de ses propos.
Le livre est très bien documenté car notre personnage revient souvent sur des évènements de 1933 à 1945. Il y a également à la fin du livre, un glossaire très intéressant que j'ai malheureusement découvert seulement à la fin de ma lecture...
Je trouve que cette histoire est plus une critique du monde des médias qu'une réflexion sur les idées extrémistes.
Sur le même sujet, j'ai largement préféré le livre d'Eric-Emmanuel Schmitt La Part de l'autre que je vous conseille de découvrir

Merci Elsa et les éditions Belfond pour ce partenariat.

Note : ♥♥♥♥♥

Extrait : (début du livre)
Je me souviens : je me suis réveillé, ce devait être en début d'après-midi. J'ai ouvert les yeux, j'ai vu le ciel au-dessus de moi. Il était bleu, légèrement voilé ; il faisait chaud et je me suis tout de suite rendu compte qu'il faisait trop chaud pour un mois d'avril. On pouvait presque parler de canicule. C'était relativement calme, pas d'avions ennemis au-dessus de moi, pas de grondements de canons, pas d'explosions à proximité ni de sirènes annonçant une attaque aérienne. J'ai également noté qu'il n'y avait pas de chancellerie, pas de bunker. J'ai tourné la tête, j'étais allongé sur un terrain vague entouré par des maisons dont les murs de brique étaient en partie barbouillés par quelques vauriens - cela m'a mis en rogne et j'ai voulu aussitôt convoquer Dönitz. En même temps, je me disais, dans une sorte de demi-sommeil, que si Dönitz était là aussi, allongé quelque part, il régnerait forcément ordre et discipline ; et j'ai vite compris toute l'étrangeté de la situation. Je n'ai jamais eu pour habitude de camper à la belle étoile.
Je me suis mis à réfléchir : qu'avais-je fait la veille au soir ? Aucune raison de m'inquiéter d'un quelconque excès d'alcool, je ne bois pas. La dernière chose dont je me souviens c'est que j'étais assis avec Eva sur un canapé recouvert d'une couverture. Autre souvenir : une certaine atmosphère d'insouciance ; j'avais sans doute décidé, pour une fois, de laisser de côté les affaires de l'État. Nous n'avions pas de projets pour la soirée, il n'était bien sûr pas question d'aller au restaurant, au cinéma ou ailleurs, les possibilités de se divertir dans la capitale du Reich s'étaient déjà joliment réduites - et l'ordre que j'avais donné y était pour beaucoup. Je ne pouvais pas encore dire avec certitude si Staline allait entrer dans la ville au cours des prochains jours, mais, à ce stade de la guerre, ce n'était pas totalement impossible. En revanche, ce que je pouvais affirmer, c'est qu'il aurait autant de chances d'y trouver un cinéma qu'à Stalingrad. Je crois que nous avons encore un peu bavardé, Eva et moi, et je lui ai montré mon vieux pistolet. À part ça, aucun autre détail ne m'est revenu en mémoire. Il faut dire aussi que je souffrais d'un magistral mal de crâne. Non, inutile d'essayer de rameuter d'autres souvenirs de la veille.
J'ai décidé de prendre le taureau par les cornes et de faire face à la situation. Au cours de ma vie, j'ai appris à regarder, à observer, à saisir les moindres détails que certains intellectuels négligent voire ignorent complètement. Or, pour ma part, je peux dire sans me vanter que toutes ces années marquées par une discipline de fer m'ont permis d'avoir encore davantage de sang-froid dans les périodes de crise. Mon esprit s'affûte, mes sens s'aiguisent. Je travaille avec une grande précision, calmement, telle une machine. Méthodiquement, je rassemble toutes les informations qui sont à ma disposition : je suis allongé par terre. Je regarde autour de moi. À côté de moi, il y a un amas de détritus, des mauvaises herbes, des brindilles, ici et là un buisson, il y a même une pâquerette, un pissenlit. J'entends des voix, elles ne sont pas très éloignées, des cris, des impacts répétés, je tourne mon regard vers l'endroit d'où viennent ces bruits ; ce sont des gamins qui jouent au football. Ils sont trop âgés pour être enrôlés dans les Pimpfe, trop jeunes encore pour le Volkssturm, la milice du peuple ; ils font sûrement partie de la Jeunesse hitlérienne, mais, de toute évidence, ils ne sont pas en service pour le moment. On dirait que l'ennemi a fait une pause. Un oiseau sautille dans les branches d'un arbre, il gazouille, il chante. Certains n'y verraient qu'un signe de bonne humeur, mais dans une situation aussi précaire, où chaque information compte, même la plus infime, le spécialiste de la nature et du combat quotidien pour la survie peut en déduire qu'il n'y a pas de prédateurs à proximité. Près de ma tête, une flaque d'eau semble déjà s'amenuiser. Il a donc sans doute plu il y a un moment, mais, depuis, le temps est resté sec. Au bord de la flaque, j'aperçois ma casquette. Voilà comment fonctionne mon esprit aguerri, et c'est ainsi qu'il travaillait dans ce moment d'intense confusion.

  Challenge Voisins Voisines 2014
logo_voisins_voisines_2014_h300
Allemagne

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Commentaires
S
On me l'a proposé et j'ai décliné l'offre pour les raisons qui t'ont fait douter. A la lecture de ton billet, je ne le regrette pas. Je pense que ce n'est pas pour moi.
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