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A propos de livres...
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4 mai 2011

Celui qu'on ne voit pas – Mari Jungstedt

Lu dans le cadre du partenariat Livraddict et Livre de Poche

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Plon – octobre 2007 – 355 pages

Livre de Poche – février 2010 – 442 pages

traduit du suédois par Maximilien Stadler

Quatrième de couverture :
Après s'être disputée avec son compagnon lors d'une fête dans leur maison de campagne, Helena Hillerström sort promener son chien le long de la plage. Bientôt, cernée par un épais brouillard, elle sent qu'on la suit. Quelques heures plus tard, elle est retrouvée morte, tuée à coups de hache. Frida Lindh, une jeune mère de trois enfants, quitte le bar où ses amies et elle se rencontrent régulièrement. Malgré la nuit et les quelques verres de vin qu'elle a bus, elle prend son vélo pour rentrer à la maison. Les rues sont désertes. Elle est seule. Non. Pas seule. Une ombre la suit. Celui qu'on ne voit pas. Le commissaire Anders Knutas et son équipe mènent une longue et difficile enquête sous la pression des médias. Quel est le lien entre ces deux jeunes femmes ? Knutas doit au plus vite découvrir le mobile du meurtrier avant que celui-ci ne frappe de nouveau.

Auteur : Ancienne journaliste et productrice d'émissions d'information pour la télévision, Mari Jungstedt vit à Stockholm. Sa série policière mettant en scène le détective Anders Knutas l'a propulsée au premier rang des écrivains suédois de romans policiers.

Mon avis : (lu en mai 2011)

Lorsque Livraddict a proposé ce partenariat, j'étais curieuse de découvrir une  auteur scandinave que je ne connaissais pas.

Cette histoire se passe sur l'île suédoise de Gotland située dans la Mer Baltique. Un matin, Helena Hillerström part promener son chien. Elle sera retrouvée sauvagement assassinée sur la plage quelques heures plus tard. La police commence par soupçonner Per, son compagnon. Car Helena et Per avaient eu une grosse dispute la veille alors qu'ils accueillaient quelques amis pour la soirée. Quelques jours plus tard, une autre femme est assassinée et certains détails laissent à penser que c’est le même criminel qui a fait cela. Puis une troisième femme est retrouvée morte, il semble qu’il n’y ait aucun lien entre les différentes victimes… C’est le commissaire Anders Knutas qui dirige l’enquête et il doit composer avec la présence de journalistes toujours à la recherche du moindre scoop… et l’arrivée prochaine de nombreux touristes sur l’île pour l’été.

C’est un roman facile à lire, avec des chapitres courts qui donnent un bon rythme à l’enquête. Nous suivons à tour de rôle l’enquête policière, les investigations du journaliste et également par petites touches, les états d’âme du meurtrier. Le suspense est présent et les questions nombreuses…
C’est également l’occasion de découvrir l’île de Gotland, son atmosphère, sa nature, ses habitants. J’attache beaucoup d’importance à cette spécificité des romans scandinaves. L’enquête et les personnages sont moins fouillés que pour les romans policiers d’Arnaldur Indridason ou Camilla Läckberg, malgré cela j’ai passé un très bon moment de lecture.
Merci à Livraddict et
Livre de Poche de m'avoir permis de découvrir une nouvelle auteur suédoise, et j'ai déjà dans ma PAL « Les ombres silencieuses », l’enquête suivante du commissaire Anders Knutas.

Extrait : (début du livre)
La soirée se passait mieux qu’elle ne l’avait espéré. Elle avait été un peu nerveuse avant l’arrivée des invités – cela faisait si longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus. Mais maintenant, son inquiétude avait disparu. Après un verre d’alcool fort en guise de bienvenue, un vin blanc à l’entrée, plusieurs verres de vin rouge avec le plat principal et du porto au dessert, une atmosphère merveilleusement gaie régnait autour de la table. Kristian était encore en train de raconter une anecdote sur son chef, et des éclats de rire emplissaient le salon de la vieille maison en meulière.
Devant les fenêtres s’étalaient des champs de blé et des prés ondulants. Les coquelicots attendraient encore plusieurs semaines avant  de fleurir. Plus loin, dans un dernier crépuscule hésitant, on devinait la mer.
Helena et Per avaient pris quelques jours de congé et s’étaient installés dans leur maison de campagne sur l’île de Gotland, pour la Pentecôte. A l’occasion de ces brèves vacances, ils avaient l’habitude de rencontrer  les amis d’enfance d’Helena. Cette année, seul le lundi de Pentecôte avait convenu à tout le monde.
Il faisait particulièrement froid pour la saison, pas plus de dix degrés. Un vent violent hurlait et sifflait dans les cimes des arbres.
Helena rit à gorge déployée quand Per entonna une chanson paillarde qui parlait des gamins du continent courant les jupons des filles de Gotland, qu’elle lui avait apprise elle-même.
Tous les convives chantèrent le refrain : la meilleure amie d’Helena, Emma, et son mari Olle, les voisins Eva et Rikard, et puis Beata avec son nouveau mari John, un Américain qui participait pour la première fois à une de leurs rencontres. Kristian était le seul à être encore célibataire. Un bel homme, mais manifestement condamné à rester vieux garçon. Bien qu’il eût lui aussi déjà trente-cinq ans, il n’avait jamais vécu avec une femme. Au cours des dernières années, Helena s’était souvent demandé pourquoi.
Sur les rebords des fenêtres, des bougies brûlaient dans des chanceliers en fonte, et le feu crépitait dans la cheminée. Devant l’âtre, le chien Spencer couché sur une peau de bête se léchait les pattes et soupirait profondément en se pelotonnant dans la chaleur du feu.

Lu dans le cadre du Défi Scandinavie noire
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Suède : Mari Jungstedt

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Suède

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
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26 avril 2011

Le policier qui rit - Maj Sjöwall et Per Wahlöö

Lu dans le cadre Swap à 2 PAL swap___2__lLecture commune avec Mrs Pepys

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10/18 – juillet 1985 – 277 pages

Rivages – novembre 2008 – 327 pages

traduit de l'anglais par Michel Deutsch

Quatrième de couverture :
Par une pluvieuse soirée de novembre, tous les passagers d'un autobus sont massacrés au fusil mitrailleur. Jamais la Suède n'avait connu pareille tuerie, et l'opinion publique s'affole. Parmi les neuf victimes, un flic que Beck connaissait. Que faisait-il dans ce bus, à cette heure ? D'après sa compagne, il était surchargé de travail, mais Beck sait bien, lui, qu'il était pratiquement en congé... L'identification des victimes, puis l'étude minutieuse de leur passé, apportent peu à peu des indices. Et comme souvent, derrière la façade lisse des apparences, ce sont des réalités sordides qui émergent. Adapté au cinéma par Stuart Rosenberg en 1973 sous le titre : The laughing policeman (Le flic ricanant).

Auteurs : Per Wahlöö (né le 5 août 1926 à Göteborg et mort le 23 juin 1975 à Stockholm), diplômé de l'Université de Lund en 1946 consacra ses dix premières années de vie professionnelle au journalisme (il fut notamment reporter criminel) tout en publiant à partir de la fin des années 1950 quelques romans relevant pour l'essentiel du genre politique-fiction.
Maj Sjöwall (née le 25 septembre 1935 à Stockholm), était éditrice pour la maison d'édition suédoise Wahlström & Widstradt lorsqu'en 1961 elle rencontra Per Wahlöö qu'elle épousa l'année suivante.
Maj Sjöwall et Per Wahlöö ont écrit, entre 1965 et 1975, une série de dix romans mettant en scène l'enquêteur martin Beck et son équipe. Cette œuvre, influencée par Ed McBain et qui a marqué la littérature policière occidentale, est republiée dans des traductions entièrement revues à partir de l'original suédois.

Mon avis : (lu en avril 2011)
Nous avons décidé d'inauguerer nos Lectures Communes pour le Swap à 2 PAL avec ce livre qui faisait parti de nos PAL respectives. Pour ma part, il m'a été offert par Mrs Pepys lors du Swap Frissons en Noir & Blanc organisé par Canel.
C'est la première fois que je lisais ce couple d'auteurs. « Le Policier qui rit » a été écrit en 1968 et a été publié pour la première fois en France en 1970 sous le titre « Le massacre de l'autobus ». C'est le quatrième livre de la série.
Tout commence avec le mitraillage des passagers d'un bus à impériale de Stockholm, tuant huit personnes et en blessant grièvement une neuvième. Des passagers qui, a priori, n'ont rien à voir les uns avec les autres. Pas de témoins, pas d'indices et plus surprenant, parmi les victimes, l'inspecteur Ake Senstrom, jeune collaborateur de Martin Beck. Ce dernier avec son équipe d'enquêteurs va tout d'abord s'intéresser au passé des victimes, cela permet au lecteur de découvrir un certain échantillon de la société suédoise mais aussi le fonctionnement du commissariat et l'avancée pas à pas de l'enquête. L'intrigue est fort bien construite, des pistes nombreuses à explorer.
Avec cette enquête, j'ai découvert l'inspecteur Martin Beck un homme calme, très consciencieux dans son travail et qui mène scrupuleusement son enquête. Côté vie privé, il est marié depuis dix-sept ans, mais il préfère dormir sur le canapé du salon, il a deux enfants.
La météo exécrable de la saison est également présente dans ce livre, « Ce soir-là, il pleuvait à verse sur Stockholm. », « Le temps était abominable. Des nappes d'eau dégringolaient des toits, crépitaient sur les fenêtres, et les rues étaient presque vides. », « Quel temps, songea-t-il avec écœurement en regardant par la fenêtre. Novembre, l'obscurité, la pluie, le froid. L'hiver approchait. Bientôt, ce serait la neige. »
J'ai été très contente de cette découverte suédoise qui m'a beaucoup plu et je lirai volontiers d'autres livres de la série.

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Ce livre a été adapté au cinéma par Stuart Rosenberg en 1973 sous le titre : The Laughing Policeman (en français : Le Flic ricanant ).

Merci à Mrs Pepys de m'avoir offert ce livre et allons voir son avis.

La révélation des colis du Swap à 2 PAL sera pour le 30/04 (samedi prochain !)

Extrait : (début du livre)
C'était le 13 novembre. Ce soir-là, il pleuvait à verse sur Stockholm. Martin Beck et Kollberg étaient plongés dans une partie d'échecs. Ils étaient chez ce dernier, qui habitait un appartement de la banlieue sud, pas bien loin de la station de métro Skärmarbrink. Les derniers jours avaient été plutôt calmes et les deux hommes n'étaient pas de service.
Martin Beck jouait très mal aux échecs mais cela ne le décourageait pas. Kollberg avait une petite fille de deux mois à peine et, aujourd'hui, il lui fallait faire office de baby-sitter. Beck, de son côté, n'avait aucune envie de rentrer chez lui à moins d'une nécessité absolue. Le temps était abominable. Des nappes d'eau dégringolaient des toits, crépitaient sur les fenêtres, et les rues étaient presque vides. Les rares passants qui y déambulaient avaient certainement des raisons impérieuses pour être dehors par une nuit pareille.
[…]
Là-bas, dans l'appartement de Skärmarbrink, Kollberg rangea les pièces dans la boîte de bois et le couvercle à glissière se referma avec un bruit sec. Sa femme était rentrée de faire ses courses. Elle était aussitôt allée se coucher.
- Tu ne t'y mettras jamais, soupira-t-il.
- Il paraît qu'il faut un sens particulier, répondit Martin Beck d'une voix lugubre. Je suppose que ça doit s'appeler le sens de l'échec.
Kollberg changea de sujet :
- Je parie qu'il doit y avoir un drôle de foutoir du côté de Strandvägen.
- Sûrement. Mais pourquoi ?
- Ils devaient remettre une lettre à l'ambassadeur.
Une lettre... Pourquoi ne l'ont-ils pas envoyée par la poste ?
- Cela n'aurait pas fait autant de bruit.
- Effectivement. Mais quand même, c'est d'une telle stupidité qu'on en a honte.
- Oui, approuva Martin Beck.
Il avait mis son manteau et son chapeau. Il était prêt à partir. Kollberg se leva vivement.
- Je descends avec toi.
- Pour quoi faire ?
- Oh ! Histoire de me dégourdir un peu les jambes.
- Par ce temps ?
- J'aime la pluie, dit Kollberg en enfilant un imperméable de popeline bleu marine.
- Ça ne suffit pas que je sois déjà enrhumé ?
Martin Beck et Kollberg étaient policiers. Ils appartenaient à la brigade criminelle. Pour le moment, ils n'avaient rien de spécial à faire et pouvaient s'estimer libres de disposer de leur temps sans mauvaise conscience.
Il n'y avait pas un seul policier dans les rues. C'était en vain que, devant la gare centrale, une vieille dame attendait qu'un agent s'approche d'elle, la salue et, le sourire aux lèvres, la fasse traverser. L'individu qui venait de lancer une brique dans une vitrine n'avait pas à s'inquiéter : aucun hululement de sirène ne viendrait brusquement interrompre ses activités.
La police était occupée.
Une semaine auparavant, le chef de la police avait publiquement déclaré que cette dernière serait contrainte de négliger une grande partie de ses missions pour protéger l'ambassadeur des États-Unis des lettres et autres expressions du mécontentement des gens qui n'aimaient ni Lyndon Johnson ni la guerre du Vietnam.
L'inspecteur Lennart Kollberg n'aimait pas Lyndon Johnson, il n'aimait pas non plus la guerre du Vietnam mais il aimait marcher sous la pluie.
A 23 heures, il pleuvait toujours et on pouvait considérer que la manifestation était dispersée.
A la même heure, huit meurtres et une tentative d'assassinat eurent lieu à Stockholm.

Lu dans le cadre du Défi Scandinavie noire
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Suède : Maj Sjöwall et Per Wahlöö

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Suède

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
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 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Métier"

 

22 avril 2011

Automne – Mons Kallentoft

 automne Éditions du Rocher - mars 2011 - 475 pages

traduit du suédois Max Stadler et Lucile Clauss

Quatrième de couverture :
Jerry Petersson est un riche avocat parvenu. Tout le monde le déteste. Aussi, quand on retrouve son cadavre dans les douves du château qu'il vient d'acheter, personne n'est étonné. Malin mène l'enquête, qui l'amène sur l'île de Ténérife. Un dépaysement dont elle a bien besoin. Rien ne va plus chez elle.
C'est l'automne à Linkôping. Il pleut, le temps est maussade et froid. Malin, maintenant bien connue du public français, est toujours aussi fragile. Elle devra affronter ses vieux démons et sa solitude pour se lancer aux trousses du tueur.

Auteur : Mons Kallentoft est né en 1968 en Suède. Journaliste et auteur, il a déjà publié cinq romans qui ont reçu de nombreux prix. Vendus à 500 000 exemplaires et traduits en 19 langues, Hiver et Eté ont connu un succès retentissant dès leur parution.

 

Mon avis : (lu en avril 2011)
C'est avec « Hiver » que j'avais fais connaissance avec la commissaire Malin Fors avec beaucoup de plaisir. Après la canicule de « Été », j'avais quitté Malin et Tove, sa fille, qui avaient vécu le pire.
Nous retrouvons dans « Automne », Malin Fors en pleine dépression, elle a essayé de se remettre avec le père de Tove, Jan, pompier pour donner à sa fille un foyer stable. Malheureusement, c'est un échec, et elle s'est mise à boire de plus en plus pour supporter son quotidien.
Le livre est assez très long à démarrer. En effet, l'auteur commence par nous présenter tous les personnages du livre, la victime, les enquêteurs, les suspects et il y a également des retours sur le passé. Ce n'est qu'au bout d'une soixantaine de pages que Jerry Petersson, riche avocat parvenu, est retrouvé mort dans les douves du château de Skogså qu’il venait de racheter à la famille Fågelsjö, une famille de nobles propriétaires de ce château depuis près de cinq cent ans. Avec son équipe d'enquêteurs et leur soutien Malin va malgré tout mener l'enquête. Celle-ci l'emmènera jusqu’à Ténérife, là où habitent ses parents qu'elle n'a pas revu depuis trois ans.
L'enquête policière est plutôt bien menée malgré Malin en proie à son problème d'alcool et ses démons du passé. Comme dans les deux premiers tomes, Malin entend la voix des morts (paragraphes en italiques) ce qui donne des indices au lecteur en avant première.

J'ai cependant été un peu déçu par ce troisième épisode, je l'ai trouvé brouillon, le mal-être de Malin m'a rendue mal à l'aise et le climat automnale pluvieux et humide n'a pas arrangé les choses... Cependant, j'attends avec impatience la conclusion de l'histoire avec « Printemps » (qui sortira à l'automne prochain), car je me pose encore beaucoup de questions sur Malin.

Extrait : (page 13)
Lentement, lentement, dans la nuit. Elle accélère juste ce qu'il faut pour ne pas partir en tête-à-queue. Les mains tremblantes sur le volant. Il fait sombre derrière les vitres de la voiture, sombre et humide. La tempête est si forte que la pluie tombe à l'horizontale. Le pare-brise pleure des larmes noires, contre lesquelles les essuie-glaces ne peuvent rien. Malin Fors roule sur un chemin forestier. Les branches s'accrochent à la voiture comme les tentacules noueux de quelque animal préhistorique. Elle retire une main du volant, ralentit, se frotte les yeux, et se persuade que ces gouttes sur ses joues ne sont que des gouttes de pluie. Et rien d'autre. A respirer l'air vicié de la voiture, elle ne se sent pas très bien. La pluie tambourine sur le toit blanc de la voiture. Le bruit couvre celui du moteur, et semble crier à Malin : "Tu as fait ton choix, tu ne peux plus revenir en arrière. Ce qui est fait est fait, Malin Fors !" Elle tremble de tout son corps. Le visage de Jan danse devant le pare-brise, celui de Tove aussi. Le visage de l'adolescente est effrayant de pâleur, et ses contours apparaissent dans la sombre nuit d'automne. A chaque fois que Tove essaie de parler, sa voix disparaît dans le fracas de la grêle sur le toit. Les vêtements mouillés de Malin lui collent au corps. Elle distingue maintenant les lumières de Linköping qui ondulent et grandissent dans la nuit. Elle accélère alors et pense : "les dés sont jetés, je ne peux plus rien y faire." Le visage de Jan est toujours là devant elle. Il n'a pas l'air triste, ni même en colère, seulement fatigué. Cela l'effraie.

Déjà lu du même auteur :

hiver Hiver    _t_ Été

Lu dans le cadre du Défi Scandinavie noire
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Suède : Mons Kallentoft

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Suède

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
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21 avril 2011

Le Roi Oscar et autres racontars – Jørn Riel, Gwen de Bonneval, Hervé Tanquerelle

 Lu durant le Read-A-Thon Avril 2011RAT_9_10_04_2011

le_roi_oscar_x Éditions Sarbacane - janvier 2011 – 112 pages

Quatrième de couverture :
De son séjour dans les années 50 chez les trappeurs du Groenland, Jorn Riel a rapporté ses désormais célèbres racontars. Un racontar, " c'est une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge. À moins que ce ne soit l'inverse " explique-t-il, plein de malice. Il ajoute - modestement - qu'il s'est contenté de rapporter, endossant le rôle de conteur et de passeur. Rôle qu'assument à leur tour Hervé Tanquerelle et Gwen de Bonneval en adaptant ces fabuleux récits en bande dessinée, où le burlesque et l'absurde se mêlent à la poésie et l'aventure.

Auteurs :
Jørn Riel est un écrivain danois, né en 1931. Jørn Riel s'est engagé en 1950 dans une expédition scientifique pour le nord-est du Groenland, où il passera seize années, notamment sur une base d'étude de l'île d'Ella. De ce séjour, il tirera le versant arctique de son œuvre littéraire, dont la dizaine de volumes des Racontars arctiques, ou la trilogie Le Chant pour celui qui désire vivre. Dans ces romans, dédiés à son ami Paul-Émile Victor, Jørn Riel s'attache à raconter la vie des populations du Groenland. Il reçoit en 2010 le Grand Prix de l'Académie danoise pour l'ensemble de son œuvre. Il vit actuellement en Malaisie.

Gwen de Bonneval est né le 9 janvier 1973 à Nantes. Après quelques dessins publiés dans la presse, il monte avec deux autres personnes une boîte de communication, expérience qui durera 3 ans. Puis il redevient indépendant, travaille également pour la jeunesse via le journal de Mickey ou Spirou. Mais c'est véritablement après son entrée à l'atelier des Vosges qu'il se consacre plus assidûment à la BD. C'est à cette période qu'il rencontre Fabien Vehlmann avec lequel il réalise Les Aventures de Samedi et Dimanche chez Dargaud. En parallèle, il dessine deux pages mensuelles pour un périodique de Nathan, et très vite propose une nouvelle série aux éditions Delcourt. Basile Bonjour est la transposition littérale de notre monde contemporain au sein de l'école.

Hervé Tanquerelle, né le 9 août 1972 à Nantes, est un dessinateur de bandes dessinées. Il intègre l’école Émile Cohl de Lyon et a comme professeur Yves Got, dessinateur du Baron Noir scénarisé par René Pétillon. C'est en 1998 que sort son premier livre, La Ballade du Petit Pendu, chez l'Association. Il participe au recueil Comix 2000. Suit une collaboration avec Hubert sur la série Le Legs de l'Alchimiste dont il fera les trois premiers tomes. Joann Sfar le repère et lui cède la partie graphique de la série Professeur Bell à partir du troisième album de la série jusqu'au cinquième actuellement. Contributeur régulier dans le mensuel Capsule Cosmique, il y crée le personnage de Tête Noire, petit catcheur mexicain qui se bat contre des monstres idiots. Shakabam est le premier album de la série Tête Noire. Il fut un des dessinateurs réguliers de Lucha Libre dans lequel il dessina Melindez et les Luchadoritos, série de gags en une page sur scénario de Jerry Frissen.

Mon avis : (lu en avril 2011)
J'avais aimé La Vierge froide et autres racontars et j'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir les trappeurs du nord-est du Groenland de Jørn Riel dans "Le Roi Oscar et autres racontars". Les racontars sont savoureux et formidablement adaptée par Gwen de Bonneval et dessinée avec humour par Hervé Tanquerelle.

Cette fois-ci, ce sont quatre histoires : un repas de funérailles qui se termine en beuverie, la lutte fratricide pour le confort des WC, le Roi Oscar le cochon domestique, la découverte de la vie de trappeur polaire. Des histoires drôles, loufoques et des personnages hauts en couleurs mais aussi très attachants, je ne m'en lasse pas. N'hésitez pas à découvrir le Groenland et ses trappeurs !

Extrait :

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Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Danemark

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
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Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Prénom"

Du même auteur : La_vierge_froide_et_autres La Vierge froide et autres racontars


 

16 avril 2011

Sang chaud, nerfs d'acier – Arto Paasilinna

Lu (en partie) durant le Read-A-Thon Avril 2011RAT_9_10_04_2011

sang_chaud__nerfs_d_acier Éditions Denoël – mai 2010 – 217 pages

traduit du finnois par Anne Colin du Terrail

Quatrième de couverture : Linnea Lindeman - une forte femme, poissonnière, chasseuse de phoques et accoucheuse un peu chamane - a une vision : Antti Kokkoluoto, héros aux nerfs d'acier mais au sang chaud, naîtra en 1918, au moment même où la Finlande tout juste indépendante plongera dans la guerre civile, et s'éteindra un beau jour de 1990. Entre-temps, Antti mènera une vie épique, comme seul Paasilinna sait les concocter : plongé tout jeune dans les secrets du métier de commerçant et de maquignon, mais aussi de la contrebande d'alcool, on le verra tour à tour endosser l'habit d'entrepreneur, de père de famille, d'homme politique, et même de champion olympique de tir au pistolet ! La crise de 1929, les affrontements récurrents entre fascistes et communistes, la Seconde Guerre mondiale viendront ponctuer cette truculente saga portée par l'imagination de Paasilinna, qui réussit le pari d'initier le lecteur à l'histoire de la Finlande sans jamais rien perdre de son humour et de sa fantaisie.

Auteur : Arto Paasilinna est né en Laponie finlandaise en 1942. Successivement bûcheron, ouvrier agricole, journaliste et poète, il est l'auteur d'une vingtaine de livres, pour la plupart traduits en français et publiés chez Denoël où ils ont toujours rencontré un grand succès. Citons entre autres Le Meunier hurlant, Le Lièvre de Vatanen, Petits suicides entre amis ou encore Un homme heureux. 

 

Mon avis : (lu en avril 2011)
J'avais des réticences à lire le dernier livre de Paasilina car j'avais vraiment été très déçue par le précédent «Les dix femmes de l'industriel Rauno Rämekorpi », sans compter la couverture du livre peu attirante et que je n'ai toujours pas compris... Mais au Salon du Livre de Paris, sur le stand des Lettres Nordiques j'ai eu l'occasion de discuter avec quelqu'un qui l'avait lu et cela m'a donné envie de l'emprunter à la bibliothèque. Et je ne l'ai pas regretté.
Avec ce livre Arto Paasalinna nous raconte l'histoire de la Finlande, bien sûr à sa manière, de 1917 à nos jours. Tout commence par le personnage haut en couleur de Linnea Lindeman, qui est à la fois chasseuse de phoques, accoucheuse et chamane. A quelques jours de la naissance de Antti Kokkoluoto en 1917, elle lui prédit de vivre jusqu'à l'été 1990. Cette prédiction va aider Antti et sa famille à survivre aux difficultés d'abord de la Crise puis de la Guerre qui frappera la Finlande.
Ce livre nous raconte donc toutes les péripéties dont certaines sont plutôt drôles de la longue vie d'Antti.

Avec ce livre, j'ai retrouvé le côté loufoque et décalé des premiers livres de Paasalinna et j'ai beaucoup aimé découvrir l'Histoire de la Finlande au XXème siècle.
Fin 1917, la Finlande obtient son indépendance vis à vis de la Russie. En 1939, la Finlande est attaqué par l'Union Soviétique. En 1941, la Finlande devient, malgré elle, une alliée de l'Allemagne contre l'Union Soviétique. En 1947, la Finlande sort ruinée et ravagée de la guerre, elle est contrainte de payer des lourdes réparations. La Finlande conserve cependant son indépendance. Durant la Guerre Froide, la Finlande adopte une politique de neutralité.

Extrait : (début du livre)
Quand une chamane entre en transe sur une mer en furie, le monde est pris de vertige. Les mouettes heurtent les vagues et les sternes sanglotent.
En cette venteuse journée d'automne de 1917, la harengère, accoucheuse et devineresse Linnea Lindeman relevait ses nasses dans la baie de Botnie. Avec ses trois verveux et sa chaloupe phoquière de trente pieds, elle pêchait en général sur les hauts-fonds de Trullögrundet, à six milles au nord d'Ykspihlaja. Elle avait pris la mer de bon matin. Au fil de la journée, le vent avait forci, mais Linnea n'avait pas peur du gros temps, elle aimait les puissantes tempêtes d'équinoxe. Sur le chemin du retour, elle posa les rames et laissa sa barque dériver vers son port d'attache, vent en poupe, sur les vagues crêtées d'écume.
Soudain son corps robuste fut pris de tremblements. Elle ferma les yeux et entra en contact avec la face cachée de la réalité. Telle la lumière d'un phare, son esprit balaya l'étrange océan secret de la clairvoyance. Une certitude la frappa, issue des hauteurs insondables du ciel, jaillie des nuées d'orage sous les traits d'une orfraie, d'un immense aigle de mer bicéphale ! L'oiseau était porteur d'un envoûtant message, avec deux dates précises. Le 8 janvier suivant, Linnea aiderait à mettre au monde un garçon. Et ce garçon ne mourrait qu'à l'été 1990. Quand une chamane s'endort, son cerveau reste en éveil.

Déjà lu du même auteur :

le_lievre_de_Vatanen  Le lièvre de Vatanen  prisonnier_paradis Prisonniers du paradis

la_cavale_du_g_om_tre La cavale du géomètre  un_homme_heureux Un homme heureux  

la_douce_empoisonneuse_2 La douce empoisonneuse Petits_suicides_entre_amis_2 Petits suicides entre amis 

le_meunier_hurlant Le meunier hurlant

 le_bestial_serviteur Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen

le_cantique_de_l_apocalypse Le Cantique de l'apocalypse joyeuse  

les_dix_femmes_de_l_ing_nieur Les dix femmes de l'industriel Rauno Rämekorpi 
 

Lu dans le cadre du Défi Scandinavie blanche
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Finlande

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Finlande

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
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15 avril 2011

Des étoiles au plafond - Johanna Thydell

 Lu durant le Read-A-Thon Avril 2011RAT_9_10_04_2011

des__toiles_au_plafond Thierry Magnier – septembre 2010 – 325 pages

traduit du suédois par Agneta Ségol

Quatrième de lecture :
Tout allait bien pour Jenna, quand sa mère est tombée malade. Et franchement gérer le quotidien, les courses, les repas, le ménage, ça n'a rien de drôle. Heureusement il y a Susanna, sa meilleure amie, celle avec qui elle peut fantasmer sur Sakki et partager sa haine pour sa voisine Pénélope, pourtant adulée par tous au collège. Chaque jour, la santé de sa mère se dégrade, Jenna grandit, change, elle comprend que la grande liberté de Pénélope cache quelque chose. Comment rester insensible à l'histoire de cette toute jeune fille qui continue sa vie de pré-ado en affrontant un chagrin trop grand ? Premier roman d'une jeune auteure suédoise, traduit en dix-sept langues, joué au théâtre et adapté en long métrage.

Auteur : Née en 1968 à Göteborg, Johanna Thydell a étudié le cinéma et la mise en scène à Stockholm. Son premier court-métrage reçoit un prix en République tchèque. Elle vit ensuite pendant deux ans à New York comme scénariste et réalisatrice et travaille également pour la télévision.

Mon avis : (lu en avril 2011)
Le livre s'ouvre sur ce poème que Jenna a fait lors d'un cours de suédois :

Si tu meurs, maman, je me ferai mourir.
Oui.
Je me ferai mourir.
Non, on ne dit pas se faire mourir.
On dit se donner la mort.
Ou se suicider.
Donc.
Si tu meurs, maman, je me suiciderai.

Jenna est une adolescente dont la mère est en train de mourir d'un cancer du sein. Et même si elle a honte de le penser, elle a honte de sa mère malade. Jenna ne veut pas faire pitié et elle évite que cela se sache. C'est son secret. Aussi elle vit plusieurs vies à la fois, celle de l'adolescente qui grandit et qui se cherche, celle qui s'occupe de la maison et doit aider sa mère pour faire les courses et les tâches du quotidien, celle de la petite fille qui a du chagrin et qui a peur de l'avenir sans sa maman...
En tant qu'ado, comme sa meilleure amie Susanna, elle se sent moche et totalement fade. Jenna déteste Pénélope, la fille la plus glamour de l'école, qui habite juste au-dessus chez d'elle et qui organise les plus belles soirées du collège où elle n'est jamais invitée. Elle aimerai que Sakki, le garçon qu'elle admire, la remarque.
Le quotidien s'est les séjours de sa maman à l'hôpital et ses grands-parents qui débarquent dans l'appartement et bouleverse son chez-soi.
La petite fille espère un miracle, et se rappelle des souvenirs d'avant la maladie en regardant les étoiles au plafond de sa chambre.
Un jour Pénélope découvre son secret et l'inattendue se produit...

Ce livre est très beau, il raconte une histoire triste et bouleversante qui m'a donné les larmes aux yeux mais qui m'a également fait rire. Jenna est une adolescente formidable et très courageuse. Sa maman, très discrète dans l'histoire est une belle personne.
Ce livre est vraiment un beau message d'espoir et de courage !

Extrait : (page 33 - Chapitre 4)
G&G (C'est comme ça que Jenna appelle grand-mère et grand-père) habitent un trou paumé où il n'y a rien qu'une banque, un kiosque à journaux et un tas de dames qui saluent tous ceux qu'elles croisent. Il faut vingt minutes pour s'y rendre en car.
Mais Jenna et maman ne s'y rendent plus en car.
Elles utilisent le transport communal pour handicapés.
Jenna déteste ça. Mais elle sait à quel point c'est fatiguant pour maman de monter et de descendre du car lors des changements. C'est particulièrement fatigant les jours où elle a mal et surtout quand elle est obligée de se déplacer avec ses béquilles. Au début, maman n'aimait pas le transport communal pour handicapés, elle non plus, mais on s'habitue à presque tout.
Surtout quand on n'a pas le choix.
Jenna a à peine le temps de descendre de la voiture que grand-mère lui saute dessus dans un nuage de noix de coco.
- Bienvenue ! Je ne voudrais pas vous tacher avec mon huile solaire ! hurle grand-mère en les serrant dans ses bras.
- On n'en mourra pas, rit maman.
- Il faut faire attention à soi, dit grand-mère sur un ton indigné en secouant ses cheveux roux et bouclés aux racines grises.
Et elle se met à parler de la couche d'ozone, de l'effet de serre et de tout ce qui a changé, de la chaleur exceptionnelle même en septembre, mais oh comme je suis heureuse que vous soyez là !
Grand-mère ouvre la porte. Une fois dans l'entrée, elle crie tellement fort que Jenna a peur que le miroir (toujours sans taches de doigts) se décroche et s'écrase par terre.
- Aaaalbin, hurle-t-elle. Albin, elles sont là !
Jenna entend des grincements et des craquements dans le salon. Le bruit vient d'un canapé Mes petites mignonnettes ! Vous allez bien ? Ça n'a pas été trop compliqué de venir jusqu'ici ?
Grand-père fait remarquer que maman n'a pas ses béquilles et maman lui adresse un sourire triomphant, il pose quelques questions sur son prochain rendez-vous à l'hôpital et Jenna se dépêche de se glisser entre son gros ventre et maman pour se réfugier dans la cuisine.
Où tout est aussi parfait que d'habitude.
Pas de poussière dans les coins, pas d'objets inutiles qui traînent (en revanche, ils sont nombreux sur les étagères), pas de sac-poubelle oublié sur le palier. Les franges des tapis bien peignées. La vaisselle rincée et soigneusement rangée dans le lave-vaisselle.
Bienvenue chez G&G !
- Maintenant on va prendre le café, annonce grand-mère qui trouve que grand-père et maman s'attarde trop dans l'entrée.
Tout le monde s'installe, tout le monde admire la belle crème fouettée sur le gâteau fait maison, tout le monde prend café pendant une éternité.
- Ça se passe bien au collège, Jenna ? demande grand-mère après avoir discuté tringles à rideaux avec maman.
Grand-mère pose toujours la même question. Et elle veut toujours entendre la même réponse. Que ça se passe bien.
- Oui, ça se passe bien, répond donc Jenna.
- Tu es une bonne petite, Jenna-Penna, dit grand-père tout en mâchant bruyamment du gâteau.
- Oh oui, dit grand-mère. Et tu t'occupes bien de maman quand vous êtes chez vous, n'est-ce pas ? Tu l'aides quand elle a besoin de toi, n'est-ce pas ?
Les mots de grand-mère restent suspendus dans l'air. Un grand silence s'installe autour de la table. On entend l'horloge dans le salon. Dong dong dong. Jenna se dit que c'est un marteau qui tape sur la tête de grand-mère.
Grand-mère supporte mal le silence. Elle tripote et tourne les bracelets en or qu'elle a eus pour son anniversaire.
- Bien sûr qu'elle m'aide, dit maman tout en caressant les genoux de Jenna. Bien sûr.
Grand-mère hoche la tête, bien sûr qu'elle l'aide, bien sûr, et elle se met à parler de Gun la voisine qui a chargé de voiture, des Carlsson qui vont déménager, de la fille de Lasse à Svängen qui va avoir un bébé. Grand-père acquiesce et maman dit ah oui ? ah bon ? et ils sauvent ainsi la situation en se parlant de la vie des autres.
Jenna, elle, ne dit rien.
Il ne faut pas penser de mal de sa grand-mère. Mais parfois Jenna ne peut pas s'en empêcher. Il faut épauler maman, Jenna. Il faut aider maman, Jenna. Il faut penser à maman, Jenna. Ta mère est une battante, Jenna.
Comme si Jenna ne le savait pas ! Comme si Jenna ne voyait rien, ne s'apercevait de rien, ne se rendait pas compte des douleurs de maman, de ses difficultés à respirer, de sa soif, de sa fatigue, de ses nausées. Comme si Jenna vivait ailleurs que dans l'appartement avec maman.
Non.
Elle ne vit pas ailleurs.
Mais il lui arrive de le souhaiter.

Lu dans le cadre du Défi Scandinavie blanche
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Suède : Johanna Thydell

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Suède

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
Viking_Lit

Livre 39/42 pour le Challenge du 6% littéraire
1pourcent2010

27 mars 2011

L'homme inquiet – Henning Mankell

l_homme_inquiet Seuil – octobre 2010 – 551 pages

Quatrième de couverture :
Wallander a réalisé ses rêves : vivre à la campagne avec son chien. Et il est devenu grand-père d’une petite Klara. Sa fille Linda vit avec le père de l’enfant, incroyable mais vrai, un financier aristocrate. Le beau-père de Linda, ancien officier de marine haut gradé, disparaît après avoir évoqué avec Wallander la guerre froide et les sous-marins russes dans les eaux territoriales suédoises. Puis la belle-mère est retrouvée morte. Soupçons d’espionnage. Au profit de la Russie ? Des États-Unis ? Wallander mène une enquête parallèle à celle de la police de Stockholm et des services secrets.

Auteur : Henning Mankell, né en Suède en 1948, est devenu mondialement célèbre grâce à ses fameuses enquêtes de l'inspecteur Kurt Wallander : une série de polars qui a commencé en 1991 avec Meurtriers sans visage et s'est vendue à des millions d'exemplaires dans le monde. Gendre d'Ingmar Bergman, dont il a épousé la fille Eva en secondes noces, Mankell a également écrit des livres pour la jeunesse, des romans dont le magnifique Les chaussures italiennes, paru en 2009, des pièces de théâtre. Depuis 1996, l'écrivain partage sa vie entre son pays natal et le Mozambique, où il dirige le Teatro Avenida.

 

Mon avis : (lu en mars 2011)
Même si je n'ai lu que les deux premières enquêtes de Wallander, je n'ai pas résisté à la tentation de d'emprunter à la bibliothèque et de lire cette nouvelle enquête que la couverture annonce comme la dernière du fameux inspecteur. Et j'ai savouré avec beaucoup de plaisir cette enquête.

Tout commence avec la disparition du beau-père et de la belle-mère de sa fille Linda. Håkan von Enke est un ancien officier de marine à la retraite. Un beau jour, il disparaît sans laisser aucune trace. Son fils Hans et Linda demandent à Wallander de participer à l'enquête, il va se rendre à Stockholm rencontrer Louise la femme de Håkan pour essayer de comprendre la raison de cette disparition. Quelques jours plus tard, Louise disparaît à son tour...
Cette enquête qui va entraîner entraîner Wallander dans une histoire d'espionnage militaire, dans les profondeurs sous-marines et l'histoire politique de la Suède durant les années de la Guerre froide.

Dans ce livre, Wallander, devenu grand-père d'une petite Klara, prend conscience de son âge et se met à redouter la vieillesse avec ses maux et ses angoisses. Elle se manifeste chez lui par des troubles de la mémoire qui le terrifie. Au cours de son enquête, Kurt Wallander revient également sur son passé en faisant comme un bilan de ses années d'enquêtes dont il évoque quelques souvenirs. Il passe également le témoin à sa fille Linda qui travaille elle-aussi dans la police à Ystad. Wallander est un personnage si attachant, tellement humain, le lecteur se sent proche de lui.

Il est donc bien sûr triste de quitter Kurt Wallander avec cette neuvième enquête, mais pour moi, je ne le quitte pas tout à fait, puisque j'ai encore ses enquêtes n°3 à n°8 à découvrir et à savourer !

Extrait : (page 17)
L'année de ses cinquante-cinq ans, Kurt Wallander réalisa à sa propre surprise un rêve qu'il portait en lui depuis une éternité. Plus exactement depuis son divorce d'avec Mona, qui remontait à près de quinze ans maintenant. Ce rêve était de quitter l'appartement de Mariagatan, où les souvenirs douloureux étaient incrustés dans les murs, et de partir s'installer à la campagne. Chaque fois qu'il rentrait chez lui après une journée de travail plus ou moins désespérante, il se rappelait qu'il avait autrefois vécu là en famille. Il lui semblait que les meubles eux-mêmes le regardaient avec un air désolé et accusateur. 

Il ne se faisait pas à l'idée qu'il continuerait à vivre là jusqu'au jour où il serait tellement vieux qu'il ne pourrait plus se débrouiller seul. Il n'avait même pas atteint la soixantaine, mais le souvenir de la vieillesse solitaire de son père le hantait. S'il avait une certitude, c'était qu'il ne voulait pas reproduire le modèle. Il lui suffisait d'apercevoir son reflet dans la glace en se rasant le matin pour constater qu'il ressemblait de plus en plus au vieux alors que, dans sa jeunesse, il avait eu plutôt les traits de sa mère. L'âge venant, son père paraissait peu à peu prendre possession de lui, tel un coureur qui serait resté longtemps embusqué dans le peloton de queue et qui, à l'approche de la ligne d'arrivée, passait à l'attaque. 
L'image du monde qu'avait Wallander était assez simple. Il ne voulait pas être un solitaire aigri, ne voulait ni vieillir seul en recevant la visite de sa fille et de temps à autre, peut-être, celle d'un ancien collègue qui se serait soudain souvenu qu'il était encore en vie. Il n'entretenait aucun espoir édifiant comme quoi Autre Chose l'attendait après la traversée du fleuve noir. Il n'y avait rien là-bas que la nuit d'où il avait émergé à sa naissance. Jusqu'à ses cinquante ans, il avait entretenu une peur confuse de la mort, et du fait de devoir rester mort si longtemps, pour reprendre la formule qui résumait le mieux, pour lui, son sentiment. Il avait vu trop de cadavres au cours de sa vie et rien sur leurs visages muets ne suggérait qu'un Ciel eût recueilli leur âme. Comme tant d'autres policiers, il avait assisté à toutes les variantes imaginables de la mort. Juste après son cinquantième anniversaire - célébré au commissariat par l'achat d'un gâteau et par un fade discours de la chef de police de l'époque, Lisa Holgersson, qui s'était contentée d'aligner un chapelet de platitudes - il avait commencé à évoquer dans un carnet, acquis pour l'occasion, tous les morts qui avaient un jour ou l'autre croisé son chemin. Une activité macabre, dont lui-même ne comprenait pas du tout pourquoi elle l'attirait tant. Parvenu à son dixième suicidé - un toxicomane d'une quarantaine d'années affligé de tous les problèmes qui puissent exister -, il laissa tomber. Le type, qui s'appelait Welin, s'était pendu dans le grenier de son squat. Il s'était arrangé pour se rompre les vertèbres cervicales et éviter ainsi d'être étranglé à petit feu. Le légiste avait par la suite confié à Wallander que le stratagème avait réussi, et qu'il était mort sur le coup ; ainsi cet homme avait réussi à être pour lui-même un bourreau compétent. Après cela, Wallander avait abandonné les suicidés et consacré stupidement quelques heures à essayer de se rappeler plutôt les jeunes morts, y compris les enfants, qu'il avait vus au long de sa carrière. Mais il y renonça vite, c'était trop désagréable. Dans la foulée, il eut honte et brûla son carnet, comme s'il s'était laissé aller à un penchant pervers, un penchant défendu. Au fond, se dit-il, il était quelqu'un de foncièrement jovial. Il devait juste s'autoriser à cultiver un peu plus cet aspect de lui-même. 
Mais la mort l'avait toujours accompagné. Il lui était aussi arrivé de tuer. Par deux fois. Dans les deux cas, l'enquête interne avait conclu à la légitime défense. 
Ces deux êtres humains dont il avait causé la mort, c'était sa croix, tout à fait personnelle, qu'il portait en lui. S'il ne riait pas souvent, il le devait à ces expériences subies malgré lui. 

Un beau jour, cependant, il prit une décision cruciale. Il s'était rendu à Löderup pour discuter avec un agriculteur victime d'une agression, non loin de la maison où vivait autrefois son père. En revenant vers Ystad, il aperçut le panneau d'une agence immobilière signalant une maison à vendre au bout d'un chemin gravillonné. La décision surgit de nulle part. Il freina, fit demi-tour et emprunta le chemin. Le corps de ferme à colombages devait à l'origine former un quadrilatère tronqué, mais l'une des ailes avait disparu, peut-être suite à un incendie. Il en fit le tour. C'était une belle journée au début de l'automne. Il se rappellerait le vol d'oiseaux migrateurs qui était passé en ligne droite, plein sud, juste au-dessus de sa tête. A priori seul le toit avait besoin d'être refait. La vue qu'on avait depuis la maison était éblouissante. On devinait la mer au loin, peut-être même distinguait-il la forme d'un ferry arrivant de Pologne, en route vers Ystad. Cet après midi-là, au mois de septembre 2003, il entama en quelques instants une histoire d'amour avec la maison solitaire. 
Il remonta dans sa voiture et se rendit tout droit chez l'agent immobilier à Ystad. Le prix n'était pas si élevé qu'il ne puisse prendre un crédit dont il aurait les moyens de rembourser les traites. Dès le lendemain, il était de retour sur les lieux en compagnie de l'agent, un jeune homme qui s'exprimait d'une voix forcée et donnait l'impression d'être complètement ailleurs. La maison, expliqua-t-il à Wallander, appartenait à un jeune couple originaire de Stockholm qui avait choisi de s'installer en Scanie ; mais ils ne l'avaient même pas encore meublée qu'ils décidaient de se séparer. En parcourant les pièces vides, Wallander sentit qu'il n'y avait rien de caché dans ces murs-là qui fût de nature à l'effrayer. Et le plus important de tout, qui ressortait très clairement des explications de l'agent : il allait pouvoir emménager tout de suite. Le toit tiendrait le coup quelques années encore, avec un peu de chance. La seule urgence était de repeindre certaines pièces et de remplacer la baignoire ; voire d'acheter une gazinière neuve. Mais la chaudière avait quinze ans d'âge, la plomberie et l'électricité à peine davantage. Ça irait. 

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Suède

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
Viking_Lit

Livre 38/42 pour le Challenge du 6% littéraire
1pourcent2010

Déjà lu du même auteur :
tea_bag  Tea-Bag  les_chaussures_italiennes  Les chaussures italiennes

meurtriers_sans_visage_p Meurtriers sans visage Les_chiens_de_Riga_2 Les chiens de Riga

17 février 2011

La rivière noire - Arnaldur Indridason

la_rivi_re_noire Éditions Métailié – février 2011 – 300 pages

traduit de l'islandais par Éric Boury

Quatrième de couverture :
Dans un appartement à proximité du centre de la ville, un jeune homme gît, mort, dans un bain de sang sans qu’il y ait le moindre signe d’effraction ou de lutte. Aucune arme du crime, rien que cette entaille en travers de la gorge de la victime, entaille que le médecin légiste qualifie de douce, presque féminine. Dans la poche de Runolfur, des cachets de Rohypnol, médicament également connu sous le nom de drogue du viol… Il semblerait que Runolfur ait violé une femme et que celle-ci se soit ensuite vengée de son agresseur. Un châle pourpre trouvé sous le lit dégage un parfum puissant et inhabituel d’épices, qui va mettre Elinborg, l’inspectrice, amateur de bonne cuisine, sur la piste d’une jeune femme. Mais celle-ci ne se souvient de rien, et bien qu’elle soit persuadée d’avoir commis ce meurtre rien ne permet vraiment de le prouver. La fiole de narcotiques trouvée parmi d’autres indices oriente les inspecteurs vers des violences secrètes et des sévices psychologiques. En l’absence du commissaire Erlendur, parti en vacances, toute l’équipe va s’employer à comprendre le fonctionnement de la violence sexuelle, de la souffrance devant des injustices qui ne seront jamais entièrement réparées, et découvrir la rivière noire qui coule au fond de chacun.

Auteur : Arnaldur INDRIDASON est né à Reykjavik en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Il est l'auteur de 6 romans noirs, dont plusieurs sont des best-sellers internationaux. Il est l’auteur de La Cité des Jarres (2005), Prix "Cœur noir" et Prix "Mystère de la critique", de La Femme en vert (2006), Grand Prix des lectrices de Elle, de La Voix (2007), L’Homme du lac (2008), Prix polar européen du Point, Hiver arctique (2009) et Hypothermie (2010).

Mon avis : (lu en février 2011)
Erlendur est parti en vacances sur les traces de son passé et c'est son adjointe Elinborg qui prend le relais pour enquêter sur la mort violente d'un jeune homme. Tout laisse à penser qu'il s'agit d'une histoire de viol sous emprise de Rohypnol (la drogue des violeurs) et la victime se serait retournée contre son violeur. Peu d'indices sur le lieu du crime... un châle pourpre avec une forte odeur de cigarette et de tandoori. La police va chercher des réponses à ses questions en fouillant la psychologie et le passé de la victime : Elinborg quitte Reykjavik et les siens pour rejoindre quelques jours un village de l'Islande profonde, victime du chômage et de l'exode rural...
Voilà une nouvelle enquête palpitante avec beaucoup d'hypothèses, de fausses pistes menée avec un regard différent, un regard féminin. C'est l'occasion pour le lecteur de mieux connaître le personnage d'Elinborg mariée à Teddi mécanicien et mère de trois adolescents, ayant la cuisine comme hobbie, sa vie privée est plutôt simple même si ses enfants qui grandissent l'empêche parfois de dormir.
Avec cette enquête Arnaldur Indridason dénonce certaines dérives de la société islandaise comme la violence de plus en plus présente, l'augmentation du nombre des viols et la justice qui punit si peu les coupables que les victimes se sentent méprisées.
Comme d'habitude, j'ai dévoré avec beaucoup de plaisir cette nouvelle enquête d'Indridason, Erlendur m'a un peu manquée, mais son adjointe a mené cette enquête de main de maître ! Erlandur est également évoqué plusieurs fois durant cette histoire et nous promet une prochaine aventure... Que j'attends comme toujours avec impatience !

Extrait : (début du livre)
Il enfila un jeans noir, une chemise blanche et une veste confortable, mit ses chaussures les plus élégantes, achetées trois ans plus tôt, et réfléchit aux lieux de distraction que l’une de ces femmes avait évoqués.
Il se prépara deux cocktails assez forts qu’il but devant la télévision en attendant le moment adéquat pour descendre en ville. Il ne voulait pas sortir trop tôt. S’il s’attardait dans les bars encore presque vides, quelqu’un remarquerait sa présence. Il préférait ne pas courir ce risque. Le plus important c’était de se fondre dans la foule, il ne fallait pas que quelqu’un s’interroge ou s’étonne, il devait n’être qu’un client anonyme. Aucun détail de son apparence ne devait le rendre mémorable ; il voulait éviter de se distinguer des autres. Si, par le plus grand des hasards, on lui posait ensuite des questions, il répondrait simplement qu’il avait passé la soirée seul chez lui à regarder la télé. Si tout allait comme prévu, personne ne se rappellerait l’avoir croisé où que ce soit.

Le moment venu, il termina son deuxième verre puis sortit de chez lui, très légèrement éméché. Il habitait à deux pas du centre-ville. Marchant dans la nuit de l’automne, il se dirigea vers le premier bar. La ville grouillait déjà de gens venus chercher leur distraction de fin de semaine. Des files d’attente commençaient à se former devant les établissements les plus en vogue. Les videurs bombaient le torse et les gens les priaient de les laisser entrer. De la musique descendait jusque dans les rues. Les odeurs de cuisine des restaurants se mêlaient à celle de l’alcool qui coulait dans les bars. Certains étaient plus soûls que d’autres. Ceux-là lui donnaient la nausée.
Il entra dans le bar au terme d’une attente plutôt brève. L’endroit ne comptait pas parmi les plus courus, pourtant il aurait été difficile d’y faire entrer ne serait-ce que quelques clients supplémentaires ce soir-là. Cela lui convenait. Il se mit immédiatement à parcourir les lieux du regard à la recherche de jeunes filles ou de jeunes femmes, de préférence n’ayant pas dépassé la trentaine ; évidemment, légèrement alcoolisées. Il ne voulait pas qu’elles soient ivres, mais simplement un peu gaies.
Il s’efforçait de rester discret. Il tapota une fois encore la poche de sa veste afin de vérifier que le produit était bien là. Il l’avait plusieurs fois tâté tandis qu’il marchait et s’était dit qu’il se comportait comme ces cinglés qui se demandent perpétuel- lement s’ils ont bien fermé leur porte, n’ont pas oublié leurs clefs, sont certains d’avoir éteint la cafetière ou encore n’ont pas laissé la plaque électrique allumée dans la cuisine. Il était en proie à cette obsession dont il se souvenait avoir lu la des- cription dans un magazine féminin à la mode. Le même journal contenait un article sur un autre trouble compulsif dont il souffrait : il se lavait les mains vingt fois par jour.
La plupart des clients buvaient une grande bière. Il en commanda donc également une. Le serveur lui accorda à peine un regard. Il régla en liquide. Il lui était facile de se fondre dans la masse. La clientèle était principalement constituée de gens de son âge, accompagnés d’amis ou de collègues. Le bruit devenait assourdissant quand ils s’efforçaient de couvrir de leurs voix le vacarme criard du rap. Il scruta les lieux et remarqua quelques groupes de copines ainsi que quelques femmes, attablées avec des hommes qui semblaient être leurs maris, mais n’en repéra aucune seule. Il sortit sans même terminer son verre.
Dans le troisième bar, il aperçut une jeune femme qu’il connaissait de vue. Il se dit qu’elle devait être âgée d’une trentaine d’années ; elle avait l’air seule. Elle était assise à une table de l’espace fumeur où se trouvaient d’autres personnes, mais qui n’étaient sûrement pas avec elle. Elle but une margarita et fuma deux cigarettes tandis qu’il la surveillait de loin. Le bar était bondé, mais il semblait bien qu’elle n’était sortie s’amuser avec aucun de ceux qui tentaient d’engager la conversation avec elle. Deux hommes avaient tenté une approche ; elle leur avait répondu non de la tête et ils étaient repartis. Le troisième prétendant se tenait face à elle. Tout portait à croire qu’il n’avait pas l’intention de s’en laisser conter.
C’était une brune au visage plutôt fin, même si elle était un peu ronde ; ses épaules étaient recouvertes d’un joli châle, elle portait une jupe qui l’habillait avec goût ainsi qu’un t-shirt de couleur claire sur lequel on lisait l’inscription “San Francisco” : une minuscule fleur dépassait du F.
Elle parvint à éconduire l’importun. Il eut l’impression que l’homme éructait quelque chose à la face de la jeune femme. Il la laissa se remettre et attendit un moment avant de s’avancer.

— Vous y êtes déjà allée ? demanda-t-il.
La brune leva les yeux. Elle ne parvenait pas vraiment à se souvenir où elle l’avait vu.
— À San Francisco, précisa-t-il, son index pointé vers le t-shirt.
Elle baissa les yeux sur sa poitrine.
— Ah, c’est de ça que vous parlez, observa-t-elle.
— C’est une ville merveilleuse. Vous devriez aller y faire un tour, conseilla-t-il.
Elle le dévisagea, se demandant sans doute si elle devait lui ordonner de décamper comme elle l’avait fait avec les autres. Puis, elle sembla se rappeler l’avoir déjà croisé quelque part.
— Il se passe tellement de choses là-bas, à Frisco, il y a de quoi visiter, poursuivit-il. Elle consentit un sourire.
— Vous ici ? s’étonna-t-elle.
— Eh oui, charmé de vous y voir. Vous êtes seule ?
— Seule ? Oui.
— Sérieusement, pour Frisco, vous devriez vraiment y aller.
— Je sais, j’ai... Ses mots se perdirent dans le vacarme. Il passa sa main sur la poche de sa veste et se pencha vers elle.
— Le vol est un peu cher, concéda-t-il. Mais, je veux dire... j’y suis allé une fois, c’était superbe. C’est une ville merveilleuse.
Il choisissait ses mots à dessein. Elle leva les yeux vers lui et il s’imagina qu’elle était en train de compter sur les doigts d’une seule main le nombre de jeunes hommes qu’elle avait rencontrés et qui utilisaient des termes comme “merveilleux”.
— Je sais, j’y suis allée.
— Eh bien, me permettez-vous de m’asseoir à vos côtés ?
Elle hésita l’espace d’un instant, puis lui fit une place. Personne ne leur prêtait une attention particulière dans le bar et ce ne fut pas non plus le cas quand ils en sortirent, une bonne heure plus tard, pour aller chez lui, en empruntant des rues peu fréquentées. À ce moment-là, les effets du produit avaient déjà commencé à se faire sentir. Il lui avait offert une autre margarita. Alors qu’il revenait du comptoir avec la troisième consommation, il avait plongé sa main dans sa poche pour y prendre la drogue qu’il avait versée discrètement dans la boisson. Tout se passait pour le mieux entre eux, il savait qu’elle ne lui poserait aucun problème.
La Criminelle fut contactée par téléphone deux jours plus tard. Ce fut Elinborg qui reçut l’appel et prit les choses en main. Des agents de la circulation avaient déjà fermé cette rue du quartier de Thingholt quand elle arriva sur les lieux, en même temps que les gars de la Scientifique. Elle vit le médecin régional de Reykjavik qui descendait de sa voiture. La Scientifique était tout d’abord la seule habilitée à accéder à la scène de crime afin de procéder à ses relevés. Elinborg l’avait gelée, pour reprendre l’expression consacrée des professionnels.
Elle s’était occupée du reste en attendant patiemment leur feu vert pour entrer dans l’appartement. Des journalistes de la presse écrite, de la télévision et de la radio s’étaient rassemblés sur place et elle les observait en plein travail. Ils se montraient insistants, certains étaient même insultants envers les policiers qui leur barraient l’entrée du périmètre. Elle en avait reconnu deux ou trois qui travaillaient pour la télévision, un présentateur minable récemment promu journaliste et un autre qui animait une émission politique. Elle se demandait ce qu’il fabriquait en compagnie de cette clique. Elinborg se souvenait qu’à ses débuts, lorsqu’elle était l’une des rares femmes dans les rangs de la Criminelle, les journalistes étaient plus polis et, surtout, nettement moins nombreux. Elle préférait ceux des quotidiens. Les représentants de la presse écrite s’accordaient plus de temps, ils étaient plus discrets et moins présomptueux que ceux qui avaient leur caméra à l’épaule. Certains étaient même de bonnes plumes.

 

 

Déjà lu du même auteur :

la_cit__des_jarres La Cité des jarres  la_femme_en_vert La Femme en vert 

la_voix La Voix l_homme_du_lac L'Homme du lac 

hiver_arctique Hiver Arctique  hypothermie Hypothermie

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Islande

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
Viking_Lit

10 février 2011

La vierge froide et autres racontars - Jorn Riel , Gwen de Bonneval , Hervé Tanquerelle

La_vierge_froide_et_autres Éditions Sarbacane – octobre 2009 – 120 pages

Quatrième de couverture :
De son séjour dans les années 50 chez les trappeurs du Groenland,
Jørn Riel a rapporté ses désormais célèbres racontars.
Un racontar, « c’est une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge.
A moins que ce ne soit l’inverse » explique-t-il, plein de malice.
Il ajoute - modestement - qu'il s'est contenté de rapporter, endossant le rôle de conteur et de passeur.
Rôle qu'assument à leur tour Hervé Tanquerelle et Gwen de Bonneval en adaptant ces fabuleux récits en bande dessinée, où le burlesque et l'absurde se mêlent à la poésie et l'aventure.

Auteurs :
Jørn Riel est un écrivain danois, né en 1931. Jørn Riel s'est engagé en 1950 dans une expédition scientifique pour le nord-est du Groenland, où il passera seize années, notamment sur une base d'étude de l'île d'Ella. De ce séjour, il tirera le versant arctique de son œuvre littéraire, dont la dizaine de volumes des Racontars arctiques, ou la trilogie Le Chant pour celui qui désire vivre. Dans ces romans, dédiés à son ami Paul-Émile Victor, Jørn Riel s'attache à raconter la vie des populations du Groenland. Il reçoit en 2010 le Grand Prix de l'Académie danoise pour l'ensemble de son œuvre. Il vit actuellement en Malaisie.

Gwen de Bonneval est né le 9 janvier 1973 à Nantes. Après quelques dessins publiés dans la presse, il monte avec deux autres personnes une boîte de communication, expérience qui durera 3 ans. Puis il redevient indépendant, travaille également pour la jeunesse via le journal de Mickey ou Spirou. Mais c'est véritablement après son entrée à l'atelier des Vosges qu'il se consacre plus assidûment à la BD. C'est à cette période qu'il rencontre Fabien Vehlmann avec lequel il réalise Les Aventures de Samedi et Dimanche chez Dargaud. En parallèle, il dessine deux pages mensuelles pour un périodique de Nathan, et très vite propose une nouvelle série aux éditions Delcourt. Basile Bonjour est la transposition littérale de notre monde contemporain au sein de l'école.

Hervé Tanquerelle, né le 9 août 1972 à Nantes, est un dessinateur de bandes dessinées. Il intègre l’école Émile Cohl de Lyon et a comme professeur Yves Got, dessinateur du Baron Noir scénarisé par René Pétillon. C'est en 1998 que sort son premier livre, La Ballade du Petit Pendu, chez l'Association. Il participe au recueil Comix 2000. Suit une collaboration avec Hubert sur la série Le Legs de l'Alchimiste dont il fera les trois premiers tomes. Joann Sfar le repère et lui cède la partie graphique de la série Professeur Bell à partir du troisième album de la série jusqu'au cinquième actuellement. Contributeur régulier dans le mensuel Capsule Cosmique, il y crée le personnage de Tête Noire, petit catcheur mexicain qui se bat contre des monstres idiots. Shakabam est le premier album de la série Tête Noire. Il fut un des dessinateurs réguliers de Lucha Libre dans lequel il dessina Melindez et les Luchadoritos, série de gags en une page sur scénario de Jerry Frissen.

Mon avis : (lu en février 2011)
J'avais déjà lu le livre de Jørn Riel avant l'existence de mon blog et j'ai beaucoup aimé les redécouvrir en BD. Ces racontars sont des récits qui ont pour source les souvenirs personnels de Riel, qui a passé 16 ans au Groenland.
On est plongé dans l'atmosphère froide du Groenland, on découvre la solitude des trappeurs vivant à deux ou trois dans des cabanes avec comme seule horizon la neige, les soirées bien arrosées qui permettent de supporter la longue nuit polaire.
Tout au long des différents racontars, on découvre différents personnages incroyables et haut en couleurs qui nous deviennent familiers au fil des pages. Il y a Valfred, Anton, Herbert, William le Noir, Mad Madsen, Lodvig, Bjørken...
En page de garde, une carte bien utile, nous permet de situer les différents campements et les trappeurs.

Sous forme de Bandes Dessinées les racontars sont très plaisants à découvrir, l'adaptation est une réussite qui sublime l'atmosphère de l'œuvre de Jørn Riel. C'est poétique, burlesque, drôle, insolite, décalé, cocasse, parfois philosophique ou émouvant... A découvrir sans hésiter !
J'ai dans ma PAL (cadeau d'un Swap), « Un safari arctique » en livre de poche qui est la suite de « La Vierge froide et autres racontars », il va falloir que je le lise pour retrouver la suite des aventures des trappeurs du Groenland.

Extraits :

200910RacontarsExtrait2

200910RacontarsExtrait3

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200910RacontarsExtrait4

200910RacontarsExtrait1

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9 février 2011

L'écriture sur le mur - Gunnar Staalesen

Lu dans le cadre de babelio_masse_critique

l__criture_sur_le_mur Gaïa - février 2011 – 352 pages

traduit du norvégien par Alex Fouillet

Quatrième de couverture :
À Bergen, février est un mois dangereux pour les sorties solitaires. Un juge d’instance est retrouvé mort dans l’un des meilleurs hôtels de la ville, seulement vêtu d’un délicat ensemble de dessous féminins.

Quelques jours plus tard, le détective privé Varg Veum se voit confier la mission de retrouver Thorild, une jeune fille disparue. Thorild, qui aurait l’âge d’être sa fille. L’âge auquel on dit de la jeunesse qu’elle reflète l’état de la société. Varg Veum a pris un coup de vieux. Il s’est fait à l’idée de garder ses distances avec l’aquavit, et assume une histoire qui dure avec Karin. Le bonheur ? Pas si simple. Varg reçoit du courrier. Dans l’enveloppe, un avis de décès. Le sien.

Auteur : Gunnar Staalesen est né à Bergen, en Norvège, en 1947. Il fait des études de philologie et débute en littérature à 22 ans. Il se lance peu à peu dans le roman policier et crée en 1975 le personnage de Varg Veum, qu’il suivra dans une douzaine de romans. Tous les polars de Staalesen suivent les règles du genre à la lettre, avec brio. Et les problèmes existentiels du détective privé, ses conflits avec les femmes et son faible pour l’alcool sont l’occasion d’explorer, non sans cynisme, les plaies et les vices de la société.

Mon avis : (lu en février 2011)
C'est le premier livre que je lis de cet auteur norvégien. Ce livre est paru en 1993 en Norvège, c'est la neuvième enquête de Varg Veum paru en France.
Varg Veum est un ancien travailleur social de la Protection de l'Enfance devenu détective privé. Il est plutôt sage, il a une relation assez stable avec une amie Karin, il sait résister à l'aquavit.
Le livre s'ouvre sur la découverte d'un juge mort vêtu de lingerie féminine dans une chambre d'hôtel. Quelques jours plus tard, Varg Veum est contacté par une mère pour enquêter sur la disparition de sa fille. Thorild, seize ans, a disparu du domicile familiale depuis presque une semaine. Varg Veum va mener son enquête auprès des amies de la jeune fille mais celles-ci sont peu bavardes... Quelques jours plus tard Var Veum reçoit son propre faire-part de décès.

Voici un roman policier plutôt agréable à lire, l'intrigue est bien construite, avec de multiples pistes et une conclusion surprenante.
Dans ce livre Gunnar Staalesen dénonce certains vices de la société, ici, il est question de la prostitution. Le personnage de Varg Veum m'a bien plu et si l'occasion se présente, je serai curieuse de lire de ses premières enquêtes.

Merci à Babelio et aux Éditions Gaïa pour m'avoir permis de découvrir ce nouvel auteur scandinave.

Extrait : (début du livre)
Quand le juge H.C Brandt, soixante-deux ans, fut retrouvé mort un vendredi de février dans l'un des meilleurs hôtels de la ville, uniquement vêtu d'un ensemble de sous-vêtements féminins des plus raffinés, les rumeurs ne tardèrent guère.
Des rires retentissants fusaient autour des tables de journalistes du Wesselstuen à chaque nouvelle information, et le moindre détail prenait facilement des proportions inattendues. Je me vis présenter une poignée de ces hypothèses par mon vieux copain de classe, le journaliste Paul Finckel, alors que nous partagions au Børs un déjeuner paisible fait de carbonnade et de bière, quelques jours plus tard.
Qu'on ait retrouvé le juge en sous-vêtements féminins, c'était déjà assez sensationnel. Les suppositions quant à la couleur des dits sous-vêtements étaient légion. Le rose et le rouge revenaient fréquemment. Plusieurs personnes maintenaient contre vents et marées qu'ils avaient été vert pastel. En fin de compte, on s'accorda pour dire qu'ils avaient dû être noirs.
Les rumeurs les plus brûlantes concernaient la ou les personnes en compagnie de qui il s'était trouvé dans cette chambre. Car absolument personne ne croyait qu'il y avait été seul.
Un groupe en particulier était convaincu qu'il s'était agi d'un homme, puisque le juge, lui, portait des vêtements de femme. Mais comme personne n'avait jamais entendu dire que le juge ait été lié au milieu homosexuel de la ville, et puisqu'il était en outre marié et grand-père, c'était selon eux la révélation d'une homosexualité refoulée. Et qui pouvait affirmer que le partenaire potentiel n'appartenait pas à la même catégorie ? Le cas échéant, les journalistes avaient plein de bonnes idées, mais aucune preuve tangible de son identité.
Certains clamaient haut et fort que le juge aurait eu une liaison assez longue avec l'une de ses collègues, et un murmure vaguement scandalisé plana sur l'assemblée à l'évocation de son nom.
Aux tables rassemblant uniquement des hommes, on avança les noms de certaines collègues, dont une reporter célèbre d'un quotidien d'Oslo, et une journaliste un peu moins connue de la rédaction de NRK-Dagsnytt.
Pourtant, d'aucuns haussaient simplement les épaules devant toute cette histoire, et prétendaient que le juge n'avait eu la compagnie que d'une personne faisant commerce de ses charmes, qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme. So what ? commentaient-ils en commandant une autre bière.
Sur la cause du décès, plus personne ne spéculait.
Presque tout le monde penchait pour un problème cardiaque.

L\'écriture sur le mur par Gunnar Staalesen

L'écriture sur le mur

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Gunnar Staalesen

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