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A propos de livres...

22 février 2011

La chambre des morts – Franck Thilliez

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Le Passage – septembre 2005 – 311 pages

Pocket – juillet 2006 – 341 pages

Quatrième de couverture :
Imaginez... Vous roulez en pleine nuit avec votre meilleur ami, tous feux éteints. Devant vous, un champ d'éoliennes désert. Soudain le choc, d'une violence inouïe. Un corps gît près de votre véhicule. A ses côtés, un sac de sport. Dedans, deux millions d'euros, à portée de la main. Que feriez-vous? Vigo et Sylvain, eux, ont choisi. L'amitié a parfois le goût du sang: désormais le pire de leur cauchemar a un nom... La Bête.

Auteur : Né en 1973 à Annecy, Franck Thilliez est ingénieur en nouvelles technologies. Son premier roman Train d'enfer pour ange rouge (2003) a été nominé au prix Polar SNCF en 2004. Il est également l'auteur de Deuils de miel (2006) et La Forêt des ombres (2006). La Chambre des morts (2005), classé à sa sortie dans la liste des meilleures ventes et salué par la critique, a reçu le prix des lecteurs Quais du Polar 2006. Franck Thilliez vit actuellement dans le Pas-de-Calais.

Mon avis : (lu en février 2011)
C'est pour participer au Rendez-vous de Pimprenelle que j'ai entrepris de lire du Franck Thilliez.
Je n'avais pas été convaincu par ma première expérience avec La forêt des ombres
et j'ai voulu tenter une nouvelle fois l'expérience.
Vigo et Sylvain ont été récemment licenciés, pour se venger, ils sont aller taguer les murs de leur ancienne entreprise, en repartant ils vont faire un dernier trip dans le champ d'éoliennes à grande vitesse et feux éteints. Et c'est le choc ! Ils retrouvent alors près de la voiture, le corps d'un homme et un sac de sport plein de billets de banque. Que faire ? Appeler la police ou se débarrasser du cadavre et garder l'argent ?
En parallèle, non loin de là, le cadavre d'une petite fille, victime d'un enlèvement est retrouvé. Une autre fillette a disparu...
J'ai retrouvé dans cette histoire le côté morbide et sanglant du premier livre lu, malgré cela, j'ai réussi à apprécier cette intrigue en lisant ce livre avec une certaine distance. Je m'explique, j'ai essayé de faire abstraction des passages horribles pour éviter l'écœurement.
Il y a quelques jours, j'ai quand même emprunté à la bibliothèque Le syndrome [E] que je n'ai pas eu le temps de lire avant le Rendez-vous de Pimprenelle, ce sera une de mes futures lectures...

Extrait : (début du livre)
Depuis la nuit dernière, l'odeur avait encore empiré. L'infection ne se contentait plus d'imprégner les draps ou les taies d'oreiller, elle se diluait dans toute la chambre, tenace et nauséeuse. Une fois son tee-shirt ôté, la fillette l'avait écrasé sur son nez avant de nouer les extrémités autour de sa tête. Stratagème inefficace. Malgré la barrière de tissu, les molécules olfactives distribuaient leur poison invisible. Il est des fois où l'on ne peut rien contre plus petit que soi.
A travers les fenêtres verrouillées, l'été déversait une moiteur grasse, les mouches bourdonnaient, agglutinées en losanges émeraude sur un trognon de pomme pourri. De plus en plus, l'enfant se sentait impuissante face aux hordes ailées. Les insectes se multipliaient à une vitesse prodigieuse et fondaient sur le lit, trompes en avant, à chaque fois que la petite relâchait son attention. Bientôt, épuisée, affamée, elle serait forcée de capituler.
Même pas neuf ans et pourtant, déjà, l'envie de mourir.

Prochain Rendez-vous avec Pimprenelle
Yasmina_khadra
Yasmina Khadra

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21 février 2011

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [17]

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C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou et proposé par Galleane

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

omakayas la_rivi_re_noire le_po_te 22f_v_thilliez kyoto_limited_Express

Omakayas - Louise Erdrich
La rivière noire - Arnaldur Indridason
Le poète - Michael Connelly
un livre de Franck Thilliez pour Découvrons un auteur chez Pimprenelle (pour le 22/02)
Kyoto Limited Express - Olivier Adam et Arnaud Auzouy (LC pour le 25/02)

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Faute de preuves - Harlan Coben

Que lirai-je cette semaine ?

Les lieux infidèles - Tana French (Partenariat Livraddict et LC pour le 28/02)
L’homme de Kaboul - Cédric Bannel

Bonne semaine, bonnes lectures et à lundi prochain !

19 février 2011

Le poète – Michael Connelly

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Seuil – mai 1997 – 477 pages

Points – juin 1998 - 540 pages

Points - juin 2004 – 541 pages

Résumé :
Le policier Sean McEvoy est retrouvé mort dans sa voiture. Chargé d'une affaire de meurtre abominable, son enquête n'avançait pas. Lorsqu'il apprend le suicide de son frère, Jack, son jumeau, journaliste de faits divers, refuse d'y croire. En cherchant à comprendre, il découvre d'autres cas de policiers apparemment poussés au suicide par des meurtres non résolus. Tous ont été retrouvés avec, à leur côté, des lettres d'adieu composées d'extraits de poèmes d'Edgar Poe. Un effrayant tableau d'ensemble commence à se dessiner. Jack fait pression sur les agents du FBI pour qu'une enquête soit ouverte sur ces suicides en série.

Auteur : Michael Connelly est né le 21 juillet 1956 à Philadelphie. Il déménage avec ses parents en Floride en 1968. Il se marie et a une fille en 1997. Il est diplômé de l'Université de Floride, avec un bachelors degree en journalisme en 1980. Il travaille ensuite comme journaliste à Daytona Beach et Fort Lauderdale (Floride). En 1986, il est le co-auteur d'un article sur les rescapés d'un crash d'avion, qui figure parmi les finalistes pour le Prix Pulitzer, ce qui lui permet de devenir chroniqueur judiciaire pour le Los Angeles Times. Ses reportages sur les émeutes de Los Angeles en 1992 sont également remarqués et reçoivent le Prix Pulitzer (qu'il partage avec d'autres journalistes associés à ses reportages).
Il se lance dans la carrière d'écrivain en 1992 avec Les Égouts de Los Angeles, son premier polar, où l'on découvre le personnage de Harry Bosch, inspecteur du LAPD, le héros récurrent de la plupart des romans suivants. Il reçoit pour ce livre le prix Edgar du meilleur premier roman policier. Il abandonne le journalisme en 1994. Il écrit par la suite environ un roman par an, en obtenant régulièrement un succès en librairie. Son roman Le poète reçoit le prix Mystère en 1998 et Créances de sang le grand prix de la littérature policière.
Parmi les romans ne mettant pas en scène Harry Bosch, Créance de sang est adapté au cinéma en 2002 par Clint Eastwood, qui y incarne Terry McCaleb, un ex-agent du FBI. Dans La Défense Lincoln, il aborde le roman procédural qui lui permet d'utiliser son expérience passée de chroniqueur judiciaire.
Ayant quitté Los Angeles, il vit depuis 2001 à Tampa, en Floride.

Mon avis : (lu en février 2011)
Lorsque son frère jumeau Sean est retrouvé mort au volant de sa voiture de police, Jack McEvoy est persuadé qu'il ne s'est pas suicidé. Étant journaliste, il décide de mener l'enquête et découvre plusieurs autres cas de flics "suicidés". Il va mettre les enquêteurs du FBI sur la piste d'un redoutable meurtrier appelé le Poète car il signe ses meurtres par une phrase d'un poème d'Edgar Allan Poe.
Ce roman policier est une vrai réussite, l'intrigue est bien construite, le rythme est soutenu, des fausses pistes, des rebondissements surprenants et une fin inattendue... Je me suis régalée !

Extrait : (début du livre)
La mort, c'est mon truc. C'est grâce à elle que je gagne ma vie. Que je bâtis ma réputation professionnelle. Je la traite avec la passion et la précision d'un entrepreneur de pompes funèbres, grave et compatissant quand je suis en présence des personnes en deuil, artisan habile quand je suis seul avec elle. J'ai toujours pensé que, pour s'occuper de la mort, le secret était de la tenir à distance. C'est la règle. Ne jamais la laisser vous souffler dans la figure.
Hélas, cette règle, la même, ne m'a pas protégé. Quand les deux inspecteurs sont venus me chercher et m'ont parlé de Sean, une sorte de paralysie glacée m'a aussitôt envahi. C'était comme si je me retrouvais de l'autre côté de la vitre d'un aquarium. J'avais l'impression d'évoluer sous l'eau – dans un sens, puis dans l'autre, encore et encore – et de contempler le monde extérieur à travers une paroi de verre. Assis sur la banquette à l'arrière de leur voiture, j'apercevais mes yeux dans le rétroviseur : ils lançaient un éclair chaque fois que nous passions sous un lampadaire. Je reconnus ce regard fixe et lointain, celui des toutes nouvelles veuves que j'avais interrogées pendant des années.

baby_challenge_polar
Lu pour le Baby Challenge - Polar organisé par Livraddict
Livre 10/20 Médaille en chocolat

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
logo_challenge_Petit_BAC
"Sport/Loisirs"

Challenge 100 ans de littérature américaine 2011
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17 février 2011

La rivière noire - Arnaldur Indridason

la_rivi_re_noire Éditions Métailié – février 2011 – 300 pages

traduit de l'islandais par Éric Boury

Quatrième de couverture :
Dans un appartement à proximité du centre de la ville, un jeune homme gît, mort, dans un bain de sang sans qu’il y ait le moindre signe d’effraction ou de lutte. Aucune arme du crime, rien que cette entaille en travers de la gorge de la victime, entaille que le médecin légiste qualifie de douce, presque féminine. Dans la poche de Runolfur, des cachets de Rohypnol, médicament également connu sous le nom de drogue du viol… Il semblerait que Runolfur ait violé une femme et que celle-ci se soit ensuite vengée de son agresseur. Un châle pourpre trouvé sous le lit dégage un parfum puissant et inhabituel d’épices, qui va mettre Elinborg, l’inspectrice, amateur de bonne cuisine, sur la piste d’une jeune femme. Mais celle-ci ne se souvient de rien, et bien qu’elle soit persuadée d’avoir commis ce meurtre rien ne permet vraiment de le prouver. La fiole de narcotiques trouvée parmi d’autres indices oriente les inspecteurs vers des violences secrètes et des sévices psychologiques. En l’absence du commissaire Erlendur, parti en vacances, toute l’équipe va s’employer à comprendre le fonctionnement de la violence sexuelle, de la souffrance devant des injustices qui ne seront jamais entièrement réparées, et découvrir la rivière noire qui coule au fond de chacun.

Auteur : Arnaldur INDRIDASON est né à Reykjavik en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Il est l'auteur de 6 romans noirs, dont plusieurs sont des best-sellers internationaux. Il est l’auteur de La Cité des Jarres (2005), Prix "Cœur noir" et Prix "Mystère de la critique", de La Femme en vert (2006), Grand Prix des lectrices de Elle, de La Voix (2007), L’Homme du lac (2008), Prix polar européen du Point, Hiver arctique (2009) et Hypothermie (2010).

Mon avis : (lu en février 2011)
Erlendur est parti en vacances sur les traces de son passé et c'est son adjointe Elinborg qui prend le relais pour enquêter sur la mort violente d'un jeune homme. Tout laisse à penser qu'il s'agit d'une histoire de viol sous emprise de Rohypnol (la drogue des violeurs) et la victime se serait retournée contre son violeur. Peu d'indices sur le lieu du crime... un châle pourpre avec une forte odeur de cigarette et de tandoori. La police va chercher des réponses à ses questions en fouillant la psychologie et le passé de la victime : Elinborg quitte Reykjavik et les siens pour rejoindre quelques jours un village de l'Islande profonde, victime du chômage et de l'exode rural...
Voilà une nouvelle enquête palpitante avec beaucoup d'hypothèses, de fausses pistes menée avec un regard différent, un regard féminin. C'est l'occasion pour le lecteur de mieux connaître le personnage d'Elinborg mariée à Teddi mécanicien et mère de trois adolescents, ayant la cuisine comme hobbie, sa vie privée est plutôt simple même si ses enfants qui grandissent l'empêche parfois de dormir.
Avec cette enquête Arnaldur Indridason dénonce certaines dérives de la société islandaise comme la violence de plus en plus présente, l'augmentation du nombre des viols et la justice qui punit si peu les coupables que les victimes se sentent méprisées.
Comme d'habitude, j'ai dévoré avec beaucoup de plaisir cette nouvelle enquête d'Indridason, Erlendur m'a un peu manquée, mais son adjointe a mené cette enquête de main de maître ! Erlandur est également évoqué plusieurs fois durant cette histoire et nous promet une prochaine aventure... Que j'attends comme toujours avec impatience !

Extrait : (début du livre)
Il enfila un jeans noir, une chemise blanche et une veste confortable, mit ses chaussures les plus élégantes, achetées trois ans plus tôt, et réfléchit aux lieux de distraction que l’une de ces femmes avait évoqués.
Il se prépara deux cocktails assez forts qu’il but devant la télévision en attendant le moment adéquat pour descendre en ville. Il ne voulait pas sortir trop tôt. S’il s’attardait dans les bars encore presque vides, quelqu’un remarquerait sa présence. Il préférait ne pas courir ce risque. Le plus important c’était de se fondre dans la foule, il ne fallait pas que quelqu’un s’interroge ou s’étonne, il devait n’être qu’un client anonyme. Aucun détail de son apparence ne devait le rendre mémorable ; il voulait éviter de se distinguer des autres. Si, par le plus grand des hasards, on lui posait ensuite des questions, il répondrait simplement qu’il avait passé la soirée seul chez lui à regarder la télé. Si tout allait comme prévu, personne ne se rappellerait l’avoir croisé où que ce soit.

Le moment venu, il termina son deuxième verre puis sortit de chez lui, très légèrement éméché. Il habitait à deux pas du centre-ville. Marchant dans la nuit de l’automne, il se dirigea vers le premier bar. La ville grouillait déjà de gens venus chercher leur distraction de fin de semaine. Des files d’attente commençaient à se former devant les établissements les plus en vogue. Les videurs bombaient le torse et les gens les priaient de les laisser entrer. De la musique descendait jusque dans les rues. Les odeurs de cuisine des restaurants se mêlaient à celle de l’alcool qui coulait dans les bars. Certains étaient plus soûls que d’autres. Ceux-là lui donnaient la nausée.
Il entra dans le bar au terme d’une attente plutôt brève. L’endroit ne comptait pas parmi les plus courus, pourtant il aurait été difficile d’y faire entrer ne serait-ce que quelques clients supplémentaires ce soir-là. Cela lui convenait. Il se mit immédiatement à parcourir les lieux du regard à la recherche de jeunes filles ou de jeunes femmes, de préférence n’ayant pas dépassé la trentaine ; évidemment, légèrement alcoolisées. Il ne voulait pas qu’elles soient ivres, mais simplement un peu gaies.
Il s’efforçait de rester discret. Il tapota une fois encore la poche de sa veste afin de vérifier que le produit était bien là. Il l’avait plusieurs fois tâté tandis qu’il marchait et s’était dit qu’il se comportait comme ces cinglés qui se demandent perpétuel- lement s’ils ont bien fermé leur porte, n’ont pas oublié leurs clefs, sont certains d’avoir éteint la cafetière ou encore n’ont pas laissé la plaque électrique allumée dans la cuisine. Il était en proie à cette obsession dont il se souvenait avoir lu la des- cription dans un magazine féminin à la mode. Le même journal contenait un article sur un autre trouble compulsif dont il souffrait : il se lavait les mains vingt fois par jour.
La plupart des clients buvaient une grande bière. Il en commanda donc également une. Le serveur lui accorda à peine un regard. Il régla en liquide. Il lui était facile de se fondre dans la masse. La clientèle était principalement constituée de gens de son âge, accompagnés d’amis ou de collègues. Le bruit devenait assourdissant quand ils s’efforçaient de couvrir de leurs voix le vacarme criard du rap. Il scruta les lieux et remarqua quelques groupes de copines ainsi que quelques femmes, attablées avec des hommes qui semblaient être leurs maris, mais n’en repéra aucune seule. Il sortit sans même terminer son verre.
Dans le troisième bar, il aperçut une jeune femme qu’il connaissait de vue. Il se dit qu’elle devait être âgée d’une trentaine d’années ; elle avait l’air seule. Elle était assise à une table de l’espace fumeur où se trouvaient d’autres personnes, mais qui n’étaient sûrement pas avec elle. Elle but une margarita et fuma deux cigarettes tandis qu’il la surveillait de loin. Le bar était bondé, mais il semblait bien qu’elle n’était sortie s’amuser avec aucun de ceux qui tentaient d’engager la conversation avec elle. Deux hommes avaient tenté une approche ; elle leur avait répondu non de la tête et ils étaient repartis. Le troisième prétendant se tenait face à elle. Tout portait à croire qu’il n’avait pas l’intention de s’en laisser conter.
C’était une brune au visage plutôt fin, même si elle était un peu ronde ; ses épaules étaient recouvertes d’un joli châle, elle portait une jupe qui l’habillait avec goût ainsi qu’un t-shirt de couleur claire sur lequel on lisait l’inscription “San Francisco” : une minuscule fleur dépassait du F.
Elle parvint à éconduire l’importun. Il eut l’impression que l’homme éructait quelque chose à la face de la jeune femme. Il la laissa se remettre et attendit un moment avant de s’avancer.

— Vous y êtes déjà allée ? demanda-t-il.
La brune leva les yeux. Elle ne parvenait pas vraiment à se souvenir où elle l’avait vu.
— À San Francisco, précisa-t-il, son index pointé vers le t-shirt.
Elle baissa les yeux sur sa poitrine.
— Ah, c’est de ça que vous parlez, observa-t-elle.
— C’est une ville merveilleuse. Vous devriez aller y faire un tour, conseilla-t-il.
Elle le dévisagea, se demandant sans doute si elle devait lui ordonner de décamper comme elle l’avait fait avec les autres. Puis, elle sembla se rappeler l’avoir déjà croisé quelque part.
— Il se passe tellement de choses là-bas, à Frisco, il y a de quoi visiter, poursuivit-il. Elle consentit un sourire.
— Vous ici ? s’étonna-t-elle.
— Eh oui, charmé de vous y voir. Vous êtes seule ?
— Seule ? Oui.
— Sérieusement, pour Frisco, vous devriez vraiment y aller.
— Je sais, j’ai... Ses mots se perdirent dans le vacarme. Il passa sa main sur la poche de sa veste et se pencha vers elle.
— Le vol est un peu cher, concéda-t-il. Mais, je veux dire... j’y suis allé une fois, c’était superbe. C’est une ville merveilleuse.
Il choisissait ses mots à dessein. Elle leva les yeux vers lui et il s’imagina qu’elle était en train de compter sur les doigts d’une seule main le nombre de jeunes hommes qu’elle avait rencontrés et qui utilisaient des termes comme “merveilleux”.
— Je sais, j’y suis allée.
— Eh bien, me permettez-vous de m’asseoir à vos côtés ?
Elle hésita l’espace d’un instant, puis lui fit une place. Personne ne leur prêtait une attention particulière dans le bar et ce ne fut pas non plus le cas quand ils en sortirent, une bonne heure plus tard, pour aller chez lui, en empruntant des rues peu fréquentées. À ce moment-là, les effets du produit avaient déjà commencé à se faire sentir. Il lui avait offert une autre margarita. Alors qu’il revenait du comptoir avec la troisième consommation, il avait plongé sa main dans sa poche pour y prendre la drogue qu’il avait versée discrètement dans la boisson. Tout se passait pour le mieux entre eux, il savait qu’elle ne lui poserait aucun problème.
La Criminelle fut contactée par téléphone deux jours plus tard. Ce fut Elinborg qui reçut l’appel et prit les choses en main. Des agents de la circulation avaient déjà fermé cette rue du quartier de Thingholt quand elle arriva sur les lieux, en même temps que les gars de la Scientifique. Elle vit le médecin régional de Reykjavik qui descendait de sa voiture. La Scientifique était tout d’abord la seule habilitée à accéder à la scène de crime afin de procéder à ses relevés. Elinborg l’avait gelée, pour reprendre l’expression consacrée des professionnels.
Elle s’était occupée du reste en attendant patiemment leur feu vert pour entrer dans l’appartement. Des journalistes de la presse écrite, de la télévision et de la radio s’étaient rassemblés sur place et elle les observait en plein travail. Ils se montraient insistants, certains étaient même insultants envers les policiers qui leur barraient l’entrée du périmètre. Elle en avait reconnu deux ou trois qui travaillaient pour la télévision, un présentateur minable récemment promu journaliste et un autre qui animait une émission politique. Elle se demandait ce qu’il fabriquait en compagnie de cette clique. Elinborg se souvenait qu’à ses débuts, lorsqu’elle était l’une des rares femmes dans les rangs de la Criminelle, les journalistes étaient plus polis et, surtout, nettement moins nombreux. Elle préférait ceux des quotidiens. Les représentants de la presse écrite s’accordaient plus de temps, ils étaient plus discrets et moins présomptueux que ceux qui avaient leur caméra à l’épaule. Certains étaient même de bonnes plumes.

 

 

Déjà lu du même auteur :

la_cit__des_jarres La Cité des jarres  la_femme_en_vert La Femme en vert 

la_voix La Voix l_homme_du_lac L'Homme du lac 

hiver_arctique Hiver Arctique  hypothermie Hypothermie

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Islande

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
Viking_Lit

15 février 2011

Omakayas – Louise Erdrich

omakayas École des Loisirs – mars 2002 – 203 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Frédérique Pressmann

Quatrième de couverture :
En langue Anishinabeg, Omakayas signifie Petite Grenouille. C'est le nom qu'on lui a donné parce que son premier pas a été un saut. Tout a un sens pour ce peuple Amérindien des grandes forêts du Nord. Au début de cette histoire, Omakayas n'a que huit ans, elle est joyeuse et insouciante, il lui manque deux dents de devant. Elle vit avec son père, sa mère, sa grand-mère fumeuse de pipe, et ses trois frères et soeurs sur l'île de Moningwanaykaning, l'île du Pic à poitrine d'or, sur le lac Supérieur. Son seul gros problème, c'est son frère Petit Pinçon. Elle le trouve insupportable. Il l'énerve, à brailler tout le temps, à mentir, à casser ses jouets, à l'empêcher de réfléchir. Elle ne sait pas encore que trois saisons plus tard, sa vie aura changé. Les esprits lui auront parlé et donné leurs pouvoirs, une corneille mystérieuse se sera laissée apprivoisée, une maladie terrible aura été apportée par les Chimookomanug, les Blancs, et c'est à elle, Omakayas, qu'il incombera de sauver sa famille. Y compris Petit Pinçon.

Auteur :  Karen Louis Erdrich est née le 7 juillet 1954 à Little Falls, dans le Minnesota, d'une mère ojibura (famille des Chippewa), donc amérindienne, et d'un père germano-américain. Elle grandit dans le Dakota du Nord, aux États-Unis, où ses parents travaillaient au Bureau des Affaires Indiennes.
Louise Erdrich est, avec Sherman Alexie, l'une des grandes voix de la nouvelle littérature indienne d'outre-Atlantique. Si elle écrit, c'est pour réinventer la mémoire déchirée de ces communautés qui, aux confins des Etats-Unis, vivent sur les décombres d'un passé mythique.

Mon avis : (lu en février 2011)
Ayant déjà lu deux livres de Louise Erdrich que j'avais bien aimé, lorsque j'ai vu celui-ci sur le présentoir de la bibliothèque côté adulte, je n'ai pas hésité à l'emprunter. Je me suis aperçu plus tard que c'était un livre pour jeunes lecteurs, mais il se lit vraiment très bien pour un adulte.
Il nous raconte l'histoire d'Omakayas petite fille de huit ans qui vit avec sa famille sur l'île de Moningwanaykaning (" Pic à Poitrine d'or "), sur le Lac Supérieur. Elle participe aux travaux quotidiens de la famille, elle écoute les sages conseils de sa grand-mère, elle est très admirative de sa grande soeur Angeline, elle adore son petit frère encore bébé Neewo mais elle trouve son frère Petit Pinçon vraiment insupportable ! Au début de l'histoire, c'est l'été, Omakayas va apprivoiser une corneille Andeg et au fil de l'histoire elle découvre sa proximité particulière avec les animaux.
C'est un livre passionnant, il nous fait découvrir les Indiens Anishinabeg, originaire des régions des grandes forêts du Nord de l'Amérique, avec leur façon de vivre et leur mode de pensées très différents des nôtres. La nature et les saisons sont au centre de la vie de ces Amérindiens. Cette histoire est pleine de poésie.
A la fin du livre un glossaire complète bien notre découverte de ce peuple Indiens.

Extrait : (page 13)
NEEBIN (L'ÉTÉ)
LA PETITE MAISON DE BOULEAU
On l'appelait Omakayas, ou Petite Grenouille, parce que son premier pas avait été un saut. C'était une petite fille alerte de sept hivers, une fille réfléchie aux yeux bruns et brillants, et au grand sourire, auquel il ne manquait que les deux dents de devant. Elle toucha sa lèvre supérieure. Elle ne s'était pas encore habituée à ce trou dans sa bouche et avait hâte que de nouvelles dents d'adulte viennent compléter son sourire. Fidèle à son nom, Omakayas observa un long moment l'étendue marécageuse qui scintillait à ses pieds, prit son élan et sauta. Un monticule. Sauvée. Omakayas bondit de nouveau. Cette fois, elle atterrit en haut, tout en haut d'une vieille souche pointue. Elle demeura en équilibre et regarda autour d'elle. L'eau du lagon dessinait des croissants chatoyants. D'épaisses touffes d'herbes ondoyaient. Les tortues de vase faisaient la sieste au soleil. Le monde était si calme qu'Omakayas s'entendait cligner des yeux. A peine le chant doux et solitaire d'un bruant à gorge blanche qui perçait la fraîcheur des bois qui les entouraient.
Tout d'un coup, Grand-mère s'exclama :
- Je l'ai trouvé !
Cela fit sursauter Omakayas, qui glissa, fit de grands moulinets avec les bras, tituba mais parvint à retrouver l'équilibre. Deux grands bonds, un petit saut et la voilà sur la terre ferme. Posant les pieds sur les feuilles et la mousse gorgées d'eau, elle pénétra dans les bois où les chants des moineaux en train d'installer leurs nids se relayaient en canons délicats.
- Où es-tu ? appela Nokomis de nouveau. J'ai trouvé l'arbre !
- J'arrive, répondit Omakayas à sa grand-mère.
On était au printemps et il était temps de couper l'écorce du bouleau.

Challenge 100 ans de littérature américaine 2011
challenge_100_ans

 

Déjà lu du même auteur :

la_chorale_des_maitres_bouchers_p La Chorale des maîtres bouchers la_mal_diction_des_colombes La malédiction des colombes

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14 février 2011

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [16]

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C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou et proposé par Galleane

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

l__criture_sur_le_mur La_vierge_froide_et_autres bons_baisers_de_cora_sledge tout_pr_s_le_bout_du_monde

L'écriture sur le mur - Gunnar Staalesen (Masse Critique Babelio)
La vierge froide et autres racontars - Jorn Riel , Gwen de Bonneval , Hervé Tanquerelle (BD)
Bons baisers de Cora Sledge - Leslie Larson (Blog-O-Book)
Tout près le bout du monde - Maud Lethielleux

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Omakayas - Louise Erdrich

Que lirai-je cette semaine ?

un livre de Franck Thilliez pour Découvrons un auteur chez Pimprenelle (pour le 22/02)
Kyoto Limited Express - Olivier Adam et Arnaud Auzouy (LC du 25/02)

Bonne semaine, bonnes lectures et à lundi prochain !

13 février 2011

Tout près le bout du monde – Maud Lethielleux

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Flammarion – novembre 2010 – 509 pages

Quatrième de couverture :
« Moi j'aime bien l'idée du journal. Il paraît que personne ne lira ce que j'écris alors je peux tout dire, c'est pratique, j'aime bien tout dire quand personne ne peut l'entendre. Je sais pas ce que je peux raconter, si je dois dire mon âge et me présenter, par exemple écrire sur la première page « Bonjour, je m'appelle Malo, je viens d'arriver chez Marlène... » ou si je dois parler de ce qu'on fait tous les jours, ou plutôt de mes pensées, de mes rêves ou de mes cauchemars. Je sais pas si je peux parler de Jul et de Solam. Je sais pas si je dois expliquer pourquoi je suis là, toute façon, je suis pas sûr et certain de savoir. »

Auteur : Maud Lethielleux est musicienne et metteur en scène. Elle a parcouru le monde, de l’Asie à la Nouvelle-Zélande. Elle a publié Dis oui Ninon en 2009 et D’où je suis, je vois la lune en 2010.

Mon avis : (lu en février 2010)
« Le bout du monde » est une ferme isolée où Marlène accueille trois jeunes en difficultés.
Il y a Malo, un jeune garçon sensible qui regrette de ne pouvoir vivre à Cynthia, sa mère. Il y a Jul, jeune fille anorexique qui n'arrive pas à oublier son petit ami qui lui a fait du mal. Et enfin, Solam qui déverse toute sa haine sur Marlène.
Jour après jour, ils vont devoir apprendre à vivre ensemble, ils vont se reconstruire et chaque soir, ils se confient en écrivant leur journal. C'est à travers les pages des trois journaux que le lecteur découvre peu à peu les douleurs, puis les transformations de chacun et chacune.
C'est un roman très émouvant qui m'a fait verser quelques larmes. Malo, Jul, Solam et Marlène sont très différents et très attachants.
Ce livre est pour moi un grand coup de cœur !

Extraits : (début des écrits de Malo, Jul et Solam)

Le plus difficile c'est de commencer. Il faut attendre que ça vienne sans se forcer et à un moment, sans qu'on s'en rende compte, ça vient tout seul.
C'est la première fois que j'écris un journal. J'ai essayé une fois à l'époque mais j'ai pas tenu plus de deux jours. Pourtant la patience ça me connaît, mais pas toujours aussi simple qu'on le croit. Il y a des choses qui paraissent simples aux autres, mais quand c'est à nous que ça arrive c'est pas simple du tout. Des fois c'est même compliqué.
Moi j'aime bien l'idée du journal. Il paraît que personne ne lira ce que j'écris alors je peux tout dire, c'est pratique, j'aime bien tout dire quand personne ne peut l'entendre. Je sais pas ce que je peux raconter, si je dois dire mon âge et me présenter, par exemple écrire sur la première page « Bonjour, je m'appelle Malo, je viens d'arriver chez Marlène... » ou si je dois parler de ce qu'on fait tous les jours, ou plutôt de mes pensées, de mes rêves ou de mes cauchemars. Je sais pas si je peux parler de Jul et de Solam. Je sais pas si je dois expliquer pourquoi je suis là, toute façon, je suis pas sûr et certain de savoir.


Ley.
Je vais partir cette nuit, je ne sais pas où exactement. La seule chose dont je suis sûre c'est que tu n'auras pas mon adresse. Ils m'ont fait promettre de ne pas te chercher, ni de t'écrire, j'ai dit oui pour avoir la paix mais tu t'en doutes, je n'en pense pas un mot.
Cette nuit, dans mon rêve je te cherchais. Tu avais disparu. Je courais dans les rues, je demandais où tu étais mais quand je disais ton prénom personne ne réagissait, comme si tu n'existais plus. Même Bidouille était différent. Papillon aussi. Je me suis réveillée en sueur, j'avais mal. J'ai toujours plus mal au réveil, tu sais.
On m'a laissé le choix entre une ferme et une maison au bord de la mer pour les filles comme moi. Quand ils ont dit « comme toi », j'ai fait semblant de ne pas comprendre. J'ai choisi la ferme parce que j'ai aimé son nom : Le bout du monde.
Ils ont besoin de bras, paraît-il, pour les aider à rénover une ruine. J'ai regardé mes bras...


La putrie de ta mort, quand j'y pense ça me débecte de savoir que c'est là qu'on m'a jeté ! T'as voulu que j'écrive ? Tu vas en avoir pour tes yeux, la vioque. Une page minimum que je vais t'arracher et coller à la porte de ta piaule pourrie, vieille meuf tu fais pitié à voir. T'es misérable dans ton pull de vioque, t'es moche à crever. Tu t'en fous des fautes d'orthographe ? Tu vas être gâtée, grognasse, fallait pas me la faire antiscolaire. Comment tu vas regretter ta décision ! J'vais tout niquer ta baraque qui pue la merde. Sur ma vie que tu vas le regretter. Tu veux me connaître, eh ben tu vas me connaître ! Tes champs de bouseux, je vais te labourer avec les dents tellement j'ai la haine. La haine, tu sais ce que ça veut dire ? Ça veut dire que tu vas en baver grave et que dans trois jours tu pleureras ta grand-mère. Qu'est-ce que je dis ? T'es trop vieille pour avoir une grand-mère, t'es carrément trop vieille, c'est pour ça que tu m'as fait venir, t'es pressée de clamser.
Tu veux qu'on écrive et tu fais croire que tu liras pas, tu nous prends pour des débiles, ma parole, on sait comment vous êtes alors tu vois, je te déchire la page et je te la colle sur ta face tordue.

12 février 2011

Bons baisers de Cora Sledge - Leslie Larson

Lu dans le cadre d'un partenariat Blog-O-Book et Éditions 10/18

bons_baisers_de_cora_sledge 10/18 – janvier 2011 – 379 pages

traduit de l'américain par Michèle Valencia

Quatrième de couverture :
A quatre-vingt-deux ans, Cora est obèse, s'autorise un peu trop d'anxiolytiques et fume plus que de raison. Pourtant le jour où ses enfants la placent dans une maison de retraite, c'est l'électrochoc. Bien décidée à ne pas s'attarder dans ce cul de sac, Cora met tout en œuvre pour reprendre le contrôle de sa vie. Et pour cela, il lui faut affronter un passé trop longtemps tenu secret... Plus qu'un personnage, Cora est une rencontre, celle d'une femme intraitable et souvent irrévérencieuse, celle d'une voix juste et sincère à laquelle on ne peut que prêter l'oreille. Elle nous dit que la désobéissance est souvent le premier chemin vers la liberté, et surtout, qu'il n'est jamais trop tard... Un roman foisonnant d'énergie et d'émotion au plus près des choses de la vie.

Auteur : Leslie Larson est née à San Diego, Californie. Elle a écrit pour Faultline, l'East Bay Express, le Women's Review of books. Après Connexions, elle signe Bons baisers de Cora Sledge. Elle vit aujourd'hui à Berkeley.

Mon avis : (lu en février 2011)
Cora est une vieille dame de 82 ans, obèse, qui abuse des anxiolytiques, de la cigarette. Elle vit seule dans sa maison où règne le désordre, elle se laisse vivre sans s'obliger à quoique ce soit. Mais un jour ses enfants ne supportant plus son laisser-aller, la placent dans une maison de retraite appelée les Palisades, contre son gré.
Lorsque sa petite-fille Emma lui offre un cahier et un stylo, elle décide d'écrire son histoire : ses souvenirs de jeunesse, sa vie de femme et son quotidien aux Palisades. Elle raconte tout et n’épargne personne. Sa rencontre avec un homme, Vitus Kovic, va lui donner envie de faire des projets d’avenir…
Cora est très attachante malgré son caractère bougon, elle est drôle et n'hésite pas à remettre à leur place les pensionnaires qui l'exaspèrent...Elle est également très touchante, lorsqu'elle évoque son passé et le secretq ui la ronge depuis des années. J'ai pris vraiment beaucoup de plaisir à découvrir les souvenirs de Cora Sledge.

Merci à Blog-O-Book et aux Éditions 10/18 pour m'avoir permis de découvrir ce livre amusant.

Extrait : (début du livre)
C'est ma petite-fille Emma qui m'a donné ce cahier. La couverture est en toile à sac. Dessus, il y a une fleur séchée violette et, à l'intérieur, toutes les pages sont blanches. Je suis censée trouver ça beau. Le stylo violet qui va avec colle autant aux doigts que du chewing-gum mâchouillé. « Comme ça, tu n'auras pas mal à la main, mamie », m'a dit Emma. Je me suis mise à rire. La pauvre petite, si elle savait où ma main a pu se fourrer en quatre-vingt-deux ans, et pour quoi faire ! Mais bon, je suis restée poli et, de mon ton le plus aimable, je lui ai demandé à quoi ce truc pouvait bien me servir. « A noter tes pensées. Des souvenirs, des réflexions que tu aurais envie d'écrire. Un poème, peut-être, ou une impression qui a de l'importance pour toi. »
Cette gamine m'a toujours exaspérée.
Ils se sentent tous coupables parce qu’ils m’ont mise ici, alors ils font ce qu’ils peuvent pour que je ne perde pas la boule. Pour Noël, j’ai aussi eu un puzzle (comme perte de temps, il n’y a pas mieux) et un nécessaire à broderie (j’ai toujours eu horreur de ça). Dean, mon fils, m’a même offert des albums à colorier avec trois races de chiens : un caniche, un colley et un berger allemand. Ils me croient demeurée, retombée en enfance, ou quoi ?
Alors là, ils ne me connaissent vraiment pas.
J’ai laissé trainer ces cadeaux dans la salle de détente, et ils ont été chipés en un rien de temps. Le cahier, je l’ai glissé dans le tiroir du haut de ma coiffeuse en me disant que je pourrai toujours en arracher des pages si j’ai besoin d’un bout de papier. Ce machin est aussi gros qu’une fichue bible. Je ne vois vraiment pas comment une personne seine d’esprit arriverait à la remplir. Et puis, ce matin, je me suis levée tôt, le jour commençait à peine à filtrer à travers les stores. D’habitude, avec mes pilules, je suis assommée jusqu’au petit déjeuner, à l’heure où, en déambulateur ou en fauteuil roulant, le troupeau se dirige lentement vers la salle à manger. Mais ce matin, tout était calme. Personne n'appelait de son lit, personne ne donnait de grands coups en passant la serpillère. Les téléphones ne sonnaient pas encore au poste des infirmières, les jardiniers ne déplaçaient pas les feuilles avec leur maudite souffleuse, et les camions de livraison ne stationnaient pas devant ma fenêtre, moteur en marche.

Ce matin, donc, je me suis redressée brusquement dans mon lit comme si quelqu'un venait de prononcer mon nom. Souvent, je ne réussis pas à me sortir du plumard. J'y reste toute la journée, je somnole, je me réveille, je me rendors. Pour me calmer les nerfs, je force un peu sur mes chères petites pilules. Parfois des pans entiers de la journée s'effacent. Ça ne me dérange pas. Mais aujourd'hui, je me suis réveillée avec les idées on ne peut plus claires. Après un passage aux toilettes, je me suis assise à ma coiffeuse et je me suis mise à écrire.

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Prénom"

10 février 2011

La vierge froide et autres racontars - Jorn Riel , Gwen de Bonneval , Hervé Tanquerelle

La_vierge_froide_et_autres Éditions Sarbacane – octobre 2009 – 120 pages

Quatrième de couverture :
De son séjour dans les années 50 chez les trappeurs du Groenland,
Jørn Riel a rapporté ses désormais célèbres racontars.
Un racontar, « c’est une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge.
A moins que ce ne soit l’inverse » explique-t-il, plein de malice.
Il ajoute - modestement - qu'il s'est contenté de rapporter, endossant le rôle de conteur et de passeur.
Rôle qu'assument à leur tour Hervé Tanquerelle et Gwen de Bonneval en adaptant ces fabuleux récits en bande dessinée, où le burlesque et l'absurde se mêlent à la poésie et l'aventure.

Auteurs :
Jørn Riel est un écrivain danois, né en 1931. Jørn Riel s'est engagé en 1950 dans une expédition scientifique pour le nord-est du Groenland, où il passera seize années, notamment sur une base d'étude de l'île d'Ella. De ce séjour, il tirera le versant arctique de son œuvre littéraire, dont la dizaine de volumes des Racontars arctiques, ou la trilogie Le Chant pour celui qui désire vivre. Dans ces romans, dédiés à son ami Paul-Émile Victor, Jørn Riel s'attache à raconter la vie des populations du Groenland. Il reçoit en 2010 le Grand Prix de l'Académie danoise pour l'ensemble de son œuvre. Il vit actuellement en Malaisie.

Gwen de Bonneval est né le 9 janvier 1973 à Nantes. Après quelques dessins publiés dans la presse, il monte avec deux autres personnes une boîte de communication, expérience qui durera 3 ans. Puis il redevient indépendant, travaille également pour la jeunesse via le journal de Mickey ou Spirou. Mais c'est véritablement après son entrée à l'atelier des Vosges qu'il se consacre plus assidûment à la BD. C'est à cette période qu'il rencontre Fabien Vehlmann avec lequel il réalise Les Aventures de Samedi et Dimanche chez Dargaud. En parallèle, il dessine deux pages mensuelles pour un périodique de Nathan, et très vite propose une nouvelle série aux éditions Delcourt. Basile Bonjour est la transposition littérale de notre monde contemporain au sein de l'école.

Hervé Tanquerelle, né le 9 août 1972 à Nantes, est un dessinateur de bandes dessinées. Il intègre l’école Émile Cohl de Lyon et a comme professeur Yves Got, dessinateur du Baron Noir scénarisé par René Pétillon. C'est en 1998 que sort son premier livre, La Ballade du Petit Pendu, chez l'Association. Il participe au recueil Comix 2000. Suit une collaboration avec Hubert sur la série Le Legs de l'Alchimiste dont il fera les trois premiers tomes. Joann Sfar le repère et lui cède la partie graphique de la série Professeur Bell à partir du troisième album de la série jusqu'au cinquième actuellement. Contributeur régulier dans le mensuel Capsule Cosmique, il y crée le personnage de Tête Noire, petit catcheur mexicain qui se bat contre des monstres idiots. Shakabam est le premier album de la série Tête Noire. Il fut un des dessinateurs réguliers de Lucha Libre dans lequel il dessina Melindez et les Luchadoritos, série de gags en une page sur scénario de Jerry Frissen.

Mon avis : (lu en février 2011)
J'avais déjà lu le livre de Jørn Riel avant l'existence de mon blog et j'ai beaucoup aimé les redécouvrir en BD. Ces racontars sont des récits qui ont pour source les souvenirs personnels de Riel, qui a passé 16 ans au Groenland.
On est plongé dans l'atmosphère froide du Groenland, on découvre la solitude des trappeurs vivant à deux ou trois dans des cabanes avec comme seule horizon la neige, les soirées bien arrosées qui permettent de supporter la longue nuit polaire.
Tout au long des différents racontars, on découvre différents personnages incroyables et haut en couleurs qui nous deviennent familiers au fil des pages. Il y a Valfred, Anton, Herbert, William le Noir, Mad Madsen, Lodvig, Bjørken...
En page de garde, une carte bien utile, nous permet de situer les différents campements et les trappeurs.

Sous forme de Bandes Dessinées les racontars sont très plaisants à découvrir, l'adaptation est une réussite qui sublime l'atmosphère de l'œuvre de Jørn Riel. C'est poétique, burlesque, drôle, insolite, décalé, cocasse, parfois philosophique ou émouvant... A découvrir sans hésiter !
J'ai dans ma PAL (cadeau d'un Swap), « Un safari arctique » en livre de poche qui est la suite de « La Vierge froide et autres racontars », il va falloir que je le lise pour retrouver la suite des aventures des trappeurs du Groenland.

Extraits :

200910RacontarsExtrait2

200910RacontarsExtrait3

200910RacontarsExtrait31

200910RacontarsExtrait4

200910RacontarsExtrait1

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Danemark

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
Viking_Lit

9 février 2011

L'écriture sur le mur - Gunnar Staalesen

Lu dans le cadre de babelio_masse_critique

l__criture_sur_le_mur Gaïa - février 2011 – 352 pages

traduit du norvégien par Alex Fouillet

Quatrième de couverture :
À Bergen, février est un mois dangereux pour les sorties solitaires. Un juge d’instance est retrouvé mort dans l’un des meilleurs hôtels de la ville, seulement vêtu d’un délicat ensemble de dessous féminins.

Quelques jours plus tard, le détective privé Varg Veum se voit confier la mission de retrouver Thorild, une jeune fille disparue. Thorild, qui aurait l’âge d’être sa fille. L’âge auquel on dit de la jeunesse qu’elle reflète l’état de la société. Varg Veum a pris un coup de vieux. Il s’est fait à l’idée de garder ses distances avec l’aquavit, et assume une histoire qui dure avec Karin. Le bonheur ? Pas si simple. Varg reçoit du courrier. Dans l’enveloppe, un avis de décès. Le sien.

Auteur : Gunnar Staalesen est né à Bergen, en Norvège, en 1947. Il fait des études de philologie et débute en littérature à 22 ans. Il se lance peu à peu dans le roman policier et crée en 1975 le personnage de Varg Veum, qu’il suivra dans une douzaine de romans. Tous les polars de Staalesen suivent les règles du genre à la lettre, avec brio. Et les problèmes existentiels du détective privé, ses conflits avec les femmes et son faible pour l’alcool sont l’occasion d’explorer, non sans cynisme, les plaies et les vices de la société.

Mon avis : (lu en février 2011)
C'est le premier livre que je lis de cet auteur norvégien. Ce livre est paru en 1993 en Norvège, c'est la neuvième enquête de Varg Veum paru en France.
Varg Veum est un ancien travailleur social de la Protection de l'Enfance devenu détective privé. Il est plutôt sage, il a une relation assez stable avec une amie Karin, il sait résister à l'aquavit.
Le livre s'ouvre sur la découverte d'un juge mort vêtu de lingerie féminine dans une chambre d'hôtel. Quelques jours plus tard, Varg Veum est contacté par une mère pour enquêter sur la disparition de sa fille. Thorild, seize ans, a disparu du domicile familiale depuis presque une semaine. Varg Veum va mener son enquête auprès des amies de la jeune fille mais celles-ci sont peu bavardes... Quelques jours plus tard Var Veum reçoit son propre faire-part de décès.

Voici un roman policier plutôt agréable à lire, l'intrigue est bien construite, avec de multiples pistes et une conclusion surprenante.
Dans ce livre Gunnar Staalesen dénonce certains vices de la société, ici, il est question de la prostitution. Le personnage de Varg Veum m'a bien plu et si l'occasion se présente, je serai curieuse de lire de ses premières enquêtes.

Merci à Babelio et aux Éditions Gaïa pour m'avoir permis de découvrir ce nouvel auteur scandinave.

Extrait : (début du livre)
Quand le juge H.C Brandt, soixante-deux ans, fut retrouvé mort un vendredi de février dans l'un des meilleurs hôtels de la ville, uniquement vêtu d'un ensemble de sous-vêtements féminins des plus raffinés, les rumeurs ne tardèrent guère.
Des rires retentissants fusaient autour des tables de journalistes du Wesselstuen à chaque nouvelle information, et le moindre détail prenait facilement des proportions inattendues. Je me vis présenter une poignée de ces hypothèses par mon vieux copain de classe, le journaliste Paul Finckel, alors que nous partagions au Børs un déjeuner paisible fait de carbonnade et de bière, quelques jours plus tard.
Qu'on ait retrouvé le juge en sous-vêtements féminins, c'était déjà assez sensationnel. Les suppositions quant à la couleur des dits sous-vêtements étaient légion. Le rose et le rouge revenaient fréquemment. Plusieurs personnes maintenaient contre vents et marées qu'ils avaient été vert pastel. En fin de compte, on s'accorda pour dire qu'ils avaient dû être noirs.
Les rumeurs les plus brûlantes concernaient la ou les personnes en compagnie de qui il s'était trouvé dans cette chambre. Car absolument personne ne croyait qu'il y avait été seul.
Un groupe en particulier était convaincu qu'il s'était agi d'un homme, puisque le juge, lui, portait des vêtements de femme. Mais comme personne n'avait jamais entendu dire que le juge ait été lié au milieu homosexuel de la ville, et puisqu'il était en outre marié et grand-père, c'était selon eux la révélation d'une homosexualité refoulée. Et qui pouvait affirmer que le partenaire potentiel n'appartenait pas à la même catégorie ? Le cas échéant, les journalistes avaient plein de bonnes idées, mais aucune preuve tangible de son identité.
Certains clamaient haut et fort que le juge aurait eu une liaison assez longue avec l'une de ses collègues, et un murmure vaguement scandalisé plana sur l'assemblée à l'évocation de son nom.
Aux tables rassemblant uniquement des hommes, on avança les noms de certaines collègues, dont une reporter célèbre d'un quotidien d'Oslo, et une journaliste un peu moins connue de la rédaction de NRK-Dagsnytt.
Pourtant, d'aucuns haussaient simplement les épaules devant toute cette histoire, et prétendaient que le juge n'avait eu la compagnie que d'une personne faisant commerce de ses charmes, qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme. So what ? commentaient-ils en commandant une autre bière.
Sur la cause du décès, plus personne ne spéculait.
Presque tout le monde penchait pour un problème cardiaque.

L\'écriture sur le mur par Gunnar Staalesen

L'écriture sur le mur

L\'écriture sur le mur

Gunnar Staalesen

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