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A propos de livres...

7 février 2013

Le terroriste noir – Tierno Monénembo

le_terrorisme_noir Seuil – août 2012 – 224 pages

Quatrième de couverture :
Tout commence en lisière de la forêt des Vosges, un jour de 1940, quand un père et son fils partis cueillir des champignons tombent par hasard sur un « pauvre nègre » endormi au pied des arbres. Conduit au village, ce jeune Guinéen adopté en France à l’âge de 13 ans, à la fois austère et charmeur, y fera sensation. Il saura enflammer les cœurs, s’attirer des protections. Mais ce n’est qu’un début : en 1942, il entre en contact avec la Résistance et crée un des premiers maquis de la région. Lancés sur ses traces, les Allemands l’appelleront « le terroriste noir ». Qui a trahi Addi Bâ ? Une de ses nombreuses amantes ? Un collabo professionnel ? Ou tout simplement la rivalité opposant deux familles aux haines séculaires ? À travers cette figure fascinante, c’est tout un pan méconnu de notre histoire qui défile : ceux que l’on appelait les tirailleurs sénégalais. C’est aussi la vie quotidienne de la population des Vosges, évoquée par Tierno Monénembo avec une verve irrésistible ? comme s’il s’agissait d’un village africain.

Auteur : Né en Guinée en 1947, Tierno Monénembo a reçu le prix Renaudot pour son dernier roman, Le Roi de Kahel (2008). Son oeuvre, comprenant une dizaine d’ouvrages principalement ancrés dans l’histoire du pays peul, est une des plus importantes de la littérature africaine d’aujourd’hui.

Mon avis : (lu en février 2013)
C’est la quatrième de couverture qui m’a donné envie de découvrir ce livre. 
Ce livre est une fiction imaginée autour de l'histoire vraie d'Addi Bâ, un jeune Guinéen né vers 1916. Adopté par un Blanc, il arrive en France à l'âge de 13 ans, pendant la Seconde Guerre, il devient soldat et est affecté dans le 12e régiment des tirailleurs sénégalais. Il est capturé après la bataille de la Meuse, il réussi à s'évader et se réfugie dans les forêts, il sera recueilli par le maire et le village de Romaincourt. En 1942, il entre en contact avec la Résistance et crée le premier maquis des Vosges.« Le terroriste noir » est le surnom que lui donneront les Allemands.  
J'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre car l'auteur alterne entre le passé et le présent dans sa narration. J'ai eu par moment du mal à me situer, dès le début j'ai mis du temps à comprendre qui était le narrateur puis le mélange passé et présent m'a embrouillé.
J'ai trouvé ce livre très intéressant du point vu historique. Les résistants de couleur ont longtemps été oubliés, pour preuve, Addis Bâ n'a reçu la médaille de la Résistance qu'en 2003 soit soixante après sa mort...

Extrait : (début du livre)
Vous a-t-on dit qu’avant son arrivée à Romaincourt, personne n’avait jamais vu de nègre, à part le colonel qui

savait tout du cœur de l’Afrique et du ventre de l’Orient ? Non, vraiment ? Vous avez tout de même entendu parler du bastringue que cela faisait en ces années-là à cause des Boches, des Ritals, des Bolcheviques, des Ingliches, des Yankees, et de tas d’autres gens qui, tous, en voulaient à la France, et avaient décidé, allez savoir pourquoi, de mettre l’univers sens dessus dessous rien que pour l’emmerder ? Le fatras, Monsieur, le grand caillon, comme cela se dit chez nous ! Des morceaux de Lorraine en Prusse, la Lettonie accolée au Siam, des éclats de Tchécoslovaquie partout, des Kanaks sur la banquise, des Lapons près de l’Équateur, et lui, ici, dans ce trou perdu des Vosges, dont il n’entendit prononcer le nom que plusieurs mois après qu’on l’eut découvert gisant, à demi-mort, à l’orée du bois de Chenois.
C’était la grande guerre, Monsieur, la chale avvaire, comme l’appelait mâmiche Léontine qui en soixante ans chez les Lorrains n’avait rien concédé de son accent du Sundgau. Vous ne pouvez pas l’ignorer, personne ne peut ignorer cette période-là, même chez vous sur les bords du Limpopo.

Ce sont les Valdenaire qui le virent pour la première fois. Le père et le fils, Monsieur, à la saison des colchiques ! Ils allaient aux jaunottes et puis le fils, surpris, poussa le cri de sa vie en entendant un bruit de bête que l’on égorge. Il ferma les yeux et pointa du doigt une masse sombre et inquiétante affalée dans un fourré d’alisiers, là où la terre semblait moins boueuse. Le père, accouru, sursauta, transpira à grosses gouttes, puis reprit très vite sa dignité :
– Mais voyons, Étienne, ce n’est là qu’un pauvre nègre.
– Un espion des Allemands, alors !
– Ils n’ont plus de nègres, les Allemands, et c’est bien
pour cela qu’il y a la guerre… Venez, fils !
– Mais, père…
– Taisez-vous, Étienne !
Les Allemands venaient de bombarder Épinal, et moi, Germaine Tergoresse, j’ignorais encore tout de votre oncle. J’ignorais qu’il s’appelait Addi Bâ et qu’il venait de s’évader d’une garnison de Neufchâteau. Surtout, j’étais loin de me douter que quelques mois plus tard, il viendrait habiter cette maison que vous voyez là, juste de l’autre côté de la rue, bouleverser la vie de ma famille et marquer pour de bon l’histoire de ce village.

Cette insolite rencontre avec les Valdenaire fut le début de tout. Je ne fus pas témoin de cette scène mais je sais que
l’on était fin septembre, un automne triste où les bombes volaient en éclats sous les pattes des daims, où les chiensloups venaient gémir jusqu’aux portes des maisons. Sonnez à n’importe quelle porte et l’on vous décrira mieux que si Renoir en avait fait un film sa petite taille, son teint de ricin, son nez de gamin, ses yeux de chat, ses habits de tirailleur, tachés de sueur et de boue, le buisson d’alisiers sous lequel il gisait, l’odeur de la tourbe, et le bruit des sangliers sous les châtaigniers.

 Challenge Petit BAC 2013
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"Couleur"

 Challenge 5% Littéraire 2012

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5ème session : couleur

 



 

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6 février 2013

Le Pacte - Lars Kepler

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Audiolib – avril 2012 – 16h - lu par Thierry Janssen

Actes Sud – octobre 2011 – 450 pages

traduit du suédois par Hege Roel-Rousson

Titre original : Paganinikontraktet, 2010

Quatrième de couverture :
Une jeune femme est retrouvée morte à bord d'un bateau dérivant dans l'archipel de Stockholm. Ses poumons sont remplis d'eau de mer, pourtant il n'y a pas une seule goutte d'eau sur ses vêtements. La sœur de la victime, une célèbre militante pour la paix, est quant à elle poursuivie par un tueur implacable. Le même jour, un corps est découvert pendu à une corde à linge dans un appartement à Stockholm. Il s'agit de Carl Palmcrona, le directeur général de l'Inspection pour les produits stratégiques, l'homme chargé de valider les contrats d armement de la Suède. Tout semble indiquer un meurtre car la pièce est vide et rien n'a pu lui permettre de grimper jusqu'au nœud coulant qui l'a étranglé. Pourtant l'inspecteur Joona Linna est persuadé qu'il s'agit d'un suicide... En menant de front ces deux enquêtes, Joona Linna ignore qu'il entre de plain-pied dans un univers trouble fait de commissions secrètes, d'ententes tacites et de pactes diaboliques. Un univers où les desseins machiavéliques le disputent aux pires cauchemars. Un univers où les contrats ne peuvent être rompus, même par la mort.
Après L'Hypnotiseur, Lars Kepler signe encore une fois un thriller haletant et continue d explorer la face sombre de la Suède.

Auteurs : Lars Kepler est le pseudonyme du couple d'écrivains Alexander et Alexandra Ahnoril. L'Hypnotiseur (2010), le premier opus de la série, a été un best-seller international.

Lecteur : Tierry Janssen, né en 1972 et diplômé de l'IAD Théâtre en 1995, il est à la fois comédien, auteur et metteur en scène. Formé au clown et à la commedia dell'arte, il a travaillé entre autres avec Carlo Boso et Franco Dragone. Il a déjà enregistré pour Audiolib Vendetta, Sukkwan Island L'Hypnotiseur, Pars vite et reviens tard et L'Armée furieuse.

Mon avis : (écouté en janvier 2013)
Dans ce thriller rythmé et prenant, nous retrouvons l'inspecteur Joona Lina au commande de l'enquête. Tout commence par la découverte du cadavre d'une jeune femme sur un voilier dérivant au large de l'archipel de Stockholm. Pendant ce temps, sa sœur Pénélope et son petit ami Bjorn sont pourchassés par un tueur efficace. Le même jour, Carl Palmcrona, directeur de l'Inspection pour les produits stratégiques est retrouvé pendu dans son appartement, est-ce un meurtre ? Ou un suicide ?
L'intrigue est est parfaitement construite avec du rythme, du suspens sur fond de corruption, de marchands d'armes, de tueur à gage, de génocide au Darfour... Une histoire efficace qui incite le lecteur à ne pas lâcher son livre...
Il y a cependant certaine longueur en particulier la traque de Pénélope et Bjorn traîne vraiment trop longtemps.

J'ai eu un peu de mal à m'y retrouver avec les nombreux personnages, la prononciation les noms suédois ne se retiennent pas aussi bien à l'oreille que visuellement. Les chapitres sont courts et nombreux et les auteurs passent souvent d'un personnage à un autre.
Remarque personnelle sur l'enregistrement : J'ai trouvé l’intro de chaque chapitre beaucoup trop long… 30 secondes : musique, le titre, re-musique… il y a 116 chapitres… c’est donc très vite pénible ! En revanche, j'ai bien apprécié le lecteur.

 

Extrait : (début du livre)
Quand, par une nuit claire, un large bateau de plaisance est retrouvé à la dérive dans le pertuis de Jungfrufjärden, au sud de l’archipel de Stockholm, c’est le calme plat. L’eau bleu-gris s’abandonne à des mouvements doux comme la brume.

Le vieux qui approche dans sa barque appelle à plusieurs reprises mais il se doute qu’il n’obtiendra pas de réponse. Cela fait presque une heure qu’il observe le bateau à moteur dériver lentement vers le large sous l’effet du courant.

L’homme manœuvre son embarcation et vient l’accoler au yacht. Il remonte les rames, s’amarre à la plate-forme située à l’arrière du bateau, grimpe à l’échelle en inox et enjambe le bastingage. Un transat rose trône au milieu du pont arrière. Le vieux attend un petit moment et tend l’oreille. N’entendant pas le moindre bruit, il ouvre la porte vitrée et descend un petit escalier menant au salon. Au travers des grandes fenêtres, une lueur grise tombe sur les meubles en teck verni et le tissu bleu nuit des canapés. Il avance dans le prolongement des marches au lambris éclatant, passe devant la kitchenette obscure, la salle de bains et pénètre dans la grande cabine. Une faible lumière s’infiltre par les hublots situés près du plafond, éclairant un lit double en forme de flèche. Près de la tête de la couchette, une jeune femme vêtue d’une veste en jean est appuyée contre le mur, en position assise, les cuisses écartées. Sa main repose sur un coussin rose. Elle regarde le vieil homme droit dans les yeux avec un mélange d’étonnement et d’inquiétude. Il lui faut un moment pour comprendre que la femme est morte.

Une pince en forme d’oiseau blanc retient ses longs cheveux noirs. Une colombe de la paix. Quand le vieux s’approche et touche sa joue, sa tête bascule en avant, un filet d’eau s’échappe de la commissure de ses lèvres et coule le long de son menton.  

 livre_audio

Déjà lu du même auteur : 

l_hynoptiseur L'Hypnotiseur 

 Challenge Thriller 
challenge_thriller_polars
catégorie "Même pas peur" : 24/12

 Challenge Voisins, voisines

voisins_voisines_2013
Suède

  Défi Scandinavie noire 2012

dc3a9fi_scandinavie_noire
Suède

Challenge Littératures Nordiques

litterature_nordique

  Challenge Pour Bookineurs En Couleurs
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PAL Noire

5 février 2013

Notre force est infinie - Leymah Gbowee

avec Carol Mithers

notre_force_est_infinie Belfond - octobre 2012 - 344 pages

traduit de l'américain par Dominique Letellier

Titre original : Mighty be our powers, 2011

Quatrième de couverture :
Inspirant et bouleversant, le témoignage unique d'une femme dont le courage, la passion et l'exceptionnelle force de conviction ont fait renaître l'espoir dans un pays ravagé. 
Leymah Gbowee n'a que dix-huit ans quand la guerre civile éclate au Liberia. Pendant quatorze ans, les troupes de Charles Taylor vont semer la terreur et la mort. Premières victimes, les enfants dont le dictateur fait des soldats, et les femmes harcelées, parfois violées par les miliciens. 
Au prix d'une volonté inouïe, Leymah Gbowee va relever la tête. Avec dans le coeur une conviction inébranlable : qu'importe l'ethnie, qu'importe la religion, si elles se rassemblent, les femmes peuvent défier la violence des hommes. 
D'innombrables sittings en terrifiantes confrontations avec les seigneurs de guerre, en passant par une grève du sexe aussi spectaculaire qu'efficace, Leymah Gbowee et son armée de femmes en blanc vont réussir l'impensable : pousser Charles Taylor à l'exil et ramener la paix au Liberia. 
Leymah Gbowee a reçu le prix Nobel de la paix en 2011.

Auteur : Née en 1972 à Monrovia (Libéria), Leymah Gbowee est la directrice exécutive du Women Peace and Security Network Africa, basé à Accra (Ghana). Elle a fondé le Women Peacebuilding Program/WestAFrican Network for Peacebuilding (WIPNET/WANET). Elle a aussi officié en tant que commissaire désigné pour la commission Truth et Reconciliation du Libéria. Son engagement a contribué à chasser le président Charles Taylor du pouvoir, après quatorze ans de guerre civile. Leymah Gbowee vit aujourd’hui au Ghana avec ses six enfants.

Mon avis : (lu en février 2013)
J'ai vraiment honte d'avouer qu'avant de lire ce livre, je ne connaissais pas du tout la Libérienne Leymah Gbowee devenue Prix Nobel de la Paix 2011 conjointement avec Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Liberia et à la Yéménite Tawakkul Karman.
Ce livre est le témoignage de la vie et de la lutte pour la paix de Leymah Gbowee.

 « Construire la paix ne signifie pas pour moi mettre fin aux combats en se dressant entre deux factions opposées mais soigner les blessures des victimes, leur rendre leur force, les faire redevenir ceux qu'ils ont été. C'est aider les bourreaux à redécouvrir leur humanisé afin qu'ils soient à nouveau utiles à leur communauté. Construire la paix, c'est enseigner qu'on peut résoudre les conflits sans prendre les armes. C'est reconstruire les sociétés où on a utilisé des armes et les rendre meilleures. »

Leymah Gbowee est une adolescente brillante lorsqu'en 1989 éclate la guerre civile au Liberia. Elle va connaître l'exil, les camps de réfugiés, ses rêves d'études supérieures sont loin, elle est mariée avec un homme violent et infidèle et devient très rapidement la mère de 4 enfants. Elle ressent très tôt le besoin d'être utile et de lutter pour s'en sortir. Elle va d'abord s'occuper d'enfants-soldats, puis de femmes violentées... Avec ses petits moyens, son énergie hors du commun, elle mobilise les femmes de toutes ethnies et de toutes religions pour intervenir auprès des hommes afin de mettre fin à la guerre civile.

« Nous sommes fatiguées ! Nous sommes fatiguées de voir tuer nos enfants ! Nous sommes fatiguées d'être violées ! Femmes réveillez-vous – vous avez une voix à faire entendre dans le processus de paix ! »

Sittings, manifestations pacifistes, prières et «grève du sexe» sont les moyens que Leymah a trouvé pour obliger les hommes du pays à s'assoir à la table des négociations. La déterminations de toutes les femmes habillées de blancs a fini par réussir à faire fuir le dictateur Charles Taylor et à rétablir la démocratie en faisant élire en 2003 une femme à la tête du Liberia.
Ce témoignage, nous raconte non seulement son combat pour la paix mais aussi sa vie familiale et personnelle et la difficulté de concilier les deux. Ce livre est passionnant, je ne connaissais pas du tout l'histoire du Liberia, j'associais seulement le Liberia au pavillon de complaisance pour les bateaux... Je suis vraiment admirative devant la détermination de Leymah et ses compagnes de lutte pour refuser la fatalité de la guerre civile et œuvrer à obtenir la paix dans leur pays. Bravo ! 

Extrait : (prologue)
Les histoires de guerre moderne se ressemblent souvent, non parce que les circonstances sont analogues, mais parce qu'elles sont racontées de la même manière. On cite les chefs qui prédisent en toute confiance la victoire. Les diplomates déclament des affirmations pompeuses. Les combattants, vantards, menaçants – toujours des hommes, qu'ils soient des soldats gouvernementaux ou des rebelles, qu'on les dépeigne comme des héros ou des bandits -, brandissent des trophées atroces et transforment leurs bouches en armes aussi dévastatrices que leurs kalachnikovs.
C'était ainsi, dans mon pays, le Liberia. Pendant les années où la guerre civile nous a déchirés, les reporters étrangers sont venus pour informer le monde sur notre cauchemar. Lisez leurs articles ! Regardez les clips vidéo ! Ils ne parlent que du pouvoir de destruction. Des gamins torse nu, à pied ou dans des camions à ridelles, tirent avec d'énormes mitrailleuses, dansent comme des fous dans les rues dévastées d'une ville ou se massent autour d'un cadavre, l'un d'eux brandissant le cœur sanglant de la victime. Un jeune homme portant des lunettes de soleil et un béret rouge fiche un regard glacial dans l'objectif : « On vous tue, on vous mange. »
Regardez à nouveau ces témoignages, plus attentivement, cette fois ! Regardez à l'arrière-plan, car c'est là que vous remarquerez les femmes ! Vous nous verrez nous enfuir, pleurer, nous agenouiller devant la tombe d'un enfant. Dans le récit traditionnel des histoires de guerre, les femmes sont toujours à l'arrière-plan. Nos souffrances ne sont qu'un à-côté du récit principal. Quand on nous montre, c'est par « intérêt humanitaire ». Nous autres, Africaines, sommes le plus souvent marginalisées et dépeintes comme des victimes pathétiques à l'expression hagarde, aux vêtements déchirés, aux seins tombants. Telle est l'image à laquelle le monde est habitué, l'image qui se vend.
Un jour, un journaliste étranger m'a demandé : « Avez-vous été violée pendant la guerre au Liberia ? »
Quand je lui ai répondu non, je n'ai plus présenté le moindre intérêt pour lui.
Pendant la guerre, presque personne n'a parlé de ce que fut cette autre réalité : la vie des femmes. Comment, en plein chaos, nous avons caché chaque fois que c'était nécessaire nos maris et nos fils pour éviter que les soldats ne les recrutent de force ou ne les tuent. Comment, en plein chaos, nous avons marché des kilomètres chaque jour pour trouver à manger et de l'eau pour nos familles. Comment nous avons perpétué la vie, afin qu'il reste quelque chose sur quoi reconstruire, quand la paix reviendrait. Comment, enfin, nous avons puisé notre force dans la solidarité pour parler de paix au nom de tous les Libériens.
Ceci n'est pas histoire de guerre traditionnelle. Il s'agit d'une armée de femmes en blanc qui se sont levées quand personne d'autre n'en avait le courage, car ce qu'on peut imaginer de pire nous était déjà arrivé. C'est une histoire qui raconte comment nous avons trouvé la persévérance et la bravoure morales indispensables pour élever la voix contre la guerre et restaurer le bon sens dans notre pays.
Je ne l'avais jamais entendue auparavant, parce que c'est une histoire de femme africaine et que nos histoires sont rarement contées.
Je veux que vous entendiez la mienne.

Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Sélection document 
Jury Février
 

Challenge 5% Littéraire 2012

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  Challenge Pour Bookineurs En Couleurs
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PAL Noire

4 février 2013

Priceminister et la BD

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En Février, le mois de la BD, PriceMinister propose aux blogueurs de faire la critique d’une oeuvre de la Sélection Officielle du Festival D’Angoulême.

À l’occasion du festival d’Angoulême, que se déroule du 31 janvier jusqu’au 3 février 2013, PriceMinister met la BD à l’honneur en organisant un évènement pour les blogueurs passionnés de Bande Dessinée.  Nous offrons des exemplaires de toutes les BD de la Sélection officielle du Festival d‘Angoulême, sur le principe d’une BD contre une critique.

Pour s'inscrire avant le 15 février : c'est ICI

 

 

 

 

4 février 2013

C'est lundi que lisez-vous ? [112]

 BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ? 

6h41 choplin_radeau la_vie_en_sourdine_CD souviens_toi_de_Hallows_farm

06H41 - Jean-Philippe Blondel
Radeau – Antoine Choplin
La vie en sourdine – David Lodge
Souviens-toi de Hallows Farm - Angela Huth

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Notre force est infinie - Leymah Gbowee (Grand Prix Elle 2013)
Un livre de Karin Giebel pour le rendez-vous Découvrons un auteur avec Stephie (10/02)

Que lirai-je cette semaine ?

Les saisons de l'envol - Manjushree Thapa (partenariat Albin Michel)
L'Ange du matin - Arni Thorarinson
La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert - Joël Dicker

Bonne semaine et bonnes lectures.

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2 février 2013

Souviens-toi de Hallows Farm - Angela Huth

 Lu en partenariat avec Livraddict et les éditions Folio

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Quai Voltaire Éditions – mai 2011 – 352 pages

Folio – octobre 2012 – 490 pages

traduit de l'anglais par Lisa Rosenbaum

Titre original : Once a land girl, 2010

Quatrième de couverture :
La Seconde Guerre mondiale vient de s'achever. Rentrée à Manchester après son séjour à Hallows Farm en tant que volontaire agricole, Prue rencontre Barry, un homme d'affaires prospère. Elle consent à l'épouser, sachant qu'il lui assurera le confort matériel. Mais son bonheur est de courte durée : elle est livrée à elle-même, et perd à la naissance l'enfant qui donnerait un sens à sa vie. Si la complicité de Johnny, son voisin poète et menuisier, la sauve un peu de la routine, sa seule véritable joie est de revoir Ag et Stella, ses amies de Hallows Farm, et d'évoquer avec elles leurs années de bonheur. Prue a beau savoir que cette époque est révolue, elle en garde une violente nostalgie. Sa séparation d'avec Barry, son amitié pour Ivy, une vieille dame à qui elle tient compagnie, ses amours contrariées n'auront pas raison de son rêve : celui de vivre dans une ferme à l'image de celle de Mr. et Mrs. Lawrence. Angela Huth entraîne le lecteur au cœur des pensées intimes d'une jeune femme comme dans les magnifiques paysages de la campagne anglaise, avec un souffle romanesque renouvelé.

Auteur : Angela Huth. Auteur de nombreux romans à succès dont L'Invitation à la vie conjugal et De toutes les couleurs, Angela Huth vit dans le Warwickshire en Angleterre. Ce huitième roman traduit en français fait suite aux Filles de Hallows Fram, adapté au cinéma sous le titre Trois Anglaises à la campagne.

Mon avis : (lu en janvier 2013)
Ce livre est la suite de "Les filles de Hallows Farm" que je n'ai pas lu mais dont j'ai entendu parler au début du Café Lecture de la Bibliothèque.
Prue est l'une des filles de Hallows Farm, pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a été volontaire agricole. Ce livre raconte son histoire après la guerre. Prue est de retour à Manchester dans le salon de coiffure de sa mère, elle est toujours à la recherche d'un bon parti, elle rêve également de vie à la campagne et de travail de la terre.
Prue va faire la rencontre de Barry, un homme d'affaires avec une belle situation, même s'il est plus âgé qu'elle, elle accepte le mariage car il lui promet le confort matériel. Mais un couple ne se fait pas seulement avec l'argent. Prue s'ennuie, elle sympathise avec Johnny, un voisin poète et menuisier qui élève des poules, puis elle décide de travailler dans une ferme non loin de chez elle. Cette exploitation est très différente de Hallows Farm. La ferme est un peu délaissée, les animaux manquent de soins... Lorsqu'elle tombe enceinte, elle espère enfin trouver le bonheur en élevant son enfant malheureusement la naissance se passera mal et le couple de Barry et Prue n'y résistera pas...
Ce livre se lit facilement, les déboires de Prue sont l'occasion de découvrir une époque : l'après-guerre, un pays, l'Angleterre, Manchester et la campagne anglaise... Prue garde une certaine nostalgie de l'époque de Hallows Farm avec ses deux complices Stella et Ag, la vie n'était pas facile, mais elle était si heureuse.

Merci à Livraddict et les éditions Folio de m'avoir permis de découvrir ce livre, cela m'a donné envie de lire à l'occasion le livre précédent "Les filles de Hallows Farm".

Logo Livraddict

Extrait : (début du livre)
« Combien de temps vas-tu continuer à contempler ce champ nu ? demanda une voix derrière elle. Il n'y a rien à voir. »
Perchée sur le troisième échelon de la barrière, les genoux pressés comme autrefois contre le bois doux et détrempé, elle regardait le Pré d'En Bas à présent vide d'animaux. Les terres étaient en jachère, les haies moins bien taillées que ne l'exigeait jadis Mr. Lawrence. Les longues herbes ployaient négligemment dans le vent. Elle revoyait au bout du pré la meule en feu, les vaches affolées fuyant l'intense chaleur qui faisait trembler l'air comme un mirage. Elle entendait encore les meuglements des bêtes et les voix moins fortes de Stella et d'Ag qui, bâtons en main, essayaient de chasser le bétail vers le champ de trèfle, de l'autre côté du chemin. Elle sentait de nouveau la sueur âcre qui mouillait ses aisselles alors qu'elle courait les rejoindre, les jambes en coton.
« Allez, viens. Nous ferions mieux de rentrer. »
Prue ne bougea pas. Elle avait besoin de rester là encore un moment.

 

 Challenge Voisins, voisines

voisins_voisines_2013
Grande-Bretagne

 Challenge God Save The Livre 
Challenge_anglais

31 janvier 2013

La vie en sourdine – David Lodge

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Audiolib – février 2009 – lu par Daniel Nicodème

Rivages – septembre 2008 - 413 pages

Rivages poche – avril 2010 – 460 pages

traduit de l'anglais 

Titre original : Deaf sentence, 2008

Quatrième de couverture : 
Desmond a des problèmes d'ouïe. Et d'ennui. Professeur de linguistique fraîchement retraité, il consacre son ordinaire à la lecture du Guardian, aux activités culturo-mondaines de son épouse, dont la boutique de décoration est devenue la coqueluche de la ville, et à son père de plus en plus isolé là-bas dans son petit pavillon londonien.
Lors d'un vernissage, alors que Desmond ne comprend pas un traître mot de ce qu'on lui dit et répond au petit bonheur la chance, une étudiante venue d'Outre-Atlantique lance sur lui ce qui ressemble vite à une OPA. Pourquoi Desmond ne l'aiderait-il pas à rédiger sa thèse ? Le professeur hésite. Pendant ce temps son père, martial, continue à vouloir vivre à sa guise et son épouse à programmer d'étonnants loisirs...

Auteur : Né à Londres, David Lodge a enseigné la littérature anglaise jusqu'en 1987 à l'université de Birmingham, et donné des conférences dans le monde entier. Essayiste, critique et romancier, il connaît en France un très grand succès.

Lecteur : Daniel Nicodème : Ce comédien de formation anglo-saxonne est la voix francophone de nombreuses stars comme Kenneth Brannagh ou Liam Neeson. Metteur en scène et professeur d'art dramatique, il joue également les classiques au théâtre. Il a déjà enregistré plusieurs ouvrages pour Audiolib, notamment La vie en sourdine de David Lodge prix audio « Lire dans le noir » 2009 et « Concerto à la mémoire d’un ange », d’Eric Emmanuel Schmitt, où sa lecture a été distinguée par le Prix d’interprétation Plume de Paon.

Mon avis : (écouté en janvier 2013)
La vie en sourdine est un livre conçu comme un journal intime où le jeune retraité, Desmond Bates, professeur de linguistique, raconte son quotidien. Il a des soucis de surdité qui lui posent souvent des difficultés pour communiquer et il se trouve souvent dans des situations drôles et décalées.
Sa femme est toujours active, elle se consacre à sa boutique de décoration. Desmond va également régulièrement à Londres pour rendre visite à son père qui commence à perdre un peu la tête.
Le livre commence avec un vernissage, où Desmond fait la connaissance Alex Loom, une étudiante américaine qui lui parle durant toute la soirée, mais lui est incapable d'entendre ce qu'elle dit. Il comprendra plus tard que cette jeune femme lui demande de l'aide pour sa thèse.
Avec ce livre, David Lodge évoque avec humour et tendresse l'handicap de la surdité et les conséquences de la vieillesse.
Desmond Bates est un personnage attachant, j'ai par compte trouvé Alex Loom trop caricaturale. Et ses déboires avec Desmond n'apportent pas grand chose à l'histoire...

J'ai pris un vrai plaisir en écoutant cette histoire en particulier grâce à l'interprétation remarquable du lecteur Daniel Nicodème.

 

Extrait : (début du livre)
Le grand monsieur grisonnant à lunettes, qui se tient en lisière de la foule dans la salle principale de la galerie, et qui se penche tout contre la jeune femme au corsage en soie rouge, baissant la tête et la détournant de son interlocutrice, opinant du chef sagement et émettant un murmure phatique par moments, n’est pas, contrairement à ce que vous pouvez penser, un prêtre hors service qu’elle aurait convaincu d’entendre sa confession au beau milieu de cette assemblée, ni un psychiatre à qui elle aurait extorqué une consultation gratuite ; et, lui, il n’a pas adopté cette posture pour mieux regarder dans le décolleté de la jeune femme, bien que ce soit un bonus accidentel qu’il tire de la situation, le seul en fait. La raison pour laquelle il a adopté cette position, c’est que la pièce est pleine de bruit de conversations, gronde d’un brouhaha qui se répercute sur les surfaces dures du plafond, des murs et du plancher, et tourbillonne autour des têtes des invités, les incitant à crier encore plus fort pour se faire entendre. Les linguistes appellent cela le réflexe de Lombard, du nom d’Etienne Lombard, lequel a découvert au début du XXe siècle que les gens haussent la voix dans un environnement bruyant afin de compenser la dégradation qui menace l’intelligibilité de leurs messages.

 

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 Challenge God Save The Livre 
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  Challenge Voisins, voisines
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Grande-Bretagne

 

 

31 janvier 2013

Masse Critique chez Babelio !

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Tentez votre chance !

30 janvier 2013

Radeau – Antoine Choplin

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La Fosse Aux Ours – août 2003 – 135 pages

Pocket – juillet 2006 – 134 pages

Quatrième de couverture :
1940, En pleine débâcle, Louis, au volant d’un camion, fuit devant l’arrivée prochaine des Allemands. Sa cargaison est précieuse. Il transporte des tableaux du Louvre qu’il faut mettre à l’abri. Sur la route, il dépasse une femme. Les consignes du plan « Hirondelle » sont strictes. Il ne doit pas s’arrêter. Et pourtant...

Auteur : Né en 1962, Antoine Choplin vit près de Grenoble, où il partage son temps entre l’écriture et l’action culturelle. Il est directeur de « Scènes obliques », dont la vocation est d’organiser des spectacles vivants dans les lieux inattendus, des sites de montagne. Il est aussi l’animateur depuis 1996 du Festival de l’Arpenteur (Isère), qui chaque mois de juillet programme des rencontres inhabituelles entre des créateurs (notamment des écrivains) et le public. Il s’est fait connaître en 2003 lors de la publication de son roman, Radeau, (2003), qui a connu un vrai succès populaire (Prix des librairies « Initiales », Prix du Conseil Général du Rhône). Parmi ses derniers titres : Léger Fracas du Monde (2005), L’impasse (2006), Cairns (2007), et de Apnées (2009), Cour Nord (2010), Le héron de Guernica (2011), La nuit tombée (2012).

Mon avis : (lu en janvier 2013)
C’est le livre qui a fait connaître Antoine Choplin. Tout commence en 1940, Louis transporte dans son camion des tableaux du Louvre, il s’agit de les mettre à l’abri avant l’arrivée des Allemands. Les consignes sont strictes, il faut rouler de nuit et ne s’arrêter sous aucun prétexte. Pourtant, Louis va déroger à la règle lorsqu’il rencontrera sur sa route une jeune femme qui marche sur le bord de la route, avec comme seul but s’enfuir chez elle. Louis va accueillir Sarah dans son camion et ils feront route ensemble. Dans la deuxième partie, nous sommes en 1943, Louis et Sarah sont toujours ensemble. Ils ont retrouvé refuge avec les tableaux dans un château du Lot.
Cette deuxième partie n’a pas la même magie que la première. Je me suis posée des questions en lisant ce livre et en le terminant je n’ai pas eu toutes mes réponses… J’ai retrouvé avec plaisir le style épuré, poétique d’Antoine Choplin. Ce texte fait appel au ressenti du lecteur, le silence, l’atmosphère, l’ambiance du moment est décrit avec force dans cette histoire. Imaginez-vous l’installation d’un musée en plein air, car par une belle journée de 1943 quelques toiles ont été installées dans les jardins pour les aérer…

Extrait : (début du livre)
Il franchirait la Loire à Saumur. Emprunterait le même pont chargé d'enfance. C'était cette route-là aussi, vers le Berry de ses grands-parents, des premières vacances, des cousins éloignés et des courses de brouette, des cerises trop mûres bouffées par les oiseaux.
Quand il y pense, Louis.
C'est le soir déjà. Il conduit depuis bientôt trois heures. N'éprouve aucune fatigue.
Pourtant, il y a eu le chargement, interminable, depuis les dépôts sarthois de Louvigny, Chèreperrine, Aillières et La Pelice. Le plan « hirondelle », appliqué à la lettre. Deux jours et deux nuits, presque sans pause. De l'emballage, des centaines de caisses passées de main en main, les obligations à peine compatibles de rapidité et de minutie.
Les Allemands pas loin, on ne sait pas exactement où. Partir au plus vite, les plus gros camions d'abord, vers d'autres destinations plus au sud.
Plus tard enfin, allez, vas-y Louis et bonne route. Et téléphone pour nous dire.
La lumière tombe.
Il faudra bientôt envisager la nuit. Dormir quelques heures quand même, vers Mirebeau ou Vouillé.
Le camion ronronne sans discrétion mais avec une belle régularité. La cargaison calée désormais, et bien arrimée, ne brinquebale plus. Louis a l'esprit vagabond. Il goûte cette fuite, surtout pour sa dimension collective. Ça lui prend le ventre, tous ces camions partis ensemble sur les routes avec leurs trésors, comme les salves d'un feu d'artifice. Et lui, comme l'une d'elle.
Il grignote un peu des victuailles préparées par les filles des Musées nationaux. Pâté, biscuits secs, fromages, bouteille de rouge. Il est heureux, Louis. Il a fait un bon bout de chemin. Demain soir, il devrait être rendu. Après, il n'y aura qu'à attendre les instructions.

 

Déjà lu du même auteur :

le_h_ron_de_guernica Le héron de Guernica 5600 La nuit tombée 

cour_nord Cour Nord

 

 

29 janvier 2013

06H41 - Jean-Philippe Blondel

Lu dans le cadre du Prix Relay des Voyageurs
Sélection février : Nominé

6h41 Buchet Chastel - janvier 2013 - 240 pages

Quatrième de couverture : 
Le train de 06h41, départ Troyes, arrivée Paris. Bondé, comme tous les lundis matins. Cécile Duffaut, 47 ans, revient d’un week-end épuisant chez ses parents. Elle a hâte de retrouver son mari, sa fille et sa situation de chef-d’entreprise. La place à côté d’elle est libre. S’y installe, après une légère hésitation, Philippe Leduc. Cécile et lui ont été amants vingt-sept ans auparavant, pendant quelques mois. Cela s’est très mal passé. A leur insu, cette histoire avortée et désagréable a profondément modifié leurs chemins respectifs. Tandis que le train roule vers Paris et que le silence s’installe, les images remontent. Ils ont une heure et demie pour décider de ce qui les attend.

Auteur : Né en 1964, Jean-Philippe Blondel est professeur d'anglais dans un lycée à côté de Troyes. Après son premier roman, Accès direct à la plage (2003), qui a rencontré un vif succès, il a publié plusieurs romans, This is not a love song (2007), Le baby-sitter (2010), G229 (2011) et récemment Et rester vivant (2011). Il a écrit aussi des romans pour adolescents, comme Blog (2010) et (Re)play ! (2011).

Mon avis : (lu en janvier 2013) 
6h41, c'est l'heure du train du lundi matin Troyes Paris. Cécile Duffaut revient d'un week-end passé chez ses parents. 
Philippe Leduc vit depuis toujours à Troyes, ce matin il « monte » à Paris pour aller voir un ami à l'hôpital. Ils vont se retrouver assis l'un à côté de l'autre dans le train de 6h41.
L'un et l'autre se connaissent, il y a 27 ans, ils ont eu une histoire ensemble dont ils gardent un souvenir plutôt amer. A l'époque, Cécile était une fille assez transparente, Philippe était le garçon populaire et sûr de lui. Aujourd'hui Philippe a pris de l'embonpoint, il est divorcé et travaille comme vendeur dans un grand magasin. Cécile a pris de l'assurance, mariée avec un enfant, elle vit et travaille comme chef-d’entreprise à Paris.
En silence, l'un à côté de l'autre, Cécile et Philippe se reconnaissent mais n'en laissent rien paraître et à tour de rôle ce voyage en train est l'occasion de revenir sur leurs parcours de vie du passé jusqu'au présent.

En commençant ce livre, j'imaginais plutôt une histoire autour des voyages en train, un quotidien que je connais bien et où il y aurait matière à raconter, mais après la lecture de ce roman et quelques jours de réflexion pour écrire ce billet, je reconnais que cette histoire est plus profonde que cela... Faire un retour sur notre passé à l'occasion d'une rencontre ou d'un souvenir qui s'impose, cela nous fait souvent réfléchir à notre vie, aux chemins que l'on a pris, sont-ils ceux que l'on imaginait il y a 20 ans, 30 ans...

 

Extrait : (page 17)
J’aime bien les trains. Les heures passées à ne rien faire de particulier. On prépare un sac pour le trajet – pareil que les enfants quand ils sont encore petits. On y fourre deux livres de poche, des chewing-gums, une bouteille d’eau – pour un peu on y mettrait aussi sa couverture fétiche. Tout pour que le temps passe agréablement. En arrivant à la gare, on traîne même du côté des magazines, et on en achète un, de préférence sur les riches et célèbres. C’est comme si on allait à la plage – et, comme à la plage, on n’ouvre ni les romans, ni le magazine, on ne mâche pas de sucreries et on oublie même de s’hydrater. On est hypnotisé par le paysage qui défile ou par le rythme des vagues.
Le seul train que je déteste, c’est celui du dimanche soir pour Paris. Quand je faisais mes études, c’était le train de la déprime et du déracinement. J’arrivais gare de l’Est le moral dans les chaussettes. C’est ici que sont mes racines. Je l’ai toujours su. Je suis un coq de basse-cour. À Paris, je n’étais rien. Mais c’est loin tout ça. Ce qui reste, c’est cette haine du train du dimanche soir. C’est pour ça que je suis là si tôt ce matin. J’aurais pu prendre le 21 h 15 hier et dormir dans l’appartement de Mathieu, puisque j’ai les clés, mais je ne le sentais pas. Je préfère mettre le réveil, me lever tandis que la nuit est encore là puis me diriger vers la gare. Sur le chemin, il y a des dizaines d’ombres comme moi. Sauf qu’eux font le trajet tous les jours. Pour moi, c’est exceptionnel. Les trains suivants arrivent trop tard à Paris – 10 h 30, 11 h 30, la journée est bien entamée, on a l’impression d’arriver au milieu de la fête.
 
Une journée détachée des autres.
Unique.
Une entorse à l’emploi du temps.
Je commence à dix heures, le lundi et j’enquille jusqu’à dix-neuf heures, au magasin. Tout à l’heure, de Paris, je téléphonerai pour dire que je ne peux pas venir aujourd’hui. Que je rattraperai les heures. Qu’il y a urgence familiale. Au bout du fil, je sais que la secrétaire s’inquiétera. En vingt ans dans ce supermarché, je n’ai pas été absent un seul jour – à part pour mon lumbago il y a quatre ans. Je promettrai des explications, quand je reviendrai, le lendemain. Parce que je reviens demain. Normalement. Ou il faut que je trouve un docteur qui me donne quelques jours d’arrêt. Je me demande si Jérôme pourrait faire ça. Peut-être, après tout. Ce serait curieux. Mais Jérôme est tellement gentil. Mieux que ça. C’est un saint. Un saint qui s’est occupé de recueillir ma femme et mes enfants après le divorce. Qui leur offre, depuis, une atmosphère conviviale faite de confort et de chaleur, qui manquait singulièrement dans leur famille originelle les derniers temps.

 

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