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A propos de livres...
france
11 décembre 2011

J'irai dormir chez vous : Carnets d'un voyageur taquin – Antoine de Maximy et Ariane Allard

J_irai_dormir_chez_vous Éditions de la Martinière – septembre 2011 – 240 pages

Quatrième de couverture :
Une chemise rouge, un culot monstre, un esprit taquin, un drôle de dispositif vidéo : depuis 2004, Antoine de Maximy, reporter enjoué, raconte le monde comme personne. A la télévision d'abord, à travers sa série "J'irai dormir chez vous".Et puis au cinéma avec "J'irai dormir à Hollywood". Parcourant la planète en s'invitant chez les autres, cet homme-orchestre a le chic pour tisser du lien n'importe où. Du Mali à Hawaï, de la Finlande à l'Iran, du Japon à Cuba, ou du Mont Saint-Michel à la Corée du Sud, cet homme orchestre réinvente la plus périlleuse des aventures : rencontrer les gens. Un récit intime autour de l'idée simple, mais néanmoins géniale ! de dormir chez les autres et de partager un petit moment intime avec eux. Ce livre, construit comme un carnet de voyages, revient, en images et en paroles, sur chacune de ses 35 destinations. Détaillé et décalé à la fois, fourmillant d'anecdotes inédites, il ressemble à Antoine et démontre le pouvoir du rire et de la bonne humeur dans les échanges humains aux quatre coins du monde.

Auteurs : Diplômée en lettres modernes, en histoire, et de l'ESJ Lille, Ariane Allard est journaliste depuis une vingtaine d'années. Voyageuse et cinéphile, elle a d'abord été reporter "Société" et/ou "Culture", dans différents titres de la presse quotidienne, puis chef de rubrique "Cinéma" à La Provence, à Marseille, pendant 10 ans. Elle travaille aujourd'hui en free-lance à (de) Paris.
Réalisateur, présentateur et cameraman, en vingt ans, Antoine de Maximy s'est rendu dans soixante-dix pays. Spécialiste des voyages à l'étranger (actualité internationale, films animaliers et expéditions scientifiques), il a réalisé ou présenté une trentaine de documentaires, dont Animal Zone, Zone sauvage, Les Nouveaux Mondes, Emmenez-moi et Au-delà des dunes. J'irai dormir chez vous est la première série qu'il propose en tant qu'auteur à la télévision pour ensuite réaliser un long métrage passé sur les écrans de cinéma en 2008, J'irai dormir à Hollywood.

Mon avis : (lu en décembre 2011)
Ce livre est un très bon complément aux émissions « J'irai dormir chez vous » d'Antoine de Maximy. Il revient sur les 35 pays qu'il a visité depuis 2004. Il nous raconte chacune de ses destinations avec des anecdotes, de superbes photos et des détails insolites. Il nous raconte aussi l'envers du reportage... Il y a également un chapitre pour son film « J'irai dormir à Hollywood ».
Voilà un livre à feuilleter sans modération pour rêver à des destinations et à des rencontres insolites et variées tout autour du monde !

Les 35 destinations : Mali, Québec, Vanuatu, France, Japon, Australie, Maroc, Inde, Chili, Suisse, Belgique, Cambodge, Chine, Roumanie, Éthiopie, Émirats arabes unis, Royaume-Uni, Madagascar, Bolivie-Pérou, Israël, Finlande, Polynésie, Portugal, Cuba, Grèce, Iran, Mexique, Nouvelle-Zélande, Indonésie, Hawaii, Ghana, Corée du Sud, Albanie, Mongolie.

Extrait :

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10 décembre 2011

En route pour L’Aude et les Pyrénées-Orientales

 Lu dans le cadre de Masse Critique Littérature jeunesse
 mcjeunesse 

kids_voyage Itak éditions – mai 2011 – 118 pages

Quatrième de couverture :
Des remparts de Carcassonne aux reliefs du Canigou, la montagne sacrée des Catalans, des châteaux cathares à l'ours brun, le seigneur des sommets pyrénéens..., l'Aude et les Pyrénées-Orientales, terres d'histoire aux paysages inoubliables, forment une région idéale de découvertes et d'aventures pour toute la famille. Bon voyage !
Préface: Maud Fontenoy
Plus de 120 activités à vivre en famille
Une sensibilisation aux problèmes environnementaux
Des astuces et des conseils pour profiter pleinement du voyage
Des définitions de mots

Mon avis : (lu en décembre 2011)
J’ai accepté de recevoir ce livre lors de l’opération Masse Critique de Babelio spéciale Littérature Jeunesse. Je trouvais intéressant de découvrir un guide touristique destiné aux enfants de 8 à 14 ans.
Pour la forme, le guide est divisé en trois parties intitulées :
« Avant de partir » avec la présentation de la région, ses spécificités, son histoire, sa faune et sa flore.
« La vie au quotidien » avec ses traditions, ses produits régionaux.
« Embarquement immédiat » avec les activités à faire en famille suivant trois thématiques repérables grâce à un logo de couleur : Nature (parcs, réserves naturelles, jardins botaniques...), Animaux (zoos, aquariums...) et Savoir (monuments, musées, ateliers pédagogiques...)
Au début du guide une double page qui explique comment l'utiliser.
Dans le guide, il y beaucoup de photos, des textes assez simples, plus pour éveiller la curiosité des enfants que pour donner des informations. A la fin il y a un plan schématisé de la région (faussement appelé carte) pour se situer et un carnet d'adresse (avec téléphone et site internet) qui regroupe dans une liste alphabétique par département et par ville de toutes les références du guide.
Pour le fond, j’ai plus de mal à donner un avis car les deux destinations proposées chez Babelio (celle-ci et Côte d’Azur, le Var et les Alpes Maritimes) ne sont pas des lieux de destinations que je connais vraiment…

La collection regroupe 14 guides sur les régions françaises et 5 city-guides sur des capitales européennes.
Un site internet complète le guide : http://kidsvoyage.fr

Merci à Babelio et aux éditions Itak pour m'avoir permis de découvrir ce guide.

 

 

2 décembre 2011

Le Montespan – Jean Teulé et Philippe Bertrand

le_montespan_BD Delcourt – février 2010 – 111 pages

Quatrième de couverture :
Au temps du Roi-Soleil, avoir sa femme dans le lit du monarque était pour les nobles une source de privilèges inépuisable. Le jour où Louis XIV jeta son dévolu sur Madame de Montespan, chacun, à Versailles, félicita le mari. C'était mal connaître Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan. Dès qu'il eut connaissance de son infortune, il orna son carrosse de cornes gigantesques et, insensible aux menaces ou tentatives d'assassinat, il poursuivit de sa haine l'homme le plus puissant de la planète pour tenter de récupérer sa femme. Un roman en images qui nous plonge dans l'envers du Grand Siècle.

Auteurs : Né à Saint-Lô dans la Manche en 1953, Jean Teulé  est un romancier et auteur de bande dessinée français, qui a également pratiqué le cinéma et la télévision.

Né en 1949 à Orléans, Philippe Bertrand suit des études de graphisme, puis travaille pour plusieurs journaux, Charlie Mensuel, L'Idiot international, Partisans, Zinc et Pilote.
Il mène plusieurs vies, d'auteur-dessinateur de bande dessinée, comme avec la série érotique Linda aime l'art qu'il crée en 1983 dans Pilote, d'écrivain et dessinateur pour enfants, d'illustrateur, avec des auteurs comme Tonino Benacquista et Frédéric Beigbeder, et d'auteur de contes érotiques.
Philippe Bertrand crée aussi les Bugmonsters, un jeu d'aventures en réseau pour enfants de 8 à 12 ans (sur CD-Rom), réalise des décors de théâtre et dessine pour le quotidien Le Monde.
En février 2010 sort sa dernière œuvre, Le Montespan, adaptation en bande dessinée du livre de Jean Teulé sur le marquis de Montespan.
Il meurt le 16 mai 2010, emporté par un cancer foudroyant.

Mon avis : (lu en novembre 2011)
C'est l'histoire de Louis Henri de Montespan, qui épousa le 18 janvier 1663 la splendide Françoise de Rochechouart. Or celle-ci devint quatre ans plus tard « La Montespan », la favorite de Louis XIV. Le Montespan refuse « cet honneur » et toute sa vie il va tout faire pour récupérer sa femme. Il crée le scandale à la Cour en faisant repeindre son carrosse en noir et en l'ornant de ramures de cerf, pour porter au su de tous sa qualité de cocu...
Je suis un peu déçue par cette adaptation en Bande Dessinée du roman de Jean Teulé. On retrouve le ton du roman mais avec moins de force, les personnages ont perdu leur caractère. Le dessin des personnages est un peu  simpliste, mais j'aime beaucoup les couleurs choisies, cela rend les dessins très agréables à regarder.
Si on a déjà lu le roman original de Jean Teulé, lire la BD nous le remémore, si on commence par lire la BD, cela donne envie de lire le roman qui est beaucoup plus riche et complet...

Extrait :

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le_montespan_p Le Montespan - Jean Teulé

30 novembre 2011

Mon traître – Sorj Chalandon

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Grasset – janvier 2008 – 275 pages

Livre de Poche – août 2009 – 216 pages

Quatrième de couverture :
"Il trahissait depuis près de vingt ans. L'Irlande qu'il aimait tant, sa lutte, ses parents, ses enfants, ses camarades, ses amis, moi. Il nous avait trahis. Chaque matin. Chaque soir..." Sorj Chalandon

Auteur : Sorj Chalandon, né en 1952, a été longtemps journaliste à Libération avant de rejoindre Le Canard Enchaîné. Ses reportages sur l’Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie lui ont valu le Prix Albert-Londres en 1988. Il a publié Le Petit Bonzi (2005), Une promesse (2006, prix Médicis), Mon Traître (2008), La Légende de nos pères(2009), Retour à Killybegs (2011, Grand Prix du roman de l’Académie Française).

Mon avis : (lu en novembre 2011)
J'ai découvert Sorj Chalandon avec son dernier livre « Retour à Killybeg » qui est la suite de « Mon traître » et que je voulais donc absolument lire. Ce n'est pas gênant de l'avoir fait après « Retour à Killybeg ».
L'auteur a choisi d'utiliser la fiction pour raconter une réalité le touchant personnellement. A l'origine, il y a eu les aveux de son ami Denis Donaldson. C'était un leader de l'Armée Républicaine Irlandaise et de Sinn Féin. En décembre 2005, Denis avoue sa collaboration avec les Britanniques.
Dans son livre, Sorj Chalandon devient Antoine, luthier à Paris et Denis Donaldson devient Tyrone Meehan. Les deux livres sont complémentaires. Dans « Mon traître », Antoine est le narrateur, dans « Retour à Killybeg », c'est Tyrone Meehan qui prend la parole.
Le livre s'ouvre sur la rencontre d'Antoine et Tyrone... En 1974, pour Antoine l'Irlande « c'était L'Homme tranquille, Le Taxi mauve, l'île d'Emeraude, les pulls blancs torsadés, le whiskey, l'Eire des mots croisés. (…) Elle était d'herbe verte, de rousses Maureen, de pierres plates en murets, de toits de chaume »
« - Vous ne connaissez pas le Nord ? Alors vous ne connaissez pas l'Irlande, avait dit Pêr », un client breton d'Antoine amoureux de l'Irlande. Ainsi, lors d'un voyage à Dublin pour ses trente ans, Antoine décide, sur un coup de tête, de prendre un billet aller-retour pour Belfast, il fait par hasard la rencontre de Jim O'Leary, de sa femme Cathy, qui l'accueilleront chez eux à chacun de ses voyages en Irlande du Nord. Plus d'un an après son premier séjour, il fait la rencontre de Tyrone Meehan, un vétéran. Antoine est fasciné par l'Irlande, il rencontre des militants de l'IRA, et se sent proche de la lutte. Il devient l'ami de Jim, de Tyrone Meehan un leader incontesté de l'IRA. Il devient comme leur frère, il veut participer à cette lutte pour l'indépendance. « J'étais différent. J'étais quelqu'un en plus. J'avais un autre monde, une autre vie, d'autres espoirs. J'avais un goût de briques, un goût de guerre, un goût de tristesse et de colère aussi. J'ai quitté les musiques inutiles pour ne plus jouer que celles de mon nouveau pays. » Antoine fera de nombreux aller-retour entre Paris et Belfast, il hébergera des Irlandais de passage à Paris.
Et trente ans plus tard, c'est le choc, Antoine apprend que Tyrone Meehan est un traître, « Il trahissait depuis près de vingt ans. L'Irlande qu'il aimait tant, sa lutte, ses parents, ses enfants, ses camarades, ses amis, moi. Il nous avait trahis. Chaque matin. Chaque soir... » Et de nombreuses questions se bousculent dans son esprit, Antoine veut avoir une explication. Pourquoi ? Pourquoi ?
Ce livre est le portrait d'un peuple et d'un pays, c'est un livre sur l'amitié, la solidarité...

Un livre fort et poignant.

Extrait : (début du livre)

Tyrone Meehan

La première fois que j'ai vu mon traître, il m'a appris à pisser. C'était à Belfast, au Thomas Ashe, un club réservé aux anciens prisonniers républicains. J'étais près de la porte, à côté de la grande cheminée, assis à une table couverte de verres vides et de bou-teilles mortes. C'était la place préférée de Jim et de Cathy O'Leary, qui m'ouvraient un lit quand je venais en Irlande du Nord. Jim O'Leary était un ami. Il avait fait de la prison pour transport d'armes. Il était menuisier mais catholique. Et donc chômeur, comme sa femme. Et il a été chômeur jusqu'à la fin.
La première fois que j'ai vu mon traître, c'était ce soir-là, le samedi 9 avril 1977, en compagnie de Cathy et Jim O'Leary. Jim revenait du comptoir, trois pintes de bière serrées dans ses grosses mains. Une bière amère, noire, lourde comme un repas d'hiver, avec une mousse ocre et douceâtre qui retourne le cœur. Il a posé les verres devant moi. Il plaisantait avec un homme, levé à une table voisine. Au Thomas Ashe, Jim connaissait tout le monde. Une petite foule qui vivait entre liberté et captivité, qui avait sa place aux tables à bières, et puis ses habitudes derrière les barbelés. Cette veille de Pâques, j'avais bu depuis le milieu de l'après-midi. Un verre ici, un autre là, en attendant que Jim ait fini ses missions. Il m'avait emmené au Rock Bar, au Busy Bee, ailleurs encore protégé par un guetteur de rue, un détour par cette impasse, un rendez-vous dans ce parc, une poignée de main au père Mullan, trois mots en gaélique murmurés à hauteur d'un passant, un billet à glisser, une intrigue entre deux portes. Et moi je suivais Jim. Je n'étais d'aucun secret, d'aucune confidence. Je regardais à peine. Je n'ai jamais posé de question. J'étais juste fier de marcher avec lui, le long des rues inquiètes, avec ces gens qui le saluaient. J'étais fier parce qu'ils me remarquaient à ses côtés. Ils retenaient mon visage, et Antoine, mon prénom.
Nous étions au début de la nuit. Les bières revenaient encore et encore. Mes yeux brû-laient de leurs cigarettes. J'étais ivre. Le choc des pintes. Le rire de Jim et tous les rires autour. L'éclat brut des voix, le tumulte en vagues qui bousculait les tables. Le regard de Cathy, qui cherchait son reflet dans son verre levé. Et puis cette musique.
- Une chanson rebelle, m'a soufflé Jim.
J'ai tourné la tête vers la scène.
O, then tell me, Shawn O'Farrell, where the gath'rin is to be ?
Je me souviens d'avoir fermé les yeux. J'avais mon verre en main, et deux verres pleins encore, sur la table mouillée.
Les musiciens chantaient la guerre.
A mes débuts d'Irlande, je ne maîtrisais pas la langue de ce pays. Lorsque c'était l'accent champêtre, rugueux, pierreux du Kerry ou boueux du Donegal, je ne comprenais rien du tout. Je laissais les mots anglais sonder ma mémoire écolière. Je capturais une phrase, un son, pas grand-chose. Les musiciens chantaient la guerre. Une chanson rebelle, avait dit Jim. Mais qui parlait de quoi ? Je ne savais pas. Tout m'échappait. Simplement, j'écoutais la douleur du violon et les notes en sanglots. Longtemps, je n'ai retenu des paroles irlandaises que leur harmonie, leur couleur, leur effet sur mes voisins de table. Plus tard, bien après, à les entendre, et encore, et encore, je finirai par donner un sens à ces lamentations. Celles qui pleurent la Grande Famine, celles qui célèbrent l'insurrection de 1916, celles qui racontent la guerre d'indépendance ou le martyre des grévistes de la faim. Mais à mes débuts d'Irlande, je me laissais juste emporter par la gravité des autres. Je les regardais tout bas. Je me laissais guider par une main levée de femme, ou par un homme debout contre la scène, qui saluait le chant comme un très vieux soldat. Je hochais la tête comme les autres, je tendais le poing comme les autres, je riais quand tous riaient et me levais lorsque tous se levaient. Souvent, entre deux mélodies, un musicien nous parlait au micro. C'était bref comme un salut. Quelques mots, un nom de famille que je distinguais parce qu'il était prononcé avec respect. Puis le chanteur tendait le doigt vers une table, en fond de salle. Alors un homme se levait, à la fois rieur et timide, ovationné par l'assemblée debout.
- Il a fait treize ans. Il a été libéré ce ma-tin, soufflait Jim.
Ou alors c'était une femme de prisonnier, saluée en hôte parce qu'elle venait d'une autre ville. Ou la mère d'un soldat de l'IRA, mort en opération, dont on saluait la mé-moire. Ou encore un visiteur américain, ir-landais de racines, enfoui dans un pull neuf de laine blanche à côtes torsadées, qui chan-celait devant tant d'honneurs.
Une chose et une seule m'a été immédiatement familière : l'hymne national irlandais. Le Soldier Song fut mon premier repère. Il était parfois joué en début de soirée, au moment où l'on repose les bières sur les tables sans bruit, encore soucieux du jour passé. D'autres fois, l'orchestre l'interprétait en toute fin de pub, pour dire que c'était fini, juste avant d'éteindre les lumières, puis de les rallumer de la façon la plus violente qui soit, avec les ramasseurs de verres qui crient haut qu'il est temps de rentrer. J'ai toujours aimé cet instant de l'hymne. Cette communion, cette cérémonie d'appartenance, lorsque l'Irlande rappelle ses filles et ses fils au pied du drapeau. Jim n'avait plus besoin de me dire que c'était le moment. Avant même qu'il soit joué. Dans le silence d'après chansons, dans la manière qu'avaient les musiciens de prendre une autre place sur la scène, dans le flottement d'avant solennel, l'hymne était déjà commencé. Et là, au milieu de tous, debout avec tous, avec le même regard blessé, le même visage de craie, les mêmes cheveux de pluie, la même respiration fragile, j'étais comme irlandais.



Déjà lu du même auteur : 
Retour___Killybegs  Retour à Killybegs

22 novembre 2011

Veuf – Jean-Louis Fournier

veuf Stock – octobre 2011 – 160 pages

Quatrième de couverture :
« Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre.
C’est bien triste.
Cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble. »

Auteur : Jean-Louis Fournier est l’auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels Grammaire française et impertinente, Il a jamais tué personne, mon papa, Le CV de Dieu, Poète et paysan… Il a reçu le prix Femina 2008 pour Où on va, papa ?

Mon avis : (lu en novembre 2011)
Ce livre est une merveilleuse déclaration d'amour de Jean-Louis Fournier pour sa femme Sylvie. Cette dernière est décédée le 12 novembre 2010, Jean-Louis a perdu sa moitié et il évoque leur quarante ans de vie commune avec son ton à la fois tendre et drôle.
« Tu as été ma plus belle qualité, j'espère ne pas avoir été ton plus gros défaut. »
Ce livre est à la fois triste et émouvant, il nous parle de son quotidien, de sa solitude, du silence de la maison, du manque qu'il ressent...
« Depuis que tu es partie, j'ai pu compter jusqu'à sept millions neuf cent quarante-huit mille huit cents. Tu as eu le temps d'aller te cacher loin. Je cherche partout. Je ne trouve pas, je désespère. La partie de cache-cache dure trop longtemps. Allez, tu as gagné, tu peux sortir de ta cachette. Je n'ai plus envie de jouer. Sors de ta cachette, tu as gagné. Sors de ta cachette, je t'en supplie, j'ai perdu, j'ai tout perdu. »
Mais au détour d'une phrase, il sait nous fait rire lorsqu'il évoque le questionnaire de satisfaction du crématorium ou les courriers et les publicités que sa femme continue à recevoir quelques mois après sa mort...
« J'ai reçu un questionnaire du crématorium du Père-Lachaise, ils veulent savoir si j'ai été satisfait des prestations. Je dois mettre des croix dans des petites cases, de « insatisfaisant » à « très bien ». On demande aussi mes observations et mes suggestions. Tout est passé en revue, l'accueil, la courtoisie, le choix des textes, le choix des musiques. Il y a aussi un service traiteur. A la rubrique « suggestion », je vais proposer un barbecue géant. »
Un livre plein de sensibilité et d'émotion, à découvrir sans hésiter !

Extrait : (début du livre)
Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre.
C’est bien triste.
Cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble.

Sylvie est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant.
Elle ne voulait pas déranger, elle m'a dérangé au-delà de tout.
Cette année, l'hiver a commencé plus tôt, le 12 novembre. Je crois qu'il va durer très longtemps et être particulièrement rigoureux.
Sylvie m’a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d’un oiseau qui traversait la rivière. On n’était pas d’accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n’as pas tes lunettes, elle ne voulait pas les mettre par coquetterie, elle m’a répondu je vois très bien de loin, et elle s’est tue, définitivement. Les pompiers sont arrivés, ils n'ont pas réussi à ranimer le feu, elle s'était éteinte.
Elle n'aimait pas parler d'elle encore moins qu'on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu'elle est partie.

Déjà lu du même auteur :

ou_on_va_papa_p Où on va papa ? le_cv_de_Dieu Le CV de Dieu

l_arithm_tique_impertinente L'arithmétique appliquée et impertinente

la_grammaire_impertinente La grammaire française et impertinente

il_a_jamais_tu__personne_mon_papa Il a jamais tué personne, mon papa

j_irai_pas_en_enfer_p J'irai pas en enfer

 

Challenge 4%
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
23/28

 

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20 novembre 2011

Joséphine, intégrale – Pénélope Bagieu

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Jean-Claude Gawsewitch – novembre 2010 – 270 pages

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Joséphine - Jean-Claude Gawsewitch – septembre 2008 – 64 pages
Joséphine, même pas mal - Jean-Claude Gawsewitch – septembre 2009 – 64 pages
Joséphine change de camp - Jean-Claude Gawsewitch – septembre 2010 – 96 pages

Quatrième de couverture :
Les aventures de Joséphine, l'héroïne déjantée de Pénélope Bagieu, enfin réunies en un volume !

Auteur : Pénélope Bagieu a 25 ans et travaille comme illustratrice pour la publicité, la presse et l'édition.
Tous les prétextes sont bons pour raconter tous les jours, en dessin, sa vie tout à fait fascinante sur le blog de son double virtuel, Pénélope Jolicoeur, qui réunit quotidiennement 30 000 visiteurs environ : www.penelope-jolicoeur.com.

Mon avis : (lu en novembre 2011)
Ce livre regroupe les trois tomes des aventures de Joséphine. Tome 1 : Joséphine, tome 2 : Joséphine même pas mal, tome 3 : Joséphine change de camp.
Joséphine est une Bridget Jones version française. Elle a la trentaine, pas encore mariée, sans enfant mais avec son chat Bradpitt ! Elle aimerait bien trouver le prince charmant...
Pénélope Bagieu dessine avec beaucoup d'humour la vie compliquée de Joséphine au boulot, avec les copines, en famille et avec ses amoureux. 
Le dessin est simple, expressif, les couleurs pleines de vitalité, le ton est plutôt "girly". Je me suis bien amusée à découvrir les aventures de Joséphine si irrésistible et attachante. C'est rafraîchissant !

Extrait :

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16 novembre 2011

Retour à Killybegs - Sorj Chalandon

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Retour___Killybegs Grasset – août 2011 – 336 pages

Grand Prix du roman de l’Académie Française 2011

Quatrième de couverture : 
« Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L'IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes que je n'ai même jamais rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi, et j'enrage. N'écoutez rien de ce qu'ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m'avoir connu. Personne n'a jamais été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd'hui, c'est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu'après moi, j'espère le silence. »

                         Killybegs, le 24 décembre 2006
                                              Tyrone Meehan

Auteur : Sorj Chalandon, né en 1952, a été longtemps journaliste à Libération avant de rejoindre Le Canard Enchaîné. Ses reportages sur l’Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie lui ont valu le Prix Albert-Londres en 1988. Il a publié Le Petit Bonzi (2005), Une promesse (2006, prix Médicis), Mon Traître (2008) et La Légende de nos pères (2009).

Mon avis : (lu en novembre 2011)
Je n'ai pas lu « Mon Traître » avant de lire « Retour à Killybegs » (je le lirai certainement dès que le livre sera disponible à la bibliothèque !). Les billets sur les lectures ou les rencontres avec l'auteur de Valérie, Canel, Sandrine m'ont vraiment donnée envie de lire sans tarder ce livre...
Et c'est un coup de cœur pour moi !
Dans ce livre, Sorj Chalandon donne la parole à son « traître », à travers le personnage de Tyrone Meehan, il imagine sa version des faits, une explication plausible à cette trahison.
Nous suivons en alternance la voix de Tyrone depuis son enfance et son engagement comme jeune républicain et celle de Tyrone durant ses derniers jours, il a quatre-vingt un ans, sa trahison vient d'être dévoilée. Il est retourné à Killybegs en République Irlandaise dans la maison de son père, il sait que ses jours sont comptés.
L'histoire du jeune Tyrone Meeghan commence, avec la mort de son père Pat Meehan devenu alcoolique. Pat était un ancien de l'Armée Républicaine Irlandaise qui avait participé en 1921 à la guerre d'indépendance contre les Britanniques. En 1936, il voulait s'engager aux côté des Républicains Espagnols, contre Franco. Mais sa femme lui a fait entendre raison, sa famille (neuf enfants) a besoin de lui. Pourtant, « Pat Meehan est mort des cailloux plein les poches. C'est comme ça qu'on a su qu'il avait voulu en finir avec la vie. Il nous a laissés seuls en décembre 1940. » C'est alors la misère pour toute la famille. Quelques mois plus tard, son oncle Lawrence les accueille tous chez lui à Belfast, il faut donc quitter Killybegs et la République d'Irlande pour l'Ulster. Ils vont habiter au nord de Belfast dans un ghetto catholique cerné par des quartiers protestants. C'est là que Tyrone rencontre Tom Williams auprès duquel il s'engage dans la lutte.
En suivant les différents épisodes de la vie de Tyrone, le lecteur découvre les difficultés d'être catholique et irlandais en Irlande du Nord, la haine vis à vis de l'occupant britannique, le combat au sein de l'IRA, les conditions inhumaines des prisons...
Par omission, pour ne pas avoir avoué un grosse faute, Tyrone se trouve au centre d'un processus qui va l'entraîner à trahir malgré lui, il s'est piégé lui-même. Tout au long du livre, l'auteur fait allusion à d'autres trahisons, la plus célèbre étant celle de Judas.
Tyrone est malgré tout un personnage magnifique auquel je me suis attachée. J'ai découvert également l'histoire de la guerre civile irlandaise.
Voilà livre très fort, qui m'a bouleversée...

D'autres avis Clara, Constance93

Extrait : (page 13)
Quand mon père me battait il criait en anglais, comme s'il ne voulait pas mêler notre langue à ça. Il frappait bouche tordue, en hurlant des mots de soldat. Quand mon père me battait il n'était plus mon père, seulement Patraig Meehan. Gueule cassée, regard glace, Meehan vent mauvais qu'on évitait en changeant de trottoir. Quand mon père avait bu il cognait le sol, déchirait l'air, blessait les mots. Lorsqu'il entrait dans ma chambre, la nuit sursautait. Il n'allumait pas la bougie. Il soufflait en vieil animal et j'attendais ses poings.
Quand mon père avait bu, il occupait l'Irlande comme le faisait notre ennemi. Il était partout hostile. Sous notre toit, sur son seuil, dans les chemins de Killybegs, dans la lande, en lisière de forêt, le jour, la nuit. Partout, il s'emparait des lieux avec des mouvements brusques. On le voyait de loin. On l'entendait de loin. Il titubait des phrases et des gestes. Au Mullin's, le pub de notre village, il glissait de son tabouret, s'approchait des tables et claquait ses mains à plat entre les verres. Il n'était pas d'accord ? Il répondait comme ça. Sans un mot, les doigts dans la bière et son regard. Les autres se taisaient, casquettes basses et les yeux dérobés. Alors il se redressait, défiait la salle, bras croisés. Il attendait la réplique. Quand mon père avait bu, il faisait peur.
Un jour, sur le chemin du port, il a donné un coup de poing à George, l'âne du vieux McGarrigle. Le charbonnier avait appelé son animal comme le roi d'Angleterre pour pouvoir lui botter les fesses. J'étais là, je suivais mon père. Il marchait à pas heurtés, chancelant de griserie matinale, et moi je trottais derrière. A un angle de rue, face à l'église, le vieux McGarrigle peinait. Il tirait son baudet immobile, une main sur le bât, l'autre sur le licol, en le menaçant de tous les saints. Mon père s'est arrêté. Il a regardé le vieil homme, son animal cabré, le désarroi de l'un, l'entêtement de l'autre, et il a traversé la rue. Il a poussé McGarrigle, s'est mis face à l'âne, l'a menacé rudement, comme s'il parlait au souverain britannique. Il lui a demandé s'il savait qui était Patraig Meehan. S'il imaginait seulement à quel homme il tenait tête. Il était penché sur lui, front contre front, menaçant, attendant une réponse de l'animal, un geste, sa reddition. Et puis il l'a frappé, un coup terrible entre l'œil et le naseau. George a vacillé, s'est couché sur le flanc et la charrette a versé ses galets de houille.
- Éirinn go Brách ! a crié mon père.
Puis il m'a tiré par le bras.
- Parler gaélique, c'est résister, a-t-il encore murmuré. Et nous avons continué notre chemin.

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22/28

12 novembre 2011

Du domaine des Murmures - Carole Martinez

du_domaine_des_murmures Gallimard - août 2011 – 208 pages

Prix Goncourt des Lycéens 2011

Quatrième de couverture :
En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui » : elle veut faire respecter son vœu de s’offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe...
Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et son souffle parcourra le monde jusqu'en Terre sainte.
Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d’une sensualité prenante.

Auteur : Carole Martinez, née en 1966, a été comédienne avant de devenir enseignante. Son premier roman, Le cœur cousu (2007) a connu un grand succès de librairie et a reçu de nombreux prix littéraires, dont le prix Renaudot des lycéens et le prix Ouest-France Étonnants Voyageurs.

Mon avis : (lu en novembre 2011)
J'avais beaucoup aimé son livre précédent "Le cœur cousu". J'ai pu emprunter celui-ci à la bibliothèque le vendredi précédent l'annonce du Prix Goncourt des Lycéens... J'avais également entendu Carole Martinez à la Grande Librairie raconter la naissance de ce livre.
Cette histoire se déroule à la fin du XIIe siècle, en Franche-Comté, au domaine des Murmures. Esclarmonde est une jeune fille de quinze ans qui ose dire « non ». Esclarmonde ne veut pas épouser l'homme que son père lui destine. Elle trouve Lothaire violent, « gorgé de rage et d'ambition ». Le jour des fiançailles officielles, Esclarmonde refuse de dire « oui ».
« Jamais fille d'ici n'avait osé pareil affront. 
Et, sachant qu'un tel acte ne me serait pas pardonné, j'ai sorti le petit couteau que je tenais caché sous ma robe d'apparat et, prenant pour modèle Ode, la future sanctifiée, je me suis tranché l'oreille. M'adressant alors à l'archevêque, j'ai déclaré que je m'étais déjà offerte au Christ, mais que personne jusqu'ici n'avait voulu l'entendre, tant il est dur pour une fille d'être écoutée même d'un père juste et aimant. »
C'est la première fois, qu'Esclarmonde dit non à l'évêque, à son père, à son futur fiancé.
Elle demande alors à devenir une recluse dans le château de son père.
« J'ai ajouté que Christ voulait que ma dot servît à lever une chapelle en pierre aux Murmures et qu'on aménageât, contre ses murs, un réduit où l'on m'enfermerait à jamais. Dieu avait d'autres projets pour moi que ces noces avec Lothaire. La chapelle, une fois construite, serait dédiée à Sainte Agnès et, depuis ma tombe, je prierais, à la fois vivante et morte, pour tous ceux que je venais par mon refus d'offenser. »
La construction de la chapelle, puis de son tombeau dureront deux ans. Et c'est le jour pour Esclarmonde de rentrer dans sa tombe. « Qu'il faisait doux au matin de ma mort ! », voilà comment elle évoque le jour de son enfermement. 
Après une célébration, la bénédiction de l'évêque, Esclarmonde est conduite et enfermée dans sa cellule. Ensuite la porte est murée. Après quatre jours de jeûne et d'obscurité, Esclarmonde sera autorisée à ouvrir le volet de sa fenestrelle grillée, ouverture lui permettant d'être nourrie et de parler avec ceux qui viennent la rencontrer.
Et contrairement à ce qu'elle avait imaginé ce n'est pas la solitude qui occupe sa vit de recluse... Beaucoup de voyageurs font le détour pour venir la rencontrer et Esclarmonde découvre le monde à travers toutes ces rencontres...
A travers cette histoire de recluse,
Carole Martinez évoque des thèmes variés comme celui de la femme, de la religion, des croyances populaires, des Croisades, de l'amour d'un père pour sa fille...
Cette histoire se lit comme un conte, l'écriture est superbe, pleine de poésie et de beauté, je me suis laissée porter par la narration d'Esclarmonde.

Elles ont également aimé ce livre, Canel, Clara, Isabelle, Aifelle, Gambadou, Sandrine.

Extrait : (page 17)
Je suis l'ombre qui cause.
Je suis celle qui s'est volontairement clôturée pour tenter d'exister.
Je suis la vierge des Murmures.
A toi qui peux entendre, je veux parler la première, dire mon siècle, dire mes rêves, dire l'espoir des emmurées.

En cet an 1187, Esclarmonde, Damoiselle des Murmures,
prend le party de vivre en recluse à Hautepierre, enfermée
jusqu'à sa mort dans la petite cellule scellée aménagée pour elle
par son père contre les murs de la Chapelle qu'il a bâtie sur
ses terres en l'honneur de sainte Agnès, morte en martyre à
treize ans de n'avoir pas accepté d'autres époux que le Christ.

J'ai tenté d'acquérir la force spirituelle, j'ai rêvé de ne plus être qu'une prière et d'observer mon temps à travers un judas, ouverture grillée par où l'on m'a passé ma pitance durant des années. Cette bouche de pierre est devenue la mienne, mon unique orifice. C'est grâce à elle que j'ai pu parler enfin, murmurer à l'oreille des hommes et les pousser à faire ce que jamais mes lèvres n'auraient pu obtenir, même dans le plus doux des baisers.
Ma bouche de pierre m'a offert la puissance de la sainte. J'ai soufflé ma volonté depuis la fenestrelle et mon souffle a parcouru le monde jusqu'au portes de Jérusalem. Mes yeux, dans la tombe entrouverte, ont suivi les croisés en route vers Saint-Jean-d'Acre, jadis nommée Ptolémaïs.
Mais ma voix a déplu, on me l'a arrachée. Et les phrases avalées, les mots mort-nés m'étouffent. La foule des peines souterraines me tourmente.

Déjà lu de cette auteur :
coeur_cousu Le cœur cousu

Challenge 3%
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21/21

Challenge Prix Goncourt des Lycéens2011

Challenge Goncourt des Lycéens
goncourt_lyceen_enna
chez Enna

 

10 novembre 2011

Eux sur la photo - Hélène Gestern

eux_sur_la_photo1 Arléa – août 2011 – 273 pages

Quatrième de couverture :
Une petite annonce dans un journal comme une bouteille à la mer. Hélène cherche la vérité sur sa mère, morte lorsqu’elle avait trois ans. Ses indices : deux noms et une photographie retrouvée dans des papiers de famille, qui montre une jeune femme heureuse et insouciante, entourée de deux hommes qu’Hélène ne connaît pas. Une réponse arrive : Stéphane a reconnu son père.
Commence alors une longue correspondance, parsemée de détails, d’abord ténus, puis plus troublants. Patiemment, Hélène et Stéphane remontent le temps, dépouillant des archives cherchant dans leur mémoire. Peu à peu, les histoires se recoupent, se répondent, formant un récit différent de ce qu’on leur avait dit.
Avec
Eux sur la photo, Hélène Gestern nous livre une magnifique réflexion sur le secret de famille et la mémoire particulière que fixe la photographie.

Auteur : Hélène Gestern vit et travaille à Nancy. Eux sur la photo est son premier roman.

Mon avis : (lu en novembre 2011)
Hélène n'a jamais vraiment connu sa mère qui est morte alors qu'Hélène avait trois ans. Plus de trente ans plus tard, son père étant mort depuis quelques années, elle trouve une photo où deux noms sont mentionnés. Alors, comme une bouteille à la mer, Hélène publie une petite annonce dans le journal pour en savoir un peu plus sur sa mère. Quelques temps plus tard, elle obtiendra une réponse de Stéphane, il a reconnu son père sur la photographie. Ainsi commence une longue correspondance entre Stéphane et Hélène, peu à peu leur enquête progresse et de photographies en photographies le lecteur découvre l'histoire d'une famille avec ses non-dits, ses secrets.
Dès le début de cette lecture, j'ai pensé au livre La pluie, avant qu'elle tombe de Jonathan Coe où l'héroïne s'appuie sur la descriptions de photos pour raconter ses souvenirs.
C'est une histoire émouvante, construite avec beaucoup d'intelligence et de sensibilité. Un premier roman à découvrir que j'ai beaucoup aimé !

Extrait : (début du livre)
La photographie a fixé pour toujours trois silhouettes en plein soleil, deux hommes et une femme. Ils sont tout de blanc vêtus et tiennent une raquette à la main. La jeune femme se trouve au milieu : l’homme qui est à sa droite, assez grand, est penché vers elle, comme s’il était sur le point de lui dire quelque chose. Le deuxième homme, à sa gauche, se tient un peu en retrait, une jambe fléchie, et prend appui sur sa raquette, dans une posture humoristique à la Charlie Chaplin. Tous trois ont l’air d’avoir environ trente ans, mais peu être le plus grand est-il un peu plus âgé. Le paysage en arrière-plan, que masquent en partie les volumes d’une installation sportive, est à la fois alpin et sylvestre : un massif, encore blanc à son sommet, ferme la perspective en imprimant sur la scène une allure irréelle de carte postale.
Tout, dans ce portrait de groupe, respire la légèreté et l’insouciance mondaine. Pourtant, la jeune femme ne s'est pas départie d'un soupçon de gravité, que ne démentent pas tout à fait son sourire et la lumière malicieuse de son regard. Elle est grande, elle aussi, moins que l'homme qui lui parle, mais suffisamment pour donner l'impression d'une harmonie dans leurs allures. Son corps est élancé, sa beauté un peu austère, avec son visage allongé et ses pommettes hautes et rondes. Le creux des joues est balayé par des cheveux épais, courts, coupés au carré. Et un chapeau blanc, posé de côté, fit de rappeler les élégantes des photographies des Séeberger.

 Challenge 3%
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
20/21

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
logo_challenge_Petit_BAC
"Objet"

Challenge des Agents Littéraires
challenge_rentr_C3_A9e_litt_C3_A9raire_2011

Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
d_fi_du_1er_roman

3 novembre 2011

Le Chat du Rabbin - tome 4 : Le Paradis terrestre - Joann Sfar

le_chat_du_rabbin4 Dargaud – septembre 2005 – 52 pages

Quatrième de couverture :
Parce qu’il pleuvait à Paris, le chat du rabbin revient vers le soleil du Maghreb et accompagne le Malka des Lions tout au long de sa marche au travers du désert..
Il s’en va retrouver sa belle mais avant cela il use de ses talents de dompteur, protège les enfants de l’attaque d’un lion, récite des contes et légendes et séduit les femmes.
Le voyage est savoureux, riche en rencontres et ponctué des histoires racontées par le Malka en échange de quelques pièces.

Auteur : Né à Nice en 1971. Créateur du célèbre 'Chat du rabbin', Joann Sfar s'impose comme une figure majeure, hétéroclite et prolifique de la bande dessinée française. C'est avec L'Association et le magazine Lapin qu'il fait ses débuts. Ses talents de scénariste et d'illustrateur l'amèneront à travailler plus tard pour différents éditeurs comme Delcourt ou Dargaud. Porté par la volonté de 'faire quelque chose de bizarre ', le dessinateur au trait tremblant s'associe avec Pierre Dubois pour donner vie à 'Petrus Barbygère', une épopée dans laquelle se côtoient elfes et pirates. Un univers d'inspiration fantastique que l'auteur déploie dans plusieurs de ses travaux parmi lesquels 'Troll' ou 'Donjon', une parodie de l'heroïc fantasy coécrite avec son ami Lewis Trondheim. Titulaire d'une maîtrise de philosophie, il illustre au début des années 2000 le 'Banquet' de Platon et 'Candide' de Voltaire puis adapte en bande dessinée 'Le Petit Prince' de Saint-Exupéry en 2008. Il se lance dans le cinéma un an plus tard en réalisant le film 'Gainsbourg, vie héroïque', pour lequel il reçoit le César du Meilleur premier film et qui permet à son acteur principal, Eric Elmosnino, de repartir avec le trophée de Meilleur acteur.
Il poursuit son aventure dans le monde du septième art en transposant sur grand écran son 'Chat du rabbin'. Lauréat du prix Goscinny en 1998 pour 'La Fille du professeur', créé avec Emmanuel Guibert, Joann Sfar accumule les succès et les récompenses.

Mon avis : (lu en octobre 2011)
Le Rabbin est quasiment absent de cet épisode. Le Chat est de retour en Algérie, aux environs d'Oran. Il va passer quelques jours avec le Malka des lions, véritable légende vivante. Il est accompagné par son lion mais aussi par un serpent. En apparence, le Malka est un grand conteur, un héros et un grand séducteur. Le Chat va vite découvrir que derrière le Grand Malka se cache un vieil homme qui doute. Le Chat se pose beaucoup de questions sur Dieu, sur la vieillesse, la mort, la sagesse et la tolérance... Toujours aussi savoureux, à la fois profond et amusant.

Extrait :

le_chat_du_rabbin4_1
le_chat_du_rabbin4_2
le_chat_du_rabbin4_3
le_chat_du_rabbin4_4
le_chat_du_rabbin4_5

Déjà lu du même auteur :

le_chat_du_rabbin_tome1  Le Chat du Rabbin : 1. La Bar-Mitsva

le_chat_du_rabbin_tome2 Le Chat du Rabbin : 2. Le Malka des Lions – Joann Sfar

 

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