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A propos de livres...

17 avril 2012

Noir océan – Stefán Máni

Lu dans le cadre d'un partenariat Livraddict et Folio

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Gallimard – février 2010 – 474 pages

Folio – mars 2012 – 543 pages

Traduit de l'islandais par Eric Boury

Titre original : Sipid, 2006

Présentation éditeur :
De lourds nuages noirs s'amoncellent dans le ciel zébré d'éclairs au moment où le Per se quitte le port de Grundartangi en Islande en direction du Surinam. À son bord, neuf membres d'équipage qui, tous, semblent avoir emporté dans leurs bagages des secrets peu reluisants. Ceux qui ont entendu dire que la compagnie de fret allait les licencier et qu'il s'agit là de leur dernier voyage sont bien décidés à prendre les choses en main, une fois que la météo sera plus favorable. La mutinerie n'est pas loin et, très vite, l'atmosphère se charge de suspicion, de menaces et d'hostilité. Quand les communications sont coupées par l'un des membres de l'équipage - mais lequel ? -, la folie prend peu à peu le contrôle du bateau qui n'en finit pas de dériver vers des mers toujours plus froides et inhospitalières...

Auteur : Stefán Máni est né à Reykjavik le 3 juin 1970 et a grandi à Olafsvik. un village de pêcheurs situé à l'extrémité de la péninsule de Snaefellsnes. Noir Océan a reçu, en 2007, le prix de la Goutte de Sang qui récompense le meilleur roman policier/thriller islandais. En France, le magazine Lire l'a élu Meilleur polar 2010.  

Mon avis : (lu en avril 2012)
Neuf hommes vont embarquer sur le cargo islandais Per se et prendre la mer pour le Surinam. Il y a par ordre d'apparition Sæli premier matelot, Ási le cuisinier, Jóhann le Géant chef mécanicien,Rúnar maître d'équipage, Jón dit le Président commandant, Jónas commandant en second, Guðmundur Berdsen le capitaine du cargo Per se, Óli Johnsen, dit le Soutier, mécanicien et Jón Karl embarqué malgré lui sur le bateau.
Dès le début, l'ambiance est lourde à bord. Certains ont eu vent de menaces de licenciement sur l'équipage après ce voyage. Ils ont prévu à mi-voyage de manifester leur mécontentement en simulant une panne. Chaque membres de l'équipage a ses petits secrets, ils laissent à terre, famille, dettes... Le capitaine s'apprête à faire sa dernière traversée, ensuite il compte prendre sa retraite et la vivre auprès de sa femme Hrafnhildur.
Au début, il n'est pas toujours facile de s'y retrouver entre les différents personnages aux noms islandais qui se confondent. Ainsi pendant une centaine de pages, l'auteur nous présente l'équipage et sa vie à terre.
Puis le cargo largue les amarres pour le Surinam. Et contrairement à ce que semble le faire penser la phrase suivante « Le cargo Per se vogue à pleine vitesse vers l'hémisphère Sud,... » le Surinam (ancienne Guyane Néerlandaise) est situé dans l'hémisphère Nord (4°N 56°O), au nord de l'Amérique du Sud.
Une fois en mer, cette histoire devient un huit clos où méfiance et malentendus rendent l'ambiance à bord de plus en plus insupportable... Cela commence par les moyens de communication radio, radar, GPS qui tombent en panne, on découvrira plus tard que ce n'est pas une panne mais un sabotage. Et les conditions météorologiques changent avec l'arrivée de tempêtes. Les suspicions sont partout, tout le monde se méfie de tout le monde... Des évènements se succèdent et le voyage devient de plus en plus noir... Le rythme de l'histoire est en phase avec l'état de la mer où se succède tempête et mer plus calme.
J'ai beaucoup aimé les descriptions de ce voyage en mer, le lecteur ressent très bien l'état de la mer, les bruits du bateau, la vie à bord. Plongée dans ma lecture, j'avais très souvent l'impression d'être à bord. C'est à la fois palpitant et stressant... Le lecteur se demande à tout moment comment ce voyage va-t-il pouvoir se conclure et l'imagination de l'auteur nous offre quelques rebondissements inattendues...
La fin m'a laissé un peu sur ma faim, en effet elle est plus suggérée que clairement posée, elle laisse faire l'imagination du lecteur... Et après ce long voyage, c'est un peu frustrant...
Merci à Livraddict et aux éditions Folio pour m'avoir permis de découvrir ce livre et faire un voyage plutôt angoissant sur l'Atlantique ! 

Extrait : (début du livre)
Lundi 10 septembre 2001.
Huit heures moins vingt-quatre minutes. Dans cette cuisine exiguë du quartier Þingholt, une famille de trois personnes mange du chou farci au beurre fondu accompagné de pommes de terre nouvelles.
A l'extérieur règnent le froid et la nuit de l'automne, mais chez le jeune couple il fait chaud et clair.

- J'aurais quand même préféré quelque chose de meilleur pour toi, mon chéri, observe la compagne de Sæli qui coupe en même temps une boulette de viande à leur fils, âgé de trois ans.
- Je ne pouvais pas rêver mieux, ma petite Lára, dit Sæli alors qu'il se ressert. Je vais m'empiffrer de grillages, de sauces et de veloutés tout le mois prochain.
- Mon pauvre !
- Enfin bon, tu vois ce que je veux dire ! précise Sæli. Il lui pince doucement la taille.
Sæli est premier matelot à bord d'un cargo et Lára exerce le métier de coiffeuse dans le 101, le centre-ville de Reykjavík.

- Au fait, est-ce que je t'ai montré cet appartement dans la rue Framnesvegur ? Lára essuie le gros de la sauce tomate qui barbouille le visage du petit garçon. Il était en photo dans le journal d'aujourd'hui !
- Oui, enfin, non... je ne l'ai pas vu, répond Sæli avec un léger soupir, sa main posée sur celle de sa compagne. On a déjà assez de factures à payer pour l'instant et...
- Mais on ne va quand même pas moisir ici éternellement, objecte Lára. Elle adresse un sourire maternel à son fils qui boit l'eau de son verre poisseux. Pas une fois que... enfin, tu sais quoi.

- Oui, je sais, marmonne Sæli avant de reprendre une bouchée malgré son manque d'appétit.
- On en reparlera à ton retour, hein ? propose Lára, d'un ton doux.
Sæli acquiesce. Il plonge son regard tendre dans les yeux de cette femme qu'il aime, mais il est bientôt dérangé, agacé par la sonnerie de son téléphone qui retentit dans la poche intérieure de sa veste, accrochée dans l'entrée.
- Tu es vraiment obligé de décrocher ?
- Je n'en ai pas pour longtemps, rassure Sæli. Il se lève brusquement de table, sort son portable et consulte l'écran illuminé : Withheld. Appel masqué.
- Allô ?
- Ici, le Démon.  

Logo Livraddict

Challenge Voisins, voisines
voisin_voisines2012
Islande

 Défi Scandinavie noire 2012
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Islande

 Challenge Viking Lit' 
Viking_Lit

Challenge Thriller 
Challenge_Thriller
 catégorie "Même pas peur" : 16/8

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Couleur"

Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
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Challenge Littératures Nordiques
litterature_nordique

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16 avril 2012

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [73]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane 

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

5507 juste_avant aral jours_sans_faim deux_jours___tuer

Ouvrière - Franck Magloire 
Juste avant – Fanny Saintenoy
Aral – Cécile Ladjali
Jours sans faim – Delphine de Vigan
Deux jours à tuer – François d’Epenoux

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Noir Océan - Stefán Máni (Suède) (partenariat Livraddict)

Que lirai-je cette semaine ?

Un livre pour le Challenge Destination proposé par evertkhorus (Nouvelle-Zélande)
Banquises - Valentine Goby
Le Prince de la brume - Carlos Ruiz Zafon
La fille tombée du ciel - Heidi W. Durrow
Les revenants - Laura Kasischke (LC avec Enna pour le 10/05)

Bonne semaine et bonne lecture.

15 avril 2012

Deux jours à tuer – François d’Epenoux

Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
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Le mot : JOUR

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Anne Carrière – août 2001 – 250 pages

Livre de Poche – mars 2008 – 188 pages

Quatrième de couverture :
Rien à dire sur la vie d'Antoine Méliot. Il a une femme ravissante, trois enfants magnifiques, des amis fidèles, une maison dans les Yvelines meublée avec goût, une cuisine équipée et un métier bien payé. Tout ça vous pose un quadragénaire en début de quarantaine. Rien à dire sur la vie d'Antoine Méliot, sinon qu'en ce mois d'octobre, il s'est donné un weekend pour saboter son bonheur: non seulement l'amour fou qui l'unit à sa femme et à ses enfants, mais aussi les liens sacrés qu'il entretient de longue date avec ses meilleurs amis. Deux jours, en vérité, pour détruire une existence. On se demande quelle part peut avoir Marion, ancien amour de lycée, dans ce comportement dément; quelle part, aussi, revient à l" araignée noire » qu'il nourrit en lui depuis l'enfance et dont il sait qu'un choc violent peut la réveiller.
Ce roman dérangeant, au style aiguisé, brosse avec lucidité le portrait d'un homme qui va au bout de ce qu'il est.

Auteur : François d'Epenoux a 36 ans. "Deux jours à tuer" est son quatrième roman.

Mon avis : (lu en avril 2012)
Voilà une histoire très surprenante... Antoine Méliot a tout pour être heureux : une ravissante épouse, Cécile, trois enfants adorables, Alice, Vincent et Lise, des amis fidèles, une belle maison dans les Yvelines et une très bonne situation. Et pourtant un jour, durant un week-end, il va tout saboter.
Lorsqu'il rentre ce vendredi soir, il sait qu'il doit éclaircir sa situation auprès de sa femme, lui avouer un mensonge avec lequel il vit depuis longtemps. Mais de retour chez lui, cela ne va pas se passer comme il le voulait. Et son comportement change du tout au tout, il se met à faire des remarques blessantes à sa femme, à ses enfants puis c'est l'escalade, son comportement avec sa famille et ses amis venus fêter son anniversaire est impensable, il devient vraiment détestable...
Certains passages sont très violents et dérangeants et je me suis demandée jusqu'où Antoine allait pouvoir aller... Je pensais avoir deviné la fin de cette histoire troublante mais je n'avais pas vu venir le coup de théâtre final ! 

Deux jours à tuer a été adapté en 2008 au cinéma par Jean Becker avec Albert Dupontel, Marie Josée Croze et Pierre Vaneck. J'ai très envie de découvrir prochainement ce film.

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Extrait : (début du livre)
Rien à dire sur la vie d'Antoine Méliot. Nul n'ignorait qu'il avait une femme ravissante, trois enfants magnifiques dont un bébé adorable, des amis de longue date, une maison dans les Yvelines meublée avec goût, une cuisine équipée et un métier bien payé. Tout ça vous pose un quadragénaire en début de quarantaine.
Rien à dire sur la vie d'Antoine, sinon qu'en ce vendredi soir d'octobre, seul dans sa voiture parmi des millions d'autres, notre homme n'avait qu'une idée. Non pas foncer droit vers la mer et fuir le plus loin possible, comme l'aurait exigé la lâcheté la plus élémentaire. Non pas précipiter sa vie contre le premier platane venu et ainsi contrevenir aux lois de son Église – laquelle, en guise de représailles, veut que dans ce cas-là on n'ait droit ni aux fleurs, ni aux couronnes, ni même au carnet du jour du Figaro. Mais surgir à l'heure du dîner dans la cuisine équipée de sa maison des Yvelines et, par dégoût de lui-même, de ce qu'il avait engendré et de ce qu'il allait trahir, massacrer à coups de hache, de grille-pain, de plateau à fromages ou de n'importe quoi, ses enfants magnifiques et sa ravissante femme. Au fond de lui, l'araignée noire venait de sortir une patte.  


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15 avril 2012

Jours sans faim – Delphine de Vigan

Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
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Le mot : JOUR

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Grasset – mars 2001 – 211 pages

J'ai lu – février 2009 – 124 pages

J'ai lu – février 2009 – 124 pages

Quatrième de couverture :
« Cela s'était fait progressivement. Pour en arriver là. Sans qu'elle s'en rende vraiment compte. Sans qu'elle puisse aller contre. Elle se souvient du regard des gens, de la peur dans leurs yeux. Elle se souvient de ce sentiment de puissance qui repoussait toujours plus loin les limites du jeûne et de la souffrance. Les genoux qui se cognent, des journées entières sans s'asseoir. En manque, le corps vole au-dessus des trottoirs. Plus tard, les chutes dans la rue, dans le métro, et l'insomnie qui accompagne la faim qu'on ne sait plus reconnaître.

Et puis le froid est entré en elle, inimaginable. Ce froid qui lui disait qu'elle était arrivée au bout et qu'il fallait choisir entre vivre et mourir. »

Auteur : Delphine de Vigan est notamment l’auteur du best seller No et moi, plus de 400 000 exemplaires vendus toutes éditions Prix des Libraires 2008, adapté au cinéma par Zabou Breitman, des Heures souterraines (2009), près de 100 000 exemplaires vendus en édition première et traduit dans le monde entier et Rien ne s'oppose à la nuit (2011) . Elle vit à Paris.

Mon avis : (lu en mars 2012)
Delphine de Vigan a écrit ce premier roman sous le pseudonyme de Lou Delvig.
Un livre très émouvant qui raconte l'anorexie d'une jeune fille. Laure a dix-neuf ans, elle est hospitalisée au dernier stade de la maladie, elle a enfin choisi entre vivre et mourir. Le déclic, c'est sa rencontre avec un médecin qui va savoir l'accompagner dans sa guérison, il est à son écoute, il ne la juge pas.
"Jours sans faim" raconte trois mois d'hôpital, trois mois pour redonner la vie à un corps, trois mois pour guérir. Laure raconte ses souffrances, ses douleurs, elle raconte le quotidien de l'hôpital, les autres patients
J'ai déjà lu plusieurs livres de Delphine de Vigan et dans son dernier livre « Rien ne s'oppose à la nuit », Delphine de Vigan évoque la période de sa propre anorexie. On comprend vraiment la justesse du ton qu'elle a trouvé pour raconter cette histoire. Un roman qui peut être considéré également comme un témoignage sur cette maladie.

Extrait : (début du livre)
C’était quelque chose en dehors d’elle qu’elle ne savait pas nommer. Une énergie silencieuse qui l’aveuglait et régissait ses journées. Une forme de défonce aussi, de destruction.
Cela s’était fait progressivement. Pour en arriver là. Sans qu’elle s’en rende vraiment compte. Sans qu’elle puisse aller contre. Elle se souvient du regard des gens, de la peur dans leurs yeux. Elle se souvient de ce sentiment de puissance, qui repoussait toujours plus loin les limites du jeûne et de la souffrance. Les genoux qui se cognent, des journées entières sans s’asseoir. En manque, le corps vole au-dessus des trottoirs. Plus tard, les chutes dans la rue, dans le métro, et l’insomnie qui accompagne la faim qu’on ne sait plus reconnaître.

Et puis le froid est entré en elle, inimaginable. Ce froid qui lui disait qu’elle était arrivée au bout et qu’il fallait choisir entre vivre ou mourir.

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Déjà lu du même auteur :

no_et_moi_p No et moi les_heures_souterraines  Les heures souterraines

rien_ne_s_oppose___la_nuit Rien ne s'oppose à la nuit

Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
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14 avril 2012

Aral – Cécile Ladjali

aral Actes Sud – janvier 2012 – 252 pages

Quatrième de couverture : 
Alexeï et Zena ont grandi à Nadezhda, au bord de la mer d’Aral asséchée. Autarcique, leur amour s’est affranchi de tous les obstacles : le lent évanouissement de leur mer, la mort qui coule dans l’eau polluée du village, la surdité d’Alexeï survenue à ses dix ans. Jeune musicien prodige, Alexeï continue à jouer du violoncelle et ouvre son espace intérieur à des perceptions nouvelles. Mais le silence s’installe entre les amants à mesure que le pays devient de sable. S’inspirant, dans ses compositions, de ses “trois fiancées” (la mer, la musique et Zena) dont les effacements successifs se conjuguent, il part à la recherche de la huitième note, celle qui contiendrait toutes les autres, et aboutirait à l’“éternelle présence”.
Récit de l’enfance sauvage, d’une vie en forme de mirage dans le silence hypnotique et les paysages austères du Kazakhstan, le roman de Cécile Ladjali oblige à scruter l’invisible, par un saisissant mélange de peur et de beauté.

Auteur : Née à Lausanne en 1971 de mère iranienne, Cécile Ladjali est agrégée de Lettres modernes. Elle enseigne le français dans le secondaire ainsi qu’à la Sorbonne nouvelle. Ses romans sont publiés chez Actes Sud : Les Souffleurs (2004), La Chapelle Ajax (2005), Louis et la jeune fille (2006), Les Vies d’Emily Pearl (2008), Ordalie (2009). En 2009 a également paru sa pièce de théâtre Hamlet/Electre.

Mon avis : (lu en avril 2012)
Ce livre m'a été conseillé lors d'un Café Lecture de la Bibliothèque.
Ce n'est pas hasard si l'auteur a donné comme titre à son livre Aral, car la mer d'Aral est au centre de cette histoire. A partir de 1960, les fleuves Amou-Daria et Syr-Daria qui alimentent en eau la mer d'Aral sont détournés pour irriguer les cultures de coton en Ouzbékistan et au Kazakhstan et la mer d'Aral a commencé à disparaître en laissant place à un désert et la population est alors confronté à une catastrophe écologique sans précédent. D'autre part, sur l'île de Vozrozhdeniya, les soviétiques ont installés des usines fabriquant des armes bactériologiques. L'eau est alors polluée et la population est victime de malformations et d'épidémies.
C'est la cadre de l'histoire d'amour entre Zena et Alexeï. Ils ont grandi ensemble à Nadezhda, sur les bords de la mer d’Aral. Ce sont des enfants curieux et doués, l'une aime les mathématiques, l'autre aime la musique. Mais à l'âge de dix ans, Alexeï est devenu progressivement sourd. C'est un comble pour lui qui est passionné par la musique et virtuose de violoncelle... Il va peu à peu se renfermer sur lui-même, et ressentir les sons autrement. Les chapitres alternent entre l’enfance d'Alexei et Zenia et l’âge adulte alors qu'ils sont devenus mari et femme.
Alors que la mer d'Aral s'assèche et se transforme en désert, la relation entre Alexeï et Zena est de plus en plus difficile.
J'ai été touché par cette belle histoire, j'ai beaucoup aimé découvrir la mer d'Aral et ses paysages à la fois désolés et grandioses. Le personnage d'Alexeï est très intéressant et touchant, c'est surprenant de découvrir les sensations des sons ou des musiques que peuvent entendre un sourd. En effet, tout au long du livre, il est question du bruit de la mer... J'ai aimé l'atmosphère de ce livre.
Un livre plein de poésie, d'humanité avec également un message écologique.

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Mer d'Aral en 1989 et en 2008 (Image satellite - Wikipédia)

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 Bateaux échoués (Yann Arthus Bertrand)

Extrait :
août 1982
La terre est rouge à cause de la rouille. Le soleil très haut. L’horizon sans mer tremble. La chaleur monte d’un désert sale.
Tu es livide.
Il faut que tu boives un peu. Il faut rentrer à Nadezhda pour consulter un médecin. tu es négligente.
Avec toi-même plus encore qu’avec moi. J’ai débusqué un camp d’ombre sous la carcasse oxydée d’un chalutier. Je t’y ai installée. tu retrouves tes couleurs. Le navire échoué tient en équilibre sur le sable et la roche sèche. La quille énorme s’enfonce dans le souvenir de la mer devenue roc. un mât cruciforme s’élance dans le ciel caniculaire. Pas un souffle.
Nous restons quelques instants encore à agoniser dans le lit à sec de la mer d’Aral. Quand nous étions enfants, nous pêchions ici. A cet emplacement précis. Je le sais à cause de la forme que prend le sommet du plateau situé face à nous. Je fixais le tchink quand je lançais ma ligne. Il y a des siècles, à ce que les vieux racontent, ce relief de craie sculpté par le vent était recouvert d’eau et composait les fonds marins de l’Aral. En ces temps, les Sarmates, guerriers alliés aux Scythes, massacraient les soldats de Darius sur le Kyzyl-Kum en fleurs. Nos ancêtres aimaient, paraît-il, les femmes, les grands arbres et le soleil.
Légende.
Au fil du temps, je me suis éloigné des fausses religions (qui engendrent toujours de faux espoirs) et j’ai appris à trouver mes repères dans le paysage des hommes, la mer n’étant pas une confidente assez sûre.
Le gouvernement russe a détourné l’eau des fleuves Syr-Daria et Amou-Daria l’année de ma naissance en 1960 pour intensifier l’irrigation des champs de coton. C’est à cette date précisément que la mer a commencé à se vider comme une baignoire.
Zena, j’aime baisser les yeux devant toi pour t’offrir l’illusion de la pudeur. Lorsque j’observe la mer qui disparaît, il me semble que face à l’absence la décence est la seule manie que l’on puisse poursuivre raisonnablement. A la maison, au marché SaintHilarion, chez le pope, on se dispute, on s’insulte gentiment : je ne cède pas. tu es orgueilleuse, Zena, mais je t’aime en raison de cet orgueil. tu es trop belle, sans doute trop intelligente pour un homme simple comme moi. Or c’est la démesure en toi qui me rend fou. tu es à l’image de mon pays. Comme toi, je l’aime, parce qu’il me fait peur. Parce qu’il m’échappe.
Ici, rien ne ressemble au monde commun. Les auréoles brunes sur le sol craquelé témoignent d’une présence encore récente de l’Aral. Elle recule, la mer. Engloutie par son propre centre. J’ai localisé le siphon : il se trouve derrière les dunes qui frangent l’horizon de jaune. Dans la portion de ciel qui passe juste au-dessus du plateau de l’Oust-Ourt, à l’endroit précis où la lune est pleine en août. Quand la mer descendra sous ce point, elle disparaîtra pour toujours.

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Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Géographie"

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13 avril 2012

Concours STAR - 4ème édition : bilan semaine 1

Voilà un petit bilan de ma première semaine de participation
au Concours Stop Talking And Read (4ème édition), organisé par Liyah

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Compteur (au 13/04/2012 00:00) : 1113 pages 

 

Bilan semaine 1 :

l_homme_qui_souriait_p L'homme qui souriait - Henning Mankell (de la page 115 à la page 422 = 308 pages)

5507 Ouvrière - Franck Magloire (184 pages)

aral Aral – Cécile Ladjali (252 pages)

juste_avant Juste avant – Fanny Saintenoy (119 pages)

Un livre pour le Challenge Un mot, des titres... organisé par Calypso (billet le 15/04) (250 pages)

§ § §


12 avril 2012

Juste avant – Fanny Saintenoy

juste_avant Flammarion – août 2011 – 119 pages

Quatrième de couverture : 
Voici un texte qui alterne poésie douce et drôlerie franche. Par la voix d'une très vieille dame sur son lit de mort, et par celle de son arrière-petite-fille, une jeune femme que la vie moderne bouscule, cinq générations parlent. Face aux duretés de la vie, face à la mort qui sème la zizanie, leurs histoires transmettent une gaieté indéfectible. Un premier roman, un récit court qui traverse le siècle, réussite rare de vigueur et de simplicité.

Auteur : Professeur de français langue étrangère, puis responsable du centre d'apprentissage des langues de la Cité internationale universitaire de Paris, Fanny Saintenoy travaille aujourd'hui au cabinet du Maire de Paris.

Mon avis : (lu en avril 2012)
Ce livre nous présente tour à tour une narration à deux voix. Il y a celle de Juliette, âgée de presque cent ans, elle est « Juste avant » de mourir et elle revient sur les souvenirs de toute sa vie et celle de Fanny son arrière petite-fille, trente ans qui revient sur ses souvenirs avec son arrière grand-mère.
Malgré une sujet empreint de tristesse, le ton n'est jamais larmoyant car Juliette revient sur les petits détails de sa vie, des instants de joie ou de tristesse qui se succèdent dans sa vie elle ne garde que les souvenirs heureux ou des anecdotes. En toile de fond de ce récit sur un siècle d'histoire le lecteur suit la vie de cinq générations de femmes avec Juliette, Jacqueline, Martine, Fanny et la petite Milena , fille de Fanny. Cela commence avec la Première Guerre Mondiale, puis le Front Populaire, la Seconde Guerre Mondiale, puis Mitterrand... J'ai beaucoup aimé les chapitres de Juliette dans lequel je retrouvais un peu de mes propres grands-mères. Cette arrière-grand mère est émouvante et touchante. Les chapitres de Fanny sont moins réussis, il n'apporte rien de plus aux souvenirs de Juliette. Une lecture sympathique, mais mitigée.

Extrait : (page 47)
Bizarrement, c'est le retour qui a été très difficile, après la folie de la Libération. Le jour où de Gaulle a descendu les Champs-Élysées, on aurait dit que la France entière était là, de chaque côté du trottoir. On s'était mises sur notre trente et un avec ma fille. J'avais fait une folie pour l'occasion, je m'étais payé un beau chapeau, avec une plume sur le côté, très chic. Y avait des sacrées bousculades, d'une main je tenais fort ma fille, de l'autre mon chapeau, mais ma plume est tombée et ça m'a fait du souci toute la journée. L'histoire des grands jours envolée par la légèreté de ma plume, une si petite chose.
C'était beau cette euphorie générale mais il fallait reprendre sa vie. Paris avait des airs de ville en fête, et pourtant les gens n'étaient plus comme avant ; ça se voyait sur les visages. On apprenait, jour après jour, tout ce qui s'était passé, tout ce qu'on n'aurait jamais voulu savoir. J'ai essayé de retrouver mon mari. Un type m'a dit qu'il était à Buchenwald avec Louis, que mon mari faisait toujours le pitre, qu'il racontait toujours autant de bêtises. Ça m'a rassurée, je me suis dit qu'ils avaient pas réussi à le pourrir. Un autre m'a raconté qu'il était vivant le jour de la libération du camp, par les Russes, paraît-il. Un jour j'ai cru le reconnaître, un monsieur qui lui ressemblait. Je me suis rendu compte que j'avais presque oublié son visage.

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Challenge 6% 
Rentrée Littéraire 2011
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40/42

Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
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11 avril 2012

Swap Yello(w)range exotic : billet de Sophie

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J’ai eu le grand plaisir de trouver le colis de Claire à mon retour d’un voyage en Pologne. J'avais prévenu mon fils (19 ans) qu'un colis risquait d'arriver dans la boite et qu'il me le garde précieusement...

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Avec tout d’abord trois romans qui m’ont fait bien plaisir :
-       Tea Bag, LE Mankell qui n’est pas un polar et dont j’ai entendu beaucoup de bien
-       L’enfant multiple de Chedid, lu mais que je ne possédais pas dans ma bibliothèque je suis donc ravie de l’y rajouter
-       Passagère du silence, qui est une découverte pour moi, je n’en avais jamais entendu parler et il est en bonne place sur ma PAL, tout près de mon lit
-       Un petit carnet personnalisé et super joli qui a déjà pris place dans mon sac pour noter mes idées lectures avec le stylo qui l’accompagne
-       Des marques pages très sympas , notamment le petit magnétique (mon coup de cœur !)
-       Des magnets pour ma collection (super !)
-       Du thé orange à tomber par terre
-       Du chocolat enfilé à vitesse grand V tellement il était bon
-       Et une belle carte avec un mot sympa

Tout cela emballé dans du papier jaune orangé pour coller au thème, merci Claire pour ce très beau colis ! Et Merci Val pour l’organisation parfaite !


10 avril 2012

Ouvrière - Franck Magloire

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Éditions de l'Aube - avril 2003 – 176 pages

Éditions de l'Aube – mars 2004 – 176 pages

Points – janvier 2012 – 184 pages

Quatrième de couverture :
La vie de Nicole s’est décidée en une heure : le temps d’aller demander une place à l’usine. Elle y travaillera pendant trente ans, pour offrir à ses enfants une vie décente. Chaque matin, alors que tous dorment encore, Nicole se rend dans la zone industrielle de l’Espérance. À six heures précises, elle est une ouvrière. Elle est surtout une femme digne, dont le destin est lié à celui de Moulinex.

Auteur : Né en 1971, Franck Magloire livre ici le récit de la vie de sa mère, ouvrière chez Moulinex jusqu’à la fermeture de l’usine. Il est aussi l’auteur de En contrebas et de Présents.

Mon avis : (lu en avril 2012)
C'est l'article de Clara sur ce livre qui m'a donné envie de le découvrir.
Dans ce livre, Franck Magloire donne la parole à sa mère Nicole qui a été pendant trente ans ouvrière chez Moulinex de Caen. Elle nous raconte sa vie a l'usine, la routine de son travail ouvrier, la camaraderie avec ses collègues de travail, l'usine est comme une deuxième famille, elle raconte également l'évolution du travail et des conditions de travail durant ces trente ans. Elle nous décrit les bruits des machines dans les ateliers, les odeurs du vestiaire, l'organisation du travail, les pauses... Nicole donne son point de vue de simple ouvrière, il n'y a pas de message syndicale ou politique. Cela commence le premier jour, où elle sera embauchée en quelques minutes, le dernier jour sera celui de la fermeture de l'usine en 2001 malgré la résistance des salariés. 
Un témoignage touchant, digne et vrai. Très belle découverte.

Extrait : (page 39)
Ces dernières trente minutes avant d’entrer dans l’usine que certaines d’entre nous appellent la taule sont à moi, et j’y tiens... oh ! bien sûr, pas une de plus ni une de moins, je ne veux surtout pas être en retard, je ne l’ai jamais été en trente ans... sauf peut-être une fois, à cause d’un accident sur le viaduc de Cadix qui enjambe le canal et relie les quartiers HLM au périphérique vers Paris... une femme s’était encastrée dans la rambarde métallique... ce jour-là, la chaussée n’était pourtant pas glissante, et la circulation pas plus chargée qu’à l’habitude... sans doute s’était-elle rendormie au volant... au début, cette tragédie ne m’avait pas réellement affectée, elle m’avait presque paru normale... j’ai un peu honte, je le confesse maintenant, mais cet incident devait advenir fatalement... j avais mis mes feux de détresse, j’attendais derrière, masquée par le camion des secours, en tête du cortège des voitures qui me suivaient tout en clignotant... quand nous avons été autorisés à le dépasser, le corps de cette femme avait déjà été recouvert d’une bâche jusqu’aux chevilles... de voir furtivement cette masse inerte qui me semblait s’être simplement assoupie et emmitouflée sous une ouverture, égoïstement j’ai pensé à moi, moi qui aurais pu être à sa place, en retard et encore groggy de sommeil j’aurais accéléré et hop ! plus rien, noir... dans l’urgence les secouristes n’avaient pas pris soin de ramasser une de ses chaussures qui gisait sur le sol et qui avait dû être violemment arrachée sous le choc... j’ai figé mon regard plusieurs secondes sur elle, et si je ne parvenais pas à reconnaître avec exactitude en quelle matière elle était faite, je devinais facilement à son bout rond typique et à son épaisseur matelassée ce à quoi elle pouvait servir... je trouvais indécent qu’elle ait dû mourir avec de telles chaussures à ses pieds, non pas tant parce que je revendiquais une quelconque lubie d’élégance féminine, mais surtout parce qu’elle se rendait sur son lieu de travail avec ses chaussures d’atelier aux pieds...

Beaucoup de mes collègues, dont certaines de mes amies, viennent au boulot, elles aussi, chaussées de leurs sabots de sécurité et cintrées dans leur blouse déjà boutonnée... coût l’attirail porté parfois une bonne heure avant, en comptant la route à faire... pour gagner du temps au vestiaire, pour ne pas être en retard aussi, et chaque fois, je revois la chaussure de cette femme sur la chaussée... ce n’est pas le spectre de la mort qui me glace, l’âge aidant, je l’ai apprivoisée, et nous serons toutes emportées à plus ou moins brève échéance... abrégées chacune de sept à dix ans dans tous les cas, à considérer les chiffres... cette différence d’espérance de vie court irrémédiablement entre nous et ces femmes qui sont cadres... je tiens ça d’une militante cégétiste que j’ai bien connue, elle aimait à citer les statistiques de classes qu’elle trouvait en fouinant dans les bouquins, avant d’en faire partager tout l’atelier sur ses tracts collés copieusement sur le tableau d’affichage à l’entrée... sans effets apparemment... alors cette façon qu’ont certaines de mes collègues de devancer le temps, d’endosser l’heure finale nui les tue un peu plus chaque jour... elles naissent, vivent, meurent Moulinex... les chaussures aux pieds, la corne aux mains, le nylon à leurs débuts le coton doublé désormais, à même le torse, sans maquillage ni apprêts pour beaucoup... déjà en tenue de travail, elles se fondent dans le moule de l’usine, la prolongent de chez elles à la boîte, de la boîte à chez elles, sur l’ensemble du trajet... pour le moment, pour moi, ces trente minutes de répit où je n’ai pas enfilé la moindre fonction, je ne suis pas encore ouvrière...

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Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Métier"

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9 avril 2012

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [72]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane 

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

replay le_m_tro_est_un_sport_collectif 5505 l_homme_qui_souriait_p

(Re)play – Jean-Philippe Blondel 
Le métro est un sport collectif – Bertrand Guillot 
La liste de mes envies – Grégoire Delacourt 
L’homme qui souriait – Henning Mankell

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Ouvrière - Franck Magloire

Que lirai-je cette semaine ?

Aral - Cécile Ladjali
Un livre pour le Challenge Un mot, des titres... organisé par Calypso (mot = JOUR)
Noir Océan - 
Stefán Máni (Suède) (partenariat Livraddict)

Bonne semaine et bonne lecture.

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