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A propos de livres...
challenge
27 août 2010

Le chien jaune – Georges Simenon

Lu dans le cadre du Challenge Maigret organisé par Ferocias

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Lu dans le cadre du Challenge Lunettes noires sur Pages blanches

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Livre de Poche - Janvier 2003 - 190 pages
Pocket – janvier 2000 – 183 pages
Pocket – septembre 1989 – 183 pages
Presse Pocket – septembre 1980 – 183 pages
Edito-Service S.A. - 1974 – 136 pages
LGF – 1970 – 189 pages
LGF – janvier 1963 – 189 pages
Fayard – 1961 -

Quatrième de couverture :
Vendredi 7 novembre. Concarneau est désert. L'horloge lumineuse de la vieille ville, qu'on aperçoit au-dessus des remparts, marque onze heures moins cinq. C'est le plein de la marée et une tempête du sud-ouest fait s'entrechoquer les barques dans le port. Le vent dans les rues, où l'on voit parfois des bouts de papier filer à toute allure au ras du sol. Quai l'Aiguillon, il n'y a pas une lumière. Tout est fermé. Tout le monde dort. Seules les trois fenêtres de l'Amiral, à l'angle de la place et du quai, sont encore éclairées...

Auteur : Né à Liège le 13 février 1903, après des études chez les jésuites, et amené de bonne heure à gagner sa vie, Georges Simenon est contraint d'exercer divers métiers. Un temps reporter à La Gazette de Liège, il circule volontiers de par le monde, séjournant notamment à Paris. 'Le Roman d'une dactylo', publié sous un pseudonyme en 1924, est un véritable succès populaire. Dès lors, cet auteur prolifique rédige roman sur roman, à un rythme impressionnant, et donne naissance au fameux commissaire Maigret. L'univers de Simenon est marqué par un réalisme cru - ses personnages sont des êtres veules et médiocres - auquel se mêle toutefois une poésie particulière, liée à la restitution de l'atmosphère des lieux, ou à l'angoissante solitude qui enserre les hommes. En vertu de leurs qualités dramatiques intrinsèques, nombre de ses œuvres ont été adaptées au petit et au grand écran. Simenon gravit les marches de l'Académie royale de Belgique en 1952, rendant au genre policier toutes ses lettres de noblesse. Décédé à Lausanne le 04 septembre 1989.

Mon avis : (lu en août 2010)
J'ai choisi un peu au hasard cette aventure de Maigret qui a été écrite en 1931.
Maigret mène l'enquête à Concarneau.. Un notable de la ville, Mostaguen, principal négociant en vin du pays a été grièvement blessé d'un coup de revolver. Puis une série de tentative de meurtres est perpétrée : empoisonnements, disparition... Et avec tout cela un mystérieux chien jaune erre dans les rues de la ville. Tout se passe autour de l’Hôtel de l’Amiral et de notables de la ville habitués de l'hôtel. Je ne peux pas dire avoir été passionné par cette enquête que j'ai trouvé lente et longue. Malgré tout, l'enquête est bien contruite et la conclusion inattendue.

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Film : Le Chien jaune a été adapté au cinéma par Jean Tarride en 1932 avec Abel Tarride dans le rôle Commissaire Maigret.
Il existe également deux épisodes « Le Chien jaune » à la télévision, celui réalisé par Claude Barma en 1968 (noir et blanc) avec Jean Richard dans le rôle du Commissaire Maigret et celui réalisé par Pierre Bureau en 1988 (couleur) avec Jean Richard dans le rôle du Commissaire Maigret et Annick Tanguy dans le rôle de Madame Maigret.

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J'ai pu emprunter à la Bibliothèque le DVD de l'épisode réalisé par Claude Barma en 1968 (noir et blanc).
Ce téléfilm est une adaptation très fidèle du roman de Simenon. On retrouve les dialogues mots pour mots. Seules entorses au livre, le film situe l'histoire à Boulogne-sur-Mer dans les années 50 ou 60 plutôt qu'à Concarneau dans les années 30. L'impression de longueur et de lenteur de l'histoire est décuplée dans le film. Le côté noir et blanc donne également au film un côté vieillot.

Extrait : (début du livre)
Vendredi 7 novembre. Concarneau est désert. L’horloge lumineuse de la vieille ville, qu’on aperçoit au-dessus des remparts, marque onze heures moins cinq.
C’est le plein de la marée et une tempête du sud-ouest fait s’entrechoquer les barques dans le port. Le vent s’engouffre dans les rues, où l’on voit parfois des bouts de papier filer à toute allure au ras du sol.
Quai de l’Aiguillon, il n’y a pas une lumière. Tout est fermé. Tout le monde dort. Seules, les trois fenêtres de l’Hôtel de l’Amiral, à l’angle de la place et du quai, sont encore éclairées.
Elles n’ont pas de volets mais, à travers les vitraux verdâtres, c’est à peine si on devine des silhouettes. Et ces gens attardés au café, le douanier de garde les envie, blotti dans sa guérite, à moins de cent mètres.
En face de lui, dans le bassin, un caboteur qui, l’après-midi, est venu se mettre à l’abri. Personne sur le pont. Les poulies grincent et un foc mal cargué claque au vent. Puis il y a le vacarme continu du ressac, un déclic à l’horloge, qui va sonner onze heures.
La porte de l’Hôtel de l’Amiral s’ouvre. Un homme paraît, qui continue à parler un instant par l’entrebâillement à des gens restés à l’intérieur. La tempête le happe, agite les pans de son manteau, soulève son chapeau melon qu’il rattrape à temps et qu’il maintient sur sa tête tout en marchant.
Même de loin, on sent qu’il est tout guilleret, mal assuré sur ses jambes et qu’il fredonne. Le douanier le suit des yeux, sourit quand l’homme se met en tête d’allumer un cigare. Car c’est une lutte comique qui commence entre l’ivrogne, son manteau que le vent veut lui arracher et son chapeau qui fuit le long du trottoir. Dix allumettes s’éteignent.
Et l’homme au chapeau melon avise un seuil de deux marches, s’y abrite, se penche. Une lueur tremble, très brève. Le fumeur vacille, se raccroche au bouton de la
porte. Est-ce que le douanier n’a pas perçu un bruit étranger à la tempête ? Il n’en est pas sûr. Il rit d’abord en voyant le noctambule perdre l’équilibre, faire plusieurs pas en arrière, tellement penché que la pose en est incroyable.
Il s’étale sur le sol, au bord du trottoir, la tête dans la boue du ruisseau. Le douanier se frappe les mains sur les flancs pour les réchauffer, observe avec humeur le foc dont les claquements l’irritent.
Une minute, deux minutes passent. Nouveau coup d'œil à l’ivrogne, qui n’a pas bougé. Par
contre, un chien, venu on ne sait d’où, est là, qui le renifle.
« C’est seulement à ce moment que j’ai eu la sensation qu’il s’était passé quelque chose ! » dira le douanier, au cours de l’enquête.

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25 août 2010

Les trois vies de Babe Ozouf – Didier Decoin

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (23/26)

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Seuil – avril 1983 – 376 pages

Points - mai 1984 – 376 pages

Points – juin 2001 – 409 pages

Quatrième de couverture
Là-haut, tout au bout de la France, c'est la Hague, terre de granits et de landes fauves, qui poignarde l'une des mers les plus dangereuses du monde.
Babe Ozouf, Catherine et Carole sont filles de la Hague. Leur saga - qui s'étend sur trois générations - est scandée par un même geste, un acte que l'amour inspire: faire naître la lumière et le feu dans la nuit. Par trois fois, ce geste simple et fatal provoquera un naufrage: naufrage de navires et naufrage de trois destins.
Emmenée par deux gendarmes, Babe Ozouf va vivre une mise à l'épreuve qui sera aussi une délivrance. Sa fille Caherine, mariée à quinze ans, connaîtra l'exil, de l'autre côté de l'océan. Et Carole, la fille de Catherine, sera irrésistiblement rappelée vers cette falaise, lieu de rencontre avec la nuit et le brouillard.
Trois hommes traverseront la vie de ces jeunes femmes: Michael Bernstein, le pianiste; le peintre Louis Asfrid et le mystérieux Recruteur qui hante les quais de Liverpool. Ils apprendront que l'amour est aussi ce calme effrayant qui précède et annonce les tempêtes.
« La Hague, dit l'auteur, ne m'a pas inspiré ce roman : elle me l'a imposé. Je l'ai écrit dans la solitude, le tulmute et la passion, à l'image du pays étrange qui l'a fait surgir. »

Auteur : Né le 13 mars 194, fils du cinéaste Henry Decoin, Didier Decoin commence sa carrière comme journaliste. Il passe par des quotidiens comme Le Figaro et France-Soir. Il participe aussi à la création du magazine VSD. Il touche aussi à la radio en intervenant sur Europe 1. Mais le journaliste est passionné d'écriture et entame une carrière de romancier. A tout juste 20 ans, il publie son premier livre intitulé 'Le Procès à l'amour'. Ecrivant plus d'un vingtaine d'ouvrages, il est récompensé en remportant le Prix Goncourt pour 'John l'enfer' en 1977. Membre fondateur de la Société civile des auteurs multimédia – SCAM – il assure aussi la présidence de la Société des gens de lettres de France. En 1995, il devient le Secrétaire général de l'Académie Goncourt. Attiré par le cinéma et la télévision, il devient scénariste pour la fiction de France 2. On lui doit des séries comme 'Les Misérables', 'Le Comte de Monte-Cristo', 'Balzac' et 'Napoléon'. Fort d'un parcours hors du commun, Didier Decoin est aujourd'hui considéré comme un membre précieux de la culture française.

Mon avis : (lu en août 2010)
Voici l'histoire de trois femmes de la Hague, qui s'étend sur trois générations : il y a Babe Ozouf, Catherine et Carole. Chacune d'elles par amour fera naître un feu dans la nuit, un feu qui aura des conséquences malheureuses. Babe, par amour pour le pianiste Michael Berstein, allumera un grand feu qui causera le naufrage d'un navire. Catherine va illuminer sa maison et son jardin de toutes les bougies et lanternes pour se rassurer en l'absence de son mari le peintre Louis Asfrid. Elle sera alors obligée de fuir. Enfin, Carole qui allumera un grand feu pour couler le croiseur lourd Admiral von Severloh.
Toute la magie du récit vient du lieu où se déroule ce roman, la Hague avec ses landes de bruyères sauvages, ses rochers de granit, sa mer froide, ses embruns salés, son brouillard. Les descriptions sont superbes et le lecteur est envoûté autant par ce lieu que par ces trois histoires liées.

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Extrait : (début du livre)
Barbe Ouzouf aimait trop la beauté pour supporter longtemps le prénom qu’on lui avait infligé : à huit ans, elle en fit sauter le r et on la connut désormais sous le nom de Babe. Habitant une région proche des îles anglo-normandes, la Hague, certains prononçaient Babe à l’anglaise, comme un diminutif de baby. Cela lui alla plutôt bien jusqu’à la puberté, ensuite elle prit de la poitrine, des hanches, ses cheveux roux se mirent à pousser au point de lui battre les fesses, elle devint femme, et les gens cessèrent de dire Babe à l’anglaise pour, au contraire, insister sur le a, et même le multiplier comme si Babe s’écrivait Baaabe.
A six heures tous les soirs, elle se baignait sur la grève d’Ecalgrain. En 1893, il n’existait aucun aménagement, juste un sentier pour descendre de la falaise jusqu’au premier lit de galets. En avril, les ajoncs étiraient leurs pousses en travers du passage, et plus d’une fois Babe déchira sa robe à leurs épines, et souvent son jupon, ses cuisses à travers l’étoffe noire.

Elle agit aujourd’hui comme d’habitude, malgré les deux gendarmes à cheval qui l’attendent, qui la surveillent depuis la route de la falaise. L’un d’eux, Jean Le Nackeis, a déjà déroulé la corde rugueuse qui servira tout à l’heure à lier ensemble les poignets de Babe.

Elle n’a jeté qu’un coup d’œil distrait sur cette entrave.
Sur une roche elle pose sa coiffe, sa longue écharpe et ses souliers, en recommandant aux gendarmes de bien veiller à ce que le vent ne les enlève pas ; peu lui importe de retrouver ou non ses affaires quand elle remontera de la grève, parce qu’alors tout lui sera indifférent, mais dans le souci qu’elle manifeste de ne pas abandonner ces quelques accessoires au vent il y a une façon de promesse : « Je reviendrai me livrer, vous avez eu raison de me faire confiance. »

21 août 2010

Les Trois médecins – Martin Winckler

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (22/26)

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POL – août 2004 – 523 pages

Folio – octobre 2006 – 741 pages

Quatrième de couverture :
Un médecin, ça n'a pas toujours été médecin.
En 1974 – vingt ans avant La Maladie de Sachs - Bruno Sachs entre à la faculté de médecine de Tourmens. Il se lie d’amitié avec André Solal, Basile Bloom et Christophe Gray, trois étudiants voués à la médecine générale. Il ne sait pas qu’au cours des sept années suivantes, ils vont apprendre leur métier mais aussi côtoyer les militants de l’IVG et de la contraception, contester l’enseignement de mandarins hospitaliers plus préoccupés de pouvoir que de soin, et militer pour une médecine plus humaine.
Pour devenir médecins – pour devenir des hommes –, Bruno et ses trois camarades devront vivre plusieurs histoires à la fois : l’histoire d’une formation ; l’histoire d’un grand amour ; l’histoire d’un engagement moral et politique ; l’histoire d’une profonde amitié. Des histoires comiques et tragiques. Des histoires où l’on vit pleinement et où, parfois, l’on meurt.
Comme dans un roman d’aventures.

Auteur : Martin Winckler, de son vrai nom Marc Zaffran, est né en 1955 à Alger. Après son adolescence à Pithiviers (Loiret) et une année à Bloomington (Minnesota), il fait des études de médecine à Tours entre 1973 et 1982. Ses premiers textes paraissent dans Nouvelles Nouvelles et la revue Prescrire au milieu des années 80 et son premier roman, La Vacation (1989). Entre La Maladie de Sachs (1998, adapté au cinéma en 1999 par Michel Deville) et Les Trois Médecins (2004), il a publié une trentaine de romans et d'essais, consacrés au soin et aux arts populaires. En 2001 et 2002, il est le premier écrivain français à prépublier en feuilleton interactif, sur le site de P.O.L, deux grands livres autobiographiques: Légendes et Plumes d'Ange. Médecin à temps partiel et écrivain à temps plein, il anime en outre le Winckler's Webzine, un site personnel très fréquenté (www.martinwinckler.com).

 

Mon avis : (lu en août 2010)
J'avais adoré "La Maladie de Sachs" et j'ai pris vraiment beaucoup de plaisir à retrouver Bruno pendant ses études de médecine. Bruno Sachs est fils de médecin, il va suivre la trace de son père et va faire ses études de médecine à Tourmens. Nous sommes en 1973, et il rencontre André Solal , Basile Bloom et Christophe Gray, trois étudiants en médecine qui deviennent ses amis et ses frères. Par vocation et par amour des autres, ils vont apprendre leur métier, travailler dur, ils veulent une médecine plus juste et plus humaine, ils vont également côtoyer les militants de l'IVG,et de la contraception mais aussi contester la toute puissance des médecins hospitaliers et la toute puissance des labos pharmaceutiques. C'est l'histoire d'une amitié vrai et solide entre quatre hommes avec un grand cœur et qui ont choisi de consacrer leur vie à soigner.

Ce livre est à la fois instructif et divertissant, il se dégage de chacune des pages une formidable humanité. J'ai dévoré ce livre, il est passionnant !

Extrait : (page 19)
Il nous regarde avec ses yeux mauvais, et se met à nous cracher dessus. Il a commencé en disant que nous étions des veaux, des bons à rien, et comme les voix s'élevaient il a réagi immédiatement en criant qu'il lui suffisait de ne pas faire cours pendant un mois pour qu'on soit tous dans la merde, et bien malins ceux qui sauraient ce qu'il nous balancerait au concours ! Alors, évidemment, tout le monde s'est tu, à commencer par les redoublants. Il fulmine, il a l'écume à la bouche, on dirait qu'il va lui sortir de feu par les yeux. Il lève le bras, tend l'index vers nous et vomit : La plupart d'entre vous ne sont que de petits crétins.

Extrait : (page 138)
Et la colère m'emplit quand je pense aux femmes croisées depuis que je suis née, aux femmes qui ont porté grossesse sur grossesse, en espérant que, de temps à autre, une fausse couche les délivrerait ; aux femmes mortes en couches parce que le médecin n'est pas arrivé à temps ; aux femmes déchirées, mutilées par un bébé trop gros sorti trop vite ; aux femmes mortes d'hémorragie parce qu'on ne les a pas surveillées ; aux femmes stériles que l'on a répudiées ; aux femmes à qui on arrache leurs enfants ; aux femmes violées contraintes de mettre au monde l'enfant de leur agresseur ; aux femmes soumises à l'inceste de leur père ou de leur mère ; aux femmes à qui on a refusé une contraception et qui sont mortes d'une grossesse - la grossesse de trop... ; aux femmes aliénées que l'on stérilise 'pour leur bien '; aux femmes que l'on contraint à porter un enfant qu'elles abandonneront à la naissance en le donnant à des étrangers ; aux femmes atteintes de cancer que l'on ampute sans hésiter ; aux femmes qui saignent et à qui un homme fait 'sauter l'utérus 'parce que c'est plus simple [... ].

Extrait : (page 506)
Comment leur dire que soigner, ça ne s'apprend pas le stylo sur la page mais les yeux sur les lèvres et les doigts sur la peau et la bouche à l'oreille et mon corps sur ton corps.
Comment leur dire que soigner, c'est comme vivre, ça n'attend pas qu'on ait appris, ça se fait tout de suite
Comment leur dire que soigner s'apprend avec les autres - tous les autres : ceux qu'on admire, ceux qu'on déteste, ceux qui nous font vomir et ceux qui nous attirent, celles et ceux qui nous font peur et nous maltraitent, ceux qui nous entourent et ceux qui nous sont hostiles, nos amis nos ennemis, nos frères nos sœurs, ceux qui sont assis là autour de nous et que nous ne connaissons pas, et qui ont tous quelque chose à nous dire si seulement nous voulions tendre un peu l'oreille, si seulement nous voulions bien les toucher du doigt.

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (22/26)

7 août 2010

Challenge du 1% littéraire 2010

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Je viens de m'incrire au Challenge du 1% littéraire 2010 organisé cette année par cette année par Schlabaya, il s'agit de lire au moins 1% des 701 sorties littéraires prévues cet automne.
Soit au moins 7 livres...

J'ai déjà lu  : Desert Pearl Hotel - Pierre-Emmanuel Scherrer
et j'ai déjà dans ma PAL : Une affaire conjugale - Eliette Abécassis

Et j'ai très envie de découvrir : L'amour est une île - Claudie Gallay
                                          Le coeur régulier - Olivier Adam
                                          Passé sous silence - Alice Ferney
                                          Ouragan - Laurent Gaudé
                                          Le septième fils - Arni Thorarinsson

et bien sûr mes lectures vont évoluer en fonction des futures critiques !

2 août 2010

Treize petites enveloppes bleues – Maureen Johnson

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (21/26)

13_petites_enveloppes_bleues Gallimard Jeunesse – janvier 2007 – 347 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Julie Lopez

Quatrième de couverture :
Règle n° 1 : Tu ne peux emporter que ce qui tiendra dans ton sac à dos.
Règle n° 2 : Tu ne dois emporter ni guides de voyage ou de conversation, ni aucune aide pour les langues étrangères.
Règle n° 3 : Tu ne peux pas prendre d'argent en plus, ni de carte de crédit, de chèques de voyage, etc.
Règle n° 4 : Pas d'expédients électroniques. Ce qui signifie pas d'ordinateur portable, de téléphone portable, de musique, d'appareil photo.
C'est tout ce que tu as besoin de savoir pour l'instant. Rendez-vous à la Quatrième Nouille.
Lorsqu'elle découvre ce message de Peg, sa tante adorée qui vient de mourir, Ginny est loin d'imaginer qu'elle en recevra treize au total et que ces petites enveloppes bleues l'emmèneront loin, bien loin, pour un incroyable voyage à travers l'Europe. Et transformeront à jamais sa vie de jeune fille rangée, timide et sage...
Comme une course au trésor, ce roman nous happe et nous entraîne de rencontres en découvertes, de mésaventures en petites victoires, pour une folle virée pleine d'humour et de charme.

Auteur : Maureen Johnson est née à Philadelphie, en Pennsylvanie. Enfant, elle lisait sans arrêt, comme beaucoup de lecteurs qui finissent par écrire. Elle a étudié la dramaturgie et l'écriture romanesque à l'université de Columbia.
Afin de pouvoir vivre de sa plume, elle a pratiqué bon nombre de petits boulots de New-York à Londres en passant par Las Vegas.
Treize petites enveloppes bleues, son quatrième roman pour adolescents, est le premier publié en France. Elle vit à Nex-York avec son mari.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
Voici une histoire originale : dès la première ligne nous découvrons une lettre, la destinataire est Ginny, l'auteur est sa tante Peg décédée récemment et qui était partie sans laisser d'adresse deux ans avant. Tante Peg invite Ginny à faire un sac léger sans superflu, de réserver un aller-simple pour Londres puis de passer prendre un colis à New-York. Dans ce colis, Ginny trouve douze enveloppes bleues numérotées de deux à treize. Elle a pour consigne de les ouvrir les une après les autres, tante Peg lui donne à chaque fois une destination à atteindre et une épreuve à faire. Départ de Londres, son étonnant voyage passera par Rome, Paris, Amsterdam, Athènes... Ginny va suivre scrupuleusement ce que lui demande sa tante et faire de nombreuses rencontres et finir par comprendre pourquoi tante Peg est partie si brutalement sans laisser de nouvelles. J'ai bien aimé ce livre à la fois émouvant et plein d'humour. L'auteur s'est bien documenté sur tous les pays traversés et le lecteur voyage avec plaisir avec Ginny.

Extrait : (début du livre)
"Chère Ginger,

Je n'ai jamais beaucoup aimé les règles. Tu la sais. Alors tu vas sans doute trouver bizarre que cette lettre soit remplie de règles que j'ai établies et que je veux que tu suives.
tu dois te demander : "Les règles de quoi?" Tu as toujours posé de bonnes questions.
Tu te souviens du jeu "Aujourd'hui, j'habite en..." que nous faisions quand tu étais petite et que tu venais me voir à New York? (C'était le "Aujourd'hui, j'habite en Russie" que je préférais, je crois. On jouait toujours à celui-là en hiver. On allait voir la collection d'art russe au Metropolitan Museum, on marchait dan sla neige à Central Park. Ensuite, on allait manger dans ce petit resto russe du village, où il y avait de délicieux légumes marinés et un drôle de caniche sans poils qui restait assis près de la fenêtre et aboyait sur les taxis.)
Je voudrais que nous jouions à ce jeu encore une fois -mais de façon un peu plus littérale. Aujourd'hui, ce sera : "J'habite à Londres". Comme tu le vois, j'ai glissé mille dollars en liquide dans cette enveloppes. de quoi payer un passeport, un aller simple New York-Londres et un sac à dos. (Garde quelques dollars pour le taxi jusqu'à l'aéroport.)
Quand tu auras réservé ton billet, fais ton sac et dit au revoir à tout le monde, je veux que tu ailles à New York. Plus précisément, je veux que tu te rendes à La Quatrième Nouille, le restaurant chinois au-dessous de mon ancien appartement. Quelque chose t'y attend. Ensuite, va directement à l'aéroport.
Tu vas partir pour plusieurs semaines et voyager dans des pays étrangers. Voici les fameuses règles qui vont guider ton voyage :

Règle numéro 1 : Tu ne dois apporter que ce qui tient dans ton sac à dos. N'essaie pas de tricher avec un sac ou un bagage à main.
Règle numéro 2 : Tu ne dois apporter ni guides de voyage, ni guides de conversation, ni aucune aide pour les langues étrangères. Et pas de revues.
Règle numéro 3 : Tu ne peux pas prendre d'argent en plus, ni de carte de crédit, de débit, de chèques de voyage, etc. Je me charge de tout ça.
Règle numéro 4 : Pas d'expédients électroniques. Ce qui signifie pas d'ordinateur portable, de téléphone portable, de musique ni d'appareil photo. Interdiction de téléphoner chez toi et de communiquer avec les Etats-Unis par Internet ou par téléphone. Les cartes postales et les lettres sont acceptées et encouragées.
C'est tout ce que tu as besoin de savoir pour l'instant. rendez-vous à La Quatrième Nouille.

Je t'embrasse,
Ta tante en cavale"

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (21/26)

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30 juillet 2010

Je vais bien, ne t'en fais pas – Olivier Adam

Lu dans le cadre du challenge coeur_vs3 proposition de Amy

Lu dans le cadre du Challenge Lunettes noires sur Pages blanches

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Le dilettante – décembre 1999 – 186 pages

Pocket – août 2006 – 155 pages

Pocket – novembre 2009 – 155 pages

Quatrième de couverture :
Une autre lettre de Loïc. Elles sont rares. Quelques phrases griffonnées sur un papier. Il va bien. Il n'a pas pardonné. Il ne rentrera pas. Il l'aime. Rien d'autre. Rien sur son départ précipité. Deux ans déjà qu'il est parti. Peu après que Claire a obtenu son bac. A son retour de vacances, il n'était plus là. Son frère avait disparu, sans raison. Sans un mot d'explication. Claire croit du bout des lèvres à une dispute entre Loïc et son père. Demain, elle quittera
son poste de caissière au supermarché et se rendra à Portbail. C'est de là-bas que la lettre a été postée. Claire dispose d'une semaine de congé pour retrouver Loïc. Lui parler. Comprendre.

Auteur : Né en 1974, Olivier Adam a grandi en région parisienne et vit actuellement en Bretagne. Son premier roman, Je vais bien, ne t'en fais pas (2000) ouvre un diptyque sur le thème de
la disparition qui se poursuit avec A l'Ouest (2001). Également scénariste et auteur pour la jeunesse, Olivier Adam a notamment écrit Poids léger (2002), adapté pour le cinéma par Jean-Pierre Améris et Passer l'hiver (2004) qui a reçu le Goncourt de la Nouvelle 2004. Falaises (2005). A l'abri de rien, Des Vents contraires.

Mon avis : (relu en juillet 2010)
Un livre de 150 pages qui se lit d'une traite. L'auteur nous dresse le portrait de Claire, une jeune femme solitaire qui est hantée par le souvenir de son frère Loïc qui a disparu deux ans auparavant sans donner de raison. Claire avait alors 20 ans et Loïc 18 ans. Avec son frère, ils étaient inséparables et avaient besoin l'un de l'autre pour vivre. Claire ne comprend pas pourquoi Loïc est parti sans aucune explication. Elle attend un signe de sa part. Claire va faire une dépression et refuser de s'alimenter. Et huit mois après la disparition de Loïc, Claire reçoit enfin une première carte avec quelques mots « je pense à toi, je t'embrasse, je vais bien, ne t'en fais pas. » Au bout de deux ans et après avoir reçu une carte de Portbail en Normandie, Claire décide de partir là-bas pendant une semaine de congés pour retrouver Loïc. On ressent toute la tristesse et toute la fragilité de Claire. C'est une histoire prenante et surprenante et c'est vraiment à la fin du livre que l'on découvre la vérité.

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Le film :
Ce livre a été adapté au cinéma en 2006 par Philippe Lioret avec Mélanie Laurent, Kad Merad, Julien Boisselier, Isabelle Renauld, Aïssa Maïga.

Il y a quelques petites différences entre le livre et le film : Claire est devenue Lili, son petit frère est devenu son frère jumeau. Cela renforce les liens qui unissent le frère et la sœur.

Le film nous présente l'histoire de façon chronologique et commence sur le retour de Lili après un voyage en Espagne et ses parents lui apprennent que son frère Loïc est parti depuis 5 jours après une dispute futile avec son père. Le livre commence deux ans après, Claire (Lili) est alors caissière à Shopi. Dans le film, la place des parents est plus importante que dans le livre.

L'adaptation de ce livre est vraiment très réussite et j'ai été beaucoup plus émue par le film que par le livre.

J'aime également beaucoup la chanson et thème principal de la B.O du film qui est U-turn (Lili) du duo français AaRON (Artificial Animals Riding On Neverland) composé de Simon Buret et Olivier Coursier. Simon Buret joue lui-même l'ami de Loïc qui fait écouter cette chanson à Lili composée en grande partie par Loïc.

Ce film a reçu de nombreuses récompenses :

  • César du meilleur acteur dans un second rôle pour Kad Merad.

  • César du meilleur espoir féminin pour Mélanie Laurent.

  • Prix Lumière du meilleur espoir masculin pour Julien Boisselier.

  • Prix Lumière du meilleur espoir féminin pour Mélanie Laurent.

  • Étoile d’or de la révélation féminine pour Mélanie Laurent.

  • Étoile d’or du scénario pour Philippe Lioret et Olivier Adam.

Extrait : (début du livre)
Claire claque la porte et tourne les clés.
Il est dix heures. Elle commence à onze. Le Shopi ferme à vingt et une heures, elle fait la fermeture. Elle descend les escaliers quatre à quatre. Au kiosque, elle achète Libé. Il fait déjà chaud et elle ôte son gilet. La brasserie où elle a ses habitudes est fermée. C'est le mois d'août. Elle entre dans un petit café où trois vieux discutent football, devant leur troisième ballon de rouge. La patronne la salue à peine, la fait répéter deux fois lorsqu'elle commande son café et son croissant. Elle étale son journal sur la table, va directement à la page des annonces. Avec Loïc, ils lisaient toujours cette page, alors elle se dit qu'il pensera peut-être à lui laisser un message. Le café est très chaud. Elle se brûle un peu, repose la tasse, souffle sur une mèche. Elle a relevé ses cheveux presque roux et très lisses en une sorte de chignon flou et artistique. Elle se voit dans le miroir. Les vieux la regardent. Machinalement, elle amorce le geste de tirer sur sa jupe. Mais aujourd'hui, elle porte un pantalon. Les vieux s'échangent vaguement quelques tuyaux, cochent les cases d'un bulletin de PMU. Claire feuillette son journal. Très distraitement. Elle grimace un peu en finissant son café. Juste au moment où elle avale le petit dépôt de sucre qui est resté au fond. Elle pose quelques pièces de monnaie près de sa tasse, se lève et s'en va. Elle dit au revoir. Personne ne lui répond.

Lu dans le cadre du challenge coeur_vs3 proposition de Amy

Lu dans le cadre du Challenge Lunettes noires sur Pages blanches

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29 juillet 2010

La Chorale des maîtres bouchers – Louise Erdrich

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Albin Michel – janvier 2005 – 480 pages

LGF – mai 2007 – 568 pages

traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle Reinharez

Quatrième de couverture :
1918. De retour du front, Fidelis Waldvogel, un jeune soldat allemand, tente sa chance en Amérique. Avec pour seul bagage une valise pleine de couteaux et de saucisses, il s'arrête à Argus, dans le Dakota du Nord où, bientôt rejoint par sa femme et son fils, il décide d'ouvrir une boucherie et de fonder une chorale, en souvenir de celle des maîtres bouchers où chantait son père. Des années 1920 aux années 1950, entre l'Europe et l'Amérique, ce roman à la fois épique et intime retrace le destin d'une famille confrontée au tumulte du monde.

Auteur : Née dans le Dakota en 1954, Louise Erdrich est, avec Sherman Alexie, l'une des grandes voix de la nouvelle littérature indienne d'outre-Atlantique. Si elle écrit, c'est pour réinventer la mémoire déchirée de ces communautés qui, aux confins des Etats-Unis, vivent sur les décombres d'un passé mythique. Mais l'auteur de L'Epouse antilope n'est pas seulement une ravaudeuse de légendes. Elle sait aussi marcher sur les brisées de ses illustres aînés, Faulkner ou Toni Morrison.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
Ce livre est une magnifique histoire d'amour.
Entre Europe et Amérique des années 20 au années 50, on suit l'histoire de Fidelis Waldvogel un jeune soldat qui part pour l'Amérique après la Première Guerre Mondiale avec sa valise de couteaux et de de saucisses. Il est issu d'une famille de maîtres bouchers. Il va s'installer à Argus, une petite ville du Dakota Nord. Sa femme Eva et son petit garçon Franz viendront le rejoindre, ensemble ils ouvrirent une boucherie et Fidelis créera une chorale avec quelques hommes du village. Ensuite ils eurent trois autres garçons, Markus et les jumeaux Emil et Erich. Mais la grande aventure des Waldvoogel ne va également commencer avec leur rencontre avec un couple improbable : Delphine et Cyprian...

Un livre plein d'émotion et de tendresse, on y croise de nombreux personnages qui sont souvent attachants, parfois surprenants. On découvre le Dakota du Nord à travers de belles descriptions de paysages. Et à travers ces histoires poignantes, l'auteur évoque de nombreux thèmes comme l'amour, l'amitié, la mort, l'intégration, les racines, la maternité, le non-dit et l'absurdité des guerres. Une très belle lecture et je vous conseille de découvrir ce livre.

Extrait : (page 29)
Les saucisses lui firent traverser Minneapolis et un paysage d'ondulantes prairies, entrer dans la brusque étendue de plaines, de ciel immense, entrer dans le Dakota du Nord, où il vendit le dernier chapelet. Il quitta le train et longea le bord du quai de chemin de fer d'une petite ville. La bourgade était un entassement de joyeux bâtiments trapus, certains encadrés de fausses façades en demi-étage au-dessus de bannes et de vitrines, un ou deux en pierre calcaire et trois au moins en briques solides. Contre l'épouvantable absence de relief, l'endroit tout entier paraissait désarmé et ridicule, se dit-il, totalement ouvert à l'attaque et, étant adossé à une rivière, privé de voie de fuite. Il avait le sentiment d'un lieu provisoire, presque un campement, qu'une grande tempête ou une guerre pourrait niveler. Il lut le panneau ARGUS à voix haute et en retint le son. Il décrivit un cercle pour se repérer, épousseta le costume de son père, évalua qu'il était arrivé avec trente-cinq cents et une valise, désormais vidée de ses saucisses, contenant six couteaux, un aiguisoir et des pierres à aiguiser graduées. A l'ouest s'étendait l'horizon, et au sud, l'horizon. Au nord, c'était des rues plantées d'arbres à mi-croissance et des maisons d'aspect solide. Dans la rue principale, une banque neuve en pierre calcaire et un pâté de magasins en briques richement décorées s'étiraient vers l'est. Autour de lui, le vent ronflait avec une vaste indifférence qu'il trouva à la fois insupportable et réconfortante.

Il ignorait qu'il ne repartirait jamais. Il pensa simplement qu'il lui faudrait rester là, et travailler là, usant des instruments de sa profession, jusqu'à ce qu'il ait gagné suffisamment d'argent pour rejoindre la destination qu'il avait choisie en raison du caractère rigoureux de son pain. Puis il se demanda où, dans cette bourgade, on fabriquait le pain, d'où pouvait venir la bière, où l'on gardait frais le lait et le beurre, où les saucisses étaient préparées, les côtes de porc découpées et tranchées et la viande abattue. Rien ne lui fournit d'indice. Toutes les directions se ressemblaient. Alors il enfonça le chapeau de son père sur sa tête, fit redescendre d'une secousse les revers de son pantalon, et empoigna la valise.

20 juillet 2010

L'enfant de Noé – Éric-Emmanuel Schmitt

Lu dans le cadre de l'opération 20juilletdecouvronsunauteur

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Albin Michel – avril 2004 – 150 pages

Livre de Poche - janvier 2008 – 122 pages

Présentation de l'éditeur :
" - Nous allons conclure un marché, veux-tu ? Toi, Joseph, tu feras semblant d'être chrétien, et moi je ferai semblant d'être juif. Ce sera notre secret, le plus grand des secrets. Toi et moi pourrions mourir de trahir ce secret. Juré ? - Juré. " 1942. Joseph a sept ans. Séparé de sa famille, il est recueilli par le père Pons, un homme simple et juste, qui ne se contente pas de sauver des vies. Mais que tente-t-il de préserver, tel Noé, dans ce monde menacé par un déluge de violence ? Un court et bouleversant roman dans la lignée de Monsieur Ibrahim... et d'Oscar et la dame rose qui ont fait d'Éric-Emmanuel Schmitt l'un des romanciers français les plus lus dans le monde.

Auteur : Né en 1960, normalien, agrégé de philosophie, docteur, Éric-Emmanuel Schmitt s’est d’abord fait connaître au théâtre avec Le Visiteur, cette rencontre hypothétique entre Freud et peut-être Dieu, devenue un classique du répertoire international. Rapidement, d’autres succès ont suivi : Variations énigmatiques, Le Libertin, Hôtel des deux mondes, Petits crimes conjugaux, Mes Evangiles, La Tectonique des sentiments… Plébiscitées tant par le public que par la critique, ses pièces ont été récompensées par plusieurs Molière et le Grand Prix du théâtre de l’Académie française. Son œuvre est désormais jouée dans plus de quarante pays.

Il écrit le Cycle de l’Invisible, quatre récits sur l’enfance et la spiritualité, qui rencontrent un immense succès aussi bien sur scène qu’en librairie : Milarepa, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Oscar et la dame rose
 et L’Enfant de Noé. Une carrière de romancier, initiée par La Secte des égoïstes, absorbe une grande partie de son énergie depuis L’Evangile selon Pilate, livre lumineux dont La Part de l’autre se veut le côté sombre. Depuis, on lui doit Lorsque j’étais une œuvre d’art, une variation fantaisiste et contemporaine sur le mythe de Faust et une autofiction, Ma Vie avec Mozart, une correspondance intime et originale avec le compositeur de Vienne. S'en suivent deux recueils de nouvelles : Odette Toulemonde et autres histoires, 8 destins de femmes à la recherche du bonheur,  inspiré par son premier film, et la rêveuse d'Ostende, un bel hommage au pouvoir de l'imagination. Dans Ulysse from Bagdad, son dernier roman, il livre une épopée picaresque de notre temps et interroge la condition humaine.

Mon avis : (relu en juillet 2010)
Éric-Emmanuel Schmitt est un auteur que j'aime beaucoup et j'avais déjà lu ce livre « L'enfant de Noé » avant d'avoir mon blog, et j'ai été très contente de le relire.
1942, Joseph, presque huit ans, est obligé de se cacher car il est juif. Il se trouve accueilli dans un pensionnat catholique par le Père Pons, un homme simple et juste. Joseph apprend à mentir sur son nom, ses origines. Il apprend les prières catholiques. Mais le Père Pons ne veut pas qu'il devienne chrétien. En effet, dans la crypte de l'église, le Père Pons a aménagé une synagogue secrète et il y collectionne les objets du culte juif. Il veut faire survivre la culture juive pour la transmettre à ceux qui survivront aux horreurs du nazisme. Comme Noé sur son Arche pendant le Déluge, le Père Pons veut sauver l'humanité.
Ce livre fait partie du Cycle de l'Invisible qui parle de l'enfance et des religions. C'est un récit bouleversant d'où se dégage de l'émotion, de la poésie, de l'amour et qui nous fait rire aussi. Joseph est un narrateur touchant et plein d'innocence. C'est un bel hymne à la tolérance.

Extrait : (début du livre)
Lorsque j'avais dix ans, je faisais partie d'un groupe d'enfants que, tous les dimanches, on mettait aux enchères.
On ne nous vendait pas : on nous demandait de défiler sur une estrade afin que nous trouvions preneur. Dans le public pouvaient se trouver aussi bien nos vrais parents enfin revenus de la guerre que des couples désireux de nous adopter.
Tous les dimanches, je montais sur les planches en espérant être reconnu, sinon choisi.
Tous les dimanches, sous le préau de la Villa Jaune, j'avais dix pas pour me faire voir, dix pas pour obtenir une famille, dix pas pour cesser d'être orphelin. Les premières enjambées ne me coûtaient guère tant l'impatience me propulsait sur le podium, mais je faiblissais à mi-parcours, et mes mollets arrachaient péniblement le dernier mètre. Au bout, comme au bord d'un plongeoir, m'attendait le vide. Un silence plus profond qu'un gouffre. De ces rangées de têtes, de ces chapeaux, crânes et chignons, une bouche devait s'ouvrir pour s'exclamer :  « Mon fils ! » ou : « C'est lui ! C'est lui que je veux ! Je l'adopte ! » Les orteils crispés, le corps tendu vers cet appel qui m'arrachait à l'abandon, je vérifiais que j'avais soigné mon apparence.
Levé à 'aube, j'avais bondi du dortoir aux lavabos froids où je m'étais entamé la peau avec un savon vert, aussi dur qu'une pierre, long à attendrir et avare de mousse. Je m'étais coiffé vingt fois afin d'être certain que mes cheveux m'obéissent. Parce que mon costume bleu de messe était devenu trop étroit aux épaules, trop court aux poignets et aux chevilles, je me tassais à l'intérieur de sa toile rêche pour dissimuler que j'avais grandi.

Déjà lu d'Éric-Emmanuel Schmitt :

oscar_et_la_dame_rose Oscar et la dame rose

odette_toulemonde Odette Toulemonde et autres histoires

la_reveuse_d_ostende La rêveuse d'Ostende

ulysse_from_Bagdad Ulysse from Bagdad

le_sumo_qui_ne_voulait_pas_grossir Le sumo qui ne pouvait pas grossir

5 juillet 2010

Les noces barbares - Yann Queffélec

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Gallimard – août 1985 – 309 pages

Folio – août 1987 – 343 pages

Prix Goncourt 1985

Quatrième de couverture :
Fruit d'une alliance barbare et d'un grand amour déçu, Ludovic, enfant haï par sa trop jeune mère - Nicole et ses grands-parents, vit ses premières années caché dans un grenier. La situation ne s'arrange guère après le mariage de Nicole avec Micho, brave et riche mécanicien qui cherche à protéger Ludovic. Hantée par ses amours brisées, sombrant dans l'alcoolisme et méprisant son mari, la jeune femme fait enfermer son fils dans une institution pour débiles légers. Mais Ludovic n'est pas l'arriéré qu'on veut faire de lui. Il ne cesse de rêver à sa mère qu'il adore et qu'il redoute. Même une première expérience amoureuse ne parvient pas à l'en détourner. Son seul but, son unique lumière : la retrouver. S'enfuyant un soir de Noël, il trouve refuge sur la côte bordelaise, à bord d'une épave échouée, écrit chez lui des lettres enflammées qui restent sans réponse. Et c'est là-bas, sur le bateau dont il a fait sa maison, que va se produire entre Nicole et son fils une scène poignante de re-connaissance mutuelle - qui est aussi le dernier épisode de leurs noces barbares.

Auteur : Né à Paris en 1949, Yann Queffélec est un écrivain français. Il est le fils de l’écrivain breton Henri Queffélec et le frère de la pianiste Anne Queffélec. Bien qu’il vive encore à Paris, il a gardé de fortes attaches en Bretagne. Il entame sa carrière d’écrivain en éditant à 32 ans une biographie de Béla Bartók. Quatre ans plus tard, il reçoit le prix Goncourt pour son roman Les noces barbares. Il est l’auteur de nombreux romans et d’un recueil de poèmes et aussi des paroles de chansons, notamment pour Pierre Bachelet. En 1998, il anime sur internet la création d'un roman interactif Trente jours à tuer.

Mon avis : (relu en juillet 2010)
J'avais déjà lu ce livre il y a longtemps et il m'avait marqué et je voulais le relire et le Challenge ABC a été l'occasion de le faire.
C'est l'histoire d'un fils Ludovic qui cherche désespérément l'amour de sa mère Nicole. Mais celle-ci le rejette car il est le fruit d'un viol alors que Nicole n'avait pas quinze ans. Il a vécu ses premières années caché dans un grenier sans aucun amour de la part de sa mère et de ses grands-parents. Nicole se marie avec Micho qui a déjà un fils Tatav. Il est prêt à accueillir également Ludo. Micho est très gentil avec Ludo et il veut vraiment créer une vrai famille. Mais Nicole ne supporte pas Ludo, il lui rappelle son passé. Elle prétend qu'il est idiot et le fait enfermer dans un établissement pour débiles légers. Mais Ludovic n'est pas idiot, il recherche l'amour de sa mère et en même temps il la craint.
L'histoire est bouleversante, l'écriture est magnifique, précise, poétique. Les personnages de Ludovic et Nicole sont attachants, leur relation mère et fils est poignante : la mère est violente vis à vis du fils, mais celui-ci lui répond par un amour inconditionnel, il voudrait être accepté. C'est une histoire sombre, tragique, douloureuse, triste, bouleversante et inoubliable !

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Les Noces Barbares a été adapté au cinéma par Marion Hänsel en 1987.

Extrait : (page 85)
Ludo crut punir sa mère en lui battant froid. Il ne cracha plus dans le café du jeudi matin, ne colla plus ses lèvres sur le bol où elle avait bu, bloqua sa respiration quand ils se croisaient. Son point d'honneur, voulait que toute intimité fût désormais radiée de ces gestes par lesquels, chaque jour, il la servait. Nicole affectait de ne rien remarquer. On eut dit que la brouille installée par son fils répondait à ses vœux. Sa froideur, à lui, n'avait d'autre avenir que la tristesse, il ne s'enfonçait dans l'hostilité que pour s'y résigner le plus tard possible. « T’as raison, disait Tatav à Ludo. Elle est niaise, ta mère. Moi je voulais pas que mon père se la marie. – Ah bon », répondait Ludo.

« Faut la mettre à bout, déclara Tatav un jour. Faut qu’elle demande pardon. C’est la loi. » Il pouffa : « On va y coller des perce-oreilles dans ses affaires. Allez viens ! Toi tu surveilles l’escalier, moi je les mets. » Ludo fit la sentinelle. « Plus jamais qu’elle osera mettre sa culotte, exultait Tatav en sortant quelques instants plus tard. J’y en ai mis un régiment. Bon, moi je vais au sous-marin. »

Dès qu’il fut parti, Ludo se glissa chez Nicole et subtilisa les perce-oreilles épars dans son linge. « C’est une fine mouche, observa Tatav le lendemain sur le trajet de l’école. Elle a rien dit. Même qu’elle m’a fait la bise. Faut y mettre des boules puantes sous les draps. Quand elle va se coucher, ça va écraser les boules. Oh, la nuit qu’ils vont passer, les vieux ! » Ludo faillit se faire prendre en déminant la literie piégée par Tatav. « Moi, j’y comprends rien, s’énervait celui-ci. – Moi non plus, répondait Ludo. – J’ai une idée. Je me mets derrière elle à quatre pattes. Toi tu fonces dessus par-devant pour qu’elle recule et tombe sur moi. » Exécution. Mais à la seconde où Nicole allait buter en plein dans Tatav, Ludo s’écria : « Attention ! » et le piège échoua. Tatav s’en tira piteusement par un lacet qu’il renouait, mais commença de regarder Ludo d’un sale œil. « Ben quoi, j’ai eu peur… »

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (20/26)

13 juin 2010

Long week-end – Joyce Maynard

Lu dans le cadre du challenge_100_ans_article_300x225

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Philippe Rey – janvier 2010 – 285 pages

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traduit de l’anglais (États-Unis) par Françoise Adelstain

Titre original : Labor Day, 2009

Présentation de l'éditeur :
Cette année 1987, une chaleur caniculaire s'abat sur la côte Est pendant le long week-end de Labor Day. Henry a treize ans, vit avec sa mère, ne supporte pas la nouvelle épouse de son père, aimerait s'améliorer au base-ball et commence à être obsédé par les filles. Jusque-là, rien que de très ordinaire, sauf que sa mère, elle, ne l'est pas. Encore jeune et jolie, Adele vit pratiquement retirée du monde et ne sort qu'en de rares circonstances. La rentrée des classes qui approche la contraint à conduire son fils acheter vêtements et fournitures au centre commercial. Et là, planté devant le présentoir des magazines où il essaye de feuilleter Playboy, Henry se heurte à Frank, ou plutôt Frank s'impose à Henry : Frank, un taulard évadé, condamné pour meurtre... Pendant quatre jours, le trio va vivre un surprenant huis-clos, chacun se dévoilant un peu plus au fil des heures. Et, vingt ans plus tard, avec émotion et humour, Henry révélera les secrets de ce long week-end qui lui a appris à grandir...

Auteur : Née en 1953, auteur de plusieurs romans et essais, surnommée lors de ses débuts fracassants en 1972 la Françoise Sagan américaine, Joyce Maynard vit désormais entre la Californie et le Guatemala. Plébiscité par une critique américaine unanime, ce Long week-end marque aussi la redécouverte d'un écrivain.

Mon avis : (lu en juin 2010)
Cette histoire est un huit clos entre Henry, treize ans, Adele, sa mère et Frank un fugitif qui vient de s'évader de prison, un criminel recherché par la police.

Un peu dépressive, Adele, vit recluse depuis son divorce et sort rarement de sa maison, Henry n’a pas de copain, il est s’efforce de faire de son mieux pour ne pas compliquer la vie de sa mère. Il se doit tous les samedis soir de dîner avec son père, sa nouvelle compagne et leurs enfants. Quelques jours avant la rentrée scolaire, lors d'un long week-end de canicule, ils sont partis faire quelques courses au supermarché lorsqu'Henry est abordé par Frank qui est blessé et qui lui demande de l'aider. Sans savoir qui il est, Adele accepte de l'accueillir chez elle.
L’arrivée de Frank va changer l’atmosphère de la maison, il va donner à ce foyer une vraie vie de famille. Il range la maison, fait de la cuisine, il s’occupe de distraire Henry et il redonne le sourire et l’envie de vivre à Adele.

L'histoire commence comme un fait divers, petit à petit le lecteur découvre trois personnages attachants, le ton est souvent grave, parfois drôle, le récit lent entretient un certain suspens et les évènements ne vont pas se passer comme on pourrait le prévoir. Ce long week-end va bouleverser le présent de chacun, mais aussi leur futur de tous les trois. A découvrir.

Extrait : (début du livre)
Il n'est plus resté que nous deux, ma mère et moi, après le départ de mon père. Et il avait beau dire que je devais aussi considérer comme membres de ma famille le bébé qu'il venait d'avoir avec sa nouvelle femme Marjorie, plus Richard, le fils de Marjorie, qui avait six mois de moins que moi et qui pourtant me dominait dans tous les sports, ma famille, c'était ma mère, Adele, et moi, point barre. Plutôt y admettre le hamster Joe que ce bébé, Chloe.

Quand mon père venait me chercher le samedi soir pour m'emmener dîner avec eux chez Friendly, il voulait toujours que je m'asseye à l'arrière de la voiture à côté d'elle. Ensuite, dans le box où nous mangions, il sortait un paquet de cartes de baseball de sa poche et et les posait sur la table pour les partager entre Richard et moi. Je donnais toujours les miennes à Richard. Pourquoi pas ? Le baseball, c'était ma plaie. Chaque fois que le prof de gym disait, OK Henry, tu joues avec les Bleus, tous les autres garçons de l'équipe râlaient.

En général, ma mère ne parlait jamais de mon père, ni de la femme à laquelle il était marié maintenant, ni du fils de cette femme, et non plus du bébé, mais un jour que, par erreur, j'avais laissé sur la table une photo qu'il m'avait donnée, où nous figurions tous les cinq – c'était l'année d'avant, quand j'étais allé à Disney World avec eux -, elle l'a étudiée pendant au moins une minute. Là, dans la cuisine, tenant la photo dans sa petite main pâle, son long cou élégant légèrement penché sur le côté, comme si l'image qu'elle regardait contenait un grand et troublant mystère, pourtant il y avait juste nous cinq, serrés comme des sardines dans une de ces tasses à thé tournantes. A la place de ton père, je m'inquiéterais de ce que le bébé n'a pas les deux yeux pareils, dit-elle. Ce n'est peut-être qu'un retard de croissance et pas une véritable arriération, mais si j'étais lui je lui ferais passer des tests. Est-ce qu'elle te paraît retardée, Henry ?
Peut-être un peu.
Je le savais. Elle ne te ressemble d'ailleurs absolument pas.
Je connaissais parfaitement mon rôle. Je savais qui était ma vraie famille. Elle.

 

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