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A propos de livres...
1 août 2010

Les brouillards de la Butte - Patrick Pécherot

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Gallimard – mars 2001 – 221 pages

Folio – février 2006 – 283 pages

Grand Prix de la Littérature Policière 2002

Quatrième de couverture :
Dans le Paris de 1926, il est difficile de survivre sans un sou en poche. L'armistice de 1918 n'est pas loin, et les traces de la guerre sont encore présentes. Venu de Montpellier tenter sa chance à la capitale, Pipette en fait l'amère expérience. Laveur de bouteilles, collaborateur d'un journal à scandales, il multiplie les petits boulots. Le soir, il déclame des poèmes à Montmartre, il y croise la Goulue, André Breton et les surréalistes, les défenseurs de Sacco et Vanzetti... La nuit venue, en compagnie d'une bande d'illégalistes, il cambriole les riches pour arrondir les fins de mois. Un coup, c'est un peu d'argent, un autre quelques lingots. Mais quand un coffre-fort s'ouvre sur une macabre découverte c'est une bien sombre histoire qui commence. Les brouillards de la Butte, avec son évocation du Paris populaire de l'entre-deux-guerres, a reçu le Grand Prix de littérature policière 2002.

Auteur : Né en 1953, Patrick Pécherot a exercé plusieurs métiers avant de devenir journaliste. Auteur notamment de Belleville-Barcelone et de Boulevard des Branques, il s'inscrit, comme Didier Daeninckx ou Jean Amila, dans la lignée de ces raconteurs engagés d'histoires nécessaires.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
Ce livre m'a été offert par Françoise lors du Swap de la Saint Patrick organisé par Canel en mars dernier. Il était temps que je découvre ce roman policier...
Dans la préface, on apprend que l'auteur a écrit ce livre en hommage à Léo Malet et son héros fétiche Nestor Burma. L'histoire se situe bien avant les aventures de Nestor Burma de Léo Malet., nous sommes entre les deux guerres, proche de la Butte Montmartre. Le héros et narrateur est à la fois un poète, il écrit dans un journal à scandale et le soir, avec des amis, il cambriole les riches pour supporter les mois difficiles... Un soir, ils découvrent dans un coffre fort qu'ils avaient volé, un cadavre enfermé dedans. Ils décident donc d'enquêter sur le cadavre et sur le propriétaire de la maison volée. A travers l'enquête, le lecteur suit les personnages dans un Paris typique des années 30 et croise La Goulue et un certain André Breton et les Surréalistes. Notre héros devient malgré lui un détective privé. Le style évoque les quartiers populaires et la gouaille des ouvriers et l'argot des Titis parisiens. C'est à la fois plein d'humour et de gravité car l'époque est difficile pour les petites gens. Nous sommes plongés dans une époque où des magouilles financières faites pendant la guerre refont surface et où les plus pauvres ont encore un grand coeur et gardent une certaine éthique.
Un grand merci à Françoise pour cette lecture très agréable.

J'ai découvert qu'il existe une suite à cette histoire car Patrick Pécherot a écrit une trilogie avec également Belleville Barcelone (2003) et Boulevard des branques (2005) pour rendre hommage à Léo Malet. J'essaierai de me les procurer pour les lire.

 

Extrait : (début du livre)
Le type qui me faisait face me fixait sans me voir. Le discret sourire qui flottait sur ses lèvres lui donnait une expression de stupeur amusée. Peut-être une pensée légère avait-elle traversé son esprit. A moins que ce ne soit l'incongruité de sa situation. Sait-on ce qui peut vous passer par la tête dans de tels moments ? En tout cas, il devait être d'un naturel aimable. Moi, à sa place... Mais j'aimais mieux ne pas y être, à sa place, parce que l'homme qui me regardait avec tant d'insistance était mort, et bien mort.
- Merde !
Lebœuf ne parlait pas souvent mais il venait de résumer ce que nous pensions tous les quatre.
Cottet a levé sa lampe. Sous la lueur dansante, le cadavre avait l'air de se foutre de nous. Il pouvait. Ce n'est pas tous les jours que quatre malfrats tombaient sur un macchabée en ouvrant un coffre-fort.
Dehors, le vent redoublait. En hurlant, il s'engouffrait sous la porte. J'ai reculé d'un bond.
- Il a bougé !
- Hein ? Qui ?
Le mort, il venait de remuer. En un éclair, on l'a vu plonger, la tête la première. Il a touché le sol avec un craquement de bois sec. On le contemplait, horrifiés, quand une longue plainte s'est élevée de son corps raidi. Aiguë, tout d'abord, elle est passée dans les graves avec la puissance d'un basson.
Nous nous regardions, incrédules.
- C'est pas vrai !
- Si !
- Il pète ?
Cottet a éclaté d'un rire nerveux qui nous a gagnés l'un après l'autre. Et plus nous nous tordions, plus le mort lâchait ses flatulences. C'était vraiment un macchab de bon poil.
Raymond a ramené le calme.
- Bon, assez... Hé, les mecs, arrêtez un peu !
Le sang circulait à nouveau dans nos veines. Du sang chaud, de vrai vivant. Et c'était bon de le sentir bouillonner. Peu à peu, l'hilarité a décru, nous laissant essoufflés et larmoyants.

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31 juillet 2010

Le rêve de Castro – Lucy Wadham

le_r_ve_de_castro Gallimard – avril 2005 – 350 pages

traduit de l'anglais par Patrice Carrer

Quatrième de couverture :
Astrid et Lola, deux sœurs vivant en exil à Paris, sont inextricablement mêlées aux luttes séparatistes basques qui font rage dans leur pays d'origine. Elles attendent la libération de Mikel, l'amant de Lola, qui vient de passer vingt ans en prison pour actes de terrorisme. Mais Mikel, à peine libéré, disparaît. Chacune de leurs côtés, les deux sœurs partent à sa recherche en Espagne...

Auteur : Née à Londres, Lucy Wadham vit aujourd'hui à Paris comme journaliste indépendante. Après L'île du silence (Série Noire n° 2649), dont les droits cinématographiques ont été achetés par John Malkovitch, Le rêve de Castro est son deuxième roman à paraître à la Série Noire.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
J'ai pris un peu par hasard ce livre à la bibliothèque en lisant la quatrième de couverture. Il était question de Pays-Basque et connaissant un peu la partie française, j'ai décidé de découvrir ce livre écrit par une anglaise vivant à Paris...
Astrid et Lola sont deux sœurs ayant une relation complexe. Astrid est une chirurgienne brillante qui se donne beaucoup dans son travail. Lola est prof de danse, elle attend des nouvelles de Mikel son petit ami qui a passé vingt ans en prison à la suite d'actes de terrorisme au Pays Basque. Mais Mikel veut oublier son passé et il ne veut pas renouer avec Lola... Celle-ci revient au Pays-Basque espagnol pour le rechercher. Astrid a caché à sa sœur qu'elle avait reçu ses dernières années des lettres de Mikel. Voulant fuir pour un temps sa vie parisienne, Astrid va rejoindre Lola dans leur maison natale durant son voyage en voiture elle va rencontrer Kader qui fuit lui aussi Paris et qui est blessé.
Ce livre se lit assez facilement, une histoire assez palpitante, beaucoup de questions se posent autour des différents personnages rencontrés : Astrid, Kader, Mikel, Lola, Txéma, Itxua et sur ce qui s'est vraiment passé lors de l'arrestation de Mikel. Je me suis également demandée plusieurs fois pendant ma lecture, pourquoi ce livre fait partie de la collection « série noire » et j'ai eu la réponse dans les toutes dernières pages...

Extrait : (page 19)
Étendue sur le côté droit, Lola surveillait les chiffres rouges du réveil ; et pourtant la sonnerie, quand elle retentit, vint percer son propre cœur. Elle sortit un bras de dessous le drap, pour interrompre ce vacarme. Le cœur de Lola était son point faible. D'après Astrid, il émettait un bruit de souffle et, de ce fait, ne serait jamais parfaitement fiable. Astrid lui avait fait cette remarque tout en maintenant le froid stéthoscope contre sa poitrine constellée de taches de rousseur, et Lola avait baissé les yeux vers les longs cils sombres de sa sœur, avec un demi-sourire. C'était le premier diagnostic d'Astrid et Lola était fière de son aînée, même si on ne lui apprenait rien en lui annonçant que son cœur était plus faible que fiable.

Oui, c'est un souffle au cœur, avait repris Astrid, en éloignant son visage de la poitrine de Lola et en enroulant son stéthoscope flambant neuf autour de sa main. Ne t'en fais pas, Lolita. C'est à surveiller, mais ce n'est pas grave.

Et Lola, après avoir reboutonné son chemisier, était allée chercher des bières dans le réfrigérateur, et elles avaient trinqué avec les bouteilles comme pour célébrer l'inauguration de leur nouvelle tâche commune, la surveillance de cœur.

Le réveil indiquait 06:31.

Mikel était libre depuis maintenant une minute. Il lui avait bien fallu ça, rien que pour découvrir le grand ciel de l'aube, le bleu d'un papillon exotique voletant au-dessus de sa tête, pour se retourner vers l'horizon d'une blondeur de bière, pour sortir un paquet de cigarettes de sa poche et tirer une bouffée en homme libre, la première depuis vingt ans.

En fermant les yeux, Lola aperçut son bien-aimé qui se tenait debout sur cette plaine aride, là-bas, le dos tourné aux grands murs de la prison, les jambes écartées, comme toujours. Comme si la terre risquait de se mettre à trembler sous ses pieds à tout moment.

Fume ta cigarette, Mikel. Aspire, l'approuva-t-elle à voix haute. Et elle se retourna sur le ventre et enfouit son large sourire dans l'oreiller.

29 juillet 2010

Echo – Ingrid Desjours

Livre lu dans le cadre du Partenariat avec Blog-O-Book et Pocket

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Plon – février 2009 – 310 pages

Pocket – juin 2010 – 347 pages

Quatrième de couverture :
Ils étaient beaux, riches et pervers. Leur émission pulvérisait l'audimat ; les invités en sortaient humiliés, insultés, blacklistés. Petite lucarne et jeux du cirque... Aujourd'hui, les Frères Vaillant ne sont plus. Et la scène de crime n'est pas belle à voir. En arrivant sur les lieux, le commandant Vivier constate l'horreur des mutilations. Les deux pantins semblent figés en un tableau grotesque, d'un effroyable sadisme. Et l'avis de Garance Hermosa, sexo-criminologue au profil incendiaire, confirme ce premier diagnostic. Certes, les jumeaux ne manquaient pas d'ennemis, mais ce degré de violence rituelle laisse deviner un véritable monstre... Pour le démasquer, le flic et l'experte devront se voir en son miroir sans entrer dans son jeu. Car le crime, comme l'écho, se répète...

Auteur : Née en 1976, Ingrid Desjours est psychologue spécialisée en psychocriminologie. Après quelques années de pratique en Belgique, notamment auprès de criminels sexuels (bilan psychologique et thérapie), elle décide d’exercer dans divers pays d'Europe, les fonctions de consultante en formation. Parisienne, elle propose avec Echo, un thriller psychologique novateur, angoissant et fascinant.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
Le livre commence par le début d'un journal intime écrit par un enfant de huit ans. Puis nous découvrons le crime sordide de deux frères jumeaux animateurs de télévision dont l'émission pulvérisait l'audimat et qui savaient « casser » leurs invités. L'auteur va alterner des extraits du journal intime qui se prolonge jusqu'à nos jours et l'enquête que mènent conjointement Patrick Vivier, commandant de police, et Garance Hermosa, psychologue spécialisée en sexo-criminologie.
Le personnage de Garance est plutôt spéciale : elle a 25 ans, elle est très féminine, attirante et jolie. Elle est à la fois attachante et parfois froide et antipathique. Elle ne laisse pas indifférente et elle semble cacher un secret. Patrick est un flic de 50 ans, un peu bourru et blasé qui voudrait protéger Garance comme un père pour sa fille. Il est pourtant sous son charme. L'intrigue nous propose de nombreuses pistes et c'est seulement à la fin que l'on découvrira qui est l'auteur de ce journal intime et quel est le lien avec le crime. Pour ma part, je n'ai rien vu venir...

Merci à Blog-O-Book et aux éditions Pocket pour m'avoir permis de découvrir ce livre qui m'a fait passer un très bon moment sur la plage malgré quelques passages assez glauques...

Extrait : (page 17)
Patrick sortit de sa BMW cabossée, et claqua la portière sans prendre le soin de la verrouiller. Personne ne s'aventurerait à voler une telle épave, a fortiori celle d'un flic. L'air glacial de janvier et la pollution de Paris lui piquèrent les yeux. Il avait dormi trois heures, et petit-déjeuné d'un café et d'un cigarillo. Il avait sûrement une haleine de chacal, mais s'en foutait comme de sa première chemise. L'affaire était sérieuse, et l'odeur qui baignait la scène de crime devait être bien pire que celle de sa langue. Il marchait vite et atteignit l'immeuble rapidement. Il gravit les marches moquettées de rouge, deux par deux, jusqu'au cinquième étage, et pesta contre les propriétaires qui n'avaient même pas fait installer l'ascenseur. Les riches étaient souvent les plus radins. Il reprit son souffle sur le palier, frotta ses mains l'une contre l'autre et souffla dessus pour les réchauffer. Il avait perdu ses gants et ignorait s'il devait les chercher dans son tiroir à chaussettes ou bien au commissariat, mais comme ce genre d'investigation n'était pas son fort, il passerait sûrement l'hiver avec les doigts gourds et rougeauds. Il salua les gardiens de la paix postés à l'entrée, appliqua du baume du tigre sous son nez, et pénétra dans l'appartement des frères Vaillant.

Les frères Vaillant étaient les stars incontestées du PAF depuis bientôt cinq ans. Séduisants jumeaux d'une trentaine d'années, ils étaient apparus à l'occasion d'une émission musicale pour adolescents. Leur pugnacité et le ton acerbe sur lequel ils s'adressaient à des célébrités ou autres chanteurs, habitués à tous les égards, avaient fait décoller en moins de deux ans l'audimat de la chaîne. La maison de production leur donna par conséquent carte blanche pour préparer et animer une émission corrosive en prime time.

1 juillet 2010

Robe de marié - Pierre Lemaitre

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Calmann-Lévy – janvier 2009 – 270 pages

LGF – janvier 2010 – 313 pages

Présentation de l'éditeur :
Nul n'est à l'abri de la folie. Sophie, une jeune femme qui mène une existence paisible, commence à sombrer lentement dans la démence : mille petits signes inquiétants s'accumulent puis tout s'accélère. Est-elle responsable de la mort de sa belle-mère, de celle de son mari infirme ? Peu à peu, elle se retrouve impliquée dans plusieurs meurtres dont, curieusement, elle n'a aucun souvenir. Alors, désespérée mais lucide, elle organise sa fuite; elle va changer de nom, de vie, se marier, mais son douloureux passé la rattrape... Les ombres de Hitchcock et de Brian de Palma planent sur ce thriller diabolique.

Auteur : Né à Paris, Pierre Lemaitre a beaucoup enseigné aux adultes, notamment les littératures française et américaine, l'analyse littéraire et la culture générale. Il est aujourd'hui écrivain et scénariste. Il a rendu hommage à ses maîtres (James Ellroy, William McIlvanney, Bret Easton Ellis, Emile Gaboriau...) dans son premier roman, Travail soigné, qui a obtenu le Prix Cognac en 2006.

 

Mon avis : (lu en juin 2010)
Ce livre a déjà été souvent commenté sur la blogosphère et j'ai été curieuse de le découvrir moi aussi.
Voici un thriller français captivant que j'ai lu d'une traite, sans lâcher mon livre. Il est question de harcèlement psychologique et de vengeance.
Le livre est construit de façon superbe en quatre parties : dans la première partie on découvre Sophie qui semble devenir folle, elle vivait une existence paisible et voilà que des personnes de son entourage meurent les uns après les autres, elle semble être la coupable mais elle ne se souvient de rien... On ne comprend pas vraiment où l'auteur veut en venir. Dans la deuxième partie, on revient sur ce qui s'est passé dans la première partie avec un autre point de vue et l'intrigue devient plus claire... mais la troisième et la quatrième partie nous réservent encore des rebondissements et des surprises !

Un livre plein de suspense et qui donne des frissons, à lire sans tarder !

Extrait : (début du livre)
Assise par terre, le dos contre le mur, les jambes allongées, haletante.
Léo est tout contre elle, immobile, la tête posée sur ses cuisses. D'une main, elle caresse ses cheveux, de l'autre elle tente de s'essuyer les yeux, mais ses gestes sont désordonnés. Elle pleure. Ses sanglots deviennent parfois des cris, elle se met à hurler, ça monte du ventre. Sa tête dodeline d'un côté, de l'autre. Parfois, son chagrin est si intense qu'elle se tape l'arrière de la tête contre la cloison. La douleur lui apporte un peu de réconfort mais bientôt tout en elle s'effondre de nouveau. Léo est très sage, il ne bouge pas. Elle baisse les yeux vers lui, le regarde, serre sa tête contre son ventre et pleure. Personne ne peut s'imaginer comme elle est malheureuse.

Ce matin là, comme beaucoup d'autres, elle s'est réveillée en larmes et la gorge nouée alors qu'elle n'a pas de raison particulière de s'inquiéter. Dans sa vie, les larmes n'ont rien d'exceptionnel : elle pleure toutes les nuits depuis qu'elle est folle. Le matin, si elle ne sentait pas ses joues noyées, elle pourrait même penser que ses nuits sont paisibles et son sommeil profond. Le matin, le visage baigné de larmes, la gorge serrée sont de simples informations. Depuis sa mort ? Depuis l'accident de Vincent ? Depuis sa mort ? Depuis la première mort, bien avant ?
Elle s'est redressée sur un coude. Elle s'essuie les yeux avec le drap en cherchant ses cigarettes à tâtons et ne les trouvant pas, elle réalise brusquement où elle est. Tout lui revient, les événements de la veille, la soirée... Elle se souvient instantanément qu'il faut partir, quitter cette maison. Se lever et partir, mais elle reste là, clouée au lit, incapable du moindre geste. Épuisée.

20 juin 2010

Toxic Blues - Ken Bruen

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Gallimard – novembre 2005 – 297 pages

Folio – mai 2007 – 353 pages

traduit de l'anglais (Irlande) par Catherine Cheval et Marie Ploux

Présentation de l'éditeur :

Jack Taylor, l'ancien flic de Galway reconverti en privé dans un pays qui ne supporte pas cette profession, revient dans sa ville natale. A peine a-t-il le temps de retrouver ses marques, les dealers divers et les pubs gorgés de soiffards qu'il croise un chef tinker. Ces gens du voyage, sans être tsiganes, passent leur vie sur les routes d'Irlande. Tout le monde s'en méfie. Peu de gens les aident. Des jeunes hommes du clan, depuis quelques semaines, sont pourtant mutilés et tués sans que la police ne bouge. Quatre au total. Taylor, marginal à sa façon, le nez dans la poudre et la Guinness, accepte le marché. Nourri et logé en échange de son travail, il va, très loin des bars branchés du centre-ville, partir bille en tête affronter le chaos.

Auteur : Ken Bruen est né en 1951 à Galway. Après une carrière qui le mène en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Amérique du Sud, il crée les inspecteurs Roberts & Brant, puis le privé Jack Taylor dont Toxic Blues est la deuxième enquête. Son style incisif et la férocité désarmante de ses personnages l'ont d'emblée placé parmi les meilleurs d'une génération en passe de renouveler le roman noir anglo-saxon.

Mon avis : (lu en juin 2010)

C'est la deuxième enquête de Jack Taylor après Delirium Tremens. Après quelques temps à Londres, Jack Taylor, ancien flic reconverti en privé, est de retour dans sa ville natal de Galway. L'alcool ne suffit plus à Jack, il est devenu également dépendant à la cocaïne. Cette nouvelle enquête tourne autour des tinkers, qui sont les gens du voyage d'Irlande, ils sont rejetés de partout. Depuis quelques temps, des jeunes hommes de la communauté de Galway sont tués sans pitié et la police se refuse à enquêter.

Comme dans le livre précédent, l'enquête est un prétexte pour suivre Jack Taylor et retrouver quelques personnages déjà vu et découvrir l'Irlande sous un angle assez sombre. Jack Taylor est un personnage haut en couleur et attachant, qui nous parle aussi littérature et musique...

Note de bas de page (p.32) : Tinkers (littéralement « rétameurs ») : terme plutôt péjoratif désignant, en Irlande, les travellers ou gens du voyage. Ces nomades, d'origine irlandaise, n'ont pas de racines communes avec les Roms, les Gitans ou les Tziganes. Aux colporteurs ou travailleurs itinérants qu'ils étaient à l'origine se sont joints les petits paysans, métayers et bannis de toute sorte, chassés de leurs terres à dater de la conquête de Cromwell, ou expulsés par les grands propriétaires terriens anglais ou écossais au moment de la Grande Famine de 1845. Depuis la partition de l'Irlande, les gouvernements successifs ont tenté de les sédentariser sans grand succès, du fait de la méfiance et de l'hostilité de la population à leur égard.

Déjà lu du même auteur :

delirium_tremens Delirium Tremens le_martyre_des_Magdal_nes_p Le martyre des Magdalènes

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16 juin 2010

L'Oiseau de mauvais augure – Camilla Läckberg

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traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus

Présentation de l'éditeur :
L'inspecteur Patrik Hedström est sur les dents. Il voudrait participer davantage aux préparatifs de son mariage avec Erica Falck, mais il n'a pas une minute à lui. La ville de Tanumshecle s'apprête en effet à accueillir une émission de téléréalité et ses participants avides de célébrité, aussi tout le commissariat est mobilisé pour éviter les débordements de ces jeunes incontrôlables. Hanna Kruse, la nouvelle recrue, ne sera pas de trop. D'autant qu'une femme vient d'être retrouvée morte au volant de sa voiture, avec une alcoolémie hors du commun. La scène du carnage rappelle à Patrik un accident similaire intervenu des années auparavant. Tragique redite d'un fait divers banal ou macabre mise en scène ? Un sombre pressentiment s'empare de l'inspecteur. Très vite, alors que tout le pays a les yeux braqués sur la petite ville, la situation s'emballe. L'émission de téléréalité dérape. Les cadavres se multiplient. Un sinistre schéma émerge... Dans ce quatrième volet des aventures d'Erica Falck, Camilla Làckberg tisse avec brio l'écheveau d'une intrigue palpitante. Cueilli par un dénouement saisissant, le lecteur en redemande.

Auteur : Née en 1974, Camilla Läckberg-Eriksson est l'auteur de plusieurs romans policiers mettant en scène le personnage d Erica Falck. Ses ouvrages caracolent tous en tête des ventes en Suède comme à l'étranger. Ont déjà paru La Princesse des glaces (2008), Le Prédicateur (2009) et Le Tailleur de pierre (2009).

Mon avis : (lu en juin 2010)
J’ai lu avec beaucoup de plaisir le nouveau livre de Camilla Läckberg avec Erika Falck et Patrik Hedström. Patrik est très occupé au commissariat. La télé-réalité s’est installée dans le district de Tanumshede et la police est prête à intervenir en cas de besoin. Il enquête également sur un accident de voiture suspect. L'intrigue est bien menée et j’ai pris beaucoup d’intérêt à suivre l'enquête de Patrik assisté de Martin, Annika, Gösta et Hanna la nouvelle inspecteur. En parallèle, nous suivons les préparatifs du mariage d’Erika et Patrick. C'est Erika qui s'en occupe avec la précieuse aide de sa sœur Anna qui vit maintenant avec eux avec ses enfants Emma et Adrian.

L'histoire est riche en rebondissements et l'auteur sait nous tenir en haleine... Les dernières pages de ce livre nous annonce même le prochain volume et j'attends déjà avec impatience sa parution en France (en Suède, 7 aventures d'Erica Falck sont déjà édités !)

Extrait : (page 11)
Le soleil printanier inondait les fenêtres du commissariat de Tanumshede et révélait impitoyablement la crasse des carreaux. La grisaille de l’hiver avait déposé une fine pellicule sur le verre et Patrik avait l’impression que la même morosité le recouvrait. L’hiver avait été rude. La vie de père de famille avait beau être infiniment plus amusante que ce qu’il avait imaginé, elle était aussi beaucoup plus prenante. Et même si tout se passait mieux maintenant avec Maja, Erica ne se faisait toujours pas à la vie de femme au foyer. Patrik le savait et ça le tourmentait en permanence quand il était au boulot. De plus, ce qui était arrivé à Anna avait posé un fardeau supplémentaire sur leurs épaules.
Un coup frappé sur le montant de la porte vint interrompre ses réflexions.
— Patrik ? On nous signale un accident de voiture. La route de Sannäs, une seule voiture impliquée.
Ok, dit-il en se levant. Dis-moi, c’était bien aujourd’hui que la remplaçante d’Ernst devait arriver ?
— Oui, dit Annika. Mais il n’est pas encore huit heures.
— Alors je prends Martin avec moi. Si elle avait été là, je l’aurais mise dans le bain tout de suite, histoire de lui mettre le pied à l’étrier.
— Eh bien, je la plains, la pauvre.
— De faire équipe avec moi ? demanda Patrik qui, pour plaisanter, lança un regard offusqué à Annika.
— Parfaitement, je sais très bien comment tu conduis… Non, mais, sérieusement, elle va déguster avec Mellberg.
— J’ai lu son cv, et je pense que si quelqu’un est capable de gérer Mellberg, c’est bien Hanna Kruse. Si j’en juge par ses notes de service, c’est une nana qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.
— La seule chose qui n’est pas claire, c’est pourquoi elle a choisi Tanumshede…
— Tu as raison, dit Patrik en enfilant son blouson. Je lui demanderai pourquoi elle s’abaisse à venir bosser avec des amateurs comme nous ? C’est une véritable impasse pour sa carrière…
Il fit un clin d’oeil à Annika, qui lui donna une tape sur l’épaule.
— Arrête, tu sais très bien que ce n’est pas ce que je voulais dire.
— Oui, je sais, je te taquine. Au fait, cet accident. Il y a des blessés ? Des morts ?
— D’après celui qui a appelé, il n’y aurait qu’une personne dans la voiture. Et elle est morte.
— Merde. Je passe prendre Martin et on y va. Je pense qu’on sera de retour rapidement. Tu n’as qu’à montrer le poste à Hanna en attendant.
Au même moment, une voix se fit entendre à l’accueil.
— Il y a quelqu’un ?
— Ça doit être elle, dit Annika en se ruant sur la porte. Patrik, qui était lui aussi très curieux de rencontrer la nouvelle recrue, la suivit.
En voyant celle qui patientait à l’accueil, il fut surpris. Il ne savait pas trop à quoi il s’était attendu… à une femme plus grande, peut-être. Et pas aussi mignonne… ni aussi blonde. Elle tendit une main à Patrik, puis à Annika.
— Enchantée, je suis Hanna Kruse. Je commence aujourd’hui.
La voix cadrait davantage avec les attentes de Patrik. Assez grave et déterminée.
Sa poignée de main trahissait de nombreuses heures passées en salle de gym, et Patrik révisa son premier jugement.
— Patrik Hedström. Et voici Annika Jansson, la colonne vertébrale du poste.
Hanna sourit.
— L’élément féminin dans un monde de mâles, si je comprends bien. Eh bien, vous ne serez plus seule.
— Oui, je suis contente du renfort. Il faut bien ça pour contrebalancer toute la testostérone qui circule ici, rigola Annika. Patrik interrompit leur bavardage.
— Les filles, vous ferez plus ample connaissance plus tard. Hanna, on vient de nous signaler un accident de voiture mortel.
Je me suis dit que tu pourrais venir avec moi tout de suite, si tu veux bien. Un peu d’adrénaline pour démarrer ta première journée.
— Entendu, dit Hanna. J’aimerais juste poser mon sac quelque part.
— Je peux le mettre dans ton bureau, proposa Annika. On fera le tour des locaux à ton retour.
— Merci.
Hanna se hâta de rattraper Patrik qui était déjà sur le pas de la porte.
— Alors, ça fait comment ? demanda Patrik quand ils furent installés dans la voiture.
— Ça va, je crois, merci, même si c’est toujours un peu stressant de commencer un nouveau boulot.
— Tu as bougé pas mal, d’après ton cv ?
— Oui, j’ai voulu acquérir le plus d’expérience possible, répondit Hanna tout en jetant un regard curieux sur le paysage qui défilait. Différentes régions de la Suède, des districts
plus ou moins grands, tu vois le topo. Tout ce qui peut enrichir mon parcours de flic.
— Mais pourquoi ? Tu vises quoi, au juste ?
Hanna sourit. Un sourire amical mais aussi extrêmement ferme.
— Une position de chef, évidemment. Dans un district plutôt important. Et pour ça, je suis toutes sortes de stages, j’élargis le plus possible mon champ d’action et je bosse comme
une forcenée.
— Ça ressemble à la formule de la réussite, dit gentiment Patrik, légèrement mal à l’aise devant le torrent d’ambition qui se déversait sur lui ; l’ambition, il n’y était pas vraiment habitué.
— Je l’espère, dit Hanna avant de se remettre à observer le paysage. Et toi, ça fait combien de temps que tu travailles ici ?
Patrik perçut avec contrariété un soupçon d’embarras dans sa voix lorsqu’il répondit.
— Euh… depuis l’école de police, en fait.
— Oh là là, je ne sais pas comment j’aurais fait, moi. Autrement dit, tu te plais bien à Tanumshede ?
Elle sourit et tourna les yeux vers lui.
— Je suppose qu’on peut dire ça comme ça. Mais c’est surtout une question d’habitude et de commodité. J’ai grandi ici et je connais la région comme ma poche. En fait je n’habite plus à Tanumshede, je vis à Fjällbacka, aujourd’hui.
— Oui, j’ai entendu dire que tu étais marié avec Erica Falck ! J’adore ses livres ! En tout cas ceux qui parlent de meurtres. Les biographies, je dois avouer que je ne les ai pas lues.
— Il n’y a pas de quoi avoir honte. A en juger par les chiffres de vente, la moitié du pays a lu son dernier roman, mais la plupart ne savent pas qu’elle a publié les biographies de cinq grandes écrivaines suédoises. C’est celle de Karin Boye qui s’est le plus vendue, je crois qu’elle a atteint le chiffre record de deux mille exemplaires, tu te rends compte… D’ailleurs, nous ne sommes pas encore mariés. Mais c’est pour bientôt. Le mariage est prévu à la Pentecôte.

Lu du même auteur :

la_princesse_des_glaces La Princesse des glaces  le_pr_dicateur Le Prédicateur

le_tailleur_de_pierre Le Tailleur de pierre

8 juin 2010

Hiver – Mons Kallentoft

hiver Le Serpent à plumes – novembre 2009 - 483 pages

traduit du Suédois par Max Stadler et Lucile Clauss

Présentation de l'éditeur :

Mardi 31 janvier, 7 h 22. Il fait encore nuit à Ôstergôtland. Cet hiver est l'un des plus froids que l'on ait connus en Suède. Ce matin-là, Malin Fors et ses collègues de la criminelle découvrent un cadavre, nu et gelé, pendu à une branche d'arbre. Mais comment diable cet homme a-t-il atterri ici ? Meurtre ? Suicide ? Et d'où viennent ces étranges blessures qui recouvrent son corps ? D'indice en indice, de nouveaux personnages apparaissent : les trois frères d'une certaine Maria, suspectés de viol ; Joakim et Markus, deux adolescents pas très nets ; Valkyria et Rickard Skoglôf, deux marginaux adeptes de cultes vikings. Les policiers sont perplexes. Pour la première fois en France, le public est invité à faire la connaissance de la célèbre Malin Fors, qui compte déjà des millions de fans en Scandinavie.

Auteur : Mons Kallentoft est né en 1968 en Suède. Journaliste et auteur, il a déjà publié cinq romans qui ont reçu de nombreux prix. Vendu à 150 000 exemplaires en Suède et traduit en huit langues, Hiver a connu un succès retentissant dès sa parution.

Mon avis : (lu en juin 2010)
Hiver est le premier tome d'une série de roman policier, le deuxième tome Été est déjà en librairie.
En plein hiver, le cadavre d'un homme obèse et nu est découvert pendu dans un arbre. Très vite, la police comprend que c'est un meurtre et non un suicide. La commissaire Malin Fors va minutieusement explorer différentes pistes.
En parallèle, la voix du mort intervient en confiant au lecteur ses pensées, son ressenti sans jamais nous dévoiler l'intrigue. L'enquête est passionnante, elle a un rythme lent. Le froid de l'hiver est présent en permanence. Nous découvrons également un peu de la vie privée de la commissaire Malin Fors. Elle est mère célibataire d'une fille de quatorze ans. Elle est très prise par son travail qu'elle effectue avec beaucoup de talent. Elle est très sympathique.

J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à lire ce roman policier et je compte bien continuer à découvrir les prochains livres de cette série.

31 mai 2010

Delirium tremens – Ken Bruen

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Gallimard – novembre 2004 – 312 pages

Folio – juin 2006 – 383 pages

traduit de l’anglais (Irlande) par Jean Esch

Quatrième de couverture : Il n'y a pas de détectives privés en Irlande. Les habitants ne le supporteraient pas. Le concept frôle de trop près l'image haïe du mouchard. Jack Taylor le sait. Viré pour avoir écrasé sciemment son poing sur le visage d'un ministre, cet ancien flic a gardé sa veste de fonction et s'est installé dans un pub de Galway. Son bureau donne sur le comptoir. Il est chez lui, règle des broutilles, sirote des cafés noyés au brandy et les oublie à l'aide de Guinness. Il est fragile et dangereux. Une mère qui ne croit pas au suicide de sa fille de seize ans le supplie d'enquêter. " On l'a noyée " sont les mots qu'elle a entendus au téléphone, prononcés par un homme qui savait. De quoi ne plus dormir. Surtout si d'autres gamines ont subi le même sort. Surtout si la police classe tous les dossiers un par un...

Auteur : Ken Bruen est né en 1951 à Galway. Après une carrière qui le mène en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Amérique du Sud, il crée les inspecteurs Roberts & Brant, puis le privé Jack Taylor dont Delirium Tremes est la première enquête. Son style incisif et la férocité désarmante de ses personnages l'ont d'emblée placé parmi les meilleurs d'une génération en passe de renouveler le roman noir anglo-saxon.

Mon avis : (lu en mai 2010)
J’avais fait connaissance avec Jack Taylor lors de sa troisième enquête Le Martyre des Magdalènes.
Comme le suggère le titre de ce livre, l'auteur nous donne une vision de l’Irlande un peu embrumée par les abus d’alcool... On découvre ce beau pays à travers le whisky et la Guiness. L'intrigue policière n'est pas l'essentiel, le personnage de Jack Taylor est le centre de ce polar. C’est un ancien policier devenu détective privé, il enquête sur le suicide suspect d’une adolescente. C’est un anti-héros attachant qui combat surtout pour résoudre ses problèmes et lutter contre son alcoolisme. Autour de lui gravite également une galerie de personnages remarquables.
L'écriture est vive, pleine d'humour et de dérision. Cette histoire est malgré tout pleine d'humanité. J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à suivre Jack Taylor. Et je compte bientôt retrouver Jack Taylor dans une nouvelle enquête…

Extrait : (début du livre)
Il est quasiment impossible de se faire renvoyer de la Garda Siochana. Il faut vraiment y mettre du sien. Tant que vous ne devenez pas un objet de honte, ils sont prêts à tolérer presque n'importe quoi.
J'avais atteint la limite. Plusieurs
Mises en garde
Avertissements
Dernières chances
Sursis
Et je ne m'améliorais toujours pas.
Je ne dessoulais pas non plus. Ne vous méprenez pas : les gardai et l'alcool entretiennent une vieille relation, presque amoureuse. A vrai dire, un garda abstinent est considéré avec méfiance, quand ce n'est pas avec une totale dérision, à l'intérieur et l'extérieur de la police.
Mon supérieur à la caserne de formation disait : « On aime tous boire une pinte. »
Hochements de tête et grognements chez les jeunes recrues. « Et le public aime qu'on aime ça. »
De mieux en mieux.
« Ce qu'ils n'aiment pas, c'est les canailles. »

Dix ans plus tard, j'en étais à mon troisième avertissement. Je fus convoqué devant un responsable, et on me conseilla de me faire aider.
- Les temps ont changé, mon gars. De nos jours, il existe des programmes de soins, des centres spécialisés, toutes sortes d'aides. Avoir un penchant pour la bouteille, c'est plus une honte. Là-bas, vous côtoierez le clergé et les politiciens.
J'avais envie de dire : - C'est censé me motiver ?
Mais j'y suis allé. Une fois libéré, je suis resté sobre pendant quelque temps, mais, petit à petit, je me suis remis à boire. 
Il est rare qu'un garda soit affecté chez lui, mais on estimait que ma ville natale me serait bénéfique.
Une mission un soir de février dans un froid mordant. Noir comme dans un four. Mise en place d'un contrôle de vitesse à la périphérie de la ville. Le sergent avait stipulé : « Je veux des résultats, pas d'exceptions. »
Mon collègue était un type de Roscommon nommé Clancy. D'un tempérament accommodant, il semblait ignorer mon alcoolisme. J'avais emporté une thermos de café, blindée au brandy. Tout se passait bien.
Trop bien.
C'était calme. L'info concernant notre emplacement s'était répandue. Les automobilistes respectaient la limitation de vitesse de manière suspecte. Clancy poussa un soupir et dit :
- Ils nous ont repérés.
- C'est sûr.
C'est alors qu'une Mercedes passa en trombe. Clancy s'exclama :
- Nom de Dieu !
J'enclenchais la marche avant et on démarra. Assis à la place du mort, Clancy dit :
- Ralentis, Jack. Vaut mieux laisser tomber.
- Hein ?
- La plaque... tu l'as vue ?
- Ouais, et alors ?
- C'est un type du gouvernement.
- C'est scandaleux !
Je fis beugler les sirènes, mais dix bonnes minutes s'écoulèrent avant que la Merco s'arrête. Au moment où j'ouvrais ma portière, Clancy me retint par le bras et dit :
- Un peu de doigté, Jack.
- Ouais, c'est ça.
Je frappai à la vitre du conducteur. Il prit tout son temps pour la baisser. Avec un petit sourire narquois sur les lèvres, le chauffeur demanda :
- Il y a le feu quelque part ?
- Descendez.
Avant qu'il ait le temps de réagir, un homme assis à l'arrière se pencha et demanda :
- Que se passe-t-il ?
Je le reconnus. Un politicien en vue. Je dis :
- Votre chauffeur conduisait comme un dingue.
Il demanda : - Savez-vous à qui vous parlez ?
- Oui. Au peigne-cul qui a niqué les infirmières.
Clancy essaya d'intervenir et il murmura :
- Bon Dieu, Jack, arrête.
Le politicien était descendu de voiture et il s'approchait de moi. Indigné au plus haut point, il braillait :
- Je vous ferai foutre dehors, espèce de blanc-bec impudent. Vous savez ce qui va se passer ?
Je répondis : - Je sais exactement ce qui va se passer.
Et je lui écrasai mon poing sur la gueule.

26 mai 2010

L'homme chauve-souris - Jo Nesbø

Une enquête de l'inspecteur Harry Hole

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (18/26)

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Gaïa – février 2003 – 374 pages

Folio – mars 2005 – 474 pages

traduit du norvégien par Elisabeth Tangen et Alexis Fouillet

Quatrième de couverture :
Parce qu'une jeune Norvégienne a été sauvagement jetée d'une falaise à l'autre bout du monde en Australie, l'inspecteur Harry Hole de la police d'Oslo est envoyé sur place par une hiérarchie soucieuse de l'évincer. Ce qui n'aurait dû être que routine diplomatique va se transformer en traque impitoyable au fur et à mesure de meurtres féroces qu'Harry Hole refuse d'ignorer. Autre hémisphère, autres méthodes... Associé à un inspecteur aborigène étrange, bousculé par une culture neuve assise sur une terre ancestrale, Hole, en proie à ses propres démons, va plonger au cœur du bush millénaire. L'Australie, pays de démesure, véritable nation en devenir où les contradictions engendrent le fantastique comme l'indicible, lui apportera, jusqu'au chaos final, l'espoir et l'angoisse, l'amour et la mort : la pire des aventures.

 

Auteur : Né en 1960, Jo Nesbø est journaliste économique, chanteur et a été propulsé sur le devant de la scène littéraire en 1998 en recevant le prix du meilleur roman policier nordique de l'année. L'homme chauve-souris inaugure la série des enquêtes menées par Harry Hole. Du pur thriller.

Mon avis : (lu en mai 2010)
C'est le premier livre que je lis de cet auteur norvégien. J'ai donc été surprise que l'histoire se déroule en Australie. L'inspecteur Harry Hole de la police d'Oslo a été envoyé en Australie pour suivre l'enquête menée par la police australienne à propos de la mort d'une jeune Norvégienne sauvagement assassinée. Harry enquête en double avec Andrew, un policier aborigène. Andrew lui fait découvrir Sydney et les coutumes locales. Nous apprenons ainsi beaucoup d'informations intéressantes sur l'Australie et les Aborigènes.
On découvre dans le personnage d'Harry Hole un être très attachant, ancien alcoolique, il n'est pas parfait mais je l'ai beaucoup aimé. L'intrigue est captivante, elle est construite autour d'une vieille légende aborigène et l'enquête est très bien menée.
Un bon roman dépaysant qui m'a donné très envie de lire de nouvelles enquêtes de l'inspecteur Harry Hole. Encore un auteur venu du froid qui me plaît beaucoup !

Extrait : (début du livre)
Quelque chose clochait.
La préposée au contrôle des passeports avait d'abord souri de toutes ses dents :
" Comment ça va, mon pote ?
- Bien ", avait menti Harry Hole. Cela faisait plus de trente heures qu'il était parti d'Oslo via Londres, il avait passé tout le voyage depuis le transfert à Bahrein assis dans ce satané fauteuil, juste devant l'issue de secours. Pour des raisons de sécurité, il ne pouvait s'incliner que partiellement, et la colonne vertébrale de son occupant avait commencé à se tasser avant l'arrivée à Singapour.
Et à présent, pour ne rien arranger, la fille derrière son comptoir ne souriait plus.
Elle avait parcouru le passeport avec un intérêt stupéfiant. Il était difficile de dire si c'était la photo ou la façon dont s'écrivait le nom de son possesseur qui l'avait mise de si bonne humeur.
« Boulot ? »
Harry Hole avait conscience que dans d'autres pays les préposés au contrôle des passeports auraient ajouté « Monsieur », mais à ce qu'il avait lu, les formules de politesse de ce type n'étaient pas très usitées en Australie. Peu importait d'ailleurs, Harry n'étant ni un grand voyageur ni un snob impénitent ; tout ce qu'il désirait pour l'heure, c'était une chambre d'hôtel et un lit, et ce le plus rapidement possible.
« Oui », avait-il répondu en laissant ses doigts tambouriner sur le comptoir.
Et c'est à ce moment-là que la bouche de la fille s'était crispée, avait perdu son charme, et demandé d'une voix désagréable : « Pourquoi n'y a-t-il pas de visa dans votre passeport, Monsieur ? »
Le cœur de Harry avait fait un bond dans sa poitrine, comme il le fait fatalement au pressentiment d'une catastrophe imminente. On n'employait peut-être « Monsieur » qu'à partir du moment où la situation se gâtait ?
« Désolé, j'ai oublié », murmura Harry tout en cherchant fébrilement dans sa poche intérieure. Pourquoi n'avaient-ils pas fixé son visa spécial dans son passeport, comme ils le font avec les visas classiques ? Il entendit juste derrière lui le faible grésillement d'un baladeur, et sut que c'était celui de son voisin dans l'avion. Il avait écouté la même cassette tout au long du voyage. Et pourquoi Diable n'était-il jamais fichu de se souvenir dans quelle poche il mettait les choses ? La chaleur l'importunait aussi, même s'il n'était pas loin de vingt-deux heures. Harry sentit une démangeaison naître à la base de son crâne.
Il finit par trouver le document qu'il cherchait et le déposa, soulagé, sur le comptoir.
« Officier de police, n'est-ce pas ? »
La préposée abandonna le visa spécial et leva des yeux scrutateurs vers son détenteur, mais la bouche n'était plus pincée.
« J'espère qu'aucune blonde Norvégienne ne s'est fait tuer ? »
Elle partit d'un grand rire et apposa joyeusement son cachet sur le visa spécial.
« Eh bien, juste une », répondit Harry Hole.

22 mai 2010

La Belle et la Bête - Thierry Jonquet

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Gallimard – avril 1995 – 157 pages

Gallimard – septembre 1998 - 156 pages

Folio – septembre 1999 – 156 pages

CDL – novembre 2005 (3 CD audio)

Folio – avril 2010 – 1014 pages (Les orpailleurs ; Moloch ; Mygale ; La Belle et la Bête)

Quatrième de couverture :
Léon est vieux. Très vieux. Lévi, est moche. Très moche. Léon est sale. Vraiment très sale ! Léon se tient très mal à table. C'est dans sa nature... C'est triste ? Non : Léon a enfin trouvé un ami, un vrai de vrai ! Seulement voilà, le copain en question est un peu dérangé. Parfois dangereusement. Mais Léon est indulgent envers ses amis. Pas vous ?

Auteur : Né en janvier 1954 à Paris et décédé le 9 août 2009, Thierry Jonquet, ergothérapeute, enseignant, scénariste et militant durant toute sa vie, a écrit son premier roman noir, Mémoire en cage, en 1982. La construction impeccable et parfois jubilatoire de ses livres a tout simplement dynamité le roman noir français et l'a imposé comme un auteur majeur du genre.

Mon avis : (lu en mai 2010)
Ce livre a le titre d'un conte de fée. Il y a bien une Bête, une Belle, mais c'est loin d'être un conte de fée ! C'est un polar comme sait les écrire Thierry Jonquet avec des flashbacks qui nous permettent peu à peu de découvrir les personnages et les dessous de l'intrigue.
Parmi les personnages, seul le commissaire Rolland Gabelou a un nom, les autres sont le Gamin, la Vieille, le Commis, le Visiteur, l'Emmerdeur, le Coupable. Mais il ne faut pas oublier Léon, le vieil ami de l'assassin et principal témoin et qui par moment sera le narrateur. Et pour ne pas dévoiler les surprises bien cachées de l'histoire, je n'en dirai pas plus...

J'ai lu très facilement, rapidement et avec beaucoup de plaisir ce roman policier. J'ai encore été surprise par cette histoire et à aucun moment je n'ai deviné la révélation finale du livre. A lire !

Extrait : (page 22)
Je sais tout, je sais tout, c'est vite dit... S'ils comptent sur moi pour les aider, les flics peuvent toujours s'accrocher ! Je ne ferai pas le moindre geste ! Tant pis pour tout le monde. Parce que c'est mon copain. Le seul que j'ai jamais eu dans ma sale vie. Et le Gabelou, je le regarde s'agiter sans broncher. Il voudrait bien savoir, pourtant. Mais la Vieille, le Gamin, le Commis, et le Visiteur, je m'en tape, moi...
Je suis là, tassé dans mon coin, assis dans un fauteuil à côté du bureau de Gabelou qui est parti en vadrouille je ne sais où. Je moisis ici depuis cinq jours... Le Visiteur et le Coupable, on les a retrouvés le 2 janvier, ah les Joyeuses Fêtes! Cinq jours... ça n'en finit plus. Les flics, ça les énerve, de me voir patienter sans m'énerver. Ils ne vont pas me torturer, ça servirait à rien. Je suis pas responsable. Juste un peu pour le Visiteur, mais c'est bien tout.
Le Coupable, c'est mon copain, mon pote, mon n'importe quoi, mettez le nom que vous voudrez là-dessus, c'est ce qui fait que je vais pas le trahir, quelque chose de plus fort que toutes leurs salades et il n'y a rien à ajouter. Ah, ils ont essayé, pourtant. Et mon Vieux Léon par ci, et mon Vieux Léon par là, la pommade, les compliments, le baratin, total : néant, c'est tout juste si je leur fais un petit signe de la tête quand ils m'apportent à manger. Un mur. Ils auraient mieux fait de s'adresser à un mur, à une vieille godasse perdue dans un tas d'ordures...
Ils sont là, les flics, tout autour de moi; à me lancer des regards vachards, comme dans les films, avec la lampe braquée dans la gueule, leurs gros bras poilus, et de temps en temps, en prime, ils se foutent de moi. «Vieux Léon, qu'ils braillent, dis-nous tout, t'es le seul à avoir tout vu...» Et ça les fait rire. Je collaborerai pas. Je me le suis juré sur ce qu'il me reste de dignité. Et ça les étonne, ça, la dignité. Eux. S'imaginent du haut de leurs certitudes que tout leur est dû, eh bien, non, moi, Vieux Léon, je les envoie sur les roses.

Déjà lu de Thierry Jonquet :

Ils_sont_votre__pouvante Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte

les_orpailleurs_p Les orpailleurs  mon_vieux Mon vieux

du_pass__faisons_table_rase_p Du passé faisons table rase ad_vitam_aeternam_p Ad vitam aeternam

m_moire_en_cage Mémoire en cage  moloch_p Moloch  mygale_p Mygale

le_secret_du_rabin_p Le secret du rabbin

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