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A propos de livres...
4 octobre 2009

Mémoire en cage – Thierry Jonquet

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Albin Michel - avril 1982

Fleuve Noir – janvier 1986

Gallimard – octobre 1995

Folio – octobre 1999 – 171 pages

Quatrième de couverture :

Qui ? Pourquoi ? Comment ? Voilà les questions que se posait le commissaire Gabelou.
Trois questions pour trois cadavres. Comment en était-on arrivé là ? La fatalité, l'injustice et la vengeance... Cynthia a beau être prisonnière de son fauteuil roulant et de son corps souffrant, elle n'est peut-être pas si débile qu'il y paraît. Sa vie est fichue alors il ne lui reste plus qu'à réussir la mort de l'ordure qui a tout gâché. Mais comment ?

Auteur : Né à Paris en 1954, auteur de polars, Thierry Jonquet fait figure de référence dans ce genre littéraire et bien au-delà. Engagé politiquement dès son adolescence, il entre à Lutte ouvrière en 1970 sous le pseudonyme de Daumier (caricaturiste du XIXe siècle), puis à la Ligue communiste révolutionnaire l'année de son bac. Après des études de philosophie rapidement avortées et plusieurs petits boulots insolites, un accident de voiture bouleverse sa vie : il devient ergothérapeute et travaille successivement dans un service de gériatrie puis un service de rééducation pour bébés atteints de maladies congénitales, et enfin dans un hôpital psychiatrique où il exerce les fonctions d'instituteur. Inspiré par l'univers de Jean-Patrick Manchette, son premier roman, 'Le Bal des débris', est publié en 1984 bien qu'il ait été écrit quelques années plus tôt. 'Mémoire en cage' paraît en 1982, suivent 'Mygale' (1984), 'La Bête et la belle', 'Les Orpailleurs' (1993), qui confirment le talent de Thierry Jonquet pour le roman au réalisme dur, hanté par la violence et les questions de société. Les événements dramatiques de l’été 2003 ont inspiré Thierry Jonquet qui nous offre, avec Mon vieux, un texte captivant sur l’étonnante réaction humaine devant l’adversité. 'Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte', paru en 2006 évoque sans tabous la violence et l'antisémitisme qui sévissent dans certaines banlieues. Thierry Jonquet a également scénarisé plusieurs bandes dessinées parmi lesquelles 'Du papier faisons table rase', dessiné par Jean-Christophe Chauzy. Plébiscité par la critique, l'une des plus élogieuses est signée Tonino Benacquista qui écrit de lui : 'Jonquet sculpte la fiction, c'est le matériau qu'il façonne pour lui donner une âme, le même que celui d'Highsmith ou de Simenon, il est difficile d'en citer beaucoup d'autres.' Alors qu'il venait de publier 'Ad Vitam aeternam', Thierry Jonquet, décède en août 2009, après avoir lutté deux semaines contre la maladie.

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Mon avis : (lu en octobre 2009)

Ce livre fait partie des premiers romans de Thierry Jonquet. C'est l'histoire d'une vengeance bien ruminée, l'intrigue est parfaitement construite. L'auteur nous fait partager le monde d'une adolescente fortement handicapée à travers une histoire cruelle. A la suite d'une opération ratée, Cynthia est devenue prisonnière d'un fauteuil roulant et d'un corps qui ne lui répond plus. Elle vit à l'Institut National de Réadaptation au pavillon C. Elle a été considérée comme débile par les médecins avec un QI de 30. Mais elle cache sa véritable intelligence en faussant les tests et elle va construire sa vengeance pour supprimer qui l'a mis dans cet état de «légume». Il y a aussi Alain un jeune étudiant qui vient pour l'été travailler à l'Institut. Il a de gros problèmes avec les femmes et sa sexualité.

Certains passages du livre sont violents et glauques. Tour à tour, l'auteur nous raconte l'histoire à la troisième personne, mais évoque aussi ce qui se passe dans la tête de ses personnages : Cynthia, Alain et « l'ordure ». Dès la quatrième de couverture, on sait qu'il y aura 3 cadavres, mais les réponses aux questions «Qui ? Pourquoi ? Comment ?» ont été pour moi surprenante. J'ai trouvé ce roman policier vraiment réussi.

Extrait : (début du livre)

Cynthia

Il est 9 heures. C’est le moment de prendre mon poste, comme tous les matins. Pour voir arriver l’ordure. Il y a beaucoup de bruit. Les gosses. Ils arrêtent pas de crier en courant dans les couloirs. Quand ils tombent, ça fait un bruit de ferraille. C’est leurs appareils, qui font ça. Mais ils se font pas mal, en tombant. Ils se relèvent et repartent en rigolant.
Il fait très beau, c’est le 3 juillet. La mardi 3 juillet. Hier soir, c’était le fête de l’école. Et aujourd’hui, les gosses attendent que leurs parents, qui viennent les récupérer, pour les vacances. Certains, c’est pas leurs parents, qui viennent, c’est les moniteurs d’une colo. Il fait très chaud. Ce matin, Marie-Line était très occupée, elle a pas eu le temps de m'habiller. J'ai encore mon pyjama. Le Petit-Bateau jaune et vert que ma sale conne de mère a apporté la dernière fois qu'elle est venue. C'était en avril.

Marie-Line était très pressée : des trousseaux à préparer, pour les départ en colo, justement. Elle m'a fait manger vite fait, mais sans trop brusquer. Je l'aime bien Marie-Line. Je ne sais pas si elle m'aime bien, elle. Quand elle est de nuit, elle parle en tricotant, pour ses enfants. Elle parle toute seule, parce que, même si elle est gentille, je crois pas qu'elle s'use la salive à me parler Elle parle toute seule, quoi ! Je suis là, à baver devant elle, avachie sur mon fauteuil, et elle se parle. Les impôts, les histoires de famille, son mari qui est méchant avec elle, tout y passe. De temps en temps, elle me sourit, elle me regarde. Elle prend un torchon et elle m'essuie la bave.

C'est la plus gentille. Elle s'occupe bien de moi, même quand j'ai mes règles et qu'il faut me changer les serviettes. Avant que Marie-Line arrive, il y avait Olga, une grosse blonde. Elle me cognait dessus quand je laissais couler ma soupe. Elle tapait et moi, pour me venger, je faisais dans ma culotte, ça l'obligeait à me changer. Mais elle est plus là, Olga, maintenant, c'est tout le temps Marie-Line qui s'occupe de moi.

Déjà lu de Thierry Jonquet :

Ils_sont_votre__pouvante Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte

les_orpailleurs_p Les orpailleurs  mon_vieux Mon vieux

du_pass__faisons_table_rase_p Du passé faisons table rase ad_vitam_aeternam_p Ad vitam aeternam

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28 septembre 2009

Ad vitam aeternam – Thierry Jonquet

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Seuil – mars 2002 – 397 pages

Points – octobre 2006 – 350 pages

Quatrième de couverture :
Anabel a vingt-cinq ans. Elle travaille dans une boutique où l'on pratique le piercing et d'autres techniques un peu plus hard core. Elle se lie d'amitié avec un étrange propriétaire de magasin de pompes funèbres. Ensemble, ils vont mettre à rude épreuve les projets de la grande Faucheuse... Thierry Jonquet frôle le fantastique pour délivrer, crescendo, un suspense haletant.

Auteur : Né à Paris en 1954, auteur de polars, Thierry Jonquet fait figure de référence dans ce genre littéraire et bien au-delà. Engagé politiquement dès son adolescence, il entre à Lutte ouvrière en 1970 sous le pseudonyme de Daumier (caricaturiste du XIXe siècle), puis à la Ligue communiste révolutionnaire l'année de son bac. Après des études de philosophie rapidement avortées et plusieurs petits boulots insolites, un accident de voiture bouleverse sa vie : il devient ergothérapeute et travaille successivement dans un service de gériatrie puis un service de rééducation pour bébés atteints de maladies congénitales, et enfin dans un hôpital psychiatrique où il exerce les fonctions d'instituteur. Inspiré par l'univers de Jean-Patrick Manchette, son premier roman, 'Le Bal des débris', est publié en 1984 bien qu'il ait été écrit quelques années plus tôt. 'Mémoire en cage' paraît en 1982, suivent 'Mygale' (1984), 'La Bête et la belle', 'Les Orpailleurs' (1993), qui confirment le talent de Thierry Jonquet pour le roman au réalisme dur, hanté par la violence et les questions de société. Les événements dramatiques de l’été 2003 ont inspiré Thierry Jonquet qui nous offre, avec Mon vieux, un texte captivant sur l’étonnante réaction humaine devant l’adversité. 'Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte', paru en 2006 évoque sans tabous la violence et l'antisémitisme qui sévissent dans certaines banlieues. Thierry Jonquet a également scénarisé plusieurs bandes dessinées parmi lesquelles 'Du papier faisons table rase', dessiné par Jean-Christophe Chauzy. Plébiscité par la critique, l'une des plus élogieuses est signée Tonino Benacquista qui écrit de lui : 'Jonquet sculpte la fiction, c'est le matériau qu'il façonne pour lui donner une âme, le même que celui d'Highsmith ou de Simenon, il est difficile d'en citer beaucoup d'autres.' Alors qu'il venait de publier 'Ad Vitam aeternam', Thierry Jonquet, décède en août 2009, après avoir lutté deux semaines contre la maladie.

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Mon avis : (lu en septembre 2009)

Anabel, 25 ans, est une ancienne infirmière et une ancienne détenue. Elle travaille dans une boutique de piercing proche du canal Saint-Martin. Tous les jours, à l'heure du déjeuner, elle croise Monsieur Jacob, entrepreneur de pompes funèbres.

En parallèle, après plus de trente ans passées en prison, Ruderi est libéré. Sa victime, une femme mutilée, fait appel à un tueur professionnel, Oleg pour le suivre et se venger.

Mais nous irons de surprises en surprises car si tout tourne autour de la Mort ce livre n'est pas seulement un polar mais a aussi un côté fantastique. Je l'ai lu sans déplaisir mais certaines scènes décrites sont parfois un peu trop noire et morbide pour moi.

Extrait : (page 9)

La première fois qu'Anabel croisa Monsieur Jacob, ce fut dans le square, à quelques pas de la boutique. Elle s'y rendait souvent, à chaque pause que Brad lui octroyait. Brad était une loque. Six mois consacrés à le côtoyer l'avaient amenée à s'en convaincre. Trois semaines, trois jours, voire trois heures auraient suffi. Un médiocre qui aurait bien voulu en jeter, frimer, et se contentait d'épater toute une galerie de tocards, de barjots. Lesquels payaient ses services au prix fort, cash. Brad était impitoyable avec la clientèle, il ne faisait aucun crédit, quelle que soit la durée ou la nature de la prestation. C'est aux États-Unis – il disait « aux States » - qu'il avait appris les rudiments du métier, dans les années 70. Il ne s'appelait pas réellement Brad, mais plus prosaïquement Fernand. Dans sa branche, mieux valait porter un prénom à consonance exotique, on peut le comprendre. Le marketing a certaines exigences.

Anabel avait fait sa connaissance alors qu'il venait de subir une rupture amoureuse. Il approchait la cinquantaine et sa dulcinée en ayant vingt-cinq de moins, elle ne tenait pas à s'attarder davantage. Déprimé, meurtri dans son ego, Brad avait arrêté le body-building et se consolait au pur malt. En quelques mois, il se mit à grossir, ce qui le rendit encore plus dépressif. Il ne pouvait plus porter les tee-shirts ultra-moulants qu'il affectionnait auparavant et tentait de camoufler la débandade à l'aide de chemises amples. Il n'empêche. Sa belle gueule s'empâtait irrésistiblement, ses fesses et ses cuisses se chargeaient de cellulite. Au-delà des apparences, déjà alarmantes, plus en profondeur, son organisme gorgé de stéroïdes anabolisants, de créatine et d'hormones de croissance commençait à lui réclamer des comptes. La facture risquait d'être salée. Jour après jour, Anabel évaluait le désastre d'un regard dont elle ne cherchait même pas à dissimuler la cruauté.

Elle ne se demandait plus comment elle avait pu aboutir dans un tel cloaque. Il y a une raison à tout, le hasard n'était nullement en cause. Qui se ressemble s'assemble. Lorsqu'elle ouvrait les yeux, à l'aube, dans ces moments fugaces d'intense lucidité qui succèdent au sommeil, même le plus profond, Anabel en convenait volontiers : à tout bien considérer, chez Brad, elle était à sa juste place. Une paumée parmi les déjantés. Elle essayait juste de sauver sa peau. De rétablir un semblant de normalité dans une vie à la dérive.

Déjà lu de Thierry Jonquet :

Ils_sont_votre__pouvante Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte

les_orpailleurs_p Les orpailleurs  mon_vieux Mon vieux

du_pass__faisons_table_rase_p Du passé faisons table rase

24 septembre 2009

Le verdict du plomb – Michael Connelly

le_verdict_de_plomb Seuil – mai 2009 – 457 pages

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Robert Pépin

Présentation de l'éditeur
La situation commence à s'arranger pour l'avocat Mickey Haller blessé à la fin de La Défense Lincoln. Après deux ans de soins, il hésite encore à reprendre du service lorsqu'il se retrouve à la tête du cabinet de son ami l'avocat Jerry Vincent, assassiné. Haller hérite d'une énorme affaire, la défense de Walter Elliot, un magnat du cinéma accusé d'avoir tué son épouse et l'amant de cette dernière. Mais alors qu'il se prépare pour ce procès qui pourrait faire de lui une célébrité, il découvre que lui aussi est en danger. Entre alors en scène un Harry Bosch qui, comme à son habitude, est prêt à tout, y compris à se servir d'Haller pour arrêter le meurtrier de Jerry Vincent. Mais, les enchères montant, tous deux comprennent que malgré ce qui les sépare ils n'ont pas d'autre choix que de travailler ensemble.

Biographie de l'auteur
Né à Philadelphie, Pennsylvanie le 21 juillet 1956, c'est en lisant les romans de Raymond Chandler que Michael Connelly décide de se consacrer à l'écriture. Il étudie alors la technique de l'écriture et le journalisme à l'université de Floride où enseigne le romancier Harry Crews. Le diplôme obtenu, il se lance dans le journalisme et écrit pour les journaux Fort Lauderdale et Daytona Beach. Il s'intéresse tout particulièrement au crime et couvre 'la guerre de la drogue', période pendant laquelle la Floride connut une vague de violence inattendue. En 1986, une enquête sur les rescapés d'un crash d'avion lui vaut d'être cité pour le prix Pulitzer et de travailler pour le prestigieux Los Angeles Times. Il publie son premier roman 'Les Egouts de Los Angeles' en 1992 dont le héros tourmenté, l'inspecteur Harry Bosch, deviendra un héros récurrent dans son oeuvre. On le retrouvera entre autres dans 'L' Envol des anges' et 'Lumière morte'. Récompensé dans de nombreux pays, Connelly puise son inspiration de son expérience de journaliste, de faits divers et de sa fascination pour le rapport ambivalent de l'homme face au crime et à la justice. Après 'Los Angeles River' en 2004 et 'Deuil interdit' en 2005, il offre au public une nouvelle enquête de Bosch dans 'Echo Park' en 2007. Véritables best-sellers, les romans de Michael Connelly font de lui l'un des maîtres incontestés du roman noir. Il vit en Floride avec sa femme et sa fille.

Mon avis : (septembre 2009)

C’est premier livre que je lis de cet auteur et j’ai passé un très bon moment.

Après deux ans d’arrêt, Mickey Haller avocat, il hérite de la clientèle de son confrère Jerry Vincent qui vient d’être assassiné dans le parking de son bureau. Il recrée alors son équipe avec Lorna Taylor, son assistante et Cisco, son enquêteur, car il va devoir défendre une dizaine de jours plus tard un très gros client : Walter Elliot, magnat du cinéma. Il est accusé d’avoir tué sa femme et son amant. Il ne semble pas très impliqué dans son procès mais il n’a qu’une exigence : le procès doit avoir lieu à la date prévue. En parallèle, l'inspecteur Harry Bosch enquête sur le meurtre de Jerry Vincent.

A partir d’une intrigue qui nous tient en haleine, Michael Connelly nous parle du travail de l’avocat. Il nous donne également des détails intéressants sur le fonctionnement de la justice américaine et dénonce certains de ses travers.

Extrait : (début du livre)

« Tout le monde ment. Les flics. Les avocats. Les témoins. Les victimes. Le procès n’est que concours de mensonges. Et dans la salle d’audience, tout le monde le sait. Le juge. Les membres du jury, même eux. Tous, ils viennent au prétoire en sachant qu’on va leur mentir. Tous, ils prennent place dans le box et sont d’accord pour qu’on leur mente. L’astuce, quand on s’installe à la table de la défense, est de se montrer patient. D’attendre. Pas n’importe quel mensonge, non. Seulement celui dont on va pouvoir s’emparer et, tel le fer porté au rouge, transformer en une lame acérée. Celle dont on va pouvoir se servir pour d’un grand coup éventrer l’affaire et lui répandre les boyaux par terre. Mon boulot, c’est de forger cette lame. De l’aiguiser. Et de m’en servir sans pitié ni conscience. D’être enfin la vérité en un lieu où tout n’est que mensonges. »

13 septembre 2009

Du passé faisons table rase - Thierry Jonquet

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Albin Michel – novembre 1982 -

Dagorno – octobre 1994 – 248 pages

Actes Sud – juin 1999 – 279 pages

Folio – février 2006 – 283 pages avec Postface d’Hervé Delouche

Présentation de l'éditeur
Le passé n'oublie rien. Il y aura toujours un ancien pour se souvenir. Une femme pour témoigner. Un enfant qui racontera... Dix ans après les faits, en France, dans les années quatre-vingt, le seul homme à " savoir " voit ressurgir le risque que la vérité n'éclate. Cette vérité concerne le Parti. Elle vise le leader, l'homme charismatique à la jeunesse méconnue. Quels furent ses positions et ses actes dans les années de guerre avant qu'il ne milite ? Comment faire taire l'inacceptable alors qu'un corbeau semble à nouveau déterminé à rouvrir les plaies ?

Auteur : Né à Paris en 1954, auteur de polars, Thierry Jonquet fait figure de référence dans ce genre littéraire et bien au-delà. Engagé politiquement dès son adolescence, il entre à Lutte ouvrière en 1970 sous le pseudonyme de Daumier (caricaturiste du XIXe siècle), puis à la Ligue communiste révolutionnaire l'année de son bac. Après des études de philosophie rapidement avortées et plusieurs petits boulots insolites, un accident de voiture bouleverse sa vie : il devient ergothérapeute et travaille successivement dans un service de gériatrie puis un service de rééducation pour bébés atteints de maladies congénitales, et enfin dans un hôpital psychiatrique où il exerce les fonctions d'instituteur. Inspiré par l'univers de Jean-Patrick Manchette, son premier roman, 'Le Bal des débris', est publié en 1984 bien qu'il ait été écrit quelques années plus tôt. 'Mémoire en cage' paraît en 1982, suivent 'Mygale' (1984), 'La Bête et la belle', 'Les Orpailleurs' (1993), qui confirment le talent de Thierry Jonquet pour le roman au réalisme dur, hanté par la violence et les questions de société. Les événements dramatiques de l’été 2003 ont inspiré Thierry Jonquet qui nous offre, avec Mon vieux, un texte captivant sur l’étonnante réaction humaine devant l’adversité. 'Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte', paru en 2006 évoque sans tabous la violence et l'antisémitisme qui sévissent dans certaines banlieues. Thierry Jonquet a également scénarisé plusieurs bandes dessinées parmi lesquelles 'Du papier faisons table rase', dessiné par Jean-Christophe Chauzy. Plébiscité par la critique, l'une des plus élogieuses est signée Tonino Benacquista qui écrit de lui : 'Jonquet sculpte la fiction, c'est le matériau qu'il façonne pour lui donner une âme, le même que celui d'Highsmith ou de Simenon, il est difficile d'en citer beaucoup d'autres.' Alors qu'il venait de publier 'Ad Vitam aeternam', Thierry Jonquet, décède en août 2009, après avoir lutté deux semaines contre la maladie.

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Mon avis : (lu en septembre 2009)

Ce livre a été publié pour la première fois en 1982 sous le pseudonyme de Ramon Mercader (c'est aussi le nom de l'assassin de Troski en 1940). Dès sa sortie, ce livre ferra scandale car à travers ce roman de politique-fiction Thierry Jonquet critique le parti communisme français et ses dirigeants.

Automne 1972, c'est le prologue, et nous assistons à 4 assassinats : un vieil homme à Cologne en Allemagne, un chasseur lors d'une partie de chasse à côté de Lorient, un israélien en voyage d'affaire à Paris, un vieillard à Santiago du Chili. Quel est le lien entre ces 4 hommes ?

Thierry Jonquet dénonce la réécriture de la biographie du secrétaire général du Parti, René Castel. Il avait 27 ans en 1947 lorsqu'il adhère au Parti, il va franchir un à un tous les échelons de la hiérarchie et peu à peu devenir dirigeant jusqu'au poste suprême où il accède en 1972. L'auteur met en scène un chantage politique, il nous montre la vie interne d'un Parti qui n'hésite pas à masquer la réalité pour se donner une image parfaite aux yeux du monde. Plus qu'un roman policier, ce livre est plutôt un roman militant où l'écriture est sans concession et qui nous donne un leçon de mémoire et d'histoire.

Extrait : (page 39)

Octobre 1978

Jacques Delouvert tambourinait du doigt sur le tableau de son bureau. La main était grasse, rose et boudinée. Nerveuse pourtant. Par la grande baie vitrée, Delouvert pouvait contempler le spectacle des toits de Paris. Son bureau se trouvait au dernier étage du grand immeuble courbe de verre et de béton abritant les locaux du Parti. Mais Delouvert se foutait des toits de Paris, des pigeons, des reflets moirés du soleil sur les ardoises luisantes. Poésie de pacotille, sensibilité populiste, nostalgie petite-bourgeoise.

De sa grosse main, il saisit la fiche photocopiée qu'il étudiait depuis une heure. Il l'avait examinée à la loupe, détaillant lettre par lettre les annotations manuscrites et les cachets apposés en bas de page. Aucun doute possible : ce n'était pas un faux. D'ailleurs, quand bien même il se fût agi d'une contrefaçon, les renseignements consignés sur le document étaient rigoureusement exacts. Delouvert était un des rares hommes (une dizaine ?) à le savoir.

Il s'empara d'un gros briquet fixé sur un socle d'onyx, un cadeau offert par une délégation du Parti grec, et il fit brûler la feuille. Une odeur âcre s'en dégagea.

Déjà lu de Thierry Jonquet :

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5 septembre 2009

Mon vieux - Thierry Jonquet

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Seuil – avril 2004 – 324 pages

Points – mai 2005 – 387 pages

Quatrième de couverture :

Élevé dans la misère, Alain Colmont a quand même réussi à devenir prof, puis scénariste pour la télé. Mais un jour sa fille, Cécile, a un accident de scooter qui la défigure. Alain, qui l'adore, se ruine pour lui redonner un visage.
À La Courneuve, un vieillard qui titube au milieu de la route à 11 heures du soir est récupéré par la BAC. Pas moyen de savoir son nom, l'inconnu a la maladie d'Alzheimer.
À Belleville, une bande de clodos se retrouve régulièrement pour boire et se livrer à de petites combines. Cette vie-là, Daniel Tessandier, RMIste, n'en veut pas. Mais comment l'éviter lorsqu'on perd son appartement et qu'il n'y a pas de travail ?
C'est l'été, - l'été 2003. Étouffante, la chaleur commence à faire des ravages chez les plus démunis, vieillards, malades et rejetés de la vie. Pour Alain Colmont, la canicule risque de tourner au cauchemar...

Auteur : Né à Paris en 1954, auteur de polars, Thierry Jonquet fait figure de référence dans ce genre littéraire et bien au-delà. Engagé politiquement dès son adolescence, il entre à Lutte ouvrière en 1970 sous le pseudonyme de Daumier (caricaturiste du XIXe siècle), puis à la Ligue communiste révolutionnaire l'année de son bac. Après des études de philosophie rapidement avortées et plusieurs petits boulots insolites, un accident de voiture bouleverse sa vie : il devient ergothérapeute et travaille successivement dans un service de gériatrie puis un service de rééducation pour bébés atteints de maladies congénitales, et enfin dans un hôpital psychiatrique où il exerce les fonctions d'instituteur. Inspiré par l'univers de Jean-Patrick Manchette, son premier roman, 'Le Bal des débris', est publié en 1984 bien qu'il ait été écrit quelques années plus tôt. 'Mémoire en cage' paraît en 1982, suivent 'Mygale' (1984), 'La Bête et la belle', 'Les Orpailleurs' (1993), qui confirment le talent de Thierry Jonquet pour le roman au réalisme dur, hanté par la violence et les questions de société. Ainsi, 'Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte', paru en 2006 évoque sans tabous la violence et l'antisémitisme qui sévissent dans certaines banlieues. Thierry Jonquet a également scénarisé plusieurs bandes dessinées parmi lesquelles 'Du papier faisons table rase', dessiné par Jean-Christophe Chauzy. Plébiscité par la critique, l'une des plus élogieuses est signée Tonino Benacquista qui écrit de lui : 'Jonquet sculpte la fiction, c'est le matériau qu'il façonne pour lui donner une âme, le même que celui d'Highsmith ou de Simenon, il est difficile d'en citer beaucoup d'autres.' Alors qu'il venait de publier 'Ad Vitam aeternam', Thierry Jonquet, décède en août 2009, après avoir lutté deux semaines contre la maladie.

Thierry_Jonquet

Mon avis : (lu en septembre 2009)

Dès le début du livre, on fait connaissance avec une galerie de personnages tous plus malchanceux les uns que les autres. Alain Colmont : Son père l'a abandonné à l'âge de 7 ans. Sa mère est devenu dépressive. Il a du travailler très tôt. Il s'est remis tout seul aux études, il a obtenu une licence d'histoire et est devenu professeur. Il écrit un jour un roman qui obtient un petit succès et sera adapté pour la télévision. Il quitte alors l'enseignement pour devenir scénariste pour la télévision. A seize ans, sa fille Cécile Colmont est victime d’un grave accident de scooter, elle sera plongée dans le coma avant de se réveiller défigurée. Jacques Brévart est un jeune aide-soignant dont la vie respire l'ennui, c'est le voisin d'Alain. Daniel Tessandier vit dans une chambre de bonne appartenant à une dame charitable, avec le RMI comme unique objectif, il veut conserver un semblant de vie sociale. Gérard Dancourt (Gégé) et Bernard Signot (Nanard) sont deux clochards de Belleville. Un vieil homme sans mémoire, sans papier atteint de la maladie d'Alzheimer qui végète dans la chambre 29 de l'hôpital Lyautey depuis 36 mois. Mathurin Debion est garçon de salle à l'hôpital Lyautey, il est alcoolique et rêve à son île de la Guadeloupe. Tous ces personnages vont se croiser durant l'été 2003 en région parisienne.

A travers des descriptions précises où le sens du détail rend le récit vivant, l'auteur crée un univers sombre et sordide où de pauvres gars vont faire basculer leurs vies du mauvais côté. C'est l'histoire réaliste d'un drame social découlant de drames personnels.

Malgré un sujet difficile, Thierry Jonquet a su magnifiquement construire une histoire qui oscille entre la réalité de la canicule, de la rue, du monde des clochards et des sans-abris et la fiction. Une totale réussite !!!

Extrait : (page 163)

Il se rendit au guichet d'accueil et, sitôt entré dans le hall où se trouvaient le kiosque à journaux et la cafétéria, il eut un rapide aperçu de ce qui l'attendait. Des vieillards des deux sexes erraient en robe de chambre, aggripés à leur déambulateur. D'autres végétaient sur des bancs, le regard vide et le menton dégoulinant de bave, leur bouche édentée grande ouverte. Sans le moindre signe d'agacement, de révolte. Ils tuaient le temps en attendant que le temps les tue.
Perdu au milieu d'eux, Alain eut l'impression d'avoir été convoqué pour une figuration dans un clip gore inspiré d'un tableau de Goya. Il lui était souvent arrivé d'effectuer une rapide apparition dans des téléfilms dont il avait signé le scénario, juste pour s'amuser, tantôt chauffeur-livreur, tantôt gendarme, tantôt infirmier. Il sentit un frisson lui parcourir l'échine. Erreur de casting ! L'espace d'un instant, l'envie lui prit de déguerpir au grand galop et d'oublier cette vision de cauchemar.

Déjà lu de Thierry Jonquet :

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31 août 2009

Les orpailleurs – Thierry Jonquet

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Gallimard – février 1993 – 316 pages

Folio – octobre 1998 - 399 pages

Trophée 813 du meilleur roman noir en 1993.
Prix Mystère de la critique 1993.

Quatrième de couverture :

La main droite avait été tranchée, net, au niveau du poignet. Rien ne permettait d'identifier le cadavre, celui d'une femme. Dans la semaine qui suivit, on en découvrit deux autres, assassinées selon le même rituel. Si le meurtrier tuait ainsi en amputant ses victimes, c'était avant tout pour renouer avec ses souvenirs. Il effectuait un voyage dans le temps. Mais pour aller au bout du chemin, il lui fallut emprunter une route que bien d'autres avaient suivie avant lui. Des hommes, des vieillards, des enfants. Des femmes aussi.

Auteur : Né à Paris en 1954, auteur de polars, Thierry Jonquet fait figure de référence dans ce genre littéraire et bien au-delà. Engagé politiquement dès son adolescence, il entre à Lutte ouvrière en 1970 sous le pseudonyme de Daumier (caricaturiste du XIXe siècle), puis à la Ligue communiste révolutionnaire l'année de son bac. Après des études de philosophie rapidement avortées et plusieurs petits boulots insolites, un accident de voiture bouleverse sa vie : il devient ergothérapeute et travaille successivement dans un service de gériatrie puis un service de rééducation pour bébés atteints de maladies congénitales, et enfin dans un hôpital psychiatrique où il exerce les fonctions d'instituteur. Inspiré par l'univers de Jean-Patrick Manchette, son premier roman, 'Le Bal des débris', est publié en 1984 bien qu'il ait été écrit quelques années plus tôt. 'Mémoire en cage' paraît en 1982, suivent 'Mygale' et 'La Bête et la belle', qui confirment le talent de Thierry Jonquet pour le roman au réalisme dur, hanté par la violence et les questions de société. Ainsi, 'Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte', paru en 2006 évoque sans tabous la violence et l'antisémitisme qui sévissent dans certaines banlieues. Thierry Jonquet a également scénarisé plusieurs bandes dessinées parmi lesquelles 'Du papier faisons table rase', dessiné par Jean-Christophe Chauzy. Plébiscité par la critique, l'une des plus élogieuses est signée Tonino Benacquista qui écrit de lui : 'Jonquet sculpte la fiction, c'est le matériau qu'il façonne pour lui donner une âme, le même que celui d'Highsmith ou de Simenon, il est difficile d'en citer beaucoup d'autres.' Alors qu'il venait de publier 'Ad Vitam aeternam', Thierry Jonquet, décède en août 2009, après avoir lutté deux semaines contre la maladie.

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Mon avis : (lu en août 2009)

C'est en lisant les premières lignes de ce livre que j'ai découvert des noms de personnages qui ne m'étaient pas inconnus... En effet, ce sont ceux de la série télévisée "Boulevard du Palais", qui ont été inspirés par ce livre de Thierry Jonquet. C'est une série que j'aime beaucoup regarder et cela m'a donnée d'autant plus envie de lire "Les orpailleurs".

Cela commence à Belleville avec la découverte du cadavre d'une jeune femme à qui il manque une main. Quelques jours plus tard, on trouve d'autres victimes avec la même mutilation. L'enquête est mené par le commissaire Rovère et la juge Nadia Lintz. Le commandant Gabriel Rovère est un flic désabusé et alcoolique qui effectue pourtant son métier avec beaucoup de talent. La juge Nadia Lintz se donne totalement à son métier pour oublier des problèmes familiaux, elle vient également d'emménager et sympathise avec son propriétaire, l'étrange Isy Szalcman.

Le livre est bien plus fort que la série, les personnages sont attachants et forts. L'intrigue est parfaitement menée, j'ai eu beaucoup de peine à lâcher le livre pour vaquer à mes occupations quotidiennes ! L'auteur nous présente tous les mécanismes d'une enquête judiciaire vue de l'intérieur. Il nous donne également le point de vue du meurtrier que nous suivons dans ses œuvres funestes. Plusieurs enquêtes s'entremêlent : aujourd'hui et dans le passé, à Belleville mais aussi jusqu'en Pologne, on passe du fait divers et une affaire d'un tueur en série à l'Histoire avec un grand H. Les descriptions sont si précises qu'on visualise facilement les lieux ou l'action décrite. L'histoire est sombre mais certains dialogues sont plein d'humour.

En conclusion, je suis vraiment contente d'avoir découvert ce livre qui m'a beaucoup plu et je compte lire d'autres Thierry Jonquet.

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La série « Boulevard du Palais » existe depuis 1999, avec Anne Richard (la Juge Nadia Lintz), Jean-François Balmer (Commandant Gabriel Rovère), Olivier Saladin (le docteur Pluvinage : médecin légiste, poète à ses heures), Marion Game (greffière totalement dévouée à sa patronne), Philippe Ambrosini (Dimeglio), Michel Robin (Isy Szalcman): le propriétaire de Nadia)... Certains scénarios sont signés Thierry Jonquet.

Extrait : (page 12)

Dimeglio, entraîné par ses cent kilos, poursuivit sa descente tout schuss, atteignit le premier étage, faillit glisser sur le palier de l’entresol, se rattrapa tant bien que mal, et jaillit au-dehors, sous le regard épouvanté de la concierge, une Mme Duvalier, sans aucun rapport avec le dictateur, évidemment. Ladite dame s’était munie d’un de ces masques que portent les maçons afin de se protéger de la poussière, lorsqu’ils poncent les murs, ou dans d’autres circonstances analogues. Bravache, elle se tenait devant sa loge, les deux poings sur les hanches, le bigoudi en bataille. Une nature, la Duvalier ! songea Dimeglio, en serrant les dents.

Il sortit dans la rue, avala quelques goulées d’air frais, puis dévisagea un à un les badauds qui l’observaient, effarés. Ils étaient nombreux malgré l’heure matinale et l’interrogeaient du regard, attentifs, comme s’ils s’attendaient à ce qu’il prononce une allocution.

Une délégation de petites vieilles du quartier, accourues à l’annonce de la nouvelle, portant toutes un cabas vide mais déjà prêt à recevoir les trésors qu’elles iraient glaner sur le marché du boulevard de Belleville, plus tard, à la fin de la matinée, quand les commerçants abandonnent sur le macadam les légumes invendables.

Puis les menuisiers d’un atelier voisin, aux cheveux couverts de sciure, graves et vaguement condescendants ; ils s’étaient résolus, après mille réticences, à abandonner varlope et trusquin pour venir voir œuvrer la flicaille.

Et encore, massés au carrefour, craintifs, prêts à déguerpir au moindre signe hostile, quelques manutentionnaires tamouls employés dans les ateliers de confection du quartier, et qui ne lâchaient pas pour autant leurs diables chargés de ballots de tissus bariolés.

Indifférent à leur attente, Dimeglio reprit lentement son souffle. Son regard croisa celui d’un vieillard très raide, qui semblait surveiller la place comme un général le champ de bataille. Malgré la douceur du temps, il portait un curieux manteau de cuir à martingale, dont la coupe évoquait une quelconque origine militaire. Appuyé sur une canne, goguenard, sa casquette vissée sur le front, il toisait les flics d’un air supérieur, mécontent de leur précipitation et en même temps amusé par le spectacle de leur apparente incompétence. Un troisième car de police en tenue – Dimeglio disait « le prétoriens » - se faufila sur la petite place et les hommes en descendirent pour se déployer en renfort face aux badauds. Alignés sur le trottoir, ils interdirent l’accès des immeubles proches de celui où l’on avait trouvé le corps. Une camionnette de pompier occupait déjà le terre-plein de la place, garée au beau milieu d’un quadrilatère formé par des platanes rabougris.

- Le commissaire a pensé que c’était mieux d’envoyer des renforts. C’est un quartier sensible, ici ! expliqua le brigadier en s’avançant vers Dimeglio.

Livres dans ma PAL de Thierry Jonquet :

mon_vieux"Mon vieux", du_pass__faisons_table_rase_p"Du passé faisons table rase"

21 août 2009

Le Club des policiers yiddish - Chabon Michael

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Robert Laffont – janvier 2009 – 486 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle D. Philippe

Quatrième de couverture :

Drôle d’époque pour les Juifs. L’Alaska est leur nouvelle patrie, froide, sombre, désolée, lointaine. La vie y est dure, mais rien de neuf à ça. Les rabbins ont versé dans la criminalité, les criminels se sont tournés vers Dieu, et l’inspecteur Landsman a sombré dans la bouteille. Son mariage, sa carrière, l’alcool… Autant de problèmes dont il se passerait bien. Et puis il y a ce corps avec un trou dans la tête, en bas, dans le hall de l’hôtel.

Présentation de l'éditeur
Après le succès des Extraordinaires Aventures de Kavalier & Clay, prix Pulitzer 2001,
Le Club des policiers yiddish est le nouveau chef-d'œuvre de Michael Chabon.
Le district de Sitka, en Alaska, est le nouvel Israël. Y vivent deux millions de Juifs parlant le yiddish. L'inspecteur Meyer Landsman, de la brigade des homicides, est chargé de faire régner la paix dans cette communauté désobéissante et encline aux mystères. Ainsi, dans un hôtel minable, Landsman découvre un junkie assassiné qui s'avère être le fils du plus puissant rabbin de Sitka, le chef des verbovers, des Juifs ultra-orthodoxes. Des ordres venant de l'étranger exigent la clôture de l'enquête mais Landsman s'obstine : ce mort lui plaît et il refuse de laisser son assassinat impuni... Le rabbin aurait-il commandité le meurtre de son fils ? Dans quel but ? Et quels liens entretient la communauté verbover avec d'étranges commandos parlant hébreu ?

Dans une tradition typiquement américaine, Michael Chabon emprunte à tous les genres avec allégresse : légendes des émigrés juifs d Europe de l'Est, roman noir, roman d'anticipation, critique politique de l'après - 11 Septembre et réflexion morale sur les dérives religieuses. Hommage à Chandler et à Charyn, Le Club des policiers yiddish, lauréat du prix Hugo 2008 va être adapté au cinéma par les frères Coen (The Big Lebowski, Fargo, No Country for Old Men...) et a reçu un accueil enthousiaste aux États-Unis : « Une réussite, comme si Raymond Chandler et Philip K. Dick avaient fumé un joint en compagnie d'Isaac Bashevis Singer... » New York Review of Books.

Biographie de l'auteur
L'auteur : Michael Chabon vit en Californie, avec sa femme Ayelet Waldman, écrivain elle aussi, et leurs quatre enfants. Il est l auteur de nombreux romans et recueils de nouvelles. Les Mystères de Pittsburg (Fixot 1988, réédité en janvier 2009 dans la collection Pavillons Poche) ; Avenue de l Océan (Nouvelles, Fixot, 1991) ; Des garçons épatants (Nouvelles, Robert Laffont, 1995 et 2001) ; Les Loups-garous dans leur jeunesse (Robert Laffont, 1999). Son talent a été consacré par le prix Pulitzer pour Les Extraordinaires Aventures de Kavalier & Clay (Robert Laffont, 2004).

Mon avis : (lu en août 2009)

Au début j'ai été un peu dérouté par les termes en yiddish et en argot qui sont couramment utilisés tout au long du livre, il y a heureusement un glossaire en fin de livre.

Le livre commence dans un hôtel miteux et glauque à Sitka en Alaska, c'est la que vit l'inspecteur Landsman, dans une chambre voisine, on retrouve le corps d'un junkie tué par balle. Landsman et son co-équipier Berko commencent leur enquête... Cette enquête les va mener dans l'univers fermé des Verbovers, sorte de mafia juive orthodoxe.

L'enquête en elle-même est assez classique, mais le décor est original et l'Histoire un peu revisité : en effet l'éditeur nous dit que "le district de Sitka, en Alaska, est le nouvel Israël. Y vivent deux millions de Juifs...". Les membres de cette communauté trouvent avec leurs religions et coutumes des arrangements assez tordus et souvent risibles. A Sitka, on peut vous menacer de mort mais en même temps vous souhaiter un fraternel "bon shabbat !", parce que tout les vendredis soir, on respecte certains principes...

On rencontre des personnages originaux et attachants : l'inspecteur Landsman est un anti-héros, il est alcoolique et divorcé, son équipier Berko est un colosse indien par sa mère et juif par son père il est lui-même marié, père de 2 jeunes garçons.

On pénètre dans un univers entre réalité et imaginaire et on se trouve plongé dans cet univers juif où se mêle humour, dérision et fantaisie... J'ai passé un bon moment, mais, j'ai été un peu déçue par rapport aux critiques dithyrambiques de la quatrième de couverture.

Les frères Coen travaillent à l’adaptation de ce livre pour le cinéma. A suivre...

Extrait : (début du livre)

Neuf mois que Landsman crèche à l’hôtel Zamenhof sans qu’aucun des autres pensionnaires ait réussi à se faire assassiner. Et maintenant quelqu’un a logé une balle dans la cervelle de l’occupant du 208, un Yid du nom d’Emanuel Lasker.
- Il n’a pas répondu au téléphone, il ne voulait pas ouvrir, explique Tenenboym, le gérant de nuit, en venant tirer Landsman de son lit.
Landsman, lui, est au 505, avec vue sur l’enseigne au néon de l’hôtel situé de l’autre côté de Max Nordau Street. Celui-là s'appelle le Blackpool, mot qui revient souvent dans les cauchemars de Landsman.

- … Il a bien fallu que j'entre dans sa chambre.

Le gérant de nuit est un ancien marine américain, qui a décroché de l'héroïne dans les années 1960, après être revenu de la sale guerre cubaine. Il porte un intérêt tout maternel aux clients du Zamenhof. Il leur fait crédit et veille à ce qu'on leur fiche la paix quand c'est ce qu'ils veulent.

- Tu n'as touché à rien dans la pièce ? demande Landsman.

- Juste au fric et aux bijoux.

Landsman met son pantalon, se rechausse et remonte ses bretelles. Lui et Tenenboym tournent ensuite leurs regards vers la poignée de porte, à laquelle pend une cravate rouge barrée d'une grosse rayure marron, déjà nouée pour gagner du temps. Landsman a huit heures à tuer avant son prochain service. Huit misérables heures à biberonner dans son aquarium garni de sciure de bois. Il soupire et tend la main vers sa cravate. Il l'enfile par la tête, puis resserre le nœud. Il endosse son veston, palpe la poche poitrine à la recherche de son portefeuille et de sa plaque, tapote le sholem qu'il porte dans un holster sous l'aisselle, un Smith & Wesson à canon scié modèle 39.

- J'ai horreur de vous réveiller, inspecteur, reprend Tenenboym. Mais j'ai remarqué que vous ne dormez pas vraiment.

- Si, je dors, réplique Landsman, ramassant le verre qui ne le quitte plus en ce moment, un souvenir de l'Exposition universelle de 1977. Simplement je dors en caleçon et chemise...

Il lève son verre et trinque aux trente années écoulées depuis l'Exposition universelle de Sitka.

Un sommet de la civilisation juive dans le Nord, prétend-on, et qui est-il pour discuter ? Meyer Landsman avait quatorze ans cet été-là, il venait de découvrir les charmes des femmes juives, pour qui 1977 avait dû être en effet une sorte d'apothéose.

8 août 2009

Une mort esthétique – P.D. James

une_mort_esth_tique Fayard – avril 2009 – 440 pages

traduit de l'anglais par Odile Demange

Résumé du livre :

Quand la célèbre journaliste d'investigation Rhoda Gradwyn s'inscrit dans la clinique privée du docteur Chandler-Powell pour faire disparaître une cicatrice qui la défigure depuis l'enfance, elle a en perspective une opération réussie par un chirurgien reconnu, une paisible semaine de convalescence dans l'un des plus beaux manoirs du Dorset et le début d'une nouvelle vie. Mais, malgré le succès de l'opération, elle ne quittera pas Cheverell Manor vivante. Le commandant Dalgliesh et son équipe, appelés pour enquêter sur ce qui se révèle être un meurtre, puis sur une deuxième mort suspecte, se trouvent confrontés à des problèmes qui les mèneront bien au-delà de la simple recherche des coupables.

Phyllis Dorothy James mène ici sa dix-septième intrigue policière avec toute l'acuité et l'inventivité dont elle a le secret : un cadre pittoresque ; des personnages bien campés et dont la psychologie occupe une place importante, avec de nombreux retours sur leur passé ; l'équipe d'enquêteurs habituelle (Adam Dalgliesh, Kate Miskin, Francis Benton-Smith) ; le tout assorti de réflexions sur la structure sociale britannique, la nature humaine, la limite floue entre culpabilité et innocence, le poids du passé sur les destinées individuelles, le rôle fatal que peuvent jouer certains médias.

Auteur : Née en 192O, Phyllis Dorothy James sera tour à tour secrétaire, assistante de régie et directrice administrative d'un hôpital, avant de diriger un laboratoire médico-légal. En 1962, elle publie son premier roman, A Visage couvert. Il est signé P.D. James, afin de cacher que son auteur est une femme. Adam Dalgliesh, déjà présent dans ce premier titre, devient le héros emblématique des romans policiers de cet écrivain atypique, qui s'attache à mêler le suspense aux descriptions psychologiques. Devenue magistrat à la retraite aujourd'hui, anoblie par la reine en 1990, elle poursuit l'écriture et la promotion de ses romans avec le même succès.

Mon avis : (lu en août 2009)

C'est le deuxième livre de P.D. James que je lis après Le Phare. J'aime ce genre de policier anglais assez traditionnel. L'intrigue est très bonne, on ne s'ennuie pas un instant, petit à petit les pièces du puzzle s'assemble. Les personnages sont fort bien décrits, aussi bien les policiers à la suite du commandant Adam Dalgliesh que les occupants du manoir. J'aime cette ambiance lourde et mystérieuse de la campagne anglaise, ici nous sommes en plein hiver dans le Dorset, dans un vieux manoir imposant et isolé. J’aime également beaucoup la couverture qui reflète parfaitement l'atmosphère de ce roman policier avec lequel j'ai passé de très bons moments.

Extrait : (page 45)

Le mardi 27 novembre à quatorze heures, Rhoda était prête à partir pour son premier séjour à Cheverell Manor. Ses derniers articles avaient été rédigés et remis à temps, comme toujours. Elle n'avait jamais pu quitter sa maison, fût-ce pour une nuit, sans que tout soit en ordre, le ménage impeccablement fait, les poubelles vidées, les papiers rangés dans son bureau, la fermeture des portes intérieures et des fenêtres vérifiée. Le lieu qu'elle considérait comme son foyer devait être impeccable avant son départ, comme si ce souci du détail garantissait qu'elle y reviendrait saine et sauve.

En même temps que la brochure du manoir, on lui avait remis un plan pour se rendre dans le Dorset, mais comme elle le faisait toujours quand l'itinéraire ne lui était pas familier, elle avait noté les étapes sur un bristol qu'elle placerait sur le tableau de bord. Il y avait eu des éclaircies au cours de la matinée, mais malgré son départ tardif, elle mit du temps à sortir de Londres et au moment où, près de deux heures plus tard, elle quitta la M3 pour s'engager sur la route de Ringwood, le jour déclinait déjà. Le crépuscule s'accompagna de violents bourrasques de pluie qui, en l'espace de quelques secondes, se transformèrent en averse diluvienne. Tressautant comme des créatures vivantes, les essuie-glaces n'arrivaient pas à écarter cette masse d'eau. Elle ne voyait devant elle que la lueur de ses phares sur un ruissellement de plus en plus dense. Elle ne distinguait que très peu d'autres véhicules. Elle jugea plus prudent de s'arrêter et scruta le bord de la route à travers un mur de pluie, cherchant un accotement stable, recouvert d'herbe. Quelques minutes plus tard, elle put se diriger précautionneusement vers quelques mètres de terrain plat, devant le lourd portail d'une ferme. Ici, au moins, ses roues ne risquaient pas de s'enfoncer dans un fossé caché ou dans de la boue spongieuse. Elle coupa le moteur et écouta la pluie qui martelait le toit comme une grêle de balles. Sous ce déluge, la BMW était un havre de paix métallique, qui accentuait encore le tumulte extérieur. Elle savait qu'au-delà d'invisibles haies taillées s'étendait une des plus belles campagnes d'Angleterre, mais pour le moment, elle se sentait murée dans une immensité à la fois étrangère et potentiellement hostile. Elle avait éteint son portable, avec soulagement, comme toujours. Personne au monde ne savait où elle était, personne ne pouvait la joindre. Aucun véhicule ne passait et, à travers le pare-brise, elle ne voyait que la muraille d'eau et, au-delà, des traînées lumineuses tremblotantes qui indiquaient la présence de maisons lointaines. Généralement, elle appréciait le silence et n'avait aucun mal à tenir son imagination en bride. Elle envisageait sereinement l'opération à venir, tout en étant consciente des risques d'une anesthésie générale. Mais elle se sentait en proie à un malaise plus profond que la simple appréhension due à cette visite préliminaire ou à l'imminence de l'intervention. C'était un sentiment, jugea-t-elle, trop proche de la superstition pour être agréable, comme si une réalité qu'elle avait ignorée ou refoulée jusque-là s'imposait progressivement, exigeant d'être reconnue.

La rivalité sonore de l'orage rendait vaine toute tentative pour écouter de la musique ; elle se laissa donc aller contre le dossier de son siège et ferma les yeux.

24 juin 2009

Les sirènes d'Alexandrie – François Weerts

Les_sir_nes_d_Alexandrie Actes Sud – novembre 2008 – 317 pages

Présentation de l'éditeur
1984, Bruxelles est en pleine mutation architecturale. Dans le quartier où des filles s'exposent en vitrine, Antoine Daillez vient d'hériter de L'Alexandrie, lieu de plaisirs dont les pintes de bière ne sont pas seules responsables. Mais drames et incidents se multiplient autour de ce bar qui semble susciter bien des convoitises. La vieille Mémé Tartine, locataire si gentille avec les travailleuses du quartier, est retrouvée assassinée. Des skinheads aux ordres d'un parti d'extrême droite flamand s'attaquent à l'établissement, à sa patronne et à l'une des filles. La sauvegarde de la morale n'est certainement pas leur motivation. Pas plus que la protection offerte par Monaco, le caïd du quartier, ne doit avoir pour but la défense du petit commerce... Pour essayer de comprendre, Antoine doit fouiller la jeunesse de son grand-père, aidé par Martial Chaidron, inspecteur de la brigade des mœurs, et Piotr Bogdanovitch, historien de son état. Les secrets découverts datent du temps de l'Occupation, quand se jouait un jeu trouble, dont l'un des acteurs n'était pourtant qu'un homme ordinaire, avec ses raisons, ses faiblesses, ses failles - pas forcément politiques. Les Sirènes d'Alexandrie s'inscrivent dans la meilleure tradition du roman noir. Celle qui sait dire, avec son lot de violence et d'amour, un destin personnel sur fond social urbain où misères et espoirs, qu'ils soient communs ou individuels, sont bien souvent balayés par le vent de l'Histoire.

Biographie de l'auteur
Journaliste belge établi à Waterloo, François Weerts, est né en 1960 à Addis-Abeba.

Mon avis : (lu en juin 2009)

J'ai choisi ce livre à la bibliothèque, car il fait parti de la collection "actes noirs" d'Actes Sud. C'est l'histoire d'Antoine Daillez un jeune journaliste bruxellois qui vient d'hériter de son grand père d'un bien particulier... un hôtel de passe : "L' Alexandrie" situé derrière la gare du Nord de Bruxelles. Cette établissement se trouve au centre de drames et d'incidents mais aussi semble susciter des convoitises. A travers ce roman policier, il est question des heures noires de la collaboration belge durant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi des tensions qu'il existe aujourd'hui entre Flamands et Wallons. L'auteur nous fait une description très précise de Bruxelles des années 80 avec son quartier des vitrines qui aujourd'hui a été rasé pour faire place à des bureaux. L'intrigue est palpitante, nous sommes plongés dans un monde de la nuit à la fois attachant et violent.

En conclusion, j'ai passé un très bon moment en compagnie de ce livre. A découvrir.

Extrait :

Tout à l'heure, Antoine a bu une bière au bar de l'hôtel Métropole où il est descendu pour trois jours. L'endroit n'a pas désempli de sa population de dames mûres venues siroter leur apéritif, mi-cham­pagne, mi-vin blanc. Il les a écoutées papoter en relevant quelques glissements dans les accents, moins de finales traînantes à la wallonne, pas un seul mot en flamand dans les phrases, peu d'éli­sions brutales, de chocs rocailleux, de consonnes gutturales dont l'articulation s'attarderait du côté du voile du palais. Bref, un gommage appuyé de l'ac­cent bruxellois à l'ancienne. Leur parler est tou­jours aussi exclamatif, et c'est à cette emphase que l'on reconnaîtra longtemps les Bruxellois. Mais les buveuses de champagne coupé s'expriment avec des intonations snobs dans la volonté évidente de rejeter des origines peu patriciennes.

Antoine a observé avec amusement cette évolu­tion rendue perceptible par son éloignement pro­longé de Bruxelles. A la sortie du bar, la place de Brouckère correspond à son souvenir. Bien entendu, le cinéma s'est converti à la mode du multiplex. Des agences de travail intérimaire ont remplacé les magasins de vêtements. Le mobilier urbain griffé Decaux a envahi l'espace. Et les voiries ont profité d'un réaménagement complet. Mais dans l'ensemble les lieux conservent l'atmosphère d'urgence, l'am­biance empressée qu'il leur connaissait. Bus, voitures et piétons se bousculent en ce début d'après-midi. Une foule de citadins retournent travailler après s'être restaurés d'un rapide sandwich pris à l'un des snacks du quartier. Des chômeurs, des pensionnés, des étudiants entre deux cours flânent, aimantés par l'effervescence rassurante de la ville.

Antoine se fraie un passage dans cette cohue tré­pidante. La place de Brouckère est l'un des rares endroits d'une Bruxelles alanguie où l'on puisse goûter à l'agitation des mégapoles. Il se dirige vers le boulevard Adolphe-Max pour rejoindre la place Rogier, ce même boulevard arpenté avec Martial un jour de novembre 1984, après un filet américain qui lui était resté en travers de la gorge. L'artère voit défiler davantage de voitures encore. Ses immeubles haussmanniens demeurent aussi peu engageants. Et si leur alignement continue à évoquer les boule­vards parisiens, l'interprétation est toujours d'un genre maussade. Ici l'agitation s'essouffle, sauf celle du trafic qui se précipite dans cet axe. Les com­merces n'ont pas proliféré. Antoine note la dispari­tion d'un cinéma tous publics, comme d'ailleurs celle des salles qui promettaient des scènes pimentées sur l'écran et du spectacle à l'entracte. L'industrie du porno n'a cependant pas été évacuée du boule­vard. Les peep-shows se sont multipliés, accouplés à des boutiques de DVD crades.

20 juin 2009

Millenium, Tome 3 - Stieg Larsson

La reine dans le palais des courants d'air

mill_nium3 Actes Sud – septembre 2007 – 710 pages

Traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain

Présentation de l'éditeur
Que les lecteurs des deux premiers tomes de la trilogie Millénium ne lisent pas les lignes qui suivent s'ils préfèrent découvrir par eux-mêmes ce troisième volume d'une série rapidement devenue culte. Le lecteur du deuxième tome l'espérait, son rêve est exaucé : Lisbeth n'est pas morte. Ce n'est cependant pas une raison pour crier victoire : Lisbeth, très mal en point, va rester coincée des semaines à l'hôpital, dans l'incapacité physique de bouger et d'agir. Coincée, elle l'est d'autant plus que pèsent sur elle diverses accusations qui la font placer en isolement par la police. Un ennui de taille : son père, qui la hait et qu'elle a frappé à coups de hache, se trouve dans le même hôpital, un peu en meilleur état qu'elle... Il n'existe, par ailleurs, aucune raison pour que cessent les activités souterraines de quelques renégats de la Säpo, la police de sûreté. Pour rester cachés, ces gens de l'ombre auront sans doute intérêt à éliminer ceux qui les gênent ou qui savent. Côté forces du bien. on peut compter sur Mikael Blomkvist, qui, d'une part, aime beaucoup Lisbeth mais ne peut pas la rencontrer, et, d'autre part, commence à concocter un beau scoop sur des secrets d'Etat qui pourraient, par la même occasion, blanchir à jamais Lisbeth. Mikael peut certainement compter sur l'aide d'Armanskij, reste à savoir s'il peut encore faire confiance à Erika Berger, passée maintenant rédactrice en chef d'une publication concurrente.

Biographie de l'auteur
Né en 1954, Stieg Larsson était journaliste. Il est décédé brutalement en 2004, juste après avoir remis à son éditeur les trois tomes de la trilogie
Millénium dont le premier est disponible chez Actes Sud (Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, 2005) et le deuxième (La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette, 2006).

Mon avis : (lu en juin 2009)

C'est avec beaucoup de nostalgie que j'ai fermé ce troisième tome qui achève cette superbe série de Millénium. J'ai adoré suivre les aventures du couple improbable que sont Lisbeth et Mikael. Millénium n'est pas un simple roman policier mais surtout une étude sociologique de la société Suédoise.
Au début de ce troisième tome, nous retrouvons Lisbeth et Mickael quelques heures à peine après la fin du second tome. Lisbeth est dans un sale état inconsciente, avec une balle dans la tête, une balle dans la hanche et une dans l'épaule, Mikaël est menotté... La rédaction de Millénium va se mobiliser pour faire défendre Lisbeth. On retrouve aussi tous les soutiens de Lisbeth qui se s'unissent : Dragan Armanskij, son ancien patron, de même que son ancien tuteur. Certains policiers vont aussi rejoindre ce camp.
Nous allons être plongé dans une enquête, minutieuse, au cœur de complots politiques, de trafics en tout genre et de la police secrète.

Un immense plaisir de lecture, comme pour les deux volumes précédents, j'ai commencé lentement ce troisième tome et rapidement je n'ai pas pu le lâcher avant la fin de cette nouvelle histoire toujours aussi passionnante et captivante. Finalement, je suis bien triste de quitter les héros de Millénium qui m'étaient devenus familiers . Le journaliste suédois Stieg Larsson aurait rédigé les deux cent premières pages du tome 4 avant de décéder. Pourra-t-on un jour lire ce mystérieux Millénium 4 ?

Extrait : (page 19)

Mikael Blomkvist lorgna sur la montre et constata qu'il était 3 heures et des poussières. Il avait des menottes aux poignets. Il ferma les yeux pendant une seconde. Il était exténué mais l'adrénaline lui faisait tenir le coup. Il rouvrit les yeux et regarda hargneusement le commissaire Thomas Paulsson qui lui rendit un regard embêté. Ils étaient assis autour d'une table de cuisine dans une ferme d'un patelin qui s'appelait Gosseberga, quelque part près de Nossebro, et dont Mikael avait entendu parler pour la première fois de sa vie moins de douze heures auparavant.

La catastrophe venait d'être confirmée.

- Imbécile, dit Mikael.

- Écoutez-moi...

- Imbécile, répéta Mikael. Je l'ai dit, putain de merde, qu'il était un danger de mort ambulant. J'ai dit qu'il fallait le manier comme une grenade dégoupillée. Il a tué au moins trois personnes, il est bâti comme un char d'assaut et il tue à mains nues. Et vous, vous envoyez deux gardiens de la paix pour le cueillir comme s'il était un simple poivrot à la fête du village.

Mikael ferma les yeux de nouveau. Il se demanda ce qui allait bien pouvoir encore foirer au cours de cette nuit.

Il avait trouvé Lisbeth Salander peu après minuit, grièvement blessée. Il avait appelé la police et réussi à persuader les Services de secours d'envoyer un hélicoptère pour évacuer Lisbeth à l'hôpital Sahlgrenska. Il avait décrit en détail ses blessures et le trou que la balle avait laissé dans son crâne, et il avait trouvé un appui auprès d'une personne intelligente et sensée qui avait compris que Lisbeth avait besoin de soins immédiats.

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