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A propos de livres...
14 octobre 2010

L'étrangleur de Cater Street de Anne Perry

Lu dans le cadre du Baby Challenge Polar 2011
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Baby Challenge - Polar Livraddict : 7/20 déjà lus

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10/18 – septembre 1999 – 384 pages

10/18 – avril 2002 – 381 pages

traduit par Annie Hamel et Roxanne Azimi

Quatrième de couverture :
Suffragette avant l'heure, l'indomptable Charlotte Ellison contrarie les manières et codes victoriens et refuse de se laisser prendre aux badinages des jeunes filles de bonne famille et au rituel du tea o'clock.
Revendiquant son droit à la curiosité, elle parcourt avec intérêt les colonnes interdites des journaux dans lesquels s'étalent les faits divers les plus sordides.
Aussi bien le Londres des années 1880 n'a-t-il rien à envier à notre fin de siècle : le danger est partout au coin de la rue et les femmes en sont souvent la proie.
Dans cette nouvelle série " victorienne ", la téméraire Charlotte n'hésite pas à se lancer dans les enquêtes les plus périlleuses pour venir au secours du très séduisant inspecteur Thomas Pitt de Scotland Yard. Charmante Sherlock Holmes en jupons, Charlotte a déjà séduit l'Angleterre et les États-Unis. La voici partie à l'assaut de l'Hexagone.

Auteur : Juliet Hulme, habituellement connue sous son pseudonyme d'Anne Perry est un auteur de romans policiers victoriens. Elle est la fille d'Henry Hulme, astronome, physicien nucléaire et mathématicien qui, en vue de soigner sa tuberculose, l'envoya d'abord dans des sanatoriums aux Antilles puis en Afrique du Sud. Le choix de son père d'accepter en 1948 sa nomination comme recteur de l'Université de Canterbury (Nouvelle-Zélande), a certainement été influencé par la possibilité de faire soigner son enfant. La jeunesse d'Anne Perry fut mouvementée, puisqu'elle fut poursuivie et condamnée, en 1954, pour le meurtre de la mère d'une amie très proche, accompli avec celle-ci. Cet épisode tourmenté de sa vie est directement à l'origine du film 'Créatures célestes' (1994), coécrit et coproduit par son mari Peter Jackson, qui en assurera la réalisation. Son besoin d'écriture semble avoir toujours existé mais il lui faudra attendre une vingtaine d'années avant de voir ses efforts couronnés de succès par la publication en 1979 de 'L' Etrangleur de Cater Street', premier d'une longue série de succès mérités. Sans délaisser sa spécialisation victorienne, elle a toutefois fait quelques incursions dans le domaine de la littérature fantastique et a débuté une nouvelle série policière ayant pour cadre le Paris de la Révolution française. Elle vit aujourd'hui en Ecosse.

Mon avis : (lu en octobre 2010)

Ce roman se déroule à Londres, sous le règne de Victoria. C'est le premier de la série qui met en scène Charlotte Ellison et l'inspecteur Thomas Pitt.

Un série de meurtres mettant en scènes des jeunes femmes étranglées ont lieu dans Cater Street, et affole la famille Ellison et leurs voisins. C’est l'inspecteur Thomas Pitt est chargé de mener l'enquête.

Dans la famille Ellison, il y a trois filles, Sarah, l'aînée est mariée, la plus jeune, Emily, travaille ardemment à se trouver un mari. La dernière, Charlotte, est une fille atypique de la bonne bourgeoisie de Londres, elle refuse les règles rigides et absurdes de la bonne société, elle est trop intelligente et trop directe pour se trouver un mari. L'intrigue est passionnante et bien construite, mais ce roman est également une critique très juste de la société victorienne. Les confrontations entre Charlotte et l'inspecteur Thomas Pitt sont vraiment très amusantes. Les personnages de cette série sont vraiment bien décrits et très attachants. Après cette découverte, je lirai certainement d’autres épisodes pour retrouver Charlotte et Thomas Pitt !

Extrait : (début du livre)
Charlotte Ellison se tenait au milieu du salon désert, le journal à la main. Son père avait commis l'imprudence de le laisser traîner sur la desserte. Il désapprouvait ce genre de lecture, préférant lui fournir des informations qui lui semblaient mieux convenir à l'éducation d'une jeune fille. Cela excluait les scandales, l'ordre politique ou personnel, les controverses de toute nature et, bien entendu, les crimes : tout ce qui, en fait, présentait un intérêt !
Aussi Charlotte devait-elle se procurer les journaux à l'office où Maddock, le majordome, les gardait pour les lire avant de les jeter. Elle avait donc toujours au moins un jour de retard sur le reste des Londoniens.
Quoi qu'il en soit, elle avait un quotidien du 20 avril 1881 entre les mains, donc un journal du jour. La nouvelle la plus remarquable était celle de la mort de Mr Disraeli, la veille. Charlotte se demanda comment réagissait Mr Gladstone. Éprouvait-il une sensation de vide ? Un ennemi juré occupe-t-il une place dans la vie d'un homme qu'un véritable ami ? Certainement, oui. Dans le tissu des émotions, l'ennemi correspond à une erreur dans la trame.

Charlotte entendit des pas dans l'entrée et rangea très vite le journal. Elle n'avait pas oublié la colère de son père, le jour où il l'avait surprise en train de lire un quotidien du soir, trois ans plus tôt. Il s'agissait d'un article sur cette affaire de diffamation entre Mr Whistler et Mr Ruskin. C'était donc différent. Cependant, lorsqu'elle avait émis le désir d'en savoir plus sur la guerre des Zoulous, racontée par des journalistes présents sur les lieux, son père s'était montré tout aussi intraitable. Pour finir, ç'avait été Dominic, le mari de sa soeur, qui l'avait régalée de savoureux récits. Hélas, chaque fois avec un jour de retard !

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3 octobre 2010

Innocent - Harlan Coben

Lu dans le cadre du Baby Challenge Polar 2011
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Baby Challenge - Polar Livraddict : 6/20 déjà lus

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Pocket – mars 2007 – 517 pages

Belfond – mars 2006 – 389 pages

traduit de l'américain par Roxane Azimi

Quatrième de couverture :
Un ami en danger
Une bagarre qui dégénère
Un accident
À vingt ans, Matt Hunter est devenu un assassin.
Treize ans plus tard, il mène enfin une vie paisible avec la femme qu’il aime, Olivia, enceinte de leur premier enfant.
Et puis, un jour, sur son portable, une vidéo d’Olivia dans une chambre d’hôtel en compagnie d’un inconnu.
Le cauchemar recommence.
Meurtres, disparitions, faux-semblants… un suspense explosif par le maître de nos nuits blanches.

Auteur : Harlan Coben est né et a grandi dans le New Jersey, où il vit avec sa femme et leurs quatre enfants. Après Ne le dis à personne... (2002), Disparu à jamais (2003), Une chance de trop (2004) et Juste un regard (2005), Innocent est son cinquième roman publié chez Belfond.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
Matt est un jeune homme dont la vie bascule à 20 ans, lors d'une bagarre il tue accidentellement un jeune homme. Il va être obligé de faire quatre ans de prison à sa sortie son grand frère va l'aider à s'en sortir. Il se marie avec Olivia et fonde une famille. Mais lorsque 11 ans après, il reçoit sur son portable une photo lui montrant sa femme en compagnie d'une homme dans une chambre d'hôtel. Matt ne veut pas croire que sa femme le trompe.
En parallèle, Loren Muse, enquêtrice de la brigade criminelle, est devant le cadavre d'une bonne sœur, qui a des implants mammaires. Sœur Mary Rose était professeur dans le lycée de jeunes filles Ste Margaret, là même où Loren a été élève. Bien sûr il y a un lien entre ses deux histoires... Comme d'habitude Halan Coben construit une intrigue pleine de surprises et de rebondissements. Ses personnages sont attachants et à travers cette histoire, Halan Coben dénonce des injustices et des souffrances : il est question de pauvreté, de prostitution, d'adoption et d'adolescence. C'est un bon thriller que j'ai beaucoup de plaisir à lire.

Extrait : (début du livre)
Prologue
VOUS N’AVEZ JAMAIS EU L’INTENTION DE LE TUER.
Votre nom est Matt Hunter. Vous avez vingt ans. Vous avez grandi dans une banlieue résidentielle du New Jersey, non loin de Manhattan. Votre quartier ne paie pas de mine, mais la ville elle-même est relativement riche. Vos parents travaillent dur et vous aiment inconditionnellement. Vous êtes leur deuxième enfant. Vous avez un grand frère que vous idolâtrez et une petite soeur que vous supportez.
Comme tous les gosses du voisinage, vous vous faites du souci pour votre avenir et vous interrogez sur l’université qui va vous accepter. Vous vous appliquez, vos notes sont bonnes, mais pas extraordinaires. Vous avez une moyenne de A –. Vous n’êtes pas dans les dix premiers, mais de peu. Vous avez d’honnêtes activités parascolaires ; entre autres, vous exercez la fonction de trésorier du lycée. Vous faites partie à la fois de l’équipe de foot et de celle de basket – vous êtes assez fort pour jouer en troisième division, mais pas suffisamment pour décrocher une bourse. Vous avez légèrement tendance à la ramener et vous ne manquez pas de charme. En termes de popularité, vous vous classez juste après le peloton de tête. Quand vous vous présentez aux tests de sélection qui vont décider de votre cursus universitaire, votre conseiller d’orientation est surpris par vos bons résultats.
Vous visez l’Ivy League, mais à vrai dire vous ne faites pas le poids. Harvard et Yale vous refusent tout net. Penn et Columbia vous placent sur liste d’attente. Pour finir, vous entrez à Bowdoin, un petit établissement select de Brunswick, dans le Maine. Vous vous y sentez bien.
Les classes sont petites. Vous vous faites des amis. Vous n’avez pas de copine attitrée, sans doute
parce que vous n’en voulez pas. En deuxième année, vous intégrez l’équipe de foot en tant qu’arrière. En troisième, vous commencez le basket, et maintenant que leur joueur vedette a terminé ses études, vous avez de grandes chances de gagner de précieuses minutes de temps de jeu.
C’est là, en revenant sur le campus entre le premier et le deuxième semestre de cette troisième année de fac, que vous tuez quelqu’un.

1 octobre 2010

Le bal des débris – Thierry Jonquet

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Fleuve Noir – 1984 – 224 pages

Mereal – 1998 – 189 pages

Librio – novembre 2000 – 126 pages

Librio – juin 2003 – 126 pages

Points – janvier 2010 – 186 pages

Quatrième de couverture :
Frédo aurait voulu être un gangster. Seulement, au lieu de manier la mitraillette devant un comptoir de banque, il pousse des chariots dans un hôpital pour vieux. Heureusement, il y a Lepointre, un vioque pas comme les autres, expert en combines et truand indécrottable. Quand une riche pensionnaire vient échouer à l'hosto, ils s'imaginent déjà des diamants plein les poches...

Auteur : Né à Paris en 1954, auteur de polars, Thierry Jonquet fait figure de référence dans ce genre littéraire et bien au-delà. Engagé politiquement dès son adolescence, il entre à Lutte ouvrière en 1970 sous le pseudonyme de Daumier (caricaturiste du XIXe siècle), puis à la Ligue communiste révolutionnaire l'année de son bac. Après des études de philosophie rapidement avortées et plusieurs petits boulots insolites, un accident de voiture bouleverse sa vie : il devient ergothérapeute et travaille successivement dans un service de gériatrie puis un service de rééducation pour bébés atteints de maladies congénitales, et enfin dans un hôpital psychiatrique où il exerce les fonctions d'instituteur. Inspiré par l'univers de Jean-Patrick Manchette, son premier roman, 'Le Bal des débris', est publié en 1984 bien qu'il ait été écrit quelques années plus tôt. 'Mémoire en cage' paraît en 1982, suivent 'Mygale' (1984), 'La Bête et la belle', 'Les Orpailleurs' (1993), qui confirment le talent de Thierry Jonquet pour le roman au réalisme dur, hanté par la violence et les questions de société. Ainsi, 'Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte', paru en 2006 évoque sans tabous la violence et l'antisémitisme qui sévissent dans certaines banlieues. Thierry Jonquet a également scénarisé plusieurs bandes dessinées parmi lesquelles 'Du papier faisons table rase', dessiné par Jean-Christophe Chauzy. Plébiscité par la critique, l'une des plus élogieuses est signée Tonino Benacquista qui écrit de lui : 'Jonquet sculpte la fiction, c'est le matériau qu'il façonne pour lui donner une âme, le même que celui d'Highsmith ou de Simenon, il est difficile d'en citer beaucoup d'autres.' Alors qu'il venait de publier 'Ad Vitam aeternam', Thierry Jonquet, décède en août 2009, après avoir lutté deux semaines contre la maladie.

Mon avis : (lu en septembre 2010)

Frédo travaille dans un service de gériatrie, il pousse des chariots. Il travaille entouré de vieillards qui attendent la fin de leur vie. Chez lui, il retrouve sa compagne Jeannine qui est une militante syndicaliste pure et dure. Sa vie pépère va être bouleversée par sa rencontre avec un pensionnaire de l’hôpital Alphonse Lepointre. Ce dernier est spécialiste en combines en tout genre. Lorsqu’ils découvrent que la chambre 9 du Bâtiment Nord est gardée par des vigiles. Ils décident d’organiser le vol d’une mallette pleine de bijoux. Mais bien sûr, tout ne se passera pas comme ils l’ont imaginé…
C’est l’occasion pour Thierry Jonquet de nous décrire de façon impitoyable et sans concession le milieu des hospices de vieux qu’il connaît bien ayant été quelque temps ergothérapeute dans un service de gériatrie.

L’intrigue est pleine de rebondissement, pleine d'ironie et d'humour noir mais pas toujours  crédible… J’ai cependant lu ce livre avec plaisir, même s’il ne fait pas parti de mes préférés de Thierry Jonquet.

Extrait : (début du livre)
Tout a commencé lorsque l'ambulance du SAMU a livré au service des urgences un accidenté de la voie publique répondant au nom de Lepointre Alphonse.
C'était il y a trois mois. Je poussais mes chariots. Mon boulot, c'est de pousser des chariots. Depuis quatre ans que je travaille à l'hosto, j'ai dû faire des centaines de kilomètres avec mes chariots. Je suis un expert en chariots, de beaux chariots avec deux grosses roues à l'avant et deux petites à l'arrière. Dossier en Skaï, frein à manette. C'est pas drôle de pousser des chariots, huit heures par jour. Des chariots vers le labo, des chariots vers la radio, des chariots vers les goguenots !

Et sur mes chariots, il y a des vieux. Parce que l’hosto où je travaille est un hosto pour vieux. Quand un vieux se casse une jambe, quand il se fait renverser par un bus, ou quand il avale le pommeau de sa canne pour en finir, on l'amène dans mon hosto. Pour qu'il y crève ! En fait d'hôpital, ce serait plutôt la salle d'attente du cimetière. Depuis que je pousse mes chariots, jamais je n’ai vu quelqu’un sortir d’ici vivant, sauf pour aller dans un autre hosto, ce qui n’est pas du jeu ! Ou bien, c’est une exception, comme Lepointre Alphonse…

Les vieux arrivent en ambulance, à pied, à plat ventre, sur le dos de leur petit-neveu, et c’est parti. Direction la chambre, la visite, les rayons, la rééducation : au bout du circuit, le cercueil. En face de la grande entrée, un magasin de pompes funèbres nous rejoint la vue, de sa façade aguicheuse. Le croque-mort sourit à ses futurs clients, lorsqu’ils passent devant son échoppe. C’est un Auvergnat, le beauf’ d’un type de l’hosto.

Déjà lu de Thierry Jonquet :

Ils_sont_votre__pouvante Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte

les_orpailleurs_p Les orpailleurs  mon_vieux Mon vieux

du_pass__faisons_table_rase_p Du passé faisons table rase ad_vitam_aeternam_p Ad vitam aeternam

m_moire_en_cage Mémoire en cage  moloch_p Moloch  mygale_p Mygale

le_secret_du_rabin_p Le secret du rabbin  la_belle_et_la_bete_p La Belle et la Bête

25 septembre 2010

La maison d'à côté - Lisa Gardner

Livre lu dans le cadre du partenariat Livraddict et Albin Michel

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Albin Michel – septembre 2010 – 432 pages

traduit de l’américain par Cécile Déniard

Quatrième de couverture :
Un fait divers dans une banlieue résidentielle de Boston passionne les médias. Sandra Jones, jeune maîtresse d'école et mère modèle a disparu. Seul témoin : sa petite fille de 4 ans. Suspect N°1 : un mari Jason. Dès qu'elle pénètre dans la villa douillette des Jones, l'inspectrice D.D. Warren sent que quelque chose cloche. Aux yeux de tous, Sandra et Jason Jones avaient tout du jeune couple amoureux. Mais de toute évidence, cette apparente normalité dissimulait des zones d'ombre redoutables. Au fil des jours, la disparition de la jeune femme devient de plus en plus inquiétante. Pourtant Jason Jones semble plus intéressé à faire disparaître les preuves et isoler sa fille que par rechercher sa femme « chérie ». Le parfait époux essaierait-il de brouiller les pistes ou cherche-t-il simplement à se cacher ? Mais de qui ?

Auteur : Les suspenses de Lisa Gardner sont des best-sellers aux États-Unis et en Grande Bretagne. Sauver sa peau (2009) a connu un vrai succès en France.
Lisa vit aux États-Unis, dans un petit hameau des montagnes du New Hampshire.

Mon avis : (lu en septembre 2010)
« Autopsie d'une famille au-dessus de tout soupçon : un couple de rêve, une maison de rêve, et quelques secret... inavouables. » Voilà ce qui est fort bien résumé sur la première page de la jaquette du livre. Cela commence par la disparition d'une jeune et jolie femme de sa maison de Boston sans laisser de traces. Le seul témoin de sa disparition est Ree, sa petite fille âgée de 4 ans. Le premier suspect est son mari Jason Jones. C'est l'inspectrice D.D Warren qui mène l'enquête et dès le début elle trouve bizarre le comportement de Jason... Il cache quelque chose. D'autres personnages vont entrer dans l'histoire, chacun a des secrets et chacun pourrait être le coupable idéal...
Voilà un livre dont l'intrigue est très bien construite, le suspens se met en place peu à peu, des indices apparaissent, des fausses pistes également. Le lecteur suit l'histoire à travers plusieurs voix celle du narrateur, celle de Sarah et celle d'Aidan Brewster. Et j'avoue avoir été surprise par le dénouement du livre, que je n'avais pas vu venir.
A travers cette histoire, l'auteur aborde les sujets des enfants maltraités et du fichage des délinquants sexuels. J'ai passé un très bon moment avec ce livre dont l'histoire m'a captivée.

Merci à Livraddict et aux éditions Albin Michel pour m'avoir permis de découvrir ce livre et cette auteure.

Extrait : (début du livre)
JE ME SUIS TOUJOURS DEMANDÉ ce que ressentaient les gens pendant les toutes dernières heures de leur existence. Savent-ils qu’un drame est sur le point de se produire ? Pressentent-ils la tragédie imminente, étreignent-ils leurs proches ? Ou bien est-ce que ce sont juste des choses qui arrivent ? La mère de famille qui couche ses quatre enfants en s’inquiétant des covoiturages du matin, du linge dont elle ne s’est pas encore occupée et du bruit bizarre que fait à nouveau la chaudière, quand elle entend soudain un craquement sinistre au bout du couloir. Ou l’adolescente qui rêve de son shopping du samedi avec sa Meilleure Amie pour la Vie et qui découvre en ouvrant les yeux qu’elle n’est plus seule dans sa chambre. Ou le père qui se réveille en sursaut et se demande Mais qu’est-ce que ? juste avant de recevoir un coup de marteau entre les deux yeux.
Pendant les six dernières heures du monde tel que je le connais, je donne son dîner à Ree. Des macaronis au fromage de chez Kraft avec des morceaux de saucisse de dinde. Je coupe une pomme en tranches. Ree mange la chair blanche croquante et laisse des demi sourires de pelure rouge. Toutes les vitamines sont dans la peau, lui dis-je. Elle lève les yeux au ciel – elle a quatre ans, mais là on dirait quatorze. C’est déjà la bagarre pour les vêtements : elle aime les jupes courtes, son père et moi préférons les robes longues ; elle veut un bikini, nous tenons à ce qu’elle porte un maillot de bain
une pièce. J’imagine que c’est l’affaire de quelques semaines avant qu’elle ne demande les clés de la voiture.
Ensuite elle veut partir à la «chasse au trésor» dans le grenier. Je lui réponds que c’est l’heure du bain. De la douche, en fait. Depuis qu’elle est bébé, nous nous lavons ensemble dans la vieille
baignoire à pattes de lion dans la salle de bains de l’étage. Ree savonne deux Barbie et un canard princesse en caoutchouc. Je la savonne, elle. Lorsque nous avons fini, nous sentons toutes les deux la lavande et la salle de bains carrelée de noir et blanc est une étuve.
J’aime le rituel qui suit la douche. Nous nous enveloppons dans d’immenses serviettes, puis nous filons tout droit par le couloir froid jusqu’au Grand Lit de la chambre que je partage avec Jason ; nous nous y allongeons, côte à côte, les bras emmaillotés, mais les doigts de pied qui dépassent et se frôlent. Notre chat tigré orange, M. Smith, saute sur le lit et nous dévisage de ses grands yeux dorés en remuant sa longue queue.
«Quel moment tu as préféré aujourd’hui ?» demandé-je à ma fille.
Ree plisse le nez. «Je ne me souviens plus.»
M. Smith s’éloigne de nous, se trouve un coin bien douillet près de la tête de lit et commence sa toilette. Il sait ce qui vient ensuite.
«Mon moment préféré, c’est quand j’ai eu droit à un gros câlin en rentrant du collège.» Je suis enseignante. Nous sommes mercredi.
Le mercredi, je rentre vers quatre heures. Jason part à cinq. Ree a l’habitude de cette organisation à présent. Papa s’occupe d’elle la journée, maman le soir. Nous ne voulions pas que notre enfant soit élevée par d’autres et nous avons ce que nous voulions.
«Je peux regarder un film?» demande Ree. Sempiternelle question. Elle passerait sa vie enchaînée au lecteur de DVD si on la laissait faire.
«Pas de film, réponds-je avec légèreté. Raconte-moi l’école.»
Elle revient à la charge :
«Un petit film, dit-elle avant de proposer d’un air triomphant : Nos amis les légumes !
– Pas de film», répété-je en dégageant un peu mon bras pour la chatouiller sous le menton. Il est près de huit heures du soir et je sais qu’elle est fatiguée et têtue. J’aimerais éviter un beau caprice
aussi près de l’heure du coucher. «Alors, raconte-moi l’école. Qu’est-ce que vous avez eu comme collation ?»
Elle libère ses bras et me chatouille sous le menton. «Des carottes !
– Ah oui ?» Encore des chatouilles, derrière son oreille. «Qui les a apportées ?
– Heidi ! »
Elle essaie d’atteindre mes aisselles. Je bloque adroitement sa manœuvre. «Arts plastiques ou musique ?
– musique !
– Chant ou instrument ?
– Guitare ! »
Elle enlève sa serviette et me saute dessus pour me chatouiller partout où elle le peut de ses petits doigts vifs, dernier débordement d’énergie avant l’effondrement de la fin de journée. J’arrive à la
repousser, mais roule en riant jusqu’à tomber du lit. J’atterris lourdement sur le parquet, ce qui ne fait que redoubler l’hilarité de Ree tandis que M. Smith émet un miaulement de protestation. Il sort de la chambre en trottinant, impatient désormais que notre rituel du soir s’achève.
Je sors un long tee-shirt pour moi et une chemise de nuit Petite Sirène pour elle. Nous nous brossons les dents ensemble, côte à côte devant le miroir ovale. Ree aime que nous crachions en même temps. Deux histoires, une chanson et une demi-comédie musicale plus tard, elle est enfin couchée, Doudou Lapine entre les bras et M. Smith roulé en boule à ses pieds.
Vingt heures trente. Notre petite maison est officiellement à moi. Je m’installe au bar de la cuisine. Je prends un thé en corrigeant des copies, le dos tourné à l’ordinateur pour ne pas être tentée.
L’horloge en forme de chat que Jason a offerte à Ree pour Noël miaule pour sonner l’heure. Le bruit résonne dans les deux étages de notre pavillon des années 1950, qui paraît ainsi plus vide qu’il
ne l’est réellement.
J’ai froid aux pieds. C’est le mois de mars en Nouvelle-Angleterre, les journées sont encore fraîches. Je devrais mettre des chaussettes, mais j’ai la flemme de me lever.
Vingt et une heures quinze, je fais ma ronde. Je pousse le verrou de la porte de derrière, vérifie les coins en bois enfoncés dans tous les châssis de fenêtre. Pour finir, je ferme le double verrou de la porte d’entrée métallique. Nous vivons à South Boston, dans un quartier résidentiel sans prétention, avec des rues bordées d’arbres et des parcs pour les enfants. Beaucoup de familles, beaucoup de clôtures de piquets blancs.
Je vérifie quand même les verrous et je renforce les fenêtres. Jason et moi avons chacun nos raisons.

Livre lu dans le cadre du partenariat et Albin Michel

Livre 9/14 pour le Challenge du 1% littéraire 1pourcent2010

21 septembre 2010

Maigret et le clochard – George Simenon

Lu dans le cadre du Challenge Maigret organisé par Ferocias

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Presses de la Cité – 1963 – 189 pages
Presses de la Cité – 1978 – 189 pages
Livre de Poche – octobre 2000 – 191 pages
Livre de Poche – octobre 2002 – 190 pages
Le Livre Qui Parle – novembre 2003 - CD

Quatrième de couverture :
Une nuit de mars, à Paris, deux bateliers tirent de la Seine un clochard grièvement blessé. Il s'agit de François Keller, un ancien médecin. Depuis plus de vingt ans, il a rompu tout lien avec son épouse et un milieu bourgeois qu'il ne supportait pas. Mais qui a pu vouloir sa mort ? C'est en bavardant avec les autres clochards que Maigret va reconstituer l'existence marginale de Keller, tout en s'intéressant à une Peugeot 403 rouge et à Van Houtte, un des sauveteurs de la victime, marié et père d'un jeune enfant. Les quais et les brumes de la Seine, le petit monde mystérieux des clochards et des mariniers fournissent au romancier un de ces décors en demi-teintes comme il les affectionne, pour y faire vivre une humanité apparemment ordinaire, mais lourde, pour qui sait voir, de secrets et de passions.

Auteur : Né à Liège le 13 février 1903, après des études chez les jésuites, et amené de bonne heure à gagner sa vie, Georges Simenon est contraint d'exercer divers métiers. Un temps reporter à La Gazette de Liège, il circule volontiers de par le monde, séjournant notamment à Paris. 'Le Roman d'une dactylo', publié sous un pseudonyme en 1924, est un véritable succès populaire. Dès lors, cet auteur prolifique rédige roman sur roman, à un rythme impressionnant, et donne naissance au fameux commissaire Maigret. L'univers de Simenon est marqué par un réalisme cru - ses personnages sont des êtres veules et médiocres - auquel se mêle toutefois une poésie particulière, liée à la restitution de l'atmosphère des lieux, ou à l'angoissante solitude qui enserre les hommes. En vertu de leurs qualités dramatiques intrinsèques, nombre de ses œuvres ont été adaptées au petit et au grand écran. Simenon gravit les marches de l'Académie royale de Belgique en 1952, rendant au genre policier toutes ses lettres de noblesse. Décédé à Lausanne le 04 septembre 1989.

Mon avis : (lu en septembre 2010)

Après ma première lecture de Simenon qui ne m'avait pas convaincu, j'ai choisi un Maigret écrit plus tardivement : Maigret et le Clochard est un roman de Georges Simenon publié en 1963.
Lors d’une nuit, à Paris, deux bateliers repêchent dans la Seine un clochard grièvement blessé. L’un des bateliers dit avoir vu sur le quai une voiture rouge. Maigret retrouve les occupants de cette voiture et découvre qu’ils sont innocents. Le clochard a un passé surprenant : c’est un ancien médecin, il a rompu avec sa femme car il ne supportait plus l’esprit bourgeois de celle-ci. On découvre un commissaire Maigret qui s’imprègne petit à petit de la vie des gens qui tournent autour de l’enquête et peu à peu il va comprendre pourquoi ce clochard a été jeté à l’eau… Mais je n’en dévoilerai pas plus !
Voilà une enquête de Maigret que j’ai suivie avec beaucoup de plaisir.

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Il existe deux téléfilms adaptés de ce livre, le premier a été réalisé en 1982 par Louis Grospierre, avec Jean Richard, le second a été réalisé en 2004 par Laurent Heynemann  avec Bruno Cremer.


Extrait : (début du livre)

Il y eut un moment, entre le quai des Orfèvres et le pont Marie, où Maigret marqua un temps d'arrêt, si court que Lapointe, qui marchait à son côté, n'y fit pas attention. Et pourtant, pendant quelques secondes, peut-être moins d'une seconde, le commissaire venait de se retrouver à l'âge de son compagnon.
Cela tenait sans doute à la qualité de l'air, à sa luminosité, à son odeur, à son goût. Il y avait eu un matin tout pareil, des matins pareils, au temps où, jeune inspecteur fraîchement nommé à la Police Judiciaire que les Parisiens appelaient encore la Sûreté, Maigret appartenait au service de la voie publique et déambulait du matin au soir dans les rues de Paris.

Bien qu'on fût déjà le 25 mars, c'était la première vraie journée de printemps, d'autant plus limpide qu'il y avait eu, pendant la nuit, une dernière averse accompagnée de lointains roulements de tonnerre.
Pour la première fois de l'année aussi, Maigret venait de laisser son pardessus dans le placard de son bureau et, de temps en temps, la brise gonflait son veston déboutonné.
A cause de cette bouffée du passé, il avait adopté sans s'en rendre compte son pas d'autrefois, ni lent ni rapide, pas tout à fait le pas d'un badaud qui s'arrête aux menus spectacles de la rue, pas non plus celui de quelqu'un qui se dirige vers un but déterminé.
Les mains jointes derrière le dos, il regardait autour de lui, à droite, à gauche, en l'air, enregistrant des images auxquelles, depuis longtemps, il ne prêtait plus attention.
Pour un aussi court trajet, il n'était pas question de prendre une des voitures noires rangées dans la cour de la PJ et les deux hommes longeaient les quais. Leur passage, sur le parvis de Notre-Dame, avait fait s'envoler des pigeons et il y avait déjà un car de touristes, un gros car jaune, qui venait de Cologne.

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11 septembre 2010

Le cercle du silence – David Hepburn

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Éditions Les Nouveaux Auteurs - mai 2008 – 640 pages

Pocket – mai 2009 - 757 pages

Grand Prix FEMME ACTUELLE Roman de l'été 2008

Quatrième de couverture :
La nuit s’installe sur le port de La Haye. Un cortège de limousines foncées glisse lentement vers la jetée où attendent deux transbordeurs.
Le procureur général descend de l’une des voitures, suivi de Tom Dorvan, son nouveau substitut. L’angoisse grandissante de Tom est imperceptible, mais pour combien de temps encore ?

Le superbe paquebot tout illuminé qui mouille à quelques centaines de mètres du rivage et vers lequel ils se dirigent, dissimule un secret inavouable.

Si Tom s’était douté que son univers bien établi allait s’écrouler ce soir-là, il n’aurait jamais mis les pieds sur ce transbordeur… il n’aurait d’ailleurs même pas accepté sa récente nomination.

Mais le destin en avait décidé autrement…

Auteur : David Hepburn, 33 ans, francophone, vit dans le sud de la France. A vécu et voyagé dans de nombreux pays. Il signe avec "Le cercle du silence" son 1er roman.

Mon avis : (lu en septembre 2010)
Voici un thriller captivant et très réaliste avec une intrigue qui tourne autour d'un réseau pédophile secret qui est protégé par des personnes très haut placées. Tout commence par des enlèvements d'enfants, puis un certain Frank Moldair vient faire des déclarations aux Services Spéciaux à propos de soirées privées et de proxénétisme d'adolescents. Et quelques heures plus tard, Moldair se "suicide"... L'agent Clarke Foster va mener son enquête le plus discrètement possible, il pourra compter sur l'aide de son ami Tom Dorvan, substitut du procureur.
Malgré la gravité du sujet de fond, il n'y a pas de scènes trash ou sanglantes. Le démarrage du livre est un peu lent, car il faut mettre en place l'histoire. Puis, tout s'accélère et comme dans un film on participe à l'enquête et l'on stresse pour les personnages qui se trouvent parfois dans des situations plutôt périlleuses, risquant leur vie à plusieurs reprises... La psychologie de chacun des personnages est très bien travaillée.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman, le style est agréable à lire, la construction de l'intrigue est parfaite : riche en suspense, avec beaucoup d'intensité. Il est question de technologies de pointe, de drogues de synthèse, d'espionnage, de tueurs à gage...

Extrait : (début du livre)

Il faisait un froid presque mordant et la fine brume enveloppant la majeure partie de la côte Est, en ce petit matin d’automne, renforçait la mélancolie du port qui s’éveillait lentement, aux pas lourds des dockers. L’écœurante odeur de malt et de houblon d’une brasserie voisine dominait encore dans l’air humide. Deux sirènes plaintives retentirent presque simultanément dans cet immense port marchand alors que, sur le quai numéro douze, le « Carioca », chargé de containers multicolores, était prêt à lever l’ancre. C’était un cargo vieux d’une trentaine d'années, mal entretenu, battant pavillon brésilien. La rouille de la coque réapparaissait sous les couches de peinture brune superposées, appliquées au fil du temps ; l'état de délabrement du bateau était très avancé et, dix jours auparavant, dans le port de Belém, les experts de la commission maritime brésilienne l’avaient d’abord jugé impropre à la navigation.

Mais l’armateur connaissant les vertus d’un bon arrosage, un jour et deux enveloppes plus tard, les experts reconnurent avoir été un peu sévères et lui donnèrent un nouveau sursis de quelques mois.

Au milieu de l’incessant va-et-vient des manutentionnaires, un homme en habit d’officier sortit d'un cabanon de chantier posé au milieu du quai et s’embarqua à bord du navire. Il disparut à l’intérieur et parvint rapidement à la hauteur d’une cabine où l’attendait le capitaine. Ce dernier le fit entrer en silence, referma la porte à clef, puis repartit aussitôt en s’assurant de ne pas avoir été remarqué. A l’intérieur, deux personnes étaient allongées sur des couchettes sans drap ni couverture éloignées d'un peu plus d'un mètre l’une de l’autre ; les matelas étaient fins, en mousse grise fatiguée.

Il s’agissait d’une femme et d’un homme enveloppés dans de grandes housses noires, en matière cirée épaisse empestant le plastique, généralement utilisées pour les macchabées, et dont la grosse fermeture Éclair ventrale avait été remontée jusqu’à la base de leur thorax. Les deux individus étaient ficelés solidement, les bras le long du corps, la bouche recouverte de plusieurs épaisseurs d’un large ruban adhésif argenté.

Couvert d’hématomes, leur visage était ensanglanté et défiguré mais les moribonds étaient encore vivants. La tête tournée l'un vers l'autre, ils ne cessaient de se regarder au travers de leurs yeux rougis et larmoyants. Ils parvenaient tout de même à se voir malgré leurs œdèmes et leurs cils mouillés remplis de sang coagulé.

Il s’agissait d’un jeune couple d’un peu plus d’une trentaine d’années. Eduardo Ribeiro était originaire de l’île de Marajo au Brésil ; Jodie Ribeiro, quant à elle, était née à Brooklyn où ils avaient encore habité quelques mois après s’être mariés. Puis, il y a douze ans, le couple avait décidé de s'installer dans le New Jersey peu après la naissance de leur fils Kevin. Bien que travaillant tous deux à plein temps, ils avaient réussi à préserver un bon équilibre dans leur couple et vivaient une vie simple et tranquille. Mais il y a un peu plus de six mois, le 12 avril très exactement, le temps, pour eux, s’arrêta : ce fut le jour où leur fils disparut.

Ils s’en souvenaient dans les moindres détails, comme si c’était arrivé la veille. Ils n'avaient pas prévenu la police tout de suite ; non, malgré le sentiment d'angoisse qui les avait gagnés tous les deux, ils s'étaient ravisés : il fallait commencer par garder son sang-froid. Leur fils était peut-être tout simplement allé chez un copain. Il n’aurait pas vu le temps passer et aurait oublié de les prévenir. Ils avaient donc commencé par téléphoner à tous les parents de ses camarades. Mais à chaque fois, c’était la même réponse : personne ne l’avait revu après la sortie de l’école. Le dernier appel avait été le plus pénible. Figée, le téléphone pressé contre l’oreille, Jodie avait appelé les parents du meilleur ami de son fils, mais eux non plus ne l’avaient pas vu. Ce jour-là, Kevin n'avait pas pris le bus avec les autres, mais aucun des enfants n’y avait attaché d’importance car il restait quelquefois dans l'enceinte de l'établissement scolaire en attendant son cours de piano. Certains de ses copains avaient même cru qu'il était rentré à la maison un peu plus tôt pour regarder sa série préférée. Jodie et Eduardo avaient tenté de joindre le professeur de piano, mais n'y étaient pas parvenus avant neuf heures du soir. Lorsqu'ils avaient enfin pu lui parler, ce dernier leur avait fait part de son étonnement de ne pas l’avoir vu au cours. Leur profonde inquiétude se mua brusquement en panique. C'est à ce moment-là seulement qu’ils avaient décidé d'appeler à l’aide. C’est elle qui, la main tremblante, avait composé le numéro de la police locale.

L’agent Greg Commoy était venu le soir même ; Jodie lui avait proposé du café pour qu'il se sente à l'aise et qu'il prenne son temps. Mais il ne leur avait posé que deux ou trois questions banales, énoncé les procédures d’usage puis leur avait expliqué qu'il fallait encore attendre vingt-quatre heures avant de lancer un avis de recherche officiel.

Jodie s’était montrée insistante : « Ne peuvent-ils pas commencer les recherches tout de suite ? », avait-elle suggéré en lui resservant du café, prévenir les postes de police alentour ? Mettre des barrages partout ? Elle ne savait pas trop, mais au moins faire quelque chose. Elle avait mal supporté qu’il ne réagisse pas davantage et qu’il reste planté là à les gaver de théories et de règles de procédure. Autant de conneries, avait-elle pensé. Car si Kevin avait été enlevé, son ou ses ravisseurs l’éloignaient certainement un peu plus à chaque minute qui passait. « Êtes-vous sûr de ne pas perdre un temps précieux ? » avait-elle encore ajouté, d’une voix étranglée, en désespoir de cause. Mais l’agent Commoy avait répondu par la négative et le dialogue qu’il avait tenu ensuite avait agacé Jodie au plus haut point. « En général, huit cas sur dix sont des fugues ou de simples coups de tête. Imaginez, si on devait organiser des recherches à grande échelle, déclencher les plans d’alertes enlèvement et monopoliser tous les hommes disponibles à chaque téléphone signalant une disparition, on ne ferait que ça toute la journée » ... Mais il ne connaissait pas son fils, avait-elle pensé, jamais il n’aurait été capable de s’en aller sans rien dire ; il ne supportait pas de leur faire de la peine … Oui, bien sûr, dans l'absolu elle comprenait l’agent Commoy. Mais la police avait-elle au moins une équipe qui, précisément, faisait « ça » toute la journée ?
Non … et toujours cette même réponse : l'État ne leur donnait pas assez de moyens.

4 septembre 2010

Été – Mons Kallentoft

_t_ Le Rocher Éditions - mai 2010 – 357 pages

traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss

Quatrième de couverture :
C'est l'été le plus chaud que Linköping ait jamais connu. La forêt qui borde la ville s'embrase, les nuages de fumée planent dans le ciel obscurci et menacent les citadins. Les incendies n'empêchent pas un pervers sexuel particulièrement sordide et cruel de faire régner la terreur dans la ville. L'enfer brûlant des flammes crée une sorte de solidarité parmi les gens, alors que la peur et l'angoisse face aux meurtres horribles du tueur font émerger des soupçons et des préjugés envers celles et ceux qui semblent différents. L'horreur devient totale, quand la propre fille de Malin Fors l'enquêtrice des romans de Kallentoft se fait enlever. Chaque minute compte, et Malin n'a plus que son instinct de policier et de mère pour l'aider à sauver l'être qui lui est le plus cher au monde.

Auteur : Mons Kallentoft est né en 1968 en Suède. Journaliste et auteur, il a déjà publié 5 romans lesquels ont reçu de nombreux prix. Après Hiver, Été est le 2e roman d une tétralogie dont chaque livre sera articulé autour d'une saison.

Mon avis : (lu en septembre 2010)
Après Hiver, nous retrouvons l'enquêtrice Malin Fors. C'est la canicule. Des incendies ravagent Linkoping. Josefin, 15 ans, est retrouvée nue errant dans un parc. Elle ne se souvient de rien. Theresa, une adolescente du même âge, a disparu. Est-ce que les deux affaires ont un lien ?
L'enquête avance lentement. La chaleur est étouffante. Cela donne une ambiance pesante. Certaines pistes vont amener des préjugés sur la communauté homosexuelle ou sur les immigrés. On voit évoluer Malin, toujours attachante et volontaire, avec son coéquipier Zeke. Malin se sent seule car sa fille Tove est partie en vacances à Bali avec son père.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre même si sa construction est très proche de celle d'Hiver. Les morts parlent au lecteur à plusieurs reprises au long de l'enquête... Maintenant, j'attends avec impatience "Automne" et "Printemps".

Mais attention à la Quatrième de couverture qui nous dévoile un fait de l'intrigue qui se passe dans les dernières pages du livre...

Extrait : (début du livre)
Je ne vais pas te tuer, mon ange d'été, je vais seulement t'aider à renaître.
Tu dois retrouver la pureté de l'innocence. La saleté des vieilles histoires doit être évacuée, le temps doit se trahir et il ne doit rester que le bien.
J'ai essayé de ne pas tuer, mais, sans cela, la renaissance était impossible, la substance est restée collée à la matière, et en toi comme en moi, l'ignominie continuait de vibrer comme une larve chaude et noire.
A méchanceté dans sa chrysalide. Le temps déchiré.
J'ai essayé de diverses manières, fait d'innombrables tentatives, mais je n'y suis pas parvenu.
J'ai lavé, frotté, récuré.
Mes anges d'été. Ils ont dû regarder des tentacules blancs, des pattes d'araignée qui grattent, des pattes de lapin.
Je les ai surveillés, les ai attrapés et emmenés.
Enfin, je touche au but.
Il est assis sur le canapé. Son ventre n'est plus qu'une plaie béante, et des serpents noirs se tortillent par terre. Peux-tu le voir ? Il ne peut plus rien faire de mal ni prétendre que tu le voulais. Les planches de chêne ne vont plus craquer, plus jamais l'odeur de schnaps ne va polluer l'air.
Cet été, le monde brûle.
Les arbres se transforment en sculptures noires et rabougries. Ils sont un monument à notre propre échec et à notre impuissance à nous aimer.
Le feu et moi avons beaucoup en commun. Nous détruisons pour qu'une nouvelle vie puisse naître.
Reste tranquille, petite.
Cela fait à peine quelques heures que j'ai roulé devant cette forêt embrasée. Je t'ai entendu taper contre le coffre de la voiture, tu voulais sortir.
Elle pensait tout savoir sur moi. Comme c'est prétentieux.
En réalité, c'est comme ça : personne ne peut vivre dans la peur et la méfiance. Si quelqu'un a volé la confiance à l'autre, il sera condamné à mourir.
Cette confiance est voisine de l'amour, c'est pourquoi elle est aussi voisine de la mort et des pattes d'araignée blanches. Je sais maintenant que je ne pourrai plus jamais souhaiter autre chose que de me faire du mal. Mais lorsque tu as la chance de pouvoir renaître, le sort est suspendu. Bientôt tout sera fini. Tout sera clair et pur, blanc et lumineux.
Mon ange d'été ne sentira rien, comme nous.
Mais tu ne dois pas avoir peur, c'est seulement l'amour qui doit renaître. L'innocence.
Et puis nous roulerons ensemble à bicyclette sur la digue, le long du canal, vers un été éternel.

Déjà lu du même auteur :

hiver Hiver

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit' Viking_Lit

1 septembre 2010

Salty – Mark Haskell Smith

salty Rivages – avril 2010 – 287 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Julien Guérif

Quatrième de couverture :
Rock star obèse marié à une top model, grand amateur de bière fraîche, Turk s'est laissé convaincre par son psy qu'il souffrait d'une " addiction au sexe ", terrible malédiction des temps modernes responsable de son sentiment de haine de soi et de vide existentiel. Turk est décidé à se soigner, mais Sheila, son épouse, a eu la brillante idée de l'emmener se reposer... en Thaïlande, dont les plages grouillent de beautés topless et autres créatures lascives. Déstabilisé, bière en main, Turk résiste tant bien que mal à la tentation lorsque Sheila est enlevée par un mystérieux pirate thaï, le beau capitaine Somporn. Bien sûr Turk se lance à la recherche de sa dulcinée, mais comment s'y prendre quand les seules choses que l'on sait faire dans la vie sont jouer de la musique et s'amuser ? Des bas-fonds de Bangkok aux jungles asiatiques, touristes américains, commandos australiens et prostituées en tout genre rivalisent d'initiatives à la poursuite de femmes, de gloire ou de valises de billets. Un thriller hilarant, grinçant et enlevé, qui distille discrètement une critique féroce de l'American way of life.

Auteur : Mark Haskell Smith est scénariste à Hollywood.. Il est également l'auteur de A bras raccourci et Delicious.

 

Mon avis : (lu en août 2010)
Un polar drôle et léger qui se lit très facilement avec une galerie de personnages hauts en couleurs.
Turk Henry est l'ancien bassiste du groupe de rock Metal Assassin qui vient de se séparer.
C'est sa femme Sheila, ex-top modèle, a choisi la Thaïlande comme destination de vacances. Mais Turk s'ennuie en buvant des bières pour supporter la chaleur, il est aussi obnubilé par sa volonté de soigner son addiction au sexe. Et cet endroit plein de touristes occidentaux libérées et souvent très déshabillées n'est pas le lieux idéal...
Sheila est partie faire une excursion à dos d'éléphants et s'est faite kidnappée, ainsi que d’autres touristes, par des pirates thaïs. Turk va tout faire pour faire libérer sa femme. Il réunit le million de dollars de la rançon. Mais Ben, l’agent du gouvernement américain, totalement obsédé par l’hygiène empêche Turk de payer sous prétexte de complicité avec des terroristes et récupère le million.
Somporn le chef des pirates est très respectueux de Sheila, il tente de rendre son séjour de prisonnière le plus agréable possible.
Heidegger, le manager de Turk qui veut profiter de l'enlèvement de Sheila pour créer le « buzz » dans les médias et relancer la carrière de Turk. Il envoie son adjointe Marybeth en Thaïlande pour aider Turk. Nous découvrons également des descriptions de la Thaïlande ses paysages somptueux, la ville de Bangkok.
Un roman avec de nombreuses péripéties, qui nous fait faire un voyage dépaysant.
Attention, il y a quelques passages de "sexe" vraiment crus à réserver à des lecteurs avertis...

Extrait : (début du livre)
La mer d'Andaman s'étend sur 564,877 kilomètres carrés au nord de la péninsule méridionale de la Thaïlande ; elle chatouille les côtes de l'Indonésie au sud et s'écoule vers l'ouest jusqu'à se mélanger aux eaux sombres de l'océan Indien. C'est l'une des plus belles étendues d'eau salée au monde, elle fourmille de barrières de corail immaculées et abrite des milliers de créatures exotiques...
Sauf qu'il n'en avait rien à branler.
Debout sur la plage, Turk Henry observait l'océan. L'eau était étonnement claire, plus claire que les couleurs associées à la mer : transparente comme du verre. On voyait au travers, jusqu'au fond : des masses d'algues, des rochers et du sable, l'ombre fugitive d'un poisson filant sous les vagues. Rien à voir avec l'eau de la côte du New Jersey où il avait passé son enfance.
De derrière son énorme paire de lunettes de soleil, qui lui donnait l'air d'avoir été opéré des yeux, Turk scrutait la plage à la recherche du gamin. Il aimait bien le gamin. Le gamin lui ramenait de la bière. Filez-lui deux bahts et il courait à l'autre bout de la plage, où sa famille attendait près d'immenses glacières remplies de bière, soda et noix de coco verte... tout ce dont vous aviez besoin. Il revenait au pas de course, une bière à la main. Bière glacée : les deux mots les plus fantastiques de tout le langage.

27 août 2010

Le chien jaune – Georges Simenon

Lu dans le cadre du Challenge Maigret organisé par Ferocias

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Lu dans le cadre du Challenge Lunettes noires sur Pages blanches

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Livre de Poche - Janvier 2003 - 190 pages
Pocket – janvier 2000 – 183 pages
Pocket – septembre 1989 – 183 pages
Presse Pocket – septembre 1980 – 183 pages
Edito-Service S.A. - 1974 – 136 pages
LGF – 1970 – 189 pages
LGF – janvier 1963 – 189 pages
Fayard – 1961 -

Quatrième de couverture :
Vendredi 7 novembre. Concarneau est désert. L'horloge lumineuse de la vieille ville, qu'on aperçoit au-dessus des remparts, marque onze heures moins cinq. C'est le plein de la marée et une tempête du sud-ouest fait s'entrechoquer les barques dans le port. Le vent dans les rues, où l'on voit parfois des bouts de papier filer à toute allure au ras du sol. Quai l'Aiguillon, il n'y a pas une lumière. Tout est fermé. Tout le monde dort. Seules les trois fenêtres de l'Amiral, à l'angle de la place et du quai, sont encore éclairées...

Auteur : Né à Liège le 13 février 1903, après des études chez les jésuites, et amené de bonne heure à gagner sa vie, Georges Simenon est contraint d'exercer divers métiers. Un temps reporter à La Gazette de Liège, il circule volontiers de par le monde, séjournant notamment à Paris. 'Le Roman d'une dactylo', publié sous un pseudonyme en 1924, est un véritable succès populaire. Dès lors, cet auteur prolifique rédige roman sur roman, à un rythme impressionnant, et donne naissance au fameux commissaire Maigret. L'univers de Simenon est marqué par un réalisme cru - ses personnages sont des êtres veules et médiocres - auquel se mêle toutefois une poésie particulière, liée à la restitution de l'atmosphère des lieux, ou à l'angoissante solitude qui enserre les hommes. En vertu de leurs qualités dramatiques intrinsèques, nombre de ses œuvres ont été adaptées au petit et au grand écran. Simenon gravit les marches de l'Académie royale de Belgique en 1952, rendant au genre policier toutes ses lettres de noblesse. Décédé à Lausanne le 04 septembre 1989.

Mon avis : (lu en août 2010)
J'ai choisi un peu au hasard cette aventure de Maigret qui a été écrite en 1931.
Maigret mène l'enquête à Concarneau.. Un notable de la ville, Mostaguen, principal négociant en vin du pays a été grièvement blessé d'un coup de revolver. Puis une série de tentative de meurtres est perpétrée : empoisonnements, disparition... Et avec tout cela un mystérieux chien jaune erre dans les rues de la ville. Tout se passe autour de l’Hôtel de l’Amiral et de notables de la ville habitués de l'hôtel. Je ne peux pas dire avoir été passionné par cette enquête que j'ai trouvé lente et longue. Malgré tout, l'enquête est bien contruite et la conclusion inattendue.

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Film : Le Chien jaune a été adapté au cinéma par Jean Tarride en 1932 avec Abel Tarride dans le rôle Commissaire Maigret.
Il existe également deux épisodes « Le Chien jaune » à la télévision, celui réalisé par Claude Barma en 1968 (noir et blanc) avec Jean Richard dans le rôle du Commissaire Maigret et celui réalisé par Pierre Bureau en 1988 (couleur) avec Jean Richard dans le rôle du Commissaire Maigret et Annick Tanguy dans le rôle de Madame Maigret.

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J'ai pu emprunter à la Bibliothèque le DVD de l'épisode réalisé par Claude Barma en 1968 (noir et blanc).
Ce téléfilm est une adaptation très fidèle du roman de Simenon. On retrouve les dialogues mots pour mots. Seules entorses au livre, le film situe l'histoire à Boulogne-sur-Mer dans les années 50 ou 60 plutôt qu'à Concarneau dans les années 30. L'impression de longueur et de lenteur de l'histoire est décuplée dans le film. Le côté noir et blanc donne également au film un côté vieillot.

Extrait : (début du livre)
Vendredi 7 novembre. Concarneau est désert. L’horloge lumineuse de la vieille ville, qu’on aperçoit au-dessus des remparts, marque onze heures moins cinq.
C’est le plein de la marée et une tempête du sud-ouest fait s’entrechoquer les barques dans le port. Le vent s’engouffre dans les rues, où l’on voit parfois des bouts de papier filer à toute allure au ras du sol.
Quai de l’Aiguillon, il n’y a pas une lumière. Tout est fermé. Tout le monde dort. Seules, les trois fenêtres de l’Hôtel de l’Amiral, à l’angle de la place et du quai, sont encore éclairées.
Elles n’ont pas de volets mais, à travers les vitraux verdâtres, c’est à peine si on devine des silhouettes. Et ces gens attardés au café, le douanier de garde les envie, blotti dans sa guérite, à moins de cent mètres.
En face de lui, dans le bassin, un caboteur qui, l’après-midi, est venu se mettre à l’abri. Personne sur le pont. Les poulies grincent et un foc mal cargué claque au vent. Puis il y a le vacarme continu du ressac, un déclic à l’horloge, qui va sonner onze heures.
La porte de l’Hôtel de l’Amiral s’ouvre. Un homme paraît, qui continue à parler un instant par l’entrebâillement à des gens restés à l’intérieur. La tempête le happe, agite les pans de son manteau, soulève son chapeau melon qu’il rattrape à temps et qu’il maintient sur sa tête tout en marchant.
Même de loin, on sent qu’il est tout guilleret, mal assuré sur ses jambes et qu’il fredonne. Le douanier le suit des yeux, sourit quand l’homme se met en tête d’allumer un cigare. Car c’est une lutte comique qui commence entre l’ivrogne, son manteau que le vent veut lui arracher et son chapeau qui fuit le long du trottoir. Dix allumettes s’éteignent.
Et l’homme au chapeau melon avise un seuil de deux marches, s’y abrite, se penche. Une lueur tremble, très brève. Le fumeur vacille, se raccroche au bouton de la
porte. Est-ce que le douanier n’a pas perçu un bruit étranger à la tempête ? Il n’en est pas sûr. Il rit d’abord en voyant le noctambule perdre l’équilibre, faire plusieurs pas en arrière, tellement penché que la pose en est incroyable.
Il s’étale sur le sol, au bord du trottoir, la tête dans la boue du ruisseau. Le douanier se frappe les mains sur les flancs pour les réchauffer, observe avec humeur le foc dont les claquements l’irritent.
Une minute, deux minutes passent. Nouveau coup d'œil à l’ivrogne, qui n’a pas bougé. Par
contre, un chien, venu on ne sait d’où, est là, qui le renifle.
« C’est seulement à ce moment que j’ai eu la sensation qu’il s’était passé quelque chose ! » dira le douanier, au cours de l’enquête.

12 août 2010

Seul le silence – RJ Ellory

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Sonatine – août 2008 – 504 pages

LGF – août 2009 – 601 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Fabrice Pointeau

Quatrième de couverture :
Joseph Vaughan, écrivain à succès, tient en joue un tueur en série, dans l’ombre duquel il vit depuis bientôt trente ans. Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps horriblement mutilé d’une fillette assassinée. La première victime d’une longue série qui laissera longtemps la police impuissante. Des années plus tard, lorsque l’affaire semble enfin élucidée, Joseph décide de changer de vie et de s’installer à New York pour oublier les séquelles de cette histoire qui l’a touché de trop près. Lorsqu’il comprend que le tueur est toujours à l’œuvre, il n’a d’autre solution pour échapper à ses démons, alors que les cadavres d’enfants se multiplient, que de reprendre une enquête qui le hante afin de démasquer le vrai coupable, dont l’identité ne sera révélée que dans les toutes dernières pages.

Plus encore qu’un roman de serial killer à la mécanique parfaite et au suspense constant, Seul le silence marque une date dans l’histoire du thriller. Avec ce récit crépusculaire à la noirceur absolue, sans concession aucune, R. J.Ellory évoque autant William Styron que Norman Mailer par la puissance de son écriture et la complexité des émotions qu’il met en jeu.

Auteur : R. J. Ellory est né en 1965. Après avoir connu l'orphelinat et la prison, il devient guitariste dans un groupe de rock, avant de se tourner vers la photographie. Seul le silence est son premier roman publié en France.

 

Mon avis : (lu en août 2010)
Voici un livre que je voulais lire depuis longtemps. Et cette lecture a été à la hauteur de mes attentes.

C’est l’histoire de la vie de Joseph Vaughan, il perd son père à l’âge de 12 ans, il est donc élevé seul par sa mère à Augusta Falls, une petite ville de Géorgie. Son institutrice, Alexandra Webber, décèle chez lui le potentiel d’un futur écrivain. Tout bascule le jour où une petite fille est sauvagement assassinée. C’est la première victime d’une série de meurtres de petites filles. Avec ses copains, Joseph crée le groupe des Anges gardiens, ils se promettent de toujours veiller sur leurs petites voisines. Mais les meurtres continuent à se perpétuer.
Des années plus tard, Joseph est devenu écrivain et il vit à New York, il va malheureusement croiser à nouveau la route de l’assassin. Il va vouloir alors venger les petites filles qu’il n’a pas su protéger et retrouver cet assassin insaisissable depuis trente ans…
Tout est dans l’ambiance et l’atmosphère de ce livre si superbement écrit.
L’intrigue efficace nous incite à garder le livre en mains et l'on découvre seulement à la fin qui est ce terrible meurtrier. Mais pour RJ Ellory l’essentiel n’est pas l’intrigue policière, mais l’histoire de Joseph, son jeune héros, écrivain en devenir, meurtri par la vie et bouleversé par les morts de ces petites filles. Tout lecteur ne peut que ressentir pour Joseph beaucoup d’empathie. Et l’on découvre également de superbes descriptions de l’Amérique rurale, mais aussi de New York.

Une très belle découverte d’un très grand roman.

Extrait : (début du livre)

Prologue

Coups de feu, comme des os se cassant.
New York : sa clameur infinie, ses rythmes métalliques âpres et le martèlement des pas, staccato incessant ; ses métros et cireurs de chaussures, carrefours embouteillés et taxis jaunes ; ses querelles d’amoureux ; son histoire, sa passion, sa promesse et ses prières.
New York avala le bruit des coups de feu sans effort, comme s’il n’avait pas plus d’importance qu’un simple battement de cœur solitaire.
Personne ne l’entendit parmi une telle abondance de vie.
Peut-être à cause de tous les autres bruits.
Peut-être parce que personne n’écoutait.
Même la poussière, prise dans le clair de lune filtrant par la fenêtre du deuxième étage de l’hôtel, soudain déplacée sous l’effet des coups de feu, reprit son chemin errant mais régulier.
Rien ne s’était produit, car c’était New York, et de telles morts solitaires et insoupçonnées étaient légion, presque indigènes, brièvement remémorées, oubliées sans effort.
La ville continuait de vaquer à ses occupations. Un nouveau jour commencerait bientôt, et rien d’aussi insignifiant que la mort ne possédait le pouvoir de les différer.
C’était juste une vie, après tout, ni plus ni moins.

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