Gallimard – avril 1995 – 157 pages
Gallimard – septembre 1998 - 156 pages
Folio – septembre 1999 – 156 pages
CDL – novembre 2005 (3 CD audio)
Folio – avril 2010 – 1014 pages (Les orpailleurs ; Moloch ; Mygale ; La Belle et la Bête)
Quatrième de couverture :
Léon est vieux. Très vieux. Lévi, est moche. Très moche. Léon est sale. Vraiment très sale ! Léon se tient très mal à table. C'est dans sa nature... C'est triste ? Non : Léon a enfin trouvé un ami, un vrai de vrai ! Seulement voilà, le copain en question est un peu dérangé. Parfois dangereusement. Mais Léon est indulgent envers ses amis. Pas vous ?
Auteur : Né en janvier 1954 à Paris et décédé le 9 août 2009, Thierry Jonquet, ergothérapeute, enseignant, scénariste et militant durant toute sa vie, a écrit son premier roman noir, Mémoire en cage, en 1982. La construction impeccable et parfois jubilatoire de ses livres a tout simplement dynamité le roman noir français et l'a imposé comme un auteur majeur du genre.
Mon avis : (lu en mai 2010)
Ce livre a le titre d'un conte de fée. Il y a bien une Bête, une Belle, mais c'est loin d'être un conte de fée ! C'est un polar comme sait les écrire Thierry Jonquet avec des flashbacks qui nous permettent peu à peu de découvrir les personnages et les dessous de l'intrigue.
Parmi les personnages, seul le commissaire Rolland Gabelou a un nom, les autres sont le Gamin, la Vieille, le Commis, le Visiteur, l'Emmerdeur, le Coupable. Mais il ne faut pas oublier Léon, le vieil ami de l'assassin et principal témoin et qui par moment sera le narrateur. Et pour ne pas dévoiler les surprises bien cachées de l'histoire, je n'en dirai pas plus...
J'ai lu très facilement, rapidement et avec beaucoup de plaisir ce roman policier. J'ai encore été surprise par cette histoire et à aucun moment je n'ai deviné la révélation finale du livre. A lire !
Extrait : (page 22)
Je sais tout, je sais tout, c'est vite dit... S'ils comptent sur moi pour les aider, les flics peuvent toujours s'accrocher ! Je ne ferai pas le moindre geste ! Tant pis pour tout le monde. Parce que c'est mon copain. Le seul que j'ai jamais eu dans ma sale vie. Et le Gabelou, je le regarde s'agiter sans broncher. Il voudrait bien savoir, pourtant. Mais la Vieille, le Gamin, le Commis, et le Visiteur, je m'en tape, moi...
Je suis là, tassé dans mon coin, assis dans un fauteuil à côté du bureau de Gabelou qui est parti en vadrouille je ne sais où. Je moisis ici depuis cinq jours... Le Visiteur et le Coupable, on les a retrouvés le 2 janvier, ah les Joyeuses Fêtes! Cinq jours... ça n'en finit plus. Les flics, ça les énerve, de me voir patienter sans m'énerver. Ils ne vont pas me torturer, ça servirait à rien. Je suis pas responsable. Juste un peu pour le Visiteur, mais c'est bien tout.
Le Coupable, c'est mon copain, mon pote, mon n'importe quoi, mettez le nom que vous voudrez là-dessus, c'est ce qui fait que je vais pas le trahir, quelque chose de plus fort que toutes leurs salades et il n'y a rien à ajouter. Ah, ils ont essayé, pourtant. Et mon Vieux Léon par ci, et mon Vieux Léon par là, la pommade, les compliments, le baratin, total : néant, c'est tout juste si je leur fais un petit signe de la tête quand ils m'apportent à manger. Un mur. Ils auraient mieux fait de s'adresser à un mur, à une vieille godasse perdue dans un tas d'ordures...
Ils sont là, les flics, tout autour de moi; à me lancer des regards vachards, comme dans les films, avec la lampe braquée dans la gueule, leurs gros bras poilus, et de temps en temps, en prime, ils se foutent de moi. «Vieux Léon, qu'ils braillent, dis-nous tout, t'es le seul à avoir tout vu...» Et ça les fait rire. Je collaborerai pas. Je me le suis juré sur ce qu'il me reste de dignité. Et ça les étonne, ça, la dignité. Eux. S'imaginent du haut de leurs certitudes que tout leur est dû, eh bien, non, moi, Vieux Léon, je les envoie sur les roses.
Déjà lu de Thierry Jonquet :
Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte
Du passé faisons table rase
Ad vitam aeternam