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A propos de livres...
2 août 2010

Black Bazar - Alain Mabankou

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Seuil - Janvier 2009 – 246 pages

Points – février 2010 – 264 pages

Quatrième de couverture :
Parce que le derrière des femmes n'a pas de secrets pour lui, ses copains le surnomment le "fessologue". Au Jip's, le bar où il a ses habitudes, plus rien n'amuse ce dandy congolais, déprimé par un chagrin d'amour. Un jour, déambulant dans Paris, sa curiosité est attisée par une librairie bondée. Il y croisera Jean-Philippe, un écrivain haïtien venu signer ses livres, et qui va bouleverser sa vie...

Auteur : Alain Mabanckou est né en 1966 au Congo-Brazzaville. Professeur de littérature francophone à l'université de Californie-Los Angeles (UCLA), il est notamment l'auteur de Verre Cassé et de Mémoires de porc-épic (prix Renaudot 2006).

Mon avis : (lu en juillet 2010)
Le héros de Black Bazar est un dandy africain, spécialiste de la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes), il aime les cols italiens et des chaussures Weston. Suite à un chagrin d'amour, il se découvre une vocation d'écrivain. Il nous raconte le monde qui l'entoure, un "quartier africain" à Paris à travers une galerie de personnages typiques : l'Arabe du coin, l'Antillais métis qui se croit blanc, Jean-Philippe l'écrivain haïtien dragueur, sans oublier les piliers de bar du Jip's... C'est drôle, c'est vivant et cela révèle également une vrai réflexion sur la colonisation et l'immigration. Avec une écriture à la fois naïve et truculente, le lecteur est plongé dans un monde Afro-parisien haut en couleur et réjouissant.

Extrait : (page 39)
Du temps où ma compagne et notre fille vivaient encore ici, monsieur Hippocrate nous guettait déjà à travers son judas dès qu'il y avait du bruit sur le palier. Je le savais, parce que je pouvais l'entendre avancer à pas de chat, retenir sa respiration de batracien derrière la porte. Et quand notre fille était née, il voulait savoir si j'avais des triplés et non un seul bébé parce qu'un seul enfant ne pouvait pas piailler comme toute une école maternelle. Et il est allé larmoyer auprès de notre propriétaire commun qu'il y avait des groupuscules d'Africains qui semaient la zizanie dans l'immeuble, qui avaient transformé les lieux en une capitale des tropiques, qui égorgeaient des coqs à cinq heures du matin pour recueillir leur sang, qui jouaient du tam-tam la nuit pour envoyer des messages codés à leurs génies de la brousse et jeter un mauvais sort à la France. Qu'il fallait renvoyer ces Y'a bon Banania chez eux sinon lui il ne paierait plus son loyer et ses impôts, qu'il irait faire une déposition au commissariat de la police du quartier, et que ces immigrés auraient droit à un aller-simple dans un charter même si c'est le contribuable français qui devait payer les frais de ce retour au pays natal.

J'accepte tout ça. Je n'ai rien à rajouter sur les élucubrations parce qu'on nous a toujours appris au pays qu'il faut respecter les aînés, surtout lorsqu'ils ont des cheveux gris comme c'est le cas pour monsieur Hippocrate. Je lui rappelle chaque fois que je suis d'accord avec lui, que si les nègres ont le nez épaté c'est simplement pour porter des lunettes et que l'homme noir ne vit pas seulement de pain, mais aussi de patates douces et de bananes plantains.
Et comme je ne suis pas du genre à chercher noise à qui que ce soit je me suis dit qu'il faut que je déménage d'ici. Contrairement à mon ex qui n'aimait pas la banlieue, je suis prêt à aller y habiter, mais pas à retourner dans le studio de Château-d'Eau où je vivais avant avec plusieurs de mes compatriotes. Dans la vie il ne faut jamais retourner à la case départ.
J'ai visité plusieurs studios dans le quartier. Rien à faire. Il me faut de bonnes fiches de paie, mais je travaille à mi-temps depuis que mon ex est partie, et je ne sais pas comment je vais réussir à quitter ces lieux.
Je ne parle plus à monsieur Hippocrate. Je m'arrange pour rentrer quant il dort déjà. Et lorsqu'on se croise sur le palier ou dans le local des poubelles, on se défie du regard. Lui il crache par terre et hurle :
- Espèce de Congolais ! Ta femme est partie ! Retourne chez toi !
Si j'étais vraiment méchant comme lui il y a bien longtemps que je lui aurais aussi lancé :
- Espèce de Martiniquais ! Retourne chez toi !
 

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1 août 2010

La Méridienne – Denis Guedj

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Robert Laffont – septembre 1999 – 308 pages

Pocket – mars 2003 – 414 pages

Points – octobre 2008 – 379 pages

Quatrième de couverture :

Juin 1792. Deux berlines quittent les Tuileries, l’une vers Dunkerque, l’autre vers Barcelone. À leur bord, Pierre Méchain et Jean-Baptiste Delambre, les astronomes et académiciens chargés par l’Assemblée Nationale de mesurer le méridien entre ces deux villes, afin de lui donner “pour tous les hommes, pour tous les temps”, une mesure universelle : le Mètre.

La mesure se révèle une véritable expédition. Bien vite, les saufs-conduits signés par le Roi les rendent suspects. Delambre est destitué par le Comité du salut public. Méchain, quant à lui, subit un terrible accident, est emprisonné en Espagne, puis se terre dans les Pyrénées, hanté par un doute : il se serait trompé dans ses mesures à Barcelone.

Cette traversée du territoire est une traversée de l'Histoire, elle aura duré sept années : le temps que vécut la République. Le 22 juin 1799, l'étalon du mètre est consacré.

Auteur : Né en 1940 à Sétif (Algérie), Denis Guedj est à la fois écrivain, mathématicien, professeur d'histoire et d'épistémologie des sciences (à Paris VIII) et aussi scénariste de cinéma. Écrivain prolifique, il rencontre un succès mondial, traduit en vingt langues, avec Théorème du perroquet (1998) ou les Cheveux de Bérénice (2003). Romancier, auteur de théâtre, comédien mais aussi scénariste, avec ce film de 1978, une fiction documentaire dont le titre, la Vie, t’en as qu’une, résume le fond de sa pensée, de son enseignement. Car Denis Guedj était d’abord un enseignant. Il est mort samedi 24 avril 2010, à l'âge de 69 ans.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
La Méridienne est l'autre nom donné au méridien de Paris qui passe par le centre de l'Observatoire de Paris et qui est situé à 2° 20' 14" à l'est de celui de Greenwich. Le méridien de Paris a été défini le 21 juin 1667 par les mathématiciens de l'Académie. Dès lors, le méridien origine pour la France était défini.

Le livre commence le 24 juin 1792, Méchain et Delambre, deux astronomes, quittent Paris, avec pour mission de mesurer le méridien entre Dunkerque et Barcelone afin d'établir une mesure universelle, le mètre soit la dix millionième partie du quart de méridien terrestre.
C'est une grande expédition, une traversée de la France du Nord au Sud mais également une traversée de l'Histoire qui durera sept ans, le temps de la République. Cela commence avec la fin de la monarchie et cela s'achève à l'aube du Consulat, la France est en pleine tourmente révolutionnaire. Pour mesurer cette Méridienne, les astronomes vont utiliser la méthode de triangulation (qui s'appuie sur une règle simple de trigonométrie « si on connaît deux angles et un côté d'un triangle, on connaît tous les côtés ») et mesurer une chaîne de triangles entre Dunkerque et Barcelone. Pour cela, ils vont devoir se hisser sur les sommets les plus élevés, monter en hauts des clochers. Voilà, une histoire politique, économique et scientifique qui est vraiment passionnante. 

Extrait : (début du livre)
24 juin 1792. Les Tuileries portaient encore les traces de la marée humaine qui venait de les submerger ; des papiers gras, de la crotte, des morceaux de chiffons, des parterres de fleurs piétinées... Un groupe de jardiniers jaugeait les dégâts, ignorant volontairement le jeune arbre que, trois jours plus tôt, un cortège des faubourgs avait planté là malgré l'opposition des gardes du roi. Un bel arbre, qui durera pour le moins jusqu'à la fin du siècle, si rien – la foudre, la hache, le feu ou les parasites – ne vient interrompre sa croissance. Piquée à même le tronc, s'épanouissait une cocarde tricolore.
Au bout de l'allée, devant un pavillon, deux berlines lourdement chargées, garées cul à cul, étaient sur le départ. Identiques à la couleur près, l'une verte, l'autre cuivrée, elles étaient équipées d'une énorme malle arrière à la forme étrange. Autour d'elles était rassemblé un petit groupe : Lavoisier, chimiste réputé, Condorcet philosophe et député de l'Assemblée législative et le Chevalier Borda, physicien. Il y avait également une femme et ses trois enfants.
Tout ce petit monde faisait ses adieux aux citoyens Pierre Méchain et Jean-Baptiste Delambre qui s'apprêtaient à quitter la capitale.
« Alors Méchain, à vous le Sud, à moi le Nord, lança le second.
- Ainsi en a décidé l'Assemblée, répondit le premier.
- Et moi, je reste à Paris », conclut tristement Lavoisier en tendant à chacun d'eux une petite cassette où reposaient lettres de crédit et numéraire en or et argent. Puis ce fut au tour de Broda de remettre aux voyageurs un portefeuille contenant des laissez-passer et des lettres de recommandation signées du roi.
Thérèse Méchain s'efforçait de cacher son inquiétude ; elle se tenait à l'écart, digne et silencieuse. Pourtant, lorsque Delambre s'approcha pour lui faire ses adieux, elle laissa échapper : « Si seulement vous partiez avec lui ! » Condorcet s'approcha pour la réconforter, lui affirmant que, restant en contact permanent avec les deux voyageurs, il lui communiquerait toutes les nouvelles qu'il recevrait d'eux.
Méchain grimpa dans la berline cuivrée, Delambre dans la verte ; leurs regards se croisèrent, leurs yeux brillèrent. Était-ce l'excitation du départ ou bien les reflets des feux de la Saint-Jean qui, les nuits précédentes, avaient illuminé les hauteurs de Montmartre ? Ils se firent signe de la main.
« A Rodez ! A Rodez ! » lancèrent-ils ensemble.
Les deux berlines s'ébranlèrent en même temps, s'éloignant dans des directions opposées.

30 juillet 2010

Je vais bien, ne t'en fais pas – Olivier Adam

Lu dans le cadre du challenge coeur_vs3 proposition de Amy

Lu dans le cadre du Challenge Lunettes noires sur Pages blanches

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Le dilettante – décembre 1999 – 186 pages

Pocket – août 2006 – 155 pages

Pocket – novembre 2009 – 155 pages

Quatrième de couverture :
Une autre lettre de Loïc. Elles sont rares. Quelques phrases griffonnées sur un papier. Il va bien. Il n'a pas pardonné. Il ne rentrera pas. Il l'aime. Rien d'autre. Rien sur son départ précipité. Deux ans déjà qu'il est parti. Peu après que Claire a obtenu son bac. A son retour de vacances, il n'était plus là. Son frère avait disparu, sans raison. Sans un mot d'explication. Claire croit du bout des lèvres à une dispute entre Loïc et son père. Demain, elle quittera
son poste de caissière au supermarché et se rendra à Portbail. C'est de là-bas que la lettre a été postée. Claire dispose d'une semaine de congé pour retrouver Loïc. Lui parler. Comprendre.

Auteur : Né en 1974, Olivier Adam a grandi en région parisienne et vit actuellement en Bretagne. Son premier roman, Je vais bien, ne t'en fais pas (2000) ouvre un diptyque sur le thème de
la disparition qui se poursuit avec A l'Ouest (2001). Également scénariste et auteur pour la jeunesse, Olivier Adam a notamment écrit Poids léger (2002), adapté pour le cinéma par Jean-Pierre Améris et Passer l'hiver (2004) qui a reçu le Goncourt de la Nouvelle 2004. Falaises (2005). A l'abri de rien, Des Vents contraires.

Mon avis : (relu en juillet 2010)
Un livre de 150 pages qui se lit d'une traite. L'auteur nous dresse le portrait de Claire, une jeune femme solitaire qui est hantée par le souvenir de son frère Loïc qui a disparu deux ans auparavant sans donner de raison. Claire avait alors 20 ans et Loïc 18 ans. Avec son frère, ils étaient inséparables et avaient besoin l'un de l'autre pour vivre. Claire ne comprend pas pourquoi Loïc est parti sans aucune explication. Elle attend un signe de sa part. Claire va faire une dépression et refuser de s'alimenter. Et huit mois après la disparition de Loïc, Claire reçoit enfin une première carte avec quelques mots « je pense à toi, je t'embrasse, je vais bien, ne t'en fais pas. » Au bout de deux ans et après avoir reçu une carte de Portbail en Normandie, Claire décide de partir là-bas pendant une semaine de congés pour retrouver Loïc. On ressent toute la tristesse et toute la fragilité de Claire. C'est une histoire prenante et surprenante et c'est vraiment à la fin du livre que l'on découvre la vérité.

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Le film :
Ce livre a été adapté au cinéma en 2006 par Philippe Lioret avec Mélanie Laurent, Kad Merad, Julien Boisselier, Isabelle Renauld, Aïssa Maïga.

Il y a quelques petites différences entre le livre et le film : Claire est devenue Lili, son petit frère est devenu son frère jumeau. Cela renforce les liens qui unissent le frère et la sœur.

Le film nous présente l'histoire de façon chronologique et commence sur le retour de Lili après un voyage en Espagne et ses parents lui apprennent que son frère Loïc est parti depuis 5 jours après une dispute futile avec son père. Le livre commence deux ans après, Claire (Lili) est alors caissière à Shopi. Dans le film, la place des parents est plus importante que dans le livre.

L'adaptation de ce livre est vraiment très réussite et j'ai été beaucoup plus émue par le film que par le livre.

J'aime également beaucoup la chanson et thème principal de la B.O du film qui est U-turn (Lili) du duo français AaRON (Artificial Animals Riding On Neverland) composé de Simon Buret et Olivier Coursier. Simon Buret joue lui-même l'ami de Loïc qui fait écouter cette chanson à Lili composée en grande partie par Loïc.

Ce film a reçu de nombreuses récompenses :

  • César du meilleur acteur dans un second rôle pour Kad Merad.

  • César du meilleur espoir féminin pour Mélanie Laurent.

  • Prix Lumière du meilleur espoir masculin pour Julien Boisselier.

  • Prix Lumière du meilleur espoir féminin pour Mélanie Laurent.

  • Étoile d’or de la révélation féminine pour Mélanie Laurent.

  • Étoile d’or du scénario pour Philippe Lioret et Olivier Adam.

Extrait : (début du livre)
Claire claque la porte et tourne les clés.
Il est dix heures. Elle commence à onze. Le Shopi ferme à vingt et une heures, elle fait la fermeture. Elle descend les escaliers quatre à quatre. Au kiosque, elle achète Libé. Il fait déjà chaud et elle ôte son gilet. La brasserie où elle a ses habitudes est fermée. C'est le mois d'août. Elle entre dans un petit café où trois vieux discutent football, devant leur troisième ballon de rouge. La patronne la salue à peine, la fait répéter deux fois lorsqu'elle commande son café et son croissant. Elle étale son journal sur la table, va directement à la page des annonces. Avec Loïc, ils lisaient toujours cette page, alors elle se dit qu'il pensera peut-être à lui laisser un message. Le café est très chaud. Elle se brûle un peu, repose la tasse, souffle sur une mèche. Elle a relevé ses cheveux presque roux et très lisses en une sorte de chignon flou et artistique. Elle se voit dans le miroir. Les vieux la regardent. Machinalement, elle amorce le geste de tirer sur sa jupe. Mais aujourd'hui, elle porte un pantalon. Les vieux s'échangent vaguement quelques tuyaux, cochent les cases d'un bulletin de PMU. Claire feuillette son journal. Très distraitement. Elle grimace un peu en finissant son café. Juste au moment où elle avale le petit dépôt de sucre qui est resté au fond. Elle pose quelques pièces de monnaie près de sa tasse, se lève et s'en va. Elle dit au revoir. Personne ne lui répond.

Lu dans le cadre du challenge coeur_vs3 proposition de Amy

Lu dans le cadre du Challenge Lunettes noires sur Pages blanches

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20 juillet 2010

L'enfant de Noé – Éric-Emmanuel Schmitt

Lu dans le cadre de l'opération 20juilletdecouvronsunauteur

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Albin Michel – avril 2004 – 150 pages

Livre de Poche - janvier 2008 – 122 pages

Présentation de l'éditeur :
" - Nous allons conclure un marché, veux-tu ? Toi, Joseph, tu feras semblant d'être chrétien, et moi je ferai semblant d'être juif. Ce sera notre secret, le plus grand des secrets. Toi et moi pourrions mourir de trahir ce secret. Juré ? - Juré. " 1942. Joseph a sept ans. Séparé de sa famille, il est recueilli par le père Pons, un homme simple et juste, qui ne se contente pas de sauver des vies. Mais que tente-t-il de préserver, tel Noé, dans ce monde menacé par un déluge de violence ? Un court et bouleversant roman dans la lignée de Monsieur Ibrahim... et d'Oscar et la dame rose qui ont fait d'Éric-Emmanuel Schmitt l'un des romanciers français les plus lus dans le monde.

Auteur : Né en 1960, normalien, agrégé de philosophie, docteur, Éric-Emmanuel Schmitt s’est d’abord fait connaître au théâtre avec Le Visiteur, cette rencontre hypothétique entre Freud et peut-être Dieu, devenue un classique du répertoire international. Rapidement, d’autres succès ont suivi : Variations énigmatiques, Le Libertin, Hôtel des deux mondes, Petits crimes conjugaux, Mes Evangiles, La Tectonique des sentiments… Plébiscitées tant par le public que par la critique, ses pièces ont été récompensées par plusieurs Molière et le Grand Prix du théâtre de l’Académie française. Son œuvre est désormais jouée dans plus de quarante pays.

Il écrit le Cycle de l’Invisible, quatre récits sur l’enfance et la spiritualité, qui rencontrent un immense succès aussi bien sur scène qu’en librairie : Milarepa, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Oscar et la dame rose
 et L’Enfant de Noé. Une carrière de romancier, initiée par La Secte des égoïstes, absorbe une grande partie de son énergie depuis L’Evangile selon Pilate, livre lumineux dont La Part de l’autre se veut le côté sombre. Depuis, on lui doit Lorsque j’étais une œuvre d’art, une variation fantaisiste et contemporaine sur le mythe de Faust et une autofiction, Ma Vie avec Mozart, une correspondance intime et originale avec le compositeur de Vienne. S'en suivent deux recueils de nouvelles : Odette Toulemonde et autres histoires, 8 destins de femmes à la recherche du bonheur,  inspiré par son premier film, et la rêveuse d'Ostende, un bel hommage au pouvoir de l'imagination. Dans Ulysse from Bagdad, son dernier roman, il livre une épopée picaresque de notre temps et interroge la condition humaine.

Mon avis : (relu en juillet 2010)
Éric-Emmanuel Schmitt est un auteur que j'aime beaucoup et j'avais déjà lu ce livre « L'enfant de Noé » avant d'avoir mon blog, et j'ai été très contente de le relire.
1942, Joseph, presque huit ans, est obligé de se cacher car il est juif. Il se trouve accueilli dans un pensionnat catholique par le Père Pons, un homme simple et juste. Joseph apprend à mentir sur son nom, ses origines. Il apprend les prières catholiques. Mais le Père Pons ne veut pas qu'il devienne chrétien. En effet, dans la crypte de l'église, le Père Pons a aménagé une synagogue secrète et il y collectionne les objets du culte juif. Il veut faire survivre la culture juive pour la transmettre à ceux qui survivront aux horreurs du nazisme. Comme Noé sur son Arche pendant le Déluge, le Père Pons veut sauver l'humanité.
Ce livre fait partie du Cycle de l'Invisible qui parle de l'enfance et des religions. C'est un récit bouleversant d'où se dégage de l'émotion, de la poésie, de l'amour et qui nous fait rire aussi. Joseph est un narrateur touchant et plein d'innocence. C'est un bel hymne à la tolérance.

Extrait : (début du livre)
Lorsque j'avais dix ans, je faisais partie d'un groupe d'enfants que, tous les dimanches, on mettait aux enchères.
On ne nous vendait pas : on nous demandait de défiler sur une estrade afin que nous trouvions preneur. Dans le public pouvaient se trouver aussi bien nos vrais parents enfin revenus de la guerre que des couples désireux de nous adopter.
Tous les dimanches, je montais sur les planches en espérant être reconnu, sinon choisi.
Tous les dimanches, sous le préau de la Villa Jaune, j'avais dix pas pour me faire voir, dix pas pour obtenir une famille, dix pas pour cesser d'être orphelin. Les premières enjambées ne me coûtaient guère tant l'impatience me propulsait sur le podium, mais je faiblissais à mi-parcours, et mes mollets arrachaient péniblement le dernier mètre. Au bout, comme au bord d'un plongeoir, m'attendait le vide. Un silence plus profond qu'un gouffre. De ces rangées de têtes, de ces chapeaux, crânes et chignons, une bouche devait s'ouvrir pour s'exclamer :  « Mon fils ! » ou : « C'est lui ! C'est lui que je veux ! Je l'adopte ! » Les orteils crispés, le corps tendu vers cet appel qui m'arrachait à l'abandon, je vérifiais que j'avais soigné mon apparence.
Levé à 'aube, j'avais bondi du dortoir aux lavabos froids où je m'étais entamé la peau avec un savon vert, aussi dur qu'une pierre, long à attendrir et avare de mousse. Je m'étais coiffé vingt fois afin d'être certain que mes cheveux m'obéissent. Parce que mon costume bleu de messe était devenu trop étroit aux épaules, trop court aux poignets et aux chevilles, je me tassais à l'intérieur de sa toile rêche pour dissimuler que j'avais grandi.

Déjà lu d'Éric-Emmanuel Schmitt :

oscar_et_la_dame_rose Oscar et la dame rose

odette_toulemonde Odette Toulemonde et autres histoires

la_reveuse_d_ostende La rêveuse d'Ostende

ulysse_from_Bagdad Ulysse from Bagdad

le_sumo_qui_ne_voulait_pas_grossir Le sumo qui ne pouvait pas grossir

9 juillet 2010

Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom – Barbara Constantine

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Quatrième de couverture :
Tom a onze ans. Il vit dans un vieux mobil-home déglingué avec Joss, sa mère (plutôt jeune : elle l'a eu à treize ans et demi). Comme Joss aime beaucoup sortir tard le soir, tomber amoureuse et partir en week-end avec ses copains, Tom se retrouve souvent tout seul. Et il doit se débrouiller. Pour manger, il va dans les potagers de ses voisins, pique leurs carottes, leurs pommes de terre... Mais comme il a très peur de se faire prendre et d'être envoyé à la Ddass (c'est Joss qui lui a dit que ça pouvait arriver et qu'elle ne pourrait rien faire pour le récupérer), il fait très attention, efface soigneusement les traces de son passage, replante derrière lui, brouille les pistes. Un soir, en cherchant un nouveau jardin où faire ses courses, il tombe sur Madeleine (quatre-vingt-treize ans), couchée par terre au milieu de ses choux, en train de pleurer, toute seule, sans pouvoir se relever. Elle serait certainement morte, la pauvre vieille, si le petit Tom (petit homme) n'était pas passé par là...

Auteur : Barbara Constantine se partage entre le Berry (près Le Blanc, dans l'Indre), par amour de la campagne (entre autres), Biarritz (pour raisons familiales) et Paris (côté Ivry-sur-Seine), parce que la ville, c'est pas mal aussi (des fois). Elle est scripte et romancière. Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom est son troisième roman, après Allumer le chat et A Mélie, sans mélo.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
Je me suis régalée en lisant cette jolie histoire à la fois tendre et drôle. Tom, 11 ans, est un petit garçon attachant, il vit avec sa jeune mère, Joss, dans un vieux mobil-home. Il doit souvent se débrouiller tout seul. Pour se nourrir, il vole des légumes dans les potagers voisins. Un jour, il découvre Madeleine, 93 ans, allongée dans son jardin et appelant à l’aide. Il va l’aider à se sortir de ce mauvais pas et il va accepter de s’occuper de son vieux chien et son vieux chat pendant que Madeleine sera à l’hôpital…

Autour de Tom, l’auteur nous offre une jolie galerie de personnages : un couple de retraités franco-anglais et leur chat boiteux Captain Achab, Joss qui fait un complexe de ses gros seins, Samy un ancien ami de Joss qui sort de prison…

L’auteur fait un petit clin d’œil à ces deux précédents livres Allumer le chat et A Mélie, sans mélo : certains des personnages sont de passage dans cette histoire…

Voilà un livre qui se lit d’une traite, plein de la fraîcheur des jardins et plein de situations cocasses et plein tendresse entre Madeleine et Tom, petit Tom, tout petit homme. A découvrir sans tarder !

Extrait : (page 49)
Tom vient d’arriver près du potager des voisins. Ceux qui se disent « vous » et qui se parlent poliment même quand ils sont énervés. Il couche son vélo dans les buissons, s’approche de la haie, écoute. Pas un chat. Le samedi, à cette heure, ils ne sont jamais là. Ils doivent aller faire des courses ou rendre visite à des copains.
C’est bon. Tom va pouvoir un peu fouiner.

Il finit de remplir son sac et le dépose tout près du trou dans la haie. Trois carottes, trois poireaux, trois oignons et neuf pommes de terre. Il est inquiet. Il ne prend pas autant de choses d’habitude. Il retourne effacer les traces de son passage. Arrose très soigneusement le plant de pommes de terre arraché et replanté. En se disant que, peut-être, il reprendra ?… On ne sait jamais.

Il reste du temps avant le retour des proprios. Pour la première fois, il pousse la porte et entre dans le cellier. En faisant attention à ne pas laisser de traces. Il s’arrête devant les grandes étagères pleines d’outils, de matériel de bricolage, de boîtes de toutes sortes. Tout est classé, rangé, étiqueté. Sur une table, des claies empilées, pleines de pommes de l’automne dernier. Il en met trois dans ses poches et croque dans une quatrième.
Il commence à se détendre. A se sentir chez lui.

Maintenant, il entre dans la serre. Il fait chaud. Ça sent bon la terre humide. Partout, des pousses de fleurs et de légumes. Avec la photo en couleurs de ce qu’ils deviendront plus tard. Des multitudes de plants de tomates. Des rouges, des oranges, des jaunes, des vertes et même des noires. En forme de poire, de piment, de cœur… jamais vu ça.

Il est temps de partir. Il récupère son sac et plonge sous la haie. Au moment de ressortir, il se fige. Le chat est là. Le regarde aussi méchamment que la dernière fois. Toujours aussi impressionné, Tom baisse le regard. Il a entendu dire quelque part qu’il ne fallait jamais fixer les chats dans les yeux. Ils pensent qu’on les défie, et ça réveille leur agressivité. Il garde son sac sur le dos, mais sort les trois pommes de ses poches. Il hausse un peu les épaules, comme pour s’excuser et l’air de dire : Juste trois, ça peut aller ? Alors le chat se lève, avance lentement vers lui. Sur trois pattes, évidemment. De cette démarche qui le rend si inquiétant. Il avance sans quitter Tom des yeux, puis… d’un bond s’engouffre sous la haie et disparaît.
Tom soupire. Il a eu très chaud cette fois encore.

allumer_le_chat Allumer le chat     a_M_lie__sans_m_lo_p A Mélie, sans mélo

Déjà lu du même auteur :

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5 juillet 2010

Les noces barbares - Yann Queffélec

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Gallimard – août 1985 – 309 pages

Folio – août 1987 – 343 pages

Prix Goncourt 1985

Quatrième de couverture :
Fruit d'une alliance barbare et d'un grand amour déçu, Ludovic, enfant haï par sa trop jeune mère - Nicole et ses grands-parents, vit ses premières années caché dans un grenier. La situation ne s'arrange guère après le mariage de Nicole avec Micho, brave et riche mécanicien qui cherche à protéger Ludovic. Hantée par ses amours brisées, sombrant dans l'alcoolisme et méprisant son mari, la jeune femme fait enfermer son fils dans une institution pour débiles légers. Mais Ludovic n'est pas l'arriéré qu'on veut faire de lui. Il ne cesse de rêver à sa mère qu'il adore et qu'il redoute. Même une première expérience amoureuse ne parvient pas à l'en détourner. Son seul but, son unique lumière : la retrouver. S'enfuyant un soir de Noël, il trouve refuge sur la côte bordelaise, à bord d'une épave échouée, écrit chez lui des lettres enflammées qui restent sans réponse. Et c'est là-bas, sur le bateau dont il a fait sa maison, que va se produire entre Nicole et son fils une scène poignante de re-connaissance mutuelle - qui est aussi le dernier épisode de leurs noces barbares.

Auteur : Né à Paris en 1949, Yann Queffélec est un écrivain français. Il est le fils de l’écrivain breton Henri Queffélec et le frère de la pianiste Anne Queffélec. Bien qu’il vive encore à Paris, il a gardé de fortes attaches en Bretagne. Il entame sa carrière d’écrivain en éditant à 32 ans une biographie de Béla Bartók. Quatre ans plus tard, il reçoit le prix Goncourt pour son roman Les noces barbares. Il est l’auteur de nombreux romans et d’un recueil de poèmes et aussi des paroles de chansons, notamment pour Pierre Bachelet. En 1998, il anime sur internet la création d'un roman interactif Trente jours à tuer.

Mon avis : (relu en juillet 2010)
J'avais déjà lu ce livre il y a longtemps et il m'avait marqué et je voulais le relire et le Challenge ABC a été l'occasion de le faire.
C'est l'histoire d'un fils Ludovic qui cherche désespérément l'amour de sa mère Nicole. Mais celle-ci le rejette car il est le fruit d'un viol alors que Nicole n'avait pas quinze ans. Il a vécu ses premières années caché dans un grenier sans aucun amour de la part de sa mère et de ses grands-parents. Nicole se marie avec Micho qui a déjà un fils Tatav. Il est prêt à accueillir également Ludo. Micho est très gentil avec Ludo et il veut vraiment créer une vrai famille. Mais Nicole ne supporte pas Ludo, il lui rappelle son passé. Elle prétend qu'il est idiot et le fait enfermer dans un établissement pour débiles légers. Mais Ludovic n'est pas idiot, il recherche l'amour de sa mère et en même temps il la craint.
L'histoire est bouleversante, l'écriture est magnifique, précise, poétique. Les personnages de Ludovic et Nicole sont attachants, leur relation mère et fils est poignante : la mère est violente vis à vis du fils, mais celui-ci lui répond par un amour inconditionnel, il voudrait être accepté. C'est une histoire sombre, tragique, douloureuse, triste, bouleversante et inoubliable !

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Les Noces Barbares a été adapté au cinéma par Marion Hänsel en 1987.

Extrait : (page 85)
Ludo crut punir sa mère en lui battant froid. Il ne cracha plus dans le café du jeudi matin, ne colla plus ses lèvres sur le bol où elle avait bu, bloqua sa respiration quand ils se croisaient. Son point d'honneur, voulait que toute intimité fût désormais radiée de ces gestes par lesquels, chaque jour, il la servait. Nicole affectait de ne rien remarquer. On eut dit que la brouille installée par son fils répondait à ses vœux. Sa froideur, à lui, n'avait d'autre avenir que la tristesse, il ne s'enfonçait dans l'hostilité que pour s'y résigner le plus tard possible. « T’as raison, disait Tatav à Ludo. Elle est niaise, ta mère. Moi je voulais pas que mon père se la marie. – Ah bon », répondait Ludo.

« Faut la mettre à bout, déclara Tatav un jour. Faut qu’elle demande pardon. C’est la loi. » Il pouffa : « On va y coller des perce-oreilles dans ses affaires. Allez viens ! Toi tu surveilles l’escalier, moi je les mets. » Ludo fit la sentinelle. « Plus jamais qu’elle osera mettre sa culotte, exultait Tatav en sortant quelques instants plus tard. J’y en ai mis un régiment. Bon, moi je vais au sous-marin. »

Dès qu’il fut parti, Ludo se glissa chez Nicole et subtilisa les perce-oreilles épars dans son linge. « C’est une fine mouche, observa Tatav le lendemain sur le trajet de l’école. Elle a rien dit. Même qu’elle m’a fait la bise. Faut y mettre des boules puantes sous les draps. Quand elle va se coucher, ça va écraser les boules. Oh, la nuit qu’ils vont passer, les vieux ! » Ludo faillit se faire prendre en déminant la literie piégée par Tatav. « Moi, j’y comprends rien, s’énervait celui-ci. – Moi non plus, répondait Ludo. – J’ai une idée. Je me mets derrière elle à quatre pattes. Toi tu fonces dessus par-devant pour qu’elle recule et tombe sur moi. » Exécution. Mais à la seconde où Nicole allait buter en plein dans Tatav, Ludo s’écria : « Attention ! » et le piège échoua. Tatav s’en tira piteusement par un lacet qu’il renouait, mais commença de regarder Ludo d’un sale œil. « Ben quoi, j’ai eu peur… »

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (20/26)

29 juin 2010

En avant, route ! - Alix de Saint-André

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Gallimard – avril 2010 – 307 pages

Folio - juin 2011 - 351 pages

Présentation de l'éditeur :
Alix de Saint-André a pris trois fois la route de Compostelle. La première fois, elle est partie de Saint-Jean-Pied-de-Port, sur le chemin français, avec un sac plein d'idées préconçues, qui se sont envolées une à une, au fil des étapes. La deuxième fois, elle a parcouru le " chemin anglais " depuis La Corogne, lors d'une année sainte mouvementée. L'ultime voyage fut le vrai voyage, celui que l'on doit faire en partant de chez soi. Des bords de Loire à Saint-Jacques-de-Compostelle, de paysages sublimes en banlieues sinistres, elle a rejoint le peuple des pèlerins qui se retrouvent sur le chemin, libérés de toute identité sociale, pour vivre à quatre kilomètres-heure une aventure humaine pleine de gaieté, d'amitié et de surprises. Sur ces marcheurs de tous pays et de toutes convictions, réunis moins par la foi que par les ampoules aux pieds, mais cheminant chacun dans sa quête secrète, Alix de Saint-André, en poursuivant la sienne, empreinte d'une gravité mélancolique, porte, comme à son habitude, un regard à la fois affectueux et espiègle.

Auteur : Née en 1957 à Neuilly sur Seine, fille de l’écuyer en chef du Cadre Noir, Alix grandit dans la région de Saumur avant de devenir grand reporter et journaliste, travaillant pour le magazine ELLE. En 1994, elle publie son seul polar, le farfelu L’ange et le réservoir à liquide à freins et poursuit dans le domaine de l’angéologie avec son livre Archives des anges (1998) dans lequel elle enquête sur l’existence de ces créatures aériennes aussi bien dans la Bible, le Talmud que le Coran. De Saint André revient à la fiction avec Papa est au panthéon (2001), avant de publier Ma Nanie (2003), Prix Terre de France, où Alix, dans un monologue affectueux adressé à cette femme, revisite son enfance et sa relation privilégiée avec cette Nanie, décédée en 2001. En 2007, paraît Il n’y a pas de grandes personnes, livre entièrement consacré à sa passion pour André Malraux et où elle nous raconte sa rencontre avec la fille de ce dernier, Florence Malraux.

Mon avis : (lu en juin 2010)
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre. Un récit drôle et très fort, d'Alix de Saint-André qui nous raconte ses trois Chemins vers Saint-Jacques de Compostelle.
Pour son premier Chemin, Alix est partie de Saint-Jean-Pied-de-Port sans aucune préparation et avec beaucoup d’à priori… Et elle découvre les Pyrénées où le « paysage n’arrête pas de monter et de descendre. » Les fins d’étapes difficiles « Les derniers kilomètres sont interminables. » et elle fera ses premières rencontres. Pour son deuxième voyage, Alix emprunte le « Chemin anglais » en Catalogne lors d'une année sainte. Enfin le troisième voyage est le plus vrai, Alix commence son Chemin de Compostelle à la porte de sa maison d'enfance en bord de Loire.
Dans un récit haut en couleur, Alix nous raconte le Chemin de Compostelle avec ses traditions, son folklore avec beaucoup d'humour elle décrit ses compagnons et compagnes de pèlerinage, les paysages qu'elle croise, ses bobos, ses étapes... Elle nous donne également les petits trucs des pèlerins pour charger et porter son sac, pour soigner ses pieds…
Il se dégage de ce livre un vrai sentiment d'humanité et de partage, la marche transforme aussi le rapport au temps « J'étais sûre de n'avoir marché que pour cela, pour cette surprise qui nous attendait, après tant et tant de terres traversées, pour ces joyeuses retrouvailles, ce souffle, cette libération, cette respiration, ce vrai bonheur »
J'ai également beaucoup pensé à un film que j'aime beaucoup celui de Coline Serreau « Saint-Jacques La Mecque » en lisant ce livre. A lire absolument !

Extrait : (début du livre)

Bécassine chez les pèlerins

Le 14 juillet 2003, ma cousine Cricri et moi-même étions dans le très typique village de Saint-Jean-Pied-de-Port, au Pays basque, attablées devant une nappe à carreaux rouges et blancs typique, en train d'avaler du fromage et du jambon typiques avec un coup de rouge typique aussi, en fin d'après-midi, sous la menace d'un orage de montagne, bien noir mais presque tiède. J'étais au pied du mur. D'un grand mur appelé : Pyrénées. Cricri connaissait très bien le chemin de Compostelle ; elle avait fait beaucoup de reportages dessus. Moi, je ne connaissais même pas l'itinéraire. Je fumais trois paquets de cigarettes par jour depuis vingt-cinq ans, et, selon l'expression de Florence, j'entrais dans les restaurants avec ma voiture. Je n'avais rien préparé. Aucun entraînement. Ni sportif ni géographique. Aucune inquiétude non plus : le chemin était fléché et il y avait plein de monde. Je n'aurais qu'à suivre les autres. À mon rythme. Ce n'était pas bien compliqué. Fatigant, peut-être ; dur, mais pas difficile. Cricri m'offrit un couteau ; je lui rendis une pièce de monnaie (pour ne pas couper l'amitié), et elle partit. J'achetai un bâton ferré - appelé un bourdon. Il fallait qu'il soit léger, m'avait-elle dit. Celui-ci était léger, l'air, droit, avec une courroie de cuir. En haut, un edelweiss pyrogravé couronné de l'inscription « Pays Basque » faisait plus touriste que pèlerin, pas très professionnel. Mais le vendeur m'assura que ça irait.

PREMIER JOUR

Tout de suite, ça grimpe. Il est plus tôt que tôt, l'air est chaud et humide comme à Bombay pendant la mousson, et ça monte. Sur une route asphaltée, pour voitures automobiles, dure sous les pieds ! Grise et moche. On peut juste espérer que la campagne est belle. Dès qu'on sera dégagés du gros nuage qui nous enveloppe, on verra. Pour le moment, bain de vapeur. J'ai suivi les autres, comme prévu. Je me suis levée en pleine nuit, pour faire mon sac à tâtons au dortoir. On sonne le réveil à six heures dans les refuges, mais tout le monde se lève avant l'aube. Pourquoi ? Mystère. D'ores et déjà je sais une chose : dans le noir, j'ai perdu mes sandales en caoutchouc, genre surf des mers, pour mettre le soir. Je sais aussi une autre chose : je ne ferai pas demi-tour pour les récupérer !

Je marche derrière un jeune couple de fiancés catholiques. Des vrais. Au-delà de l'imaginable. Courts sur pattes musclées sous les shorts en coton. Très scouts des années cinquante. Ils sont venus à pied de Bordeaux. Il doit y avoir une réserve là-bas. Gentils, polis, souriants : je hais les catholiques, surtout le matin. Ils me vouvoient et ne savent pas encore quand ils vont se marier. Pour le moment, la situation leur convient : un long voyage de non-noces dans des lits superposés ! Devant marche un curé rouquin. Je l'ai vu au petit déjeuner. En clergyman avec un col romain, le tout synthétique et bien luisant, armé d'un bourdon d'antiquaire, énorme, sculpté, digne des Compagnons du Tour de France sous le second Empire. Une semaine par an, il quitte sa paroisse de banlieue pour le chemin de Saint- Jacques. Respirer, dit-il. Suer, c'est sûr. Il a les joues rose bonbon. Le nuage s'évapore, et des vaches apparaissent. Bien rectangulaires, avec de beaux yeux sombres et mélancoliques sous leurs longs cils. Un peintre m'a expliqué un jour pourquoi les juments avaient l'œil si joyeux, alors que celui des vaches était si triste : pas des choses à raconter à des fiancés catholiques.

Très vite, ça fait mal. Dans les jambes, les épaules et le dos. Ça grimpe et ça fait mal. Je n'y arriverai pas seule. N'ayant aucune forme physique, je dois m'en remettre aux seules forces de l'Esprit. Comme au Moyen Âge. Je pique mon bâton dans le sol à coups d'Ave Maria, comme des mantras. Une pour papa, une pour maman, une cuiller de prières, une dizaine par personne, et en avant ! Ça passe ou ça casse. À la grâce de Dieu ! Comme on dit. Mais pour de vrai. En trois dimensions. Mine de rien, ça rythme, ça concentre. Ça aide. Ça marche. J'ai l'impression de traîner toute une tribu derrière moi, des vivants et des morts, leurs visages épinglés sur une longue cape flottant aux bretelles de mon sac à dos. Un monde fou.

23 juin 2010

Les jardins du vent – Annie Degroote

les_jardins_du_vent Presses de la cité - avril 2010 - 319 pages   

Présentation de l'éditeur :
Qu'est-ce qui fait qu'une personne, un jour, renonce à être elle-même ?
Parce qu'il s'estime responsable de la tragique disparition de son fils, Sam, âgé de trois ans, David sombre, comme si sa vraie vie s'était arrêtée à ce même instant. Il faudra un accident grave, le patient amour de Pauline, l'amitié attentive de quelques fidèles et la magie débridée du carnaval de Dunkerque pour qu'il se reconstruise. Et prenne un nouveau départ.
Sublime célébration du Nord, de Lille à Dunkerque et de Berck au Touquet, Les Jardins du vent est un roman magnifique sur la fragilité de la vie, les parts d'ombre et de lumière de chacun.

Auteur et personnalité du Nord de premier plan, Annie Degroote a publié de nombreux romans aux Presses de la Cité, notamment L'Oubliée de Salperwick, Les Silences du maître drapier, La Splendeur des Vaneyck, Les Amants de la petite reine, Un palais dans les dunes, Renelde, fille des Flandres et L'Etrangère de Saint-Pétersbourg.

Mon avis : (lu en juin 2010)
C'est sur le conseil d'une lectrice lors du dernier Café Lecture de la Bibliothèque que j'ai lu ce livre. Tout d'abord, j'adore la couverture du livre qui évoque de belles choses pour moi qui suis si amoureuse des bords de mer ! Le titre est également sympa et mystérieux.

Tout commence en 2004, à Bray les Dunes, sur la Côte d'Opale, non loin de Dunkerque. David Aston est écrivain, il est le papa de Sam un petit garçon âgé de 3 ans. Un jour lors d'une promenade avec son fils en bord de mer, le petit Sam disparaît...
Trois ans plus tard, David ne se remet pas de la disparition de Sam, sa femme l'a quitté et est partie en Nouvelle-Zélande. Ses deux amis de Carnaval "l'Arsouille" et Fanfan, dit la "Tulipe" tentent sans grand succès de lui remonter le moral.
A Lille, Pauline est médecin, elle élève seule Lilou, sa fille de 15 ans. Elle a le soutien de sa copine de toujours Mathilde et de son meilleur ami Rémi.
Romain Meusla est photographe. C'est un bel homme athlète et sportif. Lors d'un rassemblement de cerfs volants à Berck, où il prend des photos d'enfants et de familles, il sauve de la noyade un petit garçon d'environ six ans. Mais le comportement plutôt bizarre du père qui ne le remercie pas, suscite la curiosité de Romain.
A Paris, Rachel est une vieille dame de 90 ans, ancienne artiste. Elle va tous les jours au Cimetière du Père Lachaise pour apporter à manger aux nombreux chats errants et pour se rendre sur la tombe de Sarah Bernhardt.
Voici certains des personnages que l'on découvre dans ce livre, ils vont avoir les uns et les autres l'occasion de se croiser. L'intrigue est parfaitement construite un peu comme un roman policier avec des rebondissements. A travers des descriptions précises et imagées, Annie Degroote nous fait également découvrir le Nord, les plages de Berck, du Touquet et les cerfs-volants, le Carnaval de Dunkerque vu de l'intérieur. Le lecteur découvre aussi le cimetière du Père Lachaise, ses occupants célèbres et ses rassemblements nocturnes.

Un livre que j'ai dévoré avec beaucoup de plaisir et qui m'a donné envie d'aller me promener le long des plages du Nord.

Extrait : (début du livre) 
20 juin 2004
David Biot-Aston ressentit un pincement au cœur à l'instant précis où la petite main potelée lâcha la sienne. La peur de la séparation s'exprime souvent lors de gestes banals. En apparence.
Je deviens une vraie mère poule en vieillissant, songea-t-il. De plus en plus émotif...
Il oublia ses appréhensions, et sourit au bonheur de son enfant de trois ans, qui s'élançait de ses petites jambes vers la voiture à pédales.
Prudent, il resta toutefois à sa hauteur, sur la digue.

A Bray-Dunes, la mer du Nord se respire dès l'«avenue de la plage», qui traverse la commune et mène droit à la digue. Les poumons se remplissent avec délice d'air salé et marin, signe avant-coureur de la proximité de la mer. La lumière elle-même semble s'apaiser.
Dans cet environnement, les angoisses de David s'évaporaient. Atténuées avec la rencontre d'Élise, disparues avec la naissance de leur petit garçon, elles avaient reflué avec ses «déceptions». Le mot était lâché, la mort dans l'âme. Il ne reconnaissait plus le visage de l'amour, sous les frustrations et les déchirures.

La mer possédait ce pouvoir d'agir sur son être comme un antidépresseur naturel. Ses démons intérieurs se dissipaient au profit de forces créatrices.

Il déplorait la disparition, à maints endroits du littoral du Nord, des villas parsemant les digues. Des immeubles sans caractère les remplaçaient. Il se traitait d'égoïste. Ces appartements, décriés par les esthètes, les nostalgiques et les privilégiés comme lui, permettaient à de nouveaux vacanciers de jouir du spectacle inlassable des vagues. Ici et là, quelques villas avaient résisté aux assauts des bombes, puis des marteaux-piqueurs. Elles témoignaient du charme suranné d'un autre siècle, celui de monsieur Bray, l'armateur dunkerquois à l'origine du village.

La digue, elle, était toujours là.

30 mai 2010

Le baby-sitter – Jean-Philippe Blondel

le_baby_sitter Buchet-Chastel – janvier 2010 – 297 pages

Quatrième de couverture :
Dix-neuf ans. Étudiant. Pas d'argent. Pour pouvoir remplir son frigo et s'amuser un peu, il n'y a guère de solutions. Travailler dans un fast-food. Surveiller les activités périscolaires. Ou opter pour le baby-sitting C'est ce que choisit Alex, finalement. Mais lorsqu'il dépose son annonce à la boulangerie du coin, il est loin d'imaginer la série de personnages qu'il va rencontrer, et à quel point cet emploi va modifier sa perception du monde. Il ne peut surtout pas se douter combien sa présence va influer sur la vie de ses nouveaux employeurs. Parce que, au fond, ce que l'on confie à un baby-sitter, pour quelques heures, c'est ce que l'on a de plus précieux ses enfants, sa maison, le cœur même de son existence. Un roman sur les liens que l'on tisse et sur ceux que l'on tranche - et sur cette humanité qui tente, bon an mal an, de tenir et d'avancer, en rêvant de courir et de dévaler les pentes.

Auteur : Jean-Philippe Blondel est né en 1964, il est marié, il a deux enfants et il enseigne l'anglais dans un lycée de province depuis bientôt vingt ans. Il a aussi un vice – il aime lire. Pire encore, il aime écrire. Il a publié plusieurs romans comme Accès direct à la plage (2003), 1979 (2003), Juke-box (2004), Un minuscule inventaire(2005), Passage du gué (2006), This is not a love song (2007). Au rebond est son deuxième livre pour la jeunesse après Un endroit pour vivre (2007).

Mon avis : (lu en mai 2010)
Alex est étudiant en anglais, il a 19 ans. Sa bourse et l'argent qu'il a gagné l'été précédent ne lui suffisent pas pour remplir son frigo. Il décide de donner des cours de langue pour boucler les fins de mois. Quand tout à coup ce sont les pleurs du bébé de l'étage du dessus qui lui donne l'idée de devenir baby-sitter. Dès le lendemain, il dépose une petite-annonce à la boulangerie et Mélanie, la boulangère devient sa première cliente. Ensuite, le bouche à oreille fera le reste et de nombreux parents feront appel à lui.
Alex ne fait pas seulement des gardes d'enfants, il entre dans l'intimité des parents et devient un confident. Grâce à cela il va les aider et il va lui-même grandir. Une histoire pleine d’humanité sur les relations parents-enfants mais aussi sur les relations entre adultes. Des personnages attachants. J'ai passé un très bon moment en lisant ce livre.

Extrait : (page 18)
C’est un appartement minuscule de deux pièces et demie (la demie, c’est la kitchenette très fonctionnelle), niché dans un lieu improbable – un demi-étage. En fait, il faut monter l’escalier jusqu’au deuxième, emprunter un morceau de couloir dissimulé, sur la droite, redescendre quelques marches et on se trouve face à la porte de cette extension inutile et décalée – un studio très ancien qui a dû cacher de nombreux adultères, voire servir de refuge à quelques catins embourgeoisées. Catherine trouve que cela sent le moisi. Les copains d’Alex trouvent que c’est vraiment cher. Alex s’en moque éperdument. Il est amoureux de son appartement. Même si ses nuits sont régulièrement troublées par les pleurs du bébé Guilbert.
Et surtout par les angoisses de ses parents. Eux, ce dont ils auraient vraiment besoin, c’est une baby-sitter.

Et soudain, l’illumination.
Alex ne le sait pas encore, mais il repensera souvent à ce moment-là : le milieu de la nuit, le demi-étage, les placards ouverts, la décision de se faire un thé – il paraît que ça cale les estomacs creux.
Le moment où l’idée s’est imposée, dans toute sa simplicité – une femme nue sortant de la rivière, inconsciente des regards qui l’épient, par-delà les fourrés.
Baby-sitter
.
Oui, ça peut être dans ses cordes.
A condition que les enfants aient au moins trois ou quatre ans, qu’il ne faille pas changer les couches – à condition, donc, qu’on n’ait pas besoin de puéricultrice.
Alex n’a pas beaucoup l’habitude des enfants, mais il se débrouille plutôt bien avec ses petits cousins et avec le frère de son ex, un monstre de neuf ans, accro à la Wii et qui s’exprime avec à peu près autant de clarté qu’un androïde défectueux. Et ce serait une bonne expérience, comme les cours particuliers. Dans la brume de son avenir, Alex entrevoit la possibilité de devenir prof ou instit – même si ce désir n’a encore que de vagues contours. Ce serait peut-être justement l’occasion de vérifier si cette chimère pourrait se transformer ou non en réalité.

27 mai 2010

Ma sœur, ce boulet – Claire Scovell-Lazebnik

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Fleuve noir – décembre 2004 – 369 pages

Edition France Loisirs – 2006 – 498 pages

traduit de l’américain par Valérie Dariot

Présentation de l’éditeur :
Comment faites-vous quand vous avez vingt ans, une mère farfelue, et un père remarié qui se tue dans un accident de voiture, vous laissant en héritage une immense maison et une gamine de trois ans, la demi-sœur que vous ne voyez qu'une fois par an ? Comment faites-vous quand votre chargé de cours, ce Joe Lowden qui tombe les filles comme des mouches, vous fait les yeux doux ? Comment faites-vous quand un confrère et ami de votre père vous force la main pour accepter cet encombrant héritage ? Et surtout, comment faites-vous, vous qui n'avez aucune habitude des gosses, pour calmer une petite Célia qui réclame sa maman en hurlant ?

Auteur : Claire Scovell LaZebnik, originaire de Boston, a été diplômée de l'Université de Harvard avec les félicitations du jury. Elle vit à Los Angeles avec son mari, également écrivain, et ses quatre enfants. Ma sœur, ce boulet est son premier roman.

Mon avis : (lu en mai 2010)
Ce livre se lit très facilement et rapidement, pour ma part ce fut le week-end dernier lors d'un voyage en TGV vers l'Ouest.

Olivia a vingt et un ans, elle est étudiante en littérature. Elle a un caractère assez fort, elle n'a pas sa langue dans sa poche et elle est égoïste, un peu rebelle. Mais son père et sa jeune belle-mère disparaissent dans un accident de voiture et lui laisse en héritage non seulement une belle maison et beaucoup d'argent mais surtout sa demi-sœur Célia âgée de trois ans... Olivia la connaît à peine et ne se sent pas de taille à assumer ce rôle de tutrice. Pour l'aider, sa mère est là, mais sera-t-elle vraiment une vrai ? Il y aura aussi Dennis Klein le bras droit de son père et Joe Lowden son professeur qui dit être amoureux d'Olivia.

Le ton est léger, plein d'humour et tout au long du livre on découvre le personnage d'Olivia évoluer dans son rôle de grande sœur responsable. J'ai passé avec ce livre un très agréable moment de détente.

Extrait : (début du livre)
- Tu crois qu'elle sera là ?
C'est la première question de ma mère lorsqu'elle grimpe dans la voiture. Je n'ai pas pris la peine de descendre. J'ai juste donné un coup d'avertisseur et j'ai attendu. Je supporte stoïquement son baiser sur ma joue puis passe la première et démarre en trombe sans même lui laisser le temps de boucler sa ceinture.
- Oui, Barbara, je crois qu'elle sera là, vu qu'elle est la maîtresse de maison et qu'il est son mari. Question suivante ?
Elle baisse le pare-soleil et étudie son reflet dans le miroir.
- Pour le moment, oui, il est son mari, mais ça ne durera pas. Avec lui, ça ne dure jamais.
- Avec deux tourtereaux comme Richard et Alicia, ça durera forcément.
- Quand j'y pense, j'ignore pourquoi je vais là-bas. De quoi j'ai l'air ?
- Tu es superbe. Il va retomber amoureux de toi, il la quittera pour revenir avec nous, je retrouverai mon petit papa et ma petite maman et nous vivrons heureux tous ensemble comme avant.
- Je ne le reprendrais pas, même s'il me suppliait à genoux.
- T'en fais pas pour ça, il ne te suppliera jamais.
- Je ne sais vraiment pas pourquoi j'y vais, répète-t-elle.
À vrai dire, moi non plus. Mais notre famille dysfonctionnelle éprouve ce besoin irrépressible de se réunir pour Thanksgiving. Ça fait pourtant belle lurette que nous ne formons même plus une famille, elle, moi et le paternel.
Et me voilà donc en train de conduire ma mère à un dîner de Thanksgiving chez mon père qui ne peut pas la souffrir, mais qui retrouve en moi assez de lui-même pour supporter cette épreuve une fois l'an. Pas étonnant, je suis sa copie conforme, même cheveux noirs, même yeux bruns. Comme lui, je suis nerveuse et courte sur pattes, autrement dit l'exact opposé de la femme qui m'a mise au monde. Ainsi que vous pouvez l'imaginer, ce dîner est pour nous tous une vraie partie de plaisir.

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