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A propos de livres...

5 octobre 2015

Henning Mankell (1948 - 2015)

Henning_Mankell_3_2011_Shankbone

Je viens d'apprendre le décès de l'auteur suédois Henning Mankell à l'âge de 67 ans.
Il était le créateur du personnage de l'inspecteur Kurt Wallander, héros récurrent de ses romans policiers. 
J'ai découvert cet auteur avec deux de ses romans (non policier) Tea-Bag et Les chaussures italiennes, ensuite j'ai découvert la série Kurt Wallander. 
J'ai eu l'occasion de voir et d'entendre Henning Mankell au Salon du Livre de Paris en 2011 où les lettres nordiques étaient à l'honneur.
C'est un auteur que j'aime beaucoup et dont j'ai encore quelques livres à découvrir... 

Déjà lu d'Hennig Mankell : (les titres en gras ne sont pas des romans policiers)
tea_bag  Tea-Bag  les_chaussures_italiennes  Les chaussures italiennes

meurtriers_sans_visage_p Meurtriers sans visage Les_chiens_de_Riga_2 Les chiens de Riga

l_homme_inquiet L'homme inquiet le_retour_du_professeur_points Le Retour du professeur de danse

la_lionne_blanche_p La lionne blanche  profondeurs_p Profondeurs le_chinois Le Chinois

l_homme_qui_souriait_p L’homme qui souriait le_guerrier_solitaire_p Le guerrier solitaire 

la_faille_souterraine La faille souterraine et autres enquêtes la_cinqui_me_femme La cinquième femme

les_morts_de_la_st_jean_point Les morts de la Saint-Jean 2013-12-30_081744 Les chaussures italiennes 

la muraille invisible_cd La muraille invisible

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5 octobre 2015

C'est lundi, que lisez-vous ? [230]

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu ces dernières semaines ? 

millenium3 1507-1 millenium4 la-messe-anniversaire-6886

Millenium - tome 3 - Sylvain Runberg, Stieg Larsson et Man 
La maladroite - Alexandre Seurat 
Millenium - tome 4 - Sylvain Runberg, Stieg Larsson et Man 
La messe anniversaire - Olivier Adam

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

L'homme idéal existe. Il est Québécois - Diane Ducret (partenariat Albin Michel)
Noir septembre - Inger Wolf

Que lirai-je la semaine prochaine ?

La piste noire - Asa Larsson (partenariat Albin Michel)
Venus d'ailleurs - Paola Pigani
A la poursuite de ma vie - John Corey Wharey (partenariat Casterman)

Bonnes lectures et bonne semaine !

4 octobre 2015

La messe anniversaire - Olivier Adam

la-messe-anniversaire-6886 Ecole des Loisirs - septembre 2003 - 180 pages

Quatrième de couverture :
"Caroline n'existe plus que dans nos têtes, dans nos souvenirs et dans nos larmes."

Caroline est morte. Il y a un an déjà. Elle avait quinze ans quand sa vie a basculé. Ça s'est passé lors d'une fête entre copains. Elle était là, bien vivante. Et la seconde d'après, elle n'était plus qu'un corps désarticulé sur le béton. Depuis, chacun de ses amis témoins de la scène, apprivoise sa peine, vaille que vaille, dans son coin. Et la vie continue.
Il y a Titou, qui déraille un peu ; Sophie, qui refuse d'oublier de peur de trahir ; Nico, l'ami d'enfance, celui du premier baiser ; Marilou, qui a déménagé et refait sa vie ; Alex, qui essaie de vivre pleinement et tout de suite, malgré la culpabilité… Chacun d'entre eux vient de recevoir par la poste un carton d'invitation frappé d'une petite croix grise.
Ils sont invités samedi à la messe anniversaire et vont se retrouver après un an de deuil.

Auteur : Olivier Adam est né en 1974. Après avoir grandi en banlieue et vécu à Paris, il s'est installé à Saint-Malo. Il a publié Je vais bien, ne t'en fais pas (2000) et Passer l'hiver (Goncourt de la nouvelle 2004), Falaises, A l'abri de rien (prix France Télévisions 2007 et prix Jean-Amila-Meckert 2008), Des Vents contraires (Prix RTL/Lire 2009), Le Cœur régulier (2010), Les lisières (2012), Peine perdue (2014).

Mon avis : (lu en septembre 2015)
Demain Titou, Sophie, Nico, Marilou et Alex vont se retrouver à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Caroline. C'était il y a un an, lors d'une fête entre copains, Caroline a basculé depuis le balcon au 7ème étage de l'immeuble. Depuis le drame, chacun des cinq amis revit l'instant fatidique, le deuil, l'absence seul, isolé. Tour à tour le lecteur découvre par la voix de chacun, leur état d'esprit, la relation qu'ils avaient avec Caroline, le récit du drame et comment ils ont réussi ou non à surmonter le choc. Demain, sera la première fois où ils seront de nouveau réunis. Ils appréhendent et redoutent ce moment...
Avec des phrases simples et beaucoup de sensibilité, Olivier Adam aborde un sujet difficile : la mort, le deuil. Un livre émouvant.

Extrait :
Je me souviens de ça, du soleil qui entrait dans le salon, de nos corps allongés côte à côte sur le tapis et les yeux qu’on fermait. Le soleil nous brûlait les paupières et tout devenait orange. 

Je me souviens de ça. Nos paupières orange et les rires qu’on avait quand on sautait sur le matelas du vieux lit. On a ruiné le sommier et ma mère nous a sacrément engueulés. 
Je me souviens de ça. Nos paupières orange et les billes transparentes qu’on regardait des heures à la lumière, les bulles d’air à l’intérieur, les couleurs emmêlées. 
Je me souviens de ça. Nos paupières orange et le chocolat chaud, l’après-midi devant les dessins animés, l’hiver on se serrait sur le canapé, on se serrait et la vieille couverture orange la faisait toujours éternuer. 
Nos paupières orange et son rire quand je la poussais sur la balançoire. 
Nos paupières orange et ses cris quand j’accélérais et faisais mine de la semer, qu’elle pédalait en pleurnichant. 
Nos paupières orange, sa voix pointue, son rire clair dans la joie des mercredis après-midi. 
Nos paupières orange et ses lèvres fines, ses cheveux blonds presque roux, les taches de rousseur sur ses joues et son front quand le soleil lui cuisait la peau. 
Nos paupières orange.

3 octobre 2015

Millenium - tome 4 - Sylvain Runberg, Stieg Larsson et Man

millenium4 Dupuis - octobre 2014 - 64 pages

Quatrième de couverture : 
Les pistes que suivent, chacun de leur côté, Lisbeth Salander et Mikael Blomkvist se rejoignent peu à peu pour n'en faire plus qu'une, sur les traces de l'énigmatique et dangereux Zala. Chef de gang à la tête d'un réseau de trafic de prostituées, il n'est autre que le père de Lisbeth, dont on continue de découvrir le douloureux passé. Recherchée par la police pour des meurtres qu'elle n'a pas commis, elle traque le moindre indice susceptible de localiser cet homme, source de tous les malheurs de sa famille, jusqu'à le débusquer dans son QG. Pendant ce temps, convaincu de l'innocence de Lisbeth, Mikael enquête de son côté malgré la désapprobation grandissante d'Erika et de sa rédaction. Et ce qu'il commence à discerner, au fur et à mesure de ses investigations, lui fait petit à petit comprendre l'ampleur insoupçonnée de l'affaire qu'il est en train de mettre au jour. Une affaire explosive qui implique directement les services secrets suédois.

Auteurs : Stieg Larsson, né en 1954, journaliste auquel on doit des essais sur l'économie et des reportages en Afrique, était le rédacteur en chef d'Expo, revue suédoise observatoire des manifestations ordinaires du fascisme. Il est décédé brutalement, en 2004, d'une crise cardiaque, juste après avoir remis à son éditeur les trois tomes de la trilogie Millénium.
Né en 1971 à Tournai d'une mère Belge et d'un père Français, ayant grandi dans le sud de la France, c'est en compagnie des Astérix, Batman et autres Spirou que Sylvain Runberg étanche sa soif de bulles, le tout entrecoupé de récits historiques et de romans divers, manière de titiller son imaginaire en devenir. Il passe son bac d'Arts Plastiques dans le Vaucluse avant d'obtenir une Maîtrise d'Histoire contemporaine à la faculté d'Aix en Provence, années étudiantes ponctuées de nombreux voyages en Europe et d'organisation de soirées musicales, du rock indépendant à la musique électronique. Sylvain Runberg évolue ensuite plusieurs années en librairie avant de rejoindre le monde de l'édition. Il déménage alors à Paris pour rejoindre les Humanoïdes Associés. Mais un fâcheux accident l'immobilise plusieurs mois durant l'année 2001. Il s'essaye alors à l'écriture durant sa convalescence et s'aperçoit que ça lui plait plus que de raison et décide de continuer. En 2004, Sylvain sort son premier album, « Astrid » avec Karim Friha. Suivent ensuite des projets aux univers variés : les « Colocataires » avec Christopher, série inspirée par ses années étudiantes aixoises, « Hammerfall », avec Boris Talijancic, saga médiévale fantastique ayant pour cadre la Scandinavie du VIIIe siècle et la série de science fiction « Orbital », réalisée avec Serge Pellé. 
Man (Manolo Carot) a vu le jour à Mollet del Vallès, dans la province de Barcelone, en 1976. Il commenca par réaliser des illustrations pour des jeux de rôles tels qu'Aquelarre et pour les couvertures de la revue spécialisée Lider, dont il fut également le directeur artistique. Man publia ses premières pages de B.D. chez La Cúpula, dans la revue érotique Kiss Comic. Durant plus de 6 ans, il publia des histoires comme "Universitarias", "Huesos y tornillos", recompilées par la suite en tomes et éditées aux États-Unis, en Allemagne et aux Pays-Bas. Chez le même éditeur, et avec son ami scénariste Hernan Migoya, il publia deux séries, "El hombre con miedo" et "Kung fu Kiyo". Épinglons les deux tomes d'Ari, "la salvadora del Universo", également réalisés avec Hernan mais publiés cette fois par Glénat Espagne. Man a collaboré à l'édition espagnole de la revue Playboy et a illustré des textes et des des ouvrages pédagogiques, des story-boards, des bandes dessinées pour la presse et des couvertures pour différentes revues d'actualité. Il est également professeur de bande dessinée durant ses loisirs.

Mon avis : (lu en septembre 2015)
Ce tome 4, correspond à la fin de l'épisode de "La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette", j'ai apprécié de pouvoir lire ce tome dans la continuité du tome 3, car nous avions laissé Lisbeth en mauvaise posture... Dans cet épisode, Mikael Blomkvist tenter de retrouver Lisbeth Salander. En parallèle, ils mènent l'enquête sur le même homme, le mystérieux et surtout dangereux Zala... Suspense et surprises sont toujours au rendez-vous dans cette histoire sombre que j'ai plaisir à redécouvrir sous la forme de bandes dessinées.
J'attends avec impatience de lire les deux derniers tomes (le tome 6 a été publié seulement il y a quelques jours...) de cette BD car "
La reine dans le palais des courants d'air" est la conclusion de l'épisode "La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette"... A suivre...

Extrait : 

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2 octobre 2015

La maladroite - Alexandre Seurat

1507-1 Le Rouergue - août 2015 - 121 pages

Quatrième de couverture : 
« Je voudrais me rappeler Diana, mieux que je ne peux en vrai. Je voudrais me rappeler tout ce que Diana et moi nous n’avons jamais fait ensemble, comme si nous l’avions fait. Parfois j’écoute des musiques de notre enfance, et je voudrais que la musique me la rappelle, mais la musique ne me rappelle rien, parce que nous n’étions pas ensemble, nous n’avons pas vécu la même enfance. »

Diana, 8 ans, a disparu. Ceux qui l’ont approchée dans sa courte vie viennent prendre la parole et nous dire ce qui s’est noué sous leurs yeux. Institutrices, médecins, gendarmes, assistantes sociales, grand-mère, tante et demi-frère…
Ce chœur de voix, écrit dans une langue dégagée de tout effet de style, est d’une authenticité à couper le souffle.
Un premier roman d’une rare nécessité.

Auteur : Né en 1979, Alexandre Seurat est professeur de lettres à Angers. Il a soutenu en 2010 une thèse de Littérature générale et comparée.

Mon avis : (lu en septembre 2015)
Voilà un livre coup de poing et coup de coeur ! Le sujet est difficile : la maltraitance d'une enfant.
L'auteur s'est inspiré d'une histoire vraie pour raconter celle de Diana. Tout commence par un avis de recherche, suite à la disparition d'une enfant de 8 ans.
Pour l'une des institutrices qui a connu la fillette, cette photo est un choc. Elle a un mauvais pressentiment, Diana n'a pas été enlevée, elle est morte et ses parents sont coupables... A travers les témoignages de ceux qu'elle a rencontré dans sa courte vie, le lecteur va découvrir son histoire depuis sa petite enfance jusqu'au drame. Cela commence avec les mots de sa grand-mère et de sa tante, puis ceux des institutrices et instituteurs, directrices d'école, médecins scolaires, assistantes sociales, médecins légistes, gendarmes, procureur et cela se termine par celui de son frère âgé de 10 ans.

Le récit est poignant et dérangeant, Diana est attachante, sensible, elle cherche à se faire aimer mais inexorablement elle est martyrisée par ces parents. Plusieurs signalements sont faits auprès des services sociaux, et pourtant faute de preuve, Diana n'a jamais bénéficié d'une réelle protection. Le lecteur en ressort révolté et impuissant face à ce destin douloureux et injuste.

Extrait : (début du livre)
L’INSTITUTRICE
Quand j’ai vu l’avis de recherche, j’ai su qu’il était trop tard. Ce visage gonflé, je l’aurais reconnu même sans son nom – ces yeux plissés, et ce sourire étrange – visage fatigué, qui essayait de dire que tout va bien, quand il allait de soi que tout n’allait pas bien, visage me regardant sans animosité, mais sans espoir, retranché dans un lieu inaccessible, un regard qui disait, Tu ne pourras rien, et ce jour-là j’ai su que je n’avais rien pu. Sur la photo, elle portait un gilet blanc à grosses mailles, autour du cou un foulard noué au-dessus de sa chemisette, une tenue incongrue, d’adulte – pas d’enfant de huit ans – mais surtout, cette manière bizarre de se tenir, les bras étrangement croisés, comme quelqu’un qui se donne une contenance. L’image me rappelait sa façon pathétique de faire bonne figure, alors qu’elle avait mal partout, que son malaise transparaissait de chacun de ses gestes maladroits, et raidissait ses membres – on voyait tout de suite qu’elle avait quelque chose de cassé. J’ai pris le journal, je l’ai tendu machinalement au type qui tient le kiosque, incapable de répondre à ce qu’il disait, que je n’entendais pas, il n’a pas insisté. L’avis de recherche indiquait : Yeux bleus, cheveux châtain clair, de forte corpulence, vêtue au moment des faits d’un tee-shirt rose à manches longues, d’un jean bleu et de ballerines à pétales de fleurs noires, et tout y sonnait faux, fabriqué. J’ai pensé à ceux qui l’avaient connue, qui avaient tenté quelque chose, et qui, d’un coup, en voyant ça – ce jour-là ou un autre qui allait suivre, car dans les jours suivants il y aurait partout ce même visage gonflé de Diana, les mêmes bras bizarrement croisés, le même foulard noué glissé dans le gilet blanc à grosses mailles – allaient comprendre qu’à présent c’était trop tard (l’équipe de l’autre école à qui nous avions écrit quand elle avait été retirée de la nôtre) – j’aurais voulu appeler quelqu’un, mais je ne savais pas qui, je ne bougeais pas. À quelques pas de là, j’ai eu une nausée brutale, je me suis assise, j’ai mis du temps avant de me relever, de rentrer chez moi. Et retourner le lendemain en classe, faire face à la vingtaine et quelques de petits visages, qui commençaient seulement à se différencier, puisque je les voyais depuis deux semaines seulement, des visages ennuyés, attentifs, souriants ou rétifs, incompréhensifs ou gais, et qu’il fallait que je guide ensemble dans la même direction – tout m’a semblé insurmontable d’un coup, et voué à l’échec. Tout ce que je faisais depuis que je fais ce métier m’est apparu voué à l’échec. Diana était différente de tous ceux qui vont bien, qui m’attendrissent et qui m’agacent, de ceux qu’on guide un bout de chemin, et qui en garderont un souvenir reconnaissant ou ennuyé, et voguant sans difficulté, impatients, vers la suite.

Challenge 2%
rl2015
7/12

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30 septembre 2015

Millenium - tome 3 - Sylvain Runberg, Stieg Larsson et Man

millenium3 Dupuis - mars 2014 - 64 pages

Quatrième de couverture : 
La saga "Millénium" continue ! Ce premier volet de l'adaptation de "La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette" se recentre sur le passé de Lisbeth Salander, dont l'histoire personnelle se recompose tel un puzzle, tandis que Mikael Blomkvist se lance, pour le compte de "Millénium", dans une nouvelle enquête sur le trafic d'êtres humains en Europe de l'Est et du Nord. Après un début d'idylle, leurs routes se sont séparées, mais pas pour longtemps. Le passé de Lisbeth ressurgit en faisant étrangement écho à l'enquête que mène Blomkvist et dont les ramifications vont le mener au coeur de l'histoire sombre et occultée de la Suède contemporaine.

Auteurs : Stieg Larsson, né en 1954, journaliste auquel on doit des essais sur l'économie et des reportages en Afrique, était le rédacteur en chef d'Expo, revue suédoise observatoire des manifestations ordinaires du fascisme. Il est décédé brutalement, en 2004, d'une crise cardiaque, juste après avoir remis à son éditeur les trois tomes de la trilogie Millénium.
Né en 1971 à Tournai d'une mère Belge et d'un père Français, ayant grandi dans le sud de la France, c'est en compagnie des Astérix, Batman et autres Spirou que Sylvain Runberg étanche sa soif de bulles, le tout entrecoupé de récits historiques et de romans divers, manière de titiller son imaginaire en devenir. Il passe son bac d'Arts Plastiques dans le Vaucluse avant d'obtenir une Maîtrise d'Histoire contemporaine à la faculté d'Aix en Provence, années étudiantes ponctuées de nombreux voyages en Europe et d'organisation de soirées musicales, du rock indépendant à la musique électronique. Sylvain Runberg évolue ensuite plusieurs années en librairie avant de rejoindre le monde de l'édition. Il déménage alors à Paris pour rejoindre les Humanoïdes Associés. Mais un fâcheux accident l'immobilise plusieurs mois durant l'année 2001. Il s'essaye alors à l'écriture durant sa convalescence et s'aperçoit que ça lui plait plus que de raison et décide de continuer. En 2004, Sylvain sort son premier album, « Astrid » avec Karim Friha. Suivent ensuite des projets aux univers variés : les « Colocataires » avec Christopher, série inspirée par ses années étudiantes aixoises, « Hammerfall », avec Boris Talijancic, saga médiévale fantastique ayant pour cadre la Scandinavie du VIIIe siècle et la série de science fiction « Orbital », réalisée avec Serge Pellé. 
Man (Manolo Carot) a vu le jour à Mollet del Vallès, dans la province de Barcelone, en 1976. Il commenca par réaliser des illustrations pour des jeux de rôles tels qu'Aquelarre et pour les couvertures de la revue spécialisée Lider, dont il fut également le directeur artistique. Man publia ses premières pages de B.D. chez La Cúpula, dans la revue érotique Kiss Comic. Durant plus de 6 ans, il publia des histoires comme "Universitarias", "Huesos y tornillos", recompilées par la suite en tomes et éditées aux États-Unis, en Allemagne et aux Pays-Bas. Chez le même éditeur, et avec son ami scénariste Hernan Migoya, il publia deux séries, "El hombre con miedo" et "Kung fu Kiyo". Épinglons les deux tomes d'Ari, "la salvadora del Universo", également réalisés avec Hernan mais publiés cette fois par Glénat Espagne. Man a collaboré à l'édition espagnole de la revue Playboy et a illustré des textes et des des ouvrages pédagogiques, des story-boards, des bandes dessinées pour la presse et des couvertures pour différentes revues d'actualité. Il est également professeur de bande dessinée durant ses loisirs.

Mon avis : (lu en septembre 2015)
Dans ce tome 3, le dessinateur (Man) a changé, cela ne se voit pas au premier coup d'oeil car la couverture reste dessinée par le dessinateur précédent (Homs)... seul le nom indiqué sur la couverture le signale. Je préférais le dessin de Homs. 

Ce tome correspond à la première partie de l'adaptation de "La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette", le lecteur découvre un peu du passé de Lisbeth. Un couple de journalistes qui enquêtaient sur un réseau de prostitution de filles de l'Est est sauvagement assassiné et tout désigne Lisbeth comme la coupable idéale... Mikael Blomkvist est convaincu du contraire, il va tout faire pour le démontrer. L'ambiance et la noirceur de l'histoire est parfaitement rendue. L'adaptation est fidèle à l'original : Millenium reste ce fabuleux polar sombre et unique !

Extrait : 

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28 septembre 2015

C'est lundi, que lisez-vous ? [229]

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu ces dernières semaines ? 

si c'est un homme mentine afghanes-191225-250-400

Si c'est un homme - Primo Levi 
Mentine T 02 : Cette fois c'est l'internat ! - Jo Witek 
Afghanes - Suzanne Fisher Staples

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

L'homme idéal existe. Il est Québécois - Diane Ducret (partenariat Albin Michel)
La messe anniversaire - Olivier Adam
La maladroite - Alexandre Seurat

Que lirai-je la semaine prochaine ?

La piste noire - Asa Larsson (partenariat Albin Michel)
Noir septembre - Inger Wolf

Bonnes lectures et bonne semaine !

27 septembre 2015

Afghanes - Suzanne Fisher Staples

afghanes-191225-250-400 Gallimard Jeunesse - mars 2006 - 304 pages

Quatrième de couverture :
Octobre 2001, un mois après le 11 septembre. L’Afghanistan, dévasté par la guerre civile, est bombardé par les Américains. La jeune Najmah, douze ans, perd tout : sa famille, sa maison. Pour survivre, elle doit fuir. Déguisée en garçon, elle entreprend un périlleux voyage vers le Pakistan où elle espère retrouver la trace de son père et de son frère, enrôlés de force par les talibans. Nusrat est américaine. Mariée à un médecin pakistanais, elle a choisi de devenir musulmane. Son mari, parti en mission en Afghanistan, reviendra-t-il sain et sauf ?
Dans le camp de réfugiés de Peshawar, Nusrat fait l’école aux enfants réfugiés. Un jour, elle accueille Najmah dans sa classe. Leur rencontre est celle de deux âmes meurtries. Deux femmes insoumises. Deux cultures que tout semble opposer. Pourtant, un même espoir les réunit, leur permet de dépasser leurs pertes mutuelles et de continuer à aller de l’avant, malgré l’attente angoissante qui les mine…
« Aussi longtemps que tu connaîtras les étoiles, tu ne seras jamais perdu », dit le Coran.

Auteur : Suzanne Fisher Staples est américaine. Elle a vécu longtemps en Asie, au Pakistan, en Inde, en tant que journaliste, correspondante étrangère. Elle a travaillé au Pakistan et en Afghanistan, sur un projet d’alphabétisation des femmes en milieu rural, sponsorisé par l’Agence Américaine pour le Développement International. Elle s’est inspirée de ses expériences extraordinaires, de ses voyages, de ses rencontres pour écrire des romans qu'elle destine aux jeunes adultes. Elle vit en Pennsylvanie aux États-Unis.

Mon avis : (lu en septembre 2015)
Najmah, douze ans, est une jeune afghane qui a tout perdu. Elle vivait avec sa famille dans un village du nord de l'Afganistan dans la région de Kunduz. En octobre 2001, c'est la guerre, les Talibans sèment la terreur puis les Américains interviennent et bombardent le pays. Le père de Najmah et son frère sont emmenés par les Talibans, elle reste seule avec sa mère enceinte d'un bébé qui doit arriver sous peu. Un bombardement, la laisse seule sans rien : sa mère et son petit frère meurent, sa maison n'existe plus. Najmah est obligée de fuir pour survivre, son seul espoir rejoindre le Pakistan.
Nusrat est américaine, mariée à Faiz, un médecin pakistanais, elle a choisi de devenir musulmane et de le suivre au Pakistan. Lorsque l'histoire commence, Faiz est en mission au nord de l'Afghanistan, Nusrat vit à Peshawar, elle fait l’école à des enfants réfugiés. Chaque jour, elle espère son retour.
Ce livre est passionnant et très bien écrit, Najmah et Nusrat sont deux personnages attachantes et étonnantes. Elles ont deux cultures différentes, mais toutes veulent survivre, aller de l'avant. Le lecteur découvre l'Afghanistan et ses habitants, ses coutumes, la guerre et les difficultés qu'il en découle. Un livre littérature ado qui se lit très bien pour des adultes.
Bravo, également au lexique en fin du livre nous permettant de comprendre quelques mots afghans ou pakistanais. 

Extrait : (début du livre)
Cette journée a commencé comme toutes les autres, au rythme de la lune et du soleil. Avant même que les étoiles ne cessent de briller au-dessus des montsKunduz pour faire place aux premières lueurs de l'aube, ma mère a secoué ma couverture et m'a chuchoté : 

- Réveille-toi, la belle endormie, c'est l'heure d'allumer le feu ! 
J'avais l'impression que je venais de m'endormir. Puis elle s'est penchée sur le lit de mon frère aîné, Nur. 
- Debout, toi aussi, il est temps d'aller chercher l'eau pour le thé !
Nur a grogné et s'est retourné dans son lit en remontant la couverture sur sa tête. Alors, comme chaque fois que mon frère feignait de l'ignorer, Mada-jan a soulevé l'extrémité de la courtepointe et lui a chatouillé la plante des pieds avec un bout de paille. 

26 septembre 2015

Mentine T 02 : Cette fois c'est l'internat ! - Jo Witek

Lu en partenariat avec les éditions Flammarion Jeunesse

mentine Flammarion Jeunesse - août 2015 - 270 pages

Illustrations de Margaux Motin

Quatrième de couverture : 
Exclue.
Cette sentence est tombée en novembre, à quelques jours de mon anniversaire. J'allais avoir treize ans, j'étais déscolarisé et sur le champ de bataille de ma vie, une survivante : Johanna Estamplade, ma seule amie !
A la rentrée, tout se passe mal pour Mentine, sa meilleure amie Lola révèle qu'elle est surdouée. Révoltée, elle finit par se faire exclure de son établissement. Une seule solution : l'internat.

Auteur : Au départ comédienne et conteuse, Jo Witek se dirige assez vite vers l’écriture. D’abord pour le cinéma, en tant que scénariste et lectrice, puis pour la presse écrite et la littérature. Depuis 2009 elle écrit particulièrement pour les ados, des documentaires et des romans – En un tour de main et Récit intégral (ou presque) d’une coupe de cheveux ratée. Elle est l'auteur de Peur ExpressRêves en noirUn hiver en enferMa vie en chantier et Un jour j'irai chercher mon prince en skate. Elle réside aujourd’hui à Pézenas.

Mon avis : (lu en septembre 2015)
Je n'avais pas lu le premier tome des aventures de Mentine, cela ne m'a pas empêchée de lire celui-ci avec beaucoup de plaisir. 
Mentine est à la veille de ses treize ans et elle n'a pas le moral... Elle est en train d'imaginer le discours qu'on lirait à son enterrement... Quel drôle de comportement... mais Mentine adore jouer à cela lorsqu'elle déprime ! Ce début d'histoire est particulier... mais Mentine est une fille spéciale : elle vient de se faire renvoyer de son collège pour « son comportement agressif et blessant envers ses camarades et professeurs ». Cela commence par une dispute avec celle que Mentine considérait comme sa meilleure amie, Lola. Celle-ci s'est mise avec Téo, le plus beau garçon de la classe, et elle lui a raconté le secret de Mentine... Cette dernière cache depuis qu'elle est scolarisée qu'elle est une EIP (Enfant Intellectuellement Précoce). Mentine est tellement furieuse qu'elle se jette sur Lola et lui saute à la gorge comme un furie... Ensuite, c'est tout le collège qui est contre elle, on la traite de tricheuse et seule Johanna est restée son amie... 
Après son renvoi, ses parents décident de l'envoyer en Suisse dans un internat où ils espèrent que Mentine s'épanouiera et apprendra à accepter son QI exceptionnel !
Ce livre est destiné à l'âge collégien, l'histoire est rythmée, pleine d'humour même si les problèmes de Mentine ne le sont pas. Elle est également joliment illustrée par Margaux Motin.

Merci Brigitte, Alicia et les éditions Flammarion Jeunesse pour cette jolie découverte.

Extrait : (début du livre)
Mentine n’avait même pas treize ans. Fauchée en pleine jeunesse, cette brillante adolescente nous a quittés sans prévenir. Elle était si jolie, comme disait la chanson, si vive, si passionnée, drôle et insolente ; la société ne l’a pas supporté. Les élèves du collège Jules-Ferry non plus. Eh oui, chers amis, pour survivre dans la terrible jungle de la puberté, au cœur même de la pousse des poils, des seins, des désirs sauvages et des boutons d’acné, un tour de poitrine de 90 B est plus utile qu’un QI de 150 ! C’est ce drame que nous raconte la courte et fulgurante histoire de Mentine Green. À cinq ans déjà, elle savait lire, à huit, elle s’intéressait aux nébuleuses, au système solaire interne et externe, aux trous noirs et de ver. À onze ans, elle dévorait en masse des cupcakes, ainsi que des romans gothiques de 800 pages. À douze, elle se passionnait pour les sciences naturelles, observant à la loupe les dessous masculins dans les catalogues de sa grand-mère. Oui, elle était de la race des grandes figures de l’humanité ! De la trempe de ceux qui s’interrogent en permanence sur tout et n’importe quoi. Du côté de ceux qui cherchent, trouvent et gagnent des prix Nobel. Pourtant, elle a tout foiré. Un beau massacre. Mentine n’a pas supporté d’être étiquetée EIP, HQI, HP1 , et encore moins « boulette », « grosse tronche », « p’tit génie », « Einstein en string ». Inclassable, déclassée, bannie, moquée, elle a préféré en finir sans obtenir les réponses à ses ultimes questions : « comment penser l’infini ? » et « pourquoi Téo Mallant ne veut-il pas sortir avec moi ? ». Pauvre enfant, elle a vécu son haut potentiel intellectuel comme un cadeau empoisonné ! Elle laisse derrière elle un sentiment de gâchis, celui de la société qui ne sait plus se réjouir des talents hors norme. Adieu, Mentine Green, tu ne manqueras à personne, sauf peut-être à ta famille, à ta meilleure amie et à quelques admirateurs anonymes… 
— Mentine, ça va refroidir ! À table ! Je ne le répéterai pas.
— GRRRR ! Ma mère a le don d’interrompre mes oraisons funèbres. Comme si elle devinait que j’étais en train de m’imaginer morte et que cela lui était insupportable. Ce qui est normal en soi, mais je trouve tout aussi normal de penser à la mort à mon âge. Rien de plus naturel. Personnellement, j’adore faire ça quand je déprime. Imaginer les discours qu’on lirait à mon enterrement. Je ne suis pas mauvaise en la matière. D’ailleurs, je suis certaine que vous étiez sur le point de pleurer vous aussi, n’est-ce pas ? Allez, avouez ! Il n’y a pas de honte à se laisser berner par de beaux discours. C’est la force des mots qui permet de rendre le monde moins moche qu’il en a l’air. Ou parfois l’inverse. Vous l’aurez compris, à ce moment de ma vie, j’étais au fond du trou. J’avais douze ans, onze mois et vingt-sept jours et mes parents venaient d’apprendre que leur chère fille – au QI de vingt points supérieur à celui de Barack Obama –, se faisait renvoyer du collège pour « son comportement agressif et blessant envers ses camarades et professeurs ». Un lynchage complet. Tous contre moi ! Nous y étions. J’étais bannie de la société. Je dois avouer que je l’avais bien cherché, mais mon comportement « agressif et blessant » n’était en réalité qu’une esquive aux coups bas, aux humiliations qu’on m’avait fait subir en ce premier trimestre de troisième. Un trimestre pourri. Le pire de ma vie. Je n’ai pas le choix, il va falloir que je vous le raconte, si je veux que vous compreniez comment j’ai débarqué dans un internat pour grosses tronches, à des centaines de kilomètres de ma famille et, surtout, en plein milieu de l’année scolaire. Bon, je me lance…

 Challenge 1%
rl2015
6/6

Déjà lu du même auteur :

un jour j'irai chercher Un jour j'irai chercher mon prince en skate

23 septembre 2015

Si c'est un homme - Primo Levi

Lu en partenariat avec Audiolib

9782367620329-001-X si c'est un homme_pocket si c'est un homme_RL_2002

Audiolib - septembre 2015 - 7h35 - Lu par Raphaël Enthoven

Pocket - janvier 1988 - 213 pages

Robert Lafont -  mars 2002 - 308 pages

traduit de l'italien par Martine Schruoffeneger

Titre original : Sequestoé un uomo, 1958

Quatrième de couverture :
Durant la Seconde Guerre mondiale, Primo Levi, vingt-quatre ans, juif, lutte aux côtés des maquisards antifascistes du Piémont. Capturé en 1943, il se retrouve peu après à Auschwitz, où il demeurera plus d’un an avant d’être libéré par l’armée russe en janvier 1945.
Au camp, il observe tout. Il se souviendra de tout, racontera tout : la promiscuité des blocks-dortoirs, les camarades qu’on y découvre à l’aube, morts de froid et de faim ; les humiliations et le travail quotidiens, sous les coups de trique des kapos; les « sélections » périodiques où l’on sépare les malades des bien-portants pour les envoyer à la mort ; les pendaisons pour l’exemple ; les trains, bourrés de juifs et de tziganes, qu’on dirige dès leur arrivée vers les crématoires…
Et pourtant, dans ce récit, la dignité la plus impressionnante ; aucune haine, aucun excès, aucune exploitation des souffrances personnelles, mais une réflexion morale sur la douleur, sublimée en une vision de la vie.

Paru en 1946, Si c’est un homme est considéré comme un des livres les plus importants du XXe siècle.

Auteur : Né à Turin en 1919, Primo Levi est mort en 1987. On lui doit une quinzaine d’ouvrages – nouvelles, romans, essais– dorénavant tous traduits en français, dont La TrèveLe Système périodique ou La Clé à molette, qui reçut en Italie le prix Strega, l’équivalent du Goncourt.

Lecteur : Raphaël Enthoven est professeur de philosophie sur France-Culture et sur ARTE. Son travail consiste essentiellement à en parler avec simplicité, mais sans jamais la simplifier. Il a lu Mythologies de Roland Barthes avec Michel Vuillermoz (Thélème) et L’Insoutenable Légèreté de l’être de Milan Kundera (Écoutez lire).

Mon avis : (relu en septembre 2015)
Ayant déjà lu ce livre avant la création de ce blog, j'ai accepté de le relire en mode audio. Avant de me lancer dans l'oeuvre proprement dite, j'ai décidé d'écouter les "bonus" : une interview très intéressante de Primo Levi par Philipp Roth et l'interview de Raphaël Enthoven, le lecteur. J'avoue que cette interview est si longue (54 minutes) qu'au bout de vingt minutes, j'ai décroché...
Le livre en lui-même est plus fluide à écouter, paru dix ans après son retour des camps, Primo Levi témoigne de son quotidien là-bas. Ce livre est un témoignage poignant. Il nous décrit dans les moindres détails la vie dans le camp d'Auschwitz de 1943 à janvier 1945. Il donne son ressenti sur la violence des hommes mais également sur la volonté de survivre en gardant un semblant d'humanité. C'est une grande leçon de vie, car Primo Levi raconte tout cela sans aucune haine et sans reproche vis à vis de ceux qui lui ont fait subir cette épreuve. Il expose des faits, seulement ce dont il a été témoin et laisse au lecteur se faire son opinion par lui-même.  
Dans cette version audio, Raphaël Enthoven a su avec beaucoup de sobriété donner toute sa force à ce texte exceptionnel.

Merci Chloé et les éditions Audiolib pour cette lecture indispensable !

Extrait : (début du livre)
Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c’est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c’est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu’à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N’oubliez pas que cela fut,
Non, ne l’oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ; 
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s’écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.

J’AVAIS été fait prisonnier par la Milice fasciste le 13 décembre 1943. J’avais vingt-quatre ans, peu de jugement, aucune expérience et une propension marquée, encouragée par le régime de ségrégation que m’avaient imposé quatre ans de lois raciales, à vivre dans un monde quasiment irréel, peuplé d’honnêtes figures cartésiennes, d’amitiés masculines sincères et d’amitiés féminines inconsistantes. Je cultivais à part moi un sentiment de révolte abstrait et modéré.
Ce n’était pas sans mal que je m’étais décidé à choisir la route de la montagne et à contribuer à mettre sur pied ce qui, dans mon esprit et dans celui de quelques amis guère plus expérimentés que moi, était censé devenir une bande de partisans affiliée à Giustizia e Libertà. Nous manquions de contacts, d’armes, d’argent, et de l’expérience nécessaire pour nous procurer tout cela ; nous manquions d’hommes capables, et nous étions en revanche envahis par une foule d’individus de tous bords, plus ou moins sincères, qui montaient de la plaine dans l’espoir de trouver auprès de nous une organisation inexistante, des cadres, des armes, ou même un peu de protection, un refuge, un feu où se chauffer, une paire de chaussures.
A cette époque on ne m’avait pas encore enseigné la doctrine que je devais plus tard apprendre si rapidement au Lager, et selon laquelle le premier devoir de l’homme est de savoir utiliser les moyens appropriés pour arriver au but qu’il s’est prescrit, et tant pis pour lui s’il se trompe ; en vertu de quoi il me faut bien considérer comme pure justice ce qui arriva ensuite. Trois cents miliciens fascistes, partis en pleine nuit pour surprendre un autre groupe de partisans installé dans une vallée voisine, et autrement important et dangereux que le nôtre, firent irruption dans notre refuge à la pâle clarté d’une aube de neige, et m’emmenèrent avec eux dans la vallée comme suspect.
Au cours des interrogatoires qui suivirent, je préférai déclarer ma condition de « citoyen italien de race juive », pensant que c’était là le seul moyen de justifier ma présence en ces lieux, trop écartés pour un simple « réfugié », et estimant (à tort, comme je le vis par la suite) qu’avouer mon activité politique, c’était me condamner à la torture et à une mort certaine. En tant que juif, on m’envoya à Fossoli, près de Modène, dans un camp d’internement d’abord destiné aux prisonniers de guerre anglais et américains, qui accueillait désormais tous ceux – et ils étaient nombreux – qui n’avaient pas l’heur de plaire au gouvernement de la toute nouvelle république fasciste.
Lors de mon arrivée, fin janvier 1944, il y avait dans ce camp environ cent cinquante juifs italiens, mais au bout de quelques semaines on en comptait plus de six cents. C’étaient pour la plupart des familles entières qui avaient été capturées par les fascistes ou les nazis, à la suite d’une imprudence ou d’une dénonciation. Un petit nombre d’entre eux s’étaient spontanément constitués prisonniers, pour échapper au cauchemar d’une vie errante, par manque de ressources, ou encore pour ne pas se séparer d’un conjoint arrêté, et même, absurdement, « pour être en règle avec la loi ».

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