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A propos de livres...

9 décembre 2012

En silence - Audrey Spiry

en_silence Casterman - juin 2012 - 168 pages

Quatrième de couverture :
Quelque part dans le sud, en été, un petit groupe d’amis – deux couples, deux enfants et un moniteur – part en expédition en pleine nature, pour une grande journée de canyoning. L’isolement, le dépaysement et le frisson du danger vont servir de révélateur. Chacun, au fil de cette longue journée pleine d’imprévus, va se retrouver seul, confronté en silence à ses interrogations les plus intimes. Ainsi Juliette, la narratrice, qui perçoit bientôt cette journée particulière comme une sorte d’épreuve du feu pour le couple qu’elle forme avec Luis. Comment dépasser le sentiment d’immobilisme et d’attente qui imprègne leur relation, et qui lui est devenu presque insupportable ? Cette belle journée d’été n’est-elle pas, finalement, l’épilogue de leur histoire d’amour ?
Unité de temps, de lieu, d’action, ce récit tout simple en apparence surprend et séduit à la fois par son ton, intime et sensible, et par sa forme, très picturale et spectaculairement colorée. Le premier album plein d’originalité d’une jeune dessinatrice au talent très affirmé.

Auteur : Audrey Spiry vient du monde de l'animation. En Silence est sa première bande-dessinée.

Mon avis : (lu en décembre 2012)
C'est le billet de Canel qui m'a donné envie de découvrir cette BD et lorsque j'ai vu « en Silence » sur le présentoir de la Bibliothèque , je n'ai pas hésité !
La couverture est superbe et mystérieuse à la fois.
C'est l'histoire d'une journée de canyoning où les participants sont un beau moniteur, un jeune couple et une famille avec deux fillettes. Le parcours est sauvage, semé de difficultés et de surprises en général mauvaises pour la jeune femme... J'ai eu du mal à comprendre à la première lecture certains passages en particulier lorsque l'esprit de la jeune femme du couple se met à divaguer sur sa vie. Elle est en plein doutes quand à l'avenir de son couple...
Le graphisme du dessin n'ai pas vraiment à mon goût sauf les dessins de l'eau ou dans l'eau que l'auteur a su animer et aux multiples couleurs qu'elle lui a donnée...
C'est vrai que par moment l'histoire est flippante et que je me suis surprise à rester en apnée, mais moi qui ne suis pas du tout à l'aise sous l'eau cela ne m'a pas vraiment gênée (contrairement à un film sur un thème similaire...).
Une découverte originale et plaisante.

 

Extrait : 

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6 décembre 2012

Cher Gabriel - Halfdan W. Freihow

Cher_Gabriel Gaïa – février 2012 – 165 pages

traduit du norvégien par Ellen Huse Foucher

Titre original : Kjœre Gabriel, 2006

Quatrième de couverture :
"Est-ce que tu apprendras un jour à jouer avec les mots, Gabriel ? Le paysage plaisante sans cesse avec nous. Les nuages sont des visages ou des animaux effrayants, mais ils n'arrêtent pas pour autant d'être des nuages ? Ça ne fait rien si de temps en temps tu as envie de boire un cheval ou un pantalon d'eau, le verre ne reste pas moins un verre." Cher Gabriel est une lettre intime et émouvante d'un père à son fils. Gabriel est autiste. Il vit avec sa famille dans une maison située sur la côte norvégienne, en pleine nature sauvage et balayée par les vents. H. W. Freihow met en lumière une relation complexe, un amour inconditionnel. Tel un château de sable qui tantôt prend des allures de palais étincelant, tantôt se laisse engloutir à la première houle, et qui sans cesse demande à être reconstruit. Ce livre compte parmi les plus beaux livres jamais écrits en norvégien." Dagbladet.

Auteur : Halfdan W. Freihow est norvégien. Il est né en 1959 à Mexico et a partagé ses années de jeunesse entre la Norvège, l'Espagne et la Belgique. Il a d'abord travaillé comme reporter, traducteur et critique littéraire avant de co-fonder la maison d'édition norvégienne Font Forlag. De l'exploration de sa vie intime et familiale est né son premier récit, Cher Gabriel, nominé pour le prestigieux prix Brage (2004).

Mon avis : (lu en décembre 2012)
Cela faisait quelques mois que j'avais envie de découvrir ce livre et j'ai été ravie de le recevoir dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle. Dès réception, j'avais hâte de le lire, d'autant plus que mardi soir dernier, il y avait sur France 2 un docu-fiction « Le cerveau d'Hugo » avec également des témoignages
 très intéressants d'autistes adultes ou de parents ou d'enfants autistes.
Ce livre est un beau témoignage d'amour d'un père pour son fils.
Gabriel vit sur la côte norvégienne, au bord de la mer, dans un coin balayé par les vents. Gabriel est un enfant différent, il est autiste. Dans ce livre, son père s'adresse à lui et nous raconte son quotidien avec un enfant qui a un fonctionnement propre à lui-même, un enfant qui pose mille questions et dont la logique est différente de la notre : un autiste comprend les mots dans leur sens premier, il ne comprend pas les jeux de mots...
« Tes exigences en ce qui concerne la non-ambiguïté et le sens littéral des mots peuvent paraître déraisonnables pour les autres, mais elles trouvent leur contrepartie dans des qualités exceptionnelles : tu es profondément honnête, sincère, aimant et intrépide. » 
L'échange entre le père écrivain et le fils qui prend tout au pied de la lettre est très intéressant.
« En fait, Gabriel, tu es toi-même tout un paradoxe, complexe, inattendu et défiant, mais jamais ennuyeux, jamais monotone et jamais facile à comprendre. Tu es tout simplement une langue à toi, Gabriel. »
Le narrateur évoque également les difficultés que rencontrent la famille, le côté usant de s'occuper d'un enfant qui demande à longueur de journée de l'attention, c'est difficile de ne pas se sentir à la hauteur des demandes de son enfant. Et son avenir, quel sera-t-il ?
« Il faut que je te dise que maman et moi trouvons que c'est difficile. Parfois, c'est si difficile que nous y arrivons à peine, car nous sommes exténués et avons surtout envie d'abandonner. Tu remplis chaque heure de notre vie éveillée - et souvent les nuits aussi - avec des exigences et des attentes qui même pour toi sont impénétrables et compliqués, et que nous n'avons pas toujours la force de comprendre, et encore moins d'honorer. »
Il y a également la joie de voir son enfant grandir, avoir de petites victoires sur l'autonomie, réussir enfin à lire, à écrire... 
« Tu es un enrichissement pour ceux qui te connaissent, tu nous sers de rectificatif. C'est un privilège d'apprendre par toi et une joie de t'enseigner tout ce qui peut t'aider à vivre avec ta propre vulnérabilité et l'ignorance des autres, tout ce qui peut te protéger et renforcer ta conception du bonheur. »  
Lorsque l'on n'a pas soi-même un enfant handicapé, on ne pourra jamais se mettre à la place d'un parent, malgré tout, ce genre de témoignage nous permet de mieux comprendre les réactions que peuvent avoir une personne autiste pour mieux accepter sa différence.

J'ai été très touché par le mail épilogue, le père est en voyage à New-York pour présenter son livre, dans ce mail il s'adresse à Gabriel devenu adolescent. 

Autres avis : Caro, Canel, Clara, Theoma, Jostein, Mimipinson 

Extrait : (début du livre)
Sur le faîte du hangar à bateaux, une mouette médite.
Son plumage gris et blanc se détache sur la mousse vert-de-gris ponctuée de taches de vieillesse marron. Ça fait bien cinquante ans que cette touffe de mousse s'agrippe là, à l'abri du vent du nord, juste pour donner couleur et texture au toit de fibrociment. C'est beau, et quelque part dans l'univers, cela doit avoir un sens.
L'oiseau a terminé sa réflexion et plonge vers la surface de l'eau, vers son garde-manger rempli de nourriture froide et dégoulinante. A part ça, je ne lui vois pas d'autres projets.
Aujourd'hui la mer est calme. Léthargique. Presque morte. L'horizon s'étire entre ciel et mer comme un pont à portée imprécise qui parfois me désarçonne : je sais mieux qui je suis quand mer et terre se distinguent clairement, quand il y a des obstacles et des limites, quand je vois ce qui est mien, quand je sais d'où je viens.
Cette nuit il a plu de nouveau, et je vois qu'il va falloir écoper le bateau. Je vois aussi que la peinture s'écaille sur le mur sud du hangar, là où la pluie ruisselle, coule et pénètre le bois, au contraire du mur nord où, chargée des embruns, elle le fouette et le mitraille de sel, le brosse à le rendre dur et lisse.
Je vais écoper le bateau. Je vais écoper le bateau aujourd'hui. Au printemps, il faudra s'occuper du hangar.

Toutes ces choses je les vois de mon bureau, Gabriel. Toutes ces choses qui arrivent seulement parce qu'elles ont lieu, parce que toutes les choses ont besoin d'un lieu pour arriver. Il y a d'autres paysages, des paysages sans racines où il ne se passe rien, ou bien tout se passe si vite, si simultanément, que les choses s'en trouvent comme apatrides. Mais ici, de mon bureau, je regarde l'appartenance. Non la tienne ou la mienne, mais une appartenance plus grande, qui habite ici et agit dans ce paysage lent et patient, et qui fait qu'on peut s'y adosser comme contre un mur, même s'il n'est question que d'air, d'eau et du cri des mouettes, qu'on peut s'y adosser quand notre propre appartenance - si fragile - lâche prise.
Nous avons besoin d'un mur pour nous adosser, toi et moi. Parfois, la caresse d'une main suffit, d'autres fois, il nous faut tout un échafaudage de perspicacité et de compréhension pour ne pas tomber, pour ne pas sombrer dans l'ignorance, le désarroi et l'angoisse. Nous sommes chacun le mur de l'autre : parfois tu es le mien, mais souvent c'est à moi qu'il revient d'être le tien, car tu trébuches, et tu tombes si facilement. Et alors, Gabriel, il m'arrive d'avoir peur, quand je n'ai rien à quoi m'agripper, rien à quoi me cramponner, à part le vent, la lumière et l'océan, quand toi, tu bascules hors de ma portée.

 

  Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Sélection document 
Jury Novembre

 

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
logo_Petit_BAC_2012
"Prénom"

 Challenge Voisins, voisines

voisin_voisines2012
Suède

 Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie blanche
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Suède 

 Challenge Viking Lit' 

Viking_Lit

Challenge Littératures Nordiques

litterature_nordique

5 décembre 2012

Magasin général, tome 8 : Les femmes – Régis Loisel et Jean-Louis Tripp

magasin_g_n_ral Casterman - novembre 2012 - 

Quatrième de couverture :
L’hiver, à nouveau. Après que le charleston, ramené de Montréal par Marie, ait déferlé comme une furie sur Notre-Dame-des-Lacs, les hommes ont finalement repris le chemin de la forêt, pour y travailler tout au long de la saison froide. Le calme peut enfin revenir sur le village. Mais rien ne dit que ce soit pour très longtemps…
Car Marie, après avoir partagé sa couche avec Ernest et son frère Mathurin, se découvre enceinte, sans trop savoir qui est le père – elle qui s’était toujours pensée stérile ! Pendant ce temps, Réjean, le jeune curé du village, s’est réfugié chez Noël, toujours affairé à la construction de son bateau : il se montre si perturbé par ses interrogations intimes et existentielles qu’il n’est plus en mesure d’assurer son service religieux.
Effroi et panique chez les bigotes du village ! On parle même de s’en aller quérir l’évêque ! Car enfin, où donc tout cela va-t-il mener ? Plus de maire, plus de curé, des danses endiablées, des amoureux qui vivent dans le péché et des enfants sans père… N’est-ce pas tout bonnement le signe d’une malédiction lâchée sur Notre-Dame-des-Lacs ?

Auteurs :
Régis Loisel est né dans les Deux-Sèvres en 1951. Il signe ses premiers travaux au milieu des années 70 lors de l'éclosion de la bande dessinée "adulte" dans diverses publications de l'époque (Mormoil, Pilote, Tousse-Bourin, etc.), mais c'est à partir du début des années 80 que sa carrière "décolle" réellement avec la série La Quête de l'oiseau du temps (Dargaud), scénarisée par Serge Le Tendre. Il est également l'auteur de Peter Pan (Vents d'Ouest), autre série à succès, et de divers one-shots tels que Troubles Fêtes (Les Humanoïdes Associés). Il a également collaboré à divers longs métrages d'animation et a été distingué en 2003 par le Grand Prix de la Ville d'Angoulême. Il réside à Montréal, au Canada.

Jean-Louis Tripp est né à Montauban en 1958. Il publie ses premières histoires courtes au tournant des années 70 et 80, notamment dans Métal Hurlant et chez Futuropolis. Sa première série, Jacques Gallard, paraît chez Milan à partir de 1983. Il contribue ensuite à divers albums collectifs dont Le Violon et l'archer chez Casterman en 1990, signe le récit de voyage illustré La Croisière verte (Glénat), puis bifurque vers la peinture, la sculpture et l'enseignement, avant de revenir à la bande dessinée en 2002 via sa collaboration avec Didier Tronchet (Le Nouveau Jean-Claude, Albin Michel).

Mon avis : (lu en décembre 2012)
J’ai toujours beaucoup de plaisir à retrouver le petit village québécois de Notre-Dame-des-Lacs et tous ses habitants. Les hommes sont repartis travailler en forêt et le calme est revenu sur le village, Marie découvre avec surprise qu’elle est « en famille », le curé s’interroge sur sa foi et laisse perplexe ses fidèles… Depuis le premier tome, les personnages ont évolué, ils nous touchent et le bonheur et l’humanité de cette communauté est vraiment apaisante. Les ambiances sont très bien rendues par le dessin, et il n'y a parfois même pas besoin de paroles…

C’est malheureusement l’avant dernier épisode de cette belle série, j’attends donc avec un peu de nostalgie le prochain et malheureusement dernier épisode… Mais rien n’empêche de les relire !

Extrait : (début de la BD)

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La série : 

le_magasin_g_n_ral_Marie le_magasin_g_n_ral_Serge le_magasin_g_n_ral_les_hommes le_magasin_g_n_ral_confession 
tome 1 à 4 de la série 
ici

 

magasin_general5 tome 5 : Montréal 

magasin_general_6  tome 6 : Ernest Latulippe magasin_g_n_ral_7 tome 7 : Charleston

 

3 décembre 2012

C'est Lundi que lisez-vous ? [103]

BANNIR
(c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ?

printemps_barbare l_affaire_Jennifer_Josse_x mar_e_blanche chroniques_de_J_rusalem

Printemps barbare - Héctor Tobar 
L'Affaire Jennifer Jones - Anne Cassidy 
Marée blanche - Jean Failler 
Chroniques de Jérusalem - Guy Delisle

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Gains - Richard Powers (partenariat PriceMinister)

Que lirai-je cette semaine ?

Les yeux au ciel - Karine Reysset (LC - 10 décembre)
Le cercle - Bernard Minier (partenariat XO édition)
Furioso - Carin Bartosch Edström (partenariat JC Lattès)
Cher Gabriel - Halfdan W. Freihow (Grand Prix des Lectrices de Elle)


Bonne semaine et bonne lecture. 

2 décembre 2012

Chroniques de Jérusalem - Guy Delisle

chroniques_de_J_rusalem Delcourt - novembre 2011 - 334 pages

Fauve d'or d'Angoulême - prix du meilleur album 2012

Présentation de l'éditeur :
Guy Delisle et sa famille s'installent pour une année à Jérusalem. Mais pas évident de se repérer dans cette ville aux multiples visages, animée par les passions et les conflits depuis près de 4 000 ans. Au détour d'une ruelle, à la sortie d'un lieu saint, à la terrasse d'un café, le dessinateur laisse éclater des questions fondamentales et nous fait découvrir un Jérusalem comme on ne l'a jamais vu.

Auteur : Né en 1966, Guy Delisle est un auteur de bande dessinée québécois. Après des études d'animation au Sheridan College de Oakville (Ontario), il travaille dans différents studios à travers le monde, CanadaAllemagneFranceChineCorée du Nord,RéunionJérusalem. Ses expériences de superviseur d'animation en Asie fourniront ainsi matière à deux albums autobiographiques, Shenzhen en 2001 et Pyongyang en 2003. Paru en 2007Chroniques birmanes relate un séjour d'une année qu'il effectue à Rangoon où il suit son épouse, expatriée de Médecins sans frontières. Quatre ans plus tard paraîtChroniques de Jérusalem qui relate l'année 2008-2009 passée par la famille en Israël, et qui lui vaut le Prix du Meilleur Album au festival d'Angoulême en 2012. Il a en particulier vécu en direct l'Opération plomb durci à Gaza en décembre 2008.

Site du livre 

Mon avis : (lu en décembre 2012)
Guy Delisle est partie vivre un an à Jérusalem avec sa famille. Sa femme travaille pour MSF à Gaza et en famille, ils habitent à Jérusalem-Est dans un quartier arabe. Guy Delisle en profite pour porter un regard extérieur sur ce pays terriblement complexe qui défraye régulièrement les chroniques de nos journaux télévisés. Guy Delisle nous fait vivre un an de son quotidien familial à Jérusalem. Il nous décrit la complexité de cette région du monde. Il est là comme observateur et il porte un regard bienveillant, sans préjugés sur cette ville trois fois Sainte. Il fait part de ses étonnements, de ses amusements. Il écoute les Palestiniens, les militants pacifistes israéliens, les colons. Il ne cherche pas à prendre parti mais plutôt à comprendre.
Il est question du fanatisme des uns comme du désir de normalité et de bonheur des autres. C'est souvent drôle, parfois consternant ou navrant mais cela donne à ce pays un côté humain que nous, Européens, avons un peu oublié, c'est vrai que pour nous, Israël est souvent synonyme de conflits.

Cette Bande Dessinée est à la fois passionnante, poignante et drôle. Une façon ludique de découvrir une ville et un pays.

Extrait : 

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1 décembre 2012

Marée blanche - Jean Failler

Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
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Le mot : BLANC

mar_e_blanche Edition du Palemon - avril 2003 - 190 pages

Quatrième de couverture :
Comme il y a pénurie d'inspecteurs au commissariat de Concarneau, Mary Lester y est détachée pour enquêter sur la mort d'un jeune homme.
Oh, rien de bien mystérieux, vraisemblablement un règlement de comptes entre marginaux. Voire…
On le sait, Mary Lester a le chic pour apercevoir, derrière des faits paraissant évidents, d'autres qui le sont moins. Et quand elle a saisi un fil conducteur, on peut compter sur elle, en dépit du scepticisme de ses nouveaux supérieurs, pour débrouiller tout l'écheveau.
Elle va s'immerger dans une petite ville secouée par la crise de la pêche, découvrant, dans un monde dont elle ignore tout, des personnages aussi fragiles que rudes, bien attachants malgré leurs manières brusques.
Et il y a urgence, car si la marée noire tue la flore et la faune, la marée blanche, elle, tue les hommes.

Auteur : Jean Failler est né en 1940 à Quimper. Auteur de pièces de théâtre, de romans historiques, de romans policiers, il vit et écrit à Quimper.

Mon avis : (relu en novembre 2012)
Pour cette session du Challenge Un mot, un titre, je me suis rendue compte mercredi soir, le livre choisi en cours de lecture que j'avais pris par erreur un mauvais mot (c'est à dire celui de la session précédente...). Heureusement, j'ai trouvé chez moi un livre répondant au critère et pas trop long à lire pour être à l'heure au rendez-vous !
Ce livre fait partie de la série des enquêtes de Mary Lester, c'est la quatrième enquête et elle se déroule à Concarneau. Cela commence lorsqu'un marginal de Concarneau est retrouvé mort dans l'eau du port. Avec Marie Lester nous découvrons le monde des marins-pêcheurs, la rudesse du métier, les difficultés économiques... L'intrigue est bien construite et l'histoire plaisante.
C'est un livre qui se lit facilement, c'est à la fois une enquête policière et une belle ballade en Bretagne. Et je prends toujours du plaisir à relire cette série...
En 1998, une adaptation de ce livre en téléfilm a été réalisé par Christiane Leherissey mettant en scène Mary Lester sous les traits de Sophie de La Rochefoucauld. Quelques ajouts ont été fait par les scénaristes par rapport au livre.

Extrait : (début du livre)
22 novembre.
Sur la mer turquoise, de longues houles ondulaient, couronnées d’écume. Le vent d’ouest soufflait en rafales brutales et désordonnées, le ciel était noir. Un temps à grains. Par moments la pluie se déchaînait et, chassée par le vent, passait à l’horizontale, cinglant les vitres de la cabine, si drue qu’elle plongeait la timonerie dans une sorte d’univers glauque. Puis, aussi subitement, les nuages lourds se déchiraient et un grand pan de ciel bleu apparaissait. Il y avait alors un soleil extraordinaire et il semblait qu’on passait en un instant du plus noir de l’hiver au plus lumineux du printemps.
À la barre de son chalutier bleu et blanc, Nicolas Le Maout, l’épaule calée contre la cloison de la cabine, les yeux plissés par la fatigue, regardait venir la côte ; une longue plage de sable fin barrait le fond de la baie, séparant le ciel de la mer d’un trait d’ivoire éclatant. Derrière se dessinaient les champs, les bois, et puis, sur tribord, Concarneau. Ce qu’on apercevait d’abord en venant de la mer, c’était les immeubles HLM de Kerandon, une longue barrière blanche posée contre le ciel. Entre eux et la mer, les maisons descendaient jusqu’à la ville close plantée sur son rocher, qui trempait ses vieilles murailles dans les eaux paisibles du port. Derrière, il y avait la criée, mais on ne la voyait pas encore.
Des entrailles du bateau montait le grondement sourd du diesel qui tournait à demi-régime. Une lourde silhouette se dressa derrière Nicolas Le Maout, emplissant la petite cabine de sa carrure formidable.

Nicolas détourna à peine la tête et dit d’une voix lasse :
– On arrive.
Et l’autre bougonna d’un timbre éraillé :
– Pas trop tôt !
– Comme tu dis, Petit Pierrot, mes bottes sont lourdes, fit Nicolas Le Maout.
Et il passa d’un pied sur l’autre dans une sorte de danse lente pour tenter de désengourdir ses jambes lasses, puis il prit sur une tablette devant lui un paquet de gauloises froissé, en sortit une cigarette tordue qu’il alluma à un briquet de plastique jaune sans se soucier de la curieuse forme du cylindre de tabac.
La cabine empestait l’huile chaude, le poisson, le tabac et il fallait avoir le cœur bien accroché pour supporter les mouvements du bateau dans cette atmosphère confinée. Qu’importe, ici au moins on n’avait pas froid ; et du froid, de l’humidité, du vent, ces hommes venaient d’en avoir plus que leur compte.
Accablés de fatigue, le reste de l’équipage, deux matelots, dormait dans le poste, capelé dans leurs cirés jaunes, encore bottés. Comme ils étaient tombés, le sommeil les avait pris.

 

 Challenge Thriller 

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catégorie "Même pas peur" : 14/12

 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

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"Couleur"

30 novembre 2012

Grand Prix des lectrices Elle

La sélection du Jury de Novembre est arrivée mercredi dans ma boîte aux lettres

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Je dois rendre ma "copie" avant le 21 décembre.

J’ai hâte et très envie de découvrir Avenue des géants” et “Cher Gabriel”
Je ne connais pas  “L’interprétation des peurs”

Je termine donc mes lectures en cours avant de commencer par la lecture du document. 

 

A suivre...


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29 novembre 2012

L'Affaire Jennifer Jones - Anne Cassidy

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traduit de l'anglais par Nathalie M.C. Laverroux

Titre original : Looking for JJ, 2004

Quatrième de couverture :
Au moment du meurtre, tous les journaux en avaient parlé pendant des mois.
Lies dizaines d'articles avalent analyse l'affaire sous tous les angles. Les événements de ce jour terrible à Berwick Waters. Le contexte. Les familles des enfants. Les rapports scolaires. Les réactions des habitants. Les lois concernant les enfants meurtriers. Alice Tully n'avait rien lu à l'époque. Elle était trop jeune. Cependant, depuis six mois, elle ne laissait passer aucun article, et la question sous-jacente restait la même : comment unie petite fille de dix ans pouvait-elle tuer un autre enfant ?  
Alice Tully. 17 ans, jolie, cheveux coupés très court. Etudiante, serveuse dans un bistrot.
Et Frankie, toujours là pour elle.
Une vie sans histoire.
Mais une vie trop lisse, sans passé, sans famille, sans amis. Comme si elle se cachait.
Comme si un secret indicible la traquait.

Auteur : Pilier de la littérature jeunesse, Anne Cassidy est passionnée par les romans policiers. Mais ce qui l'intéresse n'est pas de découvrir qui est le coupable, mais pourquoi le meurtre a été commis, comment et, surtout, les conséquences de cet événement sur la vie des gens ordinaires.

Mon avis : (lu en novembre 2012)
C'est la blogosphère qui m'a donnée envie de découvrir ce livre destiné aux adolescents et qui est très intéressant à lire également pour les adultes. 
« Au moment du meurtre, tous les journaux en avaient parlé pendant des mois. Des dizaines d'articles avaient analysé l'affaire sous tous les angles. Les événements de ce jour terrible à Berwick Waters. Le contexte. Les familles des enfants. Les rapports scolaires. Les réactions des habitants. [...] La question était : comment une petite fille de dix ans pouvait-elle tuer un autre enfant ? » 
Six après, Alice Tully
 a seize ans, elle est en apparence une jeune fille comme les autres, elle a un petit ami nommé Frankie, elle travaille dans une cafétéria et à la rentrée elle doit s'inscrire en première année d'Histoire.  

Cette histoire est menée comme un roman policier, je n'en dirais donc pas plus sur l'intrigue... 
Des thèmes nombreux et profonds sont abordés à travers cette histoire : comment et pourquoi devient-on meurtrier ? L'environnement familial ou social peut-il être en cause ? Peut-on pardonner ? Un enfant meurtrier a-t-il droit à une deuxième chance ?

C'est un beau livre qui ne laisse pas indifférent. Une très belle découverte.

Extrait : (début du livre)

 Challenge Thriller 
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 catégorie "Même pas peur" : 13/12

Challenge Voisins, voisines
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Grande-Bretagne

Challenge God Save The Livre 
Challenge_anglais


28 novembre 2012

Swap Nordique - édition de Noël : colis dévoilé !

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En parallèle avec le Challenge Littératures Nordiques
Myiuki22 a décidé d'organiser le Swap Nordique - édition de Noël !
La tentation était grande d'y participer... J'ai été binômée avec Natiora !

Composition du colis :

1 livre de poche dont l’auteur est nordique [Danemark, Finlande, Suède, Norvège ou Islande] tiré de la wish-list de votre swappé(e) 
1 ou 2 marque-page : promo, fait-maison, autre, …
1 carte avec un petit mot - sympa de préférence  - 
1 surprise : objet, friandises, bougies, thé, ...

 

Lundi soir, au retour du travail j'ai trouvé le colis de mon binôme dans ma BAL

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Mon APN n'étant pas chargé, je dois attendre l'après-dîner avant de satisfaire ma curiosité...

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Voilà l'ensemble avant le déballage

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Après déballage !

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Et le détail de mes surprises...

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Un superbe mug grand volume au couleur de Noël et motif Nordique !

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Une tablette de chocolat et du thé aux saveurs de Noël 

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Deux livres choisis par Natiora dans ma LAL que j'ai hâte de découvrir

Smilla et l'amour de la neige - Peter Hoeg (Danemark) 
Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison - Arto Paasilinna (Finlande)

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Une belle carte au couleur de l'hiver et le marque-page, assorti au livre finlandais,
et avec un petit air de Noël

 Un très Grand MERCI à Natiora pour ce très beau colis qui m'a donné l'impression de fêter Noël en avance !

Merci également à Myiuki22 qui a eu la très bonne idée d'organiser ce beau Swap !

 

Pour aller voir le colis que j'ai envoyé à Natiora, c'est ici

27 novembre 2012

Printemps barbare - Héctor Tobar

Lu en partenariat avec les éditions Belfond

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traduit de l'américain par Pierre Furlan

Titre original : The barbarian nurseries, 2011

Quatrième de couverture :
Stupéfiant d'acuité et d'imagination, un roman coup de poing, porté par une plume corrosive et un humour mordant. Qualifiée par la critique de Bûcher des vanités pour le XXIe siècle, une œuvre engagée, une radiographie lucide et féroce de nos sociétés paranoïaques, gangrenées par l'indifférence, l'incompréhension et le repli sur soi. 
Quand elle était jeune fille au Mexique, Araceli Ramírez voulait être une artiste. Au lieu de ça, la voici cuisinière dans la luxueuse villa de bobos californiens. Cuisinière, mais aussi femme de ménage et baby-sitter ! C'est que la crise est passée par là, forçant les Torres-Thompson à dire adiós à leur bataillon de domestiques latinos. 
Aujourd'hui justement, Araceli est inquiète. Cela fait maintenant quatre jours qu'el señoret la señora ont quitté la maison après une dispute, la laissant seule avec les deux petits garçons. Que faire ? Prendre son courage à deux mains et tenter l'aventure dans la jungle de Los Angeles, à la recherche d'un hypothétique grand-père dont elle ignore jusqu'à l'adresse. 
Mais l'expédition tourne au cauchemar. Perdue dans une ville hostile, accusée de kidnapping par des parents fautifs et affolés, Araceli va découvrir le sort cruel réservé aux barbares, ceux qui ont eu le tort de croire à l'American dream...

Auteur : Fils d'immigrés guatémaltèques, Héctor Tobar est né à Los Angeles en 1963 où il vit toujours avec sa femme et leurs trois enfants. Journaliste au Los Angeles Times, couronné du prix Pulitzer en 1992 pour son travail sur les émeutes de L.A., Héctor Tobar est également l'auteur de deux romans, dont le très remarqué Tatooed Soldier. Encensé par la critique américaine, Printemps barbare est son premier ouvrage publié en France.

Mon avis : (lu en novembre 2012)
Avec ce livre, l'auteur nous donne à connaître la diversité des latino-américains présent à Los Angeles. Une image de l'Amérique différente de celle que l'on nous montre en générale.

Scott et Maureen Torres-Thompson sont des nouveaux riches, ils habitent une belle demeure dans une résidence sur une colline de L.A. Elle est américaine, lui est un «demi-Mexicain» il a gagné de l'argent avec l'informa­tique. Ils ont trois beaux enfants Brandon, Keenan et Samantha et les trois employés de maison latinos. Avec la crise, leur situation financière est devenue difficile et ils sont obligés de se séparer du jardinier Pepe et de la bonne Guadalupe. Seule reste Araceli Ramirez qui en plus de ses tâches habituelles de ménage et de cuisine, est obligé d'assumer la garde des enfants. Après une violente dispute conjugale, Maureen part avec le bébé Samantha pour quelques jours de vacances entre fille. De son côté, Scott décide de ne pas rentrer le soir après sa journée de travail. L'un et l'autre sont persuadés que leur conjoint est resté à la maison avec les enfants. Mais c'est la pauvre Araceli qui doit s'occuper des deux garçons de onze et sept ans. Elle n'a pas vraiment d'expérience mais elle ne veut pas abandonner les enfants, étant en situation irrégulière, elle ne peut pas appeler la police. Au bout de quatre jours d'absence des parents et d'impossibilité de les contacter, Araceli décide de conduire Brandon et Keenan à Los Angeles chez leur grand-père. Elle a trouvé son adresse au dos d'une photo datant de 1954... Entre malentendus et incompréhension, cette escapade ne va pas être sans conséquence.

J'ai beaucoup aimé cette histoire qui écorche un peu le rêve américain. L'auteur a mis beaucoup de soin dans la création de ses personnages. Mes préférés sont Araceli, si mystérieuse et pleine de surprise, et Brandon, petit garçon de seulement 11 ans mais plutôt précoce dans ses réflexions et sa pensée...

Merci à Jérémy et aux éditions Belfond pour cette lecture très tardive... mais qui fut une belle découverte !

Extrait : (début du livre)
SCOTT TORRES ÉTAIT ÉNERVÉ parce que la tondeuse à gazon ne voulait pas démarrer. Il avait beau tirer sur la corde de toutes ses forces, elle ne se mettait pas à rugir. Ses efforts ne provoquaient qu'un bref crachotement semblable à la toux d'un enfant malade et suivi d'un long silence uniquement troublé par le bourdonnement de deux libellules qui dessinaient des huit au-dessus de l'herbe encore intacte. C'était un gazon précoce, ambitieux, du faux kikuyu qui atteignait vingt centimètres de hauteur et qui, pour l'instant, pouvait bien rêver de devenir une jungle dont l'ombre, un jour, protégerait la maison du soleil. Les lames bougeaient seulement tant qu'il tirait sur la corde, et la tondeuse toussait. Agrippant le manche en plastique au bout de la corde, il marqua une pause, se pencha en avant pour reprendre à la fois son souffle et son élan, puis réessaya. La tondeuse gronda un instant, sa bouche noire protubérante cracha une touffe d'herbe, et elle s'arrêta. Scott recula d'un pas et lança à la machine le regard furieux bien connu du père frustré, du bricoleur qui n'a plus la main.

Araceli, sa bonne, qui était mexicaine et qui avait les mains couvertes des bulles blanches du liquide vaisselle, le regardait depuis la fenêtre de la cuisine. Elle se demanda si elle devait révéler au señior Scott le secret qui faisait rugir la tondeuse. Quand on tournait un certain bouton situé sur un côté du moteur, le démarrage de la machine devenait aussi facile que tirer d'un pull un fil défait. Elle avait vu Pepe jouer avec ce bouton à plusieurs reprises. Mais non, elle décida de laisser el señior Scott le trouver tout seul. Scott Torres s'était séparé de Pepe et de ses solides muscles de jardinier : que cette lutte contre la machine soit sa punition.

El señior Scott ouvrit le petit bouchon de l'endroit où l'on mettait l'essence, juste pour vérifier. Oui, il y a de l'essence. Araceli avait vu Pepe remplir le réservoir deux semaines auparavant, la dernière fois qu'il était là, le jeudi où elle avait presque eu envie de pleurer parce qu'elle savait qu'elle ne le reverrait jamais plus.

Pepe n'avait jamais de mal à faire démarrer la tondeuse. Quand il se baissait pour tirer sur la corde, son biceps émergeait de la manche, découvrant une masse de peau cuivrée tendue qui laissait imaginer d'autres zones de peau et de muscles sous les vieux teeshirts en coton qu'il portait. Araceli voyait de l'art dans les taches des tee-shirts de Pepe : elles formaient, comme dans l'expressionnisme abstrait, un tourbillon de verts, d'ocres argileuses et de noirs produit par l'herbe, la terre et la transpiration. Quelques rares fois, elle avait, non sans audace, promené ses doigts esseulés sur ces toiles-là. Quand Pepe arrivait le jeudi, Araceli ouvrait les rideaux de la salle de séjour et vaporisait du détergent sur les fenêtres qu'elle nettoyait ensuite à fond rien que pour regarder Pepe transpirer sur le gazon et pour s'imaginer blottie dans le berceau protecteur de sa peau couleur cannelle. Et puis elle se moquait d'elle-même à cause de ça. Je suis encore une fille qui fait des rêves éveillés ridicules. La masculinité désordonnée de Pepe conjurait l'envoûtement qui la faisait habiter et travailler dans cette maison, et lorsqu'elle l'apercevait par l'encadrement de la fenêtre de la cuisine, elle pouvait s'imaginer en train de vivre dans le monde extérieur, dans une maison où elle aurait eu sa propre vaisselle à laver, son bureau à cirer et à ranger dans une pièce que personne ne lui aurait prêtée.

Araceli appréciait sa solitude, son sentiment d'être à l'écart du monde, et elle aimait penser à son travail auprès de la famille Torres-Thompson comme à une sorte d'exil qu'elle s'était imposé pour s'éloigner de la vie devenue sans but qu'elle avait menée à Mexico. Mais, de temps à autre, elle aurait voulu partager les plaisirs de cette solitude avec quelqu'un, sortir de l'existence silencieuse qui était la sienne en Californie, entrer dans l'une de ses autres vies, celles qu'elle explorait dans ses rêves : elle serait alors une fonctionnaire d'État mexicaine de niveau moyen, une de ces femmes dures et grosses, dotées d'un méchant sens de l'humour et d'une coiffure léonine couleur rouille qui régentent leur petit fief dans un quartier de Mexico ; ou alors une artiste qui aurait réussi - voire un critique d'art. Dans nombre de ses fantasmes, Pepe jouait le rôle de l'homme tranquille et patient, père de leurs enfants aux noms aztèques très chic tels que Cuitláhuac et Xóchitl. Dans ces longs rêves éveillés, Pepe devenait un architecte-paysagiste ou un sculpteur, tandis qu'Araceli elle-même pesait dix kilos de moins et retrouvait à peu près le poids qui était le sien avant de venir aux États-Unis, car ses années en Californie n'avaient pas été tendres pour sa ligne.

À présent, toutes ses rêveries sur Pepe étaient terminées. Même si elles étaient absurdes, elles lui avaient appartenu, et leur absence soudaine lui donnait l'impression d'un vol. Au lieu de Pepe, elle avait devant les yeux el señior Scott qui se bagarrait avec la tondeuse à gazon et la corde censée la faire démarrer. Scott venait enfin de découvrir le petit bouton. Il procéda à quelques ajustements et tira de nouveau sur la corde. Il avait des bras minces, couleur de bouillie d'avoine ; il était ce qu'on appelle ici un « demi-Mexicain », et au bout de vingt minutes sous le soleil de juin, ses avant-bras, son front et ses joues prenaient la teinte cramoisie des pommes McIntosh. Une fois, deux fois, trois fois, el señior Scott tira sur la corde, jusqu'à ce que le moteur entre en action, crachote et rugisse enfin. En un rien de temps, l'air devint tout vert tellement l'herbe volait ; Araceli vit les lèvres de son patron se soulever de satisfaction silencieuse. Puis le moteur s'arrêta et le bruit s'assourdit aussitôt parce que la lame calait devant une trop grande quantité d'herbe.

Challenge 3% Littéraire 2012

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