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A propos de livres...
islande
11 octobre 2013

La Lettre de Helga - Bergsveinn Birgisson

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Zulma - août 2013 - 144 pages

traduit de l’islandais par Catherine Eyjólfsson

Titre original : Svar við bréfi Helgu, 2010

Quatrième de couverture :
« Mon neveu Marteinn est venu me chercher à la maison de retraite. Je vais passer le plus clair de l’été dans une chambre avec vue plongeante sur la ferme que vous habitiez jadis, Hallgrímur et toi. » Ainsi commence la réponse – combien tardive – de Bjarni Gíslason de Kolkustadir à sa chère Helga, la seule femme qu’il aima, aussi brièvement qu’ardemment, d’un amour impossible.
Et c’est tout un monde qui se ravive : entre son élevage de moutons, les pêches solitaires, et sa charge de contrôleur du fourrage, on découvre l’âpre existence qui fut la sienne tout au long d’un monologue saisissant de vigueur. Car Bjarni Gíslason de Kolkustadir est un homme simple, taillé dans la lave, pétri de poésie et d'attention émerveillée à la nature sauvage.
Ce beau et puissant roman se lit d’une traite, tant on est troublé par l’étrange confession amoureuse d’un éleveur de brebis islandais, d’un homme qui s’est lui-même spolié de l’amour de sa vie.

Auteur : Bergsveinn Birgisson est né en 1971. Titulaire d’un doctorat en littérature médiévale scandinave, il porte la mémoire des histoires que lui racontait son grand-père, lui-même fermier et pêcheur dans le nord-ouest de l’Islande. Immense succès dans les pays scandinaves ainsi qu’en Allemagne, la Lettre à Helgaest enfin traduit en français.

Mon avis : (lu en octobre 2013)
Bjarni Gíslason a aimée Helga à la folie. Elle vivait dans une ferme voisine avec son mari Hallgrimur et leurs deux enfants. Lui était marié avec Unnur, qui ne pouvait pas avoir d'enfant. Durant une année, ils se sont vus en secret et se sont aimés passionnement.
Cette lettre est la dernière confession d'un vieux fermier islandais à la femme qu'il a aimé mais pour laquelle il n'a pas su quitter sa vie tranquille de fermier... A travers cette lettre, il revient sur sa longue vie, il avoue sa lâcheté de n'avoir pas su quitter sa femme pour suivre Helga et il explique pourquoi. Bjarni est un homme sincère et attachant, aimant sa terre, ses animaux, appréciant le souffle du vent, les odeurs de la ferme, du foin... Mêlant humour, autodérision, poésie, douceur et passion il nous raconte son quotidien de fermier, ses sensations et les souvenirs de ses rencontres secrètes avec Helga... C'est une jolie lecture pleine de sensibilité et d'émotion.

Extrait : (début du livre)

À Kolkustadir, le 29 août 1997
Chère Helga,
Certains meurent de causes extérieures. D’autres meurent parce que la mort depuis longtemps soudée à leurs veines travaille en eux, de l’intérieur. Tous meurent. Chacun à sa façon. Certains tombent parterre au milieu d’une phrase. D’autres s’en vont paisiblement dans un songe. Est-ce que le rêve s’éteint alors, comme l’écran à la fin du film? Ou est-ce que le rêve change simplement d’aspect, acquérant une autreclartéet des couleurs nouvelles ? Et celui qui rêve, s’en aperçoit-il tant soit peu ?
Ma chère Unnur est morte. Elle est morte en rêvant, une nuit où il n’y avait personne. Bénie soit sa mémoire.
Pour ma part, la carcasse tient encore le coup, à part la raideur des épaules et des genoux. La vieillesse fait son œuvre. Il y a, bien sûr, des moments où l’on regardeses pantoufles en pensant qu’un jourelles serontencorelà, tandis qu’on n’y sera plus pour les enfiler. Mais quand ce jour viendra, qu’il soit le bienvenu, comme dit le psaume. C’est comme ça, ma Belle ! Bien assez de vie a coulé dans ma poitrine. Et j’ai eu l’occasion d’y goûter – à la vie.
Ah, je suis devenu un vieillard impossible qui prend plaisir à raviver de vieilles plaies. Mais on a tous une porte de sortie. Et nous aspirons tous à lâcher notre moi intérieur au grand air. Mon issue de secours à moi, c’est la vieille porte de la bergerie de feu mon père, celle que le soleil traverse par les fentes, en longs et fins rayons entre ses planches disjointes. Si la vie est quelque part, ce doit être dans les fentes. Et ma porte à moi est désormais tellement faussée, branlante et déglinguée qu’elle ne sépare plus vraiment l’intérieur de l’extérieur. Devrais-je mettre au crédit du charpentier ce travail bâclé ? Car toutes ces lézardes, ces interstices, laissent passer le soleil et la vie.
Bientôt, ma Belle, j’embarquerai pour le long voyage qui nous attend tous. Et c’est bien connu que l’on essaie d’alléger son fardeau avant de se mettre en route pour une telle expédition. Assurément, j’arrive après la soupe en t’écrivant cette lettre maintenant que nous sommes tous plus ou moins morts ou séniles, mais je m’en vais la griffonner quand même. Si tu vois cela d’un mauvais œil, tu n’auras qu’à jeter ce gribouillis. Mes paroles partent d’un bon sentiment. Je ne t’ai jamais voulu que du bien, tu le sais, ma chère Helga.

Challenge Voisins, voisines

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Islande

 Challenge 2% Rentrée Littéraire 2013
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11/12

Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie blanche
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Islande 

Challenge Cap au Nord 
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 Challenge le nez dans les livres
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La Reine des Lectrices : 13/6

 Challenge Petit BAC 2013
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"Objet"

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25 août 2013

La femme à 1000° - Hallgrimur Helgason

Lu dans le cadre de La Rentrée Littéraire 2013 Libfly
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La_femme_a_1000_7036 Presse de la Cité - août 2013 - 633 pages

traduit de l'islandais par Jean-Christophe Salaün

Titre original : Konan við 1000°, 2011

Quatrième de couverture :
Herbjörg Maria Björnsson. Un nom imprononçable que vous n’êtes pas près d’oublier. 

Condamnée à vivre dans un garage avec pour seule compagnie son ordinateur portable, une provision de cigarettes et une grenade datant de la fin de la Seconde Guerre mondiale, une octogénaire islandaise atteinte d’un cancer en phase terminale revient sur sa vie en attendant la mort. Car Herra, comme on l’appelle, a beaucoup de choses à raconter. Petite-fille du premier président d’Islande, fille d’une paysanne et du seul nazi islandais avéré, elle a, au fil de son existence mouvementée, vécu la guerre et l’exil, connu beaucoup d’hommes, parfois célèbres, et vu la mort, de bien trop près. Avant de s’envoyer en l’air pour de bon, elle passe en revue son passé et celui de son pays, l’occasion pour elle de régler au passage quelques comptes. 
Dans ce roman inclassable et truculent qui, à la manière d'un collage, alterne humour, cynisme, tendresse, poésie et noirceur, Hallgrimur Helgason fait preuve d'une inventivité linguistique époustouflante. La Femme à 1000° navigue entre légèreté et profondeur au gré du récit de l'irrévérencieuse Herra, dont l'histoire est à l'image de celle de l'Islande, sa patrie, et de celle de l'Europe : mouvementée, sanglante et tragique.

Auteur : Hallgrímur Helgason, né en 1959 à Reykjavík, est écrivain, peintre, noveliste et traducteur. Il est l'auteur du roman policier 101 Reykjavik qui fut adapté au cinéma par Baltasar Kormákur sous le titre 101 Reykjavik en 2000. Il reçoit en 2002 le prix de littérature islandaise pour son livre L'auteur d'Islande.

Mon avis : (lu en juin 2013)
J'ai choisi de découvrir ce livre non pas grâce à la couverture du livre (pas très engageante...) mais pour son auteur islandais... Mais je n'avais pas vu le nombre de pages... 633 !
J'ai facilement lu le début du livre car les chapitres sont assez courts. Chaque chapitre est daté car l'histoire se déroule de 1929 année de naissance de Herra à 2009, c'est à dire de nos jours avec quelques incursions dans un passé encore plus lointain...
La narratrice, Herbjörg Maria Björnsson dit Herra a 80 ans, elle termine sa vie dans un garage. Elle a un cancer et elle attend la mort, elle a même déjà pris rendez-vous pour sa crémation. Elle est seule avec son ordinateur branché sur internet et les visites quotidiennes de deux aides à domicile. Elle nous raconte sa vie à travers de nombreuses anecdotes car sa famille et sa vie sont plus qu'originales ! En même temps, le lecteur découvre l'histoire de l'Islande.
Dans les 100 premières pages, le récit passe d'une année à l'autre dans un tel désordre que l'on a peine à suivre... Ensuite commence la période de la Seconde Guerre Mondiale de façon chronologique, et donc plus facile à suivre. Hella est née en Islande, elle vivra au Danemark, en Allemagne, en Pologne, à Paris, en Argentine... Elle est la petite-fils du premier président de la République d'Islande. Son père s'engage dans l'Armée Allemande. Hella aura quatre enfants, quatre maris...
J'ai globalement aimé ce roman même si j'y ai trouvé quelques longueurs, j'ai appris beaucoup de choses sur l'histoire de l'Islande. Avant la Seconde Guerre mondiale, l'Islande est sous domination du Danemark, en avril 1940 le Danemark est envahi par l'Allemagne nazie donc l'Islande se retrouve sous domination de l'Allemagne. Le Royaume Uni, craignant que les Allemands occupent l'Islande, s'installe d'autorité en Islande, puis en 1941 ce sont les Américains qui les remplacent, ils ne quitteront le pays qu'en 2006... En 1944, c'est la proclamation de l'Indépendance et la création de la République d'Islande. Sveinn Björnsson (le grand-père d'Hella) devient le premier président de la République. 
J'ai beaucoup aimé les chapitres datés de 2009, lorsque Herra raconte son quotidien dans son garage. Elle fume cigarettes sur cigarettes, elle a toujours avec elle une vieille grenade datant de la Seconde Guerre Mondiale. Connectée à internet, elle s'invente plusieurs profils et se fait passer pour Linda une ancienne miss Monde de 1988. Le ton est grinçant, plein d'humour noir. 

Merci à Libfly et Le Furet du Nord pour m'avoir permis de découvrir ce livre à l'occasion de l'opération On vous lit tout.

Note : ♥♥♥♥

Extrait : (début du livre)
Je vis ici, seule dans un garage, avec pour unique compagnon un ordinateur portable et une vieille grenade. Un vrai petit nid douillet. Mon lit est un lit d'hôpital ; je n'ai guère besoin d'autre mobilier, en dehors de toilettes, qu'il m'est toujours pénible de devoir utiliser. J'en ai pour des heures à les atteindre : d'abord, toute la longueur du lit, et encore tout autant pour arriver au petit coin. Via Dolorosa, c'est le nom que je donne à ce parcours qui me voit chanceler trois fois par jour comme un spectre perclus de rhumatismes. Bassin & cathéter sont mes rêves du moment, mais ma demande est bloquée dans les méandres administratifs. Chienne de vie.

Ici, il n'y a pas grand-chose à voir par la fenêtre. C'est sur l'écran d'ordinateur que le monde m'apparaît. Les messages vont et viennent, et ma page Facebook s'allonge, comme la vie. Les glaciers fondent, les présidents noircissent, et les gens pleurent leur voiture ou leur maison. L'avenir, lui attend patiemment près du tapis à bagages, regard en biais et sourire narquois. Oui, j'observe d'un oeil attentif sous mes draps blancs. Je gis là, cadavre sans besoins, à espérer la mort, ou que l'autre m'apporte ma dose à prolonger l'existence. Elles s'occupent de moi deux fois par jour, les filles de l'hospitalisation à domicile de la ville de Reykjavik. La jeune vierge qui vient le matin est une vraie princesse, mais la vieille peau de l'après-midi, aux mains froides et à l'haleine lourde, vide toujours mes cendriers d'un geste brusque.

 Challenge Petit BAC 2013
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"Chiffre/Nombre"

Challenge 1% Rentrée Littéraire 2013
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1/6

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Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie blanche

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Challenge Voisins, voisines

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Challenge Cap au Nord
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21 mars 2013

Etranges rivages - Arnaldur Indridason

etranges_rivages Editions Métailié - février 2013 - 298 pages

traduit de l'islandais par Eric Boury

Titre original : Furðustrandir, 2010

Quatrième de couverture : Erlendur est de retour ! Parti en vacances sur les terres de son enfance dans les régions sauvages des fjords de l'est, le commissaire est hanté par le passé. Le sien et celui des affaires restées sans réponse. Dans cette région, bien des années auparavant, se sont déroulés des événements sinistres. Un groupe de soldats anglais s'est perdu dans ces montagnes pendant une tempête. Certains ont réussi à regagner la ville, d'autres pas. Cette même nuit, au même endroit, une jeune femme a disparu et n'a jamais été retrouvée. Cette histoire excite la curiosité d'Erlendur, qui va fouiller le passé pour trouver coûte que coûte ce qui est arrivé...
C'est un commissaire au mieux de sa forme que nous retrouvons ici !

Auteur : Arnaldur Indridason est né à Reykjavik en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Il est l'auteur de romans noirs couronnés de nombreux prix prestigieux, publiés dans 37 pays.

Mon avis : (lu en mars 2013)
Après deux enquêtes sans notre commissaire préféré, dans ce livre, c'est le retour d'Erlendur. Nous le retrouvons sur les terres de son enfance où il est venu affronter le drame qui le hante depuis toujours : la disparition de son jeune frère, âgé de 8 ans, lors d'une terrible tempête de neige...

C'est une Islande austère et sauvage que nous découvrons dans cette histoire, il fait froid, cette nature hostile est un personnage à part entière de ce livre.
Il s'intéresse alors à d'autres disparitions qui ont eu sur la lande. En particulier, celle de Mathildur, une jeune femme disparue en 1942 en même temps qu'un régiment anglais. Cette enquête qu'Erlendur va mener seul, à son rythme et à sa façon va dévoiler des réponses aux questions que pouvait se poser le lecteur depuis les premiers romans d'Arnaldur Indridason autour de la personnalité torturée de notre héros. Ce policier est indispensable pour mieux comprendre qui est Elendur. Il est préférable de le lire après avoir lu ces précédentes aventures.

Extrait : (début du livre)
Il n'a plus froid. Au contraire, une étrange vague de chaleur lui envahit le corps. Lui, qui pensait que toute chaleur l'avait déserté, il a l'impression qu'elle se diffuse dans ses bras et ses jambes, jusqu'à ses mains et ses pieds, et brusquement son visage lui semble s'enflammer.

Allongé dans le noir, ses pensées vont et viennent, désordonnées, il ne distingue qu'à peine la frontière entre le sommeil et la veille. Il a beaucoup de peine à se concentrer et à évaluer son état. Comme plongé dans une confortable torpeur, il ne souffre pas. Des rêves, des images, des bruits et des lieux qui lui sont à la fois connus et inconnus défilent dans son esprit qui lui joue d'étranges tours et le projette constamment à travers le passé et le présent, défiant l'espace et le temps. Il n'a aucune véritable prise sur ces errances. Un instant, il est assis à l'hôpital, au chevet de sa mère qui se meurt et le quitte. L'instant d'après, un hiver sombre s'est abattu et il se retrouve à nouveau allongé sur le sol de cette ferme abandonnée qui était jadis sa maison. Il a toutefois bien conscience que ce n'est là qu'une illusion.
- Que faites-vous ici ?
Il se redresse, s'assoit et aperçoit un homme à la porte. Un voyageur vient de tomber sur lui par hasard. Il ne comprend pas sa question.
- Que faites-vous ici ? répète l'homme.
- Qui êtes-vous ?
Il ne distingue pas son visage et ne l'a pas entendu entrer, tout ce qu'il voit se résume à cette silhouette qui répète inlassablement la même question insupportable.
- Que faites-vous ici ?
- Je suis chez moi. Qui êtes-vous ?
- J'ai l'intention de passer la nuit avec vous, si ça ne vous dérange pas.
L'homme assis par terre à côté de lui a allumé un feu. Il sent la chaleur se diffuser sur son visage et tend ses mains vers les flammes. Il n'a eu aussi froid qu'une seule fois dans sa vie.
- Qui êtes-vous ? demande-t-il une nouvelle fois à son visiteur.
- Je suis venu vous écouter.
- M'écouter ? Qui est avec vous ?
Il a l'impression qu'ils ne sont pas seuls, que quelqu'un d'autre accompagne cet homme, quelqu'un qu'il ne parvient pas à distinguer.
- Personne, répond le voyageur, je suis venu seul. Vous habitiez ici ?
- Êtes-vous Jakob ?
- Non, je ne suis pas Jakob. Je m'étonne que ces murs tiennent encore debout, je vois que la maison est solide.
- Qui êtes-vous ? Êtes-vous Boas ?
- Je passais par là.
- Vous êtes déjà venu ici ?
- Oui.
- Quand ça ?
- Il y a des années. A l'époque où cette maison était encore habitée. Que sont devenus ces gens ? Savez-vous ce qu'est devenue la famille qui vivait ici ?

Allongé dans le noir et transi, il ne parvient plus à faire aucun mouvement. Il est à nouveau seul, le feu a disparu, de même que la maison abandonnée. Les ténèbres et le froid le cernent, la chaleur déserte peu à peu ses membres et son visage.
Quelque part, il entend à nouveau ce grattement.
Venu des profondeurs glacées et lointaines, le bruit approche et enfle constamment, bientôt suivi par de déchirants cris d'effroi.

Déjà lu du même auteur :

la_cit__des_jarres La Cité des jarres  la_femme_en_vert La Femme en vert 

la_voix La Voix l_homme_du_lac L'Homme du lac hiver_arctique Hiver Arctique 

 hypothermie Hypothermie la_rivi_re_noire La rivière noire betty Bettý 

la_muraille_de_lave La muraille de lave

 Challenge Voisins, voisines

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Islande

 Défi Scandinavie noire

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Islande

Challenge Littératures Nordiques

litterature_nordique

 Challenge Thriller 

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catégorie "Même pas peur" : 32/12

 

12 février 2013

L'Ange du matin – Arni Thorarinsson

ange_du_matin Métaillié – août 2012 – 310 pages

traduit de l'islandais par Éric Boury

Titre original : Morgunengill, 2010

Quatrième de couverture :
La postière, sourde et sans le sou, tuée à Akureyri, et le capitaliste de Reykjavik, "nouveau Viking" à la tête d'un portefeuille de millions en créances, n'ont aucun rapport. Pourtant le destin fait se croiser leurs chemins lorsque, malgré l'opposition du commissaire de police qui le déteste, Einar enquête pour son journal en perte de vitesse sur la disparition d'une petite fille.
Einar, ironique et tendre, a rarement été confronté à un crime aussi complexe. Rien ne s'est passé comme le voulait la logique. Portrait caustique et désabusé de l'Islande contemporaine, ce roman témoigne de l'évolution rapide des mœurs et de la corruption des âmes. Le surprenant retournement final est dérangeant dans sa description de l'innocence perdue et de l'irréversibilité des changements de société. L'intrigue resserrée et bien menée entraîne le lecteur fasciné aux côtés de cet enquêteur à la fois nonchalant et lucide. Un roman passionnant, éclairant et terrifiant. Une vraie réussite.

Auteur : Arni Thorarinsson est né en 1950 à Reykjavik, où il vit actuellement. Après un diplôme de littérature comparée à l'université de Norwich en Angleterre, il travaille pour différents grands journaux islandais. Il participe à des jurys de festivals internationaux de cinéma et a été organisateur du Festival de cinéma de Reykjavik de 1989 à 1991. Ses romans sont traduits en Allemagne et au Danemark.

Mon avis : (lu en février 2013)
Quelle plaisir de découvrir la nouvelle enquête de l'auteur islandais Arni Thorarinsson, de retrouver son personnage Einar, journaliste du « Journal du soir ». Einar est rappelé à Reykjavik pour interviewer Ölver un "nouveau Viking", un des financiers qui ont fait fortune puis entraîné toute l'Islande à la ruine avec la ruine. Il préférerait enquêter sur l'agression dont a été victime une employée de la poste sourde dans la petite ville d'Akureyri. Quelques jours après l'interview, la fille d'Ölver âgée de 11 ans est enlevée. Einar se retrouve être l'homme de la situation pour enquêter et traiter l'information.
Ces deux intrigues croisées et ce suspense policier sont également le prétexte pour découvrir le quotidien de l'Islande et des Islandais frappé par la Crise. Une peinture sans concession d’une société islandaise pervertie par le profit et où la solidarité a disparue.
Un roman passionnant, à la fois tendre et terrifiant.

Extrait : (page 9)
UN MERCREDI MATIN AU DÉBUT DE JANVIER
J'arrive trop tard. Si le temps est le moyen qu'a trouvé la nature pour éviter que tous les événements se produisent simultanément, il n'est pas très efficace. Je ne disposais pas d'assez de temps. Peut-être était-ce une question de secondes, ou peut-être de minutes. Mais, conformément à une loi implacable, j'arrive trop tard.
Alors que je quitte tranquillement la maison jumelée que j'occupe dans le quartier de Hlidahverfi, je n'ai pourtant pas l'impression que le temps me manque. Mon haleine sort de ma bouche pour s'élever dans l'air glacial et immobile de la ville d'Akureyri. C'est la preuve indéniable que je respire, avec les volutes de vapeur afférentes et tout le bataclan. Mes jambes m'obéissent et me transportent, lentement mais sûrement, jusqu'à mon poste de travail sur la place de l'Hôtel de Ville. Toute chose est encore conforme à mes plans, au vœu que j'ai formulé en silence et à la résolution personnelle que j'ai prise lorsque nous sommes entrés d'un bond avec ma fille Gunnsa dans la nouvelle année. Mes vieux parents n'ont pas voulu tenter leur chance, du reste, ils auraient hypothéqué leur futur si, comme nous, ils étaient montés sur cette chaise pour faire le grand saut à cloche-pied au risque de se casser une jambe en se réceptionnant. Dans ce genre de situation, mieux vaut reculer que sauter.
Il suffit d'y croire un peu pour envisager les sommets des Sulur, Kerling, Hlidarfiall, la lande de Vadlaheidi et les montagnes qui cernent le fjord d'Eyjafjördur, ainsi qu'Akureyri et son Pollur comme les géants tutélaires de la ville, les anges gardiens donnés par mère nature. Mais dans la pénombre matinale de ces premiers jours de l'année, peu de choses viennent confirmer cette croyance, si ce n'est la foi elle-même.
Les lampadaires projettent à peine leur clarté pâlotte sur l'environnement immédiat : immeubles, entrepôts, usines et bâtiments à usage de bureaux. L'allée piétonne qui longe la rue Skardshlid et traverse le pont enjambant la rivière Glera avant d'entrer dans la rue Glerargata est loin d'offrir la plus jolie vue de la charmante capitale du Nord. Mais je vais devoir m'en contenter pour me bâtir un futur et faire ce que les experts nous conseillent : chercher le positif au sein du négatif, se battre pour remporter la victoire y compris dans la défaite, voir les ouvertures au bout des impasses et la lumière au fond de la plus noire des nuits. Et ainsi de suite. En général, je ne suis pas très doué pour me bercer d'illusions sans avoir ingurgité un verre d'alcool et je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle, en ce moment, je me satisfais entièrement de la déliquescence.
L'esprit occupé par ces considérations, je marche d'un pas léger dans le petit matin. À l'angle des rues Glerargata et Eyrarvegur, je croise une vieille femme qui n'est pas de cette humeur. Elle jure et maugrée tout ce qu'elle sait dans son coin. Je ne me laisse pas décontenancer et pose un pied sur la chaussée pour traverser.
- Hé, vous, là-bas, me crie-t-elle alors. Vous travaillez bien au Journal du soir, n'est-ce pas ?
Et moi qui m'imaginais ne pas être un visage connu.
- Euh, oui, dis-je alors que je maudis en silence la politique du droit à l'image appliquée par mon journal.
Elle me fait signe de me retourner. Rien ne m'oblige à lui obéir, mais je m'exécute quand même.

Déjà lu du même auteur :

le_temps_de_la_sorci_re_1 Le Temps de la Sorcière le_dresseur_d_insectes Le dresseur d'insectes 

le_septi_me_fils Le septième fils

 

 Challenge Thriller 
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catégorie "Même pas peur" : 26/12

 Challenge Voisins, voisines

voisins_voisines_2013
Islande

  Défi Scandinavie noire 2012

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Islande

Challenge Littératures Nordiques

litterature_nordique

  Challenge Pour Bookineurs En Couleurs
Logo_challenge_bookineurs_en_couleurs
PAL Noire

Challenge 5% Littéraire 2012

 logochallenge2 
35/35

 

28 novembre 2012

Swap Nordique - édition de Noël : colis dévoilé !

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En parallèle avec le Challenge Littératures Nordiques
Myiuki22 a décidé d'organiser le Swap Nordique - édition de Noël !
La tentation était grande d'y participer... J'ai été binômée avec Natiora !

Composition du colis :

1 livre de poche dont l’auteur est nordique [Danemark, Finlande, Suède, Norvège ou Islande] tiré de la wish-list de votre swappé(e) 
1 ou 2 marque-page : promo, fait-maison, autre, …
1 carte avec un petit mot - sympa de préférence  - 
1 surprise : objet, friandises, bougies, thé, ...

 

Lundi soir, au retour du travail j'ai trouvé le colis de mon binôme dans ma BAL

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Mon APN n'étant pas chargé, je dois attendre l'après-dîner avant de satisfaire ma curiosité...

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Voilà l'ensemble avant le déballage

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Après déballage !

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Et le détail de mes surprises...

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Un superbe mug grand volume au couleur de Noël et motif Nordique !

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Une tablette de chocolat et du thé aux saveurs de Noël 

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Deux livres choisis par Natiora dans ma LAL que j'ai hâte de découvrir

Smilla et l'amour de la neige - Peter Hoeg (Danemark) 
Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison - Arto Paasilinna (Finlande)

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Une belle carte au couleur de l'hiver et le marque-page, assorti au livre finlandais,
et avec un petit air de Noël

 Un très Grand MERCI à Natiora pour ce très beau colis qui m'a donné l'impression de fêter Noël en avance !

Merci également à Myiuki22 qui a eu la très bonne idée d'organiser ce beau Swap !

 

Pour aller voir le colis que j'ai envoyé à Natiora, c'est ici

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6 octobre 2012

L'Embellie - Auður Ava Ólafsdóttir

l_embellie Zulma - août 2012 - 395 pages

traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson

Titre original : Ringing í nóvember, 2004

Quatrième de couverture : 
C’est la belle histoire d’une femme libre et d’un enfant prêté, le temps d’une équipée hivernale autour de l’Islande.
En ce ténébreux mois de novembre, la narratrice voit son mari la quitter sans préavis et sa meilleure amie lui confier son fils de quatre ans. Qu'à cela ne tienne, elle partira pour un tour de son île noire, seule avec Tumi, étrange petit bonhomme, presque sourd, avec de grosses loupes en guise de lunettes.
Avec un humour fantasque et une drôlerie décapante, l’Embellie ne cesse de nous enchanter par cette relation cocasse, de plus en plus attentive, émouvante entre la voyageuse et son minuscule passager. Ainsi que par sa façon incroyablement libre et allègre de prendre les fugaces, burlesques et parfois dramatiques péripéties de la vie, et de la vie amoureuse, sur fond de blessure originelle. Et l’on se glisse dans l’Embellie avec le même bonheur immense que dans Rosa candida, en une sorte d’exultation complice qui ne nous quitte plus.

Auteur : Auður Ava Ólafsdóttir est née en 1958 à Reykjavík. Après l’immense succès de Rosa candida, elle nous offre l’Embellie, traduit pour la première fois en français.

Mon avis : (lu en octobre 2012)
J'ai beaucoup aimé Rosa Candida et lorsque j'ai appris qu'un nouveau livre d'Auður Ava Ólafsdóttir était traduit en français, j'étais impatiente de le découvrir.
En Islandais le livre se nomme « Pluie de novembre », en effet dans ce roman écrit avant Rosa Candida, il fait chaud pour la saison et l’Islande est sous la pluie, elle subit même des inondations.
La narratrice a trente-trois ans, elle parle onze langues différentes et travaille comme traductrice et correctrice, elle est indépendante, immature et originale. Son mari la quitte car elle repousse l'idée de devenir mère... Elle décide alors de partir en vacances d'été en novembre et de quitter Reykjavík pour l'est de Islande. Juste avant son départ, elle se voit confier par sa meilleure amie Audur Tumi, son fils âgé de quatre ans. Ce petit bonhomme est sourd et très myope. N'ayant pas l'habitude des enfants, elle va s'occuper de Tumi à l’instinct « il existe un monde au-delà des mots ». Et au fil des kilomètres une belle complicité va se créer entre eux deux. Tumi apporte des joies simples, le voyage est joyeux plein de péripéties et de rencontres surprenantes. Au cours de cette histoire, s'entremêlent quelques passages en italique qui reviennent sur une douleur ancienne de la narratrice et cela donne à ce voyage autour de l'Islande un sens plus profond.
J'ai beaucoup aimé cette lecture que je n'avais pas envie de terminer, j'ai aimé découvrir cette Islande profonde et déserte sous cette pluie de novembre. L'humour est très présent  dans ce livre et de nombreuses situations cocasses ou improbables m'ont fait penser à Arto Paasilinna.
En bonus, à la fin du roman, sont rassemblées « Quarante-sept recettes de cuisine et une de tricot », plus ou moins fantaisistes, souvenirs de la délicieuse complicité en l'enfant et la jeune femme et de leur voyage autour de l'Islande. Une très belle découverte.

Autre avis : Canel 

Extrait : (début du livre)
Quand je regarde en arrière, sans vraiment respecter à cent pour cent la chronologie, nous sommes là, serrés l’un contre l’autre, au milieu de la photo. Je le tiens par les épaules et il m’attrape quelque part, plus bas par la force des choses ; une mèche châtain foncé barre mon front très pâle ; il affiche un grand sourire et tient quelque chose dans son poing tendu.
Ses oreilles décollent un peu de sa grosse tête, ses prothèses auditives, curieusement démodées, ressemblent à des récepteurs pour ondes radio intersidérales. Et ses yeux démesurément agrandis par ses verres de lunettes lui donnent un look très spécial. D’ailleurs les gens dans la rue se retournent sur notre passage; ils considèrent le petit, puis après m’avoir brièvement dévisagée, ne le lâchent plus du regard, tandis que nous traversons le terrain de jeux, la main dans la main, jusqu’à ce que je referme la grille de fer derrière lui. Quand je l’aide à grimper dans le siège pour enfant et que je boucle sa ceinture de sécurité, je constate qu’on nous observe encore depuis les autres voitures.
Dans le fond de la photo, on voit mon ancienne voiture, à boîte de vitesses manuelle. Les trois poissons rouges flottent dans le coffre – il n’en sait rien encore – sur le sac de couchage bleu pour deux personnes qui s’est mué en éponge. Je ne tarderai pas à acheter deux édredons neufs à la Coopérative car il ne convient pas qu’une femme de trente-trois ans partage son sac de couchage avec un garçonnet qui ne lui est rien – ça ne se fait pas. Un tel achat ne devrait pas poser problème car la boîte à gants déborde de billets tout frais sortis de la banque. Aucun méfait n’a pourtant été commis, à moins que ça n’en soit un que de coucher avec trois hommes sur une distance de trois cents kilomètres de route circulaire, non asphaltée pour l’essentiel, là où la bande côtière est la plus étroite entre le glacier et la grève et où abondent les ponts à voie unique.
Rien ne se présente comme à l’accoutumée, en cet ultime jour de novembre – un jour ténébreux sur l’île ; nous portons tous les deux un pull-over, le mien est blanc à col roulé, le sien est neuf, vert menthe, tricoté main, avec un motif à torsades et une capuche. La température est comparable à celle de Lisbonne le jour précédent, à ce que dit la radio, et l’on prévoit encore de la pluie et un réchauffement. C’est pourquoi une femme seule avec enfant ne devrait pas se trouver sans raison valable sur les routes, dans des zones sombres et inhabitées, et encore moins au voisinage de ponts à voie unique, les routes étant souvent inondées.
Je ne suis pas présomptueuse au point de m’attendre à voir surgir un nouvel amant à chaque pont à voie unique, sans vouloir toutefois exclure totalement une telle éventualité. À mieux considérer la photo, on distingue au second plan, à quelques pas du petit et de moi, un jeune homme d’environ dix-sept ans au visage un peu flou. Il a les traits plutôt délicats sous son bonnet et on dirait que son acné commence tout juste à s’arranger. L’air ensommeillé, yeux mi-clos, il s’appuie contre la pompe à essence.
Si l’on examine la photo de vraiment près, je ne serais pas étonnée que l’on distingue des plumes sur les pneus et même des taches de sang sur les enjoliveurs, bien que trois semaines se soient écoulées depuis que mon mari est parti avec le matelas ergonomique du lit conjugal, le matériel de camping et dix cartons de livres – tel fut l’enchaînement. Mais gardons à l’esprit que les apparences sont parfois trompeuses et que contrairement à une photo, la réalité, elle, grouille de sens.

Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Sélection roman 
Jury Février

Déjà lu du même auteur : 

Rosa_candida Rosa Candida

Challenge 1% Littéraire 2012

 logochallenge2 
7/7

Challenge Voisins, voisines

voisin_voisines2012
Islande

 Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie blanche

dc3a9fi_scandinavie_blanche
Islande

 Challenge Viking Lit' 

Viking_Lit

Challenge Littératures Nordiques

litterature_nordique

 

20 juin 2012

La muraille de lave – Arnaldur Indridason

la_muraille_de_lave Éditions Métailié - mai 2012 – 317 pages

traduit de l'islandais par Éric Boury

Titre original : Svörtuloft, 2009

Quatrième de couverture :
Le commissaire Erlendur est parti en vacances sur les lieux de son enfance, il ne donne aucune nouvelle, on a retrouvé sa voiture abandonnée en rase campagne. Mais son équipe continue à travailler. Tandis qu'Elinborg, la fine cuisinière, s'occupe d'une affaire de viol, Sigurdur Oli, le jeune homme moderne formé aux Etats-Unis, reconnaît par hasard dans la rue l'un des témoins d'une affaire de pédophilie en partie résolue et le suit. Dans le même temps, un ami lui demande d'aider discrètement un couple de jeunes cadres qui, pratiquant l'échangisme, fait l'objet d'un chantage. Troublé par son divorce, surveillé de près par sa hiérarchie qui n'apprécie pas ce type d'aide, Sigurdur Oli va aller jusqu'au bout d'une histoire surprenante, révélant la cupidité qui s'est emparée de la société islandaise avec l'expansion mondiale des modèles financiers. Commencé comme un polar classique, tissant les trames de plusieurs affaires, ce roman montre au lecteur comment, à l'image de la muraille de lave, au pied de laquelle un remous violent engloutit toutes les embarcations qui l'approchent, et surnom donné au siège d'une grande banque à l'architecture sombre et aux pratiques discutables, l'impudeur de l'amour de l'argent peut entraîner dans son tourbillon la perte de tout critère moral.

Auteur : Arnaldur Indridason est né à Reykjavik en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Il est l'auteur de romans noirs couronnés de nombreux prix prestigieux, publiés dans 37 pays.  

Mon avis : (lu en juin 2012)
C'est le 8ème épisode de la série du « détective Erlendur », mais comme l'épisode précédent, Erlendur n'est pas là, il est parti sur la côte Est et personne n'a de nouvelles de lui. C'est Sigurður Oli qui va prendre en charge deux enquêtes sur des homicides. 
Pour rendre service à un ami, Sigurður Oli accepte d'aller rendre visite à un couple qui fait du chantage à l'encontre de proches de l'ami. Arrivé sur les lieux, il est témoin d'une scène de violence avec l'agresseur toujours sur les lieux, la jeune femme Lina baigne dans une mare de sang. L'enquête va mener Sigurður Oli vers les milieux bancaires et réveiller une enquête bâclée. En parallèle, Sigurður Oli reconnaît par hasard dans la rue un des témoins de l’affaire de pédophilie en partie résolue dans La Voix.
C'est l'occasion de découvrir un peu plus le personnage de Sigurður Oli qui accompagne Erlendur depuis le début de la série. Il a l'image du policier moderne, formé aux États-Unis. Alors que cette histoire commence, son couple bat de l'aile, avec sa femme, ils hésitent à se séparer.
Dans ce livre écrit en 2008, Arnaldur Indridason dénonce un peu avant l'heure les dérives financières de l'Islande autour de spéculations et endettements. Il est également question d'échangisme, de pédophilie...
Une intrigue plutôt bien menée, des personnages fouillés et attachants, des descriptions de l'Islande et j'ai encore passé de très bons moments en découvrant ce nouveau Indridason. Mais dans le prochain livre j'espère vraiment retrouver Erlendur Sveinsson, il me manque de plus en plus !

Et pour finir, une petite explication concernant le titre du livre « La Muraille de lave » (Svörtuloft), fait référence à une falaise de basalte au pied de laquelle un tourbillon violent engloutit toutes les embarcations qui s’approchent, c’est également le surnom qui a été donné au siège social d’une grande banque islandaise.

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Svörtuloft

Autres avis : Sharon, Jostein

Extrait : (début du livre)
Il avait attrapé au fond du sac en plastique le masque de confection grossière et imparfaite. Ce n'était pas un chef-d’œuvre, mais il ferait l'affaire.
Bien que redoutant de croiser un flic en chemin, il était passé inaperçu. Le sac qu'il portait à la main contenait également deux bouteilles provenant du Rikid, la boutique d'alcools, ainsi qu'un gros marteau et un poinçon d'acier, achetés dans un magasin de bricolage.
La veille, il s'était procuré tout le matériel nécessaire à la confection du masque chez un importateur de cuir et peaux, et s'était soigneusement rasé avant d'enfiler sa tenue la plus convenable. Sachant ce qu'il lui fallait, il avait tout trouvé sans difficulté, le cuir, le fil ou l'alêne de cordonnier.
Personne ne risquait de le remarquer. A cette heure matinale, la ville était encore presque déserte. Il s'était soigneusement abstenu de regarder les rares personnes qu'il avait croisées, marchant d'un pas résolu, tête baissée, vers la maison en bois couverte de tôle ondulée dans la rue Grettisgata. Il avait descendu les marches en vitesse, ouvert la porte, puis il s'était précipité à l'intérieur avant de refermer soigneusement derrière lui.
Ensuite, il était resté posté dans l'ombre. Il connaissait désormais si bien ce petit appartement en sous-sol qu'il était capable de s'y repérer, même dans le noir complet. La salle de bains et les toilettes se trouvaient à droite au fond du couloir, la cuisine, du même côté, avec une grande fenêtre fermée par d'épais rideaux, donnait sur l'arrière-cour. De l'autre côté du couloir, le salon, puis la chambre à coucher où il n'avait pénétré qu'une seule fois. D'épais rideaux étaient également tirés devant la fenêtre du salon qui donnait sur Grettisgata. Quant à celle de la chambre, placée en hauteur, elle était occultée par une bâche de plastique noir.
Au lieu d'allumer la lumière, il avait pris le morceau de bougie qu'il conservait sur l'étagère du couloir puis, guidé par sa clarté vacillante, presque fantomatique, il était entré dans le salon. Il entendait les gémissements étouffés du salaud bâillonné, attaché sur sa chaise, les mains derrière le dos, et s'employait à ne pas l'observer avec trop d'attention, évitant surtout de croiser son regard. Il avait posé le sac en plastique sur la table pour en sortir le marteau, le masque, le poinçon et les bouteilles. Puis, il avait ouvert le Brennivin et avalé goulûment une grande lampée d'alcool tiède. Ce liquide fort au goût âpre ne lui brûlait plus la gorge depuis des années.

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Déjà lu du même auteur :

la_cit__des_jarres La Cité des jarres  la_femme_en_vert La Femme en vert 

la_voix La Voix l_homme_du_lac L'Homme du lac hiver_arctique Hiver Arctique 

 hypothermie Hypothermie la_rivi_re_noire La rivière noire betty Bettý

 

Challenge Voisins, voisines
voisin_voisines2012
Islande

Défi Scandinavie noire 2012
dc3a9fi_scandinavie_noire

Islande

 Challenge Viking Lit' 
Viking_Lit

Challenge Thriller 
Challenge_Thriller
 catégorie "Même pas peur" : 19/8

 Challenge Littératures Nordiques
litterature_nordique

 

17 avril 2012

Noir océan – Stefán Máni

Lu dans le cadre d'un partenariat Livraddict et Folio

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Gallimard – février 2010 – 474 pages

Folio – mars 2012 – 543 pages

Traduit de l'islandais par Eric Boury

Titre original : Sipid, 2006

Présentation éditeur :
De lourds nuages noirs s'amoncellent dans le ciel zébré d'éclairs au moment où le Per se quitte le port de Grundartangi en Islande en direction du Surinam. À son bord, neuf membres d'équipage qui, tous, semblent avoir emporté dans leurs bagages des secrets peu reluisants. Ceux qui ont entendu dire que la compagnie de fret allait les licencier et qu'il s'agit là de leur dernier voyage sont bien décidés à prendre les choses en main, une fois que la météo sera plus favorable. La mutinerie n'est pas loin et, très vite, l'atmosphère se charge de suspicion, de menaces et d'hostilité. Quand les communications sont coupées par l'un des membres de l'équipage - mais lequel ? -, la folie prend peu à peu le contrôle du bateau qui n'en finit pas de dériver vers des mers toujours plus froides et inhospitalières...

Auteur : Stefán Máni est né à Reykjavik le 3 juin 1970 et a grandi à Olafsvik. un village de pêcheurs situé à l'extrémité de la péninsule de Snaefellsnes. Noir Océan a reçu, en 2007, le prix de la Goutte de Sang qui récompense le meilleur roman policier/thriller islandais. En France, le magazine Lire l'a élu Meilleur polar 2010.  

Mon avis : (lu en avril 2012)
Neuf hommes vont embarquer sur le cargo islandais Per se et prendre la mer pour le Surinam. Il y a par ordre d'apparition Sæli premier matelot, Ási le cuisinier, Jóhann le Géant chef mécanicien,Rúnar maître d'équipage, Jón dit le Président commandant, Jónas commandant en second, Guðmundur Berdsen le capitaine du cargo Per se, Óli Johnsen, dit le Soutier, mécanicien et Jón Karl embarqué malgré lui sur le bateau.
Dès le début, l'ambiance est lourde à bord. Certains ont eu vent de menaces de licenciement sur l'équipage après ce voyage. Ils ont prévu à mi-voyage de manifester leur mécontentement en simulant une panne. Chaque membres de l'équipage a ses petits secrets, ils laissent à terre, famille, dettes... Le capitaine s'apprête à faire sa dernière traversée, ensuite il compte prendre sa retraite et la vivre auprès de sa femme Hrafnhildur.
Au début, il n'est pas toujours facile de s'y retrouver entre les différents personnages aux noms islandais qui se confondent. Ainsi pendant une centaine de pages, l'auteur nous présente l'équipage et sa vie à terre.
Puis le cargo largue les amarres pour le Surinam. Et contrairement à ce que semble le faire penser la phrase suivante « Le cargo Per se vogue à pleine vitesse vers l'hémisphère Sud,... » le Surinam (ancienne Guyane Néerlandaise) est situé dans l'hémisphère Nord (4°N 56°O), au nord de l'Amérique du Sud.
Une fois en mer, cette histoire devient un huit clos où méfiance et malentendus rendent l'ambiance à bord de plus en plus insupportable... Cela commence par les moyens de communication radio, radar, GPS qui tombent en panne, on découvrira plus tard que ce n'est pas une panne mais un sabotage. Et les conditions météorologiques changent avec l'arrivée de tempêtes. Les suspicions sont partout, tout le monde se méfie de tout le monde... Des évènements se succèdent et le voyage devient de plus en plus noir... Le rythme de l'histoire est en phase avec l'état de la mer où se succède tempête et mer plus calme.
J'ai beaucoup aimé les descriptions de ce voyage en mer, le lecteur ressent très bien l'état de la mer, les bruits du bateau, la vie à bord. Plongée dans ma lecture, j'avais très souvent l'impression d'être à bord. C'est à la fois palpitant et stressant... Le lecteur se demande à tout moment comment ce voyage va-t-il pouvoir se conclure et l'imagination de l'auteur nous offre quelques rebondissements inattendues...
La fin m'a laissé un peu sur ma faim, en effet elle est plus suggérée que clairement posée, elle laisse faire l'imagination du lecteur... Et après ce long voyage, c'est un peu frustrant...
Merci à Livraddict et aux éditions Folio pour m'avoir permis de découvrir ce livre et faire un voyage plutôt angoissant sur l'Atlantique ! 

Extrait : (début du livre)
Lundi 10 septembre 2001.
Huit heures moins vingt-quatre minutes. Dans cette cuisine exiguë du quartier Þingholt, une famille de trois personnes mange du chou farci au beurre fondu accompagné de pommes de terre nouvelles.
A l'extérieur règnent le froid et la nuit de l'automne, mais chez le jeune couple il fait chaud et clair.

- J'aurais quand même préféré quelque chose de meilleur pour toi, mon chéri, observe la compagne de Sæli qui coupe en même temps une boulette de viande à leur fils, âgé de trois ans.
- Je ne pouvais pas rêver mieux, ma petite Lára, dit Sæli alors qu'il se ressert. Je vais m'empiffrer de grillages, de sauces et de veloutés tout le mois prochain.
- Mon pauvre !
- Enfin bon, tu vois ce que je veux dire ! précise Sæli. Il lui pince doucement la taille.
Sæli est premier matelot à bord d'un cargo et Lára exerce le métier de coiffeuse dans le 101, le centre-ville de Reykjavík.

- Au fait, est-ce que je t'ai montré cet appartement dans la rue Framnesvegur ? Lára essuie le gros de la sauce tomate qui barbouille le visage du petit garçon. Il était en photo dans le journal d'aujourd'hui !
- Oui, enfin, non... je ne l'ai pas vu, répond Sæli avec un léger soupir, sa main posée sur celle de sa compagne. On a déjà assez de factures à payer pour l'instant et...
- Mais on ne va quand même pas moisir ici éternellement, objecte Lára. Elle adresse un sourire maternel à son fils qui boit l'eau de son verre poisseux. Pas une fois que... enfin, tu sais quoi.

- Oui, je sais, marmonne Sæli avant de reprendre une bouchée malgré son manque d'appétit.
- On en reparlera à ton retour, hein ? propose Lára, d'un ton doux.
Sæli acquiesce. Il plonge son regard tendre dans les yeux de cette femme qu'il aime, mais il est bientôt dérangé, agacé par la sonnerie de son téléphone qui retentit dans la poche intérieure de sa veste, accrochée dans l'entrée.
- Tu es vraiment obligé de décrocher ?
- Je n'en ai pas pour longtemps, rassure Sæli. Il se lève brusquement de table, sort son portable et consulte l'écran illuminé : Withheld. Appel masqué.
- Allô ?
- Ici, le Démon.  

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Challenge Voisins, voisines
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 Défi Scandinavie noire 2012
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Challenge Thriller 
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 catégorie "Même pas peur" : 16/8

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman
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29 novembre 2011

Bettý – Arnaldur Indridason

betty Éditions Métailié - octobre 2011 – 205 pages

traduit de l'islandais par Patrick Guelpa

Titre original : Bettý, 2003

Quatrième de couverture :
Dans ma cellule je pense à elle, Bettý, si belle, si libre, qui s’avançait vers moi à ce colloque pour
me dire son admiration pour ma conférence. Qui aurait pu lui résister. Ensuite, que s’est-il passé ?
Je n’avais pas envie de ce travail, de cette relation. J'aurais dû voir les signaux de danger. J'aurais
dû comprendre bien plus tôt ce qui se passait. J'aurais dû… J'aurais dû… J'aurais dû…
Maintenant son mari a été assassiné et c’est moi qu’on accuse. La police ne cherche pas d’autre
coupable. Je me remémore toute notre histoire depuis le premier regard et lentement je découvre
comment ma culpabilité est indiscutable, mais je sais que je ne suis pas coupable.
Un roman noir écrit en parallèle avec la série des aventures du commissaire Erlendur Sveinsson.

Auteur : Arnaldur Indridason est né à Reykjavik en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de cinéma. Il est l’auteur de romans noirs couronnés de nombreux prix prestigieux, publiés dans 37 pays.

Mon avis : (lu en novembre 2011)
Voilà un nouveau roman d'Arnaldur Indridason, qui a été écrit avant sa série avec le commissaire Erlendur et qui est paru en Islande en 2003.
Le narrateur est en prison. « Je ne me suis pas encore bien rendu compte de ce qui s'est passé, mais je sais enfin quel a été mon rôle dans cette histoire.
J'ai essayé de comprendre un peu mieux tout ça et ce n'est pas facile. Je ne sais pas, par exemple, quand cela a commencé. » Il se remémore donc toute cette histoire, depuis sa rencontre avec Bettý. Il nous raconte alors comment il s'est fait piéger. Bettý est la femme d'un riche armateur. C'est une femme fatale, ensorcelante et manipulatrice... Cela ressemble à un roman noir plutôt classique. Et à mi-roman, une révélation surprise va faire reconsidérer au lecteur tout le début de l'histoire... Je n'ai rien vu venir ! Voilà un roman sombre avec une intrigue très bien construite.
Surprenant et intelligent !

Extrait : (début du livre)
Je ne me suis pas encore bien rendu compte de ce qui s'est passé, mais je sais enfin quel a été mon rôle dans cette histoire.
J'ai essayé de comprendre un peu mieux tout ça et ce n'est pas facile. Je ne sais pas, par exemple, quand cela a commencé. Je sais quand a débuté ma participation, je me rappelle le moment où je l'ai vue pour la première fois et peut-être que mon rôle dans cette étrange machination avait été décidé depuis longtemps. Longtemps avant qu'elle ne vienne me voir.
Aurais-je pu prévoir cela ? Aurais-je pu me rendre compte de ce qui se passait et me protéger ? Me retirer de tout cela et disparaître ? Je vois, maintenant qu'on sait la façon dont tout ça s'est combiné, que j'aurais dû savoir où on allait. J'aurais dû voir les signaux de danger. J'aurais dû comprendre bien plus tôt ce qui se passait. J'aurais dû… J'aurais dû… J'aurais dû…
C'est curieux comme il est facile de commettre une erreur lorsqu'on n'est au courant de rien. Ce n'est même pas une erreur, tant qu'on ne se rend compte de rien et que c'est beaucoup plus tard que l'on comprend ce qui s'est passé ; tant qu'on ne regarde pas en arrière et qu'on ne voit pas comment ni pourquoi tout cela s'est produit. J'ai commis une erreur. Tomber dans le panneau, une fois encore, voilà ce qui m'est arrivé. Dans certains cas, c'était volontairement. Dans mon for intérieur, je le savais et je savais aussi qu'il y avait danger, mais je ne savais pas tout.
Je pense parfois que sans doute je retomberais encore dans le panneau, si seulement j'en avais l'occasion. Ils sont très corrects envers moi, ici. Je n'ai ni journaux, ni radio, ni télévision, comme ça je n'ai pas les informations. Je ne reçois pas non plus de visites. Mon avocat vient me voir de temps en temps, le plus souvent pour me dire qu'il n'y a aucun espoir en vue. Je ne le connais pas bien. Il a une grande expérience, mais il reconnaît lui-même que ce procès risque de le dépasser. Il a parlé avec les femmes dont j'ai trouvé l'adresse, pensant qu'elles pourraient m'aider, mais il dit que c'est plus que douteux. Dans tout ce dont elles peuvent témoigner, très peu de choses concernent l'affaire elle-même.
J'ai demandé un stylo et quelques feuilles de papier. Le pire, dans cet endroit, c'est le calme. Il règne un silence qui m'enveloppe comme une couverture épaisse. Tout est réglé comme du papier à musique. Ils m'apportent à manger à heure fixe. Je prends une douche tous les jours. Ensuite, il y a les interrogatoires. Ils éteignent la lumière pendant la nuit. C'est là que je me sens le plus mal. Dans l'obscurité avec toutes ces pensées. Je m'en veux terriblement d'avoir permis qu'on m'utilise. J'aurais dû le prévoir.
J'aurais dû le prévoir.
Et pendant la nuit, dans l'obscurité, voilà que le désir fou, le désir fou de la revoir m'envahit. Si seulement je pouvais la revoir une fois encore. Si seulement nous pouvions être ensemble, ne serait-ce qu'une fois encore.
Malgré tout.

Déjà lu du même auteur :

la_cit__des_jarres La Cité des jarres  la_femme_en_vert La Femme en vert 

la_voix La Voix l_homme_du_lac L'Homme du lac 

hiver_arctique Hiver Arctique  hypothermie Hypothermie la_rivi_re_noire La rivière noire

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Islande

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
Viking_Lit

Challenge 4%
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
25/28

Lu dans le cadre du Défi Scandinavie noire
dc3a9fi_scandinavie_noire

Islande

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Prénom"

30 juillet 2011

Entre ciel et terre - Jón Kalman Stefánsson

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Gallimard – février 2010 – 237 pages

 

Folio – mars 2011 – 260 pages

 

traduit de l’islandais par Éric Boury

 

Titre original : Himnaríki og helvíti, 2007

 

Quatrième de couverture :
"Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d'autres des notes de violon. Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le cœur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires et que nous ne sommes peut-être ni vivants ni morts ". Parfois les mots font que l'on meurt de froid. Cela arrive à Bàrôur, pêcheur à la morue parti en mer sans sa vareuse. Trop occupé à retenir les vers du Paradis perdu du grand poète anglais Milton, il n'a pensé ni aux préparatifs de son équipage ni à se protéger du mauvais temps. Quand, de retour sur la terre ferme, ses camarades sortent du bateau son cadavre gelé, son meilleur ami, qui n'est pas parvenu à le sauver, entame un périlleux voyage à travers l'île pour rendre à son propriétaire, un vieux capitaine devenu aveugle, ce livre dans lequel Bàrôur s'était fatalement plongé, et pour savoir s'il a encore la force et l'envie de continuer à vivre. Par la grâce d'une narration où chaque mot est à sa place, nous accompagnons dans son voyage initiatique un jeune pêcheur islandais qui pleure son meilleur ami : sa douleur devient la nôtre, puis son espoir aussi. Entre ciel et terre, d'une force hypnotique, nous offre une de ces lectures trop rares dont on ne sort pas indemne. Une révélation...

 

Auteur : Jón Kalman Stefánsson, né à Reykjavik en 1963, est poète, romancier et traducteur. Son oeuvre a reçu les plus hautes distinctions littéraires de son pays, où il figure parmi les auteurs islandais actuels les plus importants. Entre ciel et terre est son premier roman traduit en français.

 

Mon avis : (lu en juillet 2011)
Cela faisait quelques temps que je voulais lire ce livre... En particulier après un partenariat raté, livre promis mais finalement aucun envoi n'a été fait pour les heureux sélectionnés. La déception a été de courte durée, sachant qu'il était à la Bibliothèque.
Ce livre est un dépaysement total, l'auteur nous raconte la vie difficile des marins islandais. Le climat, la mer et le travail sont rudes. Ils partent pêcher la morue sur des barques à six rames.
Dès les premières lignes, le décor est planté : « Mois de mars, un monde blanc de neige, toutefois pas entièrement. Ici la blancheur n'est jamais absolue, peu importe combien les flocons se déversent, que le froid et le gel collent le ciel à la mer et que le frimas s'infiltre au plus profond du cœur où les rêves élisent domicile, jamais le blanc ne remporte la victoire. Les ceintures rocheuses des montagnes s'en délestent aussitôt et affleurent, noires comme le charbon, à la surface de cet univers immaculé. »
Puis nous rencontrons Bárður et le gamin qui sont en chemin vers les baraquements des pêcheurs. Ils attendront là le départ de l'équipage. Bárður se plonge dans la lecture du "Paradis perdu" de John Milton. Mais au moment de partir pour la pêche, tellement occupé à retenir certains des poèmes, Bárður en oublie sa vareuse. Il s'en rend compte en pêche, alors qu'une tempête s'est levée, il ne va pas pouvoir résister au froid et il va mourir. « Il est mort de froid parce qu'il a lu un poème.
Certains poèmes nous conduisent en des lieux que nuls mots n'atteignent, nulle pensée, ils vous guident jusqu'à l'essence même, la vie s'immobilise l'espace d'un instant et devient belle, limpide de regrets ou de bonheur. Il est des poèmes qui changent votre journée, votre nuit, votre vie. » Le gamin, son ami, ne veut plus aller sur la mer et il s'enfuit du village pour rendre le livre à son propriétaire, le capitaine aveugle Kolbeinn. Le gamin va se poser des questions sur la vie et la mort, faire des rencontres...

Voilà un livre poignant et dépaysant, les descriptions de cette Islande grise et sombre où la terre, la mer se confondent avec le ciel sont sublimes. Les personnages de cette histoire sont attachants et touchants. J'ai beaucoup aimé ce voyage dépaysant, hors du temps et empreint de beaucoup de poésie.

 

Extrait : (début du livre)
C'était en ces années où, probablement, nous étions encore vivants. Mois de mars, un monde blanc de neige, toutefois pas entièrement. Ici la blancheur n'est jamais absolue, peu importe combien les flocons se déversent, que le froid et le gel collent le ciel à la mer et que le frimas s'infiltre au plus profond du cœur où les rêves élisent domicile, jamais le blanc ne remporte la victoire. Les ceintures rocheuses des montagnes s'en délestent aussitôt et affleurent, noires comme le charbon, à la surface de cet univers immaculé. Elles s'avancent, saillantes et sombres, au-dessus de la tête de Bárður et du gamin au moment où ceux-ci s'éloignent du Village de pêcheurs, notre commencement et notre fin, le centre de ce monde. Et ce centre du monde est dérisoire et fier. Ils avancent à vive allure - juvéniles jambes, feu qui flambe -, livrant également contre les ténèbres une course tout à fait bienvenue puisque l'existence humaine se résume à une course contre la noirceur du monde, les traîtrises, la cruauté, la lâcheté, une course qui paraît si souvent tellement désespérée, mais que nous livrons tout de même tant que l'espoir subsiste. C'est pourtant d'une simple marche que Bárður et le gamin ont l'intention de se délester des ténèbres ou de l'obscurité du ciel pour arriver avant elles aux baraquements des pêcheurs. Parfois, ils marchent de front et c'est beaucoup mieux parce que des traces de pas posées les unes à côté des autres sont preuve de connivence et qu'alors la vie n'est pas aussi solitaire. Pourtant la route se résume bien souvent tout juste à un étroit sentier qui ondule comme un serpent gelé dans la neige, et alors le gamin doit fixer son regard sur l'arrière des chaussures de Bárður, le havresac en cuir qu'il porte sur son dos, sa touffe de cheveux noirs et sa tête solidement posée sur ses larges épaules. Par moments, ils traversent des rives rocheuses, s'avancent à petits pas sur des routes suspendues tout au bord des falaises, mais le pire est l'Ófæra, l'Infranchissable : une corde fixée à la roche, la pente glissante et friable de la montagne en surplomb, la paroi fuyante au-dessous d'eux et la mer verdâtre qui te happe et t'aspire : une chute de trente mètres. L'à-pic de la montagne s'élève à plus de six cents mètres et son sommet se perd dans les nuages. D'un côté, la mer, de l'autre, des montagnes vertigineuses comme le ciel : voilà toute notre histoire. Les autorités et les marchands règlent peut-être nos misérables jours, mais ce sont les montagnes et la mer qui règnent sur nos vies. Elles sont notre destin, tout du moins c'est ainsi que nous pensons parfois, et c'est évidemment aussi ce que tu ressentirais si tu t'étais réveillé et endormi des dizaines d'années durant au pied de ces mêmes montagnes, si ta poitrine s'était élevée et affaissée au rythme du souffle de la mer sur nos barques fragiles. Il est peu de choses aussi belles que la mer par une magnifique journée ou par une nuit limpide, quand elle rêve et que le clair de lune est la somme de ses rêves. Pourtant, la mer n'a nulle beauté et nous la haïssons plus que tout quand elle élève ses vagues à des dizaines de mètres au-dessus de la barque, au moment où la déferlante la submerge et nous noie comme de misérables chiots, peu importe à quel point nous agitons nos bras, implorons Dieu et Jésus-Christ, elle nous noie comme de misérables chiots. Et là, tous sont égaux. Les crapules et les justes, les colosses et les mauviettes, les bienheureux et les affligés. On entend quelques cris, quelques mains s'agitent désespérément, puis c'est comme si nous n'avions jamais existé, le corps sans vie coule, le sang se refroidit à l'intérieur, les souvenirs s'effacent, des poissons viennent se coller à ces lèvres qui, embrassées hier, prononçaient les paroles essentielles ; ils effleurent ces épaules qui portaient le benjamin et les yeux ne contemplent plus rien, posés au fond de l'eau. La mer est d'un bleu froid et jamais calme, un monstre gigantesque qui inspire, nous porte la plupart du temps, mais parfois se dérobe et alors, nous sombrons : l'histoire de l'homme n'est pas si complexe que cela.  
Nous sortirons sûrement cette nuit, observe Bárður.
Ils viennent juste de dépasser l'Infranchissable, la corde ne s'est pas rompue, la montagne ne les a pas tués de ses jets de pierres. Ils regardent tous les deux la mer, lèvent leurs yeux vers le ciel d'où vient l'obscurité, la couleur bleue ne l'est plus tout à fait. Dans l'air, un soupçon de soir, la rive d'en face est devenue plus floue, comme si elle avait reculé, qu'elle sombrait dans le lointain, cette rive presque entièrement blanche et qui doit son nom à la neige. 

 

Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie blanche
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Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
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