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A propos de livres...
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5 juillet 2010

Les noces barbares - Yann Queffélec

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Gallimard – août 1985 – 309 pages

Folio – août 1987 – 343 pages

Prix Goncourt 1985

Quatrième de couverture :
Fruit d'une alliance barbare et d'un grand amour déçu, Ludovic, enfant haï par sa trop jeune mère - Nicole et ses grands-parents, vit ses premières années caché dans un grenier. La situation ne s'arrange guère après le mariage de Nicole avec Micho, brave et riche mécanicien qui cherche à protéger Ludovic. Hantée par ses amours brisées, sombrant dans l'alcoolisme et méprisant son mari, la jeune femme fait enfermer son fils dans une institution pour débiles légers. Mais Ludovic n'est pas l'arriéré qu'on veut faire de lui. Il ne cesse de rêver à sa mère qu'il adore et qu'il redoute. Même une première expérience amoureuse ne parvient pas à l'en détourner. Son seul but, son unique lumière : la retrouver. S'enfuyant un soir de Noël, il trouve refuge sur la côte bordelaise, à bord d'une épave échouée, écrit chez lui des lettres enflammées qui restent sans réponse. Et c'est là-bas, sur le bateau dont il a fait sa maison, que va se produire entre Nicole et son fils une scène poignante de re-connaissance mutuelle - qui est aussi le dernier épisode de leurs noces barbares.

Auteur : Né à Paris en 1949, Yann Queffélec est un écrivain français. Il est le fils de l’écrivain breton Henri Queffélec et le frère de la pianiste Anne Queffélec. Bien qu’il vive encore à Paris, il a gardé de fortes attaches en Bretagne. Il entame sa carrière d’écrivain en éditant à 32 ans une biographie de Béla Bartók. Quatre ans plus tard, il reçoit le prix Goncourt pour son roman Les noces barbares. Il est l’auteur de nombreux romans et d’un recueil de poèmes et aussi des paroles de chansons, notamment pour Pierre Bachelet. En 1998, il anime sur internet la création d'un roman interactif Trente jours à tuer.

Mon avis : (relu en juillet 2010)
J'avais déjà lu ce livre il y a longtemps et il m'avait marqué et je voulais le relire et le Challenge ABC a été l'occasion de le faire.
C'est l'histoire d'un fils Ludovic qui cherche désespérément l'amour de sa mère Nicole. Mais celle-ci le rejette car il est le fruit d'un viol alors que Nicole n'avait pas quinze ans. Il a vécu ses premières années caché dans un grenier sans aucun amour de la part de sa mère et de ses grands-parents. Nicole se marie avec Micho qui a déjà un fils Tatav. Il est prêt à accueillir également Ludo. Micho est très gentil avec Ludo et il veut vraiment créer une vrai famille. Mais Nicole ne supporte pas Ludo, il lui rappelle son passé. Elle prétend qu'il est idiot et le fait enfermer dans un établissement pour débiles légers. Mais Ludovic n'est pas idiot, il recherche l'amour de sa mère et en même temps il la craint.
L'histoire est bouleversante, l'écriture est magnifique, précise, poétique. Les personnages de Ludovic et Nicole sont attachants, leur relation mère et fils est poignante : la mère est violente vis à vis du fils, mais celui-ci lui répond par un amour inconditionnel, il voudrait être accepté. C'est une histoire sombre, tragique, douloureuse, triste, bouleversante et inoubliable !

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Les Noces Barbares a été adapté au cinéma par Marion Hänsel en 1987.

Extrait : (page 85)
Ludo crut punir sa mère en lui battant froid. Il ne cracha plus dans le café du jeudi matin, ne colla plus ses lèvres sur le bol où elle avait bu, bloqua sa respiration quand ils se croisaient. Son point d'honneur, voulait que toute intimité fût désormais radiée de ces gestes par lesquels, chaque jour, il la servait. Nicole affectait de ne rien remarquer. On eut dit que la brouille installée par son fils répondait à ses vœux. Sa froideur, à lui, n'avait d'autre avenir que la tristesse, il ne s'enfonçait dans l'hostilité que pour s'y résigner le plus tard possible. « T’as raison, disait Tatav à Ludo. Elle est niaise, ta mère. Moi je voulais pas que mon père se la marie. – Ah bon », répondait Ludo.

« Faut la mettre à bout, déclara Tatav un jour. Faut qu’elle demande pardon. C’est la loi. » Il pouffa : « On va y coller des perce-oreilles dans ses affaires. Allez viens ! Toi tu surveilles l’escalier, moi je les mets. » Ludo fit la sentinelle. « Plus jamais qu’elle osera mettre sa culotte, exultait Tatav en sortant quelques instants plus tard. J’y en ai mis un régiment. Bon, moi je vais au sous-marin. »

Dès qu’il fut parti, Ludo se glissa chez Nicole et subtilisa les perce-oreilles épars dans son linge. « C’est une fine mouche, observa Tatav le lendemain sur le trajet de l’école. Elle a rien dit. Même qu’elle m’a fait la bise. Faut y mettre des boules puantes sous les draps. Quand elle va se coucher, ça va écraser les boules. Oh, la nuit qu’ils vont passer, les vieux ! » Ludo faillit se faire prendre en déminant la literie piégée par Tatav. « Moi, j’y comprends rien, s’énervait celui-ci. – Moi non plus, répondait Ludo. – J’ai une idée. Je me mets derrière elle à quatre pattes. Toi tu fonces dessus par-devant pour qu’elle recule et tombe sur moi. » Exécution. Mais à la seconde où Nicole allait buter en plein dans Tatav, Ludo s’écria : « Attention ! » et le piège échoua. Tatav s’en tira piteusement par un lacet qu’il renouait, mais commença de regarder Ludo d’un sale œil. « Ben quoi, j’ai eu peur… »

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (20/26)

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1 juillet 2010

Robe de marié - Pierre Lemaitre

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Calmann-Lévy – janvier 2009 – 270 pages

LGF – janvier 2010 – 313 pages

Présentation de l'éditeur :
Nul n'est à l'abri de la folie. Sophie, une jeune femme qui mène une existence paisible, commence à sombrer lentement dans la démence : mille petits signes inquiétants s'accumulent puis tout s'accélère. Est-elle responsable de la mort de sa belle-mère, de celle de son mari infirme ? Peu à peu, elle se retrouve impliquée dans plusieurs meurtres dont, curieusement, elle n'a aucun souvenir. Alors, désespérée mais lucide, elle organise sa fuite; elle va changer de nom, de vie, se marier, mais son douloureux passé la rattrape... Les ombres de Hitchcock et de Brian de Palma planent sur ce thriller diabolique.

Auteur : Né à Paris, Pierre Lemaitre a beaucoup enseigné aux adultes, notamment les littératures française et américaine, l'analyse littéraire et la culture générale. Il est aujourd'hui écrivain et scénariste. Il a rendu hommage à ses maîtres (James Ellroy, William McIlvanney, Bret Easton Ellis, Emile Gaboriau...) dans son premier roman, Travail soigné, qui a obtenu le Prix Cognac en 2006.

 

Mon avis : (lu en juin 2010)
Ce livre a déjà été souvent commenté sur la blogosphère et j'ai été curieuse de le découvrir moi aussi.
Voici un thriller français captivant que j'ai lu d'une traite, sans lâcher mon livre. Il est question de harcèlement psychologique et de vengeance.
Le livre est construit de façon superbe en quatre parties : dans la première partie on découvre Sophie qui semble devenir folle, elle vivait une existence paisible et voilà que des personnes de son entourage meurent les uns après les autres, elle semble être la coupable mais elle ne se souvient de rien... On ne comprend pas vraiment où l'auteur veut en venir. Dans la deuxième partie, on revient sur ce qui s'est passé dans la première partie avec un autre point de vue et l'intrigue devient plus claire... mais la troisième et la quatrième partie nous réservent encore des rebondissements et des surprises !

Un livre plein de suspense et qui donne des frissons, à lire sans tarder !

Extrait : (début du livre)
Assise par terre, le dos contre le mur, les jambes allongées, haletante.
Léo est tout contre elle, immobile, la tête posée sur ses cuisses. D'une main, elle caresse ses cheveux, de l'autre elle tente de s'essuyer les yeux, mais ses gestes sont désordonnés. Elle pleure. Ses sanglots deviennent parfois des cris, elle se met à hurler, ça monte du ventre. Sa tête dodeline d'un côté, de l'autre. Parfois, son chagrin est si intense qu'elle se tape l'arrière de la tête contre la cloison. La douleur lui apporte un peu de réconfort mais bientôt tout en elle s'effondre de nouveau. Léo est très sage, il ne bouge pas. Elle baisse les yeux vers lui, le regarde, serre sa tête contre son ventre et pleure. Personne ne peut s'imaginer comme elle est malheureuse.

Ce matin là, comme beaucoup d'autres, elle s'est réveillée en larmes et la gorge nouée alors qu'elle n'a pas de raison particulière de s'inquiéter. Dans sa vie, les larmes n'ont rien d'exceptionnel : elle pleure toutes les nuits depuis qu'elle est folle. Le matin, si elle ne sentait pas ses joues noyées, elle pourrait même penser que ses nuits sont paisibles et son sommeil profond. Le matin, le visage baigné de larmes, la gorge serrée sont de simples informations. Depuis sa mort ? Depuis l'accident de Vincent ? Depuis sa mort ? Depuis la première mort, bien avant ?
Elle s'est redressée sur un coude. Elle s'essuie les yeux avec le drap en cherchant ses cigarettes à tâtons et ne les trouvant pas, elle réalise brusquement où elle est. Tout lui revient, les événements de la veille, la soirée... Elle se souvient instantanément qu'il faut partir, quitter cette maison. Se lever et partir, mais elle reste là, clouée au lit, incapable du moindre geste. Épuisée.

29 juin 2010

En avant, route ! - Alix de Saint-André

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Gallimard – avril 2010 – 307 pages

Folio - juin 2011 - 351 pages

Présentation de l'éditeur :
Alix de Saint-André a pris trois fois la route de Compostelle. La première fois, elle est partie de Saint-Jean-Pied-de-Port, sur le chemin français, avec un sac plein d'idées préconçues, qui se sont envolées une à une, au fil des étapes. La deuxième fois, elle a parcouru le " chemin anglais " depuis La Corogne, lors d'une année sainte mouvementée. L'ultime voyage fut le vrai voyage, celui que l'on doit faire en partant de chez soi. Des bords de Loire à Saint-Jacques-de-Compostelle, de paysages sublimes en banlieues sinistres, elle a rejoint le peuple des pèlerins qui se retrouvent sur le chemin, libérés de toute identité sociale, pour vivre à quatre kilomètres-heure une aventure humaine pleine de gaieté, d'amitié et de surprises. Sur ces marcheurs de tous pays et de toutes convictions, réunis moins par la foi que par les ampoules aux pieds, mais cheminant chacun dans sa quête secrète, Alix de Saint-André, en poursuivant la sienne, empreinte d'une gravité mélancolique, porte, comme à son habitude, un regard à la fois affectueux et espiègle.

Auteur : Née en 1957 à Neuilly sur Seine, fille de l’écuyer en chef du Cadre Noir, Alix grandit dans la région de Saumur avant de devenir grand reporter et journaliste, travaillant pour le magazine ELLE. En 1994, elle publie son seul polar, le farfelu L’ange et le réservoir à liquide à freins et poursuit dans le domaine de l’angéologie avec son livre Archives des anges (1998) dans lequel elle enquête sur l’existence de ces créatures aériennes aussi bien dans la Bible, le Talmud que le Coran. De Saint André revient à la fiction avec Papa est au panthéon (2001), avant de publier Ma Nanie (2003), Prix Terre de France, où Alix, dans un monologue affectueux adressé à cette femme, revisite son enfance et sa relation privilégiée avec cette Nanie, décédée en 2001. En 2007, paraît Il n’y a pas de grandes personnes, livre entièrement consacré à sa passion pour André Malraux et où elle nous raconte sa rencontre avec la fille de ce dernier, Florence Malraux.

Mon avis : (lu en juin 2010)
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre. Un récit drôle et très fort, d'Alix de Saint-André qui nous raconte ses trois Chemins vers Saint-Jacques de Compostelle.
Pour son premier Chemin, Alix est partie de Saint-Jean-Pied-de-Port sans aucune préparation et avec beaucoup d’à priori… Et elle découvre les Pyrénées où le « paysage n’arrête pas de monter et de descendre. » Les fins d’étapes difficiles « Les derniers kilomètres sont interminables. » et elle fera ses premières rencontres. Pour son deuxième voyage, Alix emprunte le « Chemin anglais » en Catalogne lors d'une année sainte. Enfin le troisième voyage est le plus vrai, Alix commence son Chemin de Compostelle à la porte de sa maison d'enfance en bord de Loire.
Dans un récit haut en couleur, Alix nous raconte le Chemin de Compostelle avec ses traditions, son folklore avec beaucoup d'humour elle décrit ses compagnons et compagnes de pèlerinage, les paysages qu'elle croise, ses bobos, ses étapes... Elle nous donne également les petits trucs des pèlerins pour charger et porter son sac, pour soigner ses pieds…
Il se dégage de ce livre un vrai sentiment d'humanité et de partage, la marche transforme aussi le rapport au temps « J'étais sûre de n'avoir marché que pour cela, pour cette surprise qui nous attendait, après tant et tant de terres traversées, pour ces joyeuses retrouvailles, ce souffle, cette libération, cette respiration, ce vrai bonheur »
J'ai également beaucoup pensé à un film que j'aime beaucoup celui de Coline Serreau « Saint-Jacques La Mecque » en lisant ce livre. A lire absolument !

Extrait : (début du livre)

Bécassine chez les pèlerins

Le 14 juillet 2003, ma cousine Cricri et moi-même étions dans le très typique village de Saint-Jean-Pied-de-Port, au Pays basque, attablées devant une nappe à carreaux rouges et blancs typique, en train d'avaler du fromage et du jambon typiques avec un coup de rouge typique aussi, en fin d'après-midi, sous la menace d'un orage de montagne, bien noir mais presque tiède. J'étais au pied du mur. D'un grand mur appelé : Pyrénées. Cricri connaissait très bien le chemin de Compostelle ; elle avait fait beaucoup de reportages dessus. Moi, je ne connaissais même pas l'itinéraire. Je fumais trois paquets de cigarettes par jour depuis vingt-cinq ans, et, selon l'expression de Florence, j'entrais dans les restaurants avec ma voiture. Je n'avais rien préparé. Aucun entraînement. Ni sportif ni géographique. Aucune inquiétude non plus : le chemin était fléché et il y avait plein de monde. Je n'aurais qu'à suivre les autres. À mon rythme. Ce n'était pas bien compliqué. Fatigant, peut-être ; dur, mais pas difficile. Cricri m'offrit un couteau ; je lui rendis une pièce de monnaie (pour ne pas couper l'amitié), et elle partit. J'achetai un bâton ferré - appelé un bourdon. Il fallait qu'il soit léger, m'avait-elle dit. Celui-ci était léger, l'air, droit, avec une courroie de cuir. En haut, un edelweiss pyrogravé couronné de l'inscription « Pays Basque » faisait plus touriste que pèlerin, pas très professionnel. Mais le vendeur m'assura que ça irait.

PREMIER JOUR

Tout de suite, ça grimpe. Il est plus tôt que tôt, l'air est chaud et humide comme à Bombay pendant la mousson, et ça monte. Sur une route asphaltée, pour voitures automobiles, dure sous les pieds ! Grise et moche. On peut juste espérer que la campagne est belle. Dès qu'on sera dégagés du gros nuage qui nous enveloppe, on verra. Pour le moment, bain de vapeur. J'ai suivi les autres, comme prévu. Je me suis levée en pleine nuit, pour faire mon sac à tâtons au dortoir. On sonne le réveil à six heures dans les refuges, mais tout le monde se lève avant l'aube. Pourquoi ? Mystère. D'ores et déjà je sais une chose : dans le noir, j'ai perdu mes sandales en caoutchouc, genre surf des mers, pour mettre le soir. Je sais aussi une autre chose : je ne ferai pas demi-tour pour les récupérer !

Je marche derrière un jeune couple de fiancés catholiques. Des vrais. Au-delà de l'imaginable. Courts sur pattes musclées sous les shorts en coton. Très scouts des années cinquante. Ils sont venus à pied de Bordeaux. Il doit y avoir une réserve là-bas. Gentils, polis, souriants : je hais les catholiques, surtout le matin. Ils me vouvoient et ne savent pas encore quand ils vont se marier. Pour le moment, la situation leur convient : un long voyage de non-noces dans des lits superposés ! Devant marche un curé rouquin. Je l'ai vu au petit déjeuner. En clergyman avec un col romain, le tout synthétique et bien luisant, armé d'un bourdon d'antiquaire, énorme, sculpté, digne des Compagnons du Tour de France sous le second Empire. Une semaine par an, il quitte sa paroisse de banlieue pour le chemin de Saint- Jacques. Respirer, dit-il. Suer, c'est sûr. Il a les joues rose bonbon. Le nuage s'évapore, et des vaches apparaissent. Bien rectangulaires, avec de beaux yeux sombres et mélancoliques sous leurs longs cils. Un peintre m'a expliqué un jour pourquoi les juments avaient l'œil si joyeux, alors que celui des vaches était si triste : pas des choses à raconter à des fiancés catholiques.

Très vite, ça fait mal. Dans les jambes, les épaules et le dos. Ça grimpe et ça fait mal. Je n'y arriverai pas seule. N'ayant aucune forme physique, je dois m'en remettre aux seules forces de l'Esprit. Comme au Moyen Âge. Je pique mon bâton dans le sol à coups d'Ave Maria, comme des mantras. Une pour papa, une pour maman, une cuiller de prières, une dizaine par personne, et en avant ! Ça passe ou ça casse. À la grâce de Dieu ! Comme on dit. Mais pour de vrai. En trois dimensions. Mine de rien, ça rythme, ça concentre. Ça aide. Ça marche. J'ai l'impression de traîner toute une tribu derrière moi, des vivants et des morts, leurs visages épinglés sur une longue cape flottant aux bretelles de mon sac à dos. Un monde fou.

23 juin 2010

Les jardins du vent – Annie Degroote

les_jardins_du_vent Presses de la cité - avril 2010 - 319 pages   

Présentation de l'éditeur :
Qu'est-ce qui fait qu'une personne, un jour, renonce à être elle-même ?
Parce qu'il s'estime responsable de la tragique disparition de son fils, Sam, âgé de trois ans, David sombre, comme si sa vraie vie s'était arrêtée à ce même instant. Il faudra un accident grave, le patient amour de Pauline, l'amitié attentive de quelques fidèles et la magie débridée du carnaval de Dunkerque pour qu'il se reconstruise. Et prenne un nouveau départ.
Sublime célébration du Nord, de Lille à Dunkerque et de Berck au Touquet, Les Jardins du vent est un roman magnifique sur la fragilité de la vie, les parts d'ombre et de lumière de chacun.

Auteur et personnalité du Nord de premier plan, Annie Degroote a publié de nombreux romans aux Presses de la Cité, notamment L'Oubliée de Salperwick, Les Silences du maître drapier, La Splendeur des Vaneyck, Les Amants de la petite reine, Un palais dans les dunes, Renelde, fille des Flandres et L'Etrangère de Saint-Pétersbourg.

Mon avis : (lu en juin 2010)
C'est sur le conseil d'une lectrice lors du dernier Café Lecture de la Bibliothèque que j'ai lu ce livre. Tout d'abord, j'adore la couverture du livre qui évoque de belles choses pour moi qui suis si amoureuse des bords de mer ! Le titre est également sympa et mystérieux.

Tout commence en 2004, à Bray les Dunes, sur la Côte d'Opale, non loin de Dunkerque. David Aston est écrivain, il est le papa de Sam un petit garçon âgé de 3 ans. Un jour lors d'une promenade avec son fils en bord de mer, le petit Sam disparaît...
Trois ans plus tard, David ne se remet pas de la disparition de Sam, sa femme l'a quitté et est partie en Nouvelle-Zélande. Ses deux amis de Carnaval "l'Arsouille" et Fanfan, dit la "Tulipe" tentent sans grand succès de lui remonter le moral.
A Lille, Pauline est médecin, elle élève seule Lilou, sa fille de 15 ans. Elle a le soutien de sa copine de toujours Mathilde et de son meilleur ami Rémi.
Romain Meusla est photographe. C'est un bel homme athlète et sportif. Lors d'un rassemblement de cerfs volants à Berck, où il prend des photos d'enfants et de familles, il sauve de la noyade un petit garçon d'environ six ans. Mais le comportement plutôt bizarre du père qui ne le remercie pas, suscite la curiosité de Romain.
A Paris, Rachel est une vieille dame de 90 ans, ancienne artiste. Elle va tous les jours au Cimetière du Père Lachaise pour apporter à manger aux nombreux chats errants et pour se rendre sur la tombe de Sarah Bernhardt.
Voici certains des personnages que l'on découvre dans ce livre, ils vont avoir les uns et les autres l'occasion de se croiser. L'intrigue est parfaitement construite un peu comme un roman policier avec des rebondissements. A travers des descriptions précises et imagées, Annie Degroote nous fait également découvrir le Nord, les plages de Berck, du Touquet et les cerfs-volants, le Carnaval de Dunkerque vu de l'intérieur. Le lecteur découvre aussi le cimetière du Père Lachaise, ses occupants célèbres et ses rassemblements nocturnes.

Un livre que j'ai dévoré avec beaucoup de plaisir et qui m'a donné envie d'aller me promener le long des plages du Nord.

Extrait : (début du livre) 
20 juin 2004
David Biot-Aston ressentit un pincement au cœur à l'instant précis où la petite main potelée lâcha la sienne. La peur de la séparation s'exprime souvent lors de gestes banals. En apparence.
Je deviens une vraie mère poule en vieillissant, songea-t-il. De plus en plus émotif...
Il oublia ses appréhensions, et sourit au bonheur de son enfant de trois ans, qui s'élançait de ses petites jambes vers la voiture à pédales.
Prudent, il resta toutefois à sa hauteur, sur la digue.

A Bray-Dunes, la mer du Nord se respire dès l'«avenue de la plage», qui traverse la commune et mène droit à la digue. Les poumons se remplissent avec délice d'air salé et marin, signe avant-coureur de la proximité de la mer. La lumière elle-même semble s'apaiser.
Dans cet environnement, les angoisses de David s'évaporaient. Atténuées avec la rencontre d'Élise, disparues avec la naissance de leur petit garçon, elles avaient reflué avec ses «déceptions». Le mot était lâché, la mort dans l'âme. Il ne reconnaissait plus le visage de l'amour, sous les frustrations et les déchirures.

La mer possédait ce pouvoir d'agir sur son être comme un antidépresseur naturel. Ses démons intérieurs se dissipaient au profit de forces créatrices.

Il déplorait la disparition, à maints endroits du littoral du Nord, des villas parsemant les digues. Des immeubles sans caractère les remplaçaient. Il se traitait d'égoïste. Ces appartements, décriés par les esthètes, les nostalgiques et les privilégiés comme lui, permettaient à de nouveaux vacanciers de jouir du spectacle inlassable des vagues. Ici et là, quelques villas avaient résisté aux assauts des bombes, puis des marteaux-piqueurs. Elles témoignaient du charme suranné d'un autre siècle, celui de monsieur Bray, l'armateur dunkerquois à l'origine du village.

La digue, elle, était toujours là.

10 juin 2010

La douane volante – François Place

la_douane_volante Gallimard jeunesse – janvier 2010 – 334 pages

Présentation de l'éditeur :
Bretagne, 1914. La guerre menace. Une nuit, la charrette de la mort s'arrête devant la maison de Gwen le Tousseux, le jeune orphelin. C'est lui que vient chercher l'Ankou, pour l'emmener au pays dont on ne revient jamais... Quand Gwen se réveille, il est passé de l'autre côté, dans un monde comme surgi du passé. Dans ce pays étrange, effrayant mais fascinant, dominé par la douane volante, il va vivre des aventures extraordinaires. Gwen l'Egaré parviendra-t-il à retrouver sa terre natale ou son destin sera-t-il à jamais lié à Jorn, le redoutable officier de la douane volante? Une fresque magnifique, entre roman fantastique et récit initiatique, dans laquelle François Place révèle toute la dimension de son talent d'écrivain. Avec Gwen le Tousseux, laissez-vous emporter au-delà des frontières du réel et du temps.

Auteur : François Place est né le 26 avril 1957 à Ezanville, dans le Val d'Oise. Il suit les cours d'expression visuelle à l'Ecole Estienne, avant de se lancer dans l’illustration. En tant que dessinateur, il a travaillé dans les domaines de l'audiovisuel, la presse d'entreprise, l'édition et la publicité. Ses premières illustrations de livres pour enfants paraissent en 1983 et il se met à écrire ses premiers textes. Il révèle son talent d'auteur en 1992 avec la parution de l'ouvrage "Les derniers géants", livre qui sera récompensé par de nombreux prix. Il a reçu depuis le Grand Prix de la foire de Bologne pour l' "Atlas des Géographes d'Orbae" ainsi qu'un prix spécial des Librairie Sorcières.

Mon avis : (lu en juin 2010)
J’ai lu ce livre en premier lieu parce qu’il se passe en Bretagne, enfin au début… et parce qu’il m’a été conseillé à mon Café Lecture préféré !
Ce n’est pas le genre de lecture sur lequel je me jette avec avidité, car je ne suis vraiment pas fan de fantastique. Mais comme c’est un roman « jeunesse » et qu’il ne fait que 300 pages, je me suis laissée tenter.

Au début de l'histoire, Gwen le Tousseux a quatorze ans, au retour de sa première campagne de pêche il est soigné par le vieux Braz, un rebouteux. Celui-ci va l'initier aux plantes. Peu de temps après, le vieux Braz meurt et laisse à Gwen sa maison et sa montre. Il est alors jalousé par le village et mis à l'écart. Un soir, il est lâchement attaqué et on lui vole la montre. Gwen est alors emmené dans une charrette noire tirée par un cheval noir dans un pays imaginaire le pays des Douze Provinces où règne la Douane Volante. C'est un monde d'où il est impossible de sortir. Il va rencontrer l'officier
Jorn qui va vouloir exploiter le don de rebouteux dont Gwen semble avoir également hérité du vieux Braz. Il va adopter un drôle d'oiseau, un pibil siffleur qui va l'aider à développer son don. Il va également rencontrer un chirurgien, puis étudiera pour devenir médecin... Pendant ce temps là, en France c'est la Première Guerre Mondiale.
J’ai eu un peu de mal au début à être intéressée par l’histoire puis je me suis laissé prendre au jeu et finalement j’ai passé un bon moment en lisant ce livre. J’ai bien aimé l’évolution du personnage de Gwen qui au cours du livre passe de l’enfance à l’âge adulte. Il est questions de médecine, on retrouve certains éléments des légendes bretonnes, l'atmosphère est souvent sombre, humide et froide. L'auteur dit s'être inspiré des tableaux de Jan Van Goyen, peintre hollandais du XVIIème siècle.

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L’illustration de la couverture a été faite également par François Place.

Extrait : (début du livre)
La Bretagne, c'est ce grand bout de granit qui termine la France, à l'extrême pointe du continent : Finis Terrae, disent les savants. L'océan vient s'y fracasser. Les gens qui vivent là ont toujours eu de l'eau salée dans les veines. Moi, je n'avait pas quatorze ans quand j'ai embarqué pour ma première campagne de pêche. C'était au plus fort de l'hiver, et peu importe la coque de noix sur laquelle j'ai frotté mes sabots, peu importent les jours et les nuits à vider le poisson, les mains plongées dans l'eau glacée, peu importe la méchanceté crasse de ce maudit équipage et son capitaine à moitié fou, peu importe, finalement, puisque j'en suis revenu vivant. Tremblant comme une feuille et claquant des dents, mais vivant. Sitôt débarqué, on m'a couché sur un lit d'algues au fond d'une carriole, avec pour toute compagnie un tas de poissons aux yeux ronds, et roule ! Mes poumons cherchaient l'air comme une vieille baudruche crevée.

Il faisait nuit quand on m'a déposé à la sauvette devant la porte de la ferme. Une nuit froide, criblée d'étoiles. Ma mère n'y croyait pas, de me voir revenir dans cet état. Un bon à rien, aurait dit mon père. Ça, il faut dire que je n'étais plus bon à grand-chose. J'étais parti petit et souffreteux, les épaules guère plus larges que celles d'une sardine, et voilà que je revenais chez moi en tirant des traites sur ce maigre capital, avec une échéance à court thème, mon état ne laissant aucun doute sur mes faibles chances de passer l'hiver.

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6 juin 2010

Le Louvre pour les nuls - Daniel Soulié

Lu dans le cadre de babelio_masse_critique

le_louvre_pour_les_nuls Illustrations de Marc Chalvin

Editions First / Musée du Louvre – avril 2010 – 440 pages

Présentation de l'éditeur :
Fleuron du patrimoine français, le Louvre a de multiples facettes. Monument historique, ses murs ont vu défiler les souverains les plus puissants de leur temps, et ses salles ont été témoins d'événements qui ont marqué l'histoire de France. Musée, il dispose d'un ensemble de chefs-d’œuvre sans égal, et son public toujours plus nombreux devrait dépasser les 10 millions de visiteurs annuels dans un avenir proche. Institution et centre de recherche, le Louvre est aussi une immense ruche où s'affairent chaque jour plus de 2000 personnes : conservateurs et agents de surveillance, électriciens et conférenciers, doreurs et marbriers, et même pompiers et garçons de café ! C'est ce Louvre connu ou insolite, mille fois vu et jamais épuisé, que ce livre vous invite à découvrir. Le Louvre de l'histoire, le Louvre des oeuvres d'art et le Louvre des hommes, ces trois ingrédients qui, mêlés, en font un extraordinaire lieu de rendez-vous pour les savants, les amateurs et les curieux du monde entier.

Auteur : Daniel Soucié est archéologue et historien d'art de formation; il a participé à plusieurs campagnes de fouilles en Egypte avant d'entrer en 1988 au musée du Louvre. Il a assuré la programmation des activités proposées aux visiteurs jusqu'en 2008. Il est aujourd'hui responsable de médiation pour les salles du nouveau département des Arts de l'Islam et pour la section des Trois Antiques.

Mon avis : (lu en juin 2010)

Ce livre est une coédition avec le Musée du Louvre, il très complet que j'ai pris beaucoup d'intérêt à feuilleter et à découvrir.

L'introduction nous présente les différentes parties du livre et nous propose des pistes pour découvrir le Louvre :
Le Louvre est un lieu historique et abrite d'importante collections et de nombreux chefs-d’œuvre.
On va découvrir le Louvre à travers les âges. Puis le livre nous présente le musée et ses collections à travers ses 8 départements, avec en fin de chaque chapitre «les œuvres à ne pas manquer» et autre découverte, le Louvre aujourd'hui.
Puis vient un chapitre présent dans chacun des livres de la collection « pour les nuls » « La partie des Dix » où l'on aborde le Louvre de trois manières : à travers 10 personnages et évènements associés au palais et au musée du Louvre, à travers 10 œuvres incontournables et à travers 10 lieux ou activités du Louvre.
Il y a également 40 reproductions en couleur de chefs-d’œuvre et du Louvre, des anecdotes signalées par un pictogramme et en annexes, une chronologie, une bibliographie et des index des personnes, des lieux, des œuvres.
Je ne l'ai pas lu ce livre comme je lis un roman, j'ai lu de longs passages piochés au hasard où à partir de la table des matières très détaillée. Et maintenant, j'ai très envie d'aller faire un long tour au Musée du Louvre !

Un très grand merci à Babelio pour m'avoir permis de découvrir ce beau livre lors de l'opération Masse Critique.

louvre

30 mai 2010

Le baby-sitter – Jean-Philippe Blondel

le_baby_sitter Buchet-Chastel – janvier 2010 – 297 pages

Quatrième de couverture :
Dix-neuf ans. Étudiant. Pas d'argent. Pour pouvoir remplir son frigo et s'amuser un peu, il n'y a guère de solutions. Travailler dans un fast-food. Surveiller les activités périscolaires. Ou opter pour le baby-sitting C'est ce que choisit Alex, finalement. Mais lorsqu'il dépose son annonce à la boulangerie du coin, il est loin d'imaginer la série de personnages qu'il va rencontrer, et à quel point cet emploi va modifier sa perception du monde. Il ne peut surtout pas se douter combien sa présence va influer sur la vie de ses nouveaux employeurs. Parce que, au fond, ce que l'on confie à un baby-sitter, pour quelques heures, c'est ce que l'on a de plus précieux ses enfants, sa maison, le cœur même de son existence. Un roman sur les liens que l'on tisse et sur ceux que l'on tranche - et sur cette humanité qui tente, bon an mal an, de tenir et d'avancer, en rêvant de courir et de dévaler les pentes.

Auteur : Jean-Philippe Blondel est né en 1964, il est marié, il a deux enfants et il enseigne l'anglais dans un lycée de province depuis bientôt vingt ans. Il a aussi un vice – il aime lire. Pire encore, il aime écrire. Il a publié plusieurs romans comme Accès direct à la plage (2003), 1979 (2003), Juke-box (2004), Un minuscule inventaire(2005), Passage du gué (2006), This is not a love song (2007). Au rebond est son deuxième livre pour la jeunesse après Un endroit pour vivre (2007).

Mon avis : (lu en mai 2010)
Alex est étudiant en anglais, il a 19 ans. Sa bourse et l'argent qu'il a gagné l'été précédent ne lui suffisent pas pour remplir son frigo. Il décide de donner des cours de langue pour boucler les fins de mois. Quand tout à coup ce sont les pleurs du bébé de l'étage du dessus qui lui donne l'idée de devenir baby-sitter. Dès le lendemain, il dépose une petite-annonce à la boulangerie et Mélanie, la boulangère devient sa première cliente. Ensuite, le bouche à oreille fera le reste et de nombreux parents feront appel à lui.
Alex ne fait pas seulement des gardes d'enfants, il entre dans l'intimité des parents et devient un confident. Grâce à cela il va les aider et il va lui-même grandir. Une histoire pleine d’humanité sur les relations parents-enfants mais aussi sur les relations entre adultes. Des personnages attachants. J'ai passé un très bon moment en lisant ce livre.

Extrait : (page 18)
C’est un appartement minuscule de deux pièces et demie (la demie, c’est la kitchenette très fonctionnelle), niché dans un lieu improbable – un demi-étage. En fait, il faut monter l’escalier jusqu’au deuxième, emprunter un morceau de couloir dissimulé, sur la droite, redescendre quelques marches et on se trouve face à la porte de cette extension inutile et décalée – un studio très ancien qui a dû cacher de nombreux adultères, voire servir de refuge à quelques catins embourgeoisées. Catherine trouve que cela sent le moisi. Les copains d’Alex trouvent que c’est vraiment cher. Alex s’en moque éperdument. Il est amoureux de son appartement. Même si ses nuits sont régulièrement troublées par les pleurs du bébé Guilbert.
Et surtout par les angoisses de ses parents. Eux, ce dont ils auraient vraiment besoin, c’est une baby-sitter.

Et soudain, l’illumination.
Alex ne le sait pas encore, mais il repensera souvent à ce moment-là : le milieu de la nuit, le demi-étage, les placards ouverts, la décision de se faire un thé – il paraît que ça cale les estomacs creux.
Le moment où l’idée s’est imposée, dans toute sa simplicité – une femme nue sortant de la rivière, inconsciente des regards qui l’épient, par-delà les fourrés.
Baby-sitter
.
Oui, ça peut être dans ses cordes.
A condition que les enfants aient au moins trois ou quatre ans, qu’il ne faille pas changer les couches – à condition, donc, qu’on n’ait pas besoin de puéricultrice.
Alex n’a pas beaucoup l’habitude des enfants, mais il se débrouille plutôt bien avec ses petits cousins et avec le frère de son ex, un monstre de neuf ans, accro à la Wii et qui s’exprime avec à peu près autant de clarté qu’un androïde défectueux. Et ce serait une bonne expérience, comme les cours particuliers. Dans la brume de son avenir, Alex entrevoit la possibilité de devenir prof ou instit – même si ce désir n’a encore que de vagues contours. Ce serait peut-être justement l’occasion de vérifier si cette chimère pourrait se transformer ou non en réalité.

22 mai 2010

La Belle et la Bête - Thierry Jonquet

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Gallimard – avril 1995 – 157 pages

Gallimard – septembre 1998 - 156 pages

Folio – septembre 1999 – 156 pages

CDL – novembre 2005 (3 CD audio)

Folio – avril 2010 – 1014 pages (Les orpailleurs ; Moloch ; Mygale ; La Belle et la Bête)

Quatrième de couverture :
Léon est vieux. Très vieux. Lévi, est moche. Très moche. Léon est sale. Vraiment très sale ! Léon se tient très mal à table. C'est dans sa nature... C'est triste ? Non : Léon a enfin trouvé un ami, un vrai de vrai ! Seulement voilà, le copain en question est un peu dérangé. Parfois dangereusement. Mais Léon est indulgent envers ses amis. Pas vous ?

Auteur : Né en janvier 1954 à Paris et décédé le 9 août 2009, Thierry Jonquet, ergothérapeute, enseignant, scénariste et militant durant toute sa vie, a écrit son premier roman noir, Mémoire en cage, en 1982. La construction impeccable et parfois jubilatoire de ses livres a tout simplement dynamité le roman noir français et l'a imposé comme un auteur majeur du genre.

Mon avis : (lu en mai 2010)
Ce livre a le titre d'un conte de fée. Il y a bien une Bête, une Belle, mais c'est loin d'être un conte de fée ! C'est un polar comme sait les écrire Thierry Jonquet avec des flashbacks qui nous permettent peu à peu de découvrir les personnages et les dessous de l'intrigue.
Parmi les personnages, seul le commissaire Rolland Gabelou a un nom, les autres sont le Gamin, la Vieille, le Commis, le Visiteur, l'Emmerdeur, le Coupable. Mais il ne faut pas oublier Léon, le vieil ami de l'assassin et principal témoin et qui par moment sera le narrateur. Et pour ne pas dévoiler les surprises bien cachées de l'histoire, je n'en dirai pas plus...

J'ai lu très facilement, rapidement et avec beaucoup de plaisir ce roman policier. J'ai encore été surprise par cette histoire et à aucun moment je n'ai deviné la révélation finale du livre. A lire !

Extrait : (page 22)
Je sais tout, je sais tout, c'est vite dit... S'ils comptent sur moi pour les aider, les flics peuvent toujours s'accrocher ! Je ne ferai pas le moindre geste ! Tant pis pour tout le monde. Parce que c'est mon copain. Le seul que j'ai jamais eu dans ma sale vie. Et le Gabelou, je le regarde s'agiter sans broncher. Il voudrait bien savoir, pourtant. Mais la Vieille, le Gamin, le Commis, et le Visiteur, je m'en tape, moi...
Je suis là, tassé dans mon coin, assis dans un fauteuil à côté du bureau de Gabelou qui est parti en vadrouille je ne sais où. Je moisis ici depuis cinq jours... Le Visiteur et le Coupable, on les a retrouvés le 2 janvier, ah les Joyeuses Fêtes! Cinq jours... ça n'en finit plus. Les flics, ça les énerve, de me voir patienter sans m'énerver. Ils ne vont pas me torturer, ça servirait à rien. Je suis pas responsable. Juste un peu pour le Visiteur, mais c'est bien tout.
Le Coupable, c'est mon copain, mon pote, mon n'importe quoi, mettez le nom que vous voudrez là-dessus, c'est ce qui fait que je vais pas le trahir, quelque chose de plus fort que toutes leurs salades et il n'y a rien à ajouter. Ah, ils ont essayé, pourtant. Et mon Vieux Léon par ci, et mon Vieux Léon par là, la pommade, les compliments, le baratin, total : néant, c'est tout juste si je leur fais un petit signe de la tête quand ils m'apportent à manger. Un mur. Ils auraient mieux fait de s'adresser à un mur, à une vieille godasse perdue dans un tas d'ordures...
Ils sont là, les flics, tout autour de moi; à me lancer des regards vachards, comme dans les films, avec la lampe braquée dans la gueule, leurs gros bras poilus, et de temps en temps, en prime, ils se foutent de moi. «Vieux Léon, qu'ils braillent, dis-nous tout, t'es le seul à avoir tout vu...» Et ça les fait rire. Je collaborerai pas. Je me le suis juré sur ce qu'il me reste de dignité. Et ça les étonne, ça, la dignité. Eux. S'imaginent du haut de leurs certitudes que tout leur est dû, eh bien, non, moi, Vieux Léon, je les envoie sur les roses.

Déjà lu de Thierry Jonquet :

Ils_sont_votre__pouvante Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte

les_orpailleurs_p Les orpailleurs  mon_vieux Mon vieux

du_pass__faisons_table_rase_p Du passé faisons table rase ad_vitam_aeternam_p Ad vitam aeternam

m_moire_en_cage Mémoire en cage  moloch_p Moloch  mygale_p Mygale

le_secret_du_rabin_p Le secret du rabbin

18 mai 2010

Allumer le chat – Barbara Constantine

allumer_le_chat_ allumer_le_chat

Calmann-Lévy – décembre 2006 - 261 pages

Points – septembre 2008 – 261 pages

Présentation de l'éditeur :
Bastos, le chat philosophe et pédant, parvient à échapper au fusil de Raymond. N'empêche qu'il le nargue ce chat ! Et il faut encore s'occuper du môme, un peu nul en foot, qui n'a rien trouvé de mieux que de choper de l'eczéma sur le visage... Sans compter son imbécile de père qui se fait encastrer par un cerf de deux cents kilos. Il y a franchement de quoi devenir allumé dans cette famille !

Auteur : Barbara Constantine, romancière, céramiste et scripte - elle a travaillé avec Cédric Klapisch - vit en région parisienne. Elle est également l'auteur d'A Méli, sans mélo, son second roman.

Mon avis : (lu en mai 2010)
Un petit livre de 70 chapitres très courts qui nous racontent des tranches de vie. Cela commence avec Raymond et Mine qui « ce sont des vieux qui s’aiment ». Sous prétexte que « Quand il le regarde, il a l’impression qu’il se fout de sa gueule », Raymond veut « allumer » son chat Bastos avec son fusil. Raymond est fâché depuis sept ans avec sa fille Josette, elle a épousé un crétin, Martial. Mais Rémi, 5 ans, le fils de Josette a de l’eczéma et c’est l’occasion de renouer les liens avec Raymond qui est un peu guérisseur…
On va croiser une galerie de personnages : en premier lieu Bastos, un chat qui parle, Paul, alcoolique de dix ans, Pierrot passionné de photos et employé des pompes funèbres, Marie-Rose grande cuisinière dont les spécialités sont le ragoût de vipère aux châtaignes et le pâté de rat…
On va assister à des situations loufoques, émouvantes ou improbables : la rencontre de Martial et d’un cerf, la complicité qui se noue entre Raymond et son petit fils Rémi…
Une lecture où le tendre, le cruel, le léger ou l’émouvant se mêlent… Un livre qui se lit facilement qui nous fait sourire et même rire aux éclats, avec pleins de situations cocasses ou poétiques… A lire pour se détendre !

Extrait : (début du livre)
Il se plante devant la porte ouverte, jambes écartées, poings sur les hanches. Il hume l’air. La nuit s’annonce douce et tranquille. Mais d’un coup, ses sourcils se froncent, une ombre passe, et sans se retourner…
- Passe-moi le fusil, j’vais allumer le chat !
Il n’a pas bu pourtant, juste quelques verres de rouge au dîner, autant dire rien.
- Et pourquoi tu veux l’allumer, dis ?
- Quand il me regarde, j’ai l’impression qu’il se fout de ma gueule. Alors, là, j’en ai marre… Je vais lui régler son compte à ce salopard !
Elle, ça ne l’amuse pas du tout. Parce qu’à chaque fois qu’il se sert de son fusil, et malgré tout l’amour qu’elle lui porte, elle ne peut que constater son peu de talent pour cet instrument. Les cages à lapins étaient loin de la direction qu’avait prise le chat la dernière fois, et pourtant elle en avait ressorti quatre, criblés de plombs ! Les huit autres n’avaient pas survécu longtemps et même en civet, n’avaient pas été bons à manger… Ca leur avait tourné les sangs, cette histoire. Et le chat, lui, moins d’une heure après le carnage, était tranquillement retourné se chauffer près du poêle.
Depuis ce jour-là, elle aussi le soupçonne de se foutre de leur gueule… Mais ça, elle le garde pour elle, parce que quand même, un chat, c’est pas autre chose qu’une bête, hein… alors, se foutre…
Et maintenant, elle aimerait essayer de détourner Raymond de son idée. Elle se dit que c’est vraiment le moment de lui parler de…
- Tu sais qui j’ai croisé au marché ce matin ? Et qui est même venu me saluer et me demander comment tu allais, par la même occasion ?
- Tu veux me détourner de mon idée, ou quoi ?
- Non, juste gagner du temps, c’est tout…
- Ah ! ben, dit comme ça, d’accord. Alors, c’est qui que t’as vu ce matin, ma petite Mine ?
- Josette…
Il s’emporte immédiatement. Elle s’y attendait. Elle le connaît par cœur, son bonhomme. Il rougit d’un coup et les veines de tempes enflent légèrement.
- Elle est venue te voir ? Elle t’a parlé… et toi, tu lui as répondu ?
- Eh ! C’est que je ne pouvais pas faire autrement !
- Ah oui, bien sûr ! Tu ne pouvais pas ! Et qu’est-ce qu’elle voulait ?
- Elle a besoin de toi. Son petit Rémi est couvert d’eczéma et le docteur Lubin ne sait pas bien quoi faire pour le soigner. C’est même lui qui lui qui a conseillé de te…
- Lubin ? Il est juste bon qu’à soigner sa tenue, celui-là ! De l’eczéma, tu dis ? Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Et puis, son môme à Josette, c’est sûrement qu’un petit merdeux !

Déjà lu du même auteur : a_M_lie__sans_m_lo A Méli, sans mélo

16 mai 2010

Par un matin d’automne – Robert Goddard

Livre lu dans le cadre d'un partenariat  Blog-O-Book et Sonatine

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Belfond – janvier 1996

Sonatine – mai 2010 – 454 pages

traduit de l'anglais par Marie-José Astre-Démoulin

Quatrième de couverture :
« Je suis tombé sur cet écrivain par le plus grand des hasards. J’ai lu Par un matin d’automne
, et j’ai tout de suite enchaîné sept autres livres du même auteur. Les romans qui vous tiennent éveillé jusqu’au petit jour sont denrée rare. Il me reste quelques Robert Goddard à lire, je vais essayer, si j’y arrive, de prendre mon temps, le plaisir qu’on y trouve est trop jubilatoire pour être gaspillé d’un seul coup. On est emporté par les rebondissements. Dans un style parfait Goddard vous manipule d’une main de maître. » Stephen King
Entre Un long dimanche de fiançailles et Les Âmes grises, un thriller passionnant dans la tourmente de la Première Guerre mondiale

Fin des années 1990. Leonora Galloway entreprend un voyage en France avec sa fille. Toutes deux ont décidé d’aller à Thiepval, près d’Amiens, au mémorial franco-britannique des soldats décédés durant la bataille de la Somme. Le père de Leonora est tombé au combat durant la Première Guerre mondiale, mais la date de sa mort gravée sur les murs du mémorial, le 30 avril 1916, pose problème. Leonora est en effet née près d’un an plus tard.
Ce qu’on pourrait prendre pour un banal adultère de temps de guerre cache en fait une étrange histoire, faite de secrets de famille sur lesquels plane l’ombre d’un meurtre jamais résolu et où chaque mystère en dissimule un autre. Le lecteur est alors transporté en 1914 dans une grande demeure anglaise où va se jouer un drame dont les répercussions marqueront trois générations.
Dans ce livre envoûtant à l’épaisseur romanesque exceptionnelle, Robert Goddard allie le cadre et l’atmosphère des plus grands romans anglais, ceux d’Elizabeth George ou de Ruth Rendell, à un sens du suspense et de la réalité historique remarquables.

« L’un des meilleurs romans qu’on ait lu depuis très longtemps » The Washington Post

Auteur : Robert Goddard vit dans les Cornouailles. Il publie un livre tous les ans depuis 1986. Longtemps souterraine, son œuvre vient d’être redécouverte en Angleterre et aux États-Unis, où elle connaît un succès sans précédent.

Mon avis : (lu en mai 2010)
Ce livre a été écrit en 1988, il a été traduit en français et édité une première fois en 1996. Il est réédité en 2010 aux Éditions Sonatine.
C'est une histoire en trois parties sur fond de Première Guerre Mondiale.
Dès le début du prologue, l'auteur nous annonce le fond du livre : « Aujourd'hui, en ce bout du monde, une page va être tournée sur un rêve, un secret va être dévoilé ». Leonora Galloway, soixante-dix ans, a choisi de se rendre avec sa fille Penelope, trente-cinq ans, dans la Somme, là où se dresse le Mémorial britannique de Thiepval pour lui raconter son histoire. Une histoire que Leonora a mis toute une vie à découvrir.
Dans la première partie, Leonora Galloway revient sur son enfance, elle a été élevée par son grand-père et sa femme Olivia et elle sait peu de choses sur ses parents. Elle sait très tôt qu'ils sont morts tous les deux, son père est mort à la guerre, sa mère est morte peu de temps après sa naissance. Mais le sujet est tabou, ses nombreuses questions restent sans réponse.
La seconde partie, se situe en 1953, le narrateur est Flanklin, un ami du père de Leonora qui réapparait après la mort d'Olivia. Il raconte à Leonora ce qu'il s'est passé durant l'été 1916, à Meongate. Cette partie commence comme un Agatha Christie, avec un meurtre, puis un suicide et peu à peu après de multiples rebondissements nous découvrons certains secrets de la famille. Il reste encore des questions en suspend, la troisième partie va permettre à Leonora de comprendre les derniers secrets de cette histoire de famille et les révéler au lecteur.

Ce livre est passionnant, je l'ai littéralement dévoré... L'écriture est très belle, l' histoire est riche, pleine rebondissements, les personnages sont multiples et très intéressants : beaucoup sont attachants, quelques uns odieux.

Un grand merci à Blog-O-Book et aux Éditions Sonatine pour cette très belle découverte.

Extrait : (page 21)
Les souvenirs d'enfance suivent une logique complexe qui leur est propre et échappe à toute règle. Impossible de les faire se conformer à la version que l'on voudrait leur imposer. Ainsi, je pourrais dire que la richesse qui entoura mon enfance remplaça aisément le sourire de ma mère, que la beauté de la demeure où Lord et Lady Powerstock m'hébergèrent me fit oublier que j'étais une orpheline... Si je le prétendais, chaque souvenir de mes jeunes années viendrait me contredire.
Meongate avait été, dans le passé, la maison bourdonnante de bruits et de rires de l'insouciante famille Hallows. Tout l'art du bien-être dans les pièces spacieuses et le parc paysager, tous les présents de la nature dans les collines douces du Hampshire et les pâtures de la vallée du Meon semblaient réunis pour former le cadre de vie idéal d'un petit enfant.
Pourtant, cela n'était pas suffisant. Tandis que je grandissais à Meongate, au début des années 1920, sa splendeur était depuis longtemps ternie. De nombreuses chambres avaient été condamnées, une partie de son parc mise en fermage. Et les gens gais que j'imaginais se promenant sur les pelouses aujourd'hui désertes ou dans les pièces désormais vides avaient disparu dans un passé hors de ma portée.
Je grandis en sachant que mes parents étaient morts tous les deux, mon père tué dans la Somme, ma mère emportée par une pneumonie quelques jours après ma naissance. On ne me le cachait pas. Au contraire, on me rappelait souvent ces tristes évènements, sans perdre une occasion de me faire comprendre que j'étais responsable de l'ombre qui planait sur leur mémoire. Les raisons de ma culpabilité m'échappaient et j'ignorais si le silence qui régnait autour de la mort de mes parents était dû au chagrin ou à quelque chose de pire. Je n'avais qu'une triste certitude : je n'étais pas la bienvenue à Meongate, je n'y étais pas aimée.

Livre lu dans le cadre d'un partenariat logo_bob_partenariat  et sonatine

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