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A propos de livres...
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10 mars 2011

Des éclairs – Jean Echenoz

des__clairs Les Éditions de Minuit – septembre 2010 – 174 pages

Quatrième de couverture :
Gregor a inventé tout ce qui va être utile aux siècles à venir. Il est hélas moins habile à veiller sur ses affaires, la science l'intéresse plus que le profit. Tirant parti de ce trait de caractère, d'autres vont tout lui voler. Pour le distraire et l'occuper, ne lui resteront que la compagnie des éclairs et le théâtre des oiseaux.

Fiction sans scrupules biographiques, ce roman utilise cependant la destinée de l'ingénieur Nikola Tesla (1856-1943) et les récits qui en ont été faits. Avec lui s'achève, après Ravel et Courir, une suite de trois vies.

Auteur : Né à Orange le 26 décembre 1947, grand nom de la littérature française contemporaine, Jean Echenoz s'impose avec un sens de l'observation unique et un style singulier. L'ancien étudiant en sociologie et en génie civil déclare être l'auteur de romans 'géographiques'. Il tâche en effet dans son oeuvre de tracer les conditions, les décors et les milieux qui fondent une existence, celle de personnages fictifs ou réels à l'instar de Ravel dans un roman éponyme ou d'Emile Zatopec dans 'Courir'. Amené à l'écriture suite à la découverte d''Ubu Roi' d'Alfred Jarry, Echenoz imprime sa propre empreinte avec un sens de la dérision hérité du dramaturge. Lauréat du prix Goncourt en 1999 pour 'Je m'en vais', l'auteur joue à détourner les codes du langage et les genres littéraires. Ainsi, il s'approprie le roman policier avec 'Cherokee' ou le roman d'espionnage avec 'Le Lac'. Ecrivain de la quête et de l'enquête, Jean Echenoz succède avec brio et innovation à la génération du Nouveau Roman, qui a fait la renommée de sa maison d'édition, Minuit.

Mon avis : (lu en mars 2011)
Après Ravel et Courir, Jean Echenoz réalise une biographie romancée de Gregor. Ce personnage est largement inspiré de Nikola Tesla (1856-1943), inventeur américain d'origine croate.
Gregor est moitié génie, moitié savant fou, c'est un visionnaire, il va faire de nombreuses découvertes autour de l'électricité : il défend le courant alternatif, il est précurseur et découvre le principe du radar, mais aussi « La radio. Les rayons X. L'air liquide. La télécommande. Les robots. Le microscope électronique. L'accélérateur de particules. L'Internet.» Ces contemporains ne mesurent pas la portée de ces inventions et elles resteront longtemps oubliées. Gregor n'y connait rien aux affaires, il se fait déposséder de ses plus grandes découvertes par d'autres comme Edison et Marconi.
Gregor vit à l'hôtel, il a la phobie des microbes, il aime la compagnie des pigeons et les multiples de 3. Ses seuls vrais amis sont le couple Axelrod, dont il va aimer en secret Ethel.

Gregor est un homme seul, il a un caractère « ombrageux, méprisant, susceptible, cassant ». Et il finira dans la misère.
Le personnage de Gregor est à la fois attachant et improbable, Echenoz est très agréable à lire et il réussit le tour de force de raconter en moins de 200 pages, les 87 ans de la vie d'un homme exceptionnellement intelligent et visionnaire.

J'ai bien aimé ce livre mais pas autant que Courir qui racontait la vie du coureur Emil Zátopek.

Extrait : (début du livre)
Chacun préfère savoir quand il est né, tant que c’est possible. On aime mieux être au courant de l’instant chiffré où ça démarre, où les affaires commencent avec l’air, la lumière, la perspective, les nuits et déboires, les plaisirs et les jours. Cela permet déjà d’avoir un premier repère, une inscription, un numéro utile pour vos anniversaires. Cela donne aussi le point de départ d’une petite idée personnelle du temps dont chacun sait aussi l’importance : telle que la plupart d’entre nous décident, acceptent de le porter en permanence sur eux, découpé en chiffres plus ou moins lisibles et parfois même fluorescents, fixé par un bracelet à leur poignet, le gauche plus souvent que le droit.

Or ce moment exact, Gregor ne le connaîtra jamais, qui est né entre vingt-trois heures et une heure du matin. Minuit pile ou peu avant, peu après, on ne sera pas en mesure de le lui dire. De sorte qu’il ignorera toute sa vie quel jour, veille ou lendemain, il aura droit de fêter son anniversaire. De cette question du temps pourtant si partagée, il fera donc une première affaire personnelle. Mais, si l’on pourra l’informer de l’heure précise à laquelle il est apparu, c’est que cet évènement se produit dans des conditions désordonnées.    

Livre 37/42 pour le Challenge du 6% littéraire1pourcent2010


Déjà lu du même auteur : courir Courir ravel_ Ravel

 

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6 mars 2011

L’homme de Kaboul - Cédric Bannel

Lu en partenariat avec Canalblog et les Éditions Robert Laffont

l_homme_de_Kaboul Robert Laffont – mars 2011 - 396 pages

Quatrième de couverture : 
Quand Oussama Kandar, chef de la brigade criminelle de Kaboul, ancien héros de guerre contre les Russes et les talibans, découvre le cadavre de Wali Wadi, il n'imagine pas déclencher l'une de ces séries de minuscules événements qui se terminent en raz de marée. D'après Oussama, l'homme qui gît au milieu de son magnifique salon, une balle dans la tête, ne peut en aucun cas s'être suicidé, comme l'affirme le ministre de la Sécurité. Profondément intègre, opposé à la corruption qui gangrène son pays, Oussama croit en la justice. Par fidélité à ses principes, il refuse de classer l'affaire. Au contraire, en compagnie de ses fidèles adjoints, il s'acharne à remonter les pistes, à exhumer les vérités travesties. Dès lors, il est l'homme à abattre. Autour de lui, la violence se déchaîne. A l'autre bout du monde, en Suisse, le jeune Nick, analyste dans les services secrets, est lancé sur la piste d'un fugitif, dirigeant d'une entreprise très opaque aux ramifications internationales. L'homme s'est volatilisé avec un rapport secret qui paraît affoler plusieurs gouvernements.

Auteur : Cédric Bannel a commencé sa carrière à Bercy au service de contrôle des investissements étrangers en France et s’est occupé entre autres des sanctions financières contre la Libye et l’Irak, avant d’entamer une carrière de diplomate comme Attaché financier à Londres.
Il a ensuite quitté l’administration pour se lancer dans l’Internet, où il a fondé et dirigé plusieurs "start up", dont CanalBlog dont il est le PDG. Il pratique les arts martiaux à haut niveau depuis plus de 30 ans.
Il est l’auteur de 3 romans policiers, Le Huitième Fléau (1999), la Menace Mercure (2001) et Elixir (2004), tous les trois traduits dans de nombreuses langues.
Cédric Bannel est le père d’une petite fille de 6 ans.

Mon avis : (lu en mars 2011)
J'ai accepté de lire ce livre dans le cadre du Concours « L’homme de Kaboul » organisé par les Éditions Robert Laffont.
Il s'agit d'un roman d'espionnage dont l'essentiel de l'action se déroule en Afghanistan.
Oussama Kandar est le chef de la brigade criminelle de Kaboul, il est respecté car c'est aussi un ancien héros de guerre contre les Russes puis contre les talibans. Il est très surpris d'être appelé pour un suicide car en Afganistan, « Ceux qui parvenaient à échapper aux attentats, aux gangs, aux règlements de comptes, aux crimes familiaux et aux fatwas lancées par les talibans étaient assez peu portés sur le suicide. » Autre surprise, le ministre de la Sécurité est déjà sur place. Le Qomaandaan Oussama Kanda est vite convaincu que Wali Wadi, l'homme suicidé, a été assassiné. Très intègre et totalement opposé àla corruption, il refuse de classer l'affaire et au péril de sa vie et de celle de ses collaborateurs, il va tout mettre en œuvre pour résoudre cette enquête.
En parallèle, en Suisse, un homme d'affaire est traqué par une police secrète l'Entité car il est en possession d'un rapport confidentiel. Nick, un jeune analyste très intelligent,se lance sur sa piste sans imaginer le réel enjeu du fameux dossier Mandrake.
Bien sûr, ces deux histoires sont liées mais je n'en dévoilerai pas plus car ce livre captivant est plein de suspense, de rebondissements... 

Ce thriller est aussi l'occasion pour le lecteur de découvrir l'Afghanistan, un pays complexe mais également fascinant. L'auteur s'est très bien documenté et il décrit avec beaucoup de précision les conditions de vie, la guerre, les traditions, la culture, la religion sans oublier Kaboul et les superbes montagnes d'Afghanistan.
Plusieurs personnages sont très intéressants, en premier lieu Oussama Kandar le policier intègre, musulman pratiquant mais tolérant, sa femme Malalai, gynécologue qui se révolte discrètement contre la soumission imposée aux femmes. Il y a aussi le Mollah Bakir qui sera un allié surprenant de Kandar durant son enquête. Il imagine l'Afghanistan comme un état taliban moderne, il refuse intégrisme et les violences de l'état actuel.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre qui à travers une histoire d'espionnage captivante et haletante nous permet de faire sans aucun risque un beau voyage en Afghanistan. J'ai été très intéressée de découvrir la vie quotidienne afghane avec des valeurs et des repères si différents que ceux que nous avons nous occidentaux.

Merci à Canalblog et aux Éditions Robert Laffont pour m'avoir permis de découvrir ce livre.

Allez voir également le blog dédié au livre et les nombreux avis autour de ce livre

Extrait : (début du livre)

- A quoi pensais-tu en appuyant sur la détente ? Demanda Oussama.
- A appuyer sur la détente.
- Tu avais conscience que, au lieu de punir seulement l'homme que tu visais, tes balles risquaient de décimer toute une famille ? Les deux femmes d'Abdul sont décédées avec lui. Ses huit enfants sont à l'hôpital, dont deux entre la vie et la mort.
- Ce salaud d'Abdul, il m'a volé tout mon stock de tissu, tenta de plaider le prisonnier. Huit mille afghanis !

Oussama Kandar, commandant en chef de la brigade criminelle de Kaboul, se leva brusquement, en proie à un accès de colère. Solidement attaché à sa chaise par des menottes, le prisonnier eut un mouvement de crainte qui manqua de le faire tomber. Oussama n'y prêta pas attention. Il y avait bien longtemps qu'il avait cessé de remarquer les réactions que son physique hors norme provoquait. Âgé d'un peu plus de cinquante ans, Oussama mesurait deux mètres. Sec (il pesait à peine quatre-vingt-dix kilos), il en imposait avec sa barbe veinée de gris, taillé court, ses cheveux ras. Ses yeux d'un vert métallique hypnotisaient ses adversaires.
- Tu es un crétin et un meurtrier ! Tu as tiré sur toute une famille à la kalachnikov, pendant qu'elle déjeunait tranquillement. Tout ça pour un stock de tissu. Tu te rends compte, au moins, du mal que tu as fait ? Pour rien !
- Pas pour rien. Il m'avait volé pour huit mille afghanis, répéta le prisonnier, buté.

Oussama secoua la tête, dégoûté. La plupart des meurtres commis dans la capitale l'étaient à la kalachnikov, souvent à la suite de dettes non remboursées ou de vols, quand il ne s'agissait pas de meurtres d'honneur. Les coupables ignoraient que la pendaison les attendaient au bout du chemin. Renonçant à discuter avec un prisonnier aussi stupide, il s'apprêtait à appeler un de ses adjoints afin que ce dernier le remplace pour la suite de l'audition lorsqu'un planton entra dans son bureau. Jeune, les yeux bridés typique d'un Hazara. Une large cicatrice barrait sa joue gauche.

- Qomaandaan, on nous signale que le ministre de la Sécurité vient d'arriver sur les lieux d'un suicide.
- Un attentat suicide, veux-tu dire ?
- Na, un vrai suicide.
Surpris, Oussama dévisagea le policier. Le taux de mortalité à Kaboul étant l'un des plus élevés au monde, il ne chômait pas, mais les suicides étaient rares. Ceux qui parvenaient à échapper aux attentats, aux gangs, aux règlements de comptes, aux crimes familiaux et aux fatwas lancées par les talibans étaient assez peu portés sur le suicide. En Afganistan, chaque jour vécu en un seul morceau était un don de Dieu.

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Géographie"

5 mars 2011

Le confident – Hélène Grémillon

leconfident Plon – août 2010 – 301 pages

Quatrième de couverture : 
Au milieu des mots de condoléances qu'elle reçoit à la mort de sa mère, Camille découvre une étrange lettre envoyée par un expéditeur inconnu. Elle croit à une erreur mais, les semaines suivantes, une nouvelle lettre arrive, tissant le roman de deux amours impossibles, de quatre destins brisés. Peu à peu, Camille comprend que cette correspondance recèle un terrible secret qui la concerne. Machination diabolique sur fond de Seconde Guerre mondiale, ce roman mêle récit historique et suspens psychologique dans un scénario implacable.

Auteur : Après une maîtrise de lettres et un DEA d'histoire, Hélène Grémillon s'est lancée dans le journalisme et la réalisation. Auteur de plusieurs courts-métrages et du clip de la chanson « la Jupe en laine » pour Julien Clerc. Elle a 32 ans. Le Confident est son premier roman.

Mon avis : (lu en mars 2011)
Ce sont les nombreux articles positifs de la blogosphèrequim'ont encouragée à découvrir ce premier roman.

Dès les première pages, j'ai beaucoup aimé ce livre, j'ai été pris par l'histoire.
Tout commence lorsque Camille découvre parmi toutes les lettres de condoléances reçues à la suite du décès de sa mère une enveloppe plus épaisse et plus lourde que les autres. Il s'agit d'une lettre longue et étrange envoyée par un expéditeur inconnu, un certain Louis. D'autres lettres vont suivre chaque mardi racontant petit à petit une histoire d'amour, puis de haine entre deux femmes et autour d'un enfant et d'un homme, à l'époque de la Seconde Guerre Mondiale.
C'est un roman à plusieurs voix autour d'un secret de famille, tout se dévoile très progressivement, le récit est captivant et très bien construit.
Les personnages de cette histoire sont vraiment très touchants, il est essentiellement question de maternité et de mensonges ou non dits qui vont gâcher et briser plusieurs vies.
Un très beau livre, très touchant et bouleversant.

Quelques billets qui m'ont donnée envie de découvrir ce livre : Canel, Stephie, Sandrine et Blog-O-Book

Extrait : (début du livre)
Un jour, j’ai reçu une lettre, une longue lettre pas signée. C’était un évènement, car dans ma vie je n’ai jamais reçu beaucoup de courrier. Ma boîte aux lettres se bornant à m’annoncer que la-mer-est-chaude ou que la-neige-est-bonne, je ne l’ouvrais pas souvent. Une fois par semaine, deux fois les semaines sombres, où j’attendais d’elles, comme du téléphone, comme de mes trajets dans le métro, comme de fermer les yeux jusqu’à dix puis de les rouvrir, qu’elles bouleversent ma vie.
Et puis ma mère est morte. Alors là, j’ai été comblée, pour bouleverser une vie, la mort d’une mère, on peut difficilement mieux faire.

Je n’avais jamais lu de lettres de condoléances. A la mort de mon père, ma mère m’avait épargné cette funèbre lecture. Elle m’avait seulement montré la convocation à la remise de médaille. Je me souviens encore de cette foutue cérémonie, j’avais treize ans depuis trois jours : un grand type me serre la main, il me sourit mais c’est un rictus que je reçois à la place, il a la gueule de travers et quand il parle, c’est pire.

- Il est infiniment déplorable que la mort ait été l’issue d’un tel acte de bravoure. Votre père, mademoiselle, était un homme courageux.
- Vous dites cette phrase à tous les orphelins de votre guerre ? Vous pensez qu’un sentiment de fierté fera diversion à leur chagrin. C’est très charitable de votre part, mais laissez tomber, je n’ai pas de chagrin. Et puis mon père n’était pas un homme courageux. Même la grande quantité d’alcool qu’il ingurgitait tous les jours ne l’y aidait pas. Alors disons que vous vous trompez d’homme et n’en parlons plus.
- Au risque de vous étonner, je maintiens, mademoiselle Werner, que c’est bien du sergent Werner – votre père – dont je vous parle. Il s’est porté volontaire pour ouvrir la voie, le champ était miné et il se savait. Que vous le vouliez ou non, votre père s’est illustré et vous devez prendre cette médaille.
- Mon père ne s’est pas « illustré », stupide grande gueule de travers, il s’est suicidé et il faut que vous le disiez à ma mère. Je ne veux pas être la seule à le savoir, je veux pouvoir en parler avec elle et avec Pierre aussi. Le suicide d’un père, ça ne peut pas être un secret.

Je m’invente souvent des conversations pour dire les choses que je pense, c’est trop tard, mais ça me soulage. En vrai, je ne suis pas allée à cette cérémonie pour la mémoire des soldats de la guerre d’Indochine et, en vrai, je l’ai dit une seule fois ailleurs que dans ma tête que mon père s’est suicidé, c’était à ma mère, dans la cuisine, un samedi.


Livre 36/42 pour le Challenge du 6% littéraire1pourcent2010

3 mars 2011

Assassin ! - Béatrice Nicodème

Assassin_8a85c assassin_2011

Mango Jeunesse – 2009 – 276 pages

Mango Jeunesse – janvier 2011 – 285 pages

Concours au Prix des Incorruptibles 5ème/4ème

Quatrième de couverture :
Pour Damien, l’année scolaire commence mal. L’arrivée d’Alexandre ravive en lui un souvenir dramatique : sept ans auparavant, sa propre négligence a provoqué la mort d'un de ses amis. Au même moment, une série de messages anonymes l'accuse d'être un assassin, puis on lui réclame une forte somme d'argent. Ses soupçons se portent sur Alexandre. Mais ce garçon timide peut-il être coupable ? Et si ce n'est lui, qui s'acharne sur Damien ?

Auteur : Béatrice Nicodème est tombée dans le roman policier à douze ans lorsqu’elle a découvert Le Chien des Baskerville. Elle a attendu ensuite presque trente ans pour oser se lancer, mais ne s’est pas arrêtée depuis. Elle aime les romans parce qu’ils sont souvent plus palpitants que la réalité, les romans policiers à cause du mystère, les romans historiques pour voyager dans le temps. Elle aime lire et écrire parce que cela repousse l’horizon. Elle écrit pour tous ceux qui partagent sa passion, qu’ils aient sept, dix-sept, cinquante-sept ou cent sept ans.

Mon avis : (lu en février 2011)
Livre lu par mon fils dans le cadre du Prix des Incorruptibles 5ème/4ème et qu'il m'a proposé de lire... C'est un roman policier actuel, le héros de l'histoire est Damien, c'est un lycéen d'aujourd'hui. Il s'est brouillé avec Florian son meilleur copain pour une histoire de fille et un ancien camarade Alexandre qui lui rappelle de mauvais souvenirs est revenu au lycée. Et Damien commence à recevoir des messages anonymes, il a un secret et se sent coupable malheureusement pour lui, pour résoudre seul ses problèmes il va se mettre à mentir... Je m'arrête là pour ne pas en dévoiler plus...

Une intrigue bien construite, des rebondissements, du rythme, de chapitre en chapitre, le lecteur a envie de continuer à lire pour connaître le dénouement. Mais au cours de ma lecture, j'ai trouvé que l'accumulation des difficultés dans lequel Damien se retrouve suite à ses mensonges, rend l'histoire de moins en moins crédible...

J'ai cependant lu ce livre avec plaisir, et mon fils l'a bien aimé même si ce n'est pas son préféré dans la sélection du Prix des Incorruptibles. 

Extrait : (début du livre)
- Cent cinquante euros, c'est quand même pas la lune ! Répéta Damien pour la troisième fois.

Planté devant l'étagère à épices, son père restait imperturbable.

- Curry, murmura-t-il finalement en s'emparant d'un flacon.

Il saupoudra les oignons qui doraient doucement dans la poêle, les fit revenir quelques instants et incorpora le tout à la purée de pommes de terre maintenue au chaud dans le four.
- Sers-toi, dit-il en posant le plat sur la table. Pour certaines personnes, ça représente deux jours de travail.
- Deux jours pour préparer une purée de patates, c'est dingue ! s'esclaffa Damien.
L'insolence était le dernier recours pour ne pas perdre la face.
Sans sourciller, son père se servit à son tour et commença à manger en silence.
- Ton lecteur CD ne te suffit plus ? Demanda-t-il enfin.
- Il est à moitié naze. Et Florian peut me prêter des cours d'anglais en MP3.
Son père faillit s'étouffer.
- Tu veux me faire avaler ça ? Et à quel moment comptes-tu les écouter, ces cours d'anglais ? Au café avec tes copains ou pendant tes séances de musculation ? J'ai une meilleure idée : utilise notre bonne vieille chaîne, ce sera tout aussi efficace.
- J'aurai jamais le temps. Par contre, c'est tout à fait le genre de choses qu'on peut faire pendant le jogging. A condition d'avoir un baladeur MP3.
- Eh bien retire de l'argent de ton compte bancaire ! Tu as raison, cent cinquante euros ce n'est pas la lune. Et puis, c'est à ce genre d'achats que servent les jobs d'été, non ?
- Pas question que je touche à l'argent que j'ai gagné cet été ! protesta Damien. Je le garde pour mes leçons de conduite.
- Tu n'auras dix-huit ans que dans deux ans. D'ici là...
- D'ici là, rien ne m'empêche de prendre des leçons.
- Rien, en effet. Mais je t'ai averti, Damien, je ne veux pas entendre parler de conduite accompagnée. On n'a pas de quoi remplacer notre voiture si tu la bousilles.
- La confiance règne !

25 février 2011

Kyoto Limited Express - Olivier Adam

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Lecture commune avec Nymphette, Anne, achille49, mrs pepys, Sharon 

kyoto_limited_Express Points – octobre 2010 - 156 pages

Quatrième de couverture :
Pour Simon Steiner, revenir à Kyoto, c'est retrouver les lieux du bonheur enfui. Sa vie ne se ressemble plus, pourtant ici tout demeure inchangé. Il déambule, entre mélancolie et ravissement, dans la douceur apaisante des souvenirs et des paysages. Un pèlerinage japonais sur la trace des absentes, au fil des temples, des ruelles et des bars.

Auteur : Olivier Adam, né en 1974, est l'un des auteurs les plus doués de sa génération. Certains de ses romans ont été adaptés au cinéma. Passer l'hiver, Falaises, A l'abri de rien et Des vents contraires.

Photographies : Arnaud Auzouy est né en 1976. Après des études de cinéma, il devient caméraman. Passionné de photographie, il découvre le Japon en 2006. Il y séjourne à plusieurs reprises. Kyoto Limited Express est son premier livre.

Mon avis : (lu en février 2011)
Voilà roman inédit d’Olivier Adam en dialogue avec 76 photos en couleur d’Arnaud Auzouy. Le texte d'Olivier Adam en page de gauche, et les superbes photos d’Arnaud Auzouy en page de droite.
Olivier Adam nous raconte le retour à Kyoto de Simon Steiner. Trois ans auparavant, Simon y a vécu avec sa femme Marie et sa fille Chloé. Mais maintenant, tout est différent : Chloé a disparu avec « ses quatre ans pour toujours » et Marie l'a quitté.
L'écriture est belle, simple, puissante, pleine de poésie. Simon est plein de mélancolie. Les descriptions de Kyoto sont très belles, tout comme les photos qui subliment parfaitement le texte. J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre les pas de Simon pour découvrir la ville de Kyoto magnifique et envoûtante.
J'aime beaucoup l'auteur Olivier Adam et dans ce livre inédit il fait même un petit clin d'œil (page 109) à son dernier livre Un cœur régulier qui se passe également au Japon. Bonne lecture !

Et maintenant, aller voir les avis de Nymphette, Anne, achille49, mrs pepys

Extrait : (début du livre)
Depuis combien de temps suis-je ici ? Des jours, des semaines, des mois. Peu importe. Dans cette ville le temps s'écoule sans forme ni contour, les jours se mêlent jusqu'à se confondre, fluides et désarmés. Il y a trois ans, lors de mon premier séjour ici, dès les premiers instants j'avais été saisi. Un sentiment de familiarité. D'accord immédiat. De Kyoto je n'avais rien découvert. J'avais tout reconnu. Comme si la ville, sa géographie, sa lumière, la texture de l'air, l'écoulement du temps étaient inscrits en moi depuis longtemps, depuis toujours. Parfois, au pied des collines, se devinaient un temple ou un sanctuaire, gardés par des animaux, des esprits, toutes ces créatures qui avaient émerveillé Chloé à l'époque, lui avaient donné l'illusion d'évoluer dans un de ces films qu'elle adorait. Miyazaki, Takahata. Elle entendait respirer les camphriers immenses du Shoren-in, elle touchait leurs racines à fleur de terre et ils lui murmuraient des secrets bien gardés, des trucs d'enfant, merveilleux et un peu mièvres. Je les regardais avec elle et je ne pouvais pas m'empêcher de me dire à mon tour que quelque chose les habitait, aujourd'hui encore assis sur le bois du temple, contemplant l'un d'eux, veillant immense et frissonnant sur le jardin de mousse aux reflets roux, je crois le voir frémir, j'entends battre son cœur, profond et doux, accordé au mien, délivré tant que je le fixe.

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Site d'Arnaud Auzouy

Lecture commune avec Nymphette, Anne, achille49, mrs pepys, Sharon  
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Livre 35/35 pour le Challenge du 5% littéraire1pourcent2010

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Géographie"

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23 février 2011

Indignez-vous ! - Stéphane Hessel

indignez_vous

Indigène - octobre 2010 - 32 pages

Quatrième de couverture :
« 93 ans. La fin n'est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance ! » Quelle chance de pouvoir nous nourrir de l'expérience de ce grand résistant, réchappé des camps de Buchenwald et de Dora, co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l'homme de 1948, élevé à la dignité d'Ambassadeur de France et de Commandeur de la Légion d'honneur !
Pour Stéphane Hessel, le « motif de base de la Résistance, c'était l'indignation. » Certes, les raisons de s'indigner dans le monde complexe d'aujourd'hui peuvent paraître moins nettes qu'au temps du nazisme. Mais « cherchez et vous trouverez » : l'écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l'état de la planète, le traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au toujours plus, à la compétition, la dictature des marchés financiers et jusqu'aux acquis bradés de la Résistance retraites, Sécurité sociale... Pour être efficace, il faut, comme hier, agir en réseau : Attac, Amnesty, la Fédération internationale des Droits de l'homme... en sont la démonstration.
Alors, on peut croire Stéphane Hessel, et lui emboîter le pas, lorsqu'il appelle à une « insurrection pacifique ».       Sylvie Crossman

Auteur : Stéphane Frédéric Hessel, né le 20 octobre 1917 à Berlin, est un diplomate et militant politique français. Combattant de la France libre pendant la Seconde Guerre mondiale, puis déporté à Buchenwald, il a été Secrétaire de la Commission ayant élaboré à l'ONU la Déclaration universelle des droits de l'homme. C'est également un écrivain et poète.

Mon avis : (lu en février 2011)
Ce livre est le best-seller de la fin 2010 et du début 2011, plus de 1 million d'exemplaires de ce livre a été vendu. C'est mon fils de 15 ans qui l'a emprunté à la bibliothèque et me l'a fait lire. J'avais vu et entendu de nombreuses fois Stéphane Hessel nous présenter son livre à la télévision ou à la radio, l'homme est admirable, son discours est clair, posé. Dans son très court texte (14 pages), il est intéressant de découvrir le point de vu d'un homme de 93 ans avec son passé et son vécu. Pour Stéphane Hessel le «motif de base de la Résistance, c’était l’indignation», de nos jours « Les raisons de s'indigner peuvent paraître aujourd'hui moins nettes ou le monde trop complexe. »
Il nous incite à ne pas nous résigner à l'indifférence et à chercher des raisons de nous indigner pour avancer dans la vie. Voilà un beau témoignage plein de vitalité et source d'espoir.
Mais les pages que j'ai trouvé les plus intéressantes sont les deux pages de notes qui complètent très bien le livre et les quelques pages de l'éditrice qui nous raconte la vie longue et passionnante de Stéphane Hessel. Ce livre se lit en à peine un quart d'heure, ce livre étant sans droit d'auteur, on trouve des versions pdf sur la toile.

Extrait :
« Je crois effectivement que la non violence détient l’avenir. La non-violence détient le progrès de l’humanité. La violence ne les détient pas, même si on ne peut éviter la violence et par conséquent la condamner.

Et là, je rejoins Sartre, on ne peut pas condamner les terroristes qui jettent des bombes, on  peut les comprendre. Sartre écrit en 1947 : « Je reconnais que la violence sous quelque forme qu’elle se manifeste est un échec. Mais c’est un échec inévitable parce que nous sommes dans un univers de violence. Et s’il est vrai que le recours à la violence reste la violence qui risque de la perpétuer, il est vrai aussi c’est l’unique moyen de la faire cesser. » A quoi j’ajouterais que la non-violence est un moyen plus sûr de la faire cesser. On ne peut pas soutenir les terroristes comme Sartre l’a fait au nom de ce principe pendant la guerre d’Algérie, ou lors de l’attentat des jeux de Munich, en 1972, commis contre des athlètes israéliens. Ce n’est pas efficace et Sartre lui-même finira par s’interroger à la fin de sa vie sur le sens du terrorisme et à douter de sa raison d’être. Se dire, la violence n’est pas efficace, ça, c’est bien plus important que de savoir si on doit condamner ou pas ceux qui s’y livrent. Le terrorisme n’est pas efficace. Dans la notion d’efficacité, il faut une espérance non violente. S’il existe une espérance violente, c’est dans la poésie de Verlaine : « Que l’espérance est violente » ; pas en politique. A nouveau, je cite Sartre, ses tout derniers mots en mars 1980, à trois semaines de sa mort : « Il faut essayer d’expliquer pourquoi le monde de maintenant, qui est horrible, n’est qu’un moment dans le long développement historique, que l’espoir a toujours été une des forces dominantes des révolutions et des insurrections, et comment je ressens encore l’espoir comme ma conception de l’avenir. »

Il faut comprendre que la violence tourne le dos à l’espoir. Il faut lui préférer l’espérance, l’espérance de la non violence. C’est le chemin que nous devons apprendre à suivre. Aussi bien du côté des oppresseurs que des opprimés, il faut arriver à une négociation pour faire disparaître l’oppression ; c’est ce qui permettra de ne plus avoir de violence terroriste. C’est pourquoi il ne faut pas laisser s’accumuler trop de haine. »

22 février 2011

La chambre des morts – Franck Thilliez

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Le Passage – septembre 2005 – 311 pages

Pocket – juillet 2006 – 341 pages

Quatrième de couverture :
Imaginez... Vous roulez en pleine nuit avec votre meilleur ami, tous feux éteints. Devant vous, un champ d'éoliennes désert. Soudain le choc, d'une violence inouïe. Un corps gît près de votre véhicule. A ses côtés, un sac de sport. Dedans, deux millions d'euros, à portée de la main. Que feriez-vous? Vigo et Sylvain, eux, ont choisi. L'amitié a parfois le goût du sang: désormais le pire de leur cauchemar a un nom... La Bête.

Auteur : Né en 1973 à Annecy, Franck Thilliez est ingénieur en nouvelles technologies. Son premier roman Train d'enfer pour ange rouge (2003) a été nominé au prix Polar SNCF en 2004. Il est également l'auteur de Deuils de miel (2006) et La Forêt des ombres (2006). La Chambre des morts (2005), classé à sa sortie dans la liste des meilleures ventes et salué par la critique, a reçu le prix des lecteurs Quais du Polar 2006. Franck Thilliez vit actuellement dans le Pas-de-Calais.

Mon avis : (lu en février 2011)
C'est pour participer au Rendez-vous de Pimprenelle que j'ai entrepris de lire du Franck Thilliez.
Je n'avais pas été convaincu par ma première expérience avec La forêt des ombres
et j'ai voulu tenter une nouvelle fois l'expérience.
Vigo et Sylvain ont été récemment licenciés, pour se venger, ils sont aller taguer les murs de leur ancienne entreprise, en repartant ils vont faire un dernier trip dans le champ d'éoliennes à grande vitesse et feux éteints. Et c'est le choc ! Ils retrouvent alors près de la voiture, le corps d'un homme et un sac de sport plein de billets de banque. Que faire ? Appeler la police ou se débarrasser du cadavre et garder l'argent ?
En parallèle, non loin de là, le cadavre d'une petite fille, victime d'un enlèvement est retrouvé. Une autre fillette a disparu...
J'ai retrouvé dans cette histoire le côté morbide et sanglant du premier livre lu, malgré cela, j'ai réussi à apprécier cette intrigue en lisant ce livre avec une certaine distance. Je m'explique, j'ai essayé de faire abstraction des passages horribles pour éviter l'écœurement.
Il y a quelques jours, j'ai quand même emprunté à la bibliothèque Le syndrome [E] que je n'ai pas eu le temps de lire avant le Rendez-vous de Pimprenelle, ce sera une de mes futures lectures...

Extrait : (début du livre)
Depuis la nuit dernière, l'odeur avait encore empiré. L'infection ne se contentait plus d'imprégner les draps ou les taies d'oreiller, elle se diluait dans toute la chambre, tenace et nauséeuse. Une fois son tee-shirt ôté, la fillette l'avait écrasé sur son nez avant de nouer les extrémités autour de sa tête. Stratagème inefficace. Malgré la barrière de tissu, les molécules olfactives distribuaient leur poison invisible. Il est des fois où l'on ne peut rien contre plus petit que soi.
A travers les fenêtres verrouillées, l'été déversait une moiteur grasse, les mouches bourdonnaient, agglutinées en losanges émeraude sur un trognon de pomme pourri. De plus en plus, l'enfant se sentait impuissante face aux hordes ailées. Les insectes se multipliaient à une vitesse prodigieuse et fondaient sur le lit, trompes en avant, à chaque fois que la petite relâchait son attention. Bientôt, épuisée, affamée, elle serait forcée de capituler.
Même pas neuf ans et pourtant, déjà, l'envie de mourir.

Prochain Rendez-vous avec Pimprenelle
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Yasmina Khadra

13 février 2011

Tout près le bout du monde – Maud Lethielleux

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Flammarion – novembre 2010 – 509 pages

Quatrième de couverture :
« Moi j'aime bien l'idée du journal. Il paraît que personne ne lira ce que j'écris alors je peux tout dire, c'est pratique, j'aime bien tout dire quand personne ne peut l'entendre. Je sais pas ce que je peux raconter, si je dois dire mon âge et me présenter, par exemple écrire sur la première page « Bonjour, je m'appelle Malo, je viens d'arriver chez Marlène... » ou si je dois parler de ce qu'on fait tous les jours, ou plutôt de mes pensées, de mes rêves ou de mes cauchemars. Je sais pas si je peux parler de Jul et de Solam. Je sais pas si je dois expliquer pourquoi je suis là, toute façon, je suis pas sûr et certain de savoir. »

Auteur : Maud Lethielleux est musicienne et metteur en scène. Elle a parcouru le monde, de l’Asie à la Nouvelle-Zélande. Elle a publié Dis oui Ninon en 2009 et D’où je suis, je vois la lune en 2010.

Mon avis : (lu en février 2010)
« Le bout du monde » est une ferme isolée où Marlène accueille trois jeunes en difficultés.
Il y a Malo, un jeune garçon sensible qui regrette de ne pouvoir vivre à Cynthia, sa mère. Il y a Jul, jeune fille anorexique qui n'arrive pas à oublier son petit ami qui lui a fait du mal. Et enfin, Solam qui déverse toute sa haine sur Marlène.
Jour après jour, ils vont devoir apprendre à vivre ensemble, ils vont se reconstruire et chaque soir, ils se confient en écrivant leur journal. C'est à travers les pages des trois journaux que le lecteur découvre peu à peu les douleurs, puis les transformations de chacun et chacune.
C'est un roman très émouvant qui m'a fait verser quelques larmes. Malo, Jul, Solam et Marlène sont très différents et très attachants.
Ce livre est pour moi un grand coup de cœur !

Extraits : (début des écrits de Malo, Jul et Solam)

Le plus difficile c'est de commencer. Il faut attendre que ça vienne sans se forcer et à un moment, sans qu'on s'en rende compte, ça vient tout seul.
C'est la première fois que j'écris un journal. J'ai essayé une fois à l'époque mais j'ai pas tenu plus de deux jours. Pourtant la patience ça me connaît, mais pas toujours aussi simple qu'on le croit. Il y a des choses qui paraissent simples aux autres, mais quand c'est à nous que ça arrive c'est pas simple du tout. Des fois c'est même compliqué.
Moi j'aime bien l'idée du journal. Il paraît que personne ne lira ce que j'écris alors je peux tout dire, c'est pratique, j'aime bien tout dire quand personne ne peut l'entendre. Je sais pas ce que je peux raconter, si je dois dire mon âge et me présenter, par exemple écrire sur la première page « Bonjour, je m'appelle Malo, je viens d'arriver chez Marlène... » ou si je dois parler de ce qu'on fait tous les jours, ou plutôt de mes pensées, de mes rêves ou de mes cauchemars. Je sais pas si je peux parler de Jul et de Solam. Je sais pas si je dois expliquer pourquoi je suis là, toute façon, je suis pas sûr et certain de savoir.


Ley.
Je vais partir cette nuit, je ne sais pas où exactement. La seule chose dont je suis sûre c'est que tu n'auras pas mon adresse. Ils m'ont fait promettre de ne pas te chercher, ni de t'écrire, j'ai dit oui pour avoir la paix mais tu t'en doutes, je n'en pense pas un mot.
Cette nuit, dans mon rêve je te cherchais. Tu avais disparu. Je courais dans les rues, je demandais où tu étais mais quand je disais ton prénom personne ne réagissait, comme si tu n'existais plus. Même Bidouille était différent. Papillon aussi. Je me suis réveillée en sueur, j'avais mal. J'ai toujours plus mal au réveil, tu sais.
On m'a laissé le choix entre une ferme et une maison au bord de la mer pour les filles comme moi. Quand ils ont dit « comme toi », j'ai fait semblant de ne pas comprendre. J'ai choisi la ferme parce que j'ai aimé son nom : Le bout du monde.
Ils ont besoin de bras, paraît-il, pour les aider à rénover une ruine. J'ai regardé mes bras...


La putrie de ta mort, quand j'y pense ça me débecte de savoir que c'est là qu'on m'a jeté ! T'as voulu que j'écrive ? Tu vas en avoir pour tes yeux, la vioque. Une page minimum que je vais t'arracher et coller à la porte de ta piaule pourrie, vieille meuf tu fais pitié à voir. T'es misérable dans ton pull de vioque, t'es moche à crever. Tu t'en fous des fautes d'orthographe ? Tu vas être gâtée, grognasse, fallait pas me la faire antiscolaire. Comment tu vas regretter ta décision ! J'vais tout niquer ta baraque qui pue la merde. Sur ma vie que tu vas le regretter. Tu veux me connaître, eh ben tu vas me connaître ! Tes champs de bouseux, je vais te labourer avec les dents tellement j'ai la haine. La haine, tu sais ce que ça veut dire ? Ça veut dire que tu vas en baver grave et que dans trois jours tu pleureras ta grand-mère. Qu'est-ce que je dis ? T'es trop vieille pour avoir une grand-mère, t'es carrément trop vieille, c'est pour ça que tu m'as fait venir, t'es pressée de clamser.
Tu veux qu'on écrive et tu fais croire que tu liras pas, tu nous prends pour des débiles, ma parole, on sait comment vous êtes alors tu vois, je te déchire la page et je te la colle sur ta face tordue.

27 janvier 2011

Ils sont notre épouvante vous êtes leur crainte -

Thierry Jonquet (Relecture)

Ils_sont_votre__pouvante Ils_sont_votre__pouvante_et_vous__tes_leur_crainte

Seuil - octobre 2006 - 343 pages

Points - novembre 2007 - 391 pages

Quatrième de couverture :
Département du 9-3, septembre 2005. Anna Doblinsky, une jeune diplômée d'un IUFM, rejoint son premier poste au collège Pierre-de-Ronsard à Certigny. HLM, zone industrielle, trafics de drogue, bagarres entre bandes rivales et influence grandissante des salafistes, le décor n'est pas joyeux.
Dès le premier jour, Anna est brutalement rappelée à sa judéité par des élèves mus par un antisémitisme banal et ordinaire. Lakdar Abdane, un jeune beur particulièrement doué, ne demanderait, lui, pas mieux que d'étudier, mais n'y arrive pas depuis qu'il a perdu l'usage d'une main.
Tout serait-il écrit ? Certes non, mais une fois enclenchées, il est des dynamiques qui ne s'arrêtent pas aisément. Et la mort est au bout.
Commencé bien avant les émeutes des banlieues et le meurtre d'Ilan Halimi, ce roman dit des territoires que la République se doit de reprendre au plus vite à la barbarie.

Auteur : Né à Paris en 1954, auteur de polars, Thierry Jonquet fait figure de référence dans ce genre littéraire et bien au-delà. Engagé politiquement dès son adolescence, il entre à Lutte ouvrière en 1970 sous le pseudonyme de Daumier (caricaturiste du XIXe siècle), puis à la Ligue communiste révolutionnaire l'année de son bac. Après des études de philosophie rapidement avortées et plusieurs petits boulots insolites, un accident de voiture bouleverse sa vie : il devient ergothérapeute et travaille successivement dans un service de gériatrie puis un service de rééducation pour bébés atteints de maladies congénitales, et enfin dans un hôpital psychiatrique où il exerce les fonctions d'instituteur. Inspiré par l'univers de Jean-Patrick Manchette, son premier roman, 'Le Bal des débris', est publié en 1984 bien qu'il ait été écrit quelques années plus tôt. 'Mémoire en cage' paraît en 1982, suivent 'Mygale' (1984), 'La Bête et la belle', 'Les Orpailleurs' (1993), qui confirment le talent de Thierry Jonquet pour le roman au réalisme dur, hanté par la violence et les questions de société. Ainsi, 'Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte', paru en 2006 évoque sans tabous la violence et l'antisémitisme qui sévissent dans certaines banlieues. Thierry Jonquet a également scénarisé plusieurs bandes dessinées parmi lesquelles 'Du papier faisons table rase', dessiné par Jean-Christophe Chauzy. Plébiscité par la critique, l'une des plus élogieuses est signée Tonino Benacquista qui écrit de lui : 'Jonquet sculpte la fiction, c'est le matériau qu'il façonne pour lui donner une âme, le même que celui d'Highsmith ou de Simenon, il est difficile d'en citer beaucoup d'autres.' Alors qu'il venait de publier 'Ad Vitam aeternam', Thierry Jonquet, décède en août 2009, après avoir lutté deux semaines contre la maladie.

Mon avis : (relu en janvier 2011)
Après avoir vu le téléfilm Fracture, réalisé par Alain Tasma avec un scénario d'Emmanuel Carrère d’après le roman de Thierry Jonquet, "Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte", j'ai eu très envie de relire le livre de Thierry Jonquet.

Ce livre est une véritable fresque de la vie d'une petite ville de banlieue du 9-3, Certigny, celle-ci n'existe pas, Thierry Jonquet l'a inventée. Mais elle est criante de vérité : il y a un centre-ville « vieux village » qui côtoie des barres HLM, des jeunes collégiens en échec scolaire, de la drogue, de la prostitution, de la misère...
C'est l'automne 2005, sur fond de conflit social, Thierry Jonquet nous raconte plusieurs histoires entremêlées : celle d'un garçon psychotique, celle d'une guerre de gangs sous la surveillance des policiers et d'un procureur, celle d'une jeune professeur de français débutante et celle de Lakdar, un jeune garçon dont le rêve d'avenir a été brisé...
Anna débute dans l'enseignement, après IUFM, elle a eu un
poste difficile dans un quartier sensible, elle est confrontée à violence ordinaire celles des paroles mais aussi celles des gestes, elle découvre aussi le désespoir de ceux qui ne croient par à l'avenir. Parmi ces élèves elle rencontre Lakdar, il est différent de la majorités des élèves. C'est un jeune garçon que l'on remarque, il est doué, son rêve, c’est de faire de la bande dessinée. Il a du talent, il a gagné un concours organisé par la ville. Malheureusement, après une chute accidentelle et un plâtre trop serré aux urgences sa main droite reste inerte. Lakdar espère que l'on va l’opérer et qu’il pourra de nouveau dessiner. Mais un médecin plus courageux que les autres lui avoue la vérité : son mal est irréversible, il est infirme. Pour Lakdar, c'est le choc, son rêve est brisé. Anna essaie de l’aider pour qu'il apprenne à utiliser sa main gauche. Mais Lakdar est trop mal pour accepter ses paroles d'encouragement. Il n’a plus rien, il ne lui reste que la violence...
C'est roman noir qui dresse un terrible état des lieux des banlieues, le livre a été écrit en 2005 malheureusement il est toujours d'actualité.

Le téléfilm ne montre qu'une partie de l'histoire du livre, il s'attache à l’histoire de Lakdar et à celle d’Anna. L'adaptation est très proche du livre et m'a beaucoup plu.

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La distribution du téléfilm : Fracture d'Alain Tasma diffusé le 30 novembre 2010 sur France 2
Anaïs Demoustier (Anna Kagan), Samy Seghir (Lakdar Abdane), Arianne Ascaride (Seignol), Leïla Bekhti (Zora Abdane), Robin Renucci (Daniel Kagan), Mireille Perrier (Catherine Kagan), Patrick Catalifo (Vidal), Maryline Canto (Sandoval), Laurent Stocker, sociétaire de la Comédie-Française (Darbois), Paul Bartel (Kevin), Barnabé Magou (Moussa), Azdine Keloua (Slimane Abdane) et Djemel Barek (Ali Abdane).

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Déjà lu de Thierry Jonquet :

Ils_sont_votre__pouvante Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte (1ère lecture)

les_orpailleurs_p Les orpailleurs  mon_vieux Mon vieux

du_pass__faisons_table_rase_p Du passé faisons table rase ad_vitam_aeternam_p Ad vitam aeternam

m_moire_en_cage Mémoire en cage  moloch_p Moloch  mygale_p Mygale

le_secret_du_rabin_p Le secret du rabbin  la_belle_et_la_bete_p La Belle et la Bête

le_bal_des_d_bris_2010 Le bal des débris la_vie_de_ma_m_re La vie de ma mère !

26 janvier 2011

Un bon petit diable – La Comtesse de Ségur

Lu dans le cadre de 26_janvier_comtesse_de_s_gur

EC_ill_4 Un_bon_petit_Diable___2090_a_small  un_bon_petit_diable_1975 bon_petit_diable1_1256317979 Un_bon_petit_diable_foliojunior un_bon_petit_diable_1998

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Hachette - 1945

Hachette - 1950

La Bibliothèque rose – janvier 1975 -

Rouge et Or – 1995 – 186 pages

Folio junior – juin 1997 – 257 pages

Nathan – novembre 1998 – 188 pages

Casterman – octobre 2003 – 190 pages

Hachette - août 2006 – 280 pages

Livre de Poche jeunesse – mars 2008 – 381 pages

Rouge et Or – mai 2008 – 186 pages

Folio junior – septembre 2009 – 218 pages

Quatrième de couverture :
Depuis qu'il est orphelin, Charles vit chez sa vieille cousine avare, Madame Mac'Miche, qui ne cesse de le tourmenter. Le jeune garçon lui rend bien sûr la monnaie de sa pièce, mais Juliette, sa jeune cousine aveugle, voudrait qu'il ne se venge pas. Un souhait difficile à exaucer, surtout depuis que Charles a appris que Madame Mac'Miche est en possession d'une grosse somme d'argent laissée pour lui en héritage par son père mourant.

Auteur : Sophie Rostopchine est née à Saint-Petersbourg en 1799. Elle épouse un Français et devient la comtesse de Ségur. Dans un style au charme naïf, au ton alerte et amusant, elle écrit des histoires pour ses petits-enfants. Ses récits, empreints de sentiments simple et touchants, connaissent très vite une grande renommée qui persiste encore de nos jours.

Mon avis : (lu en janvier 2011)
Quelle drôle et bonne idée qu’a eu Pimprenelle de nous proposer de découvrir ou redécouvrir la Comtesse de Ségur ! C’est un auteur que j’ai beaucoup lu lorsque j’étais enfant. J’ai choisi de relire « Un bon petit diable ». C'est l'histoire de Charles un jeune orphelin de 12 ans qui vit en Écosse chez une vieille cousine avare et méchante, Madame Mac'Miche. Pour supporter ce que lui fait subir Madame Mac'Miche, Charles imagine mille et une farces et mauvais tours... Il a le soutient de Betty, la domestique et de sa cousine Juliette, une jeune aveugle de 15 ans, qui vit avec sa sœur dans une maison voisine. Juliette est comme un bon ange auprès du bon petit diable, elle l'encourage à être bon pour éviter les méchancetés de la cousine Mac'Miche.
De mes lectures d'enfance, j'avais gardé surtout les souvenirs des farces du Bon petit diable et de la méchante Madame Mac'Miche, mais j'avais complètement oublié le personnage de Juliette, personnage très touchant.
Cette histoire fait référence également à Charles Dickens (qu'il faudrait que je relise ou lise...), il est question d'orphelin, de maltraitance d'enfant, il y a même quelques fées...

J'ai pris beaucoup de plaisir à relire ce livre à la fois triste et émouvant et j'ai redécouvert également la conclusion de cette histoire.

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Un téléfilm, inspiré de ce livre, a été réalisé par Jean-Claude Brialy en 1983. Alice Sapritch y jouait le rôle de la veuve Mac'Miche.

Une version audio de ce livre est disponible gratuitement : ici

Extrait : (début du livre)
Dans une petite ville d'Écosse, dans la petite rue des Combats, vivait une veuve d'une cinquantaine d'années, Mme Mac'Miche. Elle avait l'air dur et repoussant. Elle ne voyait personne, de peur de se trouver entraînée dans quelque dépense, car elle était d'une avarice extrême. Sa maison était vieille, sale et triste ; elle tricotait un jour dans une chambre du premier étage, simplement, presque misérablement meublée.
Elle jetait de temps en temps un coup d'œil à la fenêtre et paraissait attendre quelqu'un ; après avoir donné divers signes d'impatience, elle s'écria :
«Ce misérable enfant ! Toujours en retard ! Détestable sujet ! Il finira par la prison et la corde, si je ne parviens à le corriger ! »
A peine avait-elle achevé ces mots que la porte vitrée qui faisait face à la croisée s'ouvrit ; un jeune garçon de douze ans entra et s'arrêta devant le regard courroucé de la femme. Il y avait, dans la physionomie et dans toute l'attitude de l'enfant, un mélange prononcé de crainte et de décision.
Madame Mac'Miche : -D'où viens-tu ? Pourquoi rentres-tu si tard, paresseux ?
Charles : -Ma cousine, j'ai été retenu un quart d'heure par Juliette, qui m'a demandé de la ramener chez elle parce qu'elle s'ennuyait chez M. le juge de paix.
Madame Mac'Miche : -Quel besoin avais-tu de la ramener ? Quelqu'un de chez le juge de paix ne pouvait-il s'en charger ?
Tu fais toujours l'aimable, l'officieux ; tu sais pourtant que j'ai besoin de toi. Mais tu t'en repentiras, mauvais garnement ! ... Suis-moi.»
Charles, combattu entre le désir de résister à sa cousine et la crainte qu'elle lui inspirait, hésita un instant, la cousine se retourna, et, le voyant encore immobile, elle le saisit par l'oreille et l'entraîna vers un cabinet noir dans lequel elle le poussa violemment.
«Une heure de cabinet et du pain et de l'eau pour dîner ! et une autre fois ce sera bien autre chose.
-Méchante femme ! Détestable femme ! marmotta Charles dès qu'elle eut fermé la porte. Je la déteste ! Elle me rend si malheureux, que j'aimerais mieux être aveugle comme Juliette que de vivre chez cette méchante créature... Une heure ! ... C'est amusant ! ... Mais aussi je ne lui ferai pas la lecture pendant ce temps ; elle s'ennuiera, elle n'aura pas la fin de Nicolas Nickleby, que je lui ai commencé ce matin ! C'est bien fait ! J'en suis très content.»
Charles passa un quart d'heure de satisfaction avec l'agréable pensée de l'ennui de sa cousine, mais il finit par s'ennuyer aussi.
«Si je pouvais m'échapper ! pensa-t-il. Mais par où ? comment ? La porte est trop solidement fermée ! Pas moyen de l'ouvrir... Essayons pourtant...»
Charles essaya, mais il eut beau pousser, il ne parvint seulement pas à l'ébranler.

Prochain rendez-vous avec Pimprenelle 22f_v_thilliez

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