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A propos de livres...

9 décembre 2010

La mort à marée basse - Pieter Aspe

Lu dans le cadre du partenariat  Livraddict et Albin Michel

la_mort___mar_e_basse Albin-Michel – novembre 2010 – 300 pages

traduit du néerlandais par Emmanuèle Sandron et Marie Belina- Podgaetsky

Quatrième de couverture :
Imaginez un cadavre dont seule la tête dépasse du sable. Chargé de l'enquête, le commissaire Van In, malgré ses protestations véhémentes, se voit adjoindre d'office un inspecteur de la police judiciaire. Mais l'attitude de l'homme est curieuse. Aurait-il intérêt à faire capoter l'affaire ? Trafic de contrefaçons, justice et police corrompues, les turpitudes de la Belgique n'ont pas de secrets pour l'incorruptible flic de Bruges aux méthodes peu orthodoxes mais diablement efficaces.

Auteur : Pieter Aspe (nom de plume de Pierre Aspeslag) est un écrivain belge de langue néerlandaise, né à Bruges le 3 avril 1953. Pieter Aspe est devenu célèbre grâce à la série des enquêtes du commissaire Van In. Celles-ci mettent en scène les sympathiques policiers Pieter Van In, Guido Versavel et la substitute Hannelore Martens. La plupart des histoires se déroulent à Bruges et sont l'occasion de découvrir la ville, ses arcanes et sa vie sociale.

Mon avis : (lu en décembre 2010)
C’est la première fois que je lisais cet auteur et que je découvrais le commissaire Van In et son équipe. Ce livre est la septième enquête  du commissaire Van In, il a été publié en Belgique flamande en 2000.

Cela commence par une jeune femme séquestrée qui subit les agressions sexuelles d'un personnage dont on ne connait pas l'identité. Puis une jeune fille, Miriam Dobbelaere, vient porter plainte pour un viol, son père, huissier de justice faisant partie des notables de la cité, a une réaction inhabituelle... Il est en colère contre sa fille et également contre les policiers. Il refuse que sa fille porte plainte. Miriam refuse également l'examen gynécologique. En parallèle, un cadavre dont seule la tête dépasse du sable est retrouvé à marée basse  sur la plage de Zeebrugge. Le commissaire Van In, aidé par l’inspecteur Guido Versavel et par sa femme la juge d’instruction Hannelaure Martens, va résoudre ces enquêtes à sa façon.
Les personnages du commissaire Van In, de sa femme Hannelaure et de l'équipe des enquêteurs sont plutôt attachants. Un commissaire est acharné à venir à bout de son enquête par tous les moyens, il a cependant ses faiblesses : il a tendance à boire facilement et il n’est pas indifférent aux belles femmes, mais il est également attendrissant en présence de ses deux jumeaux. Avec ce livre, on découvre aussi un peu la ville de Bruges et pour cette enquête Van In ira jusqu'à  Rome. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ce roman policier et j’ai été contente de découvrir ce nouveau commissaire qui m’a fait penser au Commissaire Adamsberg de Fred Vargas ou au Commissaire Erlendur d’Arnaldur Indridasson.

Merci à Livraddict et Albin Michel de m’avoir permis de découvrir ce livre.

Extrait : (page 15)
Malgré les nuages noirs qui voilaient la lune par intermittence et les annonces de monsieur Météo, la température n’avait pas baissé d’un degré dans le centre de Bruges. Accompagné en sourdine par le clapotis de la fontaine, un bourdonnement joyeux montait des terrasses bondées du Zand, conférant aux lieux un petit air de vacances à Saint-Trop’. Patrouillant au pas autour de la place, un véhicule barré d’une ligne bleue rappelait aux noctambules que la police veillait au grain.
« Je n’aurais rien contre un peu d’action, soupira l’un des deux agents.
- Tu ferais mieux de demander ta mutation à Bruxelles, se moqua l’autre. D’ici à ce que le crime coure le long des canaux, les poules auront des dents.
- On rentre au bercail ?
- Affirmatif. »
La voiture obliqua dans la rue des Siliques. Les taches rouges de ses feux arrière se délayèrent dans l’obscurité, halos tremblotants sur toile impressionniste : Bruges, Belle de nuit.
Au même moment, une jeune fille de dix-sept, dix-huit ans gagnait en chancelant la sortie d’un bar branché de la place. Parvenue sur le trottoir, elle apostropha le jeune homme qui l’accompagnait.
« Ce que tu peux être rabat-joie, Steven ! La soirée commençait à peine !
- Tu ferais mieux de rentrer, Miriam.
- Je vois pas pourquoi.
- Tu es bourrée !

- Qui ça, moi ?! » susurra-t-elle, les lèvres entrouvertes sur un sourire aguicheur.
Elle lui coula un de ces regards brillants de promesses qui auraient fait tourner la tête à plus d’un.
« Je te raccompagne un bout de chemin ? »
La jeune fille se rembrunit. Steven s’avança vers elle et posa timidement le bras sur son épaule.
« C’est gentil, mais je n’ai pas besoin de baby-sitter.
- On se voit demain, alors ?

- Peut-être… »

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Belgique

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7 décembre 2010

La malédiction des Colombes - Louise Erdrich

la_mal_diction_des_colombes Albin Michel – août 2010 - 496 pages

traduit de l’américain par Isabelle Reinharez

Quatrième de couverture :
"L’homme répara le fusil et la balle glissa en douceur dans la chambre. Il l’essaya plusieurs fois, puis se leva et se tint au-dessus du berceau... L’homme épaula le fusil. Autour de lui, dans la pièce close, l’odeur du sang frais montait de toute part."

Considérée comme l’une des grandes voix de la littérature américaine contemporaine, Louise Erdrich bâtit, livre après livre, une œuvre polyphonique à nulle autre pareille. Dans ce roman riche et dense, elle remonte le fil de l’histoire collective et individuelle, explore le poids de la culpabilité et le prix de l’innocence.

Depuis toujours, la petite ville de Pluto, Dakota du Nord, vit sous "la malédiction des colombes" : les oiseaux dévorent ses maigres récoltes comme le passé dévore le présent. Nous sommes en 1966 et le souvenir de quatre innocents lynchés cinquante ans auparavant hante toujours les esprits. En écoutant les récits de son grand-père indien qui fut témoin du drame, Evelina, une adolescente pleine d’insouciance, prend conscience de la réalité et de l’injustice…

Auteur :  Karen Louis Erdrich est née le 7 juillet 1954 à Little Falls, dans le Minnesota, d'une mère ojibura (famille des Chippewa), donc amérindienne, et d'un père germano-américain. Elle grandit dans le Dakota du Nord, aux États-Unis, où ses parents travaillaient au Bureau des Affaires Indiennes.
Elle rencontra Michael Dorris, un autre auteur de la Renaissance amérindienne, au Dartmouth College, où ils enseignaient tous les deux, et ils se marièrent en 1981. Elle adopta les trois enfants de Michael, Reynold Abel, Jeffrey Sava et Madeline Hannal, et le couple en eut trois autres, Persi Andromeda, Pallas Antigone et Aza Marion. Ce couple était aussi uni dans le travail et chacun contribua au travail de l'autre. Ils écrivirent même ensemble sous le pseudonyme de Milou North.
Elle vit désormais dans le Minnesorta avec ses filles et est la propriétaire d'une petite librairie indépendante appelée Birchbark Books, "birchbark" signifiant "écorce de bouleau" en anglais.
Le premier livre qu'elle publie est un recueil de poèmes intitulé Jacklight. Elle obtient le prix du Meilleur roman décerné en 1985 par le Los Angeles Times. Son oeuvre se distingue par sa prose lyrique, le thème récurrent de la magie et les personnages Indiens.

Mon avis : (lu en décembre 2010)

J'ai découvert avec bonheur Louise Erdrich avec son livre « La Chorale des Maîtres Bouchers ». J'avais donc hâte de découvrir ce livre d'autant que j'ai eu l'occasion de voir l'interview de Louise Erdrich à La Grande Librairie et qu’elle m'a beaucoup plu. C'est grâce à ce livre, que j'ai découvert l'origine amérindienne de Louise Erdrich.

L'histoire se déroule autour d'une réserve indienne du Dakota du Nord et de la petite ville voisine de Pluto  qui vit sous « la malédiction des colombes » : les oiseaux dévorent ses  récoltes.

L'auteur nous raconte la vie de plusieurs personnages, Evelina, le juge Coutts, le prédicateur Billy et sa femme Marn et enfin le Docteur Cordelia. A travers toutes ces voix et les péripéties qu'elles nous racontent, le lecteur découvre  la grande Histoire de Pluto, ce village peuplé d'indiens et de métisses issus de quatre anciennes familles (Milk, Harp, Peace, Coutts). Un drame a eu lieu dans le village des années auparavant et il a marqué très fortement ses habitants : une famille du village a été assassinée et des indiens présumés coupables ont été injustement lynchés.
Dans ce livre, nous croisons de nombreux  personnages, sur plusieurs générations, on pourrait un peu s'y perdre, mais l'auteur nous offre à la fin du livre une généalogie des personnages.

Louise Erdrich sait parfaitement raconter des histoires et le lecteur est plongé avec un total dépaysement dans la vie de cette réserve indienne où la nature fait partie intégrante de la vie de tous. De nombreux sujets sont abordés comme le racisme vis-à-vis des indiens, les sectes religieuses, l’homosexualité, la délinquance, la drogue… J’ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir, d’émotions et également de rire.

Extrait : (début du livre)
Le fusil s'enraya après le dernier coup de feu et le bébé resta debout, cramponné aux bords du berceau, les yeux fous, hurlant à pleins poumons. L'homme s'assit dans un fauteuil capitonné et se mit à démonter son arme pour voir pourquoi elle ne tirait pas. Les cris du bébé lui mettaient les nerfs en boule. Il posa le fusil et des yeux chercha un marteau, mais aperçut le gramophone. Il s'en approcha. Il y avait déjà un disque sur le plateau, alors il tourna la manivelle et abaissa l'aiguille. Il se rassit dans le fauteuil et reprit son travail tandis que la musique inondait la pièce. Le bébé se calma. Un mystérieux solo de violon, au milieu du disque, força l'homme à s'arrêter, les pièces du fusil en main. Il se leva quand la musique s'arrêta, remonta le gramophone et remit l'enregistrement. Et cela, par trois fois. Le bébé s'endormit. L'homme répara le fusil et la balle glissa en douceur dans la chambre. Il l'essaya plusieurs fois, puis se leva et se tint au-dessus du berceau. Le violon atteignit un crescendo d'une étrange douceur. L'homme épaula le fusil. Autour de lui, dans la pièce close, l'odeur de sang frais montait de toutes parts.   

En 1896, mon grand-oncle, l'un des premiers prêtres catholiques de sang indien, lança un appel à ses paroissiens pour qu'ils se retrouvent à l'église St. Joseph le cou ceint d'un scapulaire et munis de leur missel. De là, ils iraient parcourir les champs en un long rang ondoyant, et à chaque pas chasseraient les colombes à coups de bruyantes prières. Ses ouailles s'étaient mises à la charrue et cultivaient la terre aux côtés des pionniers allemands et norvégiens. Ces gens-là, contrairement aux Français qui se mêlaient à mes ancêtres, montraient très peu d'intérêt pour les femmes indiennes et ne se mariaient pas avec elles. À vrai dire, les Norvégiens ignoraient tout le monde sauf les leurs, et entretenaient un véritable esprit de clan. Mais les colombes dévoraient leurs récoltes tout autant.   

Quand les oiseaux arrivèrent en masse, Indiens et Blancs allumèrent de grands feux et s'efforcèrent de les rabattre dans des filets. Les colombes picorèrent les semis de blé, le seigle, et commencèrent à s'attaquer au maïs. Elles dévorèrent les pousses des fleurs nouvelles, les bourgeons des pommiers, les feuilles rudes des chênes et même la balle de l'année passée. Les colombes étaient dodues, et délicieuses fumées, mais on pouvait tordre le cou à des centaines ou des milliers d'entre elles sans obtenir de diminution visible de leur nombre. Les maisons de perches et de torchis des Metis et les cabanes en écorce des Indiens s'affaissaient sous le poids des oiseaux. Qui étaient rôtis, brûlés vifs, apprêtés en tourtes, en ragoûts, mis au sel dans des tonneaux, ou assommés à coups de bâtons et laissés là à pourrir. Mais ceux qui étaient morts ne faisaient rien d'autre que nourrir les vivants, et chaque matin quand les gens s'éveillaient c'était au bruit des grattements et des battements d'ailes, des susurrations murmurantes, de l'affreux babil roucoulant, et à la vue, pour ceux dont les carreaux étaient encore intacts, des douces et curieuses têtes de ces animaux.   

Mon grand-oncle avait hâtivement fabriqué des treillis de branchages pour protéger les vitres de ce qu'on appelait, pompeusement, le presbytère. Dans un coin de cette cabane d'une seule pièce, son frère cadet, qu'il avait sauvé d'une vie de liberté excessive, dormait sur un grabat de branches de sapin et un matelas bourré d'herbe. C'était le lit le plus moelleux dans lequel il ait jamais couché, et le jeune garçon ne voulait pas le quitter, mais mon grand-oncle lui jeta des habits d'enfant de choeur et lui dit de briquer le chandelier qu'il porterait dans la procession. 

Livre 29/35 pour le Challenge du 5% littéraire 1pourcent2010

Lu dans le cadre du challenge_100_ans_article_300x225

6 décembre 2010

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [6]

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C'est le jour du rendez-vous proposé par Mallou

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

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Le cimetière des bateaux sans nom - Arturo Pérez-Reverte
Le chuchoteur - Donato Carrisi

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

La malédiction des colombes - Louise Erdrich

Que lirai-je cette semaine ?

Voici les livres que j'ai "prêt à lire" dans ma PAL...

La mort à marée basse - Pieter Aspe (partenariat Livraddict et Albin Michel)
Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants - Mathias Enard
Quatre jours avant Noël - Donald Harstad
Magasin Général : Ernest Latulippe (tome 6) - Régis Loisel et Jean-Louis Tripp

Bonne semaine et à lundi prochain !

4 décembre 2010

Le Chuchoteur – Donato Carrisi

le_chuchoteur Calmann-Lévy – mai 2010 – 440 pages

traduit de l'italien par Anaïs Bokobza


Quatrième de couverture :

Cinq petites filles ont disparu.
Cinq petites fosses ont été creusées dans la clairière.
Au fond de chacune, un petit bras, le gauche.

Depuis qu’ils enquêtent sur les rapts des fillettes, le criminologue Goran Gavila et son équipe d’agents spéciaux ont l’impression d’être manipulés. Chaque découverte macabre, chaque indice les mènent à des assassins différents. La découverte d’un sixième bras, dans la clairière, appartenant à une victime inconnue, les convainc d’appeler en renfort Mila Vasquez, experte dans les affaires d’enlèvement. Dans le huis clos d’un appartement spartiate converti en QG, Gavila et ses agents vont échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire : tous les meurtres sont liés, le vrai coupable est ailleurs.
Quand on tue des enfants, Dieu se tait, et le diable murmure…

Un époustouflant thriller littéraire,
inspiré de faits réels.

Auteur : Né en 1973, Donato Carrisi est l’auteur d’une thèse sur Luigi Chiatti, le « monstre de Foligno », un tueur en série italien. Juriste de formation, spécialisé en criminologie et sciences du comportement, il délaisse la pratique du droit en 1999 pour se tourner vers l’écriture de scénarios. Le Chuchoteur, son premier roman, vendu à plus de 200 000 exemplaires en Italie, est en cours de traduction dans douze pays et a déjà remporté quatre prix littéraires.

Mon avis : (lu en décembre 2010)
Tout commence avec la disparition cinq de fillettes. On découvre dans une clairière six bras gauches. Puis progressivement, les corps réapparaissent un par un. C'est le mode opératoire d'un tueur en série et la découverte de chacun des corps mène les enquêteurs sur la piste d'autres crimes. Qui est la sixième fillette ? Vit-elle encore ? L'enquête est menée par le criminologue Goran Gavila assisté de Mila Vasquez experte dans les affaires d'enlèvement d'enfants.
L'histoire est très bien construite, l'intrigue est complexe, prenante, et les personnages centraux de Goran et Mila sont très intéressants, il y a des rebondissements jusqu'au bout.
L'histoire est inspirée de faits réels et l'auteur a une formation de criminologue. Les méthodes d'investigation sont décrites avec beaucoup de précision et de réalisme. L'ambiance est lourde, perverse rarement glauque. La conclusion m'a scotchée, je ne m'y attendais pas du tout. Voilà un très bon thriller qui nous embarque du début à la fin. A découvrir !

Extrait : (page 9)

Quelque part dans les alentours de W., 5 février.

Le grand papillon l’emportait, se fiant à sa mémoire pour se déplacer dans la nuit. Il faisait vibrer ses larges ailes poussiéreuses, évitant les pièges des montagnes, aussi calmes que des géants endormis épaule contre épaule.
Au-dessus d’eux, un ciel de velours. En des sous, le bois. Très dense.
Le pilote se tourna vers le passager et indiqua devant lui un énorme trou blanc au sol, semblable au cratère lumineux d’un volcan.
L’hélicoptère vira dans cette direction.
Ils atterrirent au bout de sept minutes sur l’accotement de la nationale. La route était fermée et la zone occupée par la police. Un homme en costume bleu vint accueillir le passager jusque sous les hélices, retenant avec peine sa cravate.
– Bienvenue, professeur, nous vous attendions, dit- il à haute voix pour couvrir le bruit des rotors.
Goran Gavila ne répondit pas.
L’agent spécial Stern continua :
– Venez, je vous expliquerai en chemin.
Ils s’engagèrent sur un sentier accidenté, laissant derrière eux le bruit de l’hélicoptère qui reprenait de l’altitude, aspiré par le ciel d’encre.
La brume glissait comme un suaire, dévoilant le profil des collines. Autour, les parfums mélangés du bois étaient adoucis par l’humidité de la nuit qui remontait le long des vêtements, glissait froidement sur la peau.
– Cela n’a pas été simple, je vous assure : il faut que vous voyiez de vos propres yeux.
L’agent Stern précédait Goran de quelques pas, en se frayant un chemin parmi les arbustes, tout en lui parlant sans le regarder.
– Tout a commencé ce matin, vers onze heures. Deux jeunes garçons parcourent le sentier avec leur chien. Ils entrent dans le bois, escaladent la col line et débouchent dans la clairière. Le chien est un labrador et, vous savez, ils aiment creuser, ces chiens- là… Bref, l’animal devient comme fou parce qu’il a flairé quelque chose. Il creuse un trou. Et voilà qu’apparaît le premier. Goran se concentrait pour le suivre, tandis qu’ils s’enfonçaient dans la végétation de plus en plus touffue le long de la pente progressivement plus raide. Il remarqua que le pantalon de Stern était légèrement déchiré à la hauteur du genou, signe qu’il avait déjà fait le trajet plusieurs fois cette nuit- là.
– Évidemment, les jeunes garçons s’enfuient immédiatement et préviennent la police locale, continua l’agent. Ils arrivent, examinent les lieux, les reliefs, ils cherchent des indices. Bref : la routine. Puis quelqu’un a l’idée de continuer à creuser, pour voir s’il y a autre chose… et voilà que le deuxième apparaît ! Là, ils nous ont appelés : on est ici depuis trois heures du matin. Nous ne savons pas encore combien il y en a, là- dessous. Voilà, nous sommes arrivés…
Devant eux s’ouvrit une petite clairière éclairée par des projecteurs – la gorge de feu du volcan. Soudain, les parfums du bois s’évanouirent et tous deux furent assaillis par une odeur âcre caractéristique. Goran leva la tête, se laissant envahir : acide phénique.
Et il vit.
Un cercle de petites fosses. Et une trentaine d’hommes en combinaison blanche qui creusaient dans cette lumière halogène et martienne, munis de petites pelles et de pinceaux pour enlever délicatement la terre. Certains passaient l’herbe au crible, d’autres photographiaient et cataloguaient chaque pièce avec soin. Leurs gestes étaient précis, calibrés, hypnotiques, enveloppés dans un silence sacré, violé de temps à autre par les petites explosions des flashes.

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Italie

2 décembre 2010

Le cimetière des bateaux sans nom – Arturo Pérez-Reverte

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (26/26)
Challenge terminé !

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Seuil – mars 2001 – 568 pages

Points – mai 2004 – 568 pages

Succès du livre éditions - juin 2008

traduit de l'espagnol par François Maspero

Quatrième de couverture :
Un marin exilé de la mer follement épris d'une femme dangereuse et belle. Un brigantin englouti depuis plus de deux siècles dans la pénombre verte de la Méditerranée. Une ancienne carte nautique qui n'en finit pas de révéler ses énigmes. Un secret dont les bribes éparpillées dans les liasses jaunies des bibliothèques et des musées excite la convoitise de chasseurs d'épaves sans scrupules. Et une fabuleuse histoire d'amour et d'aventure dont l'inoubliable héroïne est la mer. De Melville à Stevenson, de Conrad à Patrick O'Brian, c'est toute la grande littérature de la mer qui revit dans les pages de ce fascinant et merveilleux roman, comme un hymne à l'or magique des rêves et une métaphore de la part d'ombre tapie en chacun de nous.

Auteur : Arturo Pérez- Reverte est né à Cartagena, Espagne, en 1951. Licencié en Sciences politiques et en journalisme, il a travaillé longtemps comme grand reporter et correspondant de guerre pour la télévision espagnole, notamment pendant la crise du Golfe et en Bosnie. Le Cimetière des bateaux sans nom est le cinquième grand roman d'Arturo Pérez- Reverte (après Le Tableau du maître flamand, Le Maître d'escrime, Club Dumas et La Peau du tambour), tous des succès mondiaux dont plu-sieurs ont été portés à l'écran. Il partage aujourd'hui sa vie entre l'écriture et sa passion pour la mer et la navigation.

Mon avis : (relu en novembre 2010)
Coy est un marin sans bateau. Lors d’une vente aux enchères il croise Tanger Soto, une femme troublante dont il tombe amoureux. Tanger Soto travaille au musée de la Marine de Madrid. Elle vient d’acquérir l’Atlas maritime des côtes d’Espagne d’Urrutia Salcedo datant de 1767. Elle va entraîner Coy à la recherche d’un vieux brigantin englouti, le Dei Gloria, qui aurait coulé aux larges des côtes espagnoles plus de deux siècles auparavant. Nous allons d’abord suivre la piste du Dei Gloria à travers les bibliothèques et les archives marines. Puis la recherche se poursuivra dans les eaux de la Méditerranée. Les relations entre Coy et Tanger sont mystérieuses et ambigües... Sans oublier qu’ils ne sont pas les seuls dur la piste du brigantin englouti…

L'auteur nous dépeint avec beaucoup de justesse ces deux personnages principaux et à travers de superbes descriptions, il rend hommage à la Méditerranée. Le lecteur est conquis par une ambiance et une atmosphère digne de Jules Verne. Ce livre est un vrai jeu de piste, qui nous parle de cartes, de trésor, de corsaires et de mer et de marins... J'ai relu ce livre avec beaucoup de plaisir !

Extrait : (début du livre)
Observons la nuit. Elle est presque parfaite, l'étoile Polaire est visible à sa place exacte, à droite de la ligne formée par Merak et Dubhé, en multipliant par cinq la distance qui les sépare. La Polaire va rester au même endroit durant les vingt mille prochaines années ; et tous les navigateurs qui la contempleront éprouveront du réconfort en la voyant là-haut, car il est bon que demeure ainsi quelque part un repère immuable, quand les gens ont besoin de tracer des routes sur une carte marine ou sur le paysage confus d'une vie. Si nous continuons à prêter attention aux étoiles, nous trouverons sans difficulté Orion, puis Persée, puis les Pléiades. C'est facile parce que la nuit est limpide, il n'y a pas de nuages ; pas même un souffle de brise. Le vent de suroît est tombé au coucher du soleil, et le bassin est un miroir noir qui reflète les grues du port, les châteaux éclairés sur les montagnes, et les feux – vert à gauche et rouge à droite – des phares de San Pedro et de Navidad.

Approchons-nous maintenant de l'homme. Il est immobile, appuyé sur le faîte du rempart. Il regarde le ciel, qui s'annonce plus sombre vers l'est, et il pense que demain soufflera le vent d'est et qu'il fera grossir la houle. Il semble aussi sourire, d'une manière étrange ; quelqu'un qui pourrait voir son visage éclairé d'en bas par les lueurs du port conclurait qu'il existe des sourires meilleurs que celui-là : chargés de plus d'espoir et de moins d'amertume. Mais nous nous n'en connaissons pas la cause.

Livre lu dans le cadre du logo_challenge_ABC- (26/26)
Challenge terminé !

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Espagne

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30 novembre 2010

Ce soir, à la télé...

Pour les "fans" de Thierry Jonquet...

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Sur France 2 à 20h35 : Fracture, un film d’Alain Tasma  (déconseillé aux moins de 10 ans) 

Le destin d’un adolescent de banlieue, un conte cruel de la jeunesse
Scénario de Emmanuel Carrère.
D’après le roman de Thierry Jonquet, "Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte".

Puis à 22h30 : Débat "Profs en banlieue", animé par Christophe Hondelatte.

Plus d'infos : ici

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29 novembre 2010

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [5]

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C'est le jour du rendez-vous proposé par Mallou

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

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Quinze ans après - Fanfan 2 - Alexandre Jardin (partenariat Blog-O-Book - Livre de Poche)
Sanctuaires ardents - Katherine Mosby
Composition française - Mona Ouzouf (partenariat Livraddict - Folio)

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Le cimetière des bateaux sans nom - Arturo Pérez-Reverte

Que lirai-je cette semaine ?

Voici les livres que j'ai "prêt à lire" dans ma PAL...

La malédiction des colombes - Louise Erdrich
Le chuchoteur - Donato Carrisi
Quatre jours avant Noël - Donald Harstad



Bonne semaine et à lundi prochain !

28 novembre 2010

Composition française : Retour sur une enfance bretonne - Mona Ozouf

Lu dans le cadre du partenariat  Livraddict et Folio

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Gallimard – mars 2009 – 258 pages

Folio – octobre 2010 – 269 pages

Quatrième de couverture :
La France a toujours vécu d'une tension entre l'esprit national et le génie des pays qui la composent, entre l'universel et le particulier. Mona Ozouf se souvient l'avoir ressentie et intériorisée au cours d'une enfance bretonne. Dans un territoire exigu et clos, entre école, église et maison, il fallait vivre avec trois lots de croyances disparates, souvent antagonistes. A la maison, tout parlait de l'appartenance à la Bretagne ? L'école, elle, au nom de l'universelle patrie des droits de l'homme professait l'indifférence aux identités locales. Quant à l'Eglise, la foi qu'elle enseignait contredisait celle de l'école comme celle de la maison. En faisant revivre ces croyances désaccordées, Mona Ozouf retrouve des questions qui n'ont rien perdu de leur acuité. Pourquoi la France s'est-elle montrée aussi rétive à accepter une pluralité toujours ressentie comme une menace ? Faut-il nécessairement opposer un républicanisme passionnément attaché à l'universel et des particularismes invariablement jugés rétrogrades ? A quelles conditions combiner les attachements particuliers et l'exigence de l'universel ? En d'autres termes, comment vivre heureusement la " composition française " ?

Auteur : Née en 1931, Mona Ozouf est agrégée de philosophie et directeur de recherche au CNRS. Elle est l'auteur de nombreux ouvrages sur la Révolution française, la République et la littérature, notamment La fête révolutionnaire (1976), Les mots des femmes (1995), Les aveux du roman (2001), Varennes (2005) et Composition française (2009).

Mon avis : (lu en novembre 2010)
Ce livre, sous titré « Retour sur une enfance bretonne », est un essai sur l'identité française et l'identité bretonne. En nous racontant son enfance bretonne dans les années 30, Mona Ozouf évoque sa famille sa mère et sa grand-mère bretonnante, son père qui a appris le breton et qui milite pour sa sauvegarde. En parallèle, elle raconte ses années à l'école de la République où les langues régionales sont proscrites, elle ira à l'école communale à Plouha, puis au collège à Saint-Brieuc et finira ses études à Rennes en hypokhâgne.
Née en 1931, Mona Sohier est la fille unique de deux instituteurs, qui militent pour la cause bretonne. Son père « était né du côté de la Bretagne qui devait devenir pour lui le mauvais côté, celui où on ne parle pas breton. » Il est devenu très bretonnant et militant après son passage à l'École Normale « foyer d'impérialisme français ». Mais il meurt brutalement alors que Mona n'a que 4 ans. Sa mère veuve à 28 ans, et institutrice s’installe avec Mona à Plouha, un bourg des Côtes du Nord, elle y devient directrice d’école, en poursuivant le combat de son mari. Sa grand-mère est venue les rejoindre à Plouha. Elle vient d'une famille de paysans du Finistère, « elle avait dix ans déjà au moment de la loi Ferry sur l'obligation scolaire, et elle ne devait apprendre à lire et à écrire que fort tard, mue par ce sentiment de dignité qui ne la quittait jamais, pour ne pas livrer à l'écrivain public du bourg ses lettres au jeune mari embarqué sur le Furieux ou sur l'Isly. » Elle porte la coiffe et parle le breton, elle est la « figure tutélaire de mon enfance qui nourrit, console, rassure, l’image même de la sécurité pour moi que la peur domine ».
Mona vit entre l'école et la maison, elle lit beaucoup et éprouve « une connivence fraternelle avec ces jeunes héros François Seurel et Augustin Meaulnes pour qui l’enfermement dans l’école sert de tremplin à l’imagination ». Ainsi, elle découvre les mille visages de la Bretagne grâce aux livres de la bibliothèque militante de son père.
Elle a toujours aimé l'école. Mais c'est un univers à l'opposé de la maison : la langue bretonne n’existe pas et l'on n'évoque jamais les particularités de la région. « À l’école, c’est la France et non la Bretagne qu’il fallait apprendre ».
A l'âge de raison, sa grand-mère va lui faire découvrir un troisième univers : l’Église à travers le catéchisme, elle va y être montré du doigt car elle vient de l’école laïque, « Skol an diaoul », l’école du diable.
« Au terme de ces années enfantines à Plouha, il y avait bien trois mondes séparés. Fallait-il vivre inégaux et dissemblables, comme l'Église le donnait à penser ? Ou bien égaux et semblables, égaux parce que semblables, comme l'enseignait l'école ? Ou encore égaux et dissemblables, égaux pour faire valoir nos dissemblances, comme le professait la maison ? Un écheveau de perplexités que je ne suis toujours pas sûre de débrouiller aujourd'hui. »
Ce livre est très riche en information, il m'a appris beaucoup sur la vie quotidienne en Bretagne des années 1870 aux années 50. Moi-même aimant beaucoup la Bretagne, j'ai trouvé cela très intéressant. La partie finale est plus historique et théorique, je l'ai trouvé plus difficile à lire.

Merci à Livraddict et aux éditions Folio de m'avoir permis de découvrir ce livre.

Extrait : (page 47)
Elle est le plus souvent debout, entre l'évier et le fourneau de la cuisine, la louche du café à la main, ajoutant ou ôtant une rondelle de fonte au gré des plats qu'elle prépare, tournant la pâte à crêpes, raclant du chocolat sur les tartines du «quatre-heures», baignée dans la lumière d'ouest qui vient de la fenêtre. Je l'ai si souvent dessinée que l'image est nette: elle se tient aussi droite que l'arthrose le lui permet, enveloppée dans d'immuables jupes noires et jamais sans sa coiffe. L'attacher est son premier geste du matin, bien avant l'éveil de la maisonnée: quelle honte, si le facteur venait à la surprendre «en cheveux»! Je ne la verrai ainsi que sur son lit d'agonisante. Son souci constant est la dignité - nul ne songerait du reste à la lui contester. Sa règle morale essentielle est de ne jamais se mettre dans une situation telle qu'on puisse en avoir honte. «Gand ar vez», «avec la honte», est l'expression qui pour elle englobe tout ce qu'il est inconvenant de faire et même de penser.

Elle est la reine de la maison, pleinement consciente de sa souveraineté; convaincue que si on n'a pas grand-chose à opposer au malheur, du moins l'honneur des femmes est d'adoucir la vie avec des gestes simples, proposer le réconfort d'une tranche de «pastéchou» ou d'une tasse de café. «Du café vous aurez?», c'est la phrase rituelle quand survient une visite, et la cafetière émaillée à fleurs ne quitte pas le coin de la cuisinière. Telle est la figure tutélaire de mon enfance, qui nourrit, soigne, console, rassure: l'image même de la sécurité, pour moi que la peur domine désormais, dans le monde glaçant où nous avons été jetées ma mère et moi.

[...] D'un bout à l'autre de la vie, elle considérera le travail intellectuel avec une condescendance amusée et logera ailleurs la réussite d'une existence féminine. «Quand vous aurez fini de jouer avec vos livres», nous disait-elle, à ma mère et à moi, résignée néanmoins à ce que ce «jeu» n'ait point de fin, mais non convaincue: ce n'était pas là travailler, seulement gaspiller le temps, denrée si précieuse. Sa présence à la maison enseigne donc que les livres ne sont pas la seule fenêtre sur la vie.

[...] Elle avait beau user du français avec moi, elle ne m'en communiquait pas moins, par ce français calqué sur les tournures du parler breton, le génie de cette langue vigoureuse, expressive, anthropomorphique : la brume du matin est la «pitance» du soleil, les vagues sont «les chevaux de la mer», le confluent est «le nez des deux eaux»; et on achève une lettre de condoléances en recommandant à l'endeuillé : «Dalc'hit mad an taol» («agrippez-vous à la table»).

[...] La Bretagne vivait à la maison en la personne de ma grand-mère, et pourtant c'était elle qui m'entretenait de la France. La France enseignée à l'école était celle que la maison désignait comme notre ennemie héréditaire, obstinément unificatrice et centralisatrice, et pourtant elle était aussi le pays qui avait fait, en séquences pédagogique- ment ordonnées, une marche vers la justice et la démocratie, en quoi elle était une patrie rationnelle plus qu'une patrie empirique, et à celle-ci la maison pouvait souscrire sans trahir sa foi bretonne. La Bretagne de la maison se vouait à la collecte des mythes en passe de mourir, les cloches de la ville d'Is tintaient toujours à nos oreilles, et pourtant elle était aussi une volonté et un avenir : la maison travaillait à l'avènement d'une Bretagne régénérée, d'une langue régénérée, à une manière conquérante et neuve d'être breton. Si bien qu'entre la maison et l'école peut-être y avait-il, en définitive, moins de distance qu'on n'avait cru ?

27 novembre 2010

Concours chez Leiloona

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Leiloona vous propose un Concours pour gagner le DVD
Le Tour du Monde en 80 jours

  il faut y répondre avant le 27 novembre minuit !

Blog de Leiloona : Bric à Book

"Le Tour du monde en 80 jours", un classique que Sébastien Azzopardi a mis en scène sous forme d'une comédie. Spectacle vu par plus de 80 000 personnes, à votre tour de succomber à ce divertissement ! (D'ailleurs vous pouvez aussi retrouver ce spectacle au Café de la Gare à Paris.)

27 novembre 2010

Sanctuaires ardents – Katherine Mosby

sanctuaires_ardents La Table Ronde – août 2010 – 381 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Cécile Arnaud

Quatrième de couverture :
Depuis l'arrivée du couple Daniels, la petite bourgade de Winsville, en Virginie, est en émoi. L'intense beauté de Vienna, sa déroutante culture, sa passion immodérée pour les arbres suscite l'admiration des uns, l'effroi des autres, les commentaires de tous. Un jour, Willard s'en va, laisse Vienna élever seule leurs deux enfants, Willa et Elliott, deux sauvageons pétris de curiosité et de connaissances. Dès lors, les rumeurs enflent. Jalousies et désirs se multiplient, se cristallisent. Puis le destin commence à s'acharner sur les Willard. Forte de sa foi païenne, de son appétit de vivre, de l'amour qu'elle porte à Willa et Elliot, Vienna entre alors éperdument en résistance.

Auteur : Katherine Mosby est née à Cuba en 1957, elle vit aujourd'hui à New-York. Professeur à l'université de Columbia, Katherine Mosby collabore également au New Yorker et à Vogue. Sanctuaires ardents, le premier de ses 4 romans, avait été salué par toute la presse à sa sortie en 1995, ainsi que par de nombreux écrivains allant de Larry McMurty à Paul Bowles.

Mon avis : (lu en novembre 2010)
« Souviens-toi, être différent ne fait pas de vous quelqu'un de spécial, mais être spécial fait de vous quelqu'un de différent. » Cette phrase de présentation résume parfaitement l'état d'esprit de ce livre.
Cette histoire commence dans les années 30 et se poursuivra après la Seconde Guerre Mondiale. Suite à son mariage avec Willard, Vienna, originaire du Nord de l'Amérique vient s'installer dans le Sud, à Winsville, petite ville de Virginie. Elle sera assez vite abandonnée par son mari, et elle élèvera ses deux enfants avec beaucoup de liberté. C'est une superbe femme, originale, intelligente mais plutôt associable, elle déplaît aux habitants de Winsville car elle est trop différente. Elle rejette la religion, mais se prend de passion pour la nature, elle élève ses enfants presque comme des sauvageons : Willa, la petite fille, se promène toujours pieds nus, Eliott, le petit garçon, se passionne pour les animaux, en particulier les oiseaux.
Lecture agréable, qui éveille tous nos sens : il est question d'odeurs, de couleurs, de chants d'oiseaux, d'amour des arbres, il se dégage de ce livre beaucoup de poésie. Les personnages sont originaux et très attachants.

Extrait : (page 11)
Ils ne semblaient pas habiter le monde de la même façon que lui, rivé à la terre par sa large ossature à chacun de ses pas pesants. Willa en particulier paraissait planer avec l'énergie du vol suspendu, pareille à un colibri humain, comme si le mouvement était son état naturel alors que l'immobilité exigeait d'elle un gros effort. Elle avait les traits délicats et, comme la splendeur ostentatoire de certaines églises que sa mère jugeait prétentieuses, d'autant plus impressionnants aux yeux d'Addison qu'ils possédaient une finesse peu réaliste, bien différente des surfaces de son propre visage, auxquelles une découpe grossière avait conféré une humanité reconnaissable, comme une tête sculptée dans le pommeau d'une canne. Willa avait une beauté déroutante et subtile : aussi évidente quand son visage était animé qu'absente au repos, quand ses traits fins et réguliers ne se distinguaient plus de ceux de tout un tas de jolies filles au teint pâle.

La famille Daniels suscitait en Addison le besoin d’une langue plus extravagante que ne le permettait son maigre vocabulaire. Plus tard, il ne pourrait expliquer ce qui avait rendu cette première rencontre avec les Daniels aussi fondamentale, mais il se rappellerait la façon dont la lumière miroitait à travers les branches des platanes, les feuilles en mouvement pointillant le sentier de cette même luminescence qu’il sentait à l’intérieur de lui, excitante et insaisissable.

Livre 28/28 pour le Challenge du 4% littéraire 1pourcent2010

Lu dans le cadre du challenge_100_ans_article_300x225

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