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A propos de livres...
prix relay des voyageurs
12 mars 2013

Indigo - Catherine Cusset

Lu dans le cadre du Prix Relay des Voyageurs 
Sélection mars

indigo Gallimard - janvier 2013 - 320 pages

Quatrième de couverture : 
Un festival culturel rassemble pendant huit jours en Inde quatre Français, deux hommes et deux femmes, qui ne se connaissent pas. Une surprise attend chacun d'eux et les confronte avec leur passé. Cette semaine bouleverse leur vie. De Delhi à Kovalam, dans le Sud, ils voyagent dans une Inde sur le qui-vive où, juste un an après les attentats de Bombay, se fait partout sentir la menace terroriste. Une Inde où leur jeune accompagnateur indien déclare ouvertement sa haine des États-Unis. Une Inde où n'ont pas cours la légèreté et la raison françaises, où la chaleur exacerbe les sentiments, où le ciel avant l'orage est couleur indigo. Tout en enchaînant les événements selon une mécanique narrative précise et efficace, ce nouveau roman de Catherine Cusset nous fait découvrir une humanité complexe, tourmentée, captivante.

Auteur : Catherine Cusset vit à Londres. Elle a récemment publié Le problème avec Jane (1999), Grand Prix des Lectrices de Elle 2000 , La haine de la famille (2001), Confessions d'une radine (2003), Amours transversales (2004), Un brillant avenir (2008), Prix Goncourt des Lycéens 2008 .

Mon avis : (lu en mars 2013) 
Géraldine, française mariée à un indien musulman, organise un festival culturel à Trivandrum dans le sud de l’Inde et reçoit plusieurs intellectuels comme Roland Weinberg, Raphaël Eleuthere et Charlotte Greene.
Roland est un philosophe de 64 ans, essayiste, séducteur. Il est accompagné de sa jeune et belle compagne italienne Renata. Il connaît bien l’Inde et espère profiter du voyage pour renouer avec Srikala une femme qu’il a connu il y a 28 ans.
Charlotte a 47 ans, professeur de littérature à l'université et cinéaste, mariée, mère de 2 enfants, elle vit à Manhattan. Elle espère secrètement revenir sur les traces de sa meilleure amie Debarati qui a vécu à Cochin et qui est morte il y a six mois.
Raphaël Eleuthère est un jeune écrivain, ténébreux, il a écrit un roman autobiographique sur son enfance tourmentée.
Avec ce voyage en Inde, nous allons suivre ces quatre personnages et leurs préoccupations, c'est comme une parenthèse dans leur vie ou un tournant...
Un livre très bien écrit et qui se lit bien mais je regrette que l'Inde soit seulement présente en arrière-plan et que l’on ressente assez peu l’ambiance de ce pays, cela manque de chaleur et d’exotisme. Cette histoire tourne surtout autour d’une analyse psychologique très fine des personnages occidentaux.

Extrait : (début du livre)
On ne passe plus. Alerte à la bombe." 
Le policier surgit au moment où Charlotte tendait sa carte d'embarquement à l'employé de l'aéroport qui gardait l'accès à la douane. 
Elle vit approcher d'autres policiers. "Je suis en transit entre New York et Delhi et je risque de rater mon avion. On embarque, regardez." 
Elle pointa du doigt l'heure sur la carte. Le jeune flic au nez en trompette reculait d'un pas quand deux personnes accoururent. Il dressa la paume et barra le passage. 
"S'il vous plaît ? reprit Charlotte d'une voix implorante. 
- Vous ne comprenez pas ? On ferme le périmètre." 
Le couple asiatique derrière elle tenait des propos inquiets dans une langue étrangère. Sans leur arrivée intempestive, le policier cédait. 
"Il y en a pour combien de temps ? 
- Un quart d'heure. 
- Vous êtes sûr ? Il y a deux ans j'ai raté un avion avec mes filles à cause d'une alerte à la bombe : il a décollé à la seconde où l'alerte a pris fin. 
- Aucun avion ne décolle. Les démineurs arrivent. Reculez, madame." 
Inutile d'argumenter. Les gens s'agglutinaient autour des policiers vers qui montait un brouhaha de questions anxieuses. Ils barrèrent le passage d'une bande jaune, comme si un crime avait eu lieu. Autant profiter de ce quart d'heure pour respirer un peu d'air frais avant de passer la journée dans l'avion. Charlotte franchit la porte à tambour. Il faisait froid et elle frissonna dans son manteau trop léger, qui lui serait utile à Delhi où la température descendait la nuit jusqu'à huit degrés. Par contre, trente-cinq degrés à Trivandrum, à l'autre extrémité de l'Inde, dans le Kerala au nom poétique où on les expédiait mardi. La valise n'avait pas été facile à faire. 
L'Inde. Elle y serait ce soir, et poserait le pied pour la première fois sur le continent asiatique. 
Un homme debout près d'elle alluma une cigarette, dont la fumée parvint à ses narines. Elle se déplaça à l'autre bout du banc métallique. A New York c'était encore le coeur de la nuit ; Adam et les filles dormaient profondément. Elle avait somnolé trois ou quatre heures mais ne sentait pas la fatigue. Elle était à Paris, dans la ville où elle avait grandi, et où elle ne faisait que passer. Seule, pour la première fois depuis dix ans. En sortant de l'avion tout à l'heure, elle avait aspiré une bouffée de liberté grisante. Pas d'enfant à réveiller et à porter, pas de doudou à ramasser, pas de poussette à déplier. Seule. Elle regarda autour d'elle. Le ciel était gris clair, les trottoirs gris foncé, les piliers de béton qui soutenaient la route en hauteur, gris souris, et les murs du terminal 2C de l'autre côté, gris-beige. Tout gris, hormis les panneaux d'Europcar vert vif. Sans doute tous les aéroports au monde étaient-ils gris, mais il y avait ici quelque chose de spécifiquement français : la ligne droite de la route portée par les piliers de béton, les bâtiments bas avec leurs toits plats aux motifs géométriques ? Quelque chose de plus petit, lisse et soigné qu'à New York. Et l'odeur, grise aussi, différente de celle de New York, une odeur intime qu'elle reconnaissait instantanément. Chez elle. 
De la grisaille surgit une image : Debarati, le dos très droit, ses cheveux noirs tombant sur ses épaules, assise nue dans la baignoire du Crillon et lavant ses chaussettes en nylon noir qu'elle avait enfilées sur ses avant-bras comme des gants de femme fatale. Deb illuminant de sa beauté la salle de bains en marbre du palace qui ressemblait la minute d'avant à une prison dorée. Deb poussant un cri de protestation en entendant le clic de l'appareil photo, avant même de voir Charlotte sur le seuil : "Non ! T'es chiante !" Deb éclatant de rire. 
C'était il y a quinze ans. A peine arrivée à Paris et descendue au Crillon, Charlotte s'était demandé ce qu'elle faisait là avec ce groupe de milliardaires américains cacochymes qui avaient fait le voyage depuis New York en jet privé et qu'émoustillait l'accent français de leur jeune conférencière. De sa chambre à mille euros la nuit, elle avait appelé son amie, qui avait débarqué une demi-heure après, vêtue d'un jean moulant et d'un perfecto plein de petites fermetures éclair lui donnant davantage l'air d'une prostituée de luxe que d'une étudiante américaine en histoire de l'art qui faisait des recherches en France. Charlotte s'était sentie revivre. 
Elle avait appelé Deb au secours ; Deb était accourue. 

Déjà lu du même auteur :

 un_brillant_avenir_p Un brillant avenir

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28 février 2013

Heureux les heureux - Yasmina Reza

Lu dans le cadre du Prix Relay des Voyageurs 
Sélection mars

heureux_les_heureux Flammarion - janvier 2013 - 220 pages

Quatrième de couverture :
Dans le 95, qui va de la place Clichy à la porte de Vanves, je me suis souvenue de ce qui m'avait enchaînée à Igor Lorrain. Non pas l'amour, ou n'importe lequel des noms qu'on donne au sentiment, mais la sauvagerie. Il s'est penché et il a dit, tu me reconnais ? J'ai dit, oui et non. Il a souri. Je me suis souvenue aussi qu'autrefois je n'arrivais jamais à lui répondre avec netteté. – Tu t'appelles toujours Hélène Barnèche ? – Oui. – Tu es toujours mariée avec Raoul Barnèche ? – Oui. J'aurais voulu faire une phrase plus longue, mais je n'étais pas capable de le tutoyer. Il avait des cheveux longs poivre et sel, mis en arrière d'une curieuse façon, et un cou empâté. Dans ses yeux, je retrouvais la graine de folie sombre qui m'avait aspirée. Je me suis passée en revue mentalement. Ma coiffure, ma robe et mon gilet, mes mains. Il s'est penché encore pour dire, tu es heureuse ?J'ai dit, oui, et j'ai pensé, quel culot. Il a hoché la tête et pris un petit air attendri, tu es heureuse, bravo.

Auteur : Fille d'un ingénieur russe d'origine iranienne et d'une violoniste hongroise, Yasmina Reza, née en 1959 à Paris, a étudié le théâtre et la sociologie à Nanterre. En 1994, elle acquiert une notoriété internationale avec sa pièce Art. Les suivantes ont également été adaptées en quelque trente-cinq langues et produites dans les salles les plus prestigieuses du monde entier. Son récit de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, L'Aube le soir ou la nuit, est devenu un best-seller, et son oeuvre littéraire compte aussi HammerklavierUne désolation, ou encore Dans la luge d'Arthur Schopenhauer

Mon avis : (lu en février 2013)
C'est la première fois que je lis cette auteur même si je la connaissais de nom et que je l'ai déjà vu ou entendu dans des émissions littéraires.
Une vingtaine de chapitres, autant de monologues et de narrateurs... Et chacun des personnages croise à un moment les autres personnages.
Au début, j'ai trouvé assez déstabilisant ce livre car je ne voyais aucun lien entre les premiers chapitres, puis j'ai compris le principe des vies qui se croisent.
J'ai fini par prendre une feuille de papier et noter au fur et à mesure les noms des personnages rencontrés car je commençais à m'y perdre un peu... 
Un très beau titre, plein d'espoir, qui promet beaucoup et pourtant j'ai été déçue car les différentes histoires narrent des moments ordinaires de la vie, naissance, mort, tromperie, solitude, attente dans une salle d'attente, courses dans un supermarché... Et cela ne transpire pas vraiment le bonheur... Cela ce lit pourtant très bien, l'écriture est très belle. L'idée de ce récit choral est originale mais le fond ne m'a pas emportée.

Extrait : (page 20) 
A l'époque lointaine de mon mariage, dans l'hôtel où nous allions l'été en famille, il y avait une femme qu'on voyait chaque année. Enjouée, élégante, les cheveux gris taillés à la sportive. Omniprésente, elle allait de groupe en groupe et dînait chaque soir à des tables différentes. Souvent, en fin d'après-midi, on la voyait assise avec un livre. Elle se mettait dans un angle du salon afin de conserver un oeil sur les allées et venues. Au moindre visage familier, elle s'illuminait et agitait son livre comme un mouchoir. Un jour elle est arrivée avec une grande femme brune en jupe plissée vaporeuse. Elles ne se quittaient pas. Elles déjeunaient devant le lac, jouaient au tennis, jouaient aux cartes. J'ai demandé qui était cette femme et on m'a dit une dame de compagnie. J'ai accepté le mot comme on accepte un mot ordinaire, un mot sans signification particulière. Chaque année à la même époque, elles apparaissaient et je me disais, voilà madame Compain et sa dame de compagnie. Ensuite il y a eu un chien, tenu en laisse par l'une ou l'autre, mais il appartenait visiblement à madame Compain. On les voyait s'en aller le matin tous les trois, le chien les tirait en avant, elles essayaient de le contenir en modulant son nom sur tous les tons, sans aucun succès. En février, cet hiver, donc bien des années plus tard, je suis partie à la montagne avec mon fils déjà grand. Lui fait du ski bien sûr, avec ses amis, moi je marche. J'aime la marche, j'aime la forêt et le silence. A l'hôtel, on m'indiquait des promenades mais je n'osais pas les faire parce qu'elles étaient trop éloignées. On ne peut pas être seule trop loin dans la montagne et dans la neige. J'ai pensé, en riant, que je devrais mettre une annonce à la réception, femme seule cherche quelqu'un d'agréable avec qui marcher. Aussitôt je me suis souvenue de madame Compain et de sa dame de compagnie, et j'ai compris ce que voulait dire dame de compagnie. J'ai été effrayée de cette compréhension, parce que madame Compain m'avait toujours fait l'effet d'une femme un peu perdue. Même quand elle riait avec les gens. Et peut-être, quand j'y pense, surtout quand elle riait et s'habillait pour le soir. Je me suis tournée vers mon père, c'est-à-dire j'ai levé les yeux au ciel et j'ai murmuré, papa, je ne peux pas devenir une madame Compain ! Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas adressée à mon père. Depuis que mon père est mort, je lui demande d'intervenir dans ma vie. Je regarde le ciel et lui parle à voix secrète et véhémente. C'est le seul être à qui je peux m'adresser quand je me sens impuissante. En dehors de lui, je ne connais personne qui ferait attention à moi dans l'au-delà. Il ne me vient jamais à l'idée de parler à Dieu. J'ai toujours considéré qu'on ne pouvait pas déranger Dieu. On ne peut pas lui parler directement. Il n'a pas le temps de s'intéresser à des cas particuliers. Ou alors à des cas exceptionnellement graves. Dans l'échelle des implorations, les miennes sont pour ainsi dire ridicules. J'éprouve le même sentiment que mon amie Pauline quand elle a retrouvé un collier, hérité de sa propre mère, perdu dans des herbes hautes. En passant par un village, son mari a arrêté la voiture pour se précipiter dans l'église. La porte était fermée, il s'est mis à secouer le loquet de façon frénétique. Mais qu'est-ce que tu fais ? - Je veux remercier Dieu, il a répondu. - Dieu s'en fout ! - Je veux remercier la Sainte Vierge - Ecoute Hervé, si Dieu il y a, si Sainte Vierge il y a, tu crois qu'au vu de l'univers, des malheurs terriens et de tout ce qui s'y passe, mon collier leur importe ? !... Donc j'invoque mon père qui me semble plus atteignable. Je lui demande des services bien définis. Peut-être parce que les circonstances me font désirer des choses précises, mais aussi, souterrainement, pour mesurer ses capacités. C'est toujours le même appel à l'aide. Une supplique pour le mouvement. Mais mon père est nul. Il ne m'entend pas ou ne possède aucun pouvoir. Je trouve lamentable que les morts n'aient aucun pouvoir. Je désapprouve cette partition radicale des mondes. De temps en temps, je lui accorde un savoir prophétique. Je pense : il n'accède pas à tes demandes car il sait qu'elles ne vont pas dans le sens de ton bien. Ça m'énerve, j'ai envie de dire de quoi tu te mêles, mais au moins je peux considérer sa non-intervention comme un acte délibéré. C'est ce qu'il a fait avec Jean-Gabriel Vigarello, le dernier homme dont je me suis éprise. Jean-Gabriel Vigarello est un de mes collègues, professeur de mathématiques au lycée Camille-Saint-Saëns, où je suis moi-même professeur d'espagnol. Avec le recul, je me dis que mon père n'a pas eu tort. Mais le recul, c'est quoi ? C'est la vieillesse. Les valeurs célestes de mon père m'exaspèrent, elles sont très bourgeoises si on réfléchit. De son vivant, il croyait aux astres, aux maisons hantées et à toutes sortes de babioles ésotériques. Mon frère Ernest, qui a pourtant fait de sa mécréance un motif de vanité, lui ressemble chaque jour un peu plus. Récemment, je l'ai entendu reprendre à son compte "les astres inclinent et ne prédestinent pas". Mon père raffolait de la formule, je l'avais oublié, il y ajoutait de façon quasi menaçante le nom de Ptolémée. J'ai pensé, si les astres ne prédestinent pas, que pouvais-tu savoir papa de l'avenir immanent ? Je me suis intéressée à Jean-Gabriel Vigarello le jour où j'ai remarqué ses yeux. Ce n'était pas facile de les remarquer étant donné sa coiffure, des cheveux longs, anéantissant le front, une coiffure à la fois laide et impossible pour quelqu'un de son âge. J'ai tout de suite pensé, cet homme a une femme qui ne prend pas soin de lui (il est marié bien entendu). On ne laisse pas un homme de presque soixante ans avec cette coiffure. 

 

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 Challenge Petit BAC 2013
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"Sentiment"

23 février 2013

Prix Relay des Voyageurs

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Début février, il m'a été proposé de recevoir les livres concourant au « Prix Relay des Voyageurs avec Europe 1 », c'était très tentant et j'ai accepté... 12 livres sont en lice, 3 par mois. 

J'ai donc donc reçu dix jours plus tard les 3 livres de la deuxième sélection :

P1000817_20

Heureux les heureux - Yasmina Reza (Flammarion) 
Indigo - Catherine Cusset (Gallimard)

Eléments incontrôlés - Stephane (Grasset)

et trois jours plus tard les 3 livres de la première sélection :

P1000819_20

Le silence - Jean Guy Soumy (Robert Laffont)
6h41 - Jean-Philippe Blondel (Buchet Chastel)
Park Avenue - Cristina Alser (Albin Michel)

 

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29 janvier 2013

06H41 - Jean-Philippe Blondel

Lu dans le cadre du Prix Relay des Voyageurs
Sélection février : Nominé

6h41 Buchet Chastel - janvier 2013 - 240 pages

Quatrième de couverture : 
Le train de 06h41, départ Troyes, arrivée Paris. Bondé, comme tous les lundis matins. Cécile Duffaut, 47 ans, revient d’un week-end épuisant chez ses parents. Elle a hâte de retrouver son mari, sa fille et sa situation de chef-d’entreprise. La place à côté d’elle est libre. S’y installe, après une légère hésitation, Philippe Leduc. Cécile et lui ont été amants vingt-sept ans auparavant, pendant quelques mois. Cela s’est très mal passé. A leur insu, cette histoire avortée et désagréable a profondément modifié leurs chemins respectifs. Tandis que le train roule vers Paris et que le silence s’installe, les images remontent. Ils ont une heure et demie pour décider de ce qui les attend.

Auteur : Né en 1964, Jean-Philippe Blondel est professeur d'anglais dans un lycée à côté de Troyes. Après son premier roman, Accès direct à la plage (2003), qui a rencontré un vif succès, il a publié plusieurs romans, This is not a love song (2007), Le baby-sitter (2010), G229 (2011) et récemment Et rester vivant (2011). Il a écrit aussi des romans pour adolescents, comme Blog (2010) et (Re)play ! (2011).

Mon avis : (lu en janvier 2013) 
6h41, c'est l'heure du train du lundi matin Troyes Paris. Cécile Duffaut revient d'un week-end passé chez ses parents. 
Philippe Leduc vit depuis toujours à Troyes, ce matin il « monte » à Paris pour aller voir un ami à l'hôpital. Ils vont se retrouver assis l'un à côté de l'autre dans le train de 6h41.
L'un et l'autre se connaissent, il y a 27 ans, ils ont eu une histoire ensemble dont ils gardent un souvenir plutôt amer. A l'époque, Cécile était une fille assez transparente, Philippe était le garçon populaire et sûr de lui. Aujourd'hui Philippe a pris de l'embonpoint, il est divorcé et travaille comme vendeur dans un grand magasin. Cécile a pris de l'assurance, mariée avec un enfant, elle vit et travaille comme chef-d’entreprise à Paris.
En silence, l'un à côté de l'autre, Cécile et Philippe se reconnaissent mais n'en laissent rien paraître et à tour de rôle ce voyage en train est l'occasion de revenir sur leurs parcours de vie du passé jusqu'au présent.

En commençant ce livre, j'imaginais plutôt une histoire autour des voyages en train, un quotidien que je connais bien et où il y aurait matière à raconter, mais après la lecture de ce roman et quelques jours de réflexion pour écrire ce billet, je reconnais que cette histoire est plus profonde que cela... Faire un retour sur notre passé à l'occasion d'une rencontre ou d'un souvenir qui s'impose, cela nous fait souvent réfléchir à notre vie, aux chemins que l'on a pris, sont-ils ceux que l'on imaginait il y a 20 ans, 30 ans...

 

Extrait : (page 17)
J’aime bien les trains. Les heures passées à ne rien faire de particulier. On prépare un sac pour le trajet – pareil que les enfants quand ils sont encore petits. On y fourre deux livres de poche, des chewing-gums, une bouteille d’eau – pour un peu on y mettrait aussi sa couverture fétiche. Tout pour que le temps passe agréablement. En arrivant à la gare, on traîne même du côté des magazines, et on en achète un, de préférence sur les riches et célèbres. C’est comme si on allait à la plage – et, comme à la plage, on n’ouvre ni les romans, ni le magazine, on ne mâche pas de sucreries et on oublie même de s’hydrater. On est hypnotisé par le paysage qui défile ou par le rythme des vagues.
Le seul train que je déteste, c’est celui du dimanche soir pour Paris. Quand je faisais mes études, c’était le train de la déprime et du déracinement. J’arrivais gare de l’Est le moral dans les chaussettes. C’est ici que sont mes racines. Je l’ai toujours su. Je suis un coq de basse-cour. À Paris, je n’étais rien. Mais c’est loin tout ça. Ce qui reste, c’est cette haine du train du dimanche soir. C’est pour ça que je suis là si tôt ce matin. J’aurais pu prendre le 21 h 15 hier et dormir dans l’appartement de Mathieu, puisque j’ai les clés, mais je ne le sentais pas. Je préfère mettre le réveil, me lever tandis que la nuit est encore là puis me diriger vers la gare. Sur le chemin, il y a des dizaines d’ombres comme moi. Sauf qu’eux font le trajet tous les jours. Pour moi, c’est exceptionnel. Les trains suivants arrivent trop tard à Paris – 10 h 30, 11 h 30, la journée est bien entamée, on a l’impression d’arriver au milieu de la fête.
 
Une journée détachée des autres.
Unique.
Une entorse à l’emploi du temps.
Je commence à dix heures, le lundi et j’enquille jusqu’à dix-neuf heures, au magasin. Tout à l’heure, de Paris, je téléphonerai pour dire que je ne peux pas venir aujourd’hui. Que je rattraperai les heures. Qu’il y a urgence familiale. Au bout du fil, je sais que la secrétaire s’inquiétera. En vingt ans dans ce supermarché, je n’ai pas été absent un seul jour – à part pour mon lumbago il y a quatre ans. Je promettrai des explications, quand je reviendrai, le lendemain. Parce que je reviens demain. Normalement. Ou il faut que je trouve un docteur qui me donne quelques jours d’arrêt. Je me demande si Jérôme pourrait faire ça. Peut-être, après tout. Ce serait curieux. Mais Jérôme est tellement gentil. Mieux que ça. C’est un saint. Un saint qui s’est occupé de recueillir ma femme et mes enfants après le divorce. Qui leur offre, depuis, une atmosphère conviviale faite de confort et de chaleur, qui manquait singulièrement dans leur famille originelle les derniers temps.

 

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