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A propos de livres...

15 août 2009

Quelqu'un avec qui courir - David Grossman

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traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech

Seuil – avril 2003 – 400 pages

Points – mars 2005 – 392 pages

Présentation de l'éditeur
Assaf, jeune adolescent de seize ans, obtient un job d'été à la mairie de Jérusalem : on lui confie la tâche de retrouver le propriétaire d’un chien égaré. C’est au bout d’une laisse tirée par cet animal qui renifle des pistes qu’Assaf sera entraîné dans une aventure initiatique dont Tamar, une autre adolescente, est la figure centrale. Autour de cette jeune fille mystérieusement disparue, gravitent une nonne grecque enfermée depuis cinquante ans dans un monastère, une patronne de restaurant chic, le directeur mafieux d’un centre pour jeunes drogués, et la ville de Jérusalem dont les dédales abritent des adolescents à la dérive, de redoutables dealers, un imprésario tyrannique. Sous les apparences d’un roman pour la jeunesse, David Grossman brouille les pistes et nous offre un roman d’apprentissage qui tient du récit chevaleresque et du conte de fées. Assaf et Tamar alias Tamino et Pamina, nous entraînent dans leur sillage jusqu’à la dernière ligne de cette aventure menée à un rythme endiablé pour le plus grand plaisir du conteur et de son auditoire.

Auteur : David Grossman, né à Jérusalem en 1954 est considéré comme l'écrivain israélien le plus doué de sa génération. Il est l'auteur de plusieurs romans, dont Le Sourire de l’agneau, Voir ci-dessous : Amour, Le Livre de la grammaire intérieure, L’Enfant zigzag, Tu seras mon couteau, Quelqu'un avec qui courir, d'essais politiques courageux, Le Vent jaune, Les Exilés de la Terre promise, d'un recueil d'articles, Chroniques d'une paix différée, et d’une dizaine de livres pour la jeunesse. Traduits dans plus de vingt langues, ces ouvrages ont été distingués par de nombreux prix. David Grossman vit à Jérusalem.

Mon avis : (lu en août 2009)

On suit deux histoires en parallèle : d’une par celle d’Assaf, adolescent de 16 ans, qui a comme mission de retrouver le propriétaire d’un chien égaré. Pour cela, il doit suivre le chien qui va lui faire traverser tous les quartiers de Jérusalem, il découvre une ville en crise : le monde de la drogue, de la violence et de la misère, il va faire des rencontres étonnantes. D’autre part, celle de Tamar, elle-même adolescente, qui est prête à tout quitter sa famille, ses amis, sa chienne Dinka pour vivre dans la rue et sortir son frère de l’enfer de la drogue. La musique fait également partie intégrante de ce livre. En premier lieu, chacun des chapitres est le titre d'une chanson de Jean-Jacques Goldman (Long is the Road, Quand la musique est bonne, Rapt, Peur de rien blues, Pour que tu m'aimes encore) ou Elvis Presley (You're an Angel in Disguise) pour le dernier chapitre. Et pour survivre dans la rue, Tamar va chanter avec beaucoup de talent. L’histoire est touchante et pleine de suspens, les personnages de Assaf et Tamar sont attachants. A découvrir !

Extrait : (page 75)

«En imagination, elle avait un courage sans bornes. Sa voix se déployait dans la rue, emplissait tout l'espace, imprégnait les gens comme une substance adoucissante, purifiante ; en imagination, elle choisissait de chanter un registre suraigu pour les surprendre d'emblée par la hauteur du son, puis s 'abandonner sans vergogne à cette ivresse narcissique qui la plongeait dans un léger brouillard, un vertige de plaisir qui la faisait décoller du plus profond d'elle-même jusqu'à des hauteurs vertigineuses. Mais elle avait fini par choisir Suzanne à cause de la voix chaude, désarmée et triste de Leonard Cohen, et parce qu'il lui serait plus facile, du moins au début, de chanter dans une langue étrangère.

Mais très vite la voix se casse : elle a attaqué trop faiblement, avec hésitation. Pourtant, dans son plan si élaboré, le chant était la seule chose dont elle était sûre. Mais c'était plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé. Chanter dans la rue c'était se montrer jusqu'au fond d'elle-même. Elle fait un effort pour surmonter le trac, mais c'est encore si loin de ses rêves fous, quand la rue retient son souffle dès le premier son, que le laveur de vitres de Burger King interrompt ses tristes mouvements circulaires et le marchand de jus de fruits arrête sa machine en plein beuglement de carotte pressée... (...) Elle règle sa respiration et réprime le vertige qui soudain entraîne sa voix, elle oses lever les yeux, jeter un coup d'œil au petit rassemblement, un dizaine de personnes autour d'elle... (...) Tamar sourit intérieurement, son professeur lui manque, elle gravit pour elle les marches imaginaires depuis la gorge jusqu'à l'oiseau secret au centre du front. »

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14 août 2009

Beignets de tomates vertes - Fannie Flagg

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traduit par Philippe Rouard

J'ai lu – avril 1999 – 474 pages

Quatrième de couverture : Tous les dimanches, à la maison de retraite, Ninny Threadgood, une octogénaire, raconte à son amie Evelyn l'histoire de Whistle Stop, une bourgade du vieux Sud, et la merveilleuse complicité de deux femmes qui y tenaient un café... Une chronique émouvante, drôle, nostalgique où chante toute l'âme du Sud profond. Un grand succès romanesque porté aujourd'hui à l'écran.

Auteur : Fannie Flagg (née Patricia Neal le 21 septembre 1944 à Birmingham, Alabama, États-Unis). Productrice à succès de la télévision, elle est également comédienne. Dès sa parution aux États-Unis, "Beignets de tomates vertes" a battu tous les records de ventes... C'est une chronique du Sud profond de 1929 à 1988. Humour et nostalgie...

Mon avis : (lu en 2007)

J’ai adoré le film lorsque je l’ai vu à la télévision, en particulier l’atmosphère du Sud profond. Et quelques années plus tard, j’ai découvert par hasard ce livre dans les rayonnages de la bibliothèque. Je ne savais pas que ce film avait été tiré d’un livre. J’ai autant aimé le livre que j’avais adoré le film. Ce roman est à la fois drôle, émouvant et tendre.

Nous sommes dans les années 80 et Evelyne, mal dans sa peau, accompagne chaque week-end son mari à la maison de retraite pour voir sa belle-mère. Un jour, elle rencontre Niny une vieille dame attachante qui a besoin de bavarder. Au fil de leurs rencontres, Niny va raconter sa vie à Whistle Stop Café depuis les années 30. Le lecteur et Evelyne découvre la vie d’un petit village d’Alabama où l’intolérance et le racisme sont présents, mais il existe aussi une formidable solidarité entre certains blancs et la communauté noire. Les personnages de la famille Threadgoode avec Idgie et Ruth et leurs amis sont terriblement attachants.

Tout au long du livre le lecteur va faire des allers-retours entre le passé et le présent, sans oublier les entrefilets de la gazette hebdomadaire de Dot Weems, journal local pleins d'humour.

Après la lecture du livre, je me suis précipitée pour revoir le film en DVD afin de prolonger mon plaisir. Livre à savourer sans modération !

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Film américain réalisé en 1991 par Jon Avnet avec Kathy Bates, Mary Stuart Masterson, Mary-Louise Parker, Jessica Tandy, Cicely Tyson, Chris O'Donnell, Stan Shaw, Gailard Sartain, Timothy Scott, Gary Basaraba.

Extraits :

NINNY  : Dîtes, vous savez qu'ils m'ont ôté ma vésicule ?
EVELYN  : Non, j'en savais rien.
NINNY  : Ben si. Elle est toujours à l'hôpital, dans un bocal. Je crois que c'est dans ces machin là qu'ils les gardent.
EVELYN  : Je suppose.
NINNY  : Quand j'étais à l'hôpital, y a l'infirmière qui m'a fait un de leurs lavements. Elles en sont folles des lavements. Madame Threadgoode, veuve de 82 ans, vous vous rendez compte ! Naturellement, tout le monde m'appelle Ninny. Je suis seulement de passage ici. On vous en a déjà fait, à vous de ces lavements ?
EVELYN  : Hum, ma fois, non.
NINNY  : Vous ne l'auriez pas oublié. Mon amie, Mme Otis et moi, on est de Whistle Stop. Vous êtes déjà passé à Whistle Stop ?
EVELYN  : Mais oui, c'est justement par là qu'on est venu.
NINNY  : Toutes les deux ont a habité la même rue pendant trente ans et plus. Et quand elle a perdu son fils, sa belle-fille a eu l'idée bizarre de la mettre dans cette maison de repos. Alors ils m'ont demandé de partager sa chambre. Mme Otis ne le sait pas mais moi je rentrerais chez moi dès qu'elle aura pris ses petites habitudes. Vous avez entendu parler d'Idgie Treadgoode ou pas ?
EVELYN  : Heu, non madame, ça ne me dit rien du tout.
NINNY  : Vous ne l'auriez pas oublié celle-là. Vous voyez, j'ai été pour ainsi dire adoptée par les Treadgoode parce que j'ai épousé son frère Cléo.
EVELYN  : Oh.
NINNY  : Oui. Idgie et son amie Ruth tenaient le Whistle Stop Café. Idgie c'était une sacrée nature. Houlàlà. Mais qu'on ait pu penser que c'était elle qui avait assassiné cet homme, ça, ça me dépasse.

IDGIE  : Y a tellement de choses que j'ai envie de te dire.
RUTH  : Non. J'adore tes histoires. Raconte-moi une histoire, Idgie. Allez, ma charmeuse d'abeilles, raconte-moi un beau bobard. Tiens, pourquoi pas l'histoire du lac ?
IDGIE  : Quel lac ?
RUTH  : Celui qui était tout près d'ici.
IDGIE  : Oh ! Y a pas un mot de vrai là dedans.
RUTH  : Je le sais, imbécile. Raconte-moi quand même. Raconte-moi celle du lac.
IDGIE  : Hé ben, dans le temps, y avait ce fameux lac, juste, juste à la sortie du patelin. C'est là qu'on allait pêcher, nager, faire du canoë. Un jour, un jour du mois de novembre, une grosse passée de canards est venue se poser sur le lac. Et la température a baissé si vite que le lac a gelé d'un seul coup et et, les canards se sont envolés. Ils ont emportés le lac avec eux et maintenant on dit que le lac est quelque part en Géorgie. T'imagine un peu ?

14 août 2009

Mille Femmes blanches : Les Carnets de May Dodd - Jim Fergus

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traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Luc Piningre

Le Cherche-Midi Editions – avril 2000 – 392 pages

Pocket – juillet 2004 – 505 pages

Quatrième de couverture
En 1874, à Washington, le président américain Grant accepte dans le plus grand secret la proposition incroyable du chef indien Little Wolf: troquer mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser l'intégration du périple indien. Si quelques femmes se portent volontaires, la plupart des "Mille femmes" viennent en réalité des pénitenciers et des asiles de tous les États-Unis d'Amérique... Parvenue dans les contrées reculées du Nebraska, l'une d'entre elles, May Dodd, apprend alors sa nouvelle vie de squaw et les rites inconnus des Indiens. Mariée à un puissant guerrier, elle découvre les combats violents entre tribus et les ravages provoqués par l'alcool. Aux côtés de femmes de toutes origines, May Dodd assiste alors à la lente agonie de soi, peuple d'adoption...

"(. .) un envoûtement qui plane sur tous les temps de la lecture." Anne-Marie Koenig - "GEO"

Auteur : Jim Fergus est né à Chicago mais a vécu en Floride jusqu'à l'âge de trente ans. Passionné de littérature, il choisit d'enseigner le tennis le temps de déterminer sa vocation définitive. Pour vivre au plus près de la nature, il s'installe dans le Colorado, et parcourt avec ses labradors les grands espaces. Il se consacre alors à la chasse, se prend d'intérêt pour les Indiens et découvre la culture Cheyenne. Pour gagner sa vie, il s'essaie au journalisme et écrit des articles sur la gastronomie, la chasse, la pêche et la nature dans les magazines 'Newsweek', 'The Paris Review', 'Esquire sportmen', 'Outdoor Life', etc. Ses articles lui donnent l'occasion de rencontrer Robert Redford et Jim Harrison qui l'encouragent à poursuivre ses travaux d'écriture. 'Mille femmes blanches' est son premier roman. Les publics français et américain sont conquis, et le livre obtient en 2000 le prix du premier roman étranger. 'La fille sauvage' (2004) met en scène une jeune apache. Pour son troisième roman, sur lequel il travaille, Jim Fergus a choisi de livrer des souvenirs personnels.

Mon avis : (lu en avril 2004)

L’histoire se passe aux États-Unis en 1875, Little Wolf, chef des Cheyennes, demande au président Grant qu’on lui fasse cadeau de mille femmes pour « assurer la sécurité et la prospérité d'un peuple assiégé de toutes parts ». En partant de ce fait historique (il y a bien eu un chef cheyenne Little Wolf qui a proposé 1000 chevaux en échange de mille femmes blanches mais le président Grant n'a pas donné suite), l’auteur imagine l’aventure de ces femmes offertes aux Cheyennes. A travers le journal intime de May Dodd, on découvre le quotidien de ces femmes, le choc de deux cultures opposées, l'influence dévastatrice américaine sur les indiens, l'intégration sera parfois difficile pour certaines de ces femmes blanches…

On est émerveillé par des paysages magnifiques, par une civilisation respectueuse des individus et de l'environnement. Ce livre est vraiment passionnant, émouvant et captivant. J’en garde un souvenir formidable !

14 août 2009

La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules – Philippe Delerm

la_1_gorgee_de_biere Gallimard – février 1997 – 91 pages

Présentation de l'éditeur
« C’est facile, d’écosser les petits pois. Une pression du pouce sur la fente de la gousse et elle s’ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes - une incision de l’ongle de l’index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d’un seul doigt. La dernière est si minuscule... L’écossage des petits pois n’est pas conçu pour expliquer, mais pour suivre le cours, à léger contretemps. Il y en aurait pour cinq minutes mais c’est bien de prolonger, d’alentir le matin, gousse à gousse, manches retroussées. On passe les mains dans les boules écossées qui remplissent le saladier. C’est doux ; toutes ces rondeurs contiguës font comme une eau vert tendre, et l’on s’étonne de ne pas avoir les mains mouillées. Un long silence de bien-être clair, et puis il y aura juste le pain à aller chercher. »
« Mise en scène avec humour par France Jolly, sept comédiens fort sympathiques nous font partager des instants qui valent moins que rien, mais comptent plus que tout » (Le Nouvel Observateur).

Auteur : Philippe Delerm est un écrivain français né le 27 novembre 1950 à Auvers-sur-Oise. Il est enseignant de lettres au collège Marie Curie (Bernay, Normandie). Surtout connu pour ses recueils de textes brefs comme La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules (1997) et Enregistrements pirates (2004), Philippe Delerm a aussi publié en 1990 Autumn, roman pour lequel il a obtenu le prix Alain-Fournier de même que Sundborn ou les jours de lumière, en 1997, qui a pour sa part reçu le prix des libraires. Il est marié avec Martine Delerm, illustratrice de littérature jeunesse, avec laquelle il a un fils, Vincent Delerm, auteur-compositeur-interprète.

Mon avis : (lu en février 2004)

L'auteur nous évoque trente-quatre petits plaisirs de la vie qui nous rappellent notre enfance, notre adolescence ou notre simple quotidien comme écosser des petits pois, manipuler un Opinel, l'odeur d'une pomme, marcher sur le bord d'un trottoir…

L'écriture est précise et pleine de poésie, l’auteur donne de la beauté à des sensations ou des gestes terriblement banals.

Ce livre doit se savourer, en prenant tout son temps, il faut lire une histoire à la fois pour bien profiter de chacun de ces plaisirs si évocateurs.

Extrait :
"C'est facile, d'écosser les petits pois. Une pression du pouce sur la fente de la gousse et elle s'ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes - une incision de l'ongle de l'index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d'un seul doigt. La dernière est si minuscule. Parfois, on a envie de la croquer. Ce n'est pas
bon, un peu amer, mais frais comme la cuisine de onze heures, cuisine de l'eau froide, des légumes épluchés - tous près, contre l'évier, quelques carottes nues brillent sur un torchon, finissent de sécher."

14 août 2009

L'affaire Jane Eyre - Jasper Fforde

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traduction de l'anglais Roxane Azimi

Fleuve Noir – avril 2004 – 387 pages

10/18 – mai 2005 - 410 pages

Présentation de l'éditeur
Dans le monde de Thursday Next, la littérature fait quasiment office de religion. A tel point qu'une brigade spéciale a dû être créée pour s'occuper d'affaires aussi essentielles que traquer les plagiats, découvrir la paternité des pièces de Shakespeare ou arrêter les revendeurs de faux manuscrits. Mais quand on a un père capable de traverser le temps et un oncle à l'origine des plus folles inventions, on a parfois envie d'un peu plus d'aventure. Alors, lorsque Jane Eyre, l'héroïne du livre fétiche de Thursday, est kidnappée par Achéron Hadès, incarnation du mal en personne, la jeune détective décide de prendre les choses en main et de tout tenter pour sauver le roman de Charlotte Brontë d'une fin certaine... " Au croisement du roman policier et de l'uchronie déjantée, Jasper Fforde signe un ouvrage jubilatoire. " Le Monde des livres.

Biographie de l'auteur
Jasper Fforde vit au pays de Galles. Après avoir travaillé vingt ans dans l'industrie cinématographique, il a choisi de concrétiser son rêve d'enfant : devenir écrivain. Son premier roman, L'Affaire Jane Eyre, situé à la frontière entre le thriller littéraire et le conte fantastique, est devenu un livre culte aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Le second volume des aventures de Thursday Next, Délivrez-moi !, a paru en 2005 au Fleuve Noir.

Mon avis : (lu juin 2008)

Ce livre est inclassable… on est à la fois dans de la science-fiction, des voyages dans le temps, on se retrouve dans des univers parallèles, on expérimente le clonage, on rencontre des loups-garous et on est confrontés à quantité des références littéraires. Nous sommes en 1985, la Guerre de Crimée dure toujours entre l’Angleterre et la Russie, les gens se déplacent en dirigeables, les dodos disparus ont été clonés et ils sont appréciés comme animaux de compagnie. L’héroïne de ce roman s’appelle Thursday Next (Jeudi prochain !), elle appartient aux brigades littéraires et elle traque les contrefacteurs d'ouvrages et les vols de manuscrits originaux… Jane Eyre est en danger et Thursday va lui venir en aide... Un univers pleins d’idées vraiment originales qui nous surprennent tout au long du livre.

Ce n’est pas le genre de livre que j’apprécie vraiment (je n’aime pas vraiment le fantastique et la science-fiction…) mais j’ai passé un bon moment car le rythme du livre est tel qu’on ne s’ennuie pas un seul instant. Livre extrêmement original !

Dans la série il existe 4 autres livres :

  delivrez_moi_p          Le_puits_des_Histoires_Perdues_p              sauvez_Hamlet_p           le_d_but_de_la_fin_p

"Délivrez-moi !" "Le puits des Histoires Perdues" "Sauvez Hamlet !" "Le début de la fin"

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10 août 2009

Le poids des secrets, Tome 1: Tsubaki – Aki Shimazaki

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Leméac/Actes sud - septembre 1999 – 121 pages

Actes Sud – octobre 2005 – 114 pages

Présentation de l'éditeur
Dans une lettre laissée à sa fille après sa mort, Yukiko, une survivante de la bombe atomique, évoque les épisodes de son enfance et de son adolescence auprès de ses parents, d'abord à Tokyo puis à Nagasaki. Elle reconstitue le puzzle d'une vie familiale marquée par les mensonges d'un père qui l'ont poussée à commettre un meurtre.
Obéissant à une mécanique implacable qui mêle vie et Histoire, ce court premier roman marie le lourd parfum des camélias (tsubaki) à celui du cyanure. Sans céder au cynisme et avec un soupçon de bouddhisme, il rappelle douloureusement que nul n'échappe à son destin.

Biographie de l'auteur
Née au Japon, Aki Shimazaki vit à Montréal depuis 1991. Bien que sa langue maternelle soit, le japonais, elle écrit tous ses livres directement en français. Tsubaki est le premier volet de sa pentalogie Le Poids des secrets, qui comprend également
Hamaguri, Tsubame, Wasurenagusa et Hotaru (tous publiés par Leméac/Actes Sud). Elle a remporté le prix Ringuet de l'Académie des lettres du Québec pour Hamaguri et le prix Canada-Japon pour Wasurenagusa.

Mon avis : (lu en août 2009)

J'ai découvert ce titre grâce à la blogosphère. Tsubaki (qui signifie camélia en japonais) est le premier tome de la série Le poids des secrets d'Aki Shimazaki.

C'est l'histoire d'une Japonaise qui laisse une lettre à sa fille dans laquelle elle raconte sa vie, son enfance à Nagasaki, de la bombe atomique, mais surtout elle va dévoiler des secrets de famille. Les personnages de cette histoire sont profondément attachants et humains, et en toile de fond nous assistons à l'horreur de la Seconde Guerre Mondiale et des bombes atomiques ...

Le livre est très court et se lit très vite, trop vite. L'écriture est juste, subtile pleine d'une poésie délicate dans la pure tradition japonaise. Ce récit est émouvant et j'ai vraiment hâte de pouvoir lire la suite de cette série.

Extrait : (début du livre)

Il pleut depuis la mort de ma mère. Je suis assise près de la fenêtre qui donne sur la rue. J'attends l'avocat de ma mère dans son bureau où travaille une seule secrétaire. Je suis ici pour signer tous les documents relatifs à l'héritage : l'argent, la maison et le magasin de fleurs dont elle s'occupait depuis le décès de mon père. Il est mort d'un cancer de l'estomac voilà sept ans. Je suis la seule enfant de la famille et la seule héritière déclarée.
Ma mère tenait à la maison. C'est une vieille maison entourée d'une haie d'arbustes. Derrière, un jardin avec un petit bassin rond et un potager. Au coin, quelques arbres. Parmi eux, mes parents avaient planté des camélias peu après l'achat de la maison. C'était ma mère qui aimait les camélias.

Le rouge des camélias est aussi vif que le vert des feuilles. Les fleurs tombent à la fin de la saison, une à une, sans perdre leur forme : corolle, étamines et pistil restent toujours ensemble. Ma mère ramassait les fleurs par terre, encore fraîches, et les jetait dans le bassin. Les fleurs rouges au cœur jaune flottaient sur l'eau pendant quelques jours.

Un matin, elle dit à mon fils : « J'aimerais mourir comme tsubaki. Tsubaki, c'est le nom du camélia en japonais. »

Maintenant, comme elle le voulait, ses cendres sont répandues sur la terre autour des camélias alors que sa pierre tombale est à côté de celle de mon père au cimetière.

9 août 2009

Week-end de chasse à la mère – Genevière Brisac

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Editions de l’Olivier – août 1996 – 204 pages

Point – janvier 2004 – 208 pages

Prix Femina 1996

Quatrième de couverture :

Il y a Nouk, la mère.
Et Eugenio, le fils qu'elle élève seule, dans un minuscule appartement aux rideaux rouges. Elle s'inquiète. Peut-on survivre aux fêtes de fin d'année ? En attendant, il neige sur Paris, sur les clochards et les gens des beaux quartiers. Il neige sur les statues du jardin du Luxembourg. La mère et l'enfant se tiennent par la main, ils marchent dans les rues, tout au long de cette histoire magique, déchirante, follement drôle.
En chemin, ils rencontrent Adam et Ève, Anton Tchekhov, un fleuriste, un chauffeur de taxi, des tortues vieilles comme le monde. S'ils triomphent des obstacles semés sur leur route, il leur reste à affronter le pire : l'implacable bonté de ceux qui ont décidé de faire leur bonheur.

Avec ce roman très moderne où la vie intime se voit constamment menacée par l'intrusion du monde extérieur, Geneviève Brisac semble nous inviter à un retournement. Comme l'artiste qui, parce qu'il porte en lui un "gène d'irréalité" transmue en beauté le matériau brut de la vie.

Biographie : Née à Paris le 18 octobre 1951, normalienne et agrégée de lettres, Geneviève Brisac a tout d'abord enseigné en Seine-Saint-Denis. Elle se lance ensuite dans la littérature jeunesse et l'édition : elle dirige la revue des Livres pour enfants, crée la collection 'Page Blanche', collabore au 'Monde des livres' et est éditrice à l'Ecole des loisirs. En tant qu'écrivain, elle obtient le prix de l'Académie française en 1987 pour 'Les Filles' et le Prix Femina en 1996 avec 'Week-end de chasse à la mère'. Elle écrivit également une biographie de l'auteur du sud des Etats-Unis, Flannery O'Connor.

Mon avis : (lu en août 2009)

J'ai pris vraiment par hasard ce livre à la bibliothèque (même si ma PAL est déjà bien grande, j'ai beaucoup de mal à quitter la bibliothèque sans prendre un livre...), j'ai été intriguée par le titre car machinalement j'ai d'abord lu "Week-end de chasse à la mer".

En fait il n'est pas question de mer, mais bien de mère car c'est l'histoire de Nouk une maman qui élève seul son petit garçon Eugenio. Ils vivent tous les deux dans un petit appartement et leur relation est trop étouffante, fusionnelle. Nouk est faible face à son fils et accepte tous ses caprices, mais aussi elle le couve et l'étouffe de trop d'amour. Eugenio exige beaucoup, il profite de la faiblesse de sa mère et se comporte en enfant-roi, il n'est jamais satisfait. Nouk est très touchante, ancienne artiste peinte, sa sensibilité est forte, elle vit à la fois dans le réel et l'imaginaire.

J'ai passé un bon moment avec ce livre malgré quelques longueurs par moment.

Extrait : (début du livre)

« Quel est ton animal préféré ? » a demandé Eugenio pendant qu'on marchait dans la nuit. C'était l'avant-veille de Noël.

J'ai dit : « Koala, écureuil, loutre. Koala pour le geste des pattes autour du tronc de l'eucalyptus, et pour le voisinage du kangourou. Écureuil pour les noisettes. Quelle douceur dans l'offrande d'une noisette, comme je dis toujours. Loutre, je ne sais pas. A cause de la sonorité assez moche et touchante de son nom. A cause de l'eau. » Je mentais. Je voyais plutôt un animal du genre tatou.

Eugenio avait glissé son bras dans la petite anse invisible que forment mon corps et mon bras. Il avait l'air anxieux : «  Crois-tu que la reine Élisabeth a eu une vie heureuse ? a-t-il murmuré.

J'ai eu au bord des lèvres une riposte mesquine : Qui t'a parlé de cette momie à chapeau ? C'est encore ton père qui t'a parlé d'elle ! J'ai dit : « Assez heureuse, je crois, mais elle a été déçue par ses enfants. »

C'était une méchanceté gratuite d'avoir mis sur le tapis ces mots ensemble : déçue et enfants, et Eugenio s'est ratatiné. J'ai eu honte. « Il faut qu'on se dégrouille, a dit Eugenio. On est en retard, maman, dégrouille-toi !

- Ce verbe est vraiment immonde et la reine Élisabeth ne le dirait certainement pas ! » lui répondis-je.

La reine Élisabeth est notre idole, notre tête de Turc, notre sphinx et notre bouc émissaire. « Elle n'a pas eu une vie heureuse, dis-je finalement, parce qu'elle ne le souhaitait pas tellement. »

8 août 2009

Trois Ombres – Cyril Pedrosa

trois_ombres Delcourt - Septembre 2007 – 268 pages

Présentation de l'éditeur
Joachim et ses parents vivaient heureux au creux des collines. Puis les ombres apparurent et rien ne fut plus comme avant. Une sourde menace s'était immiscée : il fallait fuir ou se soumettre.

Biographie de l'auteur
Cyril Pedrosa est né en 1972. Lecteur assidu de Mickey Parade et Astérix, il décide à six ans d'être dessinateur de bande dessinée. Ses parents sont ravis mais lui suggèrent de poursuivre un peu ses études. Presque trente ans plus tard, il aime toujours écrire des histoires et les dessiner. Parallèlement à sa collaboration fidèle et fructueuse avec David Chauvel (Ring Circus), Trois ombres est, après Les Cœurs solitaires (éditions Dupuis), le deuxième livre seul en piste de Cyril : la recherche d'une expression plus personnelle qu'il compte bien continuer à explorer...

Mon avis : (lu en août 2009)

Extrait : (début du livre)

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Allez lire une interview très intéressante de Cyril Pedrosa sur "Trois ombres" chez ActuaBD.

Dans cette BD, l'auteur aborde le sujet difficile de la perte d'un enfant sous la forme d'un conte fantastique. Joachim vit avec ses parents dans une maison isolée. La famille est unie et heureuse jusqu'au jour où apparaissent trois ombres sur la colline face à la maison. Qui sont ses ombres ? Que veulent-elles ? Les parents vont comprendre que ces "ombres" sont venues pour "chercher" Joachim, pour l'emporter loin d'eux. Son père décide de s'enfuir avec son petit garçon. Ils vont vivre des aventures sur un bateau. Mais fuir, ne sert à rien, il ne peut pas échapper aux ombres.

Le dessin en noir et blanc est très réussi, il donne une force supplémentaire à ce récit d'aventure sur l'amour et la mort. Plusieurs types de graphismes sont utilisés en fonction du déroulement et des parties réalistes ou magiques de l'histoire. Pour terminer l'auteur nous laisse une lueur d'espoir en citant un très joli poème que voici :

"Dans ce paysage de printemps

il n'y a ni meilleur ni pire

les branches des fleurs poussent naturellement

certaines sont longues certaines sont courtes."

8 août 2009

Une mort esthétique – P.D. James

une_mort_esth_tique Fayard – avril 2009 – 440 pages

traduit de l'anglais par Odile Demange

Résumé du livre :

Quand la célèbre journaliste d'investigation Rhoda Gradwyn s'inscrit dans la clinique privée du docteur Chandler-Powell pour faire disparaître une cicatrice qui la défigure depuis l'enfance, elle a en perspective une opération réussie par un chirurgien reconnu, une paisible semaine de convalescence dans l'un des plus beaux manoirs du Dorset et le début d'une nouvelle vie. Mais, malgré le succès de l'opération, elle ne quittera pas Cheverell Manor vivante. Le commandant Dalgliesh et son équipe, appelés pour enquêter sur ce qui se révèle être un meurtre, puis sur une deuxième mort suspecte, se trouvent confrontés à des problèmes qui les mèneront bien au-delà de la simple recherche des coupables.

Phyllis Dorothy James mène ici sa dix-septième intrigue policière avec toute l'acuité et l'inventivité dont elle a le secret : un cadre pittoresque ; des personnages bien campés et dont la psychologie occupe une place importante, avec de nombreux retours sur leur passé ; l'équipe d'enquêteurs habituelle (Adam Dalgliesh, Kate Miskin, Francis Benton-Smith) ; le tout assorti de réflexions sur la structure sociale britannique, la nature humaine, la limite floue entre culpabilité et innocence, le poids du passé sur les destinées individuelles, le rôle fatal que peuvent jouer certains médias.

Auteur : Née en 192O, Phyllis Dorothy James sera tour à tour secrétaire, assistante de régie et directrice administrative d'un hôpital, avant de diriger un laboratoire médico-légal. En 1962, elle publie son premier roman, A Visage couvert. Il est signé P.D. James, afin de cacher que son auteur est une femme. Adam Dalgliesh, déjà présent dans ce premier titre, devient le héros emblématique des romans policiers de cet écrivain atypique, qui s'attache à mêler le suspense aux descriptions psychologiques. Devenue magistrat à la retraite aujourd'hui, anoblie par la reine en 1990, elle poursuit l'écriture et la promotion de ses romans avec le même succès.

Mon avis : (lu en août 2009)

C'est le deuxième livre de P.D. James que je lis après Le Phare. J'aime ce genre de policier anglais assez traditionnel. L'intrigue est très bonne, on ne s'ennuie pas un instant, petit à petit les pièces du puzzle s'assemble. Les personnages sont fort bien décrits, aussi bien les policiers à la suite du commandant Adam Dalgliesh que les occupants du manoir. J'aime cette ambiance lourde et mystérieuse de la campagne anglaise, ici nous sommes en plein hiver dans le Dorset, dans un vieux manoir imposant et isolé. J’aime également beaucoup la couverture qui reflète parfaitement l'atmosphère de ce roman policier avec lequel j'ai passé de très bons moments.

Extrait : (page 45)

Le mardi 27 novembre à quatorze heures, Rhoda était prête à partir pour son premier séjour à Cheverell Manor. Ses derniers articles avaient été rédigés et remis à temps, comme toujours. Elle n'avait jamais pu quitter sa maison, fût-ce pour une nuit, sans que tout soit en ordre, le ménage impeccablement fait, les poubelles vidées, les papiers rangés dans son bureau, la fermeture des portes intérieures et des fenêtres vérifiée. Le lieu qu'elle considérait comme son foyer devait être impeccable avant son départ, comme si ce souci du détail garantissait qu'elle y reviendrait saine et sauve.

En même temps que la brochure du manoir, on lui avait remis un plan pour se rendre dans le Dorset, mais comme elle le faisait toujours quand l'itinéraire ne lui était pas familier, elle avait noté les étapes sur un bristol qu'elle placerait sur le tableau de bord. Il y avait eu des éclaircies au cours de la matinée, mais malgré son départ tardif, elle mit du temps à sortir de Londres et au moment où, près de deux heures plus tard, elle quitta la M3 pour s'engager sur la route de Ringwood, le jour déclinait déjà. Le crépuscule s'accompagna de violents bourrasques de pluie qui, en l'espace de quelques secondes, se transformèrent en averse diluvienne. Tressautant comme des créatures vivantes, les essuie-glaces n'arrivaient pas à écarter cette masse d'eau. Elle ne voyait devant elle que la lueur de ses phares sur un ruissellement de plus en plus dense. Elle ne distinguait que très peu d'autres véhicules. Elle jugea plus prudent de s'arrêter et scruta le bord de la route à travers un mur de pluie, cherchant un accotement stable, recouvert d'herbe. Quelques minutes plus tard, elle put se diriger précautionneusement vers quelques mètres de terrain plat, devant le lourd portail d'une ferme. Ici, au moins, ses roues ne risquaient pas de s'enfoncer dans un fossé caché ou dans de la boue spongieuse. Elle coupa le moteur et écouta la pluie qui martelait le toit comme une grêle de balles. Sous ce déluge, la BMW était un havre de paix métallique, qui accentuait encore le tumulte extérieur. Elle savait qu'au-delà d'invisibles haies taillées s'étendait une des plus belles campagnes d'Angleterre, mais pour le moment, elle se sentait murée dans une immensité à la fois étrangère et potentiellement hostile. Elle avait éteint son portable, avec soulagement, comme toujours. Personne au monde ne savait où elle était, personne ne pouvait la joindre. Aucun véhicule ne passait et, à travers le pare-brise, elle ne voyait que la muraille d'eau et, au-delà, des traînées lumineuses tremblotantes qui indiquaient la présence de maisons lointaines. Généralement, elle appréciait le silence et n'avait aucun mal à tenir son imagination en bride. Elle envisageait sereinement l'opération à venir, tout en étant consciente des risques d'une anesthésie générale. Mais elle se sentait en proie à un malaise plus profond que la simple appréhension due à cette visite préliminaire ou à l'imminence de l'intervention. C'était un sentiment, jugea-t-elle, trop proche de la superstition pour être agréable, comme si une réalité qu'elle avait ignorée ou refoulée jusque-là s'imposait progressivement, exigeant d'être reconnue.

La rivalité sonore de l'orage rendait vaine toute tentative pour écouter de la musique ; elle se laissa donc aller contre le dossier de son siège et ferma les yeux.

2 août 2009

Lune captive dans un œil mort – Pascal Garnier

lune_captive_dans_un_oeil_mort Zulma – janvier 2009 - 156 pages

Présentation de l'éditeur
Martial et Odette viennent d'emménager dans une résidence paradisiaque du sud de la France, loin de leur grise vie de banlieue. Les Conviviales offrent un atout majeur : protection absolue et sécurité garantie - pour seniors uniquement. Assez vite, les défaillances du gardiennage s'ajoutent à l'ennui de l'isolement. Les premiers voisins s'installent enfin. Le huis clos devient alors un shaker explosif : troubles obsessionnels, blessures secrètes, menaces fantasmées du monde extérieur. Jusqu'à ce que la lune, une nuit plus terrible que les autres, se reflète dans l'œil du gardien... Avec beaucoup d'humour et de finesse, malgré la noirceur du sujet, Pascal Garnier brosse le portrait d'une génération à qui l'on vend le bonheur comme une marchandise supplémentaire. Une fin de vie à l'épreuve d'un redoutable piège à rêves.

Biographie de l'auteur
La vie de Pascal Garnier est à elle seule toute une histoire. On retiendra qu'il est une figure originale du roman contemporain. Il a élu domicile dans un petit village en Ardèche où il peint, et écrit aussi pour la jeunesse. On ne s'étonnera pas qu'il ait reçu le Grand Prix de l'Humour noir (2006). Après l'A26, Comment va la douleur ? ou la Théorie du panda, Pascal Garnier confirme ici son talent dans l'investigation des travers contemporains. Son art du suspense et du scénario, comme la virtuosité diabolique dans le flegme qu'il tient du roman noir, font de lui un des maîtres actuels de la fable réaliste.

Mon avis : (lu en aout 2009)

C'est le premier livre que je lis cet auteur et je remercie ma bibliothèque préférée et son « Café lecture » pour m'avoir encouragé à lire ce livre. Je n'aime pas du tout la couverture de ce livre (le graphisme m'est très désagréable à regarder) par contre la police typographique est très sympathique. Le titre est également très énigmatique...

Nous voici dans un huis-clos au sein d'une résidence réservée aux 3ème âge. Un village idéal avec de jolis petites maisons toutes pareilles, des jardins parfais, un club-house, une piscine, un gardien pour la surveillance et une clôture sécurisant la résidence, bref le coin idéal pour passer sa retraite au soleil. Martial et Odette sont le premier couple à s'installer, ils attendent l'arrivée leurs premiers voisins (50 maisons composent le village), en effet ils sont seuls et regardent la pluie tomber sous la surveillance du gardien M.Flesh. Au printemps, un nouveau couple, Marlène et Maxime, très différents des premiers vont s'installer. Puis c'est l'arrivée de Léa, une femme seule. Au début l'entente est cordiale, mais bientôt les différents caractères et les petits secrets de chacun va rendre la cohabitation explosive. L'auteur nous livre une galerie des personnages d'un réalisme étonnant et à travers ce petit livre de 150 pages (trop court à mon goût !) une critique de notre société et des « paradis pour seniors». Cette lecture me donne très envie de découvrir d'autres livres de cet auteur !

Extrait : (début du livre)

LES CONVIVIALES,

L'EXPERT DES RÉSIDENCES SENIORS

Les Conviviales, c'est le nouveau concept de vie pour les retraités qui ont choisi de vivre une retraite active au soleil... En quelques mots, les Conviviales, c'est :

UNE RÉSIDENCE CLOTURÉE ET SÉCURISÉE

Aujourd'hui, le premier des conforts, c'est de se sentir bien protégé et en sécurité permanente. Le gardien-régisseur logé sur place à l'année veille à la tranquillité des résidents.

Martial compara la photo sur la couverture de la plaquette avec ce qu'il voyait par la fenêtre. Il pleuvait. Il pleuvait presque tous les jours depuis un mois. La pluie vernissait les tuiles romaines des pavillons rigoureusement identiques au crépi ocre qui tendaient devant eux leur petit tablier de pelouse vert cru, pareil à de la moquette synthétique. Des arbustes plantés comme des balais à intervalles réguliers ne produisaient en cette saison ni feuilles, ni fleurs, ni ombre. Tous les volets étaient clos. La cinquantaine de maisonnettes s'alignaient sagement de part et d'autre d'une large voie centrale d'où rayonnaient des allées de gravillons la reliant aux habitations. Vu d'avion, ça devait ressembler à une sorte d'arête de poisson.

DES MAISONS DÉDIÉES AU CONFORT

Les maisons de plain-pied permettent une accessibilité parfaite : terrasse, patio, cuisine fonctionnelle, salle de bains ergonomique, deux belles chambres...

A part quelques meubles de famille qui n'arrivaient toujours pas à trouver leur place, Odette avait profité de l'occasion pour renouveler le mobilier et, consciemment ou pas, son choix s'était porté sur des meubles qui ressemblaient étrangement à ceux de la maison témoin qu'ils avaient visitée quelques mois auparavant. Martial n'arrivait pas à s'y faire. Tout sentait le neuf, le plastique. D'accord, c'était pratique, tout fonctionnait, mais il avait l'impression de vivre à l'hôtel. (…)

UN CLUB-HOUSE

Le club-house de la résidence, véritable Pavillon des Loisirs, est un lieu de rencontres. Chacun aimera s'y retrouver pour discuter, jouer aux échecs, surfer sur Internet, disputer une partie de billard, prendre le thé, faire des crêpes... La secrétaire-animatrice organise dans la concertation et la bonne humeur des concours, des excursions, des sorties, des découvertes de sites, des soirées.

Pour l'heure, il était fermé et jamais ils n'avaient rencontré ni même entrevu la secrétaire-animatrice. Pour dire vrai, Martial n'y tenait pas plus que ça. Il redoutait même l'ouverture du club-house. Il n'avait aucune envie de faire des concours de crêpes avec des inconnus.

UNE PISCINE CHAUFFÉE AU SOLAIRE

Pour combiner santé et plaisir en s'offrant d'agréables moments de fraîcheur.

Elle était vide, la piscine. Quelques centimètres d'eau de pluie stagnaient au fond.

DU SOLEIL TOUTE L'ANNÉE

Toutes les résidences sont implantées dans le sud de la France afin de...

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