Le poids des secrets, Tome 1: Tsubaki – Aki Shimazaki
Leméac/Actes sud - septembre 1999 – 121 pages
Actes Sud – octobre 2005 – 114 pages
Présentation de l'éditeur
Dans une lettre laissée à sa fille après sa mort, Yukiko, une survivante de la bombe atomique, évoque les épisodes de son enfance et de son adolescence auprès de ses parents, d'abord à Tokyo puis à Nagasaki. Elle reconstitue le puzzle d'une vie familiale marquée par les mensonges d'un père qui l'ont poussée à commettre un meurtre.
Obéissant à une mécanique implacable qui mêle vie et Histoire, ce court premier roman marie le lourd parfum des camélias (tsubaki) à celui du cyanure. Sans céder au cynisme et avec un soupçon de bouddhisme, il rappelle douloureusement que nul n'échappe à son destin.
Biographie de l'auteur
Née au Japon, Aki Shimazaki vit à Montréal depuis 1991. Bien que sa langue maternelle soit, le japonais, elle écrit tous ses livres directement en français. Tsubaki est le premier volet de sa pentalogie Le Poids des secrets, qui comprend également Hamaguri, Tsubame, Wasurenagusa et Hotaru (tous publiés par Leméac/Actes Sud). Elle a remporté le prix Ringuet de l'Académie des lettres du Québec pour Hamaguri et le prix Canada-Japon pour Wasurenagusa.
Mon avis : (lu en août 2009)
J'ai découvert ce titre grâce à la blogosphère. Tsubaki (qui signifie camélia en japonais) est le premier tome de la série Le poids des secrets d'Aki Shimazaki.
C'est l'histoire d'une Japonaise qui laisse une lettre à sa fille dans laquelle elle raconte sa vie, son enfance à Nagasaki, de la bombe atomique, mais surtout elle va dévoiler des secrets de famille. Les personnages de cette histoire sont profondément attachants et humains, et en toile de fond nous assistons à l'horreur de la Seconde Guerre Mondiale et des bombes atomiques ...
Le livre est très court et se lit très vite, trop vite. L'écriture est juste, subtile pleine d'une poésie délicate dans la pure tradition japonaise. Ce récit est émouvant et j'ai vraiment hâte de pouvoir lire la suite de cette série.
Extrait : (début du livre)
Il pleut depuis la mort de ma mère. Je suis assise près de la fenêtre qui donne sur la rue. J'attends l'avocat de ma mère dans son bureau où travaille une seule secrétaire. Je suis ici pour signer tous les documents relatifs à l'héritage : l'argent, la maison et le magasin de fleurs dont elle s'occupait depuis le décès de mon père. Il est mort d'un cancer de l'estomac voilà sept ans. Je suis la seule enfant de la famille et la seule héritière déclarée.
Ma mère tenait à la maison. C'est une vieille maison entourée d'une haie d'arbustes. Derrière, un jardin avec un petit bassin rond et un potager. Au coin, quelques arbres. Parmi eux, mes parents avaient planté des camélias peu après l'achat de la maison. C'était ma mère qui aimait les camélias.
Le rouge des camélias est aussi vif que le vert des feuilles. Les fleurs tombent à la fin de la saison, une à une, sans perdre leur forme : corolle, étamines et pistil restent toujours ensemble. Ma mère ramassait les fleurs par terre, encore fraîches, et les jetait dans le bassin. Les fleurs rouges au cœur jaune flottaient sur l'eau pendant quelques jours.
Un matin, elle dit à mon fils : « J'aimerais mourir comme tsubaki. Tsubaki, c'est le nom du camélia en japonais. »
Maintenant, comme elle le voulait, ses cendres sont répandues sur la terre autour des camélias alors que sa pierre tombale est à côté de celle de mon père au cimetière.