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A propos de livres...

26 octobre 2010

Le fille du docteur Baudoin – Marie-Aude Murail

Lu durant le Read-A-Thon RAT_logo

la_fille_du_docteur_Baudoin L'École des Loisirs – octobre 2006 – 260 pages

Quatrième de couverture :
Ils sont deux à se partager la clientèle du cabinet. Jean Baudoin, le fondateur, la cinquantaine à la fois fringante et fatiguée. Il ne garde jamais les gens plus de dix minutes, distribue les médocs comme les regards méprisants. Les malades l'énervent de plus en plus. Et Vianney Chasseloup, un débutant, avec des yeux d'âne, un prénom de saint, une triste figure de chevalier, les cheveux en pagaille et le veston froissé. C'est lui qui soigne tous ceux dont Baudoin ne veut plus : les vieux, les gâteux, les paumés, les cas désespérés. Mais voilà qu'un jour, parmi les patients du docteur Chasseloup, se glisse une toute jeune fille aux yeux bleus, presque violets. Violaine. Aussi jolie que son prénom peut le laisser espérer. Elle a tout pour être heureuse. C'est la fille du docteur Baudoin. Alors, qu'est-ce qu'elle fait là ?

Auteur : Marie-Aude Murail est née au Havre en 1954. Elle vit avec son mari et a trois enfants, deux garçons et une fille. Elle a commencé à écrire pour la jeunesse en 1986. Au début, ses romans étaient surtout destinés à des femmes, puis elle s'est mise à écrire pour les jeunes de 7 à 16 ans. Dans ses romans, on peut retrouver énormément de dialogues entre les personnages. Son but est de séduire ses lecteurs grâce à de l'émotion et de l'amour. Le plus souvent, dans ses livres, les histoires se passent dans des milieux urbains et les héros sont des hommes, souvent des ados, motivés par des femmes. Elle a écrit Oh boy (2000), Simple (2004), Maïté coiffure (2004), Miss Charity (2008), Papa et Maman sont dans un bateau (2009).

Mon avis : (lu en octobre 2010)
C’est l’histoire  de Violaine Baudoin, à 17 ans, elle vit dans une famille aisée et sans problèmes. Son père est médecin, sa mère dirige un laboratoire d'analyses médicales. Son frère Paul-Louis, 15 ans, est l'adolescent typique qui aime les vêtements de luxe et MSN. Sa petite sœur, Cerise, 8 ans, elle élève des cochons virtuels, des vaches ou des dragons sur Internet...
La vie du cabinet médical est présente en toile de fond dans cette histoire. On découvre les différents patients et l’on suit leur état de santé au fil de leurs visites chez le médecin.
Il existe une petite rivalité entre les deux collègues, l'un et l’autre n’ayant pas les mêmes méthodes de travail. D’un côté le docteur Jean Baudoin, surmené et un peu blasé par son métier et qui enchaîne rapidement ses consultations, prescrivant facilement de nombreux médicaments et des analyses inutiles. De l’autre le jeune associé le docteur Vianney Chasseloup beaucoup plus consciencieux et plus à l’écoute des ses malades, il prend du temps pour les recevoir.
Violaine vie une adolescence heureuse et insouciante jusqu’au jour où elle découvre qu'elle est enceinte  d'un garçon qu'elle n'aime pas. Ne voulant rien dire à ses parents, elle confie son secret à sa meilleure amie, Adelaïde. Toutes deux vont faire des démarches au planning familial. Et c’est là, que Violaine  rencontrera le docteur Chasseloup, qui est l'associé de son père...

Un sujet important et grave traité avec beaucoup de justesse.

Extrait : (début du livre)
Le docteur Baudoin connaissait chaque soir de la semaine un moment de bonheur, par ailleurs assez bref, quand il prenait l'ascenseur. Tandis que la petite cage vitrée s'envolait vers son luxueux appartement, il lâchait un gros soupir en même temps que sa mallette en cuir. Voilà, encore une journée de boulot terminée.

Déjà lu du même auteur :

Simple Simple  papa_et_maman_sont_dans_un_bateau Papa et Maman sont dans un bateau

MissCharityGRAND Miss Charity

Ce soir-là, il rentrait de bonne heure. Il allait pouvoir dîner en famille avec sa femme, Stéphanie, et avec ses trois enfants, chair de sa chair, prunelle de ses yeux, Violaine, dix-sept ans, Paul-Louis, quinze ans, et Cerise, huit ans. Cinquième étage, tout le monde descend.

- Ah, tiens, papa ! Sixte m'invite à sa soirée de rallye le mois prochain.
Paul-Louis agita devant lui son téléphone portable pour faire comprendre qu'il était en ligne.
- Mais il me faut un costume.
Le docteur Baudoin regarda son fils sans rien trouver à lui répondre, pas même le classique : « Ca fait plaisir d'être accueilli. » Il entra au salon, où les flics de Miami canardaient le canapé en laissant hurler leur sirène.
- Tu es sourde ? cria le docteur Baudoin à sa fille aînée.
Violaine, un coussin serré sur la poitrine en guise de gilet pare-balles, fit : « Hein ? », et se contenta de zapper sans baisser le son.
- C'est OK pour le costume ? reprit Paul-Louis dans le dos de son père.
- Votre mère est là ? demanda le docteur Baudoin.
Puis, sans espérer de réponse, il partit en quête de Stéphane et se heurta dans le couloir à sa petite dernière.
- Oh, papa ! S'exclama Cerise. Je sais que c'est pas vrai et qu'il y a d'autres raisons de pleurer dans la vie, mais j'avais réussi à gagner deux cochons, et ils allaient faire un bébé en plus ! Mais il y a quelqu'un qui est entré chez moi et il a lâché un loup qui a mangé ma cochonne. Et mon pauvre cochon, il n'a plus de joie de vivre, maintenant.
Elle était au bord des larmes.
- Mais de quoi tu me parles ? S'écria son père, ahuri.
- C'est à Kochonland, précisa la petite en reniflant. Sur Internet.
- Papa, gémit Paul-Louis, qu'est-ce que je réponds à Sixte ?
Le docteur Baudoin leva les yeux au plafond. Dire qu'il avait idolâtré ce gamin quand il avait trois ans et qu'on l'appelait Pilou !
 

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25 octobre 2010

Blue cerise – Octobre : saison 1

Lu durant le Read-A-Thon RAT_logo

Ils sont quatre : Zik, Satya, Violette et Amos. Quatre ados inséparables, aussi différents qu’unis.
Unis dans leur vie d’ado, mais aussi par un secret qui pèse lourd. À chaque épisode sa voix.
 

Amos : Cibles mouvantes - Sigrid Baffert

blue_cerise1_amos Édition Milan – mai 2009 – 59 pages

Quatrième de couverture :
Octobre; Les vacances. Pour Amos, le temps des questions. Qui est ce débile qui le harcèle au téléphone ? Comment s'y prendre avec Lucas, le nouveau du tir à l'arc ? Et puis, qu'est-ce qu'il irait bien faire au Québec ? Surtout sans les cerises.

Auteur : Née en 1972 à Lyon, Sigrid Baffert a poursuivi des études de cinéma et de théâtre. Alors qu’elle est encore étudiante, elle écrit déjà des histoires pour enfants et des chansons, dont Ballade pour une gardienne de prison interprétée par Serge Reggiani. Aujourd’hui, elle se consacre entièrement à l’écriture et à la création.

Satya : L'attentat - Jean-Michel Payet

blue_cerise1_satya Édition Milan – mai 2009 – 63 pages

Quatrième de couverture :
Octobre. Les vacances. Pour Satya, un vrai jeu de piste. Qui est cette fille qui le mène de rendez-vous fantômes en happenings bizarres ? Un soir au musée, une nuit sur un toit et un attentat d'un genre un peu particulier. Une drôle de fille, vraiment, mais tellement fascinante...

Auteur : Jean-Michel Payet est avant tout connu comme illustrateur jeunesse et de bandes-dessinées. Questions pour un crapaud est son premier roman pour la jeunesse. Il est aussi l’auteur de la bande-dessinée Les énigmes de Zack et Zelda dans le magazine « Toutalire ». Il est né à Paris le 1er mai 1955. Père de trois enfants, il habite à Combs-la-ville (77).

Zik : l'Ange des toits - Maryvonne Rippert

blue_cerise1_zik Édition Milan – mai 2009 – 55 pages

Quatrième de couverture :
Octobre. Les vacances. Pour Zik, ça commence sur le toit de son immeuble pour finir dans une cave, dans un hallucinant concert de rock. Entre nulle part et demain. Et avec des musiciens d'avant-hier. Spécial.

Auteur : Après de nombreuses années passées à Paris où elle travaille à la documentation d’un grand hebdomadaire d’information, Maryvonne Rippert s’installe près de Lyon et se consacre à l’écriture de textes pour la jeunesse et de romans policiers. La différence, l’apprentissage de la liberté, la séparation, tels sont les thèmes qui lui sont chers.

Violette : L'amour basta ! - Cécile Roumiguière

blue_cerise1_violette Édition Milan – mai 2009 – 57 pages

Quatrième de couverture :
Octobre. Les vacances. Pour Violette, c'est l'exil : dix jours chez le tio Ernesto, au fin fond des Corbières, loin de tout signe de civilisation. Une planète où même les portables ne passent pas...

Auteur : Originaire de l’Aveyron, Cécile Roumiguière vit et travaille à Paris. Après des études de lettres modernes orientées théâtre et cinéma, elle plonge dans l’univers du spectacle où elle mène une carrière riche et éclectique. Aujourd’hui, elle se consacre également à l’écriture de romans et d’albums pour la jeunesse.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
J'ai dévoré ces 4 petits livres en un peu plus d'une heure. L'originalité de cette série c'est de raconter une même histoire avec 4 points de vues différents, celui de chacun des 4 personnages et amis qui constituent les Blue cerises. Autre originalité, les 4 auteurs différents pour chacun des livres de la série. Pour chaque saison, ces 4 livres peuvent être lus dans un ordre quelconque.

Un mystérieux inconnu harcèle la famille d’Amos au téléphone. Amos avec sa sœur Chani tentent de mener l’enquête. Lucas un de ses camarades de son club de tir à l'arc a avec lui un comportement troublant. Amos vient  d’apprendre  leur prochain déménagement au Québec. C’est difficile pour Amos de l’annoncer à ses copains.

Dans la librairie de ses deux grands-mères Satya croise une belle inconnue, Indiana qui ne le laisse pas indifférent. A l’occasion de plusieurs rendez-vous, elle le promène dans un univers d’absurde et de poésie. Qui est cette fille ? Que veut-elle vraiment ? Satya va découvrir le triste secret d’Indiana.Les 4 personnages sont attachants, ils sont très différents mais ils sont unis par une immense amitié. Dès que possible, je me procurerai la saison 2 et la saison 3. Une belle découverte !

Violette va passer les vacances de Toussaint chez le tió Ernesto dans les Corbière. Loin des blue Cerises, Violette va faire la rencontre d’apprentis travailleurs humanitaires qui s'entraînent. Violette va-t-elle savoir se protéger ?

Zik fait une curieuse rencontre. Elle va suivre sur les toits de Paris un bel inconnu dans un monde de la nuit et de la musique. En cette première nuit de novembre,  elle assistera à un concert très particulier !

Pour en savoir plus, allez voir le site des Blue cerises, vous y trouverez les liens des blogs de chacun des Blues cerises.

24 octobre 2010

En pause...

Je pars quelques jours en famille prendre l'air à la campagne

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Il n'y aura pas d'internet... mais de nombreux livres à lire !

A très bientôt.

(mes derniers billets de mes lectures du Read-A-Thon ont été programmés pour les jours suivant...)

23 octobre 2010

Sans un adieu – Harlan Coben

sans_un_adieu Belfond – octobre 2010 – 459 pages

traduit de l'américain par Roxane Azimi

Quatrième de couverture :
Suspense magistral, intrigue machiavélique à souhait, tension psychologique à son comble. Des côtes australiennes aux parcs de Boston et aux banlieues new-yorkaises, le tout premier roman de celui qui allait révolutionner le monde du thriller.
Laura Ayars et David Baskin, l'ancienne top model devenue femme d'affaires et la superstar de l'équipe de basket des Celtics : un couple béni des dieux !
Mais, en pleine lune de miel, la tragédie frappe.
David part nager et disparaît.
Sans un adieu...

Accident ? Meurtre ? Suicide ? Laura se lance dans l'enquête et découvre bientôt des secrets vieux de trente ans, que ses proches ont tout fait pour enfouir...

Mensonges, trahisons, jalousies, meurtres... Quand le passé menace de ressurgir, un tueur tapi dans l'ombre est prêt à tout pour empêcher la vérité d'éclater.

Auteur : Harlan Coben est né et a grandi dans le New Jersey, où il vit avec sa femme et leurs quatre enfants. Ne le dis à personne... (2002), prix des Lectrices de Elle et adapté au cinéma par Guillaume Canet, Disparu à jamais (2003), Une chance de trop (2004), Juste un regard (2005), Innocent (2006), Promets-moi (2007), Dans les bois (2008), Sans un mot (2009) et Sans laisser d'adresse (2010).

Mon avis : (lu en octobre 2010)
Dès la préface, le lecteur est prévenu, ce livre a été écrit par Harlan Coben il y a une bonne vingtaine d'années et il n'a pas voulu le réécrire et il nous livre tel quel son premier polar.
Voici un couple idéal, Laura Ayars et David Baskin. Elle est un ancien mannequin et elle dirige sa propre marque de vêtements. Lui est un grand champion de basket de l'équipe des Celtics. Ils sont tous les deux superbes et fous amoureux. Ils sont partis clandestinement pour leur lune de miel en Australie. Pour ses affaires, Laura part à un rendez-vous professionnelle. Lorsqu'elle revient à l'hôtel, David est parti nager. Malheureusement, David ne reviendra pas…
Voilà comment commence ce livre. L'histoire est bien construite : le lecteur est spectateur de l'intrigue, il comprend certaines choses avant les protagonistes, l'intrique est captivante. En effet, lorsqu'on commence ce livre, on a du mal à le lâcher, car le suspens est là en permanence, les pistes vraies et fausses sont multiples et le livre nous entraîne de rebondissements en rebondissements. Je croyais avoir compris avant la fin la conclusion de l'histoire et bien sûr je m'étais trompée...
J'ai pris vraiment beaucoup de plaisir à lire ce premier Harlan Coben, vraiment réussi.

Un grand MERCI à Romane de l'agence Athomedia et aux éditions Belfond pour l'envoi de ce livre.

Extrait : (début du livre)
PROLOGUE
29 mai 1960
CE SERAIT UNE ERREUR DE LA REGARDER EN FACE pendant qu’elle parle. Ses paroles, il le savait, n’auraient aucun effet sur lui. Son visage et son corps, si.
Tandis qu’elle refermait la porte, Sinclair pivota vers la fenêtre. Il faisait beau : dehors, un grand nombre d’étudiants se prélassaient au soleil. Quelques-uns jouaient au touch football, mais la plupart étaient allongés – les amoureux blottis l’un contre l’autre –, livres ouverts pour faire croire à leurs intentions studieuses.
Un reflet d’or attira son regard sur une chevelure blonde. Se tournant, il reconnut la jolie fille de son cours de 14 heures, entourée d’une demi-douzaine de garçons qui se disputaient son attention dans l’espoir de lui arracher son plus beau sourire. Par la fenêtre d’une chambre, on entendait beugler à travers tout le campus le dernier single de Buddy Holly. Il jeta un nouveau coup d’œil sur la ravissante blonde qui n’arrivait pas à la cheville de la beauté brune derrière lui.
— Alors ? fit-il.
À l’autre bout de la pièce, la sublime créature hocha la tête avant de se rendre compte qu’il lui tournait le dos.
— Oui.
Il poussa un énorme soupir. Sous la fenêtre, quelques-uns des garçons s’écartèrent de la blonde, la mine déconfite, comme s’ils venaient de se faire éliminer de la compétition, ce qui du reste devait être le cas.
— Tu es sûre ?
— Évidemment.
Sinclair hocha la tête sans trop savoir pourquoi.
— Et que comptes-tu faire ?
Elle le contempla, incrédule.
— Corrige-moi si je me trompe, commença-t-elle avec une exaspération manifeste, mais il me semble que ça te concerne aussi.
Une fois de plus, il hocha la tête, sans aucune raison apparente. Dehors, sur la pelouse, un autre garçon s’était fait éjecter du ring. Ne restaient en lice que deux candidats aux faveurs potentielles de la blonde. Il reporta son attention sur la partie de touch football et suivit des yeux le ballon qui traversait lentement l’air humide. Un garçon au torse nu tendit les mains. Le ballon décrivit une spirale, rebondit sur le bout de ses doigts et retomba à terre. Sinclair se concentra sur le jeu, partageant la déception du joueur, s’efforçant d’ignorer l’emprise qu’elle exerçait sur son esprit. Son regard revint par inadvertance sur la blonde. Elle avait fait son choix. Tête basse, le perdant s’éloigna, bougon.
— Tu veux bien te retourner, dis ?
Un sourire joua sur ses lèvres. Il n’était pas fou au point de s’exposer à son arsenal dévastateur, de se laisser prendre dans ses filets. Il regarda le jeune homme qui avait réussi à conquérir la blonde. Même de sa fenêtre au premier étage, on pouvait lire la concupiscence dans les yeux agrandis du garçon, lorsqu’il s’empara de la proie tant convoitée et l’embrassa. Ses mains se mirent à vagabonder.
Le butin au vainqueur.
Il se tourna vers la bibliothèque. Maintenant que leur relation avait pris un tour plus physique, il avait l’impression de violer l’intimité du jeune couple. Il glissa une cigarette dans sa bouche.
— Va-t’en.
— Quoi ?
— Va-t’en. Fais ce que tu veux, mais je ne veux plus te voir ici.
— Tu n’es pas sérieux.
— Si.
Il alluma la cigarette.
— On ne peut plus sérieux.
— Mais j’allais annoncer…
— N’en parle à personne. C’est déjà allé trop loin.
Il y eut un moment de silence. Lorsqu’elle reprit la parole, ce fut d’un ton implorant, un ton qui lui écorcha les nerfs.
— Mais je croyais…
Il tira sur sa cigarette comme s’il avait voulu la terminer en une seule bouffée.
De la pelouse lui parvint le bruit retentissant d’une gifle. La blonde avait coupé court aux débordements hormonaux du jeune homme qui avait tenté de franchir le stade du simple pelotage.
— Eh bien, tu as eu tort. Maintenant va-t’en.
Sa voix n’était plus qu’un murmure.
— Salaud.

Livre 17/21 pour le Challenge du 3% littéraire 1pourcent2010

22 octobre 2010

Je me souviens… - Boris Cyrulnik

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L’esprit du temps – mars 2009 - 80 pages

Odile Jacob – mars 2010 – 83 pages

Quatrième de couverture :
"Ça fait soixante-quatre ans que je n'ai rien pu dire, c'est la première fois que je le fais. Je me rappelle, j'habitais ici. Et puis un jour, ou plutôt une nuit - c'était tôt le matin quand j'ai été arrêté -, la rue a été barrée de chaque côté par des soldats en armes. C'étaient des Allemands, mais j'ai été arrêté par la police française. Il y avait des camions en travers de la rue et puis, devant la porte, une traction avant avec des inspecteurs en civil, des inspecteurs français qui étaient là pour arrêter un enfant de six ans et demi !".

Boris Cyrulnik évoque, dans ce livre très personnel, son enfance, son arrestation, son évasion et surtout l'insoumission aux hommes et aux idées.

Auteur : Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et directeur d'enseignement à l'université de Toulon. Il est l'auteur d'immenses succès, notamment Un merveilleux malheur, Les Vilains Petits Canards et Autobiographie d'un épouvantail.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
Dimanche dernier, j’ai regardé l’émission de La Grande Librairie sur France 5, Boris Cyrulnik était l’un des invités pour son nouveau livre et le lendemain, je vois ce petit livre à la bibliothèque et comme j’y étais de permanence, dans les moments sans lecteur, j’ai commencé à le lire, et je n’ai pas pu le lâcher.

A partir de son expérience personnelle, Boris Cyrulnik s'interroge sur le travail de mémoire. Plus de soixante après, il revient sur les traces de son enfance. Il lui reste certains souvenirs très précis des évènements qu'il a vécu alors qu'il avait 5 ans ou 6 ans ½. Boris Cyrulnik est devenu orphelin à 5 ans, son père a été déporté en 1942, sa mère également un an plus tard. Boris sera caché par de nombreuses familles d'accueil dont il ne garde très peu de souvenirs. Il est arrêté le 10 janvier 1944 et emmené dans une synagogue. Il nous raconte avec beaucoup de précision son incroyable évasion. Il se rappelle être un petit garçon rebelle, qui ne faisait pas une confiance aveugle aux adultes, il ne s'est pas fait piéger par une boîte de lait Nestlé ou une couverture. Boris Cyrulnik se rend compte que certains de ses détails extrêmement précis ont été réarrangés par la mémoire, ceux qui font souffrir ont été gommés, mais l'histoire reste cohérente.

Un témoignage très fort et émouvant sur l’enfance de Boris Cyrulnik.

Extrait : (page 15)
Je me souviens… C’était près de chez moi, rue de la Rousselle, il y avait une grande porte, une sorte d’arc de triomphe et, venant du pont de la Garonne, l’armée allemande qui défilait. Je les trouvais très beaux avec leurs uniformes, leurs chevaux, il y avait aussi de la musique. Comme elle ne pouvait pas passer sous la porte, la troupe se séparait en deux puis se reformait juste après. Je trouvais ça tellement beau que je ne comprenais pas pourquoi tout le monde pleurait autour de moi.
C’était l’entrée des Allemands à Bordeaux.
J’ai vécu un paradoxe : pour moi, enfant de cinq ans, ce jour était un jour de fête, un jour magnifique, tandis que tous les adultes vivaient un cauchemar. La mémoire traumatique est très particulière. Ce n’est pas une mémoire normale. Elle transforme, elle amplifie, elle minimise. Au plus profond de nous, il existe une trace extrêmement précise – plus encore que les archives -, mais ensuite, pour rendre cohérent le souvenir, on arrange le pourtour. On prend bien conscience de cela dans le cas d’un traumatisme. S’il y a trauma, c’est que le réel est invraisemblable, que les évènements défient l’humanité. Alors, pour rendre le trauma cohérent, reviennent des souvenirs extrêmement précis, la couleur, le mot, le son, l’odeur, gravés dans le marbre et, autour d’eux, un halo imprécis d’arrangement du souvenir.

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21 octobre 2010

Cosmétique de l'ennemi – Amélie Nothomb

Lu dans le cadre du Baby Challenge Contemporain 2011
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Baby Challenge - Contemporain Livraddict : 9/20 déjà lus
Médaille en chocolat

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Albin Michel – août 2001 – 140 pages

Livre de Poche – mai 2003 – 120 pages

Livre de Poche – mai 2003 – 120 pages

Digital publishing – 2007 - CD

Quatrième de couverture :
« Sans le vouloir, j'avais commis le crime parfait : personne ne m'avait vu venir, à part la victime. La preuve, c'est que je suis toujours en liberté. »
C'est dans le hall d'un aéroport que tout a commencé. Il savait que ce serait lui. La victime parfaite. Le coupable désigné d'avance. Il lui a suffi de parler. Et d'attendre que le piège se referme.
C'est dans le hall d'un aéroport que tout s'est terminé. De toute façon, le hasard n'existe pas.

Auteur : Née à Kobe (Japon) en 1967, issue d'une illustre famille bruxelloise, Amélie Nothomb découvre la Chine, New York, et l'Asie du Sud-Est lors des déplacements professionnels de son père, un ambassadeur belge. Née au Japon, elle reste profondément marquée par la culture nippone qu'elle porte dans son coeur et transpose dans ses écrits. Elle retourne en Belgique à l'âge de 17 ans et suit des études gréco-latines. En 1992, son roman 'Hygiène de l'assassin' est accueilli avec un énorme succès et se voit adapté sur grand écran. Frustrée de ne pas être restée au Japon, l'auteur y retourne et retranscrit cette expérience plus que déroutante dans 'Stupeur et tremblements', couronné Grand prix de l'Académie française en 1999. Ce livre marque une période de retrait médiatique pour l'écrivain qui aime provoquer, puis est adapté au cinéma en 2003. Se définissant elle-même comme une 'graphomane malade de l'écriture', elle sort un roman par an. Dans le 'Robert des noms propres', Amélie Nothomb romance la vie de son amie la chanteuse Robert. Son dix-huitième roman, 'Le voyage d'Hiver', est publié en 2009. Adulée, critiquée, marginale, Amélie Nothomb reste fidèle à ses idées, laisse vagabonder sa plume au gré des pages blanches et couche sur le papier des récits toujours plus originaux les uns que les autres.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
Voilà un livre qui se lit d’une traite, l’action se situe dans un aéroport. Jérôme Angust attend son avion qui est annoncé avec un retard indéterminé. Son voisin Textor Texel commence a engager la conversation et commence à lui raconter sa vie. Le lecteur assiste au dialogue entre ses deux hommes et s’interroge, qui est ce Textor Texel ? Pourquoi a-t-il besoin de raconter sa vie à un inconnu ? Petit à petit, nous allons découvrir la psychologie des personnages et c’est après des rebondissements inattendus que nous comprendrons le fin mot de l’histoire dans les toutes dernières pages. Un livre typique de l’univers d’Amélie Nothomb.

Extrait : (début du livre)
Cosmétique, l’homme se lissa les cheveux avec le plat de la main. Il fallait qu’il fût présentable afin de rencontrer sa victime dans les règles de l’art.
Les nerfs de Jérôme Angust étaient déjà à vif quand la voix de l’hôtesse annonça que l’avion, en raison de problèmes techniques, serait retardé pour une durée indéterminée.
« Il ne manquait plus que ça », pensa-t-il.
Il détestait les aéroports et la perspective de rester dans cette salle d’attente pendant un laps de temps pas même précisé l’exaspérait. Il sortit un livre de son sac et s’y plongea rageusement.
- Bonjour, monsieur, lui dit quelqu’un avec cérémonie.
Il souleva à peine le nez et rendit un bonjour de machinale politesse.
L’homme s’assit à côté de lui.
- C’est assommant, n’est-ce pas, ces retards d’avion ?
- Oui, marmonna-t-il.
- Si au moins on savait combien d’heures on allait devoir attendre, on pourrait s’organiser.
Jérôme Angust approuva de la tête.
- C’est bien, votre livre ? demanda l’inconnu.
« Allons bon, pensa Jérôme, faut-il en plus qu’un raseur vienne me tenir la jambe ? »
- Hm hm, répondit-il, l’air de dire : « Fichez-moi la paix. »
- Vous avez de la chance. Moi, je suis incapable de lire dans un lieu public.
« Et du coup, il vient embêter ceux qui en sont capables », soupira intérieurement Angust.
- Je déteste les aéroports, reprit l’homme. (« Moi aussi, de plus en plus », songea Jérôme.) Les naïfs croient que l’on y croise des voyageurs. Quelle erreur romantique ! Savez-vous quelle espèce de gens l’on voit ici ?
- Des importuns ? grinça celui qui continuait à simuler la lecture.
- Non, dit l’autre qui ne prit pas cela pour lui. Ce sont des cadres en voyage d’affaires. Le voyage d’affaires est à ce point la négation du voyage qu’il ne devrait pas porter ce nom. Cette activité devrait s’appeler « déplacement de commerçant ». Vous ne trouvez pas que cela serait plus correct ?
- Je suis en voyage d’affaires, articula Angust, pensant que l’inconnu allait s’excuser pour sa gaffe.
- Inutile de la préciser, monsieur, cela se voit.
« Et grossier, en plus ! » fulmina Jérôme.

20 octobre 2010

Haïti kenbe la ! - Rodney Saint-Eloi

Livre lu dans le cadre du partenariat Livraddict et Michel Lafon

haiti_kenbe_la Michel Lafon – septembre 2010 – 266 pages

Préface de Yasmina Khadra

Quatrième de couverture :
" J'ai écrit ce livre pour faire taire en moi les fureurs du goudou-goudou, ce séisme désormais ancré dans les entrailles de tous les Haïtiens. Haïti, en plus de la violence de l'Histoire, de la misère, n'avait pas besoin de séisme. C'est une violence de trop. L'esclavage, la colonisation, l'exploitation, les occupations auraient amplement suffi. La nuit, je me sens balancé. La terre vacille au moindre mouvement. Je me mets à lire ou à écrire pour oublier que la terre, qui sait nourrir, peut aussi trembler et tuer. J'ai écrit ce livre pour dire que la vie ne tremble jamais. Un peuple debout cherche sa route, à la lueur des bougies. Un peuple debout cherche de l'eau et du pain, et enterre ses morts. Car les morts savent traverser les jardins et frapper aux fenêtres des rêves pour apporter aux vivants l'espoir. "
Rodney Saint-Eloi

Auteur : Né à Cavaillon au sud d'Haïti, Rodney Saint-Eloi partage son temps entre l'écriture et l'édition. Ecrivain, professeur de littérature, activiste culturel, il a fondé en 1991 à Port-au-Prince les éditions Mémoire et en 2001 à Montréal les éditions Mémoire d'encrier, qui publient de nombreux ouvrages d'auteurs haïtiens, caribéens et africains.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
Le titre de ce livre en créole signifie Haïti, redresse-toi ! Ce livre est le témoignage de Rodney Saint-Eloi qui était à Haïti, le 12 janvier 2009 lors du séisme. Vivant d'ordinaire à Montréal, il était là avec Dany Laferrière et d'autres écrivains venus à Port au Prince à l'occasion du Festival Étonnants Voyageurs.
On donne des noms aux tempêtes et aux cyclones, mais pas aux tremblements de terre, alors Rodney Saint-Eloi le nomme goudou-goudoupour nommer, par les sons, les vacillements et les balancements, la terre qui a tremblé.») et en 35 secondes le pays bascule dans l’horreur.
Pour exorciser sa peur après le tremblement de terre, Rodney Saint-Eloi nous raconte les cinq jours qu'il passe au milieu d'un pays en ruines. Il décrit la terre qui vacille, qui balance, qui tremble, qui se crevasse, les bâtiments qui se fendillent et qui s'ouvrent et s'affaissent... Et puis c'est le silence. Puis les appels aux secours. Il raconte que c'est grâce à un transistor qu'il apprend l'ampleur de la catastrophe : un séisme de magnitude 7,3 qui a frappé Haïti. Les communications sont coupées avec le pays mais aussi avec le monde entier. Mais naturellement, l'entraide s'organise. Il raconte la souffrance, l'espérance, la dignité du peuple haïtiens.
Au fil de son récit, Rodney Saint-Eloi revient sur l'histoire de son pays, sur la violence de la société haïtienne, sur le passé colonial, sur la pauvreté matérielle du pays et la particularité de sa richesse culturelle.
J'ai lu d'une traite ce livre fort et bouleversant que je conseille à ceux qui veulent connaître un peu plus Haïti.

Merci à Livraddict et aux éditions Michel Lafon pour m'avoir permis de découvrir ce superbe témoignage.

Extrait : (début du livre)
- Ça va ?
- Oui... Ça va... Maman est sous les décombres.
- Attention... Les trous pour les cadavres, ça doit aller jusqu'à huit pieds.
C'est au milieu de ses voix atones que je me réveille. On réapprend à parler bref. L'expression est pressante et grave. On emploie les termes exacts. On évite paraphrases et hyperboles. La parole est transparente, sans anicroches ni détours. Pas de mais. Pas de si. Pas de quoique. Aucune incise n'est permise. On touche à la chair des mots.
- Ça va... Maman est sous les décombres. La maison s'est effondrée.
- Il ne reste plus de pays.
- La terre nous a trahis.
- La terre a fait goudou-goudou.

Goudou-goudou pour nommer, par les sons, les vacillements et les balancements, la terre qui a tremblé.
Les voix sont lourdes de chocs et de violences.
La terre a fait goudou-goudou.
Plus rien !

Et la nuit a été si longue...

Trente-cinq secondes.
Trente-cinq secondes.
Et tout tremble avec la terre.
Trente-cinq secondes de saccage.

Livre 16/21 pour le Challenge du 3% littéraire 1pourcent2010

Autres livres autour de Haïti :
yanvalou_pour_Charlie Yanvalou pour Charlie – Lyonel Trouillot
tonton_clarinette_p Tonton Clarinette – Nick Stone

en_attendant_la_mont__des_eaux En attendant la montée des eaux – Maryse Condé

19 octobre 2010

Grandir - Sophie Fontanel

grandir Robert Laffont – août 2010 – 144 pages

Quatrième de couverture :
La longue histoire d'amour d'une fille pour sa mère.
"A 8 heures du matin, ça y est, j'avais accepté. Je me levai, je filai chez ma mère. je m'assis sur une chaise près du lit: "Maman, je lui disais pour la première fois depuis l'enfance: je t'aime. Tu es ma vie. Et comment, si je t'aime. toi qui es ma vie. je pourrais te laisser là dans ce lit, à l'abandon? Je ne le pourrais pas. Ecoute, je veux que tu me donnes l'autorisation d'appeler le docteur. qui appellera l'ambulance, et tu seras dans un hôpital mais tu seras soignée, et je t'aime. Et je te donnerai du courage, je le pourrai. Tu veux bien ?" La seconde inoubliable où je fus suspendue à sa réponse. "Oui à tout", elle avait annoncé. Et plus tard, dans l'ambulance, le sublime sourire retrouvé malgré les souffrances qu'elle endurait: "Sophie. tu me surprends." Grandir, c'est bien après la croissance, on dirait."

Auteur : Sophie Fontanel est romancière, essayiste et grand reporter à Elle.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
Sophie Fontanel décrit avec beaucoup de pudeur et de tendresse sa relation avec sa maman de quatre-vingt-six ans qui devient dépendante. Elle décrit la difficulté qu'elle a eu de prendre la responsabilité de sa mère, il était temps pour elle de "Grandir" et d'inverser le rôle mère-fille.
Elle nous raconte avec beaucoup de délicatesse le quotidien de sa maman avec parfois des situations cocasses. Tout cela est vraiment à l'opposé du monde de la mode où travaille la narratrice. Sophie et sa maman sont très touchantes. Ce livre est un belle hommage d'une fille à sa mère. A découvrir.

Extrait : (début du livre)
Ces temps-ci, quand je pense à ce que j'essaie de sauver, je ressens un tel besoin d'aide que ça me fait trembler. Aider quelqu'un, je le sais maintenant, c'est avoir aussitôt soi-même besoin de secours. Et ces jours, je bois toute sympathie comme un buvard, et la moindre bonté me fait l'effet de l'amour. Jamais je n'ai eu autant la conscience des autres, moi qui ai fondé ma vie sur la liberté. J'ai depuis peu des idées nouvelles, par exemple sur ce que ça veut dire « être présent ». Je pense sans cesse qu'un jour moi aussi je serai âgée, moi aussi je passerai un cap et je devrai m'en remettre à la bienveillance d'autrui. Lorsque ce jour viendra, qui dans ce monde pourra faire pour moi ce que je fais pour ma mère ? Qui sera présent ? Qui me soutiendra quand, à mon tour, je serai une personne vulnérable ? Et est-ce que je me tuerai un jour, pour cause de ce manque d'amour très particulier qui est le manque d'aide ?

Je la regarde, cette mère épuisée de quatre-vingt-six ans, après que je l'ai couverte d'affection, de jonquilles pour sa maison, de soins, de paroles réconfortantes, d'une nouvelle robe, d'une galette des Rois, de bonbons au gingembre, de plaisanteries sur le cours des choses, de récits enjolivés de mon quotidien, de foi certaine dans le fait qu'à notre époque les gens vivent si longtemps qu'on ne peut plus dire, et qu'au bout du compte on ne peut plus donner aucune norme, je lui affirme qu'elle a meilleure mine, je la regarde, oui, et devant son insouciance retrouvée, la blague qu'elle a de nouveau la malice de faire, je me dis : « Encore un effort, et elle ne mourra pas. »

Livre 15/21 pour le Challenge du 3% littéraire 1pourcent2010

18 octobre 2010

De deux choses l'une – Christine Détrez

Lu dans le cadre du partenariat Blog-O-Book et des éditions Chèvre-feuille étoilée

de_deux_choses_l_une Chèvre-feuille étoilée - août 2010 – 168 pages

Quatrième de couverture :
Jeanne et Jeanne, les sœurs siamoises, les inséparables.
Vierge folle et vierge sage. Et inversement. A l'écart des autres. Il y avait elles, et nous. Comme dans les histoires d'enfants où dans les clairières peuvent survenir les loups, et parce que les libellules, en anglais, s'appellent dragons, c'est l'histoire d'une petite fille qui se fait manger par un ogre. C'est également l'histoire d'une amitié en miroir, entre deux Jeanne, où dans les jeux de reflets, l'une d'elle finit par se retrouver. C'est enfin l'histoire d'une rivière et de la lumière entre les feuilles, qui peut dissiper les ombres quand on apprend à la regarder. Christine Détrez joue avec bonheur de l'art de la fiction et du suspense. Elle réussit à nous tenir en haleine et à nous surprendre jusqu'à la dernière page de ce deuxième roman qui confirme son talent.

Auteur : Christine Détrez est écrivaine. Elle est agrégée de lettres classiques et docteur en sociologie. Elle s'intéresse également aux représentations du corps dans la littérature et dans le discours social et médiatique. Ses ouvrages font aujourd'hui figure de référence sur ces thématiques. Ce livre est son second roman.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
Drôle de lecture... Ce livre est troublant, en lisant la quatrième de couverture, on ne comprend pas vraiment ce que va être ce livre. Le premier chapitre est plutôt obscure et j'ai eu peur de ne pas comprendre ce livre. Ensuite, l'auteur nous raconte la première rencontre entre les deux « Jeanne » au collège et ce prénom désuet qui va les lier. Ensuite alterne des chapitres qui parlent du présent ou de leur enfance. Au fil des chapitres, nous découvrons des petites comptines connues. Mais peu à peu l'histoire nous dévoile des zones d'ombres, l'histoire est plus complexe que ce que l'on imagine, un terrible secret va faire basculer le livre. Pour ma part, la surprise a été totale avec une révélation finale inattendue.

J'ai du mal à dire si oui ou non j'ai aimé ce livre... Il m'a dérangé, j'ai eu beaucoup de questions restées sans réponse, et j'ai pourtant relu certains passages après avoir terminé le livre pour tenter de répondre à mes interrogations.

Ce livre se lit facilement et il est très bien écrit. L'auteur sait installer une ambiance qui devient de plus en plus pesante.

Merci à Blog-O-Book  aux éditions Chèvre-feuille étoilée de m'avoir permise de découvrir ce livre.

Extrait : (début du livre)
Elle grossira, je maigrirai. Plus elle enflera, plus je me creuserai. Plus elle épaissira, moins je pèserai. Elle, pieds fichés en terre, plus que jamais soumise aux lois de la gravité, et moi, légère comme une plume, presque envolée. On ne verra plus qu’elle, peau du ventre bien tendue, et moi, je disparaitrai, m’effacerai. Elle resplendira, et moi reflet inversé. Elle, la photo, toute en sourires, moi, le négatif embrumé d’obscurité. Brioche levée, chairs moelleuses où se moirera la lumière, et moi, morceau de pain sec, épaules et hanches osseuses. Elle, le fruit, la chair pulpeuse, la fertile. Moi, branche noueuse et tordue, sèche comme du sureau, comme disait ma grand-mère – c’est du poison, les graines de sureau, et pourtant, on en fait de la gelée. Et pourquoi les oiseaux ne s’en empoisonnent-ils pas ?
     Moi, l’écorchée des planches anatomiques de Vésale, et on pourra lire le dessin de mes veines, de mon squelette, de mes muscles sous ma peau transparente à force d’être fine. La peau sur les os. Elle, opulente, toute en seins, la Vénus de Gautier D’Agoty, qui, l’air de rien, absente et maquillée, au fait c’est à moi que vous parliez, présente son ventre ouvert où dort un fœtus. Elle va avoir un bébé.
     Comme des vases communicants, les deux parties jumelles d’un sablier, sœurs siamoises, ce qui remplit l’une vide l’autre, par osmose, par écoulement harmonieusement équilibré. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». L’étreinte accomplie, où nos formes s’épouseront parfaitement. L’une complète l’autre, deux pièces d’un puzzle, elle en relief, moi en creux. À nous deux, on sera cette bouteille à moitié vide ou à moitié pleine. Elle pleine et ample, épanouie – c’est toujours beau une femme enceinte – moi avalée de vide, comme aspirée de l’intérieur.
Chair de ses entrailles, leur chair et leur sang mêlés. Question de liquide. C’est bien une question de fluide, de liquide, après tout, il a suffi de quoi, ça représente quoi, une toute petite goutte, rien du tout, invisible à l’œil nu. Elle, son corps nu, et lui en elle, il a bien fallu. Et voilà, une tache noire sur une échographie, flottant dans cet espace inconnu, amniotique, c’est donc ça, juste ça, l’intérieur de son ventre, ce balayage de pois gris en arc de cercle comme la trace des essuie-glaces sur un pare brise, hop, effacée la tache, un détritus ramassé dans une pelle à poussières. Un petit coup de chasse d’eau, et ça disparaitrait dans le tourbillon, adieu. Non, à la place des cataractes en trombe, comment dit-on, ils nagent dans un océan de bonheur ? Une vague de joie les a submergés...

Livre 14/14 pour le Challenge du 2% littéraire 1pourcent2010

17 octobre 2010

Les fautes de Lammé Bouret - Jean Failler

Lu durant le Read-A-Thon RAT_logo

les_fautes_de_Lamm__Bouret De Palemon – novembre 2004 – 114 pages

Quatrième de couverture :
Mary Lester est dépêchée à Pont-Aven où le corps inanimé d'un octogénaire vient d'être retrouvé à son domicile par sa femme de ménage, Eglantine Duverger. Apparemment, le vieillard a été roué de coups et a succombé à ses blessures. La police locale penche immédiatement pour un crime crapuleux commis par un rôdeur. Mais, avant de mourir, le vieil homme a pu livrer le nom de son assassin à Eglantine Duverger. Mary se met, avec scepticisme, à la recherche de ce coupable désigné qui porte le même nom qu'un héros de roman. Parallèlement, elle se penche sur la personnalité de la victime et s'aperçoit que ce modeste ouvrier d'imprimerie en retraite avait une double vie et qu'en dépit d'une retraite fort modeste, il disposait d'une cagnotte bien remplie. Quel était donc le secret de monsieur Aurélien Fabre ? En le mettant à jour, Mary va faire une autre découverte, bien plus surprenante encore…

Auteur : Jean Failler est un auteur Breton né le 26 février 1940 à Quimper. Il est en particulier le créateur du personnage de Mary Lester auquel il a consacré à ce jour 35 romans. Il habite actuellement à l'Île-Tudy (Finistère).

Mon avis : (lu en octobre 2010)
C'est l'enquête numéro 24 de Mary Lester et c'est la plus courte. Cette enquête touche le milieu des écrivains. Cela commence par le meurtre d'un vieil homme, Aurélien Fabre, retraité d’une imprimerie. C'est un érudit, et personne ne lui connaissait d'ennemi. Avant de mourir, la victime a prononcé ces quelques mots : « C’est la faute de l’Abbé Mouret ». Le meurtre a lieu du côté de Pont-Aven, dans le Finistère Sud, et Mary Lester va mener son enquête avec son fidèle lieutenant Fortin. Ce n'est pas la meilleure enquête de la série mais ce livre se lit facilement et l'on découvre une intrigue autour des livres et des écrivains plutôt bien construite.

Extrait : (le début du livre)
La dépouille mortelle du vieil homme était étendue, face contre terre, dans la pièce qui lui servait de bureau. C’était d’ailleurs, à proprement parler — si l’on peut user de ce qualificatif pour évoquer une pièce où règne une famille de chats à la nombreuse progéniture — plus un capharnaüm qu’un bureau.
Sans grand effort d’imagination, on aurait pu se croire dans l’arrière-boutique d’un bouquiniste collectionneur particulièrement bordélique.
Dans le clair-obscur de cet antre où le jour ne pénétrait que parcimonieusement par d’étroites fenêtres voilées de rideaux gris de crasse, son pauvre petit corps de vieillard gisait entre un lutrin porteur d’un gros livre somptueusement relié de cuir et une chaise bancale dont la paille s’en allait en lambeaux.
Aux murs, des rayonnages ployaient sous les livres, la table de bois blanc qui servait d’écritoire était, elle aussi, accablée de piles d’ouvrages qui envahissaient jusqu’au plancher dont on entrevoyait, entre d’autres entassements de même nature, les frises de sapin aux lames usées par les ans, où les nœuds saillaient, noirs et luisants comme des verrues de mauvais aloi.
Derrière ce rempart de papier, le vieil homme s’était ménagé une sorte de meurtrière, juste une place où insérer sa carrure étriquée et poser ses coudes étroits afin de pouvoir écrire.
Un porte-plume à manche de bois garni d’une plume sergent-major, tel que la République en fournissait aux écoliers de la communale avant la guerre de quatorze-dix-huit, était posé sur la table.
— Il devait être en train d’écrire quand on l’a agressé, dit le lieutenant Fortin dont la grande carcasse encombrait cette pièce saturée de meubles hors d’âge et de liasses de papiers jaunis.
Point de trace de lettre, pourtant, sur le vieux calendrier des Postes qui servait de sous-main.
— Je ne crois pas, dit Mary Lester. Si on l’avait agressé à cet endroit, ces piles de bouquins se seraient écroulées.
Elle toucha du doigt l’entassement de grimoires qui branla dangereusement.
— L’agresseur aurait pu les remettre en place, objecta Fortin.
Mary secoua la tête négativement :
— Non. Regarde, la poussière y est encore. Et puis, ajouta-t-elle, où est l’encrier ?
— L’encrier, répéta Fortin les sourcils froncés, quel encrier ?
— Cette petite bouteille où l’on met l’encre, dit Mary.

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