Ainsi résonne l'écho infini des montagnes - Khaled Hosseini
Lu en partenariat avec les éditions Belfond
Belfond - novembre 2013 - 484 pages
traduit de l'américain par Valérie Bourgeois
Titre original : And the mountains echoed, 2012
Quatrième couverture :
En Afghanistan, des années 1950 à nos jours, mais aussi à Paris dans les années 1970, en Californie dans les années 2000 et sur une île grecque aujourd’hui. A Shadbagh, un minuscule village agricole, Abdullah, 10 ans, s’occupe de sa petite sœur Pari. Entre les deux enfants, le lien est indéfectible, ce qui leur permet d’oublier la mort de leur mère, les absences de leur père qui cherche désespérément du travail et ces jours où la faim les tenaille encore plus qu’à l’habitude. Un jour, leur père décide de partir pour Kaboul où l’oncle Nabi lui aurait trouvé un emploi et d’emmener Pari avec lui. Abdullah sent qu’il se trame quelque chose. Et de fait, leur père, préférant « couper un doigt pour sauver la main », vend Pari à la riche famille pour laquelle travaille Nabi. Une séparation déchirante qui pèsera sur toute la vie d’Abdullah, même après son exil aux Etats-Unis. La petite Pari oublie et grandit à Paris où sa mère, Nila, trop libre pour la société afghane, s’est enfuie au milieu des années 50. Nabi est resté auprès de Suleiman, le mari de Nila, devenu handicapé suite à un AVC. Des années plus tard, bien après la chute des Talibans, Abdullah n’a pas oublié Pari qui, elle, n’a jamais pu combler une sensation de vide, comme s’il lui manquait quelque chose d’indispensable, dont elle ignorait tout…
Auteur : Khaled Hosseini est né à Kaboul, en Afghanistan, en 1965. De mère professeur de perse et d'histoire et de père diplomate, il a obtenu avec sa famille le droit d'asile aux États-Unis en 1980. Il poursuit des études de biologie puis de médecine pour devenir médecin en 1993, tout en continuant à pratiquer sa passion de toujours, l'écriture. Il est l'auteur de deux romans : Les Cerfs-volants de Kaboul (2005) - prix RFI et prix des Lectrices de Elle 2006 -, adaptés au cinéma par Marc Foster en 2008, et Mille soleils splendides (2007). Il a créé la Fondation Khaled Hosseini, qui apporte une assistance humanitaire au peuple afghan et travaille en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Il vit aujourd'hui en Californie.
Mon avis : (lu en décembre 2013)
Je gardais un très bon souvenir du livre "Les cerfs-volants de Kaboul" que j'ai lu en 2005, j'ai donc accepté ce partenariat avec plaisir et beaucoup de curiosité. Je trouve très belle la couverture.
Avec ce livre, Khaled Hosseini nous fait un superbe portrait de son pays l'Afghanistan. A travers plusieurs voix, de nombreux personnages, le lecteur découvre une histoire bouleversante des années cinquante à nos jours.
Ces personnages diverses et attachants décrivent un pays aux multiples facettes.
Cela commence avec un magnifique conte afghan qu’un père, Saboor, raconte à son fils, Abdullah, 10 ans, et à sa fille, Pari, 3 ans. Ce conte a une résonance sur les événements à venir. Après la mort de la mère de ses deux enfants, Saboor s'est remarié avec Parwana. Un événement est sur le point de survenir, un événement qui va bouleverser leurs vies pour toujours...
L'histoire n'est pas racontée linéairement, ce livre est construit en neuf chapitres, les deux premiers s'enchaînent facilement : même époque, même personnages, même narrateur. Les chapitres suivants vont raconter plusieurs histoires, à différentes époques en Afghanistan, en France, en Grèce, aux États-Unis qui donnent des explications sur le fameux « événement ». Des histoires qui ont des liens parfois ténu entre elles, qui évoquent l'Afghanistan, pays magnifique mais ravagé par la guerre, où la place de la femme est difficile... Des histoires qui évoquent la famille, les liens dans la fratrie, les traditions, l'exil, l'arrachement, l'héritage...
Ce roman bouleverse et fascine, Abdullah, Pari, Parwana, Nabi, Nila, Idris, Roshi, Markos et Adel sont des personnages complexes et attachants et l'intrigue construite comme un puzzle est palpitante...
En terminant ce très beau livre, j'ai très envie de relire "Les Cerfs-volants de Kaboul" et surtout de ressortir du fond de ma PAL "Mille soleils splendides".
Merci à Elsa et aux éditions Belfond pour m'avoir permis de découvrir ce beau livre.
Note : ♥♥♥♥♥
Extrait : (début du livre)
Automne 1952
BIEN. VOUS VOULEZ UNE HISTOIRES, je vais vous en raconter une. Mais seulement une. Inutile de m'en réclamer une autre ensuite. Il est tard et un long voyage nous attend demain, Pari et moi. Vous aurez besoin de dormir cette nuit. Oui, toi aussi, Abdullah. Je compte sur toi, mon garçon, pendant que ta soeur et moi nous serons partis. Tout comme ta mère. Bon, une histoire, donc. Écoutez-moi, tous les deux. Écoutez-moi bien et ne m'interrompez pas.
Il était une fois, à l'époque où les divs, les djinns et les géants erraient sur la terre, un fermier du nom de Baba Ayub, qui habitait avec les siens dans un petit village appelé Maidan Sabz. Parce qu'il avait une famille nombreuse à nourrir, il menait une vie de dur labeur. Chaque jour, il travaillait de l'aube jusqu'au coucher du soleil, labourant son champ, retournant et bêchant la terre, prenant soin de ses maigres pistachiers. Quelle que soit l'heure, on le voyait dehors, plié en deux, le dos aussi courbé que la faucille qu'il faisait aller et venir à longueur de temps. Ses mains sans cesse calleuses saignaient souvent, et chaque nuit, le sommeil l'emportait dès l'instant où sa joue touchait l'oreiller.
À cet égard, je dois dire qu'il n'était pas le seul, loin de là. La vie à Maidan Sabz était difficile pour tout le monde. Il y avait d'autres villages plus fortunés au nord, dans des vallées avec des arbres fruitiers, des fleurs et des ruisseaux où s'écoulait une eau fraîche et limpide. Mais Maidan Sabz était un lieu désolé qui ne ressemblait pas le moins du monde à l'image suggérée par son nom, le «champ vert». Situé dans une morne plaine poussiéreuse bordée de montagnes abruptes, il était balayé par un vent brûlant qui vous soufflait de fines particules dans les yeux. Trouver de l'eau y relevait d'un combat de tous les jours, parce que les puits, même les plus profonds, s'asséchaient souvent. Certes, il y avait une rivière, mais les villageois devaient effectuer une demi-journée de marche pour l'atteindre, et quand bien même ils le faisaient, elle ne charriait toute l'année que des eaux boueuses. Et après dix années de sécheresse, elle aussi s'asséchait. Disons simplement que les gens de Maidan Sabz s'échinaient deux fois plus que les autres pour gagner à grand-peine deux fois moins.
Malgré ça, Baba Ayub s'estimait bien loti car il avait une famille à laquelle il tenait plus qu'à tout. Il chérissait sa femme, ne haussait jamais le ton face à elle et la frappait encore moins. Au contraire, il appréciait ses conseils et puisait un plaisir sincère dans sa compagnie. Il avait aussi le bonheur de compter autant d'enfants que les doigts de la main - deux filles et trois fils, qu'il aimait tous profondément. Les premières, en plus d'être dévouées et gentilles, avaient bon caractère et bonne réputation. Quant aux seconds, auxquels il avait appris la valeur de l'honnêteté, du courage, de l'amitié et du travail effectué sans se plaindre, ils lui obéissaient comme doivent le faire des fils respectueux et l'aidaient à cultiver son champ.
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