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A propos de livres...
challenge viking lit'
5 février 2011

L'Enfant allemand – Camilla Läckberg

l_enfant_allemand Actes Sud – janvier 2011 – 455 pages

traduit du suédois par Lena Grumbach

Quatrième de couverture :
La jeune Erica Falck a déjà une longue expérience du crime. Quant à Patrik Hedström, l'inspecteur qu'elle vient d'épouser, il a échappé de peu à la mort, et tous deux savent que le mal peut surgir n'importe où, qu'il se tapit peut-être en chacun de nous, et que la duplicité humaine, loin de représenter l'exception, constitue sans doute la règle. Tandis qu'elle entreprend des recherches sur cette mère qu'elle regrette de ne pas avoir mieux connue et dont elle n'a jamais vraiment compris la froideur, Erica découvre, en fouillant son grenier, les carnets d'un journal intime et, enveloppée dans une petite brassière maculée de sang, une ancienne médaille ornée d'une croix gammée. Pourquoi sa mère, qui avait laissé si peu de choses, avait-elle conservé un tel objet ? Voulant en savoir plus, elle entre en contact avec un vieux professeur d'histoire à la retraite. L'homme a un comportement bizarre et se montre élusif. Deux jours plus tard, il est sauvagement assassiné... Dans ce cinquième volet des aventures d'Erica Falck, Camilla Läckberg mêle avec une virtuosité plus grande que jamais l'histoire de son héroïne et celle d'une jeune Suédoise prise dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Tandis qu'Erica fouille le passé de sa famille, le lecteur plonge avec délice dans un nouveau bain de noirceur nordique.

Auteur : Née en 1974, Camilla Lackberg est l'auteur d'une série de romans policiers mettant en scène le personnage d'Erica Falck. Ses ouvrages caracolent tous en tête des ventes en Suède comme à l'étranger. Dans la collection "Actes noirs" ont déjà paru La princesse des glaces (2008), Le Prédicateur (2009), Le Tailleur de pierre (2009) et L'oiseau de mauvais augure (2010).

Mon avis : (lu en février 2011)
Je me suis régalée en lisant le cinquième tome de la série de Camilla Läckberg.
Nous retrouvons Erika Falk qui s'est remise à écrire, son mari Patrick est en congé parental pour s'occuper de leur fille Maya âgée de 1 an.
Erika a retrouvé dans le grenier des carnets d'un journal intime, une brassière de bébé et une médaille avec une croix gammée dans les affaires de sa mère. Qu'est-ce que cette médaille et pourquoi est-elle en possession de sa mère ? Pour trouver des réponses à ses questions, Erika va prendre contact avec Erik Frankel un vieux historien spécialiste de la Seconde Guerre Mondiale.
Deux mois plus tard, des gamins entrés par infraction dans la maison de l'historien se retrouvent nez à nez avec un cadavre dans un fauteuil. Il s'agit du corps d'Erik Frankel assassiné depuis plusieurs semaines. Pour la police, l'enquête commence.
En parallèle, le lecteur découvre les carnets d'Elsy, la maman d'Erika, qui nous parlent de Fjällbacka pendant la Seconde Guerre Mondiale. Erik Frankel et Elsy étaient amis d'enfance avec
Frans Ringholm et Britta, ils étaient adolescents en 1943.
Et peu à peu le lecteur va découvrir que la mort d'Erik est lié au passé.
L'intrigue de ce livre est très bien construite autour du passé d'Elsy la maman d'Erika. Le dénouement tient parfaitement la route, je ne l'avais pas deviné...
Je suis une inconditionnelle de Camilla Läckberg et j'ai beaucoup aimé ce nouvel épisode !
J'attends bien sûr les deux prochains tomes déjà publiés en Suède...

Extrait : (page 12)
Tout au long de l'été, Erica avait gravité autour du sujet qui occupait continuellement ses pensées. Elle avait pesé le pour et le contre, avait failli se lancer plusieurs fois, sans jamais aller plus loin que le pied de l'escalier du grenier. Elle aurait pu prétexter que ces derniers mois avaient été très remplis. Le contrecoup du mariage, le chaos chez eux quand Anna et les enfants habitaient encore là. Mais ce n'était pas toute la vérité. Elle avait tout simplement peur. Peur de ce qu'elle pourrait trouver. Peur de commencer à fouiller et à exhumer des événements qu'elle aurait préféré ignorer. 

Erica savait que, plusieurs fois, Patrik avait été sur le point de lui poser la question. De toute évidence, il se demandait pourquoi elle ne lisait pas les carnets qu'ils avaient trouvés au grenier. Mais il n'avait rien dit. De toute façon, elle n'aurait pas eu de réponse à lui fournir. Elle serait peut-être obligée de modifier sa perception de la réalité, c'était sans doute ce qui l'effrayait le plus. L'image qu'elle avait de sa mère et de son comportement vis-à-vis de ses filles n'était pas très positive. Mais c'était son image, elle la connaissait. C'était une vision qui avait résisté au temps, comme une vérité immuable sur laquelle elle pouvait s'appuyer. Elle serait peut-être confirmée. Renforcée même. Mais que se passerait-il si sa représentation se trouvait bouleversée ? S'il lui fallait affronter une toute nouvelle réalité ? Elle n'avait pas eu le courage de sauter le pas, pas jusqu'à aujourd'hui. 

Erica posa un pied sur la première marche. Le salon retentit du rire joyeux de Maja qui se faisait chahuter par Patrik. Un bruit rassurant. Elle monta une nouvelle marche. Encore cinq, et elle serait arrivée. 

La poussière vola quand elle ouvrit la trappe et entra dans le grenier. Ils avaient discuté la possibilité d'aménager les combles, pour Maja, quand elle serait grande et qu'elle voudrait un espace où se retirer. Mais pour l'instant ce n'était qu'un grenier avec un plancher de bois brut, un toit incliné et une charpente nue. Un fatras d'objets occupait une bonne moitié de l'espace. Des décorations de Noël, des vêtements devenus trop petits pour Maja, des cartons pleins à craquer de trucs trop laids pour avoir leur place dans la maison, mais trop chargés de souvenirs pour être jetés. 

Le coffre se trouvait dans un coin au fond du grenier. Un modèle ancien en bois et tôle, le genre de malle bombée qu'on utilisait autrefois pour voyager. Elle s'en approcha et s'assit par terre. Passa sa main sur le bois. Après une profonde inspiration, elle souleva le couvercle. Une odeur de renfermé s'en échappa et elle fronça le nez. 

L'émotion qu'elle avait ressentie lorsque Patrik et elle avaient trouvé le coffre et en avaient examiné le contenu était encore vive. Ce jour-là, elle avait sorti les affaires tout doucement, les unes après les autres. Des dessins qu'Anna et elle avaient faits. De petits objets qu'elles avaient fabriqués en travaux pratiques à l'école. Qu'Elsy avait gardés. Elsy, leur mère qui pourtant ne semblait jamais s'intéresser aux bibelots que ses filles mettaient tant d'application à réaliser. De nouveau, Erica les sortit et les posa sur le plancher. Puis ses doigts rencontrèrent enfin le tissu qu'elle cherchait au fond du coffre. Elle le saisit avec précaution. La petite brassière avait été blanche autrefois mais, en la levant vers la lumière, elle vit que les années l'avaient jaunie. Les traces marron dont elle était constellée l'intriguaient particulièrement. Elle les avait tout d'abord prises pour des taches de rouille, avant de réaliser que ce devait être du sang. Le contraste entre la brassière de bébé et le sang séché lui serra le coeur. Comment cette brassière s'était-elle retrouvée ici ? A qui avait-elle appartenu ? Et pourquoi sa mère l'avait-elle gardée ? 

Erica posa doucement le petit vêtement à côté d'elle. Lorsqu'ils l'avaient trouvé, un objet était enveloppé à l'intérieur, mais il ne se trouvait plus dans la malle. C'est la seule chose qu'elle avait retirée. Une médaille nazie, protégée par le tissu souillé de la brassière. Elle avait été surprise par sa propre réaction. Les battements de son coeur s'étaient accélérés, sa bouche s'était asséchée et sur sa rétine s'étaient mises à défiler des séquences de films documentaires de la Seconde Guerre mondiale. Que faisait une médaille nazie ici à Fjällbacka ? Dans sa maison ? Parmi les affaires de sa mère ? Tout ça était absurde. Elle avait voulu remettre la médaille dans le coffre et refermer le couvercle. Mais Patrik avait insisté pour qu'ils la montrent à un expert, histoire d'en savoir plus, et elle avait cédé, de mauvaise grâce. C'était comme si elle entendait des chuchotements en elle, des voix funestes et prémonitoires. Quelque chose lui avait dit qu'elle ferait mieux d'occulter l'insigne et de l'oublier. Mais la curiosité avait pris le dessus. Début juin, elle avait déposé la médaille chez un spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, et avec un peu de chance ils seraient bientôt renseignés sur son origine. 

Mais de tout ce que contenait la malle, c'était autre chose qui avait interpellé Erica. Quatre carnets bleus dissimulés tout au fond. Elle avait reconnu l'écriture de sa mère sur la couverture, penchée à droite, avec des entrelacs, mais d'une main plus jeune et mieux assurée. Erica les sortit et laissa son index glisser sur le premier. Tous portaient l'inscription "Journal intime". Ces mots éveillèrent des sentiments contradictoires en elle. De la curiosité, de l'excitation, de l'empressement. Mais aussi de la crainte, de l'hésitation et un fort sentiment de violer une sphère privée. Avait-elle le droit de lire ces cahiers ? Avait-elle le droit de prendre part aux pensées et aux sentiments secrets de sa mère ? Par essence, un journal intime n'est pas destiné aux yeux d'autrui. Sa mère ne l'avait pas écrit pour qu'une autre personne en partage la teneur. Peut-être n'aurait-elle pas voulu que sa fille le lise. Mais Elsy était morte, et Erica ne pouvait pas lui demander la permission. Elle serait seule pour prendre sa décision et déterminer quelle attitude adopter. 
- Erica ? 
La voix de Patrik vint interrompre ses pensées. 
- Oui ? 
- Les invités sont là ! 
Erica regarda sa montre. Déjà trois heures ! C'était le premier anniversaire de Maja, et leurs amis les plus proches et la famille étaient conviés au goûter. Patrik avait dû croire qu'elle s'était endormie au grenier. 
- J'arrive ! 
Elle épousseta ses vêtements, emporta les carnets et la brassière après un instant d'hésitation et descendit l'escalier raide du grenier. Elle entendait le brouhaha des invités qui venait d'en bas.

Lu du même auteur :

 

la_princesse_des_glaces La Princesse des glaces  le_pr_dicateur Le Prédicateur

le_tailleur_de_pierre Le Tailleur de pierre l_oiseau_de_mauvais_augure L'Oiseau de mauvais augure

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Suède

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
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29 janvier 2011

Les chiens de Riga - Henning Mankell

les_chiens_de_riga les_chiens_de_riga_p Les_chiens_de_Riga_2

Seuil – mars 2003 – 267 pages

Points – mars 2004 – 321 pages

traduit du suédois par Anna Gibson

Quatrième de couverture :
Un canot pneumatique s'échoue sur une plage en Scanie. Il contient les corps de deux hommes exécuté d'une balle dans le cœur. Le commissaire Wallander part pour Riga. Il se trouve plongé dans un pays en plein bouleversement, où la démocratie n'est encore qu'un rêve, un monde glacé fait de surveillance policière, de menaces, de mensonges. Où se cache la vérité ?

Auteur : Henning Mankell, né en 1948, est romancier et dramaturge. Depuis une dizaine d'années il vit et travaille essentiellement au Mozambique, - "ce qui aiguise le regard que je pose sur mon propre pays" - dit-il. Il a commencé sa carrière comme auteur dramatique, d'où une grande maîtrise du dialogue. Il a également écrit nombre de livres pour enfants couronnés par plusieurs prix littéraires, qui soulèvent des problèmes souvent graves et qui sont marqués par une grande tendresse. Mais c'est en se lançant dans une série de romans policiers centrés autour de l'inspecteur Wallander qu'il a définitivement conquis la critique et le public suédois. Il s'est imposé depuis comme le premier auteur de romans policiers suédois.

Mon avis : (lu en janvier 2011)
« Les chiens de Riga » est le second épisode des aventures du commissaire Wallender. Le livre a été écrit en 1991 et est paru en Suède en 1992 (bizarrement il n'est paru en France qu'en 2003). Comme nous l'explique Mankell dans un post-scriptum, « Les bouleversements survenus dans les pays baltes ces dernières années sont à l'origine de ce roman. ». En effet cette enquête du Commissaire Wallander est différente de la première, elle commence en Scanie avec la découverte d'un canot pneumatique échoué sur une plage, celui-ci est occupé par deux hommes abattus d'une balle dans le cœur. Il s'agit des corps de deux Lettons liés à la Mafia. Un policier de Riga, major Liepa vient en renfort à Ystad. Malgré des difficultés à communiquer dans un mauvais anglais, Liepa et Wallander apprécient leurs manières de travailler. A son retour en Lettonie, le major se fait assassiné et c'est Wallander qui a son tour part pour Riga. Il se retrouve seul et sans repère dans un pays en plein bouleversement, il se sait surveillé, les policiers lettons lui mentent...

Ce livre est plutôt un roman d'espionnage qu'un vrai polar, le lecteur découvre la Lettonie à une époque de transition, les Lettons rêvent de démocratie mais les Russes sont encore influents.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette seconde enquête du commissaire Wallender.

Extrait : (début du livre)
La neige arriva peu après dix heures.
L'homme qui tenait la barre jura à voix basse. S'il n'avait pas été retardé la veille au soir à Hiddensee, il serait déjà en vue d'Ystad. Encore sept milles... En cas de tempête, il serait contraint de couper le moteur et d'attendre que la visibilité revienne.
Il jura à nouveau. J'aurais dû m'occuper de ça à l'automne, comme prévu, échanger mon vieux Decca contre un système radar performant. Les nouveaux modèles américains sont bien, mais moi, j'étais avare. Et je me méfiais des Allemands de l'Est. Sûr qu'ils allaient m'escroquer.
Il avait encore du mal à admettre qu'il n'y avait plus d'Allemagne de l'Est – qu’un pays entier avait brusquement cessé d’exister. En une nuit, l’Histoire avait fait le ménage de ses vieilles frontières. Il ne restait plus que l’Allemagne tout court. Et personne ne savait ce qui se passerait le jour où les deux peuples commenceraient sérieusement à partager le quotidien. Au début, après la chute du Mur, il s’était inquiété. Le grand chambardement allait-il saper les bases de son propre business ? Mais son partenaire est-allemand l’avait rassuré. Rien n'allait changer dans un avenir prévisible. La nouvelle donne créerait peut-être même des possibilités inédites...
Le vent tournait. Sud sud-est. Il alluma une cigarette et remplit de café la tasse en faïence logée dans son emplacement spécial à côté du compas. La chaleur le faisait transpirer. Ça puait le diesel là-dedans. Il jeta un regard à la salle des machines, où le pied de Jakobson dépassait de l'étroite couchette. La chaussette trouée laissait voir son gros orteil.

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Suède

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
Viking_Lit

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
logo_challenge_Petit_BAC
"Animal" et "Géographie"

Déjà lu du même auteur :
tea_bag  Tea-Bag  les_chaussures_italiennes  Les chaussures italiennes

meurtriers_sans_visage_p Meurtriers sans visage

16 janvier 2011

Meurtriers sans visage - Henning Mankell

meurtrier_sans_visage meurtriers_sans_visage_ Meurtriers_sans_visage_p1 meurtriers_sans_visage_p

traduit du suédois par Philippe Bouquet

Bourgeois – janvier 1994 – 385 pages

Bourgeois – octobre 2001 – 385 pages

Points – août 2003 – 385 pages

Points - mars 2004 – 385 pages

Quatrième de couverture :
Dans une ferme isolée de Suède, un couple de paysans retraités est sauvagement assassiné. Avant de mourir, la vieille femme un mot : « étranger ». Il n'en faut pas plus pour provoquer une vague de violence contre les demandeurs d'asile de la région. Le commissaire Wallander va devoir agir vite, sans tomber dans le piège de la xénophobie ambiante qui brouille les pistes...

Auteur : Né en 1948, Henning Mankell partage sa vie entre la Suède et le Mozambique. Lauréat de nombreux prix littéraires, célèbre pour ses romans policiers centrés autour de l'inspecteur Wallander, il est aussi l'auteur de romans ayant trait à l'Afrique ou à des questions de société, de pièces de théâtre et d'ouvrages pour la jeunesse.

Mon avis : (lu en janvier 2011)
N'ayant encore jamais lu de roman policier d'Henning Mankell, je voulais découvrir son commissaire Kurt Wallander lors de sa première enquête avant de lire son dernier livre L'homme inquiet.
L'histoire se passe en Scanie, une province rurale du sud de la Suède, un couple de vieux paysans ont été sauvagement assassinés, parmi les dernières paroles le mot « étranger » est entendu. Qui a bien pu commettre un crime si cruel et pour quelle raison ? Et pourquoi la jument du vieux couple a-t-elle été nourri ? C'est la commissaire Kurt Wallander qui mène l'enquête. Il va devoir explorer plusieurs pistes et affronter la presse et l'opinion publique, protéger les camps de réfugiés qui sont devenus la cible d'extrémistes...
Voilà encore un commissaire dont la vie personnelle est compliquée, sa femme l'a quitté, il est déprimé et souffre de la solitude et de ses quelques kilos en trop... Sa relation avec sa fille Linda est difficile. Son vieux père l'inquiète, il semble ne plus pouvoir vivre seul... Malgré tout, Wallander est un anti-héros plein d'humanité, qui mène son enquête en suivant ses intuitions qui se révèlent souvent très bonnes !
Sous le prétexte d'un enquête policière, Henning Mankell aborde également des sujets concernant la société suédoise : dans ce premier livre de la série, il dénonce la montée de l’intolérance vis-à-vis des étrangers.

Je suis ravie de cette lecture, il me tarde de retrouver Kurt Wallander dans une nouvelle enquête !

Extrait : (début du livre)
Il a oublié quelque chose, il le sait avec certitude en se réveillant. Il a rêvé de quelque chose au cours de la nuit. Il faut qu'il se souvienne de quelque chose.
Il tente de se rappeler. mais le sommeil ressemble à un trou noir. Un puits qui ne révèle rien de ce qu'il contient.
Je n'ai pourtant pas rêvé des taureaux, se dit-il. Dans ce cas-là, je serais en sueur, comme si j'avais eu pendant la nuit un accès de fièvre se traduisant par des douleurs. Cette nuit, les taureaux m'ont laissé en paix.
Il reste couché dans l'obscurité, sans bouger, et tend l'oreille. La respiration de sa femme est si faible, à côté de lui, qu'il la perçoit à peine.
Un matin, je la retrouverai morte près de moi sans que je m'en sois aperçu, se dit-il. Ou bien l'inverse. Il faudra bien que l'un de nous meure avant l'autre. Un jour, l'aube impliquera que l'un des deux est désormais seul.
Il regarde le réveil posé sur la table, près du lit. Ses aiguilles phosphorescentes indiquent cinq heures moins le quart.
Pourquoi me suis-je réveillé ? se demande-t-il. D'habitude, je dors jusqu'à six heures et demie. Ça fait plus de quarante ans que c'est ainsi. Pourquoi est-ce que je suis réveillé à cette heure-là ?
Il tend l'oreille dans le noir et soudain il est parfaitement conscient.
Il y a quelque chose qui a changé. Quelque chose n'est plus comme d'habitude.
Il étend prudemment la main jusqu'à toucher le visage de sa femme. Du bout des doigts, il sent la chaleur de son corps. Ce n'est donc pas elle qui est morte. Aucun des deux n'a encore laissé l'autre seul.
Il tend l'oreille dans le noir.
La jument, se dit-il. Elle ne hennit pas. C'est pour cette raison que je me suis réveillé. D'habitude, elle pousse des cris, pendant la nuit. Je l'entends sans me réveiller et, dans mon subconscient, je sais que je peux continuer à dormir.

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Suède

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit' Viking_Lit

Déjà lu du même auteur :
tea_bag  Tea-Bag  les_chaussures_italiennes  Les chaussures italiennes  

15 décembre 2010

Purge - Sofi Oksanen

purge_prixfemina_etranger Stock – août 2010 – 408 pages

traduit du finnois par Sébastien Cagnoli

Prix Fémina étranger 2010

Quatrième de couverture :
« Un vrai chef-d’oeuvre. Une merveille. J’espère que tous les lecteurs du monde, les vrais, liront Purge. »
Nancy Huston

En 1992, l’union soviétique s’effondre et la population estonienne fête le départ des Russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes.
Ainsi, lorsqu’elle trouve Zara dans son jardin, une jeune femme qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte. Ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille va se révéler, en lien avec le passé de l’occupation soviétique et l’amour qu’Aliide a ressenti pour Hans, un résistant. La vieille dame va alors décider de protéger Zara jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix.

Auteur : Sofi Oksanen est née en Finlande en 1977, d’une mère estonienne et d’un père finlandais. Elle est devenue en trois romans et quelques pièces de théâtre un personnage incontournable de la scène littéraire finlandaise. Purge a marqué la consécration de l’auteur, qui a reçu en 2008 l’ensemble des prix littéraires du pays, mais le roman a également enrichi le débat historiographique sur cette période de l’occupation soviétique.

Mon avis : (lu en décembre 2010)
Ce livre nous raconte l'histoire d'un pays l'Estonie, à travers le destin de deux femmes. L'auteur, Sofi Oksanen est née d'un père finlandais et d'une mère estonienne.
En 1992, l'Estonie est indépendante depuis peu, Aliide est une vieille Estonienne qui vit seule dans une ferme isolée. Un matin, elle trouve Zara dans son jardin. Elle est apeurée et dans un triste état.
Peu après la chute de l'URSS, Zara a quitté Vladivostok, elle espère gagner de l'argent à l'Ouest, et elle se laisse entraîner à Berlin et se trouve piégée par une filière de prostitution.
Aliide a elle-aussi subit des violences morales et physiques durant la Seconde Guerre Mondiale. Sa rencontre avec Zara va réveiller en elle de vieux souvenirs et secrets qu'elle avait voulu oublier. Après un temps d'observation, elles vont chacune à leur tour s'avouer mutuellement les violences et les humiliations qu'elles ont subies. Certains passages sont crus et aucun détail nous est épargné...
Au début du livre, une carte nous permet de situer les lieux évoqués dans le livre, à la fin, une chronologie de l'histoire de l'Estonie permet au lecteur de mieux se repérer. C'est bien utile.
L'histoire de ces deux femmes est comparable à celle de l'Estonie qui a subit, en 1939, l'occupation de l'Armée rouge, puis en 1941, celle des Allemands, en 1944, l'Estonie est reprise par les Russes et enfin elle obtient son indépendance le 19 août 1991. Un livre fort et poignant à découvrir !

Extrait : (page 16)
1992, ESTONIE OCCIDENTALE
C’est toujours la mouche qui gagne Aliide Truu fixait une mouche du regard et la mouche la fixait aussi. Elle avait des yeux globuleux et Aliide en avait la nausée. Une mouche à viande. Exceptionnellement grosse, bruyante, et qui ne demandait qu’à pondre. Elle guettait pour aller dans la cuisine et se frottait les ailes et les pattes, sur le rideau de la chambre, comme si elle s’apprêtait à passer à table. Elle était en quête de viande, de viande et rien d’autre. Les confitures et autres conserves ne craignaient rien, mais la viande… La porte de la cuisine était fermée. La mouche attendait. Elle attendait qu’Aliide se lasse de la traquer dans la chambre et qu’elle sorte, qu’elle ouvre la porte de la cuisine. La tapette fouetta le rideau de la chambre. Le rideau ondula, chiffonnant les fleurs de dentelle et dévoilant furtivement les oeillets d’hiver derrière la fenêtre, mais la mouche se déroba et alla déambuler sur la vitre à une bonne distance au-dessus de la tête d’Aliide. Du calme ! Elle en avait besoin, maintenant, pour garder la main ferme. La mouche avait réveillé Aliide ce matin-là en se promenant tranquillement sur ses rides comme sur une route nationale, l’asticotant avec impertinence. Aliide avait arraché sa couverture et s’était empressée de fermer la porte de la cuisine avant que la mouche ne parvienne à s’y glisser. Qu’est-ce qu’elle était bête. Bête et méchante. La main d’Aliide agrippa le manche de bois de la tapette lustré par l’usure, et elle frappa de nouveau. Le cuir craquelé de la tapette heurta la vitre, la vitre vibra, les anneaux cliquetèrent et la corde de coton servant de tringle fléchit derrière le cache-tringle, mais la mouche narquoise prit encore la tangente. Bien qu’Aliide tentât depuis une bonne heure de lui régler son compte, la mouche était sortie victorieuse de chaque round, et elle voletait maintenant au ras du plafond en bourdonnant grassement. Une mouche à viande dégueulasse, élevée dans une fosse à ordures. Elle finirait quand même par l’avoir. Elle allait se reposer un peu, la liquider, et puis se consacrer à écouter la radio et faire des conserves. Les framboises l’attendaient, et les tomates, les tomates mûres et juteuses.
Cette année, la récolte avait été particulièrement bonne. Aliide rajusta les rideaux. La cour pluvieuse dégoulinait de gris, les branches mouillées des bouleaux frémissaient, les feuilles ratatinées par la pluie, les herbes oscillaient et de leurs pointes suintaient des gouttelettes. Et dessous, il y avait quelque chose. Un ballot. Aliide s’abrita derrière le rideau. Elle jeta un œil à l’extérieur, tira le rideau de dentelle devant elle pour qu’on ne la voie pas de la cour, et retint son souffle. Ses yeux passèrent outre les pâtés de mouches sur la vitre et se concentrèrent sur le gazon au pied du bouleau fendu par la foudre. Le ballot ne bougeait pas et il n’avait rien de spécial à part sa taille.
L’été dernier, sur ce même bouleau, la voisine Aino avait été témoin d’un phénomène lumineux tandis qu’elle se rendait chez Aliide, du coup elle n’avait pas osé aller jusqu’au bout, elle avait rebroussé chemin et téléphoné à Aliide pour lui demander si tout allait bien chez elle, s’il n’y avait pas un ovni dans sa cour. Aliide n’avait rien remarqué d’anormal, mais Aino était certaine qu’il y avait des ovnis devant la maison d’Aliide, exactement comme chez Meelis. Depuis, Meelis ne parlait plus que d’ovnis. Le ballot avait quand même l’air d’être de ce monde, assombri par la pluie, il se fondait dans le terrain, il était de taille humaine. Peut-être un des poivrots du village s’était-il endormi dans sa cour. Mais Aliide n’aurait-elle pas entendu, si on avait fait du vacarme sous sa fenêtre ? Elle avait l’ouïe fine, Aliide. Elle sentait l’odeur de la vinasse à travers les murs. Récemment, une bande de poivrots du voisinage était passée devant chez elle avec un tracteur et de l’essence volée, et ce bruit n’avait pas pu passer inaperçu. À plusieurs reprises, ils avaient traversé le fossé et quasiment arraché la clôture d’Aliide. Ici, il n’y avait plus que des ovnis, des vieux et une horde de voyous mal dégrossis. Plus d’une fois, la voisine Aino avait débarqué chez elle au milieu de la nuit, quand les garçons devenaient violents. Aino savait qu’Aliide n’avait pas peur des garçons et qu’elle leur tiendrait tête en cas de besoin.

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Finlande / Estonie

Livre 30/35 pour le Challenge du 5% littéraire 1pourcent2010

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit' Viking_Lit

12 novembre 2010

L'Hypnotiseur – Lars Kepler

l_hynoptiseur Actes Sud – septembre 2010 – 509 pages

traduit du suédois par Hege Roel-Rousson et Pascale Rosier

Quatrième de couverture :
Erik Maria Bark, un psychiatre spécialisé dans le traitement des chocs et traumas aigus, a longtemps été l'un des rares véritables experts de l'hypnose médicale. Jusqu'au jour où une séance d'hypnose profonde a mal, très mal tourné. Sa vie a frôlé l'abîme et, depuis, il a promis de ne plus jamais hypnotiser. Dix années durant, il a tenu cette promesse. Jusqu'à cette nuit où l'inspecteur Joona Linna le réveille. Il a besoin de son aide. Josef, un adolescent, vient d'assister au massacre de sa famille. Sa mère et sa petite soeur ont été poignardées, mutilées et dépecées sous ses yeux. Le corps lardé de centaines de coups de couteau, Josef vient d'être hospitalisé, inconscient et en état de choc. Mais il est le seul témoin du carnage et Joona Linna, pris dans une course contre la montre, veut l'interroger sans tarder. Car tout indique que l'assassin est maintenant aux trousses de la soeur aînée de Josef, mystérieusement disparue. Et pour lui, il n'y a qu'une façon d'obtenir un quelconque indice de l'identité du meurtrier : hypnotiser Josef. Tandis qu'il traverse un Stockholm plus sombre et glacial que jamais, Erik sait déjà que, malgré toutes ses protestations, il brisera sa promesse pour tenter de sauver une vie. Ce qu'il ne sait pas, c'est que la vérité que porte Josef va changer sa vie. Que son fils est sur le point d'être enlevé. Et qu'en réalité, c'est pour lui que le compte à rebours vient de commencer. Intrigue implacable, rythme effréné, richesse et complexité des personnages, écriture au cordeau, tout concourt à faire de L 'Hypnotiseur un thriller unique. La première enquête de l'inspecteur Joona Linna fait date.

Auteurs : Lars Kepler est le pseudonyme du couple d'écrivains Alexander et Alexandra Ahndoril. Mariés dans la vie, ils ont écrit plusieurs romans chacun. Best-seller en Suède, en cours de traduction dans plus de trente pays, L'Hypnotiseur est leur premier roman à quatre mains. Une seconde enquête de l'inspecteur Joona Linna, parue en Suède au début de l'été 2010, a pris directement la tête des ventes.

Mon avis : (lu en novembre 2010)
Voici la première enquête de l'inspecteur Joona Linna créé sous le pseudonyme de Lars Kepler par le couple d'écrivains Alexander et Alexandra Abndoril.
Dans une maison de la banlieue de Stockholm, une famille est retrouvée sauvagement assassinée. Seul le fils, Josef est vivant mais dans un état grave. L'inspecteur Joona fait alors appel au célèbre hypnotiseur Erik Maria Bark, dans le but de raviver les souvenirs de Josef. Au début, Erik refuse d'utiliser l'hypnotise, voilà plus de dix ans qu'il a promis de ne plus jamais hypnotiser. Il finit pourtant par céder pour sauver la vie d'Evelyn la sœur aînée de Josef qui est menacée par le tueur. Mais le résultat de l'hypnotise est très surprenante et elle va bouleverser la vie d'Erik Maria Bark ...
En effet l'essentiel de l'intrigue va tourner autour d'Erik Maria Bark, de son fils Benjamin, de sa femme Simone avec lequel il a des difficultés, de son travail autour de l'hypnose et également de son passé.
Voilà un thriller noir très efficace, avec un rythme soutenu et une intrigue très bien construite.
J'ai été captivé par l'histoire et je l'ai lu presque d'une seule traite !

Un deuxième tome des aventures de l’inspecteur Joona Linna est paru cet été en Suède.

Extrait : (début du livre)
Comme le feu, exactement comme le feu. Ce furent les premiers mots
du garçon hypnotisé. Malgré des blessures mortelles - des centaines de coups de
couteau au visage, sur les jambes, le tronc, le dos, sous les pieds, sur la
nuque et derrière la tête -, on l'avait plongé dans une hypnose profonde dans
l'espoir de voir ce qui s'était passé à travers ses yeux.- J'essaie de cligner
des yeux, dit-il d'une voix tremblante. J'entre dans la cuisine, mais quelque
chose ne va pas, ça crépite entre les chaises et des langues de feu lèchent le
sol.

L'agent de police qui l'avait découvert parmi les autres corps dans la maison d'un lotissement l'avait cru mort. Il avait perdu beaucoup de sang, était en état de choc et n'avait repris connaissance que sept heures plus tard.
Il était le seul témoin survivant et l'inspecteur principal Joona
Linna se disait qu'il serait peut-être en mesure de donner un signalement
valable. L'auteur du crime avait eu l'intention de tous les assassiner, il était
donc tout à fait possible qu'il n'ait pas pris la peine de se cacher le visage
pendant l'acte.
Mais, si les circonstances n'avaient pas été si exceptionnelles,
personne n'aurait jamais eu l'idée de faire appel à un hypnotiseur.

Livre 24/28 pour le Challenge du 4% littéraire 1pourcent2010

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit' Viking_Lit

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7 novembre 2010

Le septième fils – Arni Thorarinsson

le_septi_me_fils Métailié – septembre 2010 – 350 pages

traduit de l'islandais par Éric Boury

Quatrième de couverture :
Les soirées sont longues sans le port d'Isafjördur, la capitale des fjords de l'ouest de l'Islande, quand on est chargé de traquer le scoop par un rédacteur en chef avide de sensationnel et qu'on rêve de retrouver sa nouvelle petite amie laissée à Reykjavik. Et puis on découvre que les bars des hôtels abritent des célébrités intéressantes, une séduisante vedette du football national et son copain d'enfance, qui le suit comme son ombre et profite de ses conquêtes, une chanteuse pop, qui a failli gagner le titre de Nouvelle Star, les groupies respectives de ces gens importants, et une petite troupe d'adolescents en révolte. Des maisons brûlent, des tombes sont profanées, des touristes lituaniens sont volés et soupçonnés de trafic de drogue, des droits de pêche ont été bradés, tout s'emballe, tandis qu'à Reykjavik on retrouve le corps d'un homme politique, nouvel espoir de la gauche et ex-mari de la mère de la presque Nouvelle Star. Einar, le correspondant du Journal du soir, malmené par la séduisante commissaire de police, mène l'enquête avec son air désabusé, sa nonchalance et une ironie qui lui permettent d'apprivoiser les témoins et de porter un regard sans préjugés sur les événements. Ce périple dans une Islande mondialisée nous montre les transformations d'une société au bord de la crise économique, et nous fait voyager au rythme du blues et du rock chers à l'auteur.

Auteur : Arni Thorarinsson est né en 1950 à Reykjavik, où il vit actuellement. Après un diplôme de littérature comparée à l'université de Norwich en Angleterre, il travaille pour différents grands journaux islandais. Il participe à des jurys de festivals internationaux de cinéma et a été organisateur du Festival de cinéma de Reykjavik de 1989 à 1991. Ses romans Le temps de la sorcière et Le dresseur d'insectes sont traduits en Allemagne et au Danemark.

Mon avis : (lu en novembre 2010)
Dans ce troisième livre, nous retrouvons le journaliste Einar correspondant au Journal du soir dans la ville de Akureyri au Nord de l'Islande. Son patron lui demande d'aller faire un reportage état des lieux sur la région des fjords du Nord-Ouest du pays, à Isafjordur. Cette région est confrontée à la crise de la pêche, au chômage, à l'exode de sa population vers Reykjavik, la capitale.

Dans cette région reculée d'Islande où ordinairement il se passe rien... La veille de l'arrivée d'Einar, une vieille maison brûle dans circonstance suspecte, une tombe est profanée et peu de jours après Karl Olafsson, une ex-vedette de football reconvertie en homme d'affaire, et son copain d'enfance qui le suit comme son ombre Hallgrimur sont retrouvés dans un camping-car calcinés. Ce camping-car ayant été précédemment volé à des touristes lituaniens. Parallèlement à Reykjavik, le parlementaire Fjalar Teitsson a mystérieusement disparu, il a vécu pendant plusieurs années à Isafjordur. Étant sur place, Einar va en profiter pour mener son enquête autour de tous ces faits. Il va interviewer de nombreuses personnes de cette petite ville. En particulier, la Commissaire de la ville, Alda Sif Arngrimsdottir et le brigadier-chef Brandur Brandsson, qui deviendra son logeur. Il aura également de l'aide de la par d'une de ses collègue de Reykjavik. Le lecteur mène l'enquête en même temps qu'Einar et le suspense est préservé jusqu'aux dernières pages.

Ce que j'aime chez Arni Thorarinsson, c'est que le personnage principal de ces livres c'est l'Islande. Au fil des pages, on découvre un pays, une ville, une région, des Islandais. J'ai vraiment eu l'impression de faire un beau voyage en Islande, pays qui au fur et à mesure de mes lectures me fascine. J'ai vraiment passé un bon moment de lecture.

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Extrait : (début du livre)
UN VENDREDI DE LA FIN OCTOBRE
Je me réveille tôt le matin qui suit l’incendie. J’ignore complètement que l’événement s’est produit pendant la nuit.
Du reste, ça n’a pas la moindre importance. La maison brûle.
On ne sait jamais rien des projets et des manigances des gens un peu partout, que ce soit à l’autre bout du pays ou de l’autre côté du globe. Méfaits et bonnes actions. On ne sait même pas ce que trament les occupants de l’appartement d’à côté. Parfois, on s’interroge sur ceux qui nous sont les plus proches. Il arrive même qu’on aille jusqu’à douter de soi.
Il existe partout des énigmes irrésolues dont, pour la plupart, on ignore l’existence. Alors on passe sa vie à chercher des réponses. Mais comment diable résoudre un mystère dont on ne connaît même pas la nature ?
On reprend un peu de café, des cornflakes, et on jette un œil par la fenêtre. Voilà, c’est l’une de ces journées-là.

Surviennent alors trois gamins de douze ans qui croient tout savoir.
Vers midi, je rédige à grand-peine le quota d’articles que je dois expédier pour l’édition du week-end. L’info la plus importante est, encore une fois, un scandale lié à l’aménagement de la capitale du Nord : une petite maison privée doit-elle céder la place à un grand bâtiment construit par une société ? Les forces nationales en faveur du développement répondent évidemment que oui. Les valeurs économiques priment sur toutes les autres.
Mais je sais que les pages du Journal du soir ont soif de nouvelles autrement plus juteuses que cet abondant et banal muesli quotidien.
Quelqu’un frappe sur le chambranle de la porte et Asbjörn apparaît à l’entrée de mon placard. – Au fait, annonce d’un ton enjoué le directeur de l’antenne d’Akureyri, j’ai reçu la visite d’une charmante petite bande de jeunes gens entreprenants qui voudraient que notre journal parle d’eux.
Je lui lance un regard interrogateur.
– En effet, poursuit-il. Ce sont des petits gars géniaux. Ne sommes-nous pas toujours à l’affût de sujets humains attrayants et positifs ?
– Eh bien, à entendre le rédacteur en chef de Reykjavik, j’ai plutôt l’impression qu’il préférerait qu’on lui serve des thématiques humaines déprimantes et négatives.
Asbjörn secoue la tête et la chair de ses joues tremblote.
– Trausti peut bien se torcher lui-même. Le moment est venu de mettre en lumière les côtés sympathiques et positifs que notre jeune génération porte en elle. Tous ces gamins ne sont pas de futurs voyous abrutis à coup d’ordinateurs, ou des junkies. Il y a ici un grand nombre de jeunes créatifs qui débordent d’imagination et quand ils trouvent la manière adéquate d’exprimer leur talent, notre devoir est d’en parler, tout autant que du reste.
Ils s’appellent Ingi, Gudjon et Alex Thor. Assis au coin-café à l’accueil, silencieux et posés, ils m’ont l’air un peu tendus.
Asbjörn glisse sa bedaine derrière le comptoir et annonce avec un sourire tout en me désignant :
– Je vous présente Einar, c’est le journaliste qui va vous interviewer.
– Bonjour les gars, dis-je en m’installant face à eux. Que voulez-vous me raconter ?
– Nous venons de fonder une entreprise, explique Ingi, celui qui semble être le chef.
Il porte un bonnet bleu qui lui tombe sur les yeux, il a des cheveux roux, des joues bien rouges et rien d’autre sur le dos que son tee-shirt en dépit de la température extérieure qui avoisine zéro.
– Ça fait partie de l’actualité, n’est-ce pas ? me demande-t-il d’un air sérieux.
– Bien sûr que ça en fait partie, pépie Asbjörn par-dessus son ordinateur.
Vêtu d’un blouson à capuche noire, Gudjon adresse un sourire à Alex Thor, lequel porte une doudoune verte et s’exclame : “Yes !” Ils se frappent mutuellement la main, comme ils ont vu faire à la télévision. Sur quoi, ils m’annoncent qu’ils ont l’intention de proposer à leurs concitoyens un service de laveurs de carreaux.

Déjà lu du même auteur :

le_temps_de_la_sorci_re_1 Le Temps de la Sorcière le_dresseur_d_insectes Le dresseur d'insectes

Livre 21/21 pour le Challenge du 3% littéraire 1pourcent2010

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit' Viking_Lit

8 octobre 2010

Rosa Candida – Audur Ava Ólafsdóttir

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Rosa_candida Zulma – août 2010 – 336 pages

traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson

Quatrième de couverture :
Le jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens. Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s'en rendre compte les dernières paroles d'une mère adorée. Un lien les unissait : le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C'est là qu'Arnljótur aura aimé Anna, une amie d'un ami, un petit bout de nuit, et l'aura mise innocemment enceinte. En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida, Arnljótur part sans le savoir à la rencontre d'Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden, oublié du monde et gardé par un moine cinéphile.

Auteur : Audur Ava Ólafsdóttir est née en 1958 à Reykjavík. Rosa candida, largement salué par la presse et la critique lors de sa parution en 2007 et deux fois primé, est traduit pour la première fois en français.

Mon avis : (lu en octobre 2010)
Ce livre est pour moi un vrai coup de cœur, c’est frais, c’est tendre, c’est touchant, c’est poétique.
Arnljótur est un jeune homme de 22 ans, il quitte son père et son frère jumeau autiste, avec quelques boutures de Rosa candida dans son sac-à-dos. Il part sur le continent pour restaurer une roseraie renommée laissée à l’abandon au sein d'un monastère. C’est sa mère décédée dans un accident de voiture il y a quelques années qui lui a appris à jardiner et à aimer les plantes. Après une relation d’une soirée avec Anna, il devenu « accidentellement » père d’une petite fille Flóra Sól.
Ce voyage est pour Arnljótur une façon de se retrouver, d’apprendre à se connaître. Il va faire des rencontres, en particulier le père Thomas un moine cinéphile, qui répond aux questions d’Arnljótur en lui conseillant des films…
Cette histoire est pleine de poésie, il n’y a aucune indication géographique précise mais des descriptions de paysages qui donnent au livre une atmosphère toute particulière.
J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à lire ce livre islandais. A découvrir sans hésiter !

Extrait : (début du livre)
Comme je vais quitter le pays et qu’il est difficile de dire quand je reviendrai, mon vieux père de soixante-dix-sept ans veut rendre notre dernier repas mémorable. Il va préparer quelque chose à partir des recettes manuscrites de maman – quelque chose qu’elle aurait pu cuisiner en pareille occasion.
« J’ai pensé, dit-il, à de l’églefin pané à la poêle et ensuite une soupe au cacao avec de la crème fouettée. » Pendant que papa essaie de trouver comment s’y prendre pour la soupe au cacao, je vais chercher mon frère à son foyer dans la vieille Saab qui va sur ses dix-huit ans. Jósef m’attend depuis un moment, planté sur le trottoir et visiblement content de me voir. Il est sapé à bloc parce que c’est ma soirée d’adieu, il porte la chemise que maman lui a achetée en dernier, violette à motifs de papillons.
Pendant que papa fait revenir l’oignon alors que les morceaux de poisson attendent, tout prêts, sur leur lit de chapelure, je vais dans la serre chercher les boutures de rosier que je vais emporter. Papa m’emboîte le pas, ciseaux à la main, pour couper de la ciboulette destinée à l’églefin et Jósef, silencieux, le suit comme son ombre. Il n’entre plus dans la serre depuis qu’il a vu les débris de verre causés par la tempête de février qui a réduit en miettes beaucoup de vitres. Il reste dehors, près de la congère, et nous suit du regard. Papa et lui portent le même gilet noisette avec des losanges jaunes.
«Ta mère mettait toujours de la ciboulette avec l’églefin », dit papa, tandis que je lui prends les ciseaux des mains et m’étire pour atteindre dans le coin de la serre la touffe toujours verte dont je lui tends une poignée. C’est moi le seul héritier de la serre de maman, comme papa me le rappelle régulièrement. Ce n’est pas qu’il s’agisse d’une culture de grande envergure comme trois cent cinquante pieds de tomate et cinquante plants de concombre qui se transmettraient de mère en fils ; il ne s’agit en fait que de roses qui poussent toutes seules, sans qu’on ait besoin de s’en occuper spécialement, et peut-être de la dizaine de plants de tomate qui restent. Papa se chargera d’arroser en mon absence.
« Je n’ai jamais été porté sur les légumes, mon petit Lobbi, c’était le dada de ta mère. Moi, je pourrais tout au plus manger une tomate par semaine. À ton avis, à la récolte, ça va donner combien de fruits par plant ?
— Tâche de les donner, alors.
— Je ne peux tout de même pas frapper à tout bout de champ chez les voisins avec mes tomates.
— Et Bogga ? »
Je dis cela tout en me doutant bien que la vieille amie de maman doit avoir les mêmes goûts que papa.
«Tu ne veux tout de même pas que j’aille toutes les semaines rendre visite à Bogga avec trois kilos de tomates. Elle insisterait pour que je reste à dîner. »
Je pressens aussitôt ce qu’il va dire ensuite.
« J’aurais voulu inviter la demoiselle et l’enfant, poursuit-il, mais va savoir si tu n’y serais pas opposé.
— Oui, j’y suis opposé. La demoiselle, comme tu dis, et moi, on n’est pas un couple et on ne l’a jamais été, même si on a un enfant ensemble. Ça a été un accident. »
J’ai déjà mis les choses au point et papa doit bien se rendre compte que l’enfant est le fruit d’un instant d’imprudence, et que ma relation avec la mère s’est limitée au quart, que dis-je, au cinquième d’une nuit.
«Ta mère n’aurait pas vu d’objection à les inviter au dernier repas. » Chaque fois que papa a besoin de donner du poids à ses paroles, il tire maman de sa tombe pour l’appeler en renfort.
Moi, je me sens tout drôle de me trouver sur le lieu même, si j’ose dire, de la procréation, en compagnie de mon vieux père et de mon demeuré de frère jumeau qui est là, juste derrière la vitre. Papa ne croit pas aux coïncidences, du moins pas quand il s’agit des événements primordiaux de l’existence, comme la naissance et la mort ; la vie ne s’allume pas, ni ne s’éteint comme ça, par hasard, dit-il. Il ne peut pas comprendre que la conception puisse résulter d’une rencontre fortuite, que l’occasion de coucher avec une femme puisse se présenter à l’improviste, pas plus qu’il ne peut comprendre que la mort puisse résulter d’une flaque d’eau ou de gravillons dans un virage, quand on peut se référer à autre chose : aux chiffres et aux calculs arithmétiques. Papa pense les choses autrement, le monde tient par des chiffres ; ils sont au cœur même de la création et on peut lire dans les dates une vérité profonde, y voir de la beauté. Ce que moi j’appelle hasard ou occasion, selon le cas, est pour papa un élément d’un système complexe. Trop de coïncidences, ça n’existe pas, une à la rigueur, mais pas trois ; pas de coïncidences en série, dit-il : l’anniversaire de maman, la date de naissance de sa petite-fille et le jour de la mort de maman, tout ça le même jour du calendrier, le sept août. Pour ma part, je ne comprends pas les calculs de papa ; d’après mon expérience, c’est justement quand on se met à escompter quelque chose de précis, que tout autre chose arrive. Je n’ai rien contre la marotte d’un électricien à la retraite à condition que ses calculs n’aient rien à voir avec ma négligence en matière de préservatifs.
« Tu n’es pas en train de filer à l’anglaise, mon petit Lobbi ?
— Non, je leur ai dit au revoir hier. » Je n’irai pas plus loin dans son sens et il change alors de conversation.
«Tu ne sais pas si ta mère avait par hasard une bonne recette de soupe au cacao ? J’ai acheté de la crème à fouetter.
— Non, mais on pourrait peut-être trouver ensemble comment faire. »

Livre 12/14 pour le Challenge du 2% littéraire 1pourcent2010

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit' Viking_Lit

7 septembre 2010

L'héritage impossible – Anne B. Ragde

l_h_ritage_impossible Balland – mai 2010 – 348 pages

traduit du norvégien par Jean Renaud

Quatrième de couverture :
« - Je n'y arriverai pas murmura-t-elle.
Il l'a pris à nouveau dans ses bras, la serra contre lui, lui envoya un souffle chaud dans les cheveux.
- Je n'y arriverai pas.
- Mais si, dit-il. Je vais vous aider. Je vais vous aider, Torunn.
Par-dessus son épaule, elle apercevait la fenêtre de la cuisine. La cuisine de Neshov. Elle était là, et il était mort. »

Dans ce troisième tome de la « Trilogie des Neshov », nous suivons les personnages de La Terre des mensonges et La Ferme des Neshov, jusque dans ce qui sera peut-être une toute nouvelle vie. Après la révélation du terrible secret qui a ébranlé la famille entière, les relations entre les frères se dégradent, pour se diluer dans de pesants non-dits. Jusqu'au jour où ils doivent, ensemble, faire face. Il fait une chaleur torride lorsque tout le monde se trouve réuni. Et Torunn, l'héritière de la ferme, détient la clé des destins de tous les autres...

Auteur : Née en 1957, elle a passé son enfance à Trondheim, ancienne professeur assistante de communication à l'Université de Trondheim, elle a écrit plus de quarante livres depuis 1986 aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Anne B. Ragde est traduite dans plus de 15 langues. Ses romans se sont vendus à des millions d’exemplaires en Norvège. La trilogie d’Anne B. Ragde a été adaptée en série TV suivie par des millions de Norvégiens. La Ferme des Neshov a obtenu en Norvège le Prix des Libraires et des Lecteurs.

Mon avis : (lu en septembre 2010)
C'est le troisième tome de la « Trilogie des Neshov ». Le tome précédent "La Ferme des Neshov" se concluait sur un épisode dramatique : le suicide de Tor. Sa fille Torunn se sent coupable, elle reprend en main la ferme avec l'aide du remplaçant Kai Roger et elle s'occupe aussi du grand-père. Mais le cœur n'y ait pas, elle continue plus par devoir que par envie. D'un autre côté les deux frères Margido et Erlend ont des projets d'avenir concernant la ferme : Margido veut installer son dépôt de cercueil dans une des granges et payer un loyer qui aidera les finances de la ferme. Erlend prévoit d'aménager une maison de vacances dans un ancien silo. Mais ils ne s'aperçoivent pas du mal-être de Torunn et ils seront surpris et perdus lorsqu'elle disparaîtra de la ferme.

J'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver cette famille atypique composée de personnages authentiques. On retrouve une ambiance de canicule dans cette campagne norvégienne.

Extrait : (début du livre)
Elle était au milieu de la cour lorsqu'il arriva. Les bras ballants, elle le regarda garer sa voiture comme d'habitude, entre la grange et la remise. A peine avait-il ouvert la portière qu'il lança :
- Désolé, je suis un peu en retard. On a passé une bonne soirée, hier soir, hein !

Elle entendit ses paroles, vit les contours de son corps, ses gestes, dans la lueur gris sale du matin. Mais elle vit surtout qu'il venait vers elle, et c'était indispensable, avant qu'elle ne s'écroule, une question de secondes.
- Kai...
- J'arrive ! Cria-t-il.
- Kai Roger.
Il avait soudain entendu quelque chose dans sa voix, peut-être un sanglot, une façon de geindre, elle l'ignorait, mais son corps se figea un court instant, avant qu'il ne s'élance jusqu'à elle.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Mon père. Il... Je l'ai tiré dans l'allée centrale et j'ai refermé la porte de la loge, hors de portée de Siri.
-Mais qu'est-ce que...
- Il s'est suicidé. J'ai trouvé le flacon de comprimés. Ceux qu'on lui avait prescrits pour sa jambe. Et des bouteilles de bière, je crois. Je n'ai pas vraiment réussi à... Il est mort en tout cas. Et Siri, sa truie, a... je ne sais pas... le nez et plusieurs doigts...
Il passa les bras autour d'elle.
- Mon Dieu, Torunn.
Elle sentit le poids de ses bras, ferma les yeux et pensa à celui des chevilles de son père entre ses mains, à la botte qui avait glissé quand elle s'était mise à le traîner, au regard excité de Siri, au sang qui commençait à sécher autour de sa gueule, aux cris des autres porcs.
- C'est de ma faute, dit-elle.
- Torunn.
- Il a abandonné et c'est de ma faute.
Kai Roger relâcha son étreinte, tout en la prenant par les épaules et en l'écartant de lui.
- Regardez-moi !
- Non.
- Écoutez-moi, alors ! Je vais à la porcherie et je le ramène dans la buanderie.
Pleurait-elle ? Elle ne le pensait pas. Elle essayait seulement de sentir ses propres larmes, mais elle n'avait aucune sensation.

Déjà lu du même auteur :

la_terre_des_mensonges La Terre des mensonges  la_ferme_des_Neshov La Ferme des Neshov

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit' Viking_Lit

4 septembre 2010

Été – Mons Kallentoft

_t_ Le Rocher Éditions - mai 2010 – 357 pages

traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss

Quatrième de couverture :
C'est l'été le plus chaud que Linköping ait jamais connu. La forêt qui borde la ville s'embrase, les nuages de fumée planent dans le ciel obscurci et menacent les citadins. Les incendies n'empêchent pas un pervers sexuel particulièrement sordide et cruel de faire régner la terreur dans la ville. L'enfer brûlant des flammes crée une sorte de solidarité parmi les gens, alors que la peur et l'angoisse face aux meurtres horribles du tueur font émerger des soupçons et des préjugés envers celles et ceux qui semblent différents. L'horreur devient totale, quand la propre fille de Malin Fors l'enquêtrice des romans de Kallentoft se fait enlever. Chaque minute compte, et Malin n'a plus que son instinct de policier et de mère pour l'aider à sauver l'être qui lui est le plus cher au monde.

Auteur : Mons Kallentoft est né en 1968 en Suède. Journaliste et auteur, il a déjà publié 5 romans lesquels ont reçu de nombreux prix. Après Hiver, Été est le 2e roman d une tétralogie dont chaque livre sera articulé autour d'une saison.

Mon avis : (lu en septembre 2010)
Après Hiver, nous retrouvons l'enquêtrice Malin Fors. C'est la canicule. Des incendies ravagent Linkoping. Josefin, 15 ans, est retrouvée nue errant dans un parc. Elle ne se souvient de rien. Theresa, une adolescente du même âge, a disparu. Est-ce que les deux affaires ont un lien ?
L'enquête avance lentement. La chaleur est étouffante. Cela donne une ambiance pesante. Certaines pistes vont amener des préjugés sur la communauté homosexuelle ou sur les immigrés. On voit évoluer Malin, toujours attachante et volontaire, avec son coéquipier Zeke. Malin se sent seule car sa fille Tove est partie en vacances à Bali avec son père.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre même si sa construction est très proche de celle d'Hiver. Les morts parlent au lecteur à plusieurs reprises au long de l'enquête... Maintenant, j'attends avec impatience "Automne" et "Printemps".

Mais attention à la Quatrième de couverture qui nous dévoile un fait de l'intrigue qui se passe dans les dernières pages du livre...

Extrait : (début du livre)
Je ne vais pas te tuer, mon ange d'été, je vais seulement t'aider à renaître.
Tu dois retrouver la pureté de l'innocence. La saleté des vieilles histoires doit être évacuée, le temps doit se trahir et il ne doit rester que le bien.
J'ai essayé de ne pas tuer, mais, sans cela, la renaissance était impossible, la substance est restée collée à la matière, et en toi comme en moi, l'ignominie continuait de vibrer comme une larve chaude et noire.
A méchanceté dans sa chrysalide. Le temps déchiré.
J'ai essayé de diverses manières, fait d'innombrables tentatives, mais je n'y suis pas parvenu.
J'ai lavé, frotté, récuré.
Mes anges d'été. Ils ont dû regarder des tentacules blancs, des pattes d'araignée qui grattent, des pattes de lapin.
Je les ai surveillés, les ai attrapés et emmenés.
Enfin, je touche au but.
Il est assis sur le canapé. Son ventre n'est plus qu'une plaie béante, et des serpents noirs se tortillent par terre. Peux-tu le voir ? Il ne peut plus rien faire de mal ni prétendre que tu le voulais. Les planches de chêne ne vont plus craquer, plus jamais l'odeur de schnaps ne va polluer l'air.
Cet été, le monde brûle.
Les arbres se transforment en sculptures noires et rabougries. Ils sont un monument à notre propre échec et à notre impuissance à nous aimer.
Le feu et moi avons beaucoup en commun. Nous détruisons pour qu'une nouvelle vie puisse naître.
Reste tranquille, petite.
Cela fait à peine quelques heures que j'ai roulé devant cette forêt embrasée. Je t'ai entendu taper contre le coffre de la voiture, tu voulais sortir.
Elle pensait tout savoir sur moi. Comme c'est prétentieux.
En réalité, c'est comme ça : personne ne peut vivre dans la peur et la méfiance. Si quelqu'un a volé la confiance à l'autre, il sera condamné à mourir.
Cette confiance est voisine de l'amour, c'est pourquoi elle est aussi voisine de la mort et des pattes d'araignée blanches. Je sais maintenant que je ne pourrai plus jamais souhaiter autre chose que de me faire du mal. Mais lorsque tu as la chance de pouvoir renaître, le sort est suspendu. Bientôt tout sera fini. Tout sera clair et pur, blanc et lumineux.
Mon ange d'été ne sentira rien, comme nous.
Mais tu ne dois pas avoir peur, c'est seulement l'amour qui doit renaître. L'innocence.
Et puis nous roulerons ensemble à bicyclette sur la digue, le long du canal, vers un été éternel.

Déjà lu du même auteur :

hiver Hiver

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit' Viking_Lit

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