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A propos de livres...
29 janvier 2009

Les cerfs-volants de Kaboul – Khaled Hosseini

cerfs_volants_de_kaboul Belfond – avril 2005 – 383 pages

Grand Prix des lectrices de ELLE 2006 dans la catégorie roman.

Présentation de l'éditeur
Dans les années 70 à Kaboul, le petit Amir, fils d'un riche commerçant pachtoun, partage son enfance avec son serviteur Hassan, jeune chiite condamné pour ses origines à exécuter les tâches les plus viles. Liés par une indéfectible passion pour les cerfs-volants, les garçons grandissent heureux dans une cité ouverte et accueillante. Ni la différence de leur condition ni les railleries des camarades n'entament leur amitié. Jusqu'au jour où Amir commet la pire des lâchetés... Eté 2001. Réfugié depuis plusieurs années aux Etats-Unis, Amir reçoit un appel du Pakistan. " Il existe un moyen de te racheter", lui annonce la voix au bout du fil. Mais ce moyen passe par une plongée au cœur de l'Afghanistan des talibans... et de son propre passé.

Biographie de l'auteur
Khaled Hosseini est né à Kaboul, en Afghanistan, en 1965. Fils de diplomate, il a obtenu avec sa famille le droit d'asile aux Etats-Unis en 1980. Son premier roman, Les Cerfs-Volants de Kaboul, a bénéficié d'un extraordinaire bouche à oreille. Acclamé par la critique, il est resté de nombreuses semaines en tête des listes aux Etats-Unis, où il est devenu un livre-culte. Les Cerfs-Volants de Kaboul a reçu le prix RFI et le Grand prix des lectrices de Elle en 2006.

Mon avis : 5/5 (lu en mai 2005)

Un livre inoubliable. L’histoire est bouleversante et émouvante. On est prit par cette histoire d'amitié, puis de trahison. On découvre l'Afghanistan, sa culture et son histoire douloureuse des années 70 à aujourd'hui. Les personnages sont très attachants et j'ai été ému jusqu'aux larmes.

Je me suis fait offrir le second roman de Khaled Hosseini, Mille soleils splendides mais j'avoue qu'il est toujours dans ma PAL de livres personnels... En effet, je lis en priorité les livres de mes deux bibliothèques !

les_cerfs_volants_de_kaboul_film

Une adaptation cinématographique de ce livre a été réalisé en février 2008 par Marc Foster, avec Khalid Abdalla, Homayon Ershadi, Saïd Taghmaoui. Je n'ai pas encore vu le film.

Extrait (p.121)
I
ls s'entretinrent ainsi un moment. Le dos voûté, un bras sur le toit de la voiture, Baba ne cherchait même pas à s'abriter. Lorsqu'il se redressa, sa mine abattue m'annonça la fin de la vie que j'avais connue depuis ma naissance. Il s'installa au volant. Les phares s'allumèrent, découpant deux rais de lumière sous l'averse. Si nous avions été les protagonistes de l'un de ces films indiens qu'il nous arrivait d'aller voir, je me serais précipité dehors à cet instant. Pieds nus dans les flaques, je les aurais poursuivis en leur hurlant de s'arrêter, j'aurais tiré Hassan de son siège pour lui dire que j'étais désolé, nous nous serions jetés dans les bras l'un de l'autre. Seulement nous n'étions pas au cinéma. Certes j'étais désolé, mais je ne pleurai ni ne courus derrière eux. Je me contentais de regarder la Mustang quitter le trottoir et emmener celui dont le premier mot avait été mon nom. Hassan m'apparut brièvement une dernière fois, juste avant que mon père tourne à gauche à l'angle de la rue où nous avions si souvent joué aux billes.
Je reculai d'un pas et ne vis plus que le rideau d'argent de la pluie sur mes vitres.

Extrait (p.230)
L'Afghanistan de notre jeunesse a, hélas, disparu. Toute douceur a déserté notre pays et il est impossible d'échapper aux tueries. Des tueries incessantes. La peur règne partout à Kaboul, dans les rues, dans le stade, sur les marchés. Elle fait partie de nos vies, Amir Agha. Les barbares qui dirigent notre watan ne s'embarrassent pas de sentiments. Il y a peu,j'ai accompagné Farzana jan au bazar pour acheter des pommes de terre et du naan. Elle a demandé le prix au vendeur, mais il ne l'a pas entendue - je crois qu'il était sourd d'une oreille. Elle a donc reposé sa question plus fort, et soudain un jeune taliban s'est précipité sur elle et l'a frappée aux jambes avec son bâton. Il l'a frappée si brutalement qu'elle est tombée. Il l'insultait et criait que le ministère de la Prévention du vice et de la Promotion de la vertu n'autorisait pas les femmes à élever la voix. Elle a eu un gros hématome sur la cuisse pendant plusieurs jours, mais je n'avais pas d'autre choix que de rester spectateur. Si je l'avais défendue, ce chien m'aurait abattu d'une balle, et avec plaisir !

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28 janvier 2009

Sous le soleil de Toscane – Frances Mayes

sosu_le_soleil_de_toscane    sous_le_soleil_de_toscane_poche

Quai Voltaire - 16 juin 1998 - 324 pages

Résumé : « Lors de notre premier été ici, j'ai acheté un grand cahier à la couverture de papier florentin relié de cuir bleu. Sur la première page, j'ai écrit : ITALIE. Il semblait prêt à recevoir des vers intemporels, mais j'ai commencé par y coucher des noms de fleurs sauvages, toutes sortes de projets, et du vocabulaire. J'y ai dépeint nos chambres, nos arbres et les cris des oiseaux. J'y ai copié des recommandations : "Planter les tournesols quand la lune entre dans la Balance", sans avoir aucune idée de la période concernée. J'ai décrit les gens que nous avons rencontrés, les plats que nous avons préparés. Ce cahier bleu s'appelle maintenant Sous le soleil de Toscane, il est l'expression naturelle de mes premiers plaisirs ici. Restaurer, puis arranger la maison ; explorer les innombrables secrets de la Toscane et de l'Ombrie ; mitonner dans une autre cuisine et découvrir les liens, nombreux, entre les plats et la culture - autant de joies intenses qu'irrigue le sentiment profond d'apprendre une autre vie. »

Auteur : Frances Mayes - Ecrivain américain, née à Fitzgerald, Georgie en 1940. Gourmande de la vie qu'elle dévore entre l'Italie et San Francisco, Frances Mayes est l'un des meilleurs auteurs de best-seller de ces dix dernières années. C'est au fin fond de l'Old South des Etats-Unis qu'elle grandit, rêvant déjà de voyages, d'histoire et de littérature. Après ses années universitaires brillamment menées, elle devient professeur de lettres spécialisée en poésie, dont elle dirige le département à l'université de San Francisco. Après quelques recueils de poèmes publiés dans les années 70, comme 'Climbing Aconcagua', 'After such Pleasures' et 'Ex Voto', Frances Mayes doit son salut à une matinée de juin 1985 où, sur un coup de tête, elle achète une demeure délabrée au coeur de la Toscane. Bramassole devient la maison du bonheur et de tous les projets. Avec son mari, ils rénovent l'habitation, et découvrent les coutumes, habitants, traditions culinaires de la région. De cette expérience naît 'Sous le soleil de Toscane'. Publié en 1996, l'ouvrage tient deux ans en tête des ventes. On s'arrache ce bout de bonheur d'outre-Atlantique, le farniente transalpin dépasse les frontières, jusqu'à la France, puis l'Europe. Loin de se laisser griser par le succès, Frances Mayes signe à nouveau 'Bella Italia' en 2000, suivi d'un carnet de bord truffé de magnifiques clichés de Bramassole et de ses environs, 'Une année en Toscane', où l'on entre un peu plus dans l'intimité de l'auteur. Après quelques années de repos, Frances Mayes signe avec son époux un journal de bord, 'Saveurs Vagabondes : une année dans le monde' en 2007, dans lequel elle partage ses impressions de voyages dans ce périple culturel.

Mon avis : (lu en 2001)

J'ai bien aimé  dans ce livre les descriptions de la Toscane, de ses habitants et de ses coutumes, et l'on ressent très bien l'amour de l'auteur pour ce coin de paradis. Je me suis également régalée en lisant les recettes de cuisines accompagnant le livre. Il y a aussi beaucoup d'humour dans les récits de la rénovation de la maison. Un bon moment de lecture.

affiche_Sous_le_soleil_de_Toscane_film

Un adaptation de ce livre a été faite au cinéma en 2004, réalisé par Audrey Wells, avec Diane Lane, Sandra Oh, Lindsay Duncan, Raoul Bova, Vincent Riotta, Kate Walsh et Massimo Sarchielli. Je n'ai pas eu l'occasion de voir ce film.

25 janvier 2009

Les saisons de la nuit - Colum McCann

les_saisons_de_la_nuit Belfond - 7 janvier 1999 - 321 pages

Traduit de l’anglais (Irlande) par Marie-Claude Peugeot

Résumé : New York, début du xxe siècle : les bâtisseurs de gratte-ciel et les ouvriers du métro œuvrent inlassablement pour donner forme à Big Apple. Parmi ces travailleurs qui risquent leur peau au quotidien, Nathan Walker, un terrassier de 19 ans qui construit le tunnel de la ligne Brooklyn-Manhattan. New York, fin du xxe siècle : des milliers de sans-abri vivent dans les entrailles du métro. Parmi eux, le mystérieux Treefrog, dont la vie n'est pas sans lien avec celle de Nathan Walker... À la fois chant d'amour adressé à New York et mise en perspective historique de l'ingratitude d'une ville à l'égard de ceux qui la façonnèrent, Les saisons de la nuit est un roman bouleversant sur ces déchets du capitalisme que sont les sans-abri. Un grand roman urbain, un grand roman humain.

Auteur : Colum McCann est né à Dublin en 1965. Après des études de journalisme, il travaille d'abord comme journaliste dans la presse irlandaise, dans les années quatre-vingt, avant de s'embarquer pour un tour des États-Unis à bicyclette qui va durer deux ans. C'est de cette expérience, sur les pas de Kerouac, qu'il va tirer Sisters (Sours, dans la Rivière de l'exil, 10/18), son premier récit (et premier livre) avec lequel il remporte plusieurs prix littéraires prestigieux. Il est ensuite salué unanimement par la critique et le public comme une des nouvelles voix les plus prometteuses de sa génération pour ses deux romans, Le Chant du coyote et Les saisons de la nuit. Ironie du sort, Colum McCann a quitté l'Irlande, en partie à cause de sa violence, pour New York, où il habite à quelques blocks des ex-Twin Towers de Manhattan.

Mon avis : 5/5 (lu en janvier 2008)

Ce livre est fabuleux, très bien construit, énigmatique et émouvant. Les personnages sont attachants. On nous raconte au début du XXème siècle la vie de Nathan Walker, il est noir et travaille à la construction du tunnel de la ligne de métro qui relie Manhattan et Brooklyn à New York. C'est l'histoire de Nathan et sa famille, la vie à Harlem, les lois raciales... En parallèle, à la fin du XXème siècle, c'est l'histoire de Treefrog, un clochard qui vit dans les tunnels de New York. Ces deux histoires vont finir par se rejoindre...

L'histoire est "juste", dramatique et inoubliable. Les émotions sont très fortes, on a souvent les larmes aux yeux mais ce livre est à lire absolument !

Extrait :

1991
 
   Le soir qui précéda la première chute de neige, il vit un grand oiseau gelé dans les eaux de l'Hudson. Il savait bien que ce devait être une oie sauvage ou un héron, mais il décida que c'était une grue. Le cou était replié sous l'aile et la tête plongeait dans le fleuve. Il scruta la surface de l'eau, et se représenta la forme antique et décorative du bec. L'oiseau avait les pattes écartées et une aile déployée comme s'il avait essayé de prendre son vol à travers la glace.
   Treefrog trouva des briques au bord du chemin qui longeait le fleuve ; il les brandit bien haut et les lança autour de l'oiseau. La première rebondit, puis glissa sur la glace, mais la deuxième en rompit la surface et la grue s'anima un instant. Les ailes tressaillirent à peine. Le cou décrivit avec raideur un arc de cercle majestueux, et la tête, grise et boursouflée, émergea de l'eau. Treefrog fit pleuvoir les briques sur la glace avec une détermination féroce jusqu'à ce que l'oiseau soit entraîné plus loin, à un endroit où le fleuve coulait.
   Relevant ses lunettes de soleil sur son front, il le regarda s'éloigner au fil de l'eau. Il savait bien que l'oiseau allait sombrer dans les profondeurs de l'Hudson ou rester de nouveau bloqué dans les glaces, mais il tourna le dos et s'en fut à travers le parc désert. Il donna des coups de pied dans des détritus, toucha l'écorce glacée d’un pommier sauvage, arriva à l'entrée du tunnel et ôta ses deux pardessus. Puis il se glissa par une brèche dans la grille de fer et se faufila à l'intérieur.
   Le tunnel était haut et large, sombre et familier. Il n'y avait pas un bruit. Treefrog longea la voie de chemin de fer jusqu'à un gros pilier de béton. Il le tâta des deux mains et attendit un instant que ses yeux s’habituent à l'obscurité ; puis il s'accrocha à une prise et se hissa avec une force spectaculaire. Il avança sur la poutrelle dans un équilibre parfait, atteignit une autre passerelle et se propulsa plus haut encore une fois.
   Dans l'obscurité de son nid, tout en haut du tunnel, il alluma une petite flambée avec des brindilles et du papier journal. La soirée était avancée. Un train gronda au loin.
   Quelques crottes de rat s'étaient amassées sur la table de chevet, et il les fit tomber avant d'ouvrir le tiroir. Des profondeurs du tiroir, il sortit un petit sac à bijoux violet et en dénoua le cordon jaune. Il réchauffa un instant l'harmonica au-dessus de la flamme dans son poing ganté. Il le porta à sa bouche, vérifia qu'il avait tiédi, et aspira une bouffée d'air du tunnel. Le Hohner glissa le long de ses lèvres. Sa langue pointa furtivement contre les tuyaux, et les tendons de son cou resplendirent. Il sentait la musique l’habiter, s'imposer à travers lui. Une vision de sa fille surgit soudain - elle était là, elle écoutait, elle faisait partie de sa musique, assise les genoux repliés sur la poitrine, se balançant d'avant en arrière en une extase enfantine - et il repensa à la grue gelée dans le fleuve.
Assis là, dans son nid, dans l'obscurité pleine de miasmes, Treefrog se mit à jouer, recomposant l'atmosphère, rendant aux tunnels leur musique originelle.

23 janvier 2009

Chocolat – Joanne Harris

Chocolat    chocolat_ 

Quai Voltaire - mars 2000 – 333 pages

J'ai lu - mai 2001 - 381 pages

traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff

Quatrième de couverture
Lansquenet est un petit village au cœur de la France où la vie s'écoule, paisible et immuable. L'arrivée d'une mystérieuse jeune femme, Vianne Rocher, et de sa fille, Anouk, va tout bouleverser. D'autant qu'elle s'avise d'ouvrir une confiserie juste en face de l'église, la veille du carême !

Dans sa boutique, Vianne propose d'irrésistibles sucreries. Et beaucoup succombent à son charme et à ses friandises... Car le chocolat de Vianne soigne les espoirs perdus et réveille des sentiments inattendus. Tout cela n'est pas du goût du comte de Reynaud et du curé, convaincus tous deux que les douceurs de Vianne menacent l'ordre et la moralité... En tout cas, la guerre est déclarée. Deux camps vont s'affronter : les partisans des promesses célestes et ceux des délices terrestres.

Auteur : Michèle Sylvie Joanne Harris est née à Barnsley, Yorkshire est un auteur britannique.
Né d'une mère française et d'un père anglais sa vie de famille a été rempli avec de la nourriture et du folklore.
Elle a étudié à Cambridge, où elle a lu moderne et médiévale langues.
Joanne Harris publie son premier roman en 1989. C'est son deuxième livre : "Chocolat" qui la fait connaitre du grand public. Le livre sera présenté à l'écran avec dans le rôle principal Juliette Binoche.
Joanne Harris a publié une dizaine d'ouvrages traduits dans plus de quarante pays.
Elle vit actuellement avec sa famille dans le Yorkshire.

Mon avis : (lu en juillet 2000) 

Superbe roman, bien écrit, qui nous invite à aimer et à regarder le chocolat d’une autre façon. Je me suis régalée en lisant les descriptions des recettes des bonbons au chocolat…

J’ai suivi l’histoire de personnages attachants. Il y a Vianne femme non mariée, mystérieuse, un peu sorcière qui veut le bonheur des autres, sa fille Anouk, gaie et intelligente, la femme du patron café du village, femme battue ; Guillaume très attaché à son chien, Roux et ses amis gitans et nomades, qui s'arrêtent dans le village avec leurs péniches ; Luc, adolescent timide, bégayant, avec une mère critique et petit-fils d’Armande, une vieille femme indépendante, qui mène sa vie comme elle l'entend malgré les critiques de ses proches et des « biens pensants » du village…

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Une adaptation de ce livre au cinéma a été réalisée par Lasse Hallström avec Juliette Binoche, Johnny Depp, Lena Olin est sortie en 2001. J'avais lu le livre avant de voir le film et je n'ai pas été déçu... On ressent bien l'esprit « conte » du livre et l'ambiance pesante de ce petit village. Juliette Binoche est rayonnante en Vianne. Très beau film.

Extrait : « Armande remarqua mon hésitation et braqua un doigt accusateur sur sa tasse. "Pas de rationnement ! ordonna-t-elle. Donnez-moi le grand tralala. Copeaux de chocolat, une de ces petites cuillères en sucre candi, enin tout, quoi ! Ne vous mettez pas à devenir comme les autres, à me traiter comme si je n'avais plus assez de tête pour me débrouiller toute seule. Est-ce que je vous parais sénile ? "
Je lui affirmai que non.
"Bien, dans ce cas." Elle sirota la puissante mixture généreusement sucrée avec une satisfaction évidente. "C'est bon. Humm. Très bon. Censé vous donner de l'énergie, pas vrai ? Un authentique ... Comment appelez-vous ça ... ah oui, un stimulant ? "
J'acquiesçai.
"Un aphrodisiaque aussi, d'après ce qu'on raconte, poursuivit Armande avec malice, en m'observant à la dérobée par dessus le rebord de sa tasse. On n'est jamais trop vieille pour se payer du bon temps ! " Son éclat de rire retentit tel un croassement. Sa voix était stridente et surexcitée, ses mains de vieille femme tremblaient. Plusieurs fois, elle porta la main au bord de son chapeau comme pour le rajuster. »

18 janvier 2009

La voleuse de livres - Markus Zusak

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Editeur Oh ! - mars 2007 – 527 pages

Pocket Jeunesse - janvier 2007 - 559 pages

traduit par Marie-France Girod

Prix Millepages Jeunesse décerné par les librairies Millepages.

Résumé :

Allemagne, 1939. La Mort est déjà à l'oeuvre. Liesel Meminger et son jeune frère sont envoyés par leur mère dans une famille d'adoption, à l'abris, en dehors de Munich : le père de Liesel a en effet été emporté par le souffle d'un seul et étrange mot - communisme -, et Liesel a vu la peur d'un destin semblable se dessiner dans les yeux de sa mère. Sur la route, la Mort rôde autour des enfants, réussit à s'emparer du petit garçon mais c'est la petite fille qu'elle veut. Ce sera la première d'une longue série d'approches. Durant l'enterrement de son petit frère, Liesel ramasse un objet singulier pour elle qui ne sait pas lire, un livre, 'Le Manuel du fossoyeur', dont elle pressent qu'il sera son bien le plus précieux, peut-être sa protection. Commence alors entre elle et les mots une étrange histoire d'amour. Poussée par un incoercible besoin de comprendre ce qu'il se passe autour d'elle, Liesel, avec l'aide de Hans, son père adoptif, décide d'apprendre à lire. A mesure que l'histoire avance, la Mort s'empare de nombreuses vies mais Liesel et ses livres continuent à lui échapper.

Auteur : Markus Zusak est né à Sydney en 1975. Il est le benjamin de quatre enfants. Ses parents sont d’origine allemande et autrichienne. Markus Zusak écrit depuis presque toujours. Il a désormais entamé une grande carrière internationale et s’est déjà affirmé comme l’un des romanciers les plus novateurs et les plus poétiques d’aujourd’hui. La Voleuse de livres est parue en septembre 2005 en Australie et à l’automne 2006 aux Etats-Unis où il figure depuis son lancement sur les listes des meilleures ventes. Markus vit toujours à Sydney où il écrit et enseigne l’anglais à l’Université.

Mon avis : (lu en septembre 2007)

Ce livre est vraiment original et passionnant : c'est une histoire étrange et émouvante où il est question d'une fillette, de mots, d'un accordéoniste, d'allemands fanatiques, d'un boxeur juif, de vols...

Le style de narration est particulier, en effet comme le laisse entendre le sous-titre : « quand la mort vous raconte une histoire, vous avez intérêt à l'écouter ».La Mort est la principale narratrice. Mais, rassurez-vous, cette lecture n'a rien de morbide.

La Mort nous raconte comment et pourquoi elle a du travailler sans relâche pendant ce vingtième siècle à cause de la folie des hommes. Elle raconte son labeur quand elle vient prendre dans ses bras, les hommes, les femmes et les enfants qui sont au bout du chemin de la vie.

La Voleuse de livres célèbre également l'amour de la lecture, les liens familiaux, la solidarité humaine. De quoi attendrir la Mort elle-même.

Ce livre est plein de poésie et d'émotions, il fait parti des livres que l'on n'oublie pas.

La Voleuse de livres est destinée à la fois aux adolescents et aux adultes - d'où sa parution simultanée en jeunesse et au rayon adulte.

Extrait :

«Procédons dans l'ordre», dit Hans Hubermann cette nuit-là. Il lava les draps, puis les étendit. «Maintenant, on peut y aller, fit-il en revenant. La classe de minuit peut commencer.»
La poussière dansait dans la lumière jaune.
Liesel était assise sur des draps propres et froids, honteuse et ravie. L'idée qu'elle avait mouillé son lit la taraudait mais, en même temps, elle allait lire. Elle allait lire son livre.
L'excitation s'empara d'elle.
Faisant naître des images d'un génie de la lecture de dix ans.
Si seulement tout était aussi simple !
«Pour être franc, expliqua sans détour Papa, je ne lis pas très bien moi-même.»
Quelle importance, après tout ? C'était peut-être mieux, au contraire. Cela risquerait moins de frustrer la fillette qui, elle, n'en était pas capable.
Néanmoins, au début, quand Hans Hubermann prit le livre et le feuilleta, il n'était pas très à l'aise.
Il vint s'asseoir auprès d'elle sur le lit et s'installa, les jambes pendantes. Il examina de nouveau le livre, puis le posa sur la couverture. «Dis-moi, pourquoi une gentille enfant comme toi veut-elle lire une chose pareille ?»
Liesel haussa de nouveau les épaules. Si l'apprenti fossoyeur avait lu les oeuvres complètes de Goethe ou d'un autre grand écrivain, c'était ce qui se serait trouvé sur son lit maintenant. Elle tenta de l'expliquer. «Eh bien, quand... j'étais assise dans la neige et...» Les mots murmurés glissèrent sur le lit et tombèrent en pluie sur le sol.
Papa sut quoi répondre. Il savait toujours.
Il passa une main ensommeillée dans ses cheveux et déclara : «Promets-moi une chose, Liesel. Si je meurs bientôt, fais en sorte qu'on m'enterre dans les règles de l'art.»
Sérieuse, elle hocha affirmativement la tête."

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7 janvier 2009

Mort d'un super héros – Anthony McCarten

mort_d_un_superheros_ Editions Jacqueline Chambon – septembre 2008 – 332 pages

traduit de l'anglais par Oristelle Bonis

Quatrième de couverture : Bienvenue dans le monde de Donald Delpe, quatorze ans, la peau sur les os, des épaules en portemanteau.
L'air bizarre. Pas de sourcils, pas de poils nulle part. Une tronche de patate pelée. Il enfile les rues du nord de Londres dans ses baskets taille 45, le bonnet tiré bas sur le front, le casque sur les oreilles, son Ipod à fond. Aucun succès avec les fil-les. Et pour couronner le tout, des parents qui l'énervent. Mais pire que tout ça : il a un cancer, et ça ne s'arrange pas. Le monde serait vraiment atroce s'il n'y avait. Miracle Man, l'indomptable, l'invincible superhéros inventé par Donald et dont les aventures remplissent ses carnets - des aventures qui le mettent aux prises avec son ennemi de toujours, Le gant, un docteur fou. Le temps est compté. Donald ne sait pas combien il lui reste à vivre, mais ce qu'il sait, c'est qu'il ne veut pas mourir vierge. C'est son rêve. Miracle Man a Rachel, même le Gant a une infirmière hyper sexy. Mais Donald ? C'est un temps pour les superhéros, qui ont l'habitude de faire leur apparition au moment où on les attend le moins. Mais, à l'inverse des superhéros de BD avec leurs costumes incroyables recouverts d'étranges symboles, les héros, dans la vraie vie, ont l'air tout à fait normaux. La chance de Donald, c'est d'être aidé par plein de superhéros humains. Mais est-ce que ça suffira à le sauver ?

Auteur : né en 1961 à New Plymouth en Nouvelle-Zélande, Anthony McCarten a écrit douze pièces de théâtre, dont Ladies Night, qui a obtenu le Molière de la meilleure pièce comique en 2001, et trois romans. Mort d’un superhéros est le premier à être traduit en français. 

Mon avis : (lu en janvier 2009)

Mort d’un super héros, une tragédie-comédie anglaise drôle et explosive avec au cœur du récit un adolescent malade condamné, amateur et dessinateur de comics. Il est plutôt solitaire. Ses parents le font suivre par un psychiatre pour qu’il retrouve goût à la vie et se batte contre le cancer. Mais l'histoire n'est pas si simple...

On reconnaît l'auteur de pièces de théâtre dans l'écriture de ce livre : il y a 3 actes, les chapitres sont remplacés par des plans séquences, eux-mêmes entrecoupés par des scènes entières d’une bande dessinée écrite quotidiennement par Donald.

Le récit est rythmé, à la lecture on imagine facilement les images qui défilent : les phrases sont courtes et imagées, il y a aussi beaucoup d'humour et l'ensemble est à l'image des 14 ans du héros.

On se retrouve plongé dans une histoire riche en émotions et bouleversante.

Extrait : « Elle confie son Coca à une des filles et file aux toilettes. Est-ce une invitation ? Donald nage en pleine confusion. L'attitude de Shelly appelle mille et une interprétations. Dont une seule l'engage à rester planté là. Les copines de Shelly le regarde, à son tour il leur confie son Coca et se lance à la poursuite de sa nana - sa nana (il peut le dire, enfin), la première sur Dieu-sait-combien à lui avoir offert ses lèvres, la fille dont il chérira le souvenir aussi longtemps qu'il vivra, le songe éveillé de sa vieillesse, s'il lui est donné de vivre vieux, l'étoile à jamais associée au succès inattendu de son scénar à petit budget, sa comédie romantique qui, au lieu du flop prévu, fait un tabac, crève le plafond de son box-office personnel, se démultiplie à l'infini : Shelly ; Shelly 2 : Suite ; Shelly 3: Le Jugement dernier ; Shelly 4 : Résurrection ; Shelly 5, 6, 7... jusqu'à la fin des temps dans le rôle taillé sur mesure pour elle. Oh, Dieu de bonté, laissez-la le jouer, ce rôle, encore et encore. » (p.151)

3 janvier 2009

La jeune fille à la perle - Tracy Chevalier

la_jeune_fille___la_perle Table ronde - février 2004 – 280 pages

traduit par Marie-Odile Fortier-Masek

Girl with a Pearl Earring, New York: Dutton, 1999

Quatrième de couverture
La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Nous sommes à Delft, au dix-septième siècle, l'âge d'or de la peinture hollandaise. Griet s'occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives.

Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l'introduit dans son univers. À mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville...

Un roman envoûtant sur la corruption de l'innocence, l'histoire d'un cœur simple sacrifié au bûcher du génie.

La_jeune_fille_a_la_perle_Johannes_Vermeer

Biographie de l'auteur
Tracy Chevalier est américaine. Elle vit à Londres depuis 1984 avec son mari et son fils. Elle est l'auteur de quatre romans dont La Jeune Fille à la perle, qui a connu un succès mondial

Mon avis : (lu en mars 2004)

L'inspiration du livre vient du célèbre tableau de Vermeer, La jeune fille à la perle. Ce tableau (huile sur toile, 45 × 40 cm), peint vers 1665-1666, exposé au Mauritshuis de La Haye reste une énigme pour les spécialistes de Vermeer : on ignore en effet, qui est la mystérieuse jeune fille. La romancière Tracy Chevalier s'est extrêmement documentée, et a élaboré sa trame à partir des quelques informations qu'elle a pu glaner. L'histoire racontée par Tracy Chevalier correspond en tout point à ce que nous savons du peintre, de sa maison, de sa famille, de ses soucis d'argent...

J'ai beaucoup aimé ce livre dont l'histoire tourne autour de la peinture. Ce récit à la première personne nous emmène à Delft au 17eme siècle, nous pénétrons dans l'intimité du peintre Vermeer et de sa famille. J'ai trouvé très intéressante la conception du tableau de « La jeune fille à la perle ». J'ai été touchée par le personnage de Griet. L'ambiance austère et authentique de l'époque est très bien décrite.

La_jeune_fille___la_perle_film

J'ai également vu le film tiré de ce livre et réalisé par Peter Webber avec Colin Firth - Scarlett Johansson - Tom Wilkinson - Judy Parfitt - Cillian Murphy, sortie en 2004. Je l'ai beaucoup aimé car j'y ai très bien retrouvé l'atmosphère du livre.

30 décembre 2008

Hôtel Iris – Yoko Ogawa

hotel_Iris Actes Sud – août 2000 – 238 pages

Traduit par : Rose-Marie Makino-Fayolle

Quatrième de couverture
Mari est réceptionniste dans un hôtel appartenant à sa mère. Un soir, le calme des lieux est troublé par des éclats de voix : une femme sort de sa chambre en insultant le vieillard élégant et distingué qui l'accompagne, l'accusant des pires déviances. Fascinée par le personnage, Mari le retrouve quelques jours plus tard, le suit et lui offre bientôt son innocente et dangereuse beauté.
Cette étonnante histoire d'amour, de désir et de mort entraîne le lecteur dans les tréfonds du malaise dont Yôko Ogawa est sans conteste l'une des adeptes les plus douées.

Résumé : Il existe sur cette terre de longues journées assommantes que le soleil asservit. Mari connaît bien cette impression de langueur ou de paresse moite, elle qui s'occupe, en compagnie de sa mère dominatrice et sévère, d'un petit hôtel en bord de mer, l'hôtel Iris. Mari est belle et ne le sait pas encore. Pour elle, l'amour et ses jeux sont des concepts sans consistance, comme les vagues de chaleur sur une route brûlée. Un soir, à l'hôtel, un vieil homme provoque un esclandre avec une prostituée. Mari est fascinée par le vieillard, par le timbre de sa voix, par son allure digne et majestueuse. Un homme pourtant sur qui courent les plus folles rumeurs : un assassin, un obsédé aux pratiques sexuelles immondes... Quelques jours plus tard, Mari croise le vieil homme en ville. Instinctivement elle le suit et ne pourra répondre à la question qu'il finira par lui poser : "Pourquoi me suivez-vous mademoiselle ?" Elle ne le sait pas. Mais d'ores et déjà elle sent battre en elle les pulsations du désir.

Dans un style d'une grande pureté, Yôko Ogawa déploie les voluptueux tourments d'une histoire d'amour sans limites entre un vieillard tourmenté et une jeune fille avide de découverte. Le livre refermé, il flotte encore cette atmosphère particulière que Yôko Ogawa décrit avec talent : chaude et sucrée, comme le plaisir et la douleur entremêlés.

Biographie de l'auteur
Yoko Ogawa née en 1962 à Okayama est une écrivaine japonaise, auteur de nombreux romans. Elle a obtenu pour ce livre publié en 2004 au Japon le prix littéraire du Yomiuri, le premier grand prix des Libraires et, tout récemment, le prix de la Société des mathématiques pour avoir révélé au lecteur la beauté de cette discipline.

Mon avis : (lu en juillet 2008)

On est plongé dans l'histoire de Mari qu'elle nous raconte après coup, sans aucun remord, jusqu'au moment où l'on se sent vraiment mal à l'aise. Cette relation est sans issue. Un livre dur qui traite de l'amour et de la douleur, un hymne au sado-masochisme en quelque sorte.

Ce livre est dérangeant, on ressent un certain malaise en le lisant mais on continu à lire le livre jusqu'au bout. Autre chose : dans ce roman, toute référence à la nipponité a été effacé, on se retrouve un peu dans un décor de carton-pâte d'une station balnéaire qui pourrait bien être n'importe où dans le monde...

Extraits : «La pluie qui tombait depuis l'aube n'avait pas cessé de la journée, pour redoubler de violence à la tombée de la nuit. La mer était houleuse et d'une morne couleur grise. A chaque allée et venue des clients, la pluie s'engouffrait en rafales qui venaient mouiller désagréablement le tapis du hall. Toutes les enseignes au néon des magasins du quartier étaient éteintes et il n'y avait personne dans les rues. Lorsque de temps à autre une voiture passait, on distinguait les gouttes de pluie à la lumière des phares. Je n'allais pas tarder à fermer la caisse, puis éteindre la lumière du hall avant de me retirer. C'est alors qu'un bruit effrayant éclata soudain, comme si quelque chose de lourd venait d'atterrir sur le sol, aussitôt suivi d'un cri de femme. Ce fut un cri long, interminable. Tellement long qu'on aurait pu penser qu'en réalité elle riait. – Sale pervers ! La femme sortait en trombe de la 202. – Espèce de vieux salaud ! Elle se prit les pieds dans le tapis, vint rouler sur le palier d'où, toujours dans la même position, elle continuait à lancer ses insultes en direction de la chambre. – Ça suffit de prendre les autres pour des imbéciles. Tu n'as aucun droit sur moi. Escroc ! Salaud ! Impuissant ! C'était manifestement une prostituée. Même moi je m'en rendais compte.»

"Je me demande toujours avec curiosité qui a baptisé cet hôtel de ce nom bizarre, "Hôtel Iris", et s’il avait une bonne raison pour le faire. Tous les hôtels du coin ont un nom en rapport avec la mer, sauf le nôtre, avec cet iris.
– C’est la fleur. Elle est jolie, non ? Et puis, c’est aussi la déesse de l’arc-en-ciel dans la mythologie grecque. Tu ne trouves pas que c’est élégant ? m’avait expliqué, non sans fierté, mon grand-père quand j’étais enfant.
Mais dans la cour de l’hôtel Iris ne poussent pas de fleurs telles que l’iris. Ni roses, ni pensées, ni jonquilles. En dehors d’un cornouiller envahissant et d’un orme du Caucase, il n’y a que des herbes folles.
La seule excentricité est constituée par la présence d’une petite fontaine en briques, dont l’eau est tarie depuis bien longtemps déjà. En son milieu se dresse une statue en plâtre souillée de fientes. Un garçon aux cheveux bouclés, en queue-de-pie, joue de la harpe, sa petite tête penchée. Il semble mélancolique, à cause de ses lèvres et sourcils écaillés."

30 décembre 2008

Trudi la naine – Ursula Hegi

Trudi_la_naine Galaade – août 2007 - 672 pages

Traduit de l’anglais par Clément Baude

Résumé du livre

De 1915 à 1952, dans une petite ville catholique allemande du nom de Burgdorf, vit Trudi la naine. Sujette à mille et une brimades, Trudi en profite, depuis la bibliothèque où elle travaille avec son père Léo, pour observer jour après jour ses contemporains, avec leurs bassesses, leurs compromissions mais aussi leurs heures de gloire, de l'humiliation de la défaite de 1918 jusqu'au terrible silence collectif sous le nazisme. Gardienne des secrets les plus sombres comme de la mémoire collective de Burgdorf, Trudi, méprisée autant que crainte, deviendra ainsi le témoin privilégié - et révolté - de la catastrophe annoncée.

Mot de l'éditeur : " Enfant, Trudi Montag croyait que chaque être humain savait ce qui se passait dans la tête des autres. C'était avant qu'elle comprenne en quoi sa différence faisait sa force. Et son angoisse. " De 1915 à 1946, dans une petite ville catholique allemande du nom de Burgdorf, vit Trudi la naine. Sujette à mille et une brimades, Trudi en profite, depuis la bibliothèque où elle travaille avec son père Leo, pour observer jour après jour ses contemporains, avec leurs bassesses, leurs compromissions mais aussi leurs heures de gloire, de l'humiliation de la défaite de 1918 jusqu'au terrible silence collectif sous le nazisme. Gardienne des secrets les plus sombres comme de la mémoire collective de Burgdorf, Trudi, méprisée autant que crainte, deviendra ainsi le témoin privilégié - et révolté - de la catastrophe annoncée. Dans cette vaste fresque romanesque en partie inspirée de faits réels, Ursula Hegi, elle-même d'origine allemande, aborde tout un pan de l'histoire de l'Allemagne, jusque dans ses détails les plus douloureux et les plus inavouables, en une tentative littéraire pour appréhender le glissement de la civilisation vers la barbarie.

Biographie de l'auteur
Née en 1946 en RFA, Ursula Hegi passe sa jeunesse en Allemagne avant de partir, à dix-huit ans, aux Etats-Unis. Critique littéraire pour le New York Times, le Los Angeles Times et le Washington Post, Ursula Hegi a reçu, depuis la parution de son premier roman Intuitions en 1981, de nombreux prix littéraires américains. Trudi la naine, sélectionné en 1994 pour le prix Pen Faulkner, est son premier livre traduit en français.

Mon avis : (lu en octobre 2007)

Trudi n'est peut-être pas grande par la taille mais elle a un coeur immense. Elle est terriblement attachante du haut de ses 1m18. Son regard est juste et sans concession. Ce livre nous amène à avoir une vaste réflexion sur la discrimination et ses conséquences.

Extrait :
"Le père de Trudi, qui était revenu bien avant les autres hommes, fut investi d'une sorte d'autorité officieuse, les anciens combattants exigeant de lui qu'il les réhabitue à cette vie qu'ils avaient quittée. Son consentement muet incita tous ces hommes à se rendre à la bibliothèque, où ils lui achetaient des rations de tabac tellement minuscules qu'ils tenaient là une bonne excuse pour revenir le lendemain. Beaucoup d'entre eux ne comprenaient pas comment l'Allemagne avait pu perdre cette guerre contre le monde entier, et ils spéculaient en permanence sur les complots et les puissances de l'ombre qui avaient mené le pays à une défaite aussi honteuse. Les traits figés par l'épuisement, ils marchaient de ce pas un peu fatigué et oscillant qui est celui des somnambules, parce qu'ils ne savaient plus comment dormir sans guetter l'ennemi. Ils n'avaient pas besoin de raconter à Léo leurs cauchemars faits d'os broyés et d'orbites vidées : il connaissait bien ces rêves qui vous sortaient de vos petites bulles de sommeil pour vous replonger dans les pires souvenirs, et cela même si vous n'aviez été au front que quelques mois."

30 décembre 2008

Comme le fleuve qui coule - Coelho Paulo

Comme_le_fleuve_qui_coule Flammarion - mai 2006 – 288 pages

Résumé : Comme le fleuve gui coule est un recueil de 101 textes courts publiés par Paulo Coelho entre 1998 et 2005. Au fil des pages, il nous ouvre les portes de son univers d'écrivain, fait de petits morceaux de quotidien et de récits imaginaires qui acquièrent sous sa plume une dimension de contes philosophiques et pédagogiques à l'usage de tous ceux et de toutes celles qui désirent vivre en harmonie avec le monde qui les entoure.

«Ces pages contiennent les récits de certains moments que j'ai vécus, des histoires que l'on m'a racontées, des réflexions que je me suis faites pendant que je parcourais une certaine étape du fleuve de ma vie. Ces textes ont été publiés dans divers journaux du monde, et j'ai décidé de les réviser et de les compiler dans ce recueil. Ils font partie de mon existence et je vous les offre, à vous, mes lecteurs.»
Paulo Coelho

Auteur : Paulo Coelho est né en 1947 à Rio de Janeiro. Adolescent rebelle dans une famille conservatrice et étudiant contestataire plusieurs fois emprisonné, il devint parolier d'une des plus grandes stars du rock des années 70 au Brésil L'Alchimiste, paru en 1988, s'impose comme un best-seller mondial. Ses livres, traduits dans 59 langues, se sont vendus à 60 millions d'exemplaires dans 150 pays. Après du Zahir, Comme le fleuve qui coule est son dixième ouvrage publié en France. Paulo Coelho a été reçu à l'Académie brésilienne des lettres en 2002.

Mon avis :

J'ai bien aimé ce livre qui se lit assez vite, car toutes les histoires sont indépendantes les unes des autres. On peut s'arrêter sur une histoire, en relire une autre...

A travers toutes ces histoires, on en apprend davantage sur Paulo Coelho : ses voyages, ses passions, ses lieux de villégiature, son amour pour sa femme... sans pour autant oublier les thèmes habituels de l’auteur : la vie, la mort, l’importance des amis, l’amour de soi et de son prochain... Ce sont de véritables leçons de vie. Souvent, ces histoires ont un côté philosophique, elles sont pleines de sagesse, elles sont des sources de réflexions.

Extraits :
«
J'allais de New York à Chicago, pour me rendre à la Foire du livre, de l'American Booksellers Association. Soudain, un garçon s'est levé dans le couloir de l'avion :
'J' ai besoin de douze volontaires, a-t-il dit. Chacun portera une rose quand nous atterrirons.'
Plusieurs personnes ont levé la main. Je l'ai levée moi aussi, mais je n'ai pas été choisi.
Cependant,j'ai décidé d'accompagner le groupe. Nous sommes descendus, le garçon a indiqué une jeune fille dans la salle d'attente de l'aéroport d'O'Hare. Un à un, les passagers sont allés lui offrir leur rose. A la fin, le garçon l'a demandée en mariage devant tout le monde - et elle a accepté.
Un commissaire de bord m'a déclaré :
'Depuis que je travaille dans cet aéroport, c'est la chose la plus romantique qui soit arrivée. » (page : 71)

« Pendant le Forum économique de Davos, Shimon Peres, prix Nobel de la paix, a raconté l'histoire qui suit.
Un rabbin réunit ses élèves et demande :
'Comment savons-nous le moment précis où la nuit s'achève et où le jour commence ?
- Quand, de loin, nous pouvons distinguer une brebis d'un chien, dit un jeune garçon.
- En réalité, dit un autre élève, nous savons qu'il fait jour quand nous pouvons distinguer, de loin, un olivier d'un figuier.
- Ce n'est pas une bonne définition.
- Quelle est la réponse, alors ? demandèrent les gamins.
Et le rabbin dit :
'Quand un étranger s'approche, nous le confondons avec notre frère, et les conflits disparaissent - voilà le moment où la nuit prend fin et où le jour commence. » (page : 98)

« Les gens pensent très peu à la mort. Ils passent leur vie à s'inquiéter de vraies absurdités, ils reportent les choses, ils laissent de côté des moments importants. Ils ne prennent pas de risques, parce qu'ils trouvent cela dangereux. Ils se plaignent beaucoup, mais ils se montrent lâches au moment de prendre des mesures. Ils veulent que tout change, mais ils refusent de changer.
S' ils pensaient un peu plus à la mort, ils ne manqueraient jamais de donner le coup de téléphone qu'ils n'ont pas donné. Ils seraient un peu plus fous. Ils n'auraient pas peur de la fin de cette incarnation - car on ne peut pas redouter quelque chose qui arrivera de toute façon.
Les indiens disent : 'Aujourd' hui est un jour aussi bon qu'un autre pour quitter ce monde.' Et un sorcier a déclaré un jour : 'Que la mort soit toujours assise à côté de toi. Ainsi, quand tu devras faire des choses importantes, elle te donnera la force et le courage nécessaires.'
J' espère que vous lecteur, vous êtes arrivé jusqu'ici. Il serait stupide que le titre vous ait effrayé, car nous tous, tôt ou tard, nous allons mourir. Seul celui qui accepte cela est prêt pour la vie.»(page : 122)

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