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A propos de livres...
9 février 2009

Prisonniers du paradis – Arto Paasilinna

prisonnier_paradis Folio – mai 1998 - 208 pages

traduit du finnois par Antoine Chalvin

Quatrième de couverture
Un avion qui fait un amerrissage forcé avec à son bord des sages-femmes et des bûcherons - à proximité quand même d'une île - cela n'existe que chez Paasilinna. Voici les naufragés qui s'organisent, chacun retrouvant vite ses habitudes : les Finlandais distillent de l'alcool et ouvrent le " Café de la jungle ". Les Suédoises mettent sur pied un centre de planning familial - n'oublions pas qu'il y a vingt-huit hommes et vingt-six femmes échoués sur la plage. Une plage de sable blanc bordée de cocotiers et où finalement, entre chasse, pêche et culture, la vie ne va pas être désagréable du tout. Au point que certains n'auront aucune envie de retrouver la " civilisation " quand un navire américain s'approche et que son commandant veut évacuer les joyeux naufragés. Des problèmes aigus vont alors se poser et il faudra tout l'humour de Paasilinna pour tenter de les résoudre.

Biographie de l'auteur
Arto Paasilinna est né en Laponie finlandaise en 1942. successivement bûcheron, ouvrier agricole, journaliste et poète, il est l'auteur d'une trentaine de livres, pour la plupart traduits en français et publiés chez Denoël où ils ont toujours rencontré un grand succès. Citons entre autres Le Meunier hurlant, Le Lièvre de Vatanen, Petits suicides entre amis ou encore Un homme heureux.

Mon avis : (lu en juillet 2005)

C'est peut-être le livre de Paasilinna le plus décalé... Les situations sont vraiment loufoques, les personnages sont nombreux et très bien décrits, on se laisse entrainer dans l'absurde. Comment organiser la vie d'un petit groupe d'hommes et de femmes sur une île déserte ? Quelle répartition des pouvoirs, des tâches, quels interdits, quelle moralité... Progressivement, ces naufragés vont se construire un monde débarrassé du superflu où le vrai bonheur semble possible... Ce livre est très facile à lire et j'ai beaucoup ri !

Extrait : "L’avion tanguait dans l’obscurité. Nous volions au-dessus de l’océan Pacifique, dans le secteur de la Mélanésie, après avoir franchi le trentième parallèle et le tropique du Cancer.
Nous nous trouvions dans la zone chaude du globe- là où, même pendant les mois les plus froids, la température ne descend jamais au-dessous de dix-huit degré. L’avion volait depuis trois heures. Nous avions décollé du Japon, de l’aéroport international de Tokyo.
Je suis journaliste. Un Finlandais tout ce qu’il y a d’ordinaire : un individu mal éduqué, avec des ambitions limitées, une veste usée et un caractère sans relief. J'ai dépassé la trentaine. Je suis d’une colossale banalité et il arrive que cela me chagrine."

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9 février 2009

Un homme heureux - Arto Paasilinna

un_homme_heureux 

Edition Denoël – septembre 2005 – 242 pages

traduit du finnois par Anne Colin du Terrail

Présentation de l'éditeur
L'ingénieur Akseli Jaatinen a été chargé de construire un nouveau pont dans le village de Kuusmäki, à l'endroit même où, pendant la guerre civile de 1918, une sanglante bataille a opposé blancs et rouges - épisode dont la mémoire continue de diviser les habitants de la commune, par ailleurs peu enclins à se laisser bousculer dans leur train-train. Dans ce milieu fermé, Jaatinen aura vite fait de s'attirer des inimitiés par ses méthodes peu conformistes. De bisbilles en provocations, les relations se tendent entre les notables locaux et le nouveau venu, qui se fait non seulement rosser et humilier, mais aussi finalement renvoyer de son poste d'ingénieur. Mais Jaatinen n'est pas homme à se laisser faire. Méthodiquement, il met en œuvre une diabolique vengeance dont ses persécuteurs se mordront amèrement les doigts... Les ponts que construit l'ingénieur Jaatinen sont une métaphore puissante de la solidarité entre les hommes, et sa quête du bonheur laisse entrevoir ce que pourrait être une humanité ouverte et soucieuse d'autrui.

Biographie de l'auteur
Arto Paasilinna est né en Laponie finlandaise en 1942. Successivement bûcheron, ouvrier agricole, journaliste et poète, il est l'auteur d'une trentaine de romans dont Le Lièvre de Vatanen, Le Meunier hurlant, et Petits suicides entre amis, romans cultes traduits dans le monde entier.

Mon avis : (lu en octobre 2005)

C'est l'histoire toute simple d'une vengeance, l'ingénieur Jaatinen a été chargé de construire un nouveau pont dans le village de Kuusmäki. Mais les notables du village n'apprécient pas les méthodes peu conformistes de l'ingénieur et ils vont le renvoyer de son poste. Mais Jaatinen n'est pas homme à se laisser faire. Méthodiquement, il va mettre en œuvre une vengeance...

On retrouve l'humour décalé, des situations rocambolesques et une fine critique de la société finlandaise en dressant des portraits caricaturaux L'auteur décrit avec intelligence la difficulté de s'intégrer dans un petit village refermé sur lui-même et hostile à la nouveauté. On s'attache rapidement au héros qui veut être un homme heureux.

Extrait :
Une fois la paix revenue, le trafic s'était peu à peu accru sur le pont, tandis que la rivière, sous lui, continuait de charrier vers la mer d'infinies masses d'eau noire. Cette dernière, petit à petit, avait si bien rongé et fragilisé les structures en bois de l'ouvrage que seuls les camions mi-lourds pouvaient encore franchir sans danger son tablier pourrissant. C'est ainsi que l'on en vint à l'époque actuelle, en un jour de printemps où un individu de haute taille s'avança sur les vieilles planches.
C' était l'ingénieur des ponts Akseli Jaatinen.

Extrait :
L'ingénieur mangea par terre à croupetons et, après avoir passé encore une heure dans cette position inconfortable, il se releva enfin, s'étira, alla laver son visage fatigué. Puis il ramassa ses papiers, les fourra dans sa mallette, sauta dans un taxi et se fit conduire à la direction générale des Chemins de fer. Jaatinen déballa ses documents sur la table de la salle de réunion et se lança dans des explications :
'Je suppose qu'il faudrait installer ici un aiguillage, et là un quai de chargement... la voie devrait suivre ce tracé, les terres de ce côté m'appartiennent et je pourrais louer ou acheter les autres.
- C'est bien ça', concéda-t-on.
Puis Jaatinen fit une proposition :
'S' il vous faut vraiment trois ans pour faire ce bout de voie, que diriez-vous si je le réalisais moi-même ?
- Vous ?
- Oui. Il n'y a qu'à ouvrir une tranchée dans la forêt au bulldozer et amener du ballast, je n'aurai besoin que de quelques semaines pour construire une voie sur cet esker.

8 février 2009

Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen – Arto Paasilinna

le_bestial_serviteur Denoël – juin 2007 – 309 pages

Anne Colin du Terrail (Traduction)

Résumé : À l'approche de la cinquantaine, le pasteur Oskari Huuskonen traverse une mauvaise passe. Son mariage bat de l'aile, sa foi vacille, ses prêches peu conformes aux canons de l'Église lui attirent les foudres de ses supérieurs, et ses paroissiens, tous plus déjantés les uns que les autres, lui causent bien du souci. Comme si cela ne suffisait pas, le conseil paroissial décide de lui offrir pour son anniversaire un cadeau empoisonné : un ourson qui vient de perdre sa mère, spectaculairement morte par électrocution au sommet d'un pylône à haute tension. Mais Huuskonen s'attache peu à peu à l'ourson et pousse la sollicitude jusqu'à lui construire pour l'hiver une tanière dans laquelle il finit par le rejoindre, en compagnie d'une charmante biologiste venue étudier les mœurs de l'animal. Ayant retrouvé la foi au contact du pasteur, la biologiste, Sonia, s'éloigne de lui, ce qui n'empêche pas l'épouse de Huuskonen de demander le divorce. L'évêque, de son côté, lassé des bizarreries du pasteur, le met d'office en congé. Huuskonen, ruiné par son divorce, privé de domicile et d'emploi, part à l'aventure avec son ours. Un long périple qui les mènera d'Odessa à Syracuse, de Malte à Southampton, en quête d'un sens à leur existence.

Biographie de l'auteur
Arto Paasilinna est né en Laponie finlandaise en 1942. successivement bûcheron, ouvrier agricole, journaliste et poète, il est l'auteur d'une trentaine de livres, pour la plupart traduits en français et publiés chez Denoël où ils ont toujours rencontré un grand succès. Citons entre autres Le Meunier hurlant, Le Lièvre de Vatanen, Petits suicides entre amis ou encore Un homme heureux.

Mon avis : (lu en juillet 2007)

Le Bestial Serviteur du prêtre Huuskonen réuni tous les ingrédients d'un grand cru Paasilinna : un prêtre dépressif, un village finnois au bord de la crise de nerfs et un ours débarqué de nulle part qui va changer la vie du héros et l'entraîner vers une aventure inoubliable. Le rythme du début est vraiment bien mais au bout d’un moment cela tourne en rond. Un peu long. Malgré tout, il y a toujours beaucoup d’humour et des situations cocasses et décalées.

Extrait : (page 22) À cet instant du discours du pasteur, un pilier de bistrot à demi soûl entra en courant dans l’église. Alors qu’il se promenait sur la route, au sortir de l’estaminet local, il venait d’être témoin d’une scène atroce, la mort de l’organisatrice de banquets Astrid Sahari et d’une ourse, au sommet d’un pylône électrique. L’ivrogne beugla : « Arrêtez tout ! L’Astrid a grimpé avec une ourse sur un poteau de la ligne à haute tension ! Elles sont mortes toutes les deux ! Grillées ! »

La cérémonie nuptiale s’interrompit dans un désordre indescriptible, aggravé par l’agent de maintenance des services publics communaux, Rainer Hyhkönen, qui avait lui aussi couru de toute la vitesse de ses jambes à l’église. Sur le seuil, il cria d’une voix forte qu’on avait besoin d’urgence dans la cave de l’hôpital de l’aide d’un costaud, il fallait mettre en marche le diesel qui, en cas de coupure de courant, faisait tourner le groupe électrogène. Il n’y avait pas un instant à perdre, un patient sous oxygène luttait contre la mort. « Il faut le démarrer à la manivelle, la batterie est à plat, je ne peux pas faire ça tout seul. »

Le pasteur Oskar Huuskonen dut se résoudre à annoncer aux paroissiens que la cérémonie était suspendue, mais reprendrait à une heure qui serait indiquée plus tard, de préférence dès que la catastrophe serait jugulée. Le futur marié en tête, la foule se rua hors de l’église sans écouter la fin de ses propos. La malheureuse fiancée s’effondra sur un banc, serrant dans ses mains tremblantes son bouquet composé des plus belles fleurs des champs de ce début d’été. Des larmes brillaient dans les yeux timides de la pauvre femme abandonnée.

Au triple galop, Oskar Huuskonen partit avec Hyhkönen en direction de la cave du service hospitalier du centre médical. En passant devant la station électrique, il vit sur le pylône à haute tension deux silhouettes fumantes dont il était difficile de savoir qui était l’organisatrice de banquets, et qui l’ourse.

Ce n’était pas le moment de rester à méditer sur la question, il fallait courir mettre le diesel en marche afin de fournir du courant au respirateur et sauver la vie du malade.

Dans la cave, Huuskonen tourna la manivelle du diesel à la force du poignet tandis que l’agent de maintenance réglait les compteurs ; le moteur toussa et s’alluma, un courant salvateur circula dans le réseau électrique de l’hôpital, le respirateur se réactiva et l’on put remettre son masque à oxygène à l’inséminateur retraité moribond Yrjänä Tisuri. L’infirmière en nage alla s’écrouler dans la salle de repos, les mains crispées sur la poitrine. « Le métier de soignant est parfois rude », haleta-t-elle.

Le pasteur Oskar Huuskonen repartit vers l’église. Les abords de la station électrique grouillaient de monde. Les corps de l’organisatrice de banquets et de l’ourse avaient été descendus du pylône à haute tension par la grande échelle des pompiers. Astrid Sahari avait été recouverte d’une couverture, mais le cadavre de l’animal gisait tel quel sur la pelouse. Il flottait dans les airs une odeur de viande brûlée.

On avait trouvé dans un sapin voisin deux oursons apeurés que l’on avait attrapés et enfermés dans la resserre. Il y régnait un désordre épouvantable, signe certain que des courtes queues s’en étaient donné à cœur joie.

Tout le village était sens dessus dessous. On racontait aussi que le fiancé, Hannes Loimukivi, avait profité du chaos pour s’éclipser en douce. Pendant que sa promise en pleurs l’attendait à l’église, il avait pris la fuite.

Le pasteur Oskar Huuskonen ne se déclara pas vaincu. Il réunit une patrouille d’une demi-douzaine d’hommes afin de rattraper le fiancé évadé. On ne le trouva bien sûr pas chez lui, ni au bistrot. On fouilla les maisons les plus proches, ainsi que celles de ses amis, jusque dans les placards et sous les lits, mais sans résultat. Quelqu’un finit par suggérer que Loimukivi avait pu filer au chalet de la société de chasse, au bord du lac de Nummenpää, vu qu’il en était vice-président et ne courait pas seulement les femmes, mais aussi le gibier. C’est là qu’on le trouva : il était monté dans le grenier du sauna, où il pensait être bien caché. On le fit descendre de là sans ménagement, et le pasteur Huuskonen l’entraîna à l’écart pour une petite conversation en tête-à-tête.

8 février 2009

Le meunier hurlant – Arto Paasilinna

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Edition Denoël – mai 2002 - 250 pages

Traduit du finnois par Anne Colin du Terrail

Quatrième de couverture
Un petit village du nord de la Finlande, peu après la guerre, voit arriver un inconnu qui rachète et remet en marche le vieux moulin. D'abord bien accueilli, le nouveau meunier Gunnar Huttunen a malheureusement un défaut : à la moindre contrariété, il se réfugie dans les bois pour hurler à la lune, empêchant les villageois de dormir. Ces derniers n'ont dès lors qu'une idée, l'envoyer à l'asile. Mais Huttunen, soutenu par Sanelma Käyrämö la conseillère rurale, est bien décidé à se battre pour défendre sa liberté.

Auteur : Arto Paasilinna : (Kittilä, 1942). Écrivain de langue finnoise. Né en Laponie finlandaise, en plein exode, dès l’âge de treize ans, il exerce divers métiers, dont ceux de bûcheron et d’ouvrier agricole. Il s’intéresse aussi aux arts graphiques et écrit des poèmes. En 1962-1963, il suit les cours d’enseignement général de l’École supérieure d’éducation populaire de Laponie, puis entre comme stagiaire au quotidien régional, Lapin Kansa. Poursuivant ses activités dans la presse régionale, il collabore à divers magazines d’information et à des revues littéraires. Auteur d’une vingtaine de romans traduits dans de nombreuses langues, il a également écrit pour le cinéma, la radio et la télévision.

Mon avis : (lu en octobre 2005)

Des personnages attachants et amusants, le ton est léger malgré un sujet grave. Paasilinna aborde ici le sujet de la folie, il nous décrit un marginal au grand cœur que la société fait tout pour détruire. Comme toujours, les situations sont incroyables, les personnages haut en couleurs et la nature finlandaise dépaysante. Un livre où tous les acteurs ont un petit grain de folie... le plus raisonnable étant peut-être le meunier lui-même !

Extrait :

«La vie de Gunnar Huttunen était arrivée à un sinistre tournant : il n'était plus qu'un meunier sans moulin, un homme sans logis. Les humains l'avaient exclu et il s'était exclu de leur société. Qui sait combien de temps il devrait éviter les villages des hommes. Huttunen, assis au bord du ruisseau, solitaire, écoutait le chant du torrent où, dans la fraîcheur de la nuit d'été, coulait l'eau d'une source lointaine. Il songea que s'il avait souffert d'une tumeur à la poitrine, on l'aurait laissé vivre en paix, on l'aurait plaint, aidé, laissé subir son mal au milieu de ses semblables. Mais comme son sprit était différent de celui des autres, on ne le supportait pas, on le rejetait à l'écart de toute vie humaine. Il préférait pourtant cette solitude aux barreaux de la chambre d'hôpital où seuls l'entouraient de pauvres hères dépressifs et asthéniques.

Une truite, ou peut-être un ombre, sauta dans la rivière obscure. Huttenen tressaillit, le rond dans l'eau passa devant lui en se brisant, se fondit dans le courant ; il lui vint à l'esprit qu'il ne mangerait désormais plus de pain ni de lard, comme quand il était meunier. Il devrait vivre de poisson et de gibier.

Huttunen toucha l'eau fraîche de la main et s'imagina être une truite de rivière, d'un kilo au moins. Il se vit nageant dans le ruisseau, remontant le courant ; il ondula et se faufila entre les pierres dans l'eau peu profonde, se reposa un instant dans le contre courant d'un rocher enrobé de mousses, battit des nageoires, ouvrit ses branchies, brisa la surface de l'eau de sa gueule pour reprendre sa nage, se propulsant d'un coup de queue. Le flot bourdonna aux ouïes de Huttunen tandis qu'il remontait plus haut le ruisseau nocturne. Mais il eut bientôt envie d'une cigarette et, cessant pour cette fois de faire le poisson, il repensa à sa vie.»

6 février 2009

Balzac et la petite tailleuse chinoise - Dai Sijie

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Gallimard – octobre 2002 - 432 pages

Quatrième de couverture
« Nous nous approchâmes de la valise. Elle était ficelée par une grosse corde de paille tressée, nouée en croix. Nous la débarrassâmes de ses liens, et l'ouvrîmes silencieusement. À l'intérieur, des piles de livres s'illuminèrent sous notre torche électrique; les grands écrivains occidentaux nous accueillirent à bras ouverts: à leur tête, se tenait notre vieil ami Balzac, avec cinq ou six romans, suivi de Victor Hugo, Stendhal, Dumas, Flaubert, Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, et quelques Anglais : Dickens, Kipling, Emily Brontë... - Quel éblouissement! - Il referma la valise et, posant une main dessus, comme un chrétien prêtant serment, il me déclara : Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde. »

Auteur : Dai Sijie, en chinois 戴思杰 et en pinyin Dài Sījié (né en 1954, au Fujian, en Chine) est un cinéaste et romancier chinois vivant en France. Il est principalement connu pour ses romans Balzac et la petite tailleuse chinoise et Le Complexe de Di qui reçu le prix Femina en 2003. Pendant la révolution culturelle (de 1966 à 1976) ses parents, médecins dits "bourgeois réactionnaires", "ennemis du peuple" sont mis en prison. Il est donc envoyé dans un camp de rééducation dans un village très difficile d'accès dans la province de Sichuan. En 1974 (trois ans plus tard) celui-ci est autorisé à retourner chez lui. Cette expérience lui servira plus tard d'inspiration pour Balzac et la petite tailleuse chinoise (2000). Il est employé dans un lycée de province jusqu'à la mort du Président Mao Zedong. En 1976, après la mort de celui-ci (Mao Zedong), il entre à l'université de Pékin pour y prendre des cours sur l'Histoire de l'art chinois. Il reçoit sur un autre concours une bourse pour partir à l'étranger et il choisit de partir étudier en France (1984) à l'IDHEC. Il s'installe alors définitivement en France. Son premier film est "Chine ma douleur" (1989), film qui a été tourné en France en raison de l'interdiction de tournage en Chine (selon les autorités chinoises le film revêtait un caractère subversif).

Mon avis : 5/5 (lu en juillet 2004)

Dans la Chine de Mao, savoir lire, c'est déjà faire partie des intellectuels... Et les intellectuels, on les envoie se rééduquer dans les campagnes. C'est le cas du narrateur et de son ami Luo, ils ont 17 et 18 ans. Pour supporter les difficultés, ils se racontent des histoires, des films. Un jour, ils découvrent une valise avec des livres interdits. Ils vont lire Balzac en cachette... Cela va changer le cours de leur vie et rencontrer la fille du tailleur. Ce livre nous raconte une histoire pleine de poésie qui nous fait découvrir l'importance des livres ! C'est également un dépaysement total au fin fond de la campagne chinoise. A lire absolument ! 

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Balzac et la Petite Tailleuse chinoise a été adapté en film en 2002 par Dai Sijie avec l'aide de plusieurs cinéaste. Bien que le livre ait été écrit en français, le film est joué en chinois par les acteurs. Il a été tourné dans les montagnes de Zhangjiajié dans la province natale de Mao, le Hunan. Les plans en ville ont été faits dans la ville ancienne de Fenghuang (le Phénix).

Extrait : « Nous nous approchâmes de la valise. Elle était ficelée par une grosse corde de paille tressée, nouée en croix. Nous la débarrassâmes de ses liens, et l'ouvrîmes silencieusement. A l'intérieur, des piles de livres s'illuminèrent sous notre torche électrique; les grands écrivains occidentaux nous accueillirent à bras ouverts: à leur tête, se tenait notre vieil ami Balzac, avec cinq ou six romans, suivi de Victor Hugo, Stendhal, Dumas, Flaubert, Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, et quelques Anglais : Dickens, Kipling, Emily Brontë... - Quel éblouissement ! - Il referma la valise et, posant une main dessus, comme un chrétien prêtant serment, il me déclara : Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde.»

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3 février 2009

Petits suicides entre amis – Arto Paasilinna

Petits_suicides_entre_amis    Petits_suicides_entre_amis_2   

Edition Denoël – septembre 2003 - 300 pages

Gallimard Folio - mai 2005 - 291 pages

traduction du finnois par Anne Colin Du Terrail

Présentation de l'éditeur :
" SONGEZ-VOUS AU SUICIDE ? Pas de panique, vous n'êtes pas seul. Nous sommes plusieurs à partager les mêmes idées, et même un début d'expérience. Ecrivez-nous en exposant brièvement votre situation, peut-être pourrons-nous vous aider. Joignez vos nom et adresse, nous vous contacterons. Toutes les informations recueillies seront considérées comme strictement confidentielles et ne seront communiquées à aucun tiers. Pas sérieux s'abstenir. Veuillez adresser vos réponses Poste restante, Bureau central de Helsinki, nom de code " Essayons ensemble ". " Deux suicidaires se retrouvent fortuitement dans une vieille grange où ils souhaitaient partir tranquilles. Entravés dans leurs funestes projets, ils se mettent en tête de rassembler d'autres désespérés pour monter une association. Commence alors, à bord d'un car de tourisme flambant neuf, un périple loufoque mené à un train d'enfer, des falaises de l'océan Arctique jusqu'au cap Saint-Vincent au Portugal pour un saut de l'ange final. Un récit désopilant doublé d'une réflexion mordante sur le suicide. 


Biographie de l'auteur
Arto Paasilinna est né en Laponie finlandaise en 1942. Successivement bûcheron, ouvrier agricole, journaliste et poète, il est l'auteur d'une vingtaine de romans dont Le meunier hurlant, Le lièvre de Vatanen et, en 2001, La douce empoisonneuse, romans cultes traduits en plusieurs langues.

Mon avis : (lu en avril 2005)
Comme d’habitude, Arto Paasilinna nous fait une satire sociale sur un véritable fléau qui ravage son pays. La Finlande est en effet le cinquième pays au monde où on se suicide le plus, peut-être à cause de l’isolement dans certaines campagnes et certainement aussi à cause de l’alcool. Pour comparaison, il y a en Finlande 28 suicide pour 100.000 habitants contre 20 en France. L’imagination sans borne de l’auteur nous fait partager un rocambolesque voyage en car de candidats au suicide finlandais. Les personnages sont hauts en couleur et les situations cocasses. Ce roman fait parti, à mon goût, des meilleurs de Paasilinna.

Extrait :

« Imagine, Hermanni ! Si nous étions plus nombreux, nous pourrions engager un thérapeute de groupe, consacrer nos derniers jours à profiter de la vie. Le temps passe toujours plus agréablement en compagnie que dans la solitude. Nous pourrions reprographier des lettres d’adieu et économiser de l’argent en confiant nos dernières volontés à un seul notaire… nous pourrions peut-être même obtenir un prix de gros pour les avis de décès. Nous aurions la possibilité de vivre largement, car il y aurait sûrement dans le groupe quelques personnes fortunées, les riches se tuent de nos jours plus souvent qu’on ne le croit. Et il serait facile d’avoir parmi nous des femmes, je sais qu’il y en a beaucoup, en Finlande, qui nourrissent des idées de suicide, et elles sont loin d’être toutes désagréables à regarder, au contraire, les dépressives ont souvent un charme mélancolique… »

Le colonel Kemppainen commençait à trouver le projet intéressant. Il comprenait les bénéfices que l’on pouvait tirer, en termes de rationalisation, d’un suicide collectif de masse. On éviterait ainsi tout amateurisme dans l’accomplissement du geste fatal. En y réfléchissant d’un point de vue stratégique, il voyait les avantages amenés par le nombre. Un soldat, même excellent, ne pouvait remporter seul la bataille, mais en rassemblant en rangs serrés des troupes animées par un même idéal, on obtenait des résultats. L’histoire militaire regorgeait d’exemples de l’efficacité d’une association collective(Pages 31-32)

 

3 février 2009

La douce empoisonneuse – Arto Paasilinna

la_douce_empoisonneuse    la_douce_empoisonneuse_2

Denoël – septembre 2001 – 236 pages

Gallimard Folio - mars 2003 - 254 pages

traduit du finnois par Anne Colin Du Terrail

Résumé : La veuve du colonel Ravaska, Linnea, mène une existence tranquille dans sa petite métairie, à arroser ses violettes, en compagnie de son chat. Mais ce paisible tableau n'est qu'une façade... tous les mois, la bonne vieille tremble de peur ! En effet, son neveu et ses deux compères viennent la dépouiller de sa pension, jusqu'au jour où il demande à figurer sur son testament... Craignant pour sa vie et refusant de mourir de leur main, elle concocte un poison fulgurant pour se suicider le moment venu. Mais ce passe-temps est bien plus drôle que de tricoter... C'est à ce moment que de projets en situations cocasses, la donne change en faveur de la veuve du colonel ! Adeptes d''Arsenic et vieilles dentelles', ce livre est pour vous, et pour les autres aussi !

Biographie de l'auteur :
Arto Paasilinna est né en Laponie finlandaise en 1942. Bûcheron, ouvrier agricole, journaliste et poète, il est l'auteur d'une vingtaine de livres, pour la plupart traduits en français et publiés chez Denoël. Citons entre autres Le Meunier hurlant, Le Lièvre de Vatanen, Petits suicides entre amis, Un homme heureux ou encore Le Bestial Serviteur du pasteur Huuskonen.

Mon avis : (lu en avril 2005)
Cette fois-ci, c'est la confrontation d'une vieille dame vulnérable et de trois jeunes délinquants qui la martyrisent. Pour en finir avec ce supplice, Linnea se prépare un poison pour se suicider, mais rien ne se déroule jamais comme prévu avec Paasilinna... L'humour noir et grinçant est là sans oublier les situations cocasses et originales. Tout ceci se lit avec un grand plaisir !

Extrait : (page 84)
"Il vint à l'esprit de Linnea que si quelqu'un pouvait avoir besoin d'un poison efficace et mortel, c'était bien elle. Si la situation devenait trop critique, elle pourrait ainsi avaler une dose afin d'échapper aux griffes des tortionnaires. Une vieille femme sans défense avait tout intérêt à se tenir prête au pire. A son âge, il convenait d'ailleurs aussi de se prémunir contre l'éventualité de maladies pénibles. L'idée d'une lente agonie sur un lit d'hôpital la terrifiait, elle avait une peur mortelle du cancer et de sa douloureuse phase terminale. Les médecins, aujourd'hui, s'acharnaient à maintenir en vie même les patients les plus désespérés, et elle ne voulait pas en arriver là. Dans de telles circonstances, avoir sa propre fiole de poison serait d'un immense secours.
Concocter une mixture mortelle pourrait aussi être une activité beaucoup plus passionnante que le macramé ou la peinture sur porcelaine."

3 février 2009

Sur la plage de Chesil – Ian McEwan

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Gallimard - septembre 2008 - 148 pages

Folio – janvier 2010 – 177 pages

Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon

Présentation de l’éditeur :
«Ils étaient jeunes, instruits, tous les deux vierges avant leur nuit de noces, et ils vivaient en des temps où parler de ses problèmes sexuels était manifestement impossible…» Le soir de leur mariage, Edward Mayhew et Florence Ponting se retrouvent enfin seuls dans la vieille auberge du Dorset où ils sont venus passer leur lune de miel. Mais en 1962, dans l'Angleterre d'avant la révolution sexuelle, on ne se débarrasse pas si facilement de ses inhibitions et du poids du passé. Les peurs et les espoirs du jeune historien et de la violoniste prometteuse transforment très vite leur nuit de noces en épreuve de vérité où rien ne se déroule selon le scénario prévu. Dans ce roman dérangeant, magistralement rythmé par l'alternance des points de vue et la présence obsédante de la nature, Ian McEwan excelle une nouvelle fois à distiller l'ambiguïté, et à isoler ces moments révélateurs où bifurque le cours d'une vie.

L'Auteur :
Né en 1948, Ian McEwan est considéré comme l’un des écrivains anglais les plus doués de sa génération. L’enfant volé (Du monde entier, 1993, Folio n° 2733) a reçu le prestigieux Whitbread Novel Award et, en France, le prix Femina étranger ; Amsterdam (Du monde entier, 2001, Folio n° 3728), a été couronné par le Booker Prize for Fiction (1998) ; Expiation (Du monde entier, 2003, Folio n° 4158), par le WH Smith Literary Award (2002). L’essentiel de son œuvre est disponible aux Éditions Gallimard.

Mon avis : (lu en février 2009)

C’est le premier livre de cet auteur que je lis. J’ai été attirée par ce livre grâce à sa couverture avec ce bleu-vert, le ciel lumineux et le titre aussi m’a interpellé.

Un roman court et plein de pudeur autour de cette nuit de noces qui nous est racontée.Tout cela semble plein de promesses. Il y a une montée en puissance avec des flash-back où l’on découvre tour à tour l'enfance des deux personnages si différente, leur rencontre, l'évolution de leur attirance. Les deux héros sont touchants. Lui attend cette nuit avec impatience, elle la redoute... J’ai passé un bon moment de lecture.

Extrait :

« Des angoisses plus profondes agitaient Florence, et plusieurs fois, durant le voyage depuis Oxford, elle s'était sentie sur le point de prendre son courage à deux mains et d'exprimer ses craintes. Mais ce qui la troublait était inexprimable, et elle pouvait à peine se le représenter. Contrairement à Edward, qui n'éprouvait rien d'autre que le trac du tout jeune marié avant sa nuit de noces, elle était habitée par une terreur viscérale, par un dégoût incoercible, aussi palpable que le mal de mer. La plupart du temps, durant tous ces mois de joyeux préparatifs, elle avait réussi à ignorer cette tache sur son bonheur, mais dès que lui venait la pensée d'une étreinte -elle ne tolérait aucun autre terme - son estomac se nouait, une nausée la prenait à la gorge. Dans un petit guide moderne et optimiste, qui était censé rassurer les jeunes mariées par son ton enjoué, ses points d'exclamation et ses illustrations numérotées, elle était tombée sur tel mot ou telle expression qui lui donnaient un haut-le-coeur : muqueuse vaginale, ou bien ce sinistre gland luisant. Certaines images insultaient son intelligence, surtout celle de l'entrée dans le corps féminin : "Peu avant qu'il n'entre en elle...", ou "Enfin, il entre en elle", ou encore : "Heureusement, dès qu'il est entré en elle..." Serait-elle donc obligée, le moment venu, de se transformer pour Edward en une sorte de portail ou d'antichambre qu'il puisse franchir ? Presque aussi fréquemment revenait ce mot qui n'était synonyme pour elle que de souffrance, de chairs tranchées par une lame : pénétration. »

31 janvier 2009

La cavale du géomètre – Arto Paasilinna

la_cavale_du_g_om_tre Denoël – 1998 – 250 pages

Gallimard Folio – juin 2000 – 267 pages

traduit du finnois par Antoine Chalvin

Quatrième de couverture
" Cela fait une drôle d'impression de ne pas savoir qui on est, d'où on vient ni où on va. Taavetti Rytkönen, soixante-huit ans, était exactement dans cette situation. Il ne savait pas où il allait, ni qu'il venait de sortir d'une agence de la Banque nationale, où il avait oublié son portefeuille et ses papiers d'identité, mais tout de même pensé à fourrer dans sa poche intérieure une liasse de billets épaisse d'un centimètre et demi... " Un géomètre amnésique, un chauffeur de taxi pas du tout pressé de rentrer chez lui, un architecte albanais, un interprète bosniaque, douze naturistes françaises, plus quelques paysans pas mal imbibés... Agitez, secouez et vous avez un grand Paasilinna.

Auteur : Arto Paasilinna, écrivain finlandais, né à Kittilä le 20 avril 1942. Il est né à l'arrière d'un camion, en pleine fuite des allemands, Arto Paasilinna traverse la Norvège, puis la Suède pour finir en Laponie finlandaise. Dès 1955, il exerce des métiers manuels comme celui de bûcheron ou d'ouvrier agricole mais suit, quelques années plus tard, des cours d'enseignement général à l'Ecole supérieure d'éducation populaire de Laponie. Il commence à écrire en devenant stagiaire au quotidien régional, 'Lapin Kansa'. Entre collaboration à la rédaction de divers journaux et revues littéraires, et l'écriture de romans tels que 'Le lièvre de Vatanen' (1993) ou 'Le fils du dieu de l'orage' (1995), il trouve encore le temps de composer des scénarios pour le cinéma et la télévision. Les thèmes récurrents comme celui de la fuite, des personnages singuliers et un art de la répétition qui n'appartient qu'à lui font toute l'originalité de ses œuvres. Cet auteur prolifique et brillant est devenu une figure emblématique et incontournable de la littérature finlandaise, et est parti pour gagner la reconnaissance d'un public international.

Mon avis : (lu en 2002)

Ce livre nous raconte la cavale d'un jeune chauffeur de taxi et d'un vieux géomètre amnésique à travers la Finlande au gré de leurs rencontres avec des personnages aussi illuminés qu'eux-même : un vieux couple de paysans qui a décidé de détruire leur propre exploitation, et un groupe de 12 françaises végétariennes et écolos qui pourchassent les taureaux dans les marais.... N'ayant plus de mémoire, le géomètre redevient un homme neuf, un homme libre...

Comme d'habitude l'histoire de ce roman d'Arto Paasilinna débute avec un fait banal et la suite est insoupçonnable tellement c'est totalement loufoque et surréaliste... Mais j'aime beaucoup, on est pris par l'intensité de l'histoire et on veut voir jusqu'où l'auteur va aller et on rit aussi beaucoup...

31 janvier 2009

Le lièvre de Vatanen - Paasilinna Arto

le_lievre_de_Vatanen

Denoël - 1989 - 196 pages

Gallimard - mars 1993 – 203 pages

traduit du finnois par Anne Colin du Terrail. ,

Présentation de l'éditeur
Vatanen est journaliste à Helsinki. Alors qu'il revient de la campagne, un dimanche soir de juin, avec un ami, ce dernier heurte un lièvre sur la route. Vatanen descend de voiture et s'enfonce dans les fourrés. Il récupère le lièvre blessé, lui fabrique une grossière attelle et s'enfonce délibérément dans la nature. Ce roman-culte dans les pays nordiques conte les multiples et extravagantes aventures de Vatanen remontant au fil des saisons vers le cercle polaire avec son lièvre fétiche en guise de sésame. Il invente un genre : le roman d'humour écologique.

Auteur : Arto Paasilinna, écrivain finlandais, né à Kittilä le 20 avril 1942. Il est né à l'arrière d'un camion, en pleine fuite des allemands, Arto Paasilinna traverse la Norvège, puis la Suède pour finir en Laponie finlandaise. Dès 1955, il exerce des métiers manuels comme celui de bûcheron ou d'ouvrier agricole mais suit, quelques années plus tard, des cours d'enseignement général à l'Ecole supérieure d'éducation populaire de Laponie. Il commence à écrire en devenant stagiaire au quotidien régional, 'Lapin Kansa'. Entre collaboration à la rédaction de divers journaux et revues littéraires, et l'écriture de romans tels que 'Le lièvre de Vatanen' (1993) ou 'Le fils du dieu de l'orage' (1995), il trouve encore le temps de composer des scénarios pour le cinéma et la télévision. Les thèmes récurrents comme celui de la fuite, des personnages singuliers et un art de la répétition qui n'appartient qu'à lui font toute l'originalité de ses œuvres. Cet auteur prolifique et brillant est devenu une figure emblématique et incontournable de la littérature finlandaise, et est parti pour gagner la reconnaissance d'un public international.

Mon avis : 5/5 (lu en 2002)

Histoire loufoque pleine d'imagination et de poésie. On suit avec beaucoup de plaisirs et de curiosité Vatanen et son lièvre à travers la Finlande. C'est une évasion stimulante et tonique qui nous fait du bien et nous fait rire... Un grand bol d'air pur ! C'est par ce livre que j'ai découvert Arto Paasilinna et depuis j'ai lu presque tous ses livres.

le_lievre_de_vatanen_film

'Le Lièvre de Vatanen' a été adapté au cinéma fin 2006 par Marc Rivière avec Christophe Lambert dans le rôle principal. Je n'ai pas vu le film.

Extrait : Le journaliste marchait distraitement dans le bois clairsemé ; il atteignit la lisière d'un petit carré de prairie, sauta le fossé et scruta la pelouse vert foncé. Dans les herbes, il aperçut le levraut.
     Sa patte arrière était cassée. Elle pendouillait tristement au-dessous du genou et l'animal était si mal en point qu'il n'essaya pas de fuir en voyant l'homme approcher.
     Le journaliste prit dans ses bras le levraut terrorisé. Il cassa un bout de branche et le fixa en attelle à la patte avec son mouchoir déchiré en lanières. Le lièvre se protégeait la tête entre ses petites pattes de devant, ses oreilles tremblaient tant son cœur battait fort.
     Au loin sur la route on entendit le vrombissement nerveux d'un moteur, deux coups de klaxon hargneux et un appel :
     « Reviens ! On n'arrivera jamais à Helsinki si tu restes à cavaler dans cette foutue forêt ! Tu te débrouilleras pour rentrer seul si tu n'arrives pas tout de suite ! »
     Le journaliste ne répondit pas. Il tenait le petit animal dans ses bras. Apparemment, la bête n'était blessée qu'à la patte. Elle se calmait peu à peu.
     Le photographe sortit de la voiture. Il scruta la forêt d’un regard furieux, aucun signe de son collègue. Le photographe jura, alluma une cigarette et fit impatiemment quelques pas sur la route. Toujours aucune réaction dans la forêt. L'homme écrasa son mégot sur la route et cria :
     « Reste donc, imbécile, et bon vent, merde ! »
     Le photographe écouta encore un instant, mais ne recevant pas de réponse, il s'installa rageusement derrière le volant, donna les gaz, enclencha brutalement une vitesse et démarra. Le sable de la route crissa sous les pneus. Un instant plus tard, la voiture avait disparu.
     Le journaliste était assis au bord du fossé, le lièvre sur les genoux ; on aurait dit une vieille femme perdue dans ses pensées, son tricot devant elle. Les bruits de la voiture s'éteignirent. Le soleil se couchait.
     Le journaliste posa le lièvre sur le gazon ; il craignit un instant de voir l'animal détaler aussitôt, mais le lièvre resta blotti dans les herbes et quand l'homme le reprit dans ses bras, il n'avait plus du tout peur.
     « Nous voilà bien », dit l'homme au lièvre.

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