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A propos de livres...

15 février 2014

En finir avec Eddy Bellegueule - Edouard Louis

en finir avec eddy Seuil - janvier 2014 - 220 pages

Quatrième de couverture :
"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici". En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.

Auteur : Edouard Louis a 21 ans. Il a déjà publié Pierre Bourdieu : l'insoumission en héritage (PUF, 2013). En finir avec Eddy Bellegueule est son premier roman.

Mon avis : (lu en février 2014)
J'ai découvert ce livre lors du passage de son auteur à La Grande Librairie, « De mon enfance je n’ai aucun souvenir heureux.», voilà comment commence ce livre bouleversant. L'auteur a 21 ans et ce roman est son histoire, rien n'a été inventé.Ce n'est pas facile de s'appeler Eddy Bellegueule et d'avoir une attitude efféminée lorsque l'on vient d'un milieu ouvrier et pauvre de Picardie. Eddy ne comprend pas pourquoi il est le vilain petit canard, il est l'aîné d'une famille de quatre enfants, son père est depuis longtemps au chômage après s'être abîmé le dos en travaillant à l'usine, sa mère est aide à domicile. Dès sa petite enfance sa différence est suspecte, dans son village et son milieu, on n'aime pas les "pédés"... Il fera tout pour se faire accepter par les siens et devenir un "vrai homme", c'est à dire jouer au football, sortir avec les filles... En vain, c'est au lycée en quittant les siens qu'il va pouvoir commencer à devenir lui-même et pas celui que les siens voulaient qu'il soit. Un témoignage très fort, le style est sobre, l'auteur n'hésite pas à utiliser des termes crus pour dépeindre la cruelle réalité de son enfance. A aucun moment, il ne juge les siens, il n'a aucune haine contre sa famille ou ses persécuteurs. Il reconnait que c'est la pauvreté intellectuelle et affective de son milieu qui a été la cause de son exclusion. On ne peut être qu'émerveillée par la force de caractère, la force mentale et par l'intelligence d'Edouard Louis. Un vrai coup de cœur !

Note : ♥♥♥♥♥

Extrait : (début du livre)
De mon enfance je n’ai aucun souvenir heureux. Je ne veux pas dire que jamais, durant ces années, je n’ai éprouvé de sentiment de bonheur ou de joie. Simplement la souffrance est totalitaire : tout ce qui n’entre pas dans son système, elle le fait disparaître. Dans le couloir sont apparus deux garçons, le premier, grand, aux cheveux roux, et l’autre, petit, au dos voûté. Le grand aux cheveux roux a craché Prends ça dans ta gueule. Le crachat s’est écoulé lentement sur mon visage, jaune et épais, comme ces glaires sonores qui obstruent la gorge des personnes âgées ou des gens malades, à l’odeur forte et nauséabonde. Les rires aigus, stridents, des deux garçons Regarde il en a plein la gueule ce fils de pute. Il s’écoule de mon œil jusqu’à mes lèvres, jusqu’à entrer dans ma bouche. Je n’ose pas l’essuyer. Je pourrais le faire, il suffirait d’un revers de manche. Il suffirait d’une fraction de seconde, d’un geste minuscule pour que le crachat n’entre pas en contact avec mes lèvres,mais je ne le fais pas, de peur qu’ils se sentent offensés, de peur qu’ils s’énervent encore un peu plus.

Je n’imaginais pas qu’ils le feraient. La violence ne m’était pourtant pas étrangère, loin delà. J’avais depuis toujours, aussi loin que remontent mes souvenirs, vu mon père ivre se battre à la sortie du café contre d’autres hommes ivres, leur casser le nez ou les dents. Des hommes qui avaient regardé ma mère avec trop d’insistance et mon père, sous l’emprise de l’alcool, qui fulminait Tu te prends pour qui à regarder ma femme comme ça sale bâtard. Ma mère qui essayait de le calmer Calme-toi chéri, calme-toi mais dont les protestations étaient ignorées. Les copains de mon père, qui à un moment finissaient forcément par intervenir, c’était la règle, c’était ça aussi être un vrai ami, un bon copain, se jeter dans la bataille pour séparer mon père et l’autre, la victime de sa saoulerie au visage désormais couvert de plaies. Je voyais mon père, lorsqu’un de nos chats mettait au monde des petits, glisser les chatons tout juste nés dans un sac plastique de supermarché et claquer le sac contre une bordure de béton jusqu’à ce que le sac se remplisse de sang et que les miaulements cessent. Je l’avais vu égorger des cochons dans le jardin, boire le sang encore chaud qu’il extrayait pour en faire du boudin (le sang sur ses lèvres, son menton, son tee shirt) C’est ça qu’est le meilleur, c’est le sang quand ilvient juste de sortir de la bête qui crève. Les cris du cochon agonisant quand mon père sectionnait sa trachée artère étaient audibles dans tout le village.

J’avais dix ans. J’étais nouveau au collège. Quand ils sont apparus dans le couloir je ne les connaissais pas. J’ignorais jusqu’à leur prénom, ce qui n’était pas fréquent dans ce petit établissement scolaire d’à peine deux cents élèves où tout le monde apprenait vite à se connaître. Leur démarche était lente, ils étaient souriants, ils ne dégageaient aucune agressivité, si bien que j’ai d’abord pensé qu’ils venaient faire connaissance. Mais pourquoi les grands venaient ils me parler à moi qui étais nouveau ? La cour de récréation fonctionnait de la même manière que le reste du monde : les grands ne côtoyaient pas les petits. Ma mère le disait en parlant des ouvriers Nous les petits on intéresse personne, surtout pas les grands bourges.

Dans le couloir ils m’ont demandé qui j’étais, si c’était bien moi Bellegueule, celui dont tout le monde parlait. Ils m’ont posé cette question que je me suis répétée ensuite, inlassablement,des mois, des années, C’est toi le pédé ? En la prononçant ils l’avaient inscrite en moi pour toujours tel un stigmate, ces marques que les Grecs gravaient au fer rouge ou au couteau sur le corps des individus déviants,dangereux pour la communauté. L’impossibilité de m’en défaire. C’est la surprise qui m’a traversé, quand bien même ce n’était pas la première fois que l’on me disait une chose pareille. On ne s’habitue jamais à l’injure.

 

Challenge Petit Bac 2014
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"Verbe" (2)

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Challenge Rentrée Hiver 2014

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14 février 2014

Comme Une Petite Ressemblance n°6 : Spécial St Valentin

Avec Canel nous avons pris rendez-vous pour un billet

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une journée où l'on attend du courrier...

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l'amour sous les flocons un-coeur-en-flammes  

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une multitude de coeurs...

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 et pourquoi pas la pièce montée...

 Le billet du jour de Canel

 Mes autres billets Comme Une Petite Ressemblance : 
billet n°1billet n°2billet n°3billet n°4, billet n°5

13 février 2014

Pleine lune - Chabouté

pleine lune Vents d'Ouest - septembre 2000 - 118 pages

Quatrième de couverture :
Tu rigoles Edouard, mais j'ai vu
une émission à la télé où ils affirmaient
que la pleine lune a des influences
bizarres sur les gens...
Et ils racontent pas des conneries, à la télé ! ! ...

Des foutaises tout ça ! ! ! Pleine lune
ou pas, moi je vais regarder mon match,
me coucher et roupiller peinard comme toute les nuits...

Auteur : Né en 1967, d’origine alsacienne, Christophe Chabouté suit les cours des Beaux-Arts d’Angoulême, puis de Strasbourg. Vents d’Ouest publie ses premières planches en 1993 dans "les Récits", un album collectif sur Arthur Rimbaud. Mais il faut attendre 1998 pour que ce graphiste free-lance se fasse un nom dans la bande dessinée en publiant coup sur coup "Sorcières" aux Editions du Téméraire et "Quelques jours d’été" aux Editions Paquet. Deux albums remarqués et primés, le premier au Festival d’Illzach, le second à Angoulême où Christophe Chabouté décroche l’Alph’Art Coup de Coeur. Avec "Zoé" paru en 1999, Chabouté prouve que son talent a atteint sa pleine maturité, ce qu’il démontre avec encore plus d’évidence dans "Pleine Lune". "Tout seul"(2008), "Terres Neuvas"(2009), "Un peu de bois et d'acier"(2012). 

Mon avis : (lu en février 2014)
Édouard Tolweck travaille au guichet de la sécurité sociale, c'est le beauf dans sa splendeur : raciste, égoïste, mysogine, vulgaire... En résumé un personnage détestable ! Dans la journée, il profite de son petit pouvoir pour humilier les pauvres usagers qui se présentent à son guichet.
Un soir de pleine lune, il a décidé de passer une bonne soirée tranquille chez lui, devant le match de football à la télévision. Mais son chef lui a confié une mission de confiance, apporter une lettre en main propre, pour que l'administration économise un timbre, à quelqu'un habitant à quelques rues de son domicile. Et c'est là que les ennuis vont commencer... Durant la nuit entière, Édouard va fuir des gitans prêts à jouer du couteau, un contrôleur SNCF, une routière, des délinquants drogués, des militaires en pleine manoeuvres, un chasseur ivre mort... Pourquoi tout ce monde lui veut-t-il tant de mal ? Il voudrait bien rentrer chez lui...
Le ton de Chabouté est sombre et grinçant, le personnage d'Edouard est si antipathique que le lecteur ne compatit pas pour ses ennuis. J'ai trouvé la fin de l'histoire inattendue et formidable. 

 Extrait : 

pleine-lune xpleine-lune-chaboute

xpleine-lune

Déjà lu du même auteur :

tout_seul Tout Seul  Terres_neuvas Terres Neuvas  

construireunfeu Construire un feu

quelques_jours_d_ete  Quelques jours d'été / Un îlot de bonheur 

landru Henri Désiré Landru un_peu_de_bois_et_d_acier Un peu de bois et d'acier 

purgatoire1 Purgatoire, livre 1 purgatoire2 Purgatoire, livre 2 

purgatoire3 Purgatoire, livre 3 92198484 Fables amères : De tout petits riens

 

 

12 février 2014

Piège nuptial - Christian De Metter (d'après Douglas Kennedy)

9782203044456 Casterman - août 2012 - 128 pages

Quatrième de couverture :
Ce qui a manqué à Nick, journaliste américain en virée dans le bush australien ?
Quelques règles élémentaires de survie :
1) Ne jamais conduire en pleine nuit sur une route déserte : un kangourou se ferait une joie de défoncer votre pare-chocs.
2) Ne jamais céder aux charmes d'une autostoppeuse du cru.
3) Toujours réfléchir avant de répondre à une question que l'on vous pose en pleine nuit.
Dans la vie, il y a des moments cruciaux où il saut prendre la bonne décision, au risque de voir sa vie basculer dans le pire des cauchemars.

Auteur : Douglas Kennedy est né à Manhattan le 1er janvier 1955. Après avoir étudié à New York puis dans l'état du Maine, il s'installe à Dublin en 1977. Il y travaille pour le National Theatre of Ireland, tout en écrivant sa première pièce qu'il vend à la chaîne de radio britannique BBC Radio 4 qui lui en commandera deux autres. Il démissionne en 1983 pour se consacrer entièrement à l'écriture. Sa vie se partage alors entre journalisme freelance et écriture de pièces de théâtre. en 1988, il emménage à Londres et publie trois récita de voyage, dont Combien ? et Au pays de Dieu, avant d'entamer la rédaction de son premier roman, Cul de sac (Gallimard, 1994), réédité dans une nouvelle traduction sous le titre Piège nuptial (Belbond, 2008). C'est le début d'une longue liste de titres à succès, tant auprès de la critique que du public : L 'Homme qui voulait vivre sa vie, La Poursuite du bonheur, Les Charmes discrets de la vie conjugale, Quitter le monde, ou encore Cet instant-là, tous publiés aux éditions Belbond et repris chez Pocket. Avec plus de 5 millions d'exemplaires vendus pour l'ensemble de son oeuvre, il est un des auteurs américaine, les plus lus dans le monde. Il vit aujourd'hui entre Paris, Londres, Berlin et New York.

Dessinateur : Après avoir dessiné pour la presse rock. Christian De Metter publie sa première BD, Emma, en 2000 (éditions Triskel). Cet univers graphique si particulier, l'auteur va le décliner et l'approfondir au fil des albums suivants. Dusk (Les Humanoïdes Associés). Le Curé (Triskel), Swinging London (Soleil). En 2004. il reçoit. en association avec Catel. le prix public du meilleur album du festival d'Angoulême pour Le Sang des Valentines (Casterman). Ses derniers albums publiés chez Casterman. Vers le démon, Figurec, L'oeil était dans la tombe, Marylin, De l'autre côté du miroir, ne font que confirmer son talent de dessinateur et sa maîtrise des intriques complexes, digne des meilleurs romans noirs. C'est le cas dans sa transposition de Scarface d'Armitage Trail (Casterman) ou encore de son adaptation remarquée du best-seller de Dennis Lehane, Shutter Island pour laquelle il a reçu le prix des libraires BD en 2009.

Mon avis : (lu en février 2014)
Voici le premier album que j'ai gagné au Loto BD organisé par Valérie sur le thème des adaptations (roman ou film). Merci XL.
C'est l'adaptation du premier roman de Douglas Kennedy Piège nuptial / Cul de sac que j'ai eu l'occasion de découvrir sous forme audio en octobre dernier.  

Nick est un journaliste américain qui, sur un coup de tête, est parti en Australie pour traverser l'outback. Sa rencontre avec la blonde Angie va l'entraîner dans un voyage au bout de l'enfer... Il va découvrir la communauté un peu spécial de Wollanup... à son insu, il est marié à Angie et son voyage devient un vrai cauchemar. Il est piègé loin de tout, prisonnier du village... Pourra-t-il s'en sortir ?
Adapter un roman aussi dense n'est pas facile, cette BD est fidèle à l'original, j'ai bien retrouvé l'esprit du roman, la chaleur étouffante et les situations angoissantes. 
Le dessin est superbe, autant les paysages sont lumineux que les intérieurs sont sombres et oppressants.
Quelques reproches, avec l'absence d'humour pourtant tellement présent dans le roman et une fin trop rapide qui prête à confusion si on ne connaît pas le roman...  

Encore un grand merci à XL pour l'envoi de cette bande dessinée qui donne envie de découvrir le roman original de Douglas Kennedy !

Extrait : 

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pi_ge_nuptial_p Piège nuptial / Cul de sac - Douglas Kennedy

 

11 février 2014

Loto BD chez Valérie

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Fin janvier, je m'inscrivais pour la première fois au Loto BD organisé par Valérie
et quelques jours plus tard j'avais la vraie surprise de trouver dans ma boîte aux lettres deux BD !

Cela veut dire que je suis la grande gagnante !

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Merci XL !

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Merci Jérôme !

 puis quelques jours plus tard sont arrivées :

9782723482547-L

Merci Mo' !

 vénus noire

 Merci Loula !   

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Merci  Lunch !

Et merci Valérie pour l'organisation !

 De belles lectures en perspectives pour toute la famille...

 

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10 février 2014

C'est lundi, que lisez-vous ? [160]

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 (c) Galleane

C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou proposé par Galleane  

Qu'est-ce que j'ai lu cette semaine ? 

tome_3_couv_couleur_peau_miel 9782356417039-T 93197738 93197630 le grand coeur_folio

Couleur de peau : miel, tome 3 - Jung (BD)
Demain, j'arrête - Gilles Legardinier  (partenariat Audiolib)
L'herbe noir - Pierre Willi (partenariat Krakoen)
Dans la gueule du loup : mariée à un pervers narcissique - Marianne Guillemin (partenariat Max Milo) 
Le grand Cœur - Jean-Christophe Rufin (partenariat Folio)

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Last exit to Brooklin - Hubert Selby Jr (partenariat Albin Michel)
En finir avec Eddy Bellegueule - Edouard Louis

Que lirai-je cette semaine ?

La Femme à la clé - Vonne van der Meer
Du sang sur Abbey Road - William Shaw (partenariat Les Escales)
La tête de l'emploi - David Foenkinos (partenariat J'ai Lu)

Bonne semaine, bonnes lectures !

9 février 2014

Le grand Cœur - Jean-Christophe Rufin

Lu en partenariat avec les éditions Folio

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Gallimard - mars 2012 - 512 pages

Folio - janvier 2014 - 592 pages

Écoutez lire - janvier 2014 - 14h15 - Lu par Thierry Hancisse

Prix du roman historique de la ville de Blois 2012

Prix littéraire Jacques-Audiberti 2012

Quatrième de couverture :
Dans la chaleur d'une île grecque, un homme se cache pour échapper à ses poursuivants. Il évoque sa vie hors du commun et tente de démêler l'écheveau de son destin. 

Fils d'un modeste pelletier, il est devenu l'homme le plus riche de France. Il a permis à Charles VII de terminer la guerre de Cent Ans. Il a changé le regard sur l'Orient. Avec lui, l'Europe est passée du temps des croisades à celui de l'échange. Comme son palais à Bourges, château médiéval d'un côté et palais Renaissance de l'autre, c'est un être à deux faces. Aussi familier des rois et du pape que des plus humbles maisons, il a voyagé à travers tout le monde connu. 
Au faîte de sa gloire, il a vécu la chute, le dénuement, la torture avant de retrouver la liberté et la fortune. 
Parmi tous les attachements de sa vie, le plus bouleversant fut celui qui le lia à Agnès Sorel, la Dame de Beauté, première favorite royale de l'Histoire de France, disparue à vingt-huit ans. 
Son nom est Jacques Cœur. 
Il faut tout oublier de ce que l'on sait sur le Moyen Âge et plonger dans la fraîcheur de ce livre. Il a la puissance d'un roman picaresque, la précision d'une biographie et le charme mélancolique des confessions.

Auteur : Médecin, engagé dans l’action humanitaire, Jean-Christophe Rufin a occupé plusieurs postes de responsabilités à l’étranger. Il a été ambassadeur de France au Sénégal.
Il a d’abord publié des essais consacrés aux questions internationales. Son premier roman, L’Abyssin, paraît en 1997. Son œuvre romanesque, avec Asmara et les causes perdues, Globalia, La Salamandre entre autres, ne cesse d’explorer la question de la rencontre des civilisations et du rapport entre monde développé et pays du Sud. Ses romans, traduits dans le monde entier, ont reçu de nombreux prix, dont le prix Goncourt 2001 pour Rouge Brésil. Il a été élu à l’Académie française en juin 2008. Le parfum d’Adam, publié en 2007, et Katiba, publié en 2010, sont les deux premiers  volets de la série romanesque Les enquêtes de Providence. Il est également l’auteur d’un recueil de nouvelles, Sept histoires qui reviennent de loin, du roman historique Le grand Cœur et d’Immortelle  randonnée, récit de son pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle.

Mon avis : (lu en janvier 2014)
Je connaissais le nom de Jacques Cœur mais pas vraiment autre chose de ce personnage historique de la fin du Moyen Age... 
Ce livre est avant tout un roman, il repose sur des faits historiques mais l'auteur a imaginé les parties inconnues de la vie de ce grand homme. C'est Jacques Cœur, lui-même, qui nous raconte "ses mémoires" alors qu'il est caché dans une île grecque pour fuir ceux qui veulent sa mort. 
C'est un roman très dense qui se lit plutôt facilement, le style de l'auteur est agréable à lire et l'histoire de ce jeune homme de condition modeste qui devient le plus riche et le plus puissant personnage du royaume est passionnante.
J'ai également trouvé très intéressante la postface où l'auteur explique les raisons qui l'ont amené à écrire ce roman.

Merci à Lise et aux éditions Folio pour m'avoir permis de découvrir ce roman historique. 

Extrait : (début du livre) 
Je sais qu’il est venu pour me tuer. C’est un petit homme trapu qui n’a pas les traits phéniciens des gens de Chio. Il se cache comme il peut, mais je l’ai remarqué à plusieurs reprises dans les ruelles de la ville haute et sur le port.
La nature est belle sur cette île et il m’est impossible de croire qu’un tel décor puisse être celui de ma mort. J’ai eu si peur dans ma vie, j’ai tant de fois craint le poison, l’accident, le poignard que j’ai fini par me faire une idée assez précise de ma fin. Je l’ai toujours imaginée dans la pénombre, au crépuscule d’un jour de pluie, sombre et humide, un jour semblable à celui où je suis né et à tous ceux de mon enfance. Comment ces énormes figuiers gonflés de suc, ces fleurs violettes qui pendent en grappes le long des murs ; comment cet air immobile, aussi frémissant de chaleur que la main d’un amoureux, ces chemins qui sentent les aromates, ces toits de tuiles, rondes comme des hanches de femmes, comment toutes ces splendeurs calmes et simples pourraient-elles servir d’instrument à la nuit absolue et éternelle, à la froidure violente de ma mort ?
J’ai cinquante-six ans. Mon corps est en pleine santé. Les tortures que j’ai subies pendant mon procès n’ont laissé aucune trace. Elles ne m’ont même pas dégoûté des humains. Pour la première fois depuis bien longtemps, depuis toujours peut-être, je n’ai plus peur. La gloire, la plus extrême richesse, l’amitié des puissants ont tari ce qu’il pouvait y avoir en moi d’ambition, d’impatience avide, de désirs vains. La mort, si elle me frappait aujourd’hui, serait plus injuste que jamais.
Elvira, auprès de moi, ne sait rien. Elle est née sur cette île grecque et ne l’a jamais quittée. Elle ignore qui je suis et c’est cela que j’aime en elle. Je l’ai rencontrée après le départ des bateaux de la croisade. Elle n’a pas vu les capitaines de navire, les chevaliers harnachés pour combattre, le légat du pape me témoigner leur respect forcé et leurs hommages hypocrites. Ils avaient cru à mes prétendues douleurs et flux de ventre, et avaient accepté de m’abandonner sur cette île pour que j’y guérisse ou, plus probablement, que j’y meure. Je les avais suppliés de m’installer dans une auberge près du port et non dans la citadelle du vieux podestat. Je leur avais dit que je mourrais de honte si ce noble Génois, à son retour de voyage, apprenait que j’avais déserté le combat... En réalité, je craignais surtout qu’il découvre que j’étais en parfaite santé. Je ne voulais pas devenir son obligé et qu’il m’empêche, le moment venu, de quitter l’île, pour jouir de ma liberté.
Il y eut donc cette scène ridicule, moi couché, les bras étendus sur les draps, suant non de fièvre, mais de la touffeur du port qui pénétrait dans la chambre. Au pied de mon lit, en une bousculade qui débordait sur l’escalier de bois et jusqu’à la salle basse au-dessous, se pressait un groupe de chevaliers en cotte, de prélats vêtus de leur plus belle chasuble, sortie des coffres de leur nave, et toute fripée encore d’y avoir été serrée, des capitaines, le heaume sous le bras, essuyant des larmes de leurs gros doigts. Chacun, par son silence embarrassé, prétendait faire absoudre la lâcheté qu’il pensait commettre en m’abandonnant à mon sort. Mon silence à moi se voulait celui de l’absolution, du destin accepté sans murmurer. Quand le dernier visiteur fut parti, quand je fus certain de ne plus entendre, en bas dans la ruelle, le cliquetis des armes, les bruits de semelles et de fers sur les pavés, je laissai exploser le rire que j’avais si difficilement contenu. J’ai ri pendant un bon quart d’heure.
En m’entendant, l’aubergiste grec crut d’abord que l’agonie avait pris chez moi ce masque odieux de comédie. Quand je repoussai les draps et me levai, il finit par comprendre que j’étais simplement heureux. Il monta du vin jaune et nous trinquâmes. Le lendemain, je le payai bien. Il me livra des habits de paysan et j’allai me promener en ville pour préparer ma fuite hors de cette île. C’est à ce moment-là seulement que j’ai découvert l’homme qui veut m’assassiner. Je ne m’attendais pas à cette rencontre. Elle a provoqué en moi plus de désarroi que de peur. J’ai une longue habitude, hélas, de ces menaces, mais elles avaient à peu près disparu ces derniers mois et je m’en étais cru délivré. La traque dont je suis l’objet contrariait de nouveau mes plans. Mon départ de cette île devenait plus compliqué, plus dangereux.

Déjà lu du même auteur :

l_abyssin_p L'Abyssin immortelle_randonnee Immortelle randonnée Compostelle malgré moi 

9782356416353_T Immortelle randonnée Compostelle malgré moi (audio livre)

8 février 2014

Dans la gueule du loup : mariée à un pervers narcissique - Marianne Guillemin

Lu en partenariat avec les éditions MaxMilo

dans la gueule du loup MaxMilo - janvier 2014 - 192 pages

Quatrième de couverture :
Mariée depuis quelques mois, Marianne découvre peu à peu que son mari est égocentrique et dominateur. Avenant et charmant en public, il la rabaisse en privé, impose ses habitudes, favorise sa carrière au détriment de celle de sa femme. À la violence psychologique s’ajoute la violence physique.

Marianne apprend à déchiffrer les humeurs de cet homme pervers, met en place des stratégies pour éviter le conflit, protéger ses trois enfants. N’osant en parler et parce qu’elle pense que ses enfants ont besoin de leur père, elle vivra dix ans dans la gueule du loup.
Plusieurs années après son divorce, elle redoutera encore de rentrer chez elle. Il lui faudra du temps pour se reconstruire.
Elle offre aujourd’hui un témoignage réfléchi sur les mécanismes de la perversité narcissique, du repli sur soi et incite les femmes à ne plus se taire.

Auteur : Journaliste, chargée de communication au ministère de la Défense durant trente ans, Marianne Guillemin collabore à La Tribune/le Progrès. Elle est l’auteur d’Officiers de communication : le parcours des combattantes (2013).

Mon avis : (lu en février 2014)
Voilà un témoignage très fort sur un sujet douloureux dont on ne parle pas beaucoup. 
A 20 ans, encore étudiante, Marianne rencontre l'homme qui deviendra son mari. Il a 31 ans, il est journaliste, il est attentionné et elle l'admire. Au début de leur relation, ses changements brusques de comportement auraient du l'alerter. « Il pouvait me hurler dessus, tout casser dans l’appartement et partir en claquant la porte puis revenir tout sourire avec un bouquet de fleurs en me couvrant de baisers et en m’appelant "Ma chérie". » Trop amoureuse, elle ne voit pas le danger. Elle se marie et peu à peu son mari dévoile son vrai visage... En privé, il est tyrannique, égocentrique, il impose toujours son avis, il dévalorise en permanence Marianne. En public, au contraire, il est agréable, charmant... L'arrivée des trois enfants ne va pas changer son comportement caractériel et violent. Marianne organise alors sa vie pour éviter les crises et protéger ses enfants.
« La vie avec un pervers c’est une alternance de moments joyeux, de tendresse, de projets et de désirs partagés qui font croire à un bonheur possible et de moments terribles, de phrases méprisantes et de violences physiques. »
Difficile pour cette jeune femme de parler à ses proches de ses soucis, elle a honte de l'échec de son couple, n'a-t-elle pas aussi sa part de responsabilité de la situation ? « Le doute, la culpabilité, me faisait croire que j'étais responsable de cette situation et que j'avais le pouvoir, le devoir d'arranger les choses. » Marianne ne veut pas séparer les enfants de leur père, elle ne dit rien, elle cloisonne sa vie : au travail, elle est épanouie, souriante, à la maison, c'est la peur et la tension. Il lui faudra 10 ans pour comprendre que la seule solution c'est de le quitter...

Dans ce livre, Marianne revient sur sa vie avec un mari pervers narcissique, il lui a fallu du temps pour se reconstruire et c'est pour aider les femmes qui se trouveraient dans une situation identique qu'elle a écrit ce témoignage poignant, très détaillé et précis. En annexes, elle a également récapitulé quelques conseils : 
- Comment aider les victimes de pervers  ?
- Caractéristiques du pervers narcissique.
- Paroles de femmes, puisque toutes les histoire sont différentes mais entre en résonances les unes les autres.
Une lecture touchante, intéressante et instructive. A découvrir !

Merci à Ornella et aux éditions MaxMilo pour cette découverte poignante.

Extrait : (Prologue)
Ce récit est inspiré d'une histoire vraie. La mienne.
Les dix années que j'ai vécu aux côtés d'une personnalité perverse auraient pu me détruire et ont laissé une empreinte forte sur la femme que je suis devenue. Il m'a fallu du temps, beaucoup de temps, et de l'aide pour pouvoir regarder cette période de ma vie sans honte et sans (trop) de culpabilité. Aujourd'hui je comprends mieux, j'accepte ma part de responsabilité et surtout je suis convaincue que j'ai agi au mieux. Il n'y avait rien d'autre à faire. Fuir, mettre de la distance et rassembler les morceaux de ma vie.
Je crois que la plupart des femmes restent dans ces situations terribles parce qu'elles ne veulent pas admettre qu'elles se sont trompées. Pendant des années je me disais que les choses allaient s'arranger, qu'il n'était pas seulement cet homme violent et caractériel puisque je l'avais aimé, il n'était pas concevable d'avoir pu ressentir de l'amour pour quelqu'un qui me détruisait.
J'avais eu une enfance heureuse et protégée, élevée par une grand-mère aimante à la mort de mon père, puis par ma mère et un beau-père adorable. J'étais l'aînée d'une fratrie de cinq, trois frères et une sœur avec lesquels je m'entendais bien. J'ai été la première à me marier. Je savais ce qu'était l'amour, j'avais eu sous les yeux un couple qui s'aimait, ma mère m'avait enseigné la joie de vivre, je n'ai même pas l'excuse d'une vie tristounette qui m'aurait précipitée dans les bras du premier venu. On m'avait appris la confiance, le respect de l'autre, la sécurité des sentiments partagés.
Alors ? Je m'étais trompée sur la personne et cette erreur initiale m'enfouissait la tête et le cœur dans le sable. Je préférais oublier les moments difficiles et me concentrer sur le positif. Car la vie avec un pervers n'est pas tissée au rouet du malheur. Non, les fils se croisent, alternance de moments joyeux, de tendresse, de projets et de désirs partagés qui me faisaient croire à un bonheur possible, à portée de main et de bonne volonté.
Puis, quand mes yeux se sont finalement dessillés, quand j'ai fait le bilan des moments difficiles et des rares instants heureux, j'ai voulu l'aider à changer. J'avais alors compris la nature pathologique de son caractère, cette inaptitude chronique à être heureux, la recherche du drame permanent. J'ai cherché à le comprendre, à cerner ce qui avait, dans son vécu d'enfance, entraîné cette déviance. Une mère dure et pourtant fusionnelle, un père absent, défaillant, et surtout, une agression sexuelle à l'adolescence que personne ne prit vraiment en compte. Il fut envoyé en Suisse, dans un internat médicalisé, sur ordre de son parrain, médecin, qui devait avoir saisi l'urgence de la situation (il était tout de même resté six mois sur son lit en refusant d'aller à l'école !). Mais aucun mot de réconfort ne sera mis sur son désarroi.
Je pensais naïvement qu'avec de l'amour je le changerais. Mais les pervers n'ont pas accès à l'amour. Ils cherchent la jouissance immédiate, leur plaisir personnel jusque dans leurs souffrances dont ils tirent un certain plaisir. J'ai essayé alors de changer moi-même, d'être une personne plus adaptée à son caractère. J'évitais de le contrarier, je parlais le moins possible, bref je devenais une ombre avec un seul objectif : éviter le conflit.
Devant l'évidence, je finis par admettre qu'il y avait chez mon mari quelque chose qui avait à voir avec le désordre mental. Je réussis à l'emmener consulter un psychiatre qui confirma le diagnostic sans toutefois préciser de quoi il s'agissait. On essaya alors divers traitements, les régulateurs d'humeur, il y eut un mieux, léger. Mais l'acceptation de la maladie n'allait pas sans heurts et, bientôt, il refusa les traitements.
Il n'était pas malade, disait-il, il avait des problèmes de comportement. Il l'admettait parfois, mais en soulignant que ces problèmes étaient fonction de son entourage (c'est-à-dire moi). Et c'est vrai que je catalysais sa colère, j'augmentais son énervement si je tremblais quand il élevait la voix. C'était un cercle vicieux.
J'ai alors compris que j'avais fait le tour de la question. J'ai tenté de le changer avec de l'amour, puis j'ai essayé de changer moi-même, par amour ; ensuite, j'ai demandé de l'aide au corps médical et un jour, je ne sais plus très bien à quel moment, l'amour a disparu.
Pourtant je ne suis pas partie tout de suite. Le devoir, l'orgueil, ont remplacé les sentiments. Je cherchais encore des solutions, mais je commençais à me préserver et surtout à protéger mes enfants. J'ai mis en place des stratégies d'évitement ; j'avais la chance d'avoir un boulot très prenant, des amis : je tirais ma force de ces moments passés en dehors de chez moi pour l'affronter avec détachement.
Sans la violence, la tension nerveuse permanente qu'il instaurait, je serais restée plus longtemps encore. J'imaginais que c'était mieux pour les enfants, que leurs conditions de vie étaient meilleures ainsi (alors que cette période les a abîmés au contraire) et surtout, au fond de moi, j'avais peur. Peur de ne pas arriver à m'en sortir, peur de ne pas réussir à lui échapper et craignant des représailles, démunie, ne sachant pas où aller et surtout par quel bout commencer pour mettre de l'ordre dans ma vie.
Je m'étais jetée dans la gueule du loup, personne ne m'avait obligée à l'épouser, certains de mes amis avaient même cherché à m'en dissuader. Ou, du moins, avaient tenté de me faire réfléchir. J'étais jeune, j'avais le temps. « Pourquoi t'es-tu mariée ? » demanda quelqu'un, un beau jour. « Parce qu'il me l'a demandé. » C'est aussi simple, aussi stupide que cette réponse. Et en y repensant, je m'apercevais que dans ce guêpier, je m'y étais fourrée toute seule...
À ce stade, j'ai eu des moments d'intense découragement où l'idée de disparaître m'effleurait. Où l'idée de le supprimer, de le pousser par la fenêtre quand il se penchait sur la rambarde en criant qu'il allait sauter, dans ses crises de délire, me surprenait et me faisait honte par la suite.

 

Challenge Petit Bac 2014
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"Animal" (1)

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Challenge Rentrée Hiver 2014

7 février 2014

L'herbe noire - Pierre Willi

Lu en partenariat avec les éditions Krakoen

l'herbe noir Krakoen - janvier 2014 - 268 pages

Quatrième de couverture :
"Je rêvais de fuir les adultes et toute cette boue qui nous empoisonnait le sang. Je rêvais de partir loin, très loin, et de ne plus jamais revenir. Mais le rêve a rejoint la réalité, il est devenu cauchemar..." En retraçant la cavale sanglante de trois adolescents qui s'ennuyaient dans une ferme du Limousin, Pierre Willi tresse les fils d'un drame inexorable. 

Auteur nordiste installé depuis plusieurs années dans le Périgord, Pierre Willi a choisi sa région d'adoption comme décor pour ce polar rural à l'issue très noire. 

Mon avis : (lu en février 2014)
Voilà un livre très surprenant. « Obligés de fuir, ils ne sont jamais revenus. » voilà le résumé de la deuxième partie du livre... Dans la première partie, l'auteur décrit les lieux et les personnages qu'il va mettre en scène. 
Paulin, le narrateur de cette histoire, revient sur les évènements qui se sont passés alors qu'il avait treize ans. C'était la fin de l'année scolaire, il avait quitté son internat catholique, et retournait chez lui pour les vacances. Chez lui, c'est Treunouille, un petit hameau en limite de la Haute-Vienne et de la Creuse, « Ici résiste encore une exploitation agricole à côté de deux anciennes fermes, deux résidences très secondaires, une demi-ruine qui naufrage lentement dans la boue, quelques vraies ruines enfouies sous les ronces... »
A l'époque, retourner chez ses parents Denise et Raymond ne l'enchantent pas plus que cela, il sait que sa mère ne va pas arrêter de lui faire des reproches et que son père restera vissé devant la télé puisque le troupeau de la ferme a été sacrifié contre une prime à l'abattage.
Sa seule joie, c'est retrouver Nana (Nadège) sa cousine de quatorze ans, un jour, elle a décidé de ne plus parler. Avec Paulin, ils sont fusionnels, il la comprend, sait la rassurer, sait lui faire plaisir en lui offrant des bonbons et des magazines pour filles. Nadège a deux visages : celui de la joie pure et sincère et celui de la colère la plus profonde. 
Autre protagoniste de cette histoire, Gérard, le frère de Nana, c'est le Rambo de Treunouille, il n'a pas été longtemps à l'école, il est passionné d'armes et n'hésite pas à faire des cartons sur tout ce qui bouge ou pas...
Enfin, Gabriel est l'étranger, tout juste dix-huit ans, il vient de temps en temps dans la résidence secondaire familiale avec sa 125 rêvant de pouvoir avoir une plus grosse moto. Il vend et consomme de l'herbe.
Après une soirée un peu trop arrosée, tout dérape... Et trois d'entre eux décident brutalement de quitter le hameau, ils partent en direction de la mer. Ils sont dépassés par les évènements, traqués, ils vont fuir les problèmes...
Les personnages sont parfaitement décrits, des adolescents sans repères, livrés à eux-mêmes.
L'intrigue dénonce la misère sociale et économique des campagnes laissées à l'abandon. L'exclusion n'est pas seulement présente dans les banlieues... Une belle découverte.

 

Extrait : (début du livre)
Nous ne sommes plus que deux dans l'autobus : le chauffeur et moi. Nous sommes repartis de Gronneuil où les derniers passagers se sont empressés de descendre comme s'ils craignaient par-dessus tout de nous accompagner jusqu'au terminus de la ligne. Je suis assis tout à fait à l'arrière, là où l'estomac vous remonte dans le coeur quand le car passe un peu vite sur une bosse. Pressé d'en finir, le chauffeur ne ralentit jamais, il klaxonne furieusement contre les quelques voitures qui arrivent en sens inverse et qui n'ont qu'à se jeter dans le fossé ou dans le talus pour l'éviter. Le chauffeur fait la gueule.

 

Challenge Petit Bac 2014
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"Couleur" (2)

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Challenge Rentrée Hiver 2014

 Challenge Trillers et Polars
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catégorie "Même pas peur" :  20/25

6 février 2014

Demain, j'arrête - Gilles Legardinier

Ecouté en partenariat avec Audiolib

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Audiolib - janvier 2014 - 8h50 - Lu par Ingrid Donnadieu

Fleuve Noir - novembre 2011 - 350 pages

Pocket - avril 2013 - 404 pages

Pocket - novembre 2013 - 406 pages (édition spécial Noël)

Quatrième de couverture :
Et vous, quel est le truc le plus idiot que vous ayez fait de votre vie ? Au début, c'est à cause de son nom rigolo que Julie s'est intéressée à son nouveau voisin. Mais très vite, il y a eu tout le reste : son charme, son regard, et tout ce qu'il semble cacher... Parce qu'elle veut tout savoir de Ric, Julie va prendre des risques de plus en plus délirants... Un succès surprise porté par plus de 600 000 lecteurs enthousiastes.

Une interprétation pleine d’émotion, qui laisse filtrer ses « morceaux de soi » que l’on nomme intériorité. Bénéfique et joyeuse.

Auteur : Avec cette première comédie, Gilles Legardinier – déjà remarqué pour ses deux thrillers L’Exil des Anges et Nous étions les hommes – révèle une nouvelle facette d’une imagination qui n’a pas fini de surprendre. Drôle, percutant, terriblement touchant, son nouveau roman confirme ce que tous ceux qui ont lu un de ses livres savent déjà : Gilles a le don de raconter des histoires qui nous entraînent ailleurs tout en faisant résonner notre nature la plus intime. Voici un livre qui fait du bien !

Lecteur : Ingrid Donnadieu a joué au théâtre sous la direction de Jean- Luc Moreau, Nicolas Briançon, Paulo Correa, Pierre Beffeyte et Christophe Lidon. Au cinéma et à la télévision, on l’a notamment aperçue dans Le Serpent d’Eric Barbier et dans VDM réalisé par Fouad Benhammou. Elle prête sa voix à de nombreuses actrices telles que Maggie Grace (Taken, Taken 2, Lock Out), Zoa Saldana (Avatar, Star Treck 1 et 2) ou encore Sienna Miller.

Mon avis : (écouté en janvier et février 2014)
Après ma découverte de Gilles Legardinier est son livre Complètement cramé !, j'étais curieuse de découvrir son premier livre et avec la sortie de ce livre début 2014 en version audio, j'ai sauté sur l'occasion.

Voilà une histoire sans prétension, pleine d'humour et de fraîcheur. Julie est une trentenaire avec une bonne bande d'amis, un nouveau nommé Ric Patatras vient d'emménager dans son immeuble. Julie va user de stragèmes les plus loufoques pour arriver à le rencontrer... Finalement la rencontre se fera devant les boîtes à lettres, Julie avec sa main coincée dans la boîte à lettres de Ric... Puis sous le charme, Julie fera tout pour se rapprocher de Ric... 
Au début cette histoire m'a fait penser  "L'accro au shopping" mais autant Becky est insupportable, autant Julie est attachante, maladroite, gaffeuse, le coeur sur la main, prête à rendre service, à faire du bien autour d'elle. L'intrigue est distrayante, c'est une lecture qui fait du bien... Pour le chat et le bonnet péruvien de la couverture... leur présence est vraiment anecdotique !

Côté audio, c'est un livre très agréable et pratique à écouter, les chapitres sont assez courts et la numérotation du chapitre est indiquée à chaque début. C'est donc très pratique si on a perdu le fil de l'histoire ou pour savoir où l'on doit "mettre le marque page"... 
En fin de CD, il y a également un entretien avec l'auteur très intéressant.

Merci à Margaux et aux éditions Audiolib pour m'avoir permis d'écouter ce livre qui m'a fait passer un bon moment.

Extrait : (début du livre)
Vous avez déjà rencontré des gens qui font une fête pour leur divorce ? Moi, oui. D'habitude, ce sont plutôt les futurs mariés qui s'amusent. On les entend klaxonner le samedi quand ils roulent en cortège vers la mairie, on les croise la veille en bandes, dans les rues, habillés en clown ou quasi nus. À grand renfort de trompettes et de tambourins, ils exhibent aux badauds ternes leur joie d'enterrer leur vie de jeunes célibataires - parfois à plus de trente-cinq ans... Mais moins d'un an plus tard, quand les 19% des statistiques se séparent, plus personne ne lance de confettis. Eh bien, Jérôme, si.
Je n'ai pas assisté à ses deux premiers mariages; mais j'étais présente au troisième. Trois mariages et trois divorces à trente-deux ans, ça interpelle. Le proverbe dit : «A ton deuxième naufrage, n'accuse pas la mer.» La sagesse populaire ne s'est pas aventurée jusqu'au troisième.
De vous à moi, je trouve sa fête de divorce bien plus sympa que ses noces. Plus question de frime, plus de codes sociaux, adieu les passages obligés, envolée la robe dans laquelle on étouffe, rangés les escarpins hauts comme des falaises qui peuvent vous tuer si vous trébuchez, plus de quête pour la réfection de l'église, pas de menu avec des plats qui se la racontent dans des sauces indigérables, et plus aucune blague débile de son oncle Gérard - qui d'ailleurs n'est pas invité. Simplement des gens avec qui il a de vrais liens et à qui il a eu l'honnêteté de dire : «C'est encore loupé mais je tiens à vous.» Je crois que même sa première femme est là.
Et c'est ainsi que je me retrouve, un samedi soir d'octobre, dans un bel appartement bondé, au milieu de gens qui s'amusent vraiment grâce à Jérôme. Il est encore tôt, on sourit, on échange au hasard, et tout le monde parle de ce qu'il a raté, de ce qu'il regrette, dans une ambiance assez surréaliste mais légère. On se croirait aux «Foireux anonymes». C'est Jérôme qui a ouvert le bal :
- Merci à tous d'être là. Il n'y a rien à célébrer sinon le plaisir que j'ai de vous connaître. Chacun de vous fait partie de ma vie. Je préfère préciser immédiatement que les cadeaux que vous aviez généreusement offerts - enfin surtout pour certains - ne seront pas remboursés. Ce soir, je n'ai plus de beau costume, je ne compte plus sur vous pour financer mon voyage de noces, je n'ai d'ailleurs même plus de femme. Par une perversion dont je ne me savais pas capable, je me demande si ce divorce d'avec Marie n'était pas uniquement motivé par l'envie de cette soirée avec vous. Alors j'assume tout. Je vous fais le cadeau d'être le pire, d'être la référence par le bas, d'être le trente-septième dessous. Si un jour vous vous sentez minable, si vous culpabilisez sur vos échecs et que vous vous en voulez, pensez à moi et j'espère sincèrement que vous irez mieux.
Tout le monde a ri, tout le monde a applaudi, et puis une fille a commencé à raconter comment elle s'était fait virer de son boulot trois semaines plus tôt parce qu'elle a éclaté de rire au nez d'un petit excité qui la draguait. Elle l'a pris pour un commercial testostéroné alors que c'était le jeune et fringant P.-D.G. du plus gros client de son patron... Au chômage et morte de rire. Et tout le monde a suivi.

 Challenge Petit Bac 2014
91121022
"Moment/Temps" (3)

Déjà lu du même auteur : 

completement_crame Complètement cramé !

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