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A propos de livres...
grande-bretagne
8 août 2009

Une mort esthétique – P.D. James

une_mort_esth_tique Fayard – avril 2009 – 440 pages

traduit de l'anglais par Odile Demange

Résumé du livre :

Quand la célèbre journaliste d'investigation Rhoda Gradwyn s'inscrit dans la clinique privée du docteur Chandler-Powell pour faire disparaître une cicatrice qui la défigure depuis l'enfance, elle a en perspective une opération réussie par un chirurgien reconnu, une paisible semaine de convalescence dans l'un des plus beaux manoirs du Dorset et le début d'une nouvelle vie. Mais, malgré le succès de l'opération, elle ne quittera pas Cheverell Manor vivante. Le commandant Dalgliesh et son équipe, appelés pour enquêter sur ce qui se révèle être un meurtre, puis sur une deuxième mort suspecte, se trouvent confrontés à des problèmes qui les mèneront bien au-delà de la simple recherche des coupables.

Phyllis Dorothy James mène ici sa dix-septième intrigue policière avec toute l'acuité et l'inventivité dont elle a le secret : un cadre pittoresque ; des personnages bien campés et dont la psychologie occupe une place importante, avec de nombreux retours sur leur passé ; l'équipe d'enquêteurs habituelle (Adam Dalgliesh, Kate Miskin, Francis Benton-Smith) ; le tout assorti de réflexions sur la structure sociale britannique, la nature humaine, la limite floue entre culpabilité et innocence, le poids du passé sur les destinées individuelles, le rôle fatal que peuvent jouer certains médias.

Auteur : Née en 192O, Phyllis Dorothy James sera tour à tour secrétaire, assistante de régie et directrice administrative d'un hôpital, avant de diriger un laboratoire médico-légal. En 1962, elle publie son premier roman, A Visage couvert. Il est signé P.D. James, afin de cacher que son auteur est une femme. Adam Dalgliesh, déjà présent dans ce premier titre, devient le héros emblématique des romans policiers de cet écrivain atypique, qui s'attache à mêler le suspense aux descriptions psychologiques. Devenue magistrat à la retraite aujourd'hui, anoblie par la reine en 1990, elle poursuit l'écriture et la promotion de ses romans avec le même succès.

Mon avis : (lu en août 2009)

C'est le deuxième livre de P.D. James que je lis après Le Phare. J'aime ce genre de policier anglais assez traditionnel. L'intrigue est très bonne, on ne s'ennuie pas un instant, petit à petit les pièces du puzzle s'assemble. Les personnages sont fort bien décrits, aussi bien les policiers à la suite du commandant Adam Dalgliesh que les occupants du manoir. J'aime cette ambiance lourde et mystérieuse de la campagne anglaise, ici nous sommes en plein hiver dans le Dorset, dans un vieux manoir imposant et isolé. J’aime également beaucoup la couverture qui reflète parfaitement l'atmosphère de ce roman policier avec lequel j'ai passé de très bons moments.

Extrait : (page 45)

Le mardi 27 novembre à quatorze heures, Rhoda était prête à partir pour son premier séjour à Cheverell Manor. Ses derniers articles avaient été rédigés et remis à temps, comme toujours. Elle n'avait jamais pu quitter sa maison, fût-ce pour une nuit, sans que tout soit en ordre, le ménage impeccablement fait, les poubelles vidées, les papiers rangés dans son bureau, la fermeture des portes intérieures et des fenêtres vérifiée. Le lieu qu'elle considérait comme son foyer devait être impeccable avant son départ, comme si ce souci du détail garantissait qu'elle y reviendrait saine et sauve.

En même temps que la brochure du manoir, on lui avait remis un plan pour se rendre dans le Dorset, mais comme elle le faisait toujours quand l'itinéraire ne lui était pas familier, elle avait noté les étapes sur un bristol qu'elle placerait sur le tableau de bord. Il y avait eu des éclaircies au cours de la matinée, mais malgré son départ tardif, elle mit du temps à sortir de Londres et au moment où, près de deux heures plus tard, elle quitta la M3 pour s'engager sur la route de Ringwood, le jour déclinait déjà. Le crépuscule s'accompagna de violents bourrasques de pluie qui, en l'espace de quelques secondes, se transformèrent en averse diluvienne. Tressautant comme des créatures vivantes, les essuie-glaces n'arrivaient pas à écarter cette masse d'eau. Elle ne voyait devant elle que la lueur de ses phares sur un ruissellement de plus en plus dense. Elle ne distinguait que très peu d'autres véhicules. Elle jugea plus prudent de s'arrêter et scruta le bord de la route à travers un mur de pluie, cherchant un accotement stable, recouvert d'herbe. Quelques minutes plus tard, elle put se diriger précautionneusement vers quelques mètres de terrain plat, devant le lourd portail d'une ferme. Ici, au moins, ses roues ne risquaient pas de s'enfoncer dans un fossé caché ou dans de la boue spongieuse. Elle coupa le moteur et écouta la pluie qui martelait le toit comme une grêle de balles. Sous ce déluge, la BMW était un havre de paix métallique, qui accentuait encore le tumulte extérieur. Elle savait qu'au-delà d'invisibles haies taillées s'étendait une des plus belles campagnes d'Angleterre, mais pour le moment, elle se sentait murée dans une immensité à la fois étrangère et potentiellement hostile. Elle avait éteint son portable, avec soulagement, comme toujours. Personne au monde ne savait où elle était, personne ne pouvait la joindre. Aucun véhicule ne passait et, à travers le pare-brise, elle ne voyait que la muraille d'eau et, au-delà, des traînées lumineuses tremblotantes qui indiquaient la présence de maisons lointaines. Généralement, elle appréciait le silence et n'avait aucun mal à tenir son imagination en bride. Elle envisageait sereinement l'opération à venir, tout en étant consciente des risques d'une anesthésie générale. Mais elle se sentait en proie à un malaise plus profond que la simple appréhension due à cette visite préliminaire ou à l'imminence de l'intervention. C'était un sentiment, jugea-t-elle, trop proche de la superstition pour être agréable, comme si une réalité qu'elle avait ignorée ou refoulée jusque-là s'imposait progressivement, exigeant d'être reconnue.

La rivalité sonore de l'orage rendait vaine toute tentative pour écouter de la musique ; elle se laissa donc aller contre le dossier de son siège et ferma les yeux.

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28 juillet 2009

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates - de Mary Ann Shaffer, Annie Barrows

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NIL – avril 2009 – 396 pages

traduit de l'américain par Aline Azoulay

Présentation de l'éditeur
Janvier 1946. Londres se relève douloureusement des drames de la Seconde Guerre mondiale et Juliet, jeune écrivaine anglaise, est à la recherche du sujet de son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d'un inconnu, un natif de l'île de Guernesey, va le lui fournir ? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre son monde et celui de ses amis - un monde insoupçonné, délicieusement excentrique. Celui d'un club de lecture créé pendant la guerre pour échapper aux foudres d'une patrouille allemande un soir où, bravant le couvre-feu, ses membres venaient de déguster un cochon grillé (et une tourte aux épluchures de patates...) délices bien évidemment strictement prohibés par l'occupant. Jamais à court d'imagination, le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates déborde de charme, de drôlerie, de tendresse, d'humanité Juliet est conquise. Peu à peu, elle élargit sa correspondance avec plusieurs membres du Cercle et même d'autres habitants de Guernesey , découvrant l'histoire de l'île, les goûts (littéraires et autres) de chacun, l'impact de l'Occupation allemande sur leurs vies... Jusqu'au jour où elle comprend qu'elle tient avec le Cercle le sujet de son prochain roman. Alors elle répond à l'invitation chaleureuse de ses nouveaux amis et se rend à Guernesey. Ce qu'elle va trouver là-bas changera sa vie à jamais.

Biographie de l'auteur
Mary Ann Shaffer est née en 1934 en Virginie-Occidentale. C'est lors d'un séjour à Londres, en 1976, qu'elle commence à s'intéresser à Guernesey. Sur un coup de tête, elle prend l'avion pour gagner cette petite île oubliée où elle reste coincée à cause d'un épais brouillard. Elle se plonge alors dans un ouvrage sur Jersey qu'elle dévore : ainsi naît fascination pour les îles anglo-normandes. Des années plus tard, encouragée à écrire un livre par son propre cercle littéraire, Mary Ann Shaffer pense naturellement à Guernesey. Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates est son premier roman, écrit avec sa nièce, Annie Barrows, elle-même auteur de livres pour enfants. Mary Ann Shaffer est malheureusement décédée en février 2008 peu de temps après avoir su que son livre allait être publié et traduit en plusieurs langues.
 

Mon avis : 5/5 (lu en juillet 2009)

J'attendais avec impatience de lire ce livre qui m'avait été conseillé aussi bien à la bibliothèque que dans les blogs. Je me réservais ce livre pour commencer mes vacances, je n'ai pas été déçu au contraire, c'est pour moi un grand coup de cœur ! Au début, cela m'a rappelé le livre d'Hélène Hanff "84 Charing Cross Road" dans sa forme de correspondance, mais il est très différent. A travers un échange de correspondance entre Juliet, ses amis et surtout les membres du fameux "Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey", j'ai découvert la vie quotidienne des habitants de Guernesey durant l'occupation Allemande. Les personnages sont formidables hauts en couleur et très attachants. A travers les nombreuses anecdotes dont le ton peut être grave ou plein d'humour, on imagine parfaitement l'ambiance de l'île et chacun des îliens. J'ai dévoré ce livre comme une «tourte» mais j'ai regretté ma gourmandise, car j'aurai tellement aimé en avoir plus !

Extrait : (page 216)

De Micah Daniels à Juliet 15 mai 1946

Chère Miss Ashton,

Isola m'a donné votre adresse parce qu'elle est persuadée que vous aimeriez voir ma liste.

Si vous deviez m'emmener à Paris, aujourd'hui, et me déposer dans un bon restaurant français, avec des nappes en dentelle blanche, des bougies aux murs et des couverts en argent tout autour des assiettes, eh bien, je vous dirais que tout cela n'est rien, absolument rien, comparé à ma caisse du Vega.

Au cas où vous ne sauriez pas de quoi il s'agit : le Vega est le premier navire de la Croix-Rouge à avoir accosté à Guernesey. C'était le 27 décembre 1944. Il contenait des vivres pour nous tous. Il y a eu cinq autres bateaux après celui-là. Sans eux, nous n'aurions pas pu nous maintenir en vie jusqu'à la fin de la guerre.

Oui, je dis bien nous maintenir en vie ! Cela faisait des années que nous n'avions pas vu de telles denrées. En dehors des bandits du marché noir, personne n'avait plus le moindre grain de sucre. Nos réserves en farine étaient épuisées depuis le 1er décembre 1944. Les Allemands étaient aussi affamés que nous. Il fallait les voir avec leurs ventres gonflés, sans rien à manger pour se réchauffer le corps.

J'étais si fatigué des patates bouillies et des navets que je n'aurais pas tarder à m'allonger et à me laisser mourir si le Vega n'était pas venu à notre secours. Mr Churchill refusait d'autoriser les navires de la Croix-Rouge à nous apporter des vivres, parce qu'il craignait que les Allemands ne se nourrissent avec. Ça peut vous paraître futé comme plan, d'affamer les méchants ! Mais pas à moi. Tout ce que ça me dit, c'est qu'il se foutait qu'on meure tous avec eux.

Et puis, un jour qu'il était mieux luné, il a décidé qu'on pouvait manger. Et au mois de décembre 1944, il a dit à la Croix-Rouge : «  Bon, d'accord, allez-y, nourrissez-les. »

Les cales du Vega contenaient DEUX CAISSES de vivres pour chaque homme, chaque femme et chaque enfant de Guernesey, Miss Ashton ! Et il y avait d'autres trucs aussi : des clous, des graines à semer, des bougies, de l'huile, des allumettes, des vêtements et des chaussures. Et même un peu de layette pour les nouveau-nés.

Il y avait de la farine et du tabac – Moïse a beau nous rabattre les oreilles de sa manne, il n'a jamais rien vu de tel ! Je vais vous dire tout ce qu'il y avait dans mon carton. J'ai tout noté, pour que ça demeure gravé dans ma mémoire.

J'ai donné mes prunes – des prunes, vous imaginez !

A ma mort, je veux léguer tout mon argent à la Croix-rouge. Je leur ai écrit pour les prévenir.

Mais j'aimerais vous dire autre chose. Les Allemands sont ce qu'ils sont, mais il faut rendre à César ce qui lui appartient. Ils ont déchargé toutes les caisses du Vega et n'ont rien gardé pour eux. Leur commandant les avait prévenus : «Ces vivres sont pour les habitants de l'île, pas pour vous. Volez-en ne serait-ce qu'un gramme et je vous ferai fusiller.» Ensuite, il leur a donné une cuillère à chacun : ils avaient le droit de ramasser et de manger tout ce qui tomberait des paquets percés.

Ils faisaient vraiment peine à voir, ces soldats. Ils volaient dans nos jardins, frappaient à nos portes pour demander des restes. Une fois, j'ai vu l'un d'eux attraper un chat, l'envoyer la tête la première contre un mur, le découper et le cacher dans sa veste. Je l'ai suivi jusqu'à un champ, où il a dépecé l'animal, puis l'a fait bouillir dans sa gamelle et l'a mangé.

Un bien triste spectacle. Ça m'a soulevé le cœur, et en même temps je me suis dit : « Voilà le IIIème Reich d'Hitler qui dîne dehors. » J'ai honte de l'avouer à présent, mais j'ai été pris d'un fou rire à me tenir les côtes.

C'est tout ce que j'avais à dire. Je vous souhaite bonne chance pour votre livre.

Sincèrement, Micah Daniels.

10 juillet 2009

La Femme de Chambre du Titanic – Didier Decoin

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Seuil - janvier 1991 - 330 pages

Points – juin 1992 – 331 pages

Points – novembre 2006 – 330 pages

Quatrième de couverture :

« Voilà l’histoire d’un amour si étrange, dit l’auteur, que je n’étais pas sûr d’oser jamais l’écrire. Mais l’envie de raconter aura été plus forte que mes pudeurs.
Raconter la passion qui, durant l’année 1912 – l’année du Titanic -, a entraîné un docker de cinquante-deux ans, Horty, et Marie Diotret, une très jeune femme de chambre du transatlantique, dans un monde qui n’était pas fait pour eux. »
Dans le sillage d’Horty et de Marie, de la taverne de la Tête d’Écaille aux quais mouillés de Southampton, des terrains vagues de New York aux lacs rêvés de l’Etat du Maine, des lumières du Grand Théâtre à la nuit des docks où rôdent amants et assassins, cette « extrême histoire d’amour » met en images Zoé, la petite épouse rouquine et patiente qui attend qu’Horty rentre enfin à la maison ; Zeppe, le garçon de cirque qui croit pouvoir tirer fortune de l’amour d’Horty pour Marie ; la trop fragile Aïcha à qui le destin ne laissera même pas le temps d’apprendre à compter jusqu’à onze ; Sciarfoni, le lamaneur qui gîte comme une bête sauvage sous une grande barque renversée ; Maureen, la voleuse de bijoux qui opère dans les théâtre de Drury Lane ; et tout le peuple du port – dockers, soutiers, filles de joie, riches voyageurs, émigrants misérables…
Le roman à la fois le plus imaginaire et le plus vrai de l’auteur d’Abraham de Brooklyn et de John l’Enfer.

Biographie de l'auteur
Né en 1945, Didier Decoin est scénariste et écrivain à succès. Auteur d'une vingtaine de romans, il a notamment publié John l'enfer (prix Goncourt 1977), Louise (1998). Didier Decoin est le fils du cinéaste Henri Decoin. Il débute sa carrière comme journaliste de presse écrite à France Soir, au Figaro et à VSD, et de radio sur Europe 1. En parallèle il se lance dans l'écriture, et sera couronné par le Prix Goncourt en 1977 avec John l'Enfer. Tout en continuant son métier d'écrivain, il devient scénariste au cinéma puis à la télévision (adaptations et scripts pour la télévision comme les grands téléfilms Les Misérables, Le Comte de Monte-Cristo, Balzac ou Napoléon). En 1995, il est devenu le Secrétaire de l'Académie Goncourt.

Mon avis : (lu en 2001 et relu en juillet 2009)

J'avais un très bon souvenir de la lecture de ce livre et la relecture a été un vrai plaisir. C'est une belle histoire d'amour.

Nous sommes en 1912 dans un port de la mer du Nord, Horty remporte la course des dockers pour la cinquième année consécutive, mais cette année là le prix n'est pas un veau mais un voyage à Shouthampton pour assister au Départ du Titanic. C'est dans l'hôtel bondé, qu'il va être contraint de partager sa chambre avec Marie, femme de chambre du transatlantique. Horty invite Marie à dîner et ensuite, ils passent la nuit chastement étendus sur le lit. Au matin, Marie s’embarque sur le bateau et Horty regagne son village et retrouve sa femme Zoé. Cette rencontre va bouleversé sa vie, il garde comme seul souvenir une photo de Marie. Et quand quelques jours plus tard, le docker apprendra le naufrage du Titanic, Marie deviendra une véritable obsession pour lui.

Les personnages sont touchants, l'auteur nous raconte une belle histoire avec un certain suspense. Les descriptions des lieux, des personnages sont également minutieuses. En résumé un très bon livre.

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Une adaptation cinématographique a été réalisé en 1997 par Juan José Bigas Luna avec Olivier Martinez, Romane Bohringer, Didier Bezace. Je n'ai pas eu l'occasion de la voir.

Extrait : (page 120)

Horty se doutait bien que marie et lui disposeraient de peu de temps pour se quitter et, tandis qu’ils marchaient tous les deux vers le bassin de l’Océan, il se répétait qu’il ferait mieux de la prendre maintenant dans ses bras pour lui dire combien il avait aimé l’avoir près de lui toute la nuit.

Elle fermerait peut-être les yeux tout en gardant son visage offert, comme font les femmes qui s’attendent à être embrassées. Mais le docker n’était pas sûr d’aller jusqu’à l’embrasser : un baiser serait tellement plus agréable pour lui que pour elle, or tout ce qu’il voulait c’était la remercier d’avoir embelli son séjour à Southampton. Sans elle, il aurait passé une soirée en somme peu exaltante, il aurait sans doute essayé la salle de bains de l’hôtel parce qu’il ne s’était encore jamais plongé dans une vrai baignoire avec des robinets, puis il aurait fait quelques pas sous la pluie le long des murs de Harston & Harston – et quoi ensuite ? il serait rentré finir sa lettre à Zoé et se coucher.

Mais il se retenait. Si je la serre trop tôt contre moi, elle va croire que je ne pensais qu’à ça depuis le début. Je ne veux pas lui donner des hommes une idée dégoûtante, sinon elle hésitera à servir le petit-déjeuner aux passagers célibataires, un steward le fera à sa place, et alors elle ne se mariera pas avec un Américain comme elle en a tellement envie.

(…)

Il faut attendre encore un peu, je la prendrai par les épaules quand on sera tout près du bateau, quand il sera devant nous comme un mur et qu’on me dira que je ne peux pas aller plus loin.

Mais il y avait eu l’intervention précipitée du policier. Marie était devenue tout à coup très pâle et elle s’était mise à courir avec sa valise comme une petite fille effrayée avant qu’Horty ait pu seulement lui frôler la main, et des matelots avaient écarté pour elle les barrières blanches délimitant la zone réservée au personnel du Titanic, Horty l’avait appelée mais il n’était même pas sûr qu’elle l’ait entendu, l’orchestre jouait très fort.

28 juin 2009

Comment j'ai raté mes vacances - Geoff Nicholson

comment_j_ai_rat__mes_vacances Robert Laffont – juin 2007 – 276 pages

traduit de l'anglais par Bernard Turle

Présentation de l'éditeur
" Ne vous inquiétez pas, messieurs les policiers, je peux tout expliquer... " Votre vie peut basculer très vite, même en vacances ! Motivé par une crise existentielle, Eric a décidé de goûter aux délices du camping-caravaning en famille. Malgré une tenace bonne volonté et un goût modéré pour l'imprévu, les événements déroutants et effrayants s'enchaînent. Sa femme est prise de pulsions sexuelles irrépressibles, sa fille traverse une crise de mysticisme et son fils retourne à l'état de nature. Viennent s'ajouter à cette tribu déjantée des vacanciers loufoques, un policier cinglé et des corps sans tête. Dans cette comédie grinçante, les scènes cocasses, voire hilarantes, côtoient des situations plus tragiques.. L'élixir satirique subtilement dosé ajoute au burlesque que Geoff Nicholson manie avec talent.

Biographie de l'auteur
Geoff Nicholson est né en 1953 à Sheffield. Il est passé par Essex puis Cambridge, avant, si l'on en croit la notice rédigée par ses propres soins, d'exercer les professions les plus diverses (vendeur de meubles, libraire, homme de ménage, agent de sécurité, jardinier et chef cuisinier...) puis de se consacrer à plein temps à l'écriture. Il est l'auteur de quinze romans parus entre 1987 et 2004. Seul What We Did On Our Holidays (Comment j'ai raté mes vacances) a été traduit en français. Son premier livre, Street Sleeper (1987), a été nominé pour le Yorshire Post First Work Award (Prix du meilleur premier roman) et Bleeding London pour le Whitbread Prize. Il a aussi publié plusieurs ouvrages de non-fiction consacrés à Andy Warhol, Frank Lloyd Wright et, récemment, les Sex Collectors (2006). Comment j'ai raté mes vacances a été porté à l'écran en 2006 par Scott Peak, avec David Carradine et Gina Bellman dans les rôles principaux. Pour le New York Times, il s'agit de " la plus drôle des comédies noires ".

Mon avis : (lu en juin 2009)

J'ai pris ce livre par hasard à la bibliothèque, son titre "Comment j'ai raté mes vacances" m'a attiré car c'est très rare que quelqu'un vous avoue qu'il a raté ses vacances ! La quatrième de couverture était également vendeuse... Malheureusement, le livre n'est pas à la hauteur de mes attentes... trop c'est trop...

Eric vient d'avoir 45 ans, il décide de partir quinze jours en famille au camping pour faire un bilan sur sa vie et sur ses proches qu'il a du mal à comprendre. Ce livre est son journal quotidien pendant ce séjour catastrophique... En effet, toutes les tuiles possibles et inimaginables vont s'abattre sur leurs vacances : accident de voiture, garagiste véreux, voisins de camping bruyants... Sans compter sur la famille un peu "frapa-dingue" : sa femme Kathleen est prise de pulsions sexuelles, sa fille Sally traverse une crise mystique et son fils Max fait un retour à la nature et se promène avec un os dans le nez... Au début, j'ai été prise par l'histoire et je riais bien mais rapidement c'est l'accumulation des cataclysmes et trop c'est trop et c'est l'indigestion... J'ai donc eu du mal à finir ce livre... En conclusion, c'est pas terrible !

16 juin 2009

L'enfant d'Emma – Abbie Taylor

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France Loisirs – février 2009 – 440 pages

traduit de l'anglais par Marieke Merand-Surtel

4ème de couverture : En une seconde, la vie d'Emma vire au cauchemar. Les portes du métro se referment sur Ritchie, son fils de 13 mois, alors qu'elle reste sur le quai. Emma s'effondre. Heureusement, une femme dans la rame vient à sa rescousse et Emma retrouve son enfant à la station suivante. Mais le soulagement fait vite place à l'horreur car l'inconnue disparaît ensuite, emmenant Ritchie avec elle. Emma a beau appeler à l'aide, la police refuse de la croire. A-t-elle vraiment un enfant ? L'a-t-on réellement enlevé? Emma ne peut alors compter que sur elle-même pour tenter de retrouver son fils, quoi qu'il lui en coûte...

Auteur : Abbie Taylor est un médecin dans la trentaine. Elle est née en Irlande et vit entre Dublin et Londres. Ceci est son premier roman.

Mon avis : (lu en juin 2009)

Ce livre est à la fois émouvant et "flippant". Emma, jeune mère célibataire prend le métro avec Ritchie son fils âgé de 13 mois. Embarrassée par la poussette et des sacs, Emma laisse Ritchie monter seul dans la rame de métro et la porte se referme sous son nez la laissant sur le quai. Elle est paniquée et elle veut récupérer son fils. Elle court à côté du métro et en bout de quai, elle sauvée par un homme de l'accident. Elle se dépêche alors de rejoindre la station suivante où elle retrouve Ritchie assit sur les genoux d'une femme, Antonia. Emma est soulagée, elle a retrouvé son fils. Mais c'est de nouveau le cauchemar, car Antonia va disparaître avec Ritchie ! Ensuite, Emma va devoir se battre seule contre tous pour retrouver Ritchie. En effet, la police ne veut pas croire ce que raconte Emma : a-t-elle vraiment un enfant ? A-t-il vraiment été enlevé ou Emma l'aurait-elle fait disparaître ? Emma va cependant trouver de l'aide auprès de Rafe.

Cette histoire est vraiment captivante et si proche de la réalité qu'on est souvent ému. En tant que maman, je me suis sentie très proche d'Emma et j'ai imaginé facilement les sentiments qui l'anime tout au long de l'histoire... A lire !

Extrait : (début du livre)

1

Dimanche 17 septembre
Premier jour En haut de l'escalier, des adolescents étaient affalés contre les murs, les jambes étendues, occupant quasiment tout le passage. Ils portaient des doudounes noires, et une même expression sur le visage : vide, dure, désœuvrée. Emma entendit leurs voix résonner sur le carrelage depuis l'angle du couloir. Dès qu'ils la virent, leur discussion cessa.
— Excusez-moi, dit Emma d'un ton poli.
Très lentement, ils retirèrent leurs pieds. Elle avait juste assez de place pour passer. Elle dut traverser tout le groupe, sentant leurs yeux posés sur elle. Ils l'observèrent en silence descendre péniblement les marches avec la poussette, Ritchie et tous ses sacs.
Elle fut contente lorsqu'elle atteignit le pied de l'escalier et tourna au coin. Une lumière crue baignait le quai désert du métro. Emma regarda derrière elle. Les garçons ne l'avaient pas suivie.
— Ça va, Ritchie ?
Soulagée, elle s'accroupit à côté de la poussette. D'habitude, elle n'était pas nerveuse, mais là, avec le bébé, elle se surprit à espérer que le train arrive vite.
Ritchie, un enfant solide et potelé de treize mois, avait commencé à pleurnicher, gonflant son petit bedon et frottant ses yeux de ses poings.
Emma secoua doucement la poussette.
— T'es fatigué, hein ? On sera bientôt à la maison.
Elle aussi était fatiguée. Ç'avait été une longue journée ; toute une expédition à travers Londres jusqu'aux quartiers de l'East End. Elle avait eu un besoin urgent de s'évader de l'appartement, et une nouvelle promenade vers Hammersmith Broadway ou North End Road était au-dessus de ses forces. Ils avaient bien profité de la journée ; ils avaient déambulé autour des étals de Spitafield Market, acheté quelques pantalons et maillots pour Ritchie, puis s'étaient rendus dans un petit bistrot bondé pour s'offrir un café, des scones et un bol de Banana Surprise. Ensuite, ils avaient pris un bus pour Mile End, et fait une balade au bord de Regent's Canal, observant les cygnes et les bateaux, avec leurs pots de fleurs peints. Mais l'air s'était rafraîchi, c'était le signe qu'il fallait rentrer. Le crépuscule recouvrait le canal d'une couche d'écume verte, un Caddie rouillé émergeait à la surface de l'eau. Il avait fallu marcher un bon moment avant de trouver une station de métro, et les sacs de courses pesaient de plus en plus lourd, cognant contre les jambes d'Emma à chaque pas. Le soulagement l'avait envahie lorsqu'elle avait enfin repéré, un peu plus loin sur le trottoir, le cercle familier rouge et bleu du métro londonien.
— Mah.
Ritchie se pencha hors de la poussette pour lui coller sa sucette à l'orange sous le nez. Du liquide poisseux coulait sur sa manche.
— Oh, pour l'amour du ciel ! Pourquoi tu l'as réclamée, alors ?
Emma sentait poindre une migraine. Elle lui prit la sucette puis essuya sans ménagement son visage et ses mains. Elle chercha une poubelle. Aucune nulle part, évidemment. Il était huit heures moins le quart, dimanche soir. Visiblement, tout le monde était rentré chez soi après avoir passé la journée dehors. Il n'y avait pas âme qui vive. Elle n'avait qu'à balancer la sucette sur les rails. Pourtant, elle finit par l'envelopper dans un mouchoir en papier et la fourrer dans son sac. Sur le mur du quai opposé, une pub pour de l'eau minérale montrait un paysage campagnard. Des arbres, de l'eau, la paix.
Ritchie se remit à geindre en tirant sur les sangles de la poussette.
— Bon, viens.
Quel mal y avait-il à le laisser sortir ?
Comme elle s'agenouillait pour détacher les sangles, un léger grincement résonna dans les profondeurs du tunnel. Le métro.
Emma avait toujours trouvé quelque chose de sinistre au bruit d'un train qui s'approchait dans un tunnel. L'entendre sans le voir ; juste le crissement des rails précédant la chose monstrueuse qui allait surgir de l'obscurité. D'un geste rapide, elle souleva Ritchie et le déposa sur le quai. Lui aussi avait entendu, et se retournait pour regarder, le duvet blond sur sa tête soulevé par une brise. Sans lâcher son harnais, Emma se pencha pour plier la poussette de sa main libre.
Le bruit s'intensifia. Ritchie se serra contre sa jambe en agrippant son jean. Malgré sa distraction sur le moment, elle se souviendrait par la suite de l'air qu'il avait. Sa petite bouille ronde aux yeux écarquillés qui fixaient, bouche bée, le tunnel, et attendaient l'arrivée du monstre.
— Là, articula-t-il, aux anges, tandis que la lumière des phares emplissait le tunnel.
Il lâcha le jean d'Emma pour pointer du doigt. Les wagons crasseux, rouge, blanc et bleu, grondèrent dans la station. Des grincements stridents résonnèrent sur le carrelage ; le train ralentit, puis s'arrêta. Le vrombissement de la machine mourut brusquement, comme si on avait coupé un ventilateur.
Silence.
Une seconde plus tard, la porte s'ouvrait en faisant un grand pschitt.
— Allez, grimpe, ordonna Emma.
Ritchie ne se le fit pas dire deux fois. Emma le guida vers un wagon vide, son harnais toujours bien en main, qu'elle leva un peu pour l'aider à monter. Il se hissa à quatre pattes, le haut de sa couche dépassant du pantalon. Puis il se redressa dans l'encadrement de la porte, content de lui, avant de se retourner vers elle.
— Mah, dit-il en l'invitant à bord d'un geste de sa main grassouillette.
Ce fut l'image qu'elle revit de lui le plus souvent, au cours des semaines suivantes. Debout dans l'encadrement, avec son petit sourire plein de quenottes, sa frange coupée de travers, sa veste polaire bleue avec l'éléphant jovial sur le devant. Il n'avait rien de particulier, rien qu'elle n'ait déjà vu mille fois auparavant. Aucun murmure dans sa tête ne l'avertit de l'arracher du wagon et de ne plus le lâcher. Il lui faisait encore
signe alors qu'elle chargeait la poussette près de lui et se tournait pour ramasser les sacs. En baissant la main, Emma crut sentir quelque chose : une légère secousse latérale sur le harnais qu'elle agrippait. Un mouvement infime, mais en y repensant par la suite, ç'avait dû lui sembler bizarre parce qu'elle se souvenait d'avoir intérieurement froncé les sourcils. Avant même qu'elle puisse se redresser et regarder, elle sut que quelque chose clochait.
Pschitt.
Elle fit volte-face. L'espace d'un instant, elle ne comprit pas ce qu'elle voyait. Les pensées zigzaguaient dans sa tête. Qu'est-ce qui manque à cette image ? Elle tenait toujours le harnais de Ritchie, mais la porte du wagon était refermée.
Refermée sous, son nez, et Ritchie se trouvait de l'autre côté.
— Bordel de merde !
Lâchant les sacs, Emma bondit sur la porte et essaya d'introduire les doigts entre les bords. À travers la vitre, elle vit le sommet du crâne de Ritchie.
— Attends, lui cria-t-elle. J'arrive.
Bon Dieu, comment s'ouvrait cette porte ? Durant une seconde, tout resta flou. Puis elle trouva le bouton d'ouverture et le pressa. Rien ne se passa. Elle l'enfonça de nouveau, plus violemment, cette fois. Toujours rien. Elle se mit à cogner des poings sur la porte, tout en jetant des regards éperdus sur le quai.
— Au secours ! Mon bébé est coincé !
Sa voix s'éleva faiblement puis mourut. Le quai était désert. Juste de sombres blocs de béton, des bancs métalliques le long des murs, les tunnels silencieux à chaque extrémité.
— Merde.
Le cœur d'Emma battait à tout rompre. Elle sentait son esprit très vif, en alerte. De nouveau, elle regarda autour d'elle, et cette fois repéra un boîtier rouge sur le mur, avec une face vitrée. L'alarme incendie. Elle s'élança instinctivement dans sa direction. Puis elle retint son geste. Pour atteindre l'alarme, il faudrait lâcher le harnais de Ritchie. Elle hésita, incapable de s'obliger à rompre, même une seule seconde, le contact avec son fils.
— Au secours, hurla-t-elle encore, plus fort, cette fois-ci. S'il vous plaît, quelqu'un ?
Quelqu'un allait forcément entendre. Il s'agissait d'un endroit public, nom d'un chien. Elle était en plein cœur de Londres.
Puis quelque chose la frappa. Le train n'avait pas bougé. Les portes semblaient s'être refermées depuis une éternité mais le train restait toujours là.
Ils ont vu ce qui se passe, pensa-t-elle.
Elle chancela de soulagement. Bien sûr. Le métro ne pouvait pas repartir tant que le harnais était coincé dans la porte. Le conducteur la voyait s'agiter dans un miroir, ou une caméra, ou peu importe quoi. Dans une minute, on viendrait l'aider. Elle resta là à attendre, ne sachant quoi faire d'autre.
Ça va aller, se dit-elle. Ça va aller.
Elle jeta un nouveau coup d'œil à Ritchie. Puis sursauta. Qu'est-ce que c'était que ça ? Ce mouvement, au bout du wagon ?
Il y avait quelqu'un là-dedans. Il y avait quelqu'un avec Ritchie.

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7 juin 2009

Ceux qu’on aime – Steve Mosby

ceux_qu_on_aime traduit de l'anglais par Clément Baude

Sonatine - février 2009 – 350 pages

Présentation de l'éditeur
Vous laissez un message à l'un de vos proches, dont vous n'avez pas de nouvelles. Il ne vous répond que par mail ou par SMS. De nos jours, rien de plus normal. Vous inquiétez-vous ? Imaginez-vous une seconde que ce n'est pas lui qui vous a répondu, qu'il est séquestré, privé d'eau et de nourriture... et que vous n'entendrez plus jamais le son de sa voix ? Tel est le mode opératoire d'un tueur en série qui s'attaque à des jeunes femmes célibataires, les séquestre, endosse leur identité auprès de leurs proches et les laisse dépérir à petit feu, dans l'abandon le plus total. Sam Currie est commissaire, Dave Lewis journaliste, tous deux ont sur la conscience la mort ancienne d'un parent, qu'ils auraient peut-être pu sauver s'ils avaient fait davantage attention à lui. Deux hommes hantés sur qui un piège infernal va se refermer, et qui devront trouver les ressources psychologiques nécessaires pour assumer leur passé, affronter le tueur et, cette fois, être là pour ceux qu'ils aiment. Une tension dramatique oppressante, un art machiavélique de l'intrigue, une perversité sans égal : on retrouve, après Un sur deux, la marque de fabrique de Steve Mosby, qui aborde avec ce roman des thèmes aussi universels que la solitude dans la société contemporaine, la force des sentiments, et les nécessaires priorités de l'existence.

Biographie de l'auteur
Steve Mosby est né en 1976 à Leeds. Jeune écrivain surdoué, comparé à Dennis Lehane et à Michael Connelly. Après "Un sur deux", "Ceux qu'on aime" est son deuxième roman paru en français.

Mon avis : (lu en juin 2009)

L'idée de départ de l'intrigue est plutôt originale et intéressante : le tueur utilise des sms et des mails pour faire croire aux proches de sa victime que celle-ci est en pleine forme. Mais, j'ai eu un peu de mal à m'y retrouver dans les nombreux personnages qui sont décrits dès le début de l'histoire. Mais l'intrigue en elle-même met un peu trop de temps avant de vraiment commencer. Le livre se lit facilement, on passe un bon moment, mais le dénouement est assez prévisible.

Extrait : "Il existe un principe de base chaque fois que l'on veut étudier un tour de magie. Il faut partir de l'effet final, le truc que l'on n'arrive pas à expliquer, pour remonter en arrière, en se concentrant sur les choses que l'on connait et en cherchant des indices dans les interstices. Il n'y a que comme ça qu'on peut découvrir le secret : graver tous les paramètres du tour dans le marbre, puis comprendre comment il a pu être effectué à l'intérieur de ce cadre.

Si une bague apparait soudain dans un pot de fleurs à côté de la porte, c'est que quelqu'un l'y a déposée. Si une seule personne se trouvait près de cette porte, alors ça ne peut être qu'elle. Si cette personne n'a pu prendre la bague qu'à un seul moment, alors elle l'a prise à ce moment-là. En s'appuyant sur le visible, on comprend l'invisible."

2 juin 2009

Un siècle de novembre – Walter D. Wetherell

Livre lu dans le cadre du partenariat Blog-o-Book - Livre de Poche

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traduit de l’anglais (États-Unis) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné

Les Allusifs – aout 2006 – 200 pages

Le Livre de Poche – novembre 2008 - 218 pages

Présentation de l'éditeur
A l'automne 1918, le magistrat Charles Marden juge les hommes et cultive ses pommes parmi les Indiens et les pionniers de l'île de Vancouver. Mais les grands maux de l'humanité le frappent de plein fouet : sa femme, Laura, est emportée par la grippe espagnole et son fils, le caporal William C. Marden, disparaît dans la mêlée des Flandres. Désormais seul au monde, Charles Marden entreprend un périple fou pour trouver l'endroit où la mort a fauché son fils. Dans sa quête, il apprend qu'une jeune femme le devance de peu sur les routes. W. D. Wetherell, qui vit au New Hampshire, signe ici un roman d'une beauté terrifiante, entre songe et réalité.

Biographie de l'auteur
Né en 1948, Walter D. Wetherell a déjà écrit plusieurs romans : Morning, Chekhov's Sister (traduit et publié en 1990 par les éditions J.-C. Lattés), ainsi que deux recueils de nouvelles, The Man Who Loved Levittown et Wherever That Great Heart May Be. Ses récits de voyage paraissent dans le New York Times. Il a récemment obtenu la bourse d'écriture Strauss de l'American Academy of Arts and Letters. A Century of November, publié aux Etats-Unis par les Presses de l'université du Michigan en 2004 et en édition de poche en 2005, a été unanimement salué par la critique et a remporté le prix littéraire le plus prestigieux du Michigan. Une adaptation cinématographique est en cours de préparation sous l'égide du scénariste Jay Wolpert, auteur des scénarios des films Pirates des Caraïbes ou encore Le Comte de Monte-Cristo. W. D. Wetherell vit aujourd'hui à Lyme dans le New Hampshire.

Mon avis : (lu en juin 2009)

Automne 1918, Charles Marden vient de recevoir la lettre officielle annonçant la disparition de son fils William au cours d'un assaut en Flandre. Trois semaines auparavant, il a perdu sa femme Laura de la grippe espagnole. Il quitte donc son île de Vancouver pour trouver l'endroit où est tombé son fils « pour apprendre à ne rien attendre, une fois pour toutes ». Il va faire un long voyage : la traversée du Canada d'ouest en est, Vancouver à Halifax en train, puis la traversée de l'Atlantique en bateau jusqu'à Southampton. A Salisbury, au camp du régiment de son fils, il apprend qu'il ne pourra se rendre là où est mort son fils seulement lorsque la guerre sera fini. Il découvre également qu'une jeune fille recherche aussi William. Charles Marden a alors un nouvel objectif, retrouver cette jeune fille Elaine qui ne peut-être que l'amie de son fils. Il se rend donc à Londres où il apprend que la guerre est finie : plus rien ne l'empêche de continuer son long voyage vers la Flandre. Après la traversée de la Manche de Folkestone à Calais puis le voyage en voiture jusqu'à Amiens, en autocar jusqu'à Poperinghe en Belgique, il arrivera à pieds à Ypres sur les champs de batailles.

Ce livre est très bien écrit : l'auteur nous fait des descriptions superbes et précises des paysages traversés, des champs de batailles, des tranchées abandonnées... Il nous décrit également les sentiments qui envahissent cet homme en deuil avec sa douleur et sa solitude. Cette histoire sombre comme les ciels de novembre, nous évoque avec beaucoup de sensibilité l'horreur de la guerre en particulier pour les survivants. J'ai beaucoup aimé lire ce livre.

Extrait : (début du livre)
Il jugeait les hommes et cultivait des pommes, et cet automne-là n’était propice ni à la justice ni aux vergers. Un automne surprise – les pommiers avaient pourtant fait miroiter de belles promesses. Les fleurs, précoces, abondantes, étaient d’un blanc-rose riche dont il n’avait jamais vu l’égal. Pour une fois, il n’y avait pas eu de neiges tardives, pas de tempêtes venues du Pacifique, pas de gel.

Extrait : (page 10)
S'il était magistrat, c'était parce que, dans cette région de la côte, il était le seul à pouvoir exercer cette fonction - celle de salarié ayant pour mandat, selon le libellé de son serment d'office, d'assurer des droits égaux aux pauvres comme aux riches, au meilleur de ses connaissances, de son jugement et de ses compétences. En temps normal, sa charge n'avait rien d'une sinécure. On lui avait déjà tiré dessus. À la faveur d'une embuscade tendue pendant que, comme maintenant, il arpentait les longues allées du verger en inspectant les arbres un par un. C'était le printemps. Le projectile avait sectionné une branche au-dessus de sa tête et fait pleuvoir sur lui des pétales blancs. Raté, se souvenait-il d'avoir pensé, tandis que la détonation résonnait sur tout le promontoire et que les fleurs lui chatouillaient le visage. À l'époque, il était aveugle, stupide. Raté.
L'arbre et sa branche scindée en deux devinrent pour lui une sorte de temple, un lieu où il allait se recueillir chaque fois qu'il était tenté de prendre ses responsabilités judiciaires à la légère ou encore trop au sérieux. C'était aujourd'hui bien plus : un coin béni, un sanctuaire, l'unique lieu où il se sentait en sécurité. La cicatrice laissée par la balle semblait avoir déclenché dans l'arbre une sorte d'élan vital : c'était, de toute la rangée, le seul qui avait produit un fruit complet. Une vaste blague, évidemment. Depuis des années qu'il était juge, il avait à maintes reprises été témoin des sales tours du destin. Il tendit la main vers la pomme. Après la pluie du matin, sa peau était humide et glissante, mais le poids familier, la plénitude ovale dans sa main, lui firent plaisir.
Il resta planté là, les mains de nouveau fourrées dans les poches de son blouson, dont il avait remonté le col pour se protéger des assauts du vent. Il vit alors quelque chose voiler et assombrir brièvement l'étroite ouverture sur la mer qu'on avait depuis le verger. Quiconque venait de la plage était forcément arrivé par bateau. Il eut une prémonition.

Extrait : (page 155)
"Ypres – et pourtant, je ne voyais qu'un nuage. Comme si la ville en ruines avait la couleur et la consistance d'un nuage. Un nuage brisé. Un nuage effiloché et déchiré, d'où aurait fui le fluide et le doux, un nuage dont il ne serait resté que des scories acérées et tranchantes, un nuage blessé. Derrière se profilait une silhouette crénelée, semblable à une lointaine chaîne de montagnes. A la longue, j'ai fini par y reconnaître des vestiges d'immeubles. Plus près, les montrant du doigt; aurait-on dit, des arbres en forme de glaives, comme ceux que nous avions déjà aperçus, clouaient le nuage au sol. L'odeur du plâtre mouillé était accablante. Seulement, elle s'accompagnait maintenant d'une puanteur fuligineuse. Plus moyen de respirer sans étouffer. Chacun regardait – jusqu'au bout de la route, les pèlerins étaient tournés du même côté, hypnotisés par la silhouette édentée, les nuages en lambeaux, les ruines déchiquetées.

Livre lu dans le cadre du partenariat logotwitter_bigger - logo 

2 mai 2009

Un tout petit mensonge - Francesca Clementis

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Belfond – mars 2005 - 388 pages

Edition France loisirs – 2006 – 458 pages

traduit de l'anglais par Isabelle Vassart

Présentation de l'éditeur
Omissions, déformations et autres révélations, une irrésistible comédie de mœurs à l'anglaise. Ou les aventures cocasses d'une adorable menteuse... En règle générale, Lauren n'est pas vraiment encline au mensonge. Le problème, c'est qu'elle n'est pas très à l'aise en société. Elle a beau être une redoutable femme d'affaires, quand elle sort, elle se transforme en reine des gaffes. Pas facile, dans ces conditions, de lier connaissance. Aussi, quand on lui présente Chris, un garçon tout à fait charmant, voire franchement séduisant, elle se dit qu'il serait temps de montrer à quel point elle peut être brillante et spirituelle. Quitte à déformer légèrement la vérité. Pas grand-chose, trois fois rien... juste de quoi déclencher une cascade de quiproquos et bouleverser la vie de tout son
entourage...

Biographie de l'auteur
Diplômée de philosophie, Francesca Clementis a travaillé dans la publicité pendant une dizaine d'années, avant de se consacrer à l'écriture. Elle vit actuellement à Londres avec son mari et leur fille. Après Lorna et ses filles (Belfond, 2004), Un tout petit mensonge est son second roman à paraître en France.

Mon avis : (juin 2008)

J’ai pris ce livre un peu par hasard à la bibliothèque : format idéal pour le train. Au début, l’histoire est prenante mais ensuite j’ai été déçu par certaines longueurs. C’est un peu comme une comédie sans prétention : cela distrait, mais sans plus. Je ne le conseille donc pas.

1 mai 2009

Da Vinci code - Dan Brown

Da_vinci_code Jean-Claude Lattès – mars 2004 - 574 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Daniel Roche

Quatrième de couverture
« Da Vinci Code est un livre envoûtant, idéal pour les passionnés d’histoire, les amateurs de conspirations, les mordus du mystère, pour tous ceux qui aiment les grands récits que l’on ne parvient pas à lâcher. J’ai adoré ce roman. » Harlan Coben

Un éminent spécialiste de symbologie de Harvard est convoqué au Louvre pour examiner une série de pictogrammes en rapport avec l'œuvre de Vinci. En déchiffrant le code, il met au jour l'un des plus grands mystères de notre temps... et devient un homme traqué.

Auteur : Né en 1964 aux États-Unis, après des études de lettres et d'art à l’Amherst College et à la Phillips Exeter Academy, Dan Brown s'installe à Hollywood en Californie pour écrire des chansons. Professeur à l'université Philips Exeter, il est le témoin, sur le campus, de l'arrestation par les services secrets américains d'un étudiant qui, pour s'amuser, évoque dans un mail l'assassinat du président Bill Clinton. Dan Brown est impressionné par l'extraordinaire capacité des agences de renseignements à surveiller et observer les individus. Il écrit alors son premier roman, paru sous le titre de 'Digital Fortress', une histoire au cœur de la National Security Agency. L'étude des codes secrets l'a toujours passionné. Pour preuve, le célèbre 'Da Vinci code', son quatrième roman, est un best-seller mondial. Il sort en 2005 'Anges et démons', une enquête également menée par le fameux professeur Robert Langdon, personnage désormais célèbre et récurrent. Dan Brown écrit également pour plusieurs revues dont Newsweek et The New Yorker. En 2006 sort en France 'Deception Point', un nouveau thriller haletant sur fond de technologie spatiale, avant que ne suive 'Forteresse Digitale' l'année suivante.

Mon avis : (lu en février 2005)

J’ai voulu lire ce livre centre de polémiques. Ce livre est un bon roman policier avec une intrigue mystique et ésotérique. L'intrigue est plutôt bien construite, c’est un mélange de faits historiques, légendaires, politiques, religieux, souvent imaginaires et cela tient le lecteur en haleine. L’auteur a vraiment beaucoup d’imagination !

Les lieux où se déroule cette histoire sont les suivants :

En France : Le Musée du Louvre (Paris),

Louvre_pyramide  Pyramide_invers_e__Louvre

l'église Saint-Sulpice (Paris),

saint_sulpice Saint_Sulpice_obelisque

le Château de Villette (Condécourt - 95),

chateau_Villette_Condecourt

l'Hôtel Ritz (Paris),

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l'Aéroport du Bourget, une Banque suisse (située 24 rue Haxo à Paris d'après le livre. Cette adresse n'existe pas)

En Angleterre : Aérodrome de Biggin Hill, l'église du Temple (Londres),

TempleChurch_Exterior TempleChurch_Effigies

l'Abbaye de Westminster (Londres)

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En Écosse : Rosslyn Chapel

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Les tableaux de Léonard de Vinci dont il est question dans le livre sont les suivants :

Leonard_Da_Vinci_Vitruve_Luc_Viatour

L'Homme de Vitruve

Leonardo_da_Vinci_Adoration_of_the_Magi

L'adoration des mages

Leonard_de_Vinci___La_vierge_aux_rochers

La Vierge aux rochers

Leonard_de_Vinci___Mona_Lisa

La Joconde

Leonardo_da_Vinci_la_C_ne

La Cène

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Un film adapté du best seller réalisé par Ron Howard, est sorti le 17 mai 2006 avec Tom Hanks, Jean Reno, Audrey Tautou, Ian McKellen, Alfred Molina. Il a été présenté hors-compétition en ouverture du 59e Festival de Cannes. J’ai évidemment trouvé le film un peu réducteur par rapport à ce livre de près de 600 pages !

Extrait : (page 62)
Vinci avait certes composé un impressionnant ensemble de tableaux à thème religieux, mais cette richesse ne faisait qu'alimenter sa réputation de duplicité spirituelle. Si Leonardo Da Vinci avait accepté des centaines de commandes lucratives du Vatican sur des thèmes chrétiens, c'était pour financer son train de vie et ses recherches scientifiques, plus que pour illustrer ses croyances personnelles. Doué d'un tempérament espiègle, il prenait un malin plaisir à mordre, sans en avoir l'air, la main qui le nourrissait.

Extrait : (page 210)
Les mystères ont toujours des fans.
Et les énigmes continuaient de surgir. La plus récente avait été soulevée par une découverte stupéfiante : la célèbre Adoration des Mages de Leonardo Da Vinci cachait sous ses couches de peinture un étrange secret. Un scientifique italien spécialisé dans l'analyse picturale, Maurizio Seracini, avait découvert une vérité dérangeante que le New York Times avait révélée dans un article intitulé 'Le maquillage de Leonardo Da Vinci'.

21 avril 2009

Un sur deux – Steve Mosby

un_sur_deux Traduit de l’anglais par Etienne Menanteau

Sonatine – février 2008 – 414 pages

Présentation de l'éditeur
C'est un grand jour pour Mark Nelson. Après avoir tout investi dans son travail, à la suite de la mort tragique de sa petite amie, il est nommé dans l'équipe de John Mercer, flic légendaire, qui vient de retrouver son poste après une longue dépression. C'est ce moment précis que choisit l'ennemi intime de Mercer pour réapparaître. Un tueur qui s'en prend aux couples et ne laisse qu'un des deux amants en vie. Lorsqu'il enlève une jeune femme et son compagnon Mercer et Nelson, n'ont que quelques heures pour les retrouver. Ce n'est que le début d'un puzzle cauchemardesque, aux pièces parfaitement ciselées. Les apparences sont en effet trompeuses et le plan du tueur se révèle peu à peu une manipulation machiavélique à l'intensité dramatique et au rebondissement final digne des plus grands thrillers.

Biographie de l'auteur
Steve Mosby est né en 1976 à Leeds. Un sur deux, son premier roman traduit en Français, se place d'emblée au niveau des plus grands livres du genre, tels Le Poète de Michael Connelly ou Shutter Island de Dennis Lehane.

Mon avis : (lu en avril 2009)

Ce livre est un thriller psychologique très bien mené, l'intrigue nous tient en haleine de la première à la dernière page. Pendant un peu moins de 40 heures, on va suivre la traque d'un serial-killer diabolique cherchant à mettre à l'épreuve l'amour de deux êtres, il les torture et n'en laisse qu'un sur deux s'en sortir. Dans chaque chapitre, on voit le point de vue de l'un des différents protagonistes : enquêteurs, victimes... Cela donne du rythme au récit et maintient la tension et le suspens. En lisant ce livre j'ai passé un bon moment, mais rien de plus. Ce n'est pas le type de polar que j'aime le mieux.

Extrait du prologue :
On n'est pas obligés d'y aller, dit-elle, si tu n'en as pas envie. John Mercer se regarda dans le miroir, sans répondre. Il vit sa femme avancer les mains pour lui nouer sa cravate. Elle s'occupait de lui, comme toujours. Il leva un peu le menton, pour qu'elle puisse faire le nœud. Elle commença par le laisser flottant, avant de le serrer doucement.
- Les gens comprendraient.
Si seulement c'était vrai ! Ils auraient peut-être l'air indulgents, mais, au fond d'eux-mêmes, ils ne pourraient s'empêcher de penser qu'il s'était dérobé à son devoir. Il imaginait déjà ce que l'on raconterait à la cafétéria. On évoquerait son absence, on dirait qu'il devait être sous le choc, puis peu à peu on lâcherait que, en dépit de ce qu'il devait ressentir, il aurait dû assister à l'enterrement. Serrer les dents et assumer ses responsabilités. C'était la moindre des choses. Et ils auraient raison. Il serait impardonnable de ne pas y aller. Seulement, il ne savait pas du tout comment il allait faire pour tenir le coup.
Eileen glissa la pointe de sa cravate entre les boutons de sa chemise. Elle la lissa bien.
- On n'est pas obligés d'y aller, John.
- Tu ne comprends pas.
À la lumière du matin, l'air de la chambre semblait bleu acier. Dans le miroir, il avait la peau blanche et flasque, le visage presque éteint. Quant à son corps, bon, elle devait encore tendre un peu les bras pour en faire le tour, mais il n'avait pas l'impression d'être aussi robuste que dans le temps. Les choses qu'il portait semblaient plus lourdes. Il se fatiguait trop vite. Là, bras ballants, il dégageait une impression de vide et de tristesse. Il avait vieilli. Depuis peu.
- Je comprends que tu ne sois pas dans ton assiette, lui dit-elle.
- Ça va aller.

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