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A propos de livres...
grande-bretagne
13 avril 2009

Avis de tempête - Susan Fletcher

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traduit de l'anglais par Marie-Claire Pasquier

Plon – février 2008 - 444 pages

J’ai lu – janvier 2010 – 406 pages

Présentation de l'éditeur
Après le succès international de son premier roman, La Fille de l'Irlandais, Susan Fletcher revient avec un deuxième livre encore plus réussi. Moïra, vingt-huit ans, est au chevet de sa jeune sœur, Amy, qu'une terrible et inexplicable chute a plongée dans le coma depuis cinq ans. Habitée par le remords, Moïra parle à sa cadette. Elle s'excuse de n'avoir pas été la sœur rêvée. D'une extrême sensibilité, c'est une écorchée vive qui ne peut, n'a jamais pu et ignore comment s'abandonner à l'amour des autres, de ses parents, de sa sœur, et plus tard de son époux... Au travers de cette confession, Moïra cherche à la fois à se faire pardonner, et à assumer enfin son statut de femme, en paix avec elle-même. Avec de saisissantes descriptions de la nature et de la mer, qui rehaussent ses talents d'artiste, Susan Fletcher nous conte une histoire émouvante d'amour, de peine et de rédemption.

Biographie de l'auteur
Susan Fletcher est née en 1979 dans les West Midlands. Son premier roman,
La Fille de l'Irlandais est couronné par les deux prix littéraires les plus prestigieux attribués aux premiers romans en Grande-Bretagne (le Whitbread et le Betty Trask Award).

Mon avis : (lu en avril 2009)

C'est l'histoire de Moïra, elle est au chevet d'Amy sa jeune sœur qui est dans le coma depuis cinq ans à la suite d'une chute inexplicable. Moïra se sent coupable de ne pas avoir assez aimé cette sœur de onze ans sa cadette. Elle va donc lui raconter au cours de chacune de ses visites à l'hôpital sa vie et ses secrets intimes : son enfance, ses années de pension, sa rencontre avec Ray son mari, sa vie de femme mariée... Tout y est raconté avec douceur et pudeur, les descriptions des paysages sont superbes, on a l'impression d'être face aux paysages marins décrits, on entend parfaitement les bruits, on imagine aussi les odeurs. Les mots sont justes, imagés, tous nos sens sont en éveil. Moïra est très attachante malgré son apparence "dure et obstinée". Tout comme son premier livre "La fille de l'irlandais", j'ai été embarquée par cette histoire poignante et magnifique.

Extrait : Les premières lignes

Cela fait quatre ans. Quatre - et combien de mois ?
Je ne sais pas. Je ne sais plus. Il me reste les années, mais j'ai perdu les unités de temps plus petites, plus pâles - les semaines, les jours et, en leur sein, les heures muettes. Elles m'ont quittée, ou peut-être du moins, mon désir de les compter. Jadis, je comptais : les minutes et les bruits de ton cœur ; les secondes sur ma montre. Je regardais venir les saisons : les arbres changer, les pousses jaillir de la terre, et les gelées, et je voyais ton fantôme fragile s'éloigner à travers les champs labourés. Je me disais : l'année dernière... et je t'imaginais telle que tu étais alors - en train de manger, ou dans l'herbe. Et c'est de cette façon, ma douce, que je mesurais nos vies, au début : par des retours, par la lente rotation silencieuse du monde. J'ai compté quatre citrouilles, quatre mois de mai printaniers. Des pins, des jours fériés ; une année bissextile. J'ai compté dix mille marées, Amy. J'étais la fille au boulier. C'est la nuit que je comptais tout ça.
J'étais dans l'espérance.
Dans l'espérance, comme une mariée, et soulagée, car ce n'était pas là une mort. Au début, c'est ce que j'avais cru. Tout le monde. Elle n'est pas morte, donc tout ira bien, voilà ce que je me disais. Je m'asseyais, je calmais ma respiration, et j'imaginais tel ou tel avenir avec toi - rétablie, avec une peau de fruit mûr, toutes tes blessures guéries. Tout ce que je trouvais de doux, de lisse, je te l'apportais, je le posais sur ton lit, parce que je me disais que cela devait te manquer, un monde qui contient de telles choses - de la lavande, des coquilles d'œufs, ou la peau sèche, transparente, d'une vipère abandonnée sur une pierre. Je disais : Il neige. Ou bien : Les fraises sont précoces. Til envoya une carte postale, et je te la lus. Elle parlait des déserts, et de leurs ciels immenses, sans nuages, si bien que l'espace d'un instant cette chambre n'eut plus des murs verts, et nous n'étions plus dans une ville, loin de la mer, avec ton odeur aigre et ton coeur fragile, malade.
J'ai dit aussi : C'est comme ça, ma douce, qu'on marche. En appuyant mon poing contre la plante de tes pieds et en repliant tes orteils, à la manière des chats.
Et maintenant ? Ai-je gardé l'espérance ? L'espoir que tu retrouves ta vie d'avant ? Peut-être. Mais l'espoir, c'est comme tout. Il perd de sa fraîcheur, de son velouté, il racornit. Je suis plus vieille, j'ai cessé de compter, ou de peler des oranges dans ta chambre pour la parfumer, et je n'apporte plus de coquillages pour les coller contre ton oreille. Je ne te parle plus de ton médecin couleur noix de cajou qui t'a recousue, t'a sauvé la vie et connaît l'obscurité de tes entrailles. C'est un homme solitaire, je crois. J'ai vu ses yeux.
C'est fini, les coquilles d'oeufs et les chansons. Faut-il m'en vouloir ? Je ne suis plus qu'une pauvre visiteuse qui regarde les arbres par la fenêtre mais sans te les décrire. Et puis je suis fatiguée. Trouve une pierre, soupèse-la : je suis lourde comme elle. Oui, j'ai le cœur aussi lourd. Je ne viens plus déposer sur ton lit un joli monde inventé. A quoi bon ? A quoi cela a-t-il servi ?

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7 avril 2009

Slam - Nick Hornby

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Plon – mai 2008 - 298 pages

10x18 - juin 2009 - 294 pages 

traduit de l'anglais par Francis Kerline

Quatrième de couverture :  Vous savez ce que c'est, un slam ? En langage de skateboarder ça veut dire qu'on se casse la gueule. Et moi, le skate et les filles, c'est tout ce qui m'intéresse.
Je m'appelle Sam, j'ai 15 ans, je vis avec ma mère qui en a 31. Vous avez pigé : elle m'a eu quand elle avait 16 ans, du coup elle me dit toujours de faire attention avec ma copine. Parce que c'est comme avec le skate : un accident est vite arrivé...
Une incursion touchante et drôle à la frontière délicate qui sépare les jeunes et des adultes.

Auteur : Nick Hornby (né en Angleterre en 1957) est l'auteur de plusieurs best-seller internationaux, parmi lesquels, Haute fidélité, Pour un garçon et Vous descendez !

Mon avis : (lu en avril 2009)

Sam a bientôt 16 ans, il vit avec sa mère de 32 ans, il est passionné de skateboard et son idole est le champion Tony Hawk avec lequel il "discute" à travers un poster géant qu'il a dans sa chambre. Il a une petite amie Alicia. Tout était bien jusqu'au jour où Sam apprend qu'Alicia est enceinte et qu'elle veut garder le bébé. Il est tout d'abord paniqué par sa situation qui semble lui offrir un avenir sombre et impossible. Mais Sam va vite se rendre compte que la vie est beaucoup plus supportable qu'il ne le croyait.

Ce roman est totalement actuel, le héros est dans l'âge difficile entre l'adolescence et l'adulte. Le style est simple, plutôt "parlé. On rit aussi beaucoup dans ce livre. Néanmoins, ce roman me semble surtout destiné aux adolescents ou jeunes adultes.

Extrait du livre :
Donc tout baignait. En fait, je dirais même que ce qui arrivait depuis six mois était bonnard dans l'ensemble.
Exemple : maman avait plaqué Steve, son fiancé pourrave.
Exemple : Mme Gillett, ma prof de dessin, m'avait pris à l'écart après le cours pour me demander si j'envisageais d'aller en fac d'arts plastiques.
Exemple : j'avais réussi deux nouveaux trucs de skate, d'un seul coup, après des semaines à me ridiculiser en public. (Je suppose que vous êtes pas tous des skateurs, donc je vais mettre les points sur les i tout de suite, histoire d'éviter un terrible malentendu. Skate = skateboard. On dit jamais skateboard, d'habitude, donc c'est la seule fois que j'emploierai le mot dans toute cette histoire. Et si malgré ça vous persistez à m'imaginer en train de faire l'andouille sur la glace sous prétexte que skate veut dire patin, faut vous en prendre à votre propre stupidité.)
Et en plus de ça, j'ai rencontré Alicia.
Je me dis qu'il serait peut-être bon que vous sachiez certaines choses à mon sujet avant que j'attaque sur maman et Alicia et tout. Si vous saviez des choses sur moi, il y en a peut-être dedans qui pourraient vous intéresser. Mais, en regardant ce que je viens d'écrire, vous en savez déjà pas mal ou, du moins, vous avez pu vous faire une idée. Vous avez pu deviner que ma mère et mon père vivaient pas ensemble, pour commencer, sauf si vous pensiez que mon père était le genre de personne qui s'en fout que sa femme ait des Jules. Eh ben, il est pas comme ça. Vous avez pu deviner que je skate et vous avez pu deviner que ma matière forte à l'école était le dessin, sauf si vous pensiez que j'étais le genre de personne que les profs prennent toujours à l'écart pour lui dire de s'inscrire en fac dans leur matière. Comme si les profs se disputaient mes talents, voyez. «Non, Sam ! Oubliez le dessin ! Faites de la physique !» «Oubliez la physique ! Ce serait une tragédie pour l'espèce humaine si vous laissiez tomber le français !» Et qu'après ils commencent à se taper dessus.
Ouais, bon. Ce genre de choses m'arrive jamais, vraiment jamais. Je peux vous jurer que j'ai jamais, jamais été à l'origine d'une bagarre entre des profs.

24 mars 2009

La pluie, avant qu'elle tombe – Jonathan Coe

la_pluie_avant_qu_elle_tombe traduit de l'anglais par Jamila et Serge Chauvin

Gallimard – janvier 2009 – 248 pages

Présentation de l'éditeur
Rosamond vient de mourir, mais sa voix résonne encore, dans une confession enregistrée, adressée à la mystérieuse Imogen. S'appuyant sur vingt photos soigneusement choisies, elle laisse libre cours à ses souvenirs et raconte, des années quarante à aujourd'hui, l'histoire de trois générations de femmes, liées par le désir, l'enfance perdue et quelques lieux magiques. Et de son récit douloureux et intense naît une question, lancinante : y a-t-il une logique qui préside à ces existences ? Tout Jonathan Coe est là : la virtuosité de la construction, le don d'inscrire l'intime dans l'Histoire, l'obsession des coïncidences et des échos qui font osciller nos vies entre hasard et destin. Et s'il délaisse cette fois le masque de la comédie, il nous offre du même coup son roman le plus grave, le plus poignant, le plus abouti.

Biographie de l'auteur
Né en 1961 à Birmingham, Jonathan Coe est l'un des auteurs majeurs de la littérature britannique actuelle. On lui doit notamment Testament à l'anglaise, prix du Meilleur livre étranger 1996, La maison du sommeil, prix Médicis étranger 1998, et le diptyque que forment Bienvenue au club et Le Cercle fermé.

Mon avis : (lu en mars 2009)

C’est le premier livre que je lis de cet auteur et j’ai lu ce livre avec beaucoup de facilité et de plaisir. J’ai trouvé beaucoup de sensibilité dans cette histoire sur le sujet difficile du manque d’amour d’une mère pour sa fille et cela sur plusieurs générations. Le style est fluide et le faite de partir sur la description de 20 photos pour raconter l’histoire de trois générations de femmes des années quarante à nos jours est une idée très bonne et originale. J’ai été prise par l’histoire et j’ai dévoré le livre rapidement. A découvrir sans tarder !

Extrait : (page 36)
« Catharine saisit la télécommande, monta le son, et la première chose qu’elles entendirent, au bout de quelques secondes, fut un souffle de bande, suivi des claquements et crachotements d’un micro qu’on allumait et qu’on réglait, et du grattement du pied de micro en plastique sur une surface dure. Puis il y eut une toux, un raclement de gorge ; et enfin une voix, la voix qu’elles comptaient entendre, ce qui ne la rendait pas moins fantomatique. C’était la voix de Rosamond, seule dans le salon de son bungalow du Shropshire, qui parlait dans le micro quelques jours à peine avant sa mort. La voix disait :

  J’espère Imogen, que c’est toi qui m’écoutes. Je crains de ne pas pouvoir en être certaine, car tu as l’air d’avoir disparu. Mais je fais confiance au destin – et surtout à l’ingéniosité de ma nièce Gill – pour que ces enregistrements finissent par arriver jusqu’à toi.

  Je ne devrais peut-être pas m’étendre sur le sujet… mais je m’inquiète, depuis quelques années, de ne pas t’avoir vue réapparaître dans ma vie. Je suis vaguement tentée d’y voir un présage funeste, mais il est vrai que je suis portée à ce genre de pensées dans les circonstances, alors que ma propre fin est… eh bien si proche et si concrète. Je suis sûre qu’il y a une explication logique. Et même plusieurs explications logiques.»

19 mars 2009

Le crime parfait – Frank Cottrell Boyce

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Traduit de l’anglais par Catherine Gibert

Gallimard-Jeunesse - septembre 2007 – 309 pages

Quatrième de couverture :
Depuis que leur père a claqué la porte du garage familial menacé de faillite, l'équipe Hughes se serre les coudes. Dylan, promu homme de la maison, tient le carnet de bord : pluie, pluie, pluie et encore de la pluie ! Peu de chance d'amélioration à moins que l'élégant visiteur venu mettre à l'abri d'inestimables chefs-d'œuvre dans la carrière abandonnée ne puisse résister à leurs offres commerciales. L'art, assurément, peut transformer la vie !

Auteur : Frank Cottrell Boyce est un célèbre scénariste anglais, on lui doit notamment Welcome to Sarajevo, Hilary and Jacky et 24 hour Party People. Il se destinait à la prêtrise lorsqu'il a rencontré sa femme qui se préparait à être religieuse. Ils ont maintenant sept enfants et habitent près de Liverpool.
Son premier roman, "Millions", a remporté la Carnégie Medal et figuré dans les plus prestigieuses sélections de livres. Il a également fait l'objet d'une adaptation cinématographique.

Mon avis : 5/5 (lu en mars 2009)

J’ai beaucoup aimé ce livre qui mêle humour et culture !

Dylan et sa famille habitent une station-service au bord de la faillite en Angleterre, plus exactement à  Manod, ville grise, pluvieuse et ignorée de tous. Suite à une inondation à Londres, les tableaux de la National Gallery sont mis à l’abri dans la carrière de Manod, sous la surveillance de Lester. Grâce à un quiproquo, Dylan aura accès aux peintures, puis finalement tous les habitants de la ville, à un moment ou à un autre, verront un tableau.

L’auteur s’est inspiré d’un fait divers authentique pour raconter cette histoire. Le récit se lit très facilement et est plein d’humour. Des situations cocasses, des personnages excentriques, 11 tableaux et un village qui va devenir créatif et solidaire. En effet, certains habitants après avoir vu une œuvre d’art changent leur regard sur la vie et sur les gens. Les personnages sont vraiment très attachants, souvent naïfs mais aussi sensibles.

Voici les tableaux rencontrés dans ce livre :

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La Joconde – Léonard de Vinci (1452-1519) (Le Louvre - Paris)

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La Belle Jardinière – Raphaël (1483-1520) (Le Louvre - Paris)

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Nature morte aux noix et aux oranges – Luis Meléndez (1716-1780) (The National Gallery - Londres)

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Vieille femme grotesque – Quentin Matsys (1465-1530) (The National Gallery - Londres)

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Les Parapluies – Auguste Renoir (1841-1919) (The National Gallery - Londres)

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Diptyque de Wilton environ 1395-1399 – artiste inconnu (The National Gallery - Londres)

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La Captive grecque – Henriette Browne (1829-1901) (The National Gallery - Londres)

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Les Epoux Arnolfini 1434 – Jan Van Eyck (x – 1441) (The National Gallery - Londres)

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Bain à la Grenouillère – Claude Monet (1840-1926) (The National Gallery - Londres)

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Les Ambassadeurs – Hans Holbein le Jeune (1498-1543) (The National Gallery - Londres)

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Les Tournesols – Vincent Van Gogh (1853-1890) (The National Gallery - Londres)

Un livre destiné aux enfants à partir de 11 ans, mais très distrayant et instructif pour les adultes ou "grands enfants" !

Extrait du livre :
L'Oasis automobile du parc de Snowdonia
Commune de Manod
11 février

Voitures aujourd'hui :
FORD FIESTA BLEUE : Mlle Stannard (barre chocolatée)
CAMION REMORQUE SCANIA 118 : dépanneuse de Wrexham

Temps : pluie

Remarque : Ne pas confondre huile et antigel

Mon père peut tout réparer (demandez à n'importe qui, tout le monde vous le dira). Les Toyota, les Hyundai, les Ford. Et même la microscopique Daihatsu Copen (vitesse maximale : 170 km/h) de la mère de Tom Sympa que, vu sa taille de marshmallow, on est obligé de réparer à la pince à épiler.
Mais les compétences de papa ne s'arrêtent pas aux voitures.
J'en veux pour preuve la fois où on était à Prestatyn quand Minnie a voulu se baigner et que j'ai refusé d'entrer dans l'eau parce qu'elle était trop froide. Minnie n'arrêtait pas de me seriner :
- Viens. Elle est super bonne, une fois qu'on est dedans.
Et je répondais systématiquement :
- Non.
Papa s'est levé, il est allé à la caravane et il en est revenu avec la bouilloire pleine d'eau chaude. Il a versé l'eau dans la mer et m'a dit :
- Dylan. Goûte-la. Dis-moi si ça te va ou s'il faut que j'en rajoute.
- Non, elle est bonne maintenant. Merci, p'pa, ai-je répondu.
- Tu es sûr ?
- Sûr et certain.
- Pas trop chaude ? -Non, juste bien.
- Tu n'as qu'à m'appeler si elle refroidit. Je peux toujours remettre de l'eau à chauffer.
Après quoi Minnie m'a éclaboussé et je l'ai éclaboussée, et on est restés dans l'eau jusqu'au coucher du soleil.
Papa avait réparé la mer pour moi. Ça force l'admiration.
Ma grande sœur, Marie, n'est pas entrée dans l'eau même après la réparation de papa.
- Vous n'avez donc pas idée de ce que l'eau de mer fait aux cheveux ? S’est-elle insurgée.
Et plus tard, quand on jouait au Monopoly dans la caravane, elle a sorti :
- Tu as vraiment cru qu'une malheureuse bouilloire allait réchauffer la mer d'Irlande ?
- Pas toute la mer, évidemment, ai-je répondu. Juste le petit bout où on nageait.
- Comme si ça allait marcher pour de vrai, est intervenue Minnie. Attends que je t'explique les lois de la physique...

16 mars 2009

La fille de l'Irlandais - Susan Fletcher

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Plon - janvier 2006 - 310 pages

J'ai lu - mars 2008 - 318 pages

traduit de l'anglais par Marie-Claire Pasquier

Présentation de l'éditeur
Eve Green, huit ans, de père inconnu, sa mère subitement morte, se trouve renvoyée chez ses grands-parents dans un petit village du beau et sauvage pays de Galles. Un univers dur, où les mesquineries et le mépris jalonnent sa vie d'écolière. Un jour, la plus jolie fille de la classe disparaît, et le microcosme villageois se met en ébullition : enquête, soupçons, mensonges, faux témoignages, vengeance, culpabilité - à huit ans, c'est une drôle d'éducation à la vie qui lui tombe dessus. Seuls deux amis réussissent à gagner sa confiance, jusqu'au jour où l'un d'eux disparaît à son tour... Vingt ans plus tard, enceinte de son premier enfant, Eve remet en place, dans la sérénité et dans l'amour, le puzzle de sa vie ; et il en surgit ce magnifique conte d'innocence perdue, de paix et de bonheur retrouvés, de mystères résolus. Ce livre, couronné par les deux prix littéraires les plus prestigieux attribués aux premiers romans en Grande-Bretagne (le Whitbread et le Betty Trask Award), s'est déjà vendu à 200 000 exemplaires en Angleterre.

Biographie de l'auteur
Susan Fletcher est née dans les West Midlands en 1979. La fille de l'Irlandais est son premier roman.

Extrait :

"Sur une feuille blanche, ma mère a écrit : Hier soir, je suis allée sur le chemin, le sien. Mes jambes m’ont conduite là, à travers les fougères, et je me suis assise de nouveau sur la clôture. D’où viennent les taches de rousseurs ? Je lui demanderai. Les chauves-souris étaient sorties et j’ai passé près de deux heures à les regarder.

Je ne connais ni son nom de famille, ni son âge même. Mais c’est le début de quelque chose. Je suis juste au bord. Je l’écris et je le sais.

Elle avait raison, bien sûr.

Quand j’avais sept ans, il s’est passé trois choses.

Au printemps, j’ai appris à écrire mon nom en entier. Cela a pris des semaines, mais quand j’ai su enfin recopier les quinze lettres d’affilée, je les ai écrites partout – dans les livres, sur les meubles, sur mon assiette avec du Ketchup, sur mon bras avec un Bic, sur les fenêtres avec ma salive. Une fois j’ai gravé mon nom au-dessus de la plinthe dans les cabinets du rez-de-chaussée. Ma mère ne s’en est jamais aperçue, mais moi je savais qu’il était là. Je restais sur le siège, à balancer mes jambes et à admirer mon œuvre sous le lavabo. Tracée au pastel.

L’été, j’ai attrapé une insolation. J’avais passé l’après-midi dans le jardin à chercher des vers de terre. Les dalles étaient trop chaudes pour qu’on puisse marcher dessus et le toit de la remise devenait tout mou. Le soir, j’étais écarlate. Elle m’a plongée dans un bain froid et m’a badigeonnée de calamine, mais cela n’a pas suffi. Je n’ai pas pu dormir pendant trois jours. J’étais fiévreuse, grognon, et les draps collaient à mes cloques. Quinze jours plus tard, de nouvelles taches de rousseur sont apparues.

Et dix jours avant Noël, je l’ai perdue."

Mon avis : (lu en mars 2009)

Très belle histoire de cette petite fille de huit ans qui perd sa maman et qui va vivre chez ses grands-parents dans la campagne du Pays de Galles. Sa chevelure rousse ne lui attire pas que des amis, une petite fille du village va disparaître, elle-même recherche des informations sur son père…

Eve Green, enceinte, cherche à se souvenirs et à comprendre les faits qui se sont passés lorsqu’elle avait huit ans. Un récit fait avec l’œil d’un enfant de huit ans sur des histoires d’adultes. Ce livre est construit un peu comme un policier car on rassemble peu à peu les éléments de la vie d’Eve comme pour un puzzle pour comprendre les mystères qui entourent son enfance. Ce livre est très touchant tout comme Eve.

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24 février 2009

Les Cinq Quartiers de l'orange - Joanne Harris

cinq_quartiers_d_orangeLa Table ronde - juin 2002 - 365 pages

Traduit par Jeannette Short-Payen

Quatrième de couverture
Lorsque Framboise Simon revient dans le village de son enfance au bord de la Loire, personne ne reconnaît la scandaleuse Mirabelle Dartigen, tenue pour responsable de l'exécution de onze villageois pendant l'occupation allemande, cinquante ans auparavant. Framboise ouvre une auberge qui, grâce aux délicieuses recettes de sa mère, retient l'attention des critiques, mais suscite les jalousies de sa famille. Le carnet de recettes de Mirabelle recèle des secrets qui donneront à Framboise la clé de ces années sombres. Peu à peu, elle découvrira la véritable personnalité de sa mère, parfois si tendre, maternelle et sensuelle, subitement cruelle et tourmentée. En temps de guerre, les jeux d'enfants et les histoires d'amour ne sont pas toujours innocents. Leurs conséquences peuvent même être tragiques.

Auteur :  Michèle Sylvie Joanne Harris est née à Barnsley, Yorkshire est un auteur britannique.
Né d'une mère française et d'un père anglais sa vie de famille a été rempli avec de la nourriture et du folklore. Elle a étudié à Cambridge, où elle a lu moderne et médiévale langues.
Joanne Harris publie son premier roman en 1989. C'est son deuxième livre : "Chocolat" qui la fait connaitre du grand public. Le livre sera présenté à l'écran avec dans le rôle principal Juliette Binoche.
Joanne Harris a publié une dizaine d'ouvrages traduits dans plus de quarante pays.
Elle vit actuellement avec sa famille dans le Yorkshire.

Mon avis : (lu en 2003 et relu en février 2009)

Ce livre est à la fois touchant et tendre mais également violent. Le récit est au présent mais aussi avec de nombreux retour sur le passé : lorsque la narratrice avait neuf ans. C'est une histoire d'amour entre une mère et sa fille. C'est la recherche de la vérité sur des faits du passé où l'absence de communication a eu des conséquences tragiques. Le lecteur est tenu en haleine durant tout le livre, on veut comprendre ce qu'il s'est réellement passé. Une très belle histoire.

Extrait : « En mourant, ma mère légua la ferme à mon frère Cassis ; à ma sœur, Reine-Claude, elle laissa le contenu de notre cave – une fortune sous forme de vins fins – et à moi, la cadette, elle donna son album et un bocal contenant une seule truffe noire du Périgord, grosse comme une balle de tennis et conservée dans une huile de tournesol. Quand on débouche le flacon, il en dégage encore cet arôme puissant qui monte des profondeurs humides de la forêt. Les richesses avaient été assez inégalement distribuées sans doute mais notre mère était une force de la nature, elle dispensait ses faveurs comme bon lui semblait et ne permettait à personne de pénétrer le fonctionnement de sa logique bien à elle.

D'ailleurs, comme le répétait Cassis, la préférée, c'était moi. Bien sûr, ma mère, de son vivant, n'en avait jamais donné la preuve. Elle n'avait jamais eu beaucoup de temps pour les gâteries, même si elle avait été du genre à ça. Son mari avait été tué au front et s'occuper d'une ferme est un travail qui ne se fait pas tout seul quand on est veuve. Aussi, loin de la consoler de la perte de son mari, nous la gênions avec nos jeux bruyants, nos disputes et nos bagarres. Quand nous tombions malades, elle nous soignait avec une tendresse bourrue comme si elle eût calculé ce que notre guérison allait lui coûter. Alors, le peu d'amour qu'elle nous montrait prenait les formes les plus élémentaires : elle nous donnait des casseroles à lécher, une bassine à confitures à nettoyer, une poignée de fraises des bois qu'elle avait ramassées dans la longue bordure derrière le potager et qu'elle offrait sans un sourire enveloppée dans un coin de mouchoir. Cassis serait l'homme de la famille. Elle lui prodiguait encore moins de tendresse qu'à nous. Reinette, déjà, faisait tourner les têtes avant même d'avoir atteint l'adolescence et ma mère était assez vaniteuse pour s'enorgueillir des attentions dont elle faisait l'objet. Quand à moi, je n'étais qu'une bouche de plus à nourrir, pas le deuxième fils qui lui aurait permis d'agrandir la ferme, et je n'avais certainement rien d'une beauté.

Moi, j'étais celle qui semait toujours le trouble, qui dérangeait l'harmonie et, à la mort de mon père, je devins en plus morose et rebelle. J'avais de ma mère la maigreur et le teint basané, les mains longues et sans grâce, les pieds plats, la bouche trop grande. En me voyant, à contrecœur, elle devait se reconnaître car elle me regardait les lèvres un peu stoïque, fataliste, comme si elle eût deviné que ce ne serait ni Cassis, ni Reine-Claude qui perpétueraient son souvenir mais moi, comme si elle eût préféré se réincarner dans un corps plus agréable à l'œil.

Peut-être était-ce la raison pour laquelle elle m'offrit son album, sans valeur à l'époque à l'exception des remarques et des commentaires notés en marge des recettes, des coupures de journaux et des potions à base d'herbes médicinales. Pas exactement un journal intime, n'est-ce pas ? Il n'y a presque aucune date dans l'album, aucun ordre précis. On y a ajouté des pages au hasard, des feuilles détachées, cousues plus tard à petits points, minutieusement. Certaines ont une minceur de papier pelure, d'autres sont des bouts de cartons taillés de façon à pouvoir être insérés dans la couverture de cuir tout abîmée. Ma mère jalonnait sa vie de recettes, de mets de son invention, de vieilles préparations auxquelles elle ajoutait son tour de main personnel. Elle en marquait ainsi les grands évènements. La nourriture représentait sa nostalgie. C'était sa façon à elle de célébrer la vie. Les soins avec lesquels elle la préparait représentaient l'unique forme de sa créativité. La première page de l'album est consacrée à la mort de mon père – son ruban de la Légion d'honneur y est collé maladroitement sous un portrait un peu flou et fané et une recette calligraphiée pour les galettes de blé noir. Elle témoigne d'un humour à vous donner le frisson. Sous la photo, ma mère a écrit en rouge : « Ne pas oublier de déterrer les topinambours ! Ah ! Ah ! Ah ! »

3 février 2009

Sur la plage de Chesil – Ian McEwan

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Gallimard - septembre 2008 - 148 pages

Folio – janvier 2010 – 177 pages

Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon

Présentation de l’éditeur :
«Ils étaient jeunes, instruits, tous les deux vierges avant leur nuit de noces, et ils vivaient en des temps où parler de ses problèmes sexuels était manifestement impossible…» Le soir de leur mariage, Edward Mayhew et Florence Ponting se retrouvent enfin seuls dans la vieille auberge du Dorset où ils sont venus passer leur lune de miel. Mais en 1962, dans l'Angleterre d'avant la révolution sexuelle, on ne se débarrasse pas si facilement de ses inhibitions et du poids du passé. Les peurs et les espoirs du jeune historien et de la violoniste prometteuse transforment très vite leur nuit de noces en épreuve de vérité où rien ne se déroule selon le scénario prévu. Dans ce roman dérangeant, magistralement rythmé par l'alternance des points de vue et la présence obsédante de la nature, Ian McEwan excelle une nouvelle fois à distiller l'ambiguïté, et à isoler ces moments révélateurs où bifurque le cours d'une vie.

L'Auteur :
Né en 1948, Ian McEwan est considéré comme l’un des écrivains anglais les plus doués de sa génération. L’enfant volé (Du monde entier, 1993, Folio n° 2733) a reçu le prestigieux Whitbread Novel Award et, en France, le prix Femina étranger ; Amsterdam (Du monde entier, 2001, Folio n° 3728), a été couronné par le Booker Prize for Fiction (1998) ; Expiation (Du monde entier, 2003, Folio n° 4158), par le WH Smith Literary Award (2002). L’essentiel de son œuvre est disponible aux Éditions Gallimard.

Mon avis : (lu en février 2009)

C’est le premier livre de cet auteur que je lis. J’ai été attirée par ce livre grâce à sa couverture avec ce bleu-vert, le ciel lumineux et le titre aussi m’a interpellé.

Un roman court et plein de pudeur autour de cette nuit de noces qui nous est racontée.Tout cela semble plein de promesses. Il y a une montée en puissance avec des flash-back où l’on découvre tour à tour l'enfance des deux personnages si différente, leur rencontre, l'évolution de leur attirance. Les deux héros sont touchants. Lui attend cette nuit avec impatience, elle la redoute... J’ai passé un bon moment de lecture.

Extrait :

« Des angoisses plus profondes agitaient Florence, et plusieurs fois, durant le voyage depuis Oxford, elle s'était sentie sur le point de prendre son courage à deux mains et d'exprimer ses craintes. Mais ce qui la troublait était inexprimable, et elle pouvait à peine se le représenter. Contrairement à Edward, qui n'éprouvait rien d'autre que le trac du tout jeune marié avant sa nuit de noces, elle était habitée par une terreur viscérale, par un dégoût incoercible, aussi palpable que le mal de mer. La plupart du temps, durant tous ces mois de joyeux préparatifs, elle avait réussi à ignorer cette tache sur son bonheur, mais dès que lui venait la pensée d'une étreinte -elle ne tolérait aucun autre terme - son estomac se nouait, une nausée la prenait à la gorge. Dans un petit guide moderne et optimiste, qui était censé rassurer les jeunes mariées par son ton enjoué, ses points d'exclamation et ses illustrations numérotées, elle était tombée sur tel mot ou telle expression qui lui donnaient un haut-le-coeur : muqueuse vaginale, ou bien ce sinistre gland luisant. Certaines images insultaient son intelligence, surtout celle de l'entrée dans le corps féminin : "Peu avant qu'il n'entre en elle...", ou "Enfin, il entre en elle", ou encore : "Heureusement, dès qu'il est entré en elle..." Serait-elle donc obligée, le moment venu, de se transformer pour Edward en une sorte de portail ou d'antichambre qu'il puisse franchir ? Presque aussi fréquemment revenait ce mot qui n'était synonyme pour elle que de souffrance, de chairs tranchées par une lame : pénétration. »

23 janvier 2009

Chocolat – Joanne Harris

Chocolat    chocolat_ 

Quai Voltaire - mars 2000 – 333 pages

J'ai lu - mai 2001 - 381 pages

traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff

Quatrième de couverture
Lansquenet est un petit village au cœur de la France où la vie s'écoule, paisible et immuable. L'arrivée d'une mystérieuse jeune femme, Vianne Rocher, et de sa fille, Anouk, va tout bouleverser. D'autant qu'elle s'avise d'ouvrir une confiserie juste en face de l'église, la veille du carême !

Dans sa boutique, Vianne propose d'irrésistibles sucreries. Et beaucoup succombent à son charme et à ses friandises... Car le chocolat de Vianne soigne les espoirs perdus et réveille des sentiments inattendus. Tout cela n'est pas du goût du comte de Reynaud et du curé, convaincus tous deux que les douceurs de Vianne menacent l'ordre et la moralité... En tout cas, la guerre est déclarée. Deux camps vont s'affronter : les partisans des promesses célestes et ceux des délices terrestres.

Auteur : Michèle Sylvie Joanne Harris est née à Barnsley, Yorkshire est un auteur britannique.
Né d'une mère française et d'un père anglais sa vie de famille a été rempli avec de la nourriture et du folklore.
Elle a étudié à Cambridge, où elle a lu moderne et médiévale langues.
Joanne Harris publie son premier roman en 1989. C'est son deuxième livre : "Chocolat" qui la fait connaitre du grand public. Le livre sera présenté à l'écran avec dans le rôle principal Juliette Binoche.
Joanne Harris a publié une dizaine d'ouvrages traduits dans plus de quarante pays.
Elle vit actuellement avec sa famille dans le Yorkshire.

Mon avis : (lu en juillet 2000) 

Superbe roman, bien écrit, qui nous invite à aimer et à regarder le chocolat d’une autre façon. Je me suis régalée en lisant les descriptions des recettes des bonbons au chocolat…

J’ai suivi l’histoire de personnages attachants. Il y a Vianne femme non mariée, mystérieuse, un peu sorcière qui veut le bonheur des autres, sa fille Anouk, gaie et intelligente, la femme du patron café du village, femme battue ; Guillaume très attaché à son chien, Roux et ses amis gitans et nomades, qui s'arrêtent dans le village avec leurs péniches ; Luc, adolescent timide, bégayant, avec une mère critique et petit-fils d’Armande, une vieille femme indépendante, qui mène sa vie comme elle l'entend malgré les critiques de ses proches et des « biens pensants » du village…

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Une adaptation de ce livre au cinéma a été réalisée par Lasse Hallström avec Juliette Binoche, Johnny Depp, Lena Olin est sortie en 2001. J'avais lu le livre avant de voir le film et je n'ai pas été déçu... On ressent bien l'esprit « conte » du livre et l'ambiance pesante de ce petit village. Juliette Binoche est rayonnante en Vianne. Très beau film.

Extrait : « Armande remarqua mon hésitation et braqua un doigt accusateur sur sa tasse. "Pas de rationnement ! ordonna-t-elle. Donnez-moi le grand tralala. Copeaux de chocolat, une de ces petites cuillères en sucre candi, enin tout, quoi ! Ne vous mettez pas à devenir comme les autres, à me traiter comme si je n'avais plus assez de tête pour me débrouiller toute seule. Est-ce que je vous parais sénile ? "
Je lui affirmai que non.
"Bien, dans ce cas." Elle sirota la puissante mixture généreusement sucrée avec une satisfaction évidente. "C'est bon. Humm. Très bon. Censé vous donner de l'énergie, pas vrai ? Un authentique ... Comment appelez-vous ça ... ah oui, un stimulant ? "
J'acquiesçai.
"Un aphrodisiaque aussi, d'après ce qu'on raconte, poursuivit Armande avec malice, en m'observant à la dérobée par dessus le rebord de sa tasse. On n'est jamais trop vieille pour se payer du bon temps ! " Son éclat de rire retentit tel un croassement. Sa voix était stridente et surexcitée, ses mains de vieille femme tremblaient. Plusieurs fois, elle porta la main au bord de son chapeau comme pour le rajuster. »

7 janvier 2009

Mort d'un super héros – Anthony McCarten

mort_d_un_superheros_ Editions Jacqueline Chambon – septembre 2008 – 332 pages

traduit de l'anglais par Oristelle Bonis

Quatrième de couverture : Bienvenue dans le monde de Donald Delpe, quatorze ans, la peau sur les os, des épaules en portemanteau.
L'air bizarre. Pas de sourcils, pas de poils nulle part. Une tronche de patate pelée. Il enfile les rues du nord de Londres dans ses baskets taille 45, le bonnet tiré bas sur le front, le casque sur les oreilles, son Ipod à fond. Aucun succès avec les fil-les. Et pour couronner le tout, des parents qui l'énervent. Mais pire que tout ça : il a un cancer, et ça ne s'arrange pas. Le monde serait vraiment atroce s'il n'y avait. Miracle Man, l'indomptable, l'invincible superhéros inventé par Donald et dont les aventures remplissent ses carnets - des aventures qui le mettent aux prises avec son ennemi de toujours, Le gant, un docteur fou. Le temps est compté. Donald ne sait pas combien il lui reste à vivre, mais ce qu'il sait, c'est qu'il ne veut pas mourir vierge. C'est son rêve. Miracle Man a Rachel, même le Gant a une infirmière hyper sexy. Mais Donald ? C'est un temps pour les superhéros, qui ont l'habitude de faire leur apparition au moment où on les attend le moins. Mais, à l'inverse des superhéros de BD avec leurs costumes incroyables recouverts d'étranges symboles, les héros, dans la vraie vie, ont l'air tout à fait normaux. La chance de Donald, c'est d'être aidé par plein de superhéros humains. Mais est-ce que ça suffira à le sauver ?

Auteur : né en 1961 à New Plymouth en Nouvelle-Zélande, Anthony McCarten a écrit douze pièces de théâtre, dont Ladies Night, qui a obtenu le Molière de la meilleure pièce comique en 2001, et trois romans. Mort d’un superhéros est le premier à être traduit en français. 

Mon avis : (lu en janvier 2009)

Mort d’un super héros, une tragédie-comédie anglaise drôle et explosive avec au cœur du récit un adolescent malade condamné, amateur et dessinateur de comics. Il est plutôt solitaire. Ses parents le font suivre par un psychiatre pour qu’il retrouve goût à la vie et se batte contre le cancer. Mais l'histoire n'est pas si simple...

On reconnaît l'auteur de pièces de théâtre dans l'écriture de ce livre : il y a 3 actes, les chapitres sont remplacés par des plans séquences, eux-mêmes entrecoupés par des scènes entières d’une bande dessinée écrite quotidiennement par Donald.

Le récit est rythmé, à la lecture on imagine facilement les images qui défilent : les phrases sont courtes et imagées, il y a aussi beaucoup d'humour et l'ensemble est à l'image des 14 ans du héros.

On se retrouve plongé dans une histoire riche en émotions et bouleversante.

Extrait : « Elle confie son Coca à une des filles et file aux toilettes. Est-ce une invitation ? Donald nage en pleine confusion. L'attitude de Shelly appelle mille et une interprétations. Dont une seule l'engage à rester planté là. Les copines de Shelly le regarde, à son tour il leur confie son Coca et se lance à la poursuite de sa nana - sa nana (il peut le dire, enfin), la première sur Dieu-sait-combien à lui avoir offert ses lèvres, la fille dont il chérira le souvenir aussi longtemps qu'il vivra, le songe éveillé de sa vieillesse, s'il lui est donné de vivre vieux, l'étoile à jamais associée au succès inattendu de son scénar à petit budget, sa comédie romantique qui, au lieu du flop prévu, fait un tabac, crève le plafond de son box-office personnel, se démultiplie à l'infini : Shelly ; Shelly 2 : Suite ; Shelly 3: Le Jugement dernier ; Shelly 4 : Résurrection ; Shelly 5, 6, 7... jusqu'à la fin des temps dans le rôle taillé sur mesure pour elle. Oh, Dieu de bonté, laissez-la le jouer, ce rôle, encore et encore. » (p.151)

28 décembre 2008

Un lieu incertain – Fred Vargas

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Viviane Hamy - juin 2008 - 390 pages.

J'ai lu - octobre 2010 - 381 pages

Résumé :
Adamsberg part pour trois jours de colloque à Londres. Estalère, le jeune brigadier, et Danglard - terrorisé à l’idée de passer sous la Manche - sont du voyage. Tout devait se passer de manière aérienne et décontractée, mais un événement macabre alerte leur collègue de New Scotland Yard, Radstock.
Clyde-Fox, un original local, lui parle du vieux cimetière de Highgate. Des chaussures - avec des pieds dedans - font face au cimetière, « un des cimetières romantiques les plus baroques de l’Occident », un lieu macabre, gothique, unique.
Tandis que l’enquête anglaise commence, les français rentrent au pays, et se retrouvent confronté à un horrible massacre dans un pavillon de banlieue.
De fil en aiguille, Adamsberg, avec l’aide de Danglard, remonte une piste de vampires, et de tueurs de vampires, jusqu’en Serbie.
Le commissaire est au centre du roman, dans tous les sens du terme. La Boule se trouve presque un rival, Danglard est à deux doigts de tomber amoureux, Retancourt est toujours aussi efficace, mais la brigade n’est plus aussi sure qu’avant.

Auteur : Fred Vargas est née à Paris en 1957. Fred est le diminutif de Frédérique. Vargas est son nom de plume pour les romans policiers. Pendant toute sa scolarité, Fred Vargas ne cesse d'effectuer des fouilles archéologiques. Après le bac, elle choisit de faire des études d'histoire. Elle s'intéresse à la préhistoire, puis choisit de concentrer ses efforts sur le Moyen Âge. Elle a débuté sa « carrière » d'écrivain de roman policier par un coup de maître. Son premier roman Les Jeux de l'amour et de la mort, sélectionné sur manuscrit, reçut le Prix du roman policier du Festival de Cognac en 1986 et fut donc publié aux éditions du Masque. Depuis elle a écrit : Un lieu incertain (2008), Dans les bois éternels (2006), Sous les vents de Neptune (2004), Coule la Seine (2002), Pars vite et reviens tard (2001), Petit traité de toutes vérités sur l'existence (2001), Les quatre fleuves (en collaboration avec Edmond Baudoin) (2000), L'homme à l'envers (1999), Sans feu ni lieu (1997), Un peu plus loin sur la droite (1996), Debout les morts (1995), Ceux qui vont mourir te saluent (1994), L'homme aux cercles bleus (1992)

 

Mon avis : (lu en août 2008)
J'ai retrouvé avec joie Adamsberg, Danglard, Retancourt, Estalère, Mordent, la Boule, Clémentine, tous les personnages déjà cultes de l'univers de Fred Vargas. Cette histoire nous emmène de Paris en Serbie en passant par Londres, mais cette histoire est aussi un peu tortueuse et parfois confuse, on ne retrouve pas le rythme des livres précédents. J'ai donc été un peu déçue. Je n'ai pas aimé le côté « fantastique » du roman.

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Une adaptation à la télévision de ce roman a été faite par José Dayan et diffusée le 12 novembre  2010. C'est le cinquième téléfilm de la série Collection Fred Vargas.
La distribution : Jean-Hugues Anglade (Jean-Baptiste Adamsberg), Hélène Fillières (Camille Forestier), Charlotte Rampling (Mathilde Forestier), Pascal Greggory (Josselin), Jacques Spiesser (Adrien Danglard), Corinne Masiero (Violette Retancourt), David Atrakchi (Vlad), Karim Belkhadra (Noël), Carlo Brandt (Émile Feuillant), Olivier Claverie (Dr Lavoisier), Roland Copé (le médecin légiste), Hélène Coulon (la villageoise serbe), Christophe Craig (Radstock), Aymeric Demarigny (Estalère), Sylvie Granotier (Emma Carnot), Ivry Gitlis (Aranjdel), Anthony Henry (Tom), Julien Honoré (Armel Louvois),  Nino Kirtadze (Danica), Christopher King (Clyde Fox), Johan Leysen (Lucio), Christophe Lorcat (le steward), Wolfgang Pissors (Thalberg), Alan Rossett (le jardinier anglais), Vincent Tarot, Grégoire Souverain, Tristan de Saint Vincent, Thomas Souverain et Geoffroy de Saint Vincent (les enfants de Danglard)

Extrait : « Le commissaire Adamsberg savait repasser les chemises, sa mère lui avait appris à aplatir l’empiècement d’épaule et à lisser le tissu autour des boutons. Il débrancha le fer, rangea les vêtements dans la valise. Rasé, coiffé, il partait pour Londres, il n’y avait pas moyen de s’y soustraire.

Il déplaça sa chaise pour l’installer dans le carré de soleil de la cuisine. La pièce ouvrait sur trois côtés, il passait donc son temps à décaler son siège autour de la table ronde, suivant la lumière comme le lézard fait le tour du rocher. Adamsberg posa son bol de café côté est et s’assit dos à la chaleur.

Il était d’accord pour aller voir Londres, sentir si la Tamise avait la même odeur de linge moisi que la Seine, écouter comment piaillaient les mouettes. Il était possible que les mouettes piaillent différemment en anglais qu’en français. Mais ils ne lui en laisseraient pas le temps. Trois jours de colloque, dix conférences par session, six débats, une réception au ministère de l’Intérieur. Il y aurait plus d’une centaine de flics haut de gamme tassés dans ce grand hall, des flics et rien d’autre venus de vingt-trois pays pour optimiser la grande Europe policière et plus précisément pour “ harmoniser la gestion des flux migratoires ”. C’était le thème du colloque.

Directeur de la Brigade criminelle parisienne, Adamsberg devrait faire acte de présence mais il ne se faisait pas de souci. Sa participation serait légère, quasi aérienne, d’une part en raison de son hostilité à la “ gestion des flux ”, d’autre part parce qu’il n’avait jamais pu mémoriser un seul mot d’anglais. Il termina son café paisiblement, lisant le message que lui envoyait le commandant Danglard. Rdv dans 1 h 20 à l’enregistrement. Foutu tunnel. Ai pris veste convenable pour vous, avec crav. Adamsberg passa le pouce sur l’écran de son téléphone, effaçant ainsi l’anxiété de son adjoint comme on ôte la poussière d’un meuble. Danglard était mal adapté à la marche, à la course, pire encore aux voyages. Franchir la Manche par le tunnel le tourmentait autant que passer par-dessus en avion. Il n’aurait cependant laissé sa place à personne. Depuis trente ans, le commandant était rivé à l’élégance du vêtement britannique, sur laquelle il misait pour compenser son manque naturel d’allure.

À partir de cette option vitale, il avait étendu sa gratitude au reste du Royaume-Uni, faisant de lui le type même du Français anglophile, adepte de la grâce des manières, de la délicatesse, de l’humour discret. Sauf quand il laissait choir toute retenue, ce qui fait la différence entre le Français anglophile et l’Anglais véritable. De sorte, la perspective de séjourner à Londres le réjouissait, flux migratoire ou pas. Restait à franchir l’obstacle de ce foutu tunnel qu’il empruntait pour la première fois. Adamsberg rinça son bol, attrapa sa valise, se demandant quelle sorte de veste et de crav avait choisies pour lui le commandant Danglard. Son voisin, le vieux Lucio, frappait lourdement à la porte vitrée, l’ébranlant de son poing considérable. La guerre d’Espagne avait emporté son bras gauche quand il avait neuf ans, et il semblait que le membre droit avait grossi en conséquence pour concentrer en lui seul la dimension et la force de deux mains. Le visage collé aux carreaux, il appelait Adamsberg du regard, impérieux.

– Amène-toi, marmonna-t-il sur un ton de commandement. Pas moyen qu’elle les sorte, j’ai besoin de ton aide.

Adamsberg posa sa valise au-dehors, dans le petit jardin désordonné qu’il partageait avec le vieil Espagnol.

– Je pars trois jours pour Londres, Lucio. Je t’aiderai à mon retour.

– Trop tard, gronda le vieux.

Et quand Lucio grondait ainsi, sa voix roulant sur les “ r ”, il produisait un bruit si sourd qu’Adamsberg avait l’impression que le son sortait directement de la terre. Adamsberg souleva sa valise, l’esprit déjà projeté vers la gare du Nord.

– Qu’est-ce que tu ne peux pas sortir ? dit-il d’une voix lointaine en verrouillant sa porte.

– La chatte qui vit sous l’appentis. Tu savais qu’elle allait faire ses petits, non ?

– Je ne savais pas qu’il y avait une chatte sous l’appentis, et je m’en fous.

– Alors tu le sais maintenant. Et tu ne vas pas t’en foutre, hombre. Elle n’en a sorti que trois. Un est mort, et deux autres sont encore coincés, j’ai senti les têtes. Moi je pousse en massant et toi, tu extirpes. Gaffe, ne va pas serrer comme une brute quand tu les sors. Un chaton, ça te craque entre les doigts comme un biscuit sec.»

 

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