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A propos de livres...
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26 août 2010

Une affaire conjugale – Éliette Abécassis

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« Ce livre a été chroniqué dans le cadre d’un partenariat avec le site Chroniquesdelarentreelitteraire.com
et dans le cadre de l’organisation du Grand Prix Littéraire du Web Cultura. »

une_affaire_conjugale Albin Michel – août 20110 – 336 pages

Présentation de l'éditeur :
Entre Agathe, parolière de chansons, et Jérôme, dirigeant d'une start-up, c'était le grand amour. Huit ans de mariage et deux jumeaux plus tard, tout a changé : elle écrit de moins en moins, happée par l'éducation des enfants ; il s'absente de plus en plus et la délaisse pour ses maîtresses. Bafouée, rabaissée, Agathe s'interroge : aura-t-elle le courage de demander le divorce ? Commence alors un chassé-croisé entre les époux qui se déchirent jusque devant les enfants, déterminés l'un et l'autre à en obtenir la garde, et, accessoirement, à triompher de l'autre. Agathe aura-t-elle gain de cause ? Pourra-t-elle surmonter la dévastation de son monde et de ses idéaux ? Aura-t-elle droit à une deuxième chance ?
Juste, drôle, émouvant et cinglant, ce roman délibérément ancré dans le monde contemporain, dévoile les dessous du divorce.

Auteur : Normalienne, agrégée de philo, Eliette Abécassis alterne textes intimistes (Mon père, Un heureux événement), thrillers (la trilogie de Qumran), sagas (Sépharade) et essais (Petite métaphysique du meurtre, Le Livre des Passeurs, Le Corset invisible). Elle collabore par ailleurs régulièrement à des journaux (Le Monde des Religions, Le Figaro littéraire, Elle) et travaille pour le cinéma (Kadosh, bientôt Un heureux événement).

Mon avis : (lu en août 2010)
En quatrième de couverture, la phrase qui résume le livre "Pour bien faire les choses, il faudrait commencer par divorcer. Et se marier ensuite".
C’est une histoire de couple assez courante de nos jours. Après huit ans de mariage et la naissance de jumeaux, Agathe découvre que son mari Jérôme ne l’aime plus. Elle commence par le surveiller en fouillant son portable, son ordinateur, ses mails. Convaincue qu’il la trompe, une seule solution : le divorce.
Agathe résume ainsi : « Telle était l’histoire. Si je devais en faire un pitch, je dirais ceci : j’ai rencontré un homme. Je suis tombée amoureuse de lui, nous nous sommes mariés, nous avons eu des enfants. Aujourd’hui, cet homme est devenu mon pire ennemi. »
Nous suivons donc pas à pas le processus du divorce entre ce couple de quarantenaires, c’est un vrai parcours du combattant. On découvre alors le vrai visage de son conjoint, les masques tombent et il faut désormais lutter pour se protéger.
Il y a l’annonce aux enfants, Sacha et Max ont six ans et ils ne comprennent bien ce qui arrive, ils se croient coupables. «J'aurais préféré ne pas savoir. Maintenant je sais. Et la tristesse est dans mon cœur. Et je ne pourrai plus jamais l'enlever de mon cœur.»
Il faut réunir des témoignages auprès des proches, des amis, des connaissances.
Il faut continuer à vivre dans le même appartement tout en faisant la guerre. « La tension était à son comble. Je sortais tous les matins pour accompagner les enfants à l'école avec ma valise. La nuit, je me couchais avec mon ordinateur, mon téléphone, mon agenda, tous les documents nécessaires pour le divorce, ceux que je lui avais pris et les miens, qu'il n'avait pas pu me prendre. Je dormais en chien de fusil, au beau milieu de mes affaires. »
Et la préparation du dossier qui est longue et coûteuse… « L’équipe du divorce était maintenant au complet. J’étais devenue à moi seule une PME qui employait une dizaine de personnes : un avocat, un notaire, un avoué, un expert-comptable, un détective, un coach de divorce et une psychiatre, sans compter les assistants et les secrétaires. J’avais vidé mon compte en banque, mais j’avais quand même fini par réunir toutes les pièces nécessaires à mon dossier. »

Avec ironie, sans aucune concession et avec férocité, Eliette Abécassis décortique et analyse les sentiments et les trahisons des deux protagonistes.
Le livre se lit facilement, j’ai suivi cette prise d’armes entre Agathe et Jérôme avec à la fois sourire, compassion et parfois colère. Il y a un même un certain suspens quand à la conclusion de l’histoire.
Un petit bémol sur le personnage de Jérôme qui est souvent décrit comme « un vrai salaud ».

Extrait : (début du livre)
Il n'y a pas de vol entre époux.
La serrure toute simple, ancienne, ne devait pas poser de problème. Elle avait été lubrifiée, sans doute pour pouvoir être fermée à clef facilement. Avec un rayon de roue, pris sur un vieux vélo, je fis rebondir le crochet, en appliquant une pression régulière sur les goupilles. Je me concentrais sur le geste et non sur l'ouverture. Mes mains étaient correctement positionnées : certaines articulations immobiles, d'autres en mouvement. Pendant que le majeur et l'annulaire fournissaient un point d'appui, l'index manipulait le rayon. Il fallait visualiser la serrure pour en venir à bout. À force de tâtonnements, je commençais à m'en faire une image précise. Je remarquai qu'une seule goupille bloquait l'ouverture des deux plaques. Grâce au crochet, je forçai sur la serrure en poussant sur la plaque du bas.
Tout en maintenant la pression, je consultai ma montre : il ne devait pas revenir avant deux heures. Même s'il ne m'avait jamais fait la surprise de rentrer plus tôt, je redoutais une arrivée intempestive. Les oreilles dressées comme un chien pour entendre la porte d'entrée s'ouvrir, j'étais prête à bondir à la minute même où il surgirait. La serrure semblait de plus en plus réceptive. Je la sentis prête, cette fois, à céder. Je tentais de rester calme. Encore un tout petit effort. Enfin, j'entendis le déclic. La porte s'ouvrit.

Le bureau était dans un désordre indescriptible. Il y régnait une odeur de cendre froide, d’alcool, de haschisch, et un air de fin du monde. Un bric-à-brac encombrait la pièce : ordinateurs de plusieurs générations, scanner, imprimante, chaussettes, caleçons, livres, photos, séries de câbles et de fils, vieux emballages. Partout, des cadavres de bouteilles de bière, des mégots de cigarettes. Je consultai à nouveau ma montre : dix minutes avaient passé. Avec mon Iphone, je pris une photographie de l’ensemble de la pièce, puis d’une série de détails. J’avais préparé un sac en plastique pour collecter les pièces à conviction. A l’aide d’une spatule, j’y fis tomber les miettes de haschisch qui parsemaient son bureau. Puis je m’installai sur son siège, devant l’ordinateur. L’écran affichait la page d’accueil de son profil sur Facebook. Je me mis au travail. Tandis que je cliquais sur la fenêtre des messages reçus, je branchai un disque dur externe pour faire une copie de ses fichiers. L’ordinateur indiqua que l’opération prendrait une heure quarante-sept minutes. Je sentis mes pupilles se dilater et de nouveau la sueur sur mes paumes : j’avais à peine le temps. Je me hâtai. J’ouvris ses tiroirs les uns après les autres, photographiai les papiers administratifs, les relevés bancaires, les feuilles de salaire et les factures. Puis je revins devant l’écran de l’ordinateur pour consulter ses messages.
C’est à cet instant, je crois, que ma vie bascula.

Livre 2/7 pour le Challenge du 1% littéraire 1pourcent2010

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26 août 2010

Desert Pearl Hotel - Pierre Emmanuel Scherrer

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« Ce livre a été chroniqué dans le cadre d’un partenariat avec le site Chroniquesdelarentreelitteraire.com
et dans le cadre de l’organisation du Grand Prix Littéraire du Web Cultura. »

desert_pearl_hotel La Table Ronde – août 2010 – 246 pages

Présentation de l'éditeur :
Pour Pandora Petersen, il n’y aura pas de Noël en famille. Doris, sa mère, vient d’être enterrée. Ellroy, son père et Tom, son frère, ont regagné l’Idaho. Dans son appartement de Los Angeles, transformé en camp retranché, la jeune femme rumine son chagrin jusqu’à ce qu’elle reçoive une lettre de condoléances glissée dans une gerbe de lys — les fleurs préférées de Doris. Son auteur, un certain Gil Sanders, conseille à Pandora de prendre contact avec Rebecca, une amie de sa mère, qui aurait, laisse-t-il entendre, des révélations à lui faire.
Pandora ne supporte pas de se voir dicter sa conduite. Mais elle ne comprend pas non plus pourquoi cette intime de Doris n’est pas venue à l’enterrement, ne s’est même pas manifestée. Elle finit donc par appeler Rebecca Hamilton, qui l’invite à passer quelques jours chez elle, à Santa Fe.
Au volant de sa Honda délabrée, la jeune femme entame un étrange voyage en forme de jeu de piste. Elle progresse entre grands espaces et sentiment de perte, chaos urbain et souvenirs d’enfance. Messages sybillins, rencontres tour à tour inquiétantes et cocasses ponctuent sa route. De motels miteux en snacks déserts, de serveurs taciturnes en pompistes tatoués, d’embouteillages urbains en tempêtes de neige, elle se rapproche, sans le savoir, d’un secret bien gardé.

Auteur : Pierre-Emmanuel Scherrer est né en 1976. Il vit à Toulouse, où il exerce la profession d'avocat. Co-fondateur en 2003 d’Anabase, il part aux États-Unis en 2007 avec son groupe de musique pop pour une traversée d’est en ouest, de New-York à San Francisco. Des chansons naissent de ce voyage, puis Desert Pearl Hotel, son premier roman.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
Pandora vivait seule avec sa mère Doris Petersen à Los Angeles. « Une fois par an, on partait avec la Dodge pour retrouver Ellroy. Ellroy, c'est mon père. Il habite dans l'Idaho. On passait Noël en famille. »

Fin décembre 2008, Pandora Petersen vient de perdre sa mère Doris. Elle est déboussolée par ce deuil, elle commence par rester plusieurs semaines cloîtrée dans son appartement à noyer son chagrin dans du Whiskey Irlandais en évoquant les souvenirs du passé avec Doris.

Un jour, Pandora reçoit un bouquet de lys qui sont les fleurs préférées de Doris avec une lettre de condoléances signé d'un inconnu, Gil Sanders. Celui lui suggère de rencontrer Rebecca Hamilton, une amie de sa mère. Pandora se demande pourquoi cette amie n'est même pas venue à l'enterrement et elle décide de lui téléphoner. Celle-ci l'invite à venir passer quelques jours chez elle. Pandora décide donc de partir vers le Nouveau-Mexique dans sa vieille voiture. Elle ressent que ce voyage seule va l'aider à s'apaiser. « Face aux quatre voies de l'interstate, face au ciel qui s'étale comme un écran vide, il n'y a qu'à lire pour comprendre ce qui déconne dans votre vie. Sentir les heures s'empiler dans sa chair, les lombaires, les tendons du pied sur l'accélérateur, tout ça libère des idées. Il n'y a qu'à lâcher les chiens de la pensée. Fatalement ça vous fait revisiter le passé, et vous vous mettez à imaginer l'avenir avec simplicité. Avaler des miles rend libre. »

Elle commence un long voyage sur les routes américaines de Los Angeles à Santa Fe en passant par l'État de l'Idaho. Comme dans un voyage initiatique, aux gré des rencontres et de ses souvenirs, Pandora va au devant d'un secret que sa mère lui a toujours caché.

Un roman qui se lit facilement, l'auteur utilise des phrases courtes et simples qui décrivent de façon précise les actions et le ressenti de Pandora tout au long de ce voyage qui nous fait traverser les États-Unis. Pandora est un personnage touchant et Pierre-Emmanuel Scherrer sait parfaitement faire monter le suspense jusqu'à la conclusion du livre. Une très belle découverte.

La bande originale du roman est disponible sur : www.desertpearlhotel.com

Livre 1/7 pour le Challenge du 1% littéraire 1pourcent2010

8 août 2010

Les gens - Philippe Labro

Livre lu dans le cadre du partenariat Blog-o-Book et  Folio

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Gallimard – janvier 2009 – 451 pages

Folio – juin 2010 – 413 pages

Quatrième de couverture : Trois destins parallèles s'entrecroisent, trois vies dont le seul point commun est le manque d'amour : Maria, une jeune orpheline californienne d'une beauté rare, Caroline, une Parisienne trentenaire, enfin Marcus Marcus, célébrité de la télévision, mégalo et parano. Autour d'eux, vont graviter toutes sortes de gens : la femme de l'ambassadeur américain en France, une intraitable executive woman, un détective privé, une coach sans scrupule, des loups et des agneaux... Philippe Labro nous offre, de San Francisco jusqu'aux cercles de pouvoir parisien, une ronde étourdissante. Pour dresser de manière drôle, critique et profondément attachante, un portrait captivant de nos contemporains.

Auteur : Philippe Labro, écrivain, cinéaste, journaliste, a publié aux éditions Gallimard Un Américain peu tranquille (1960), Des feux mal éteints (1967), Des bateaux dans la nuit (1982). En 1986, L'étudiant étranger lui vaut le prix Interallié. En1988, Un été dans l'Ouest obtient le prix Gutenberg des lecteurs. Après Le petit garçon en 1991, Philippe Labro publie Quinze ans en 1993, puis, en 1994, Un début à Paris, qui complète le cycle de ses cinq romans d'apprentissage. En 1996 paraît La traversée, un témoignage sur une expérience de mort approchée, suivi en 1997 par Rendez-vous au Colorado. En 1999, Philippe Labro fait parler Manuella. En 2002 paraît Je connais gins de toutes sortes, recueil de portraits revus et corrigés, en 2003, un nouveau témoignage, Tomber sept fois, se relever huit, traitant de la dépression, en 2006, Franz et Clara, un surprenant roman d'amour, et en 2009 Les gens.

 

Mon avis : (lu en août 2010)
Philippe nous raconte trois histoires, celles de trois personnages qui souffrent chacun de solitude affective. Il y a Maria, orpheline et jeune fille au pair dans une riche famille de San Francisco après s'être enfuie de sa famille d'adoption. Il y a Marcus Marcus, animateur vedette de la télévision, à la fois mystérieux. Dans son émission, "Vous qui aimez la gloire", il interviewe les célébrités, les mettant à nu en osant leurs poser toutes questions, même les plus « vachardes ». Et il y a Caroline, assistante de production cinéma, elle a été assez brutalement congédiée par son amant, elle devenue coach auprès de la nouvelle ambassadrice des États-Unis. Ces trois destins vont se croiser, puis se rencontrer.

Un livre qui pourrait être un film de Claude Lelouch... mais qui n'est pas totalement réussi... Le livre est un peu long à démarrer, la psychologie des personnages est très bien analysée, c'est bien écrit, mais je n'ai pas été convaincue, malgré cela je l'ai lu avec plaisir.

Merci à Blog-O-Book et Folio pour ce partenariat, qui m'a fait passé un moment agréable.

Extrait : (page 380)
Les gens, ils s'en moquaient bien, en effet, des minuscules convulsions au sein d'une bulle professionnelle.

Il existe des centaines de milliers d'univers, les myriades de segments les plus divers d'une société dont le degré de civilisation se mesure au nombre de contradictions qu'elle comporte. Ces univers sont séparés, inconnus les uns aux autres, indifférents les uns aux autres. Mais quelque chose les unit, le seul lien commun qui tisse cette carte inimaginable, cette toile arachnéenne aussi bien nationale que mondiale et que domine la peur, comme l'espoir. Tous sont soudés par la puissance de ce qui a révolutionné les mœurs : l'image, et sa transmission immédiate.
Les gens, c'était tout le monde et c'était n'importe qui. Souvent, ils ne savaient plus très bien où ils en étaient, les gens. On leur expliquait que la banquise arctique fondait, que les ours polaires allaient mourir, que des inondations géantes feraient disparaître des îles, puis des villes et peut-être des continents, et que le poumon d'oxygène du monde continuerait d'être déforesté, que l'asphyxie les gagnerait tous un jour, et sinon eux, du moins leurs enfants ou leurs petits-enfants, ou leurs arrière-petits-enfants. Et pourtant, ils continuaient de faire des enfants, les gens. Ils continuaient d'aimer, construire, inventer, créer, soigner, rechercher, enseigner, lutter.

29 juillet 2010

Echo – Ingrid Desjours

Livre lu dans le cadre du Partenariat avec Blog-O-Book et Pocket

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Plon – février 2009 – 310 pages

Pocket – juin 2010 – 347 pages

Quatrième de couverture :
Ils étaient beaux, riches et pervers. Leur émission pulvérisait l'audimat ; les invités en sortaient humiliés, insultés, blacklistés. Petite lucarne et jeux du cirque... Aujourd'hui, les Frères Vaillant ne sont plus. Et la scène de crime n'est pas belle à voir. En arrivant sur les lieux, le commandant Vivier constate l'horreur des mutilations. Les deux pantins semblent figés en un tableau grotesque, d'un effroyable sadisme. Et l'avis de Garance Hermosa, sexo-criminologue au profil incendiaire, confirme ce premier diagnostic. Certes, les jumeaux ne manquaient pas d'ennemis, mais ce degré de violence rituelle laisse deviner un véritable monstre... Pour le démasquer, le flic et l'experte devront se voir en son miroir sans entrer dans son jeu. Car le crime, comme l'écho, se répète...

Auteur : Née en 1976, Ingrid Desjours est psychologue spécialisée en psychocriminologie. Après quelques années de pratique en Belgique, notamment auprès de criminels sexuels (bilan psychologique et thérapie), elle décide d’exercer dans divers pays d'Europe, les fonctions de consultante en formation. Parisienne, elle propose avec Echo, un thriller psychologique novateur, angoissant et fascinant.

Mon avis : (lu en juillet 2010)
Le livre commence par le début d'un journal intime écrit par un enfant de huit ans. Puis nous découvrons le crime sordide de deux frères jumeaux animateurs de télévision dont l'émission pulvérisait l'audimat et qui savaient « casser » leurs invités. L'auteur va alterner des extraits du journal intime qui se prolonge jusqu'à nos jours et l'enquête que mènent conjointement Patrick Vivier, commandant de police, et Garance Hermosa, psychologue spécialisée en sexo-criminologie.
Le personnage de Garance est plutôt spéciale : elle a 25 ans, elle est très féminine, attirante et jolie. Elle est à la fois attachante et parfois froide et antipathique. Elle ne laisse pas indifférente et elle semble cacher un secret. Patrick est un flic de 50 ans, un peu bourru et blasé qui voudrait protéger Garance comme un père pour sa fille. Il est pourtant sous son charme. L'intrigue nous propose de nombreuses pistes et c'est seulement à la fin que l'on découvrira qui est l'auteur de ce journal intime et quel est le lien avec le crime. Pour ma part, je n'ai rien vu venir...

Merci à Blog-O-Book et aux éditions Pocket pour m'avoir permis de découvrir ce livre qui m'a fait passer un très bon moment sur la plage malgré quelques passages assez glauques...

Extrait : (page 17)
Patrick sortit de sa BMW cabossée, et claqua la portière sans prendre le soin de la verrouiller. Personne ne s'aventurerait à voler une telle épave, a fortiori celle d'un flic. L'air glacial de janvier et la pollution de Paris lui piquèrent les yeux. Il avait dormi trois heures, et petit-déjeuné d'un café et d'un cigarillo. Il avait sûrement une haleine de chacal, mais s'en foutait comme de sa première chemise. L'affaire était sérieuse, et l'odeur qui baignait la scène de crime devait être bien pire que celle de sa langue. Il marchait vite et atteignit l'immeuble rapidement. Il gravit les marches moquettées de rouge, deux par deux, jusqu'au cinquième étage, et pesta contre les propriétaires qui n'avaient même pas fait installer l'ascenseur. Les riches étaient souvent les plus radins. Il reprit son souffle sur le palier, frotta ses mains l'une contre l'autre et souffla dessus pour les réchauffer. Il avait perdu ses gants et ignorait s'il devait les chercher dans son tiroir à chaussettes ou bien au commissariat, mais comme ce genre d'investigation n'était pas son fort, il passerait sûrement l'hiver avec les doigts gourds et rougeauds. Il salua les gardiens de la paix postés à l'entrée, appliqua du baume du tigre sous son nez, et pénétra dans l'appartement des frères Vaillant.

Les frères Vaillant étaient les stars incontestées du PAF depuis bientôt cinq ans. Séduisants jumeaux d'une trentaine d'années, ils étaient apparus à l'occasion d'une émission musicale pour adolescents. Leur pugnacité et le ton acerbe sur lequel ils s'adressaient à des célébrités ou autres chanteurs, habitués à tous les égards, avaient fait décoller en moins de deux ans l'audimat de la chaîne. La maison de production leur donna par conséquent carte blanche pour préparer et animer une émission corrosive en prime time.

28 juin 2010

Brèves de Football – Renaud Dély

Livre lu dans le cadre du Partenariat avec Blog-O-Book et François Bourin Éditeur

br_ves_de_football François Bourin Éditeur – mai 2010 – 270 pages

Présentation de l'éditeur :
Les joueurs de foot ne se contentent pas de jongler avec le ballon, ils jonglent aussi avec les mots, malaxent la syntaxe, pétrissent la langue, jouent avec les phrases, maltraitent la grammaire. Du vestiaire au plateau de télévision, du comptoir de bistrot au canapé du salon, les stars du ballon rond, les entraîneurs, les commentateurs et les spécialistes autoproclamés du football multiplient les aphorismes et les mots d'esprit. Passionné par ce sport, Renaud Dély propose ici une anthologie réjouissante de ces brèves étonnantes, drolatiques ou absurdes.

Auteur : Rédacteur en chef de la matinale de France Inter, Renaud Dély a publié de nombreux ouvrages dont Besancenot, l'idiot utile du sarkozysme (2009). Ancien participant à l'émission "On refait le match", il collabore régulièrement à So foot.

Mon avis : (lu en juin 2010)
J'ai reçu ce livre le lendemain de la défaite et l'humiliation des Bleus, c'était tout à fait de circonstance. Ce livre ne se lit pas en continue, mais se feuillette ce sont de petites phrases de footballeurs, d'entraineurs, de journalistes, d'auteurs, cinéastes... avec en dessous de chacune, un commentaire de l'auteur. Un drôle de mélange... Certaines phrases sont justes et très bien vu, d'autres sont drôles ou pitoyables.
Ce livre a été mis en vente juste avant le début de la Coupe du Monde pour surfer avec l'engouement des pro-foot, malgré cela, je l'ai lu avec amusement.
Je regrette qu'il manque souvent le contexte dans lequel chacune des phrases ont été dites.

Merci à Blog-O-Book et François Bourin Éditeur pour la découverte de ce livre.

Quelques extraits :

« Le football est le reflet de notre société. Regardez bien l'expression d'un joueur sur le terrain, c'est sa photographie dans la vie. » Aimé Jacquet

« Le football est un miracle qui a permis à l'Europe de se détester sans se détruire. » Paul Auster

« Il y a toujours quelque chose à retenir d'un médiocre match de football : une talonnade, un tir... On lit un livre raté avec la conviction que le suivant sera meilleur. » Bernard Pivot

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14 juin 2010

Étranger à Berlin – Paul Dowswell

Livre lu dans le cadre du Partenariat spécial Jeunesse
avec
Blog-O-Book et les Éditions Naïve

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Etranger___Berlin___Paul_Dowswell Naïve – août 2009 - 429 pages

traduit de l’anglais par Nathalie Peronny

Présentation de l'éditeur :
Le garçon sortit une boîte d'allumettes pour en craquer une. A la lueur vacillante de la flamme, une porte fermée apparut. La clé était suspendue à côté à un clou, au bout d'un ruban rouge. Il trifouilla quelques secondes dans la serrure, et la porte s'ouvrit. Un courant d'air glacé envahit la contre-allée. Les jeunes franchirent l'ouverture pour se retrouver dans ce qui se révéla être une petite cour sordide baignée par le clair de lune. Des herbes folles poussaient entre les pavés fendus et dans les craquelures des murs en brique. Il y avait des latrines en plein air, plusieurs caisses, trois poubelles remplies à ras bord et une minuscule porte en bois. Quelqu'un actionna la poignée frénétiquement - fermé à clé. Dans leur dos explosaient des cris, des bruits de tables et de chaises fracassées. Les jeunes qui s'étaient laissé piéger au moment de la ruée vers la sortie résistaient en se battant. Des filles hurlaient. " C'est le mur ou rien ", déclara Peter.

Quand ses parents meurent, en 1941, Piotr, jeune garçon polonais, est placé dans un orphelinat à Varsovie. Il est rapidement repéré : sa grande taille, ses cheveux blonds et ses yeux bleus font de lui un modèle accompli du type aryen prôné par Hitler...
Un haut dignitaire nazi souhaite l'adopter : Piotr, rebaptisé Peter, est accueilli dans sa nouvelle famille à Berlin. Mais Peter sent bien que pour les autres, il reste un étranger. Tous ses efforts tendent à convaincre son entourage du contraire, quitte à faire parfois quelques compromis ... C'est alors qu'il rencontre Lena... et qu'il découvre grâce à elle le vrai visage du nazisme. Il est temps pour lui de choisir son camp. Et de prendre des risques...

Un roman d'aventures qui pose la délicate question de l'engagement.

Auteur : D’abord chercheur, puis éditeur, Paul Dowswell est l’auteur d’une cinquantaine de livres, dont certains sont traduits dans le monde entier. Deux de ses livres ont figuré sur les listes finales des sélections du Blue Peter Book Award, célèbre prix consacré à la littérature jeunesse.

Mon avis : (lu en mai 2010)
Ce livre est un superbe roman destiné aussi bien aux adolescents (à partir de 14 ans) qu'aux adultes. Il a été construit autour de faits historiques, l'auteur nous plonge au cœur du Reich de 1941 à 1943.
En 1941, Piotr est un jeune orphelin polonais de 13 ans. Il est de type aryen « On dirait le gamin de l'affiche de la Hitlerjugend ». Rebaptisé Peter, il va être adopté par un couple de Berlin, les Kaltenbach, qui ont également trois filles. Au début, il est content d'avoir une belle chambre et d'être bien nourri, il va tout faire pour oublier lui-même et aux autres ses origines polonaises. Il entre chez les Hitlerjugend mais il garde cependant son esprit critique et peu à peu il réalise l'absurdité et la cruauté du national-socialisme. Il découvre également la réalité du travail du professeur Kaltenbach à l'Institut scientifique.
Peter va rencontrer Lena et tomber amoureux, sa famille est appréciée et respectée par le Parti, mais ce n'est qu'une apparence car ce sont des opposants qui viennent en aide à des familles juives qui se cachent. Peter va choisir son camp et sa guerre.

Piotr ou Peter est un personnage très attachant, son parcours est original et malgré son jeune âge il ne va pas subir les évènements mais il aura une vrai prise de conscience sur la réalité du régime hitlérien.

L'histoire est passionnante et captivante, nous découvrons l'Allemagne de l'intérieur, l'endoctrinement des jeunes, les menaces d'être dénoncé à la Gestapo pour des faits anodins, mais aussi la résistance interne : l'existence de caves secrètes où l'on écoute du jazz mais aussi ceux qui prennent le risque d'aider des familles juives à se cacher...

Ce livre est un superbe roman historique à lire et à faire lire.

Avis du Fiston (15 ans) : Même si le sujet du livre n'est pas facile, il se lit assez facilement. Dès le début, j'ai été pris par l'histoire de Peter. J'ai beaucoup apprécié de suivre la vie de tous les jours et les activités d'un garçon de mon âge dans le contexte historique de la Seconde Guerre Mondiale côté allemand. Ce livre m'a appris beaucoup de choses sur la guerre de 1939-1945 que je n'avais jamais vu en cours d'Histoire.

Merci à Blog-O-Book et aux Éditions Naïve pour nous avoir permis de découvrir ce remarquable roman dans le cadre de ce Partenariat spécial Jeunesse.

Extrait : (début du livre)
Varsovie
2 août 1941
Piotr Bruck grelottait en attendant son tour avec une vingtaine d'autres garçons dénudés dans le long couloir exposé aux courants d'air. Il avait maladroitement roulé ses vêtements en boule et les pressait contre sa poitrine pour se tenir chaud. Le ciel était couvert, en cette journée d'été, et la pluie tombait sans discontinuer depuis le petit matin. Le jeune garçon maigre qui se tenait juste devant lui avait la chair de poule jusqu'aux épaules. Lui aussi tremblait, de froid ou de peur. A l'extrémité de la file d'attente se trouvaient deux hommes en blouse blanche assis à une table. Ils examinaient brièvement chacun des garçons à l'aide d'instruments étranges. Certains étaient ensuite envoyés vers une pièce située à gauche de la table. D'autres, sans plus d'explications, étaient dirigés vers la porte de droite.
Piotr, comme le reste du groupe, avait reçu l'ordre de se taire et de ne pas regarder autour de lui. Il s'efforçait donc de garder les yeux rivés droit devant. La peur qui l'habitait était si forte qu'il se sentait presque détaché de son propre corps. Le moindre mouvement lui semblait foncé, artificiel. Le seul détail qui le ramenait à la réalité était sa vessie douloureuse. Piotr savait qu'il était inutile de demander la permission d'aller aux toilettes. Quand les soldats avaient débarqué à l'orphelinat pour arracher les garçons de leurs lits et les entasser dans une camionnette, il leur avait déjà demandé. Mais cela lui avait uniquement valu une gifle au-dessus de l'oreille pour avoir osé parler sans autorisation.

Ces hommes étaient déjà passés une première fois à l'orphelinat deux semaines auparavant. Depuis, ils étaient revenus souvent. Ils emmenaient parfois des garçons, parfois des filles. Dans le dortoir surpeuplé de Piotr, certains se réjouissaient de ces départs à répétition. « Ça nous laisse plus à manger, plus de place pour dormir, où est le problème ? » avait déclaré l'un de ses voisins de lit. Seuls quelques-uns en revenaient chaque fois. Les rares qui acceptaient de parler révélaient du bout des lèvres qu'on les avait mesurés et pris en photo.

Un peu plus loin, au fond du couloir, se tenait un petit groupe de soldats en uniforme noir – celui orné d'insignes en forme d'éclairs au niveau du col. Certains avaient des chiens, de féroces bergers allemands tirant avec nervosité sur les chaînes qui leur servaient de laisses. Piotr avait déjà vu des hommes de ce genre. Ils étaient venus dans son village pendant les combats. Lui-même avait vu de ses yeux de quoi ils étaient capables.

Un autre homme les observait. Il portait le même insigne en forme d'éclair que les soldats, mais épinglé à la poche-poitrine de sa blouse blanche. Il se tenait juste devant Piotr, grand, impressionnant, les mains derrière le dos, à superviser l'étrange procédure. Au bout d'un moment, il se retourna et Piotr vit qu'il était équipé d'un petit fouet d'équitation. Ses cheveux sombres et raides lui retombaient mollement sur le sommet du crâne, mais il était rasé sur les côtés, à l'allemande, sept ou huit bons centimètres au-dessus des oreilles.

A mesure que les garçons défilaient, il les observait derrière ses lunettes cerclées de noir et marquait son refus ou son approbation d'un simple signe de tête. La plupart des candidats étaient blonds, comme Piotr, mais certains avaient les cheveux légèrement plus foncés.

6 juin 2010

Le Louvre pour les nuls - Daniel Soulié

Lu dans le cadre de babelio_masse_critique

le_louvre_pour_les_nuls Illustrations de Marc Chalvin

Editions First / Musée du Louvre – avril 2010 – 440 pages

Présentation de l'éditeur :
Fleuron du patrimoine français, le Louvre a de multiples facettes. Monument historique, ses murs ont vu défiler les souverains les plus puissants de leur temps, et ses salles ont été témoins d'événements qui ont marqué l'histoire de France. Musée, il dispose d'un ensemble de chefs-d’œuvre sans égal, et son public toujours plus nombreux devrait dépasser les 10 millions de visiteurs annuels dans un avenir proche. Institution et centre de recherche, le Louvre est aussi une immense ruche où s'affairent chaque jour plus de 2000 personnes : conservateurs et agents de surveillance, électriciens et conférenciers, doreurs et marbriers, et même pompiers et garçons de café ! C'est ce Louvre connu ou insolite, mille fois vu et jamais épuisé, que ce livre vous invite à découvrir. Le Louvre de l'histoire, le Louvre des oeuvres d'art et le Louvre des hommes, ces trois ingrédients qui, mêlés, en font un extraordinaire lieu de rendez-vous pour les savants, les amateurs et les curieux du monde entier.

Auteur : Daniel Soucié est archéologue et historien d'art de formation; il a participé à plusieurs campagnes de fouilles en Egypte avant d'entrer en 1988 au musée du Louvre. Il a assuré la programmation des activités proposées aux visiteurs jusqu'en 2008. Il est aujourd'hui responsable de médiation pour les salles du nouveau département des Arts de l'Islam et pour la section des Trois Antiques.

Mon avis : (lu en juin 2010)

Ce livre est une coédition avec le Musée du Louvre, il très complet que j'ai pris beaucoup d'intérêt à feuilleter et à découvrir.

L'introduction nous présente les différentes parties du livre et nous propose des pistes pour découvrir le Louvre :
Le Louvre est un lieu historique et abrite d'importante collections et de nombreux chefs-d’œuvre.
On va découvrir le Louvre à travers les âges. Puis le livre nous présente le musée et ses collections à travers ses 8 départements, avec en fin de chaque chapitre «les œuvres à ne pas manquer» et autre découverte, le Louvre aujourd'hui.
Puis vient un chapitre présent dans chacun des livres de la collection « pour les nuls » « La partie des Dix » où l'on aborde le Louvre de trois manières : à travers 10 personnages et évènements associés au palais et au musée du Louvre, à travers 10 œuvres incontournables et à travers 10 lieux ou activités du Louvre.
Il y a également 40 reproductions en couleur de chefs-d’œuvre et du Louvre, des anecdotes signalées par un pictogramme et en annexes, une chronologie, une bibliographie et des index des personnes, des lieux, des œuvres.
Je ne l'ai pas lu ce livre comme je lis un roman, j'ai lu de longs passages piochés au hasard où à partir de la table des matières très détaillée. Et maintenant, j'ai très envie d'aller faire un long tour au Musée du Louvre !

Un très grand merci à Babelio pour m'avoir permis de découvrir ce beau livre lors de l'opération Masse Critique.

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5 juin 2010

Prodigieuses créatures - Tracy Chevalier

Livre lu dans le cadre du Partenariat  Blog-O-Book et Quai Voltaire /La Table Ronde

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prodigieuses_cr_atures Éditions de la Table Ronde – mai 2010 – 377 pages

traduit par Anouk Neuhoff

Présentation de l'éditeur :
"La foudre m'a frappée toute ma vie. Mais une seule fois pour de vrai" Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces "prodigieuses créatures" dont l'existence remet en question toutes les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille issue d'un milieu modeste se heurte aux préjugés de la communauté scientifique, exclusivement composée d'hommes, qui la cantonne dans un rôle de figuration. Mary Anning trouve heureusement en Elizabeth Philpot une alliée inattendue. Celte vieille fille intelligente et acerbe, fascinée par les fossiles, l'accompagne dans ses explorations. Si leur amitié se double peu à peu d'une rivalité, elle reste, face à l'hostilité générale, leur meilleure arme. Avec une finesse qui rappelle fane Austen, Tracy Chevalier raconte, dans Prodigieuses Créatures, l'histoire d'une femme qui, bravant sa condition et sa classe sociale, fait l'une des plus grandes découvertes du XIXe siècle.

Auteur : Née à Washington en 1962, après des études dans l'Ohio, Tracy Chevalier part en 1984 à Londres pour un séjour de six mois. Amoureuse des livres, elle reste finalement en Angleterre, y fonde une famille et commence à travailler dans l'édition. Pourtant, le virus de l'écriture, déjà côtoyé durant ses études, la rattrape. Après quelques cours d'écriture, Tracy voit ses écrits publiés dans le magazine Fiction, avant que son premier roman, 'La Jeune fille à la perle', ne lui apporte en 1998 un grand succès sur ses terres d'adoption. Confirmation dès lors que ses ouvrages se diffusent à grand échelle. Tracy Chevalier enchaîne, au début des années 2000, avec 'Le Récital des anges', 'La Dame à la licorne' puis 'La Vierge en bleu', et rencontre à chaque fois son public. Elle revient dans les librairies en 2007 avec 'L'Innocence'. Désormais, la sortie de chaque nouveau livre de Tracy Chevalier est un événement.

Mon avis : (lu en juin 2010)
Un superbe roman à deux voix inspiré de l'histoire vraie de deux femmes du XIXe siècle Mary Anning et d’Elizabeth Philpot, elles étaient toutes les deux passionnées par les fossiles. Tout oppose Elisabeth Philpot et Mary Anning, leur milieu social, leur éducation, elles vont pourtant ensemble se passionner pour les "curios", ces prodigieuses créatures et découvrir les premiers fossiles le long des falaises du Dorset.
Mary est issue de la classe ouvrière, elle n'avait que 11 ans lorsqu'elle a découvert son premier ichthyosaure, un reptile marin vieux de 200 millions d'années qui ressemblait à un crocodile. Elle connait mieux que la plupart des scientifiques les fossiles et sans le savoir, ses découvertes vont bousculer les théories de la création.
Elizabeth Philpot est une vieille fille de la classe moyenne, elle a presque 20 ans et plus que Mary. Elle est originaire de Londres, elle a aussi une passion pour les fossiles, en particulier les poissons fossiles. Le lecteur les suit l'une et l'autre au rythme des marées dans cette quête aux poissons fossiles pour l'une et aux « créatures » pour l'autre.

En alternance, le lecteur lit le récit de Miss Philpot et celui de Mary Anning. On découvre une belle et véritable histoire d’amitié entre deux femmes, mais aussi la condition des femmes au XIXe siècle en particulier des célibataires ainsi qu'une communauté scientifique qui refuse de prendre au sérieux les femmes et qui minimise leurs découvertes. J'ai été touchée par ces deux héroïnes si sympathiques, passionnées et fortes face aux conventions de l'époque. Tracy Chevalier a su parfaitement décrire l'atmosphère des plages et des paysages du Dorset. A tout moment, je me suis imaginée accompagner Mary et Elizabeth dans leurs longues promenades sur la plage, le long des falaises. L'histoire est captivante et pleine d'émotions, ce livre est un vrai coup de cœur pour moi !

Un très Grand Merci à Blog-O-Book et Quai Voltaire / Éditions de La Table Ronde pour cette très belle découverte.

Pour en savoir plus sur Mary Anning (en français) et sur Elizabeth Philpot (en anglais)

 

Extrait : (page 15)
Mary Anning en impose par ses yeux. Ce détail m'a semblé évident dès notre première rencontre, quand elle n'était qu'une fillette. Ses yeux sont marron comme des boutons, et brillants, et elle a cette manie des chasseurs de fossiles de toujours chercher quelque chose, même dans la rue ou à l'intérieur d'une maison, où il n'y a aucune chance de trouver quoi que ce soit d'intéressant. Cette particularité la fait paraître pleine d'énergie, même lorsqu'elle reste sans bouger. Mes sœurs m'ont dit que moi aussi je jetais des coups d'œil alentour au lieu d'arborer un regard impassible, mais dans leur bouche ce n'est pas un compliment, tandis que dans la mienne, envers Mary, c'en est un.

J'ai remarqué depuis longtemps que les gens ont tendance à en imposer par un trait particulier, une partie du visage ou du corps. Mon frère John, par exemple, en impose par ses sourcils. Non seulement ils forment des touffes proéminentes au-dessus de ses yeux, mais ils constituent la partie la plus mobile de son visage, traduisant le cours de ses pensées tandis que son front se creuse ou bien se lisse. Il est le puîné des cinq enfants Philpot, et le seul fils, ce qui lui a donné la charge de quatre sœurs à la mort de nos parents. Une telle situation animerait les sourcils de n'importe qui, même si enfant, déjà, il était sérieux.

Ma plus jeune sœur, Margaret, en impose par ses mains. Bien que petites, elles ont, proportionnellement, des doigts longs et élégants, et de nous toutes c'est celle qui joue le mieux du piano. Elle est encline à onduler des mains en dansant, et quand elle dort elle étire ses bras au-dessus de sa tête, même lorsqu'il fait froid dans la chambre.

Frances a été la seule sœur Philpot à se marier, et elle en impose par sa poitrine, ceci, je suppose, expliquant cela. Nous, les sœurs Philpot, ne sommes pas connues pour notre beauté. Nous avons une charpente anguleuse et des traits accusés. De plus, la fortune familiale s'est avérée tout juste suffisante pour qu'une seule d'entre nous puisse se marier sans trop de difficultés, et Frances a remporté la course, quittant Red Lion Square pour devenir la femme d'un négociant de l'Essex.

Les personnes que j'ai toujours le plus admirées sont celles qui en imposent par leurs yeux, comme Mary Anning, car elles semblent plus à même de comprendre le monde et ses rouages. C'est par conséquent avec Louise, ma sœur aînée, que je m'entends le mieux. Elle a des yeux gris, comme tous les Philpot, et elle parle peu, mais quand son regard se fixe sur vous, vous y prêtez forcément attention.

J'ai toujours rêvé d'en imposer par mes yeux moi aussi, mais je n'ai pas eu cette chance. J'ai une mâchoire saillante, et quand je serre les dents - plus souvent qu'à mon tour, tant le monde m'indispose -, elle se crispe et s'aiguise comme la lame d'une hache. Lors d'un bal, j'ai surpris un soupirant potentiel à dire qu'il n'osait pas m'inviter à danser de peur de se couper contre ma joue. Je ne me suis jamais véritablement remise de cette observation. On ne s'étonnera pas que je sois une vieille fille, et que je danse si rarement.

J'aurais bien aimé passer de la mâchoire aux yeux, mais j'ai constaté que les gens ne changent pas de trait dominant plus qu'ils ne peuvent modifier leur caractère. Je dois donc m'accommoder de cette forte mâchoire qui rebute tant les gens, taillée dans la pierre comme les fossiles que je ramasse. Du moins le croyais-je.

J'ai rencontré Mary Anning à Lyme Regis, où elle a vécu toute sa vie. Je ne m'attendais certes pas à habiter cette ville. En effet, nous les Philpot avions grandi à Londres, en particulier à Red Lion Square. Si j'avais entendu parler de Lyme - comme on entend parler des stations balnéaires lorsqu'elles deviennent à la mode... -, nous n'y étions jamais allés. Durant l'été, nous nous rendions en général dans des villes du Sussex comme Brighton ou Hastings. Du vivant de notre mère, nous allions sur la côte aussi bien pour l'air pur que pour les baignades, car elle souscrivait aux vues du Dr Richard Russell, qui avait écrit une thèse sur les bienfaits de l'eau iodée : elle était vivifiante quand on s'y baignait et purgative quand on la buvait. Si je refusais d'en ingurgiter, j'acceptais cependant d'y nager. Je me sentais chez moi au bord de la mer, et pourtant je n'avais jamais imaginé que cela deviendrait un jour une réalité.

 

 

16 mai 2010

Par un matin d’automne – Robert Goddard

Livre lu dans le cadre d'un partenariat  Blog-O-Book et Sonatine

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Belfond – janvier 1996

Sonatine – mai 2010 – 454 pages

traduit de l'anglais par Marie-José Astre-Démoulin

Quatrième de couverture :
« Je suis tombé sur cet écrivain par le plus grand des hasards. J’ai lu Par un matin d’automne
, et j’ai tout de suite enchaîné sept autres livres du même auteur. Les romans qui vous tiennent éveillé jusqu’au petit jour sont denrée rare. Il me reste quelques Robert Goddard à lire, je vais essayer, si j’y arrive, de prendre mon temps, le plaisir qu’on y trouve est trop jubilatoire pour être gaspillé d’un seul coup. On est emporté par les rebondissements. Dans un style parfait Goddard vous manipule d’une main de maître. » Stephen King
Entre Un long dimanche de fiançailles et Les Âmes grises, un thriller passionnant dans la tourmente de la Première Guerre mondiale

Fin des années 1990. Leonora Galloway entreprend un voyage en France avec sa fille. Toutes deux ont décidé d’aller à Thiepval, près d’Amiens, au mémorial franco-britannique des soldats décédés durant la bataille de la Somme. Le père de Leonora est tombé au combat durant la Première Guerre mondiale, mais la date de sa mort gravée sur les murs du mémorial, le 30 avril 1916, pose problème. Leonora est en effet née près d’un an plus tard.
Ce qu’on pourrait prendre pour un banal adultère de temps de guerre cache en fait une étrange histoire, faite de secrets de famille sur lesquels plane l’ombre d’un meurtre jamais résolu et où chaque mystère en dissimule un autre. Le lecteur est alors transporté en 1914 dans une grande demeure anglaise où va se jouer un drame dont les répercussions marqueront trois générations.
Dans ce livre envoûtant à l’épaisseur romanesque exceptionnelle, Robert Goddard allie le cadre et l’atmosphère des plus grands romans anglais, ceux d’Elizabeth George ou de Ruth Rendell, à un sens du suspense et de la réalité historique remarquables.

« L’un des meilleurs romans qu’on ait lu depuis très longtemps » The Washington Post

Auteur : Robert Goddard vit dans les Cornouailles. Il publie un livre tous les ans depuis 1986. Longtemps souterraine, son œuvre vient d’être redécouverte en Angleterre et aux États-Unis, où elle connaît un succès sans précédent.

Mon avis : (lu en mai 2010)
Ce livre a été écrit en 1988, il a été traduit en français et édité une première fois en 1996. Il est réédité en 2010 aux Éditions Sonatine.
C'est une histoire en trois parties sur fond de Première Guerre Mondiale.
Dès le début du prologue, l'auteur nous annonce le fond du livre : « Aujourd'hui, en ce bout du monde, une page va être tournée sur un rêve, un secret va être dévoilé ». Leonora Galloway, soixante-dix ans, a choisi de se rendre avec sa fille Penelope, trente-cinq ans, dans la Somme, là où se dresse le Mémorial britannique de Thiepval pour lui raconter son histoire. Une histoire que Leonora a mis toute une vie à découvrir.
Dans la première partie, Leonora Galloway revient sur son enfance, elle a été élevée par son grand-père et sa femme Olivia et elle sait peu de choses sur ses parents. Elle sait très tôt qu'ils sont morts tous les deux, son père est mort à la guerre, sa mère est morte peu de temps après sa naissance. Mais le sujet est tabou, ses nombreuses questions restent sans réponse.
La seconde partie, se situe en 1953, le narrateur est Flanklin, un ami du père de Leonora qui réapparait après la mort d'Olivia. Il raconte à Leonora ce qu'il s'est passé durant l'été 1916, à Meongate. Cette partie commence comme un Agatha Christie, avec un meurtre, puis un suicide et peu à peu après de multiples rebondissements nous découvrons certains secrets de la famille. Il reste encore des questions en suspend, la troisième partie va permettre à Leonora de comprendre les derniers secrets de cette histoire de famille et les révéler au lecteur.

Ce livre est passionnant, je l'ai littéralement dévoré... L'écriture est très belle, l' histoire est riche, pleine rebondissements, les personnages sont multiples et très intéressants : beaucoup sont attachants, quelques uns odieux.

Un grand merci à Blog-O-Book et aux Éditions Sonatine pour cette très belle découverte.

Extrait : (page 21)
Les souvenirs d'enfance suivent une logique complexe qui leur est propre et échappe à toute règle. Impossible de les faire se conformer à la version que l'on voudrait leur imposer. Ainsi, je pourrais dire que la richesse qui entoura mon enfance remplaça aisément le sourire de ma mère, que la beauté de la demeure où Lord et Lady Powerstock m'hébergèrent me fit oublier que j'étais une orpheline... Si je le prétendais, chaque souvenir de mes jeunes années viendrait me contredire.
Meongate avait été, dans le passé, la maison bourdonnante de bruits et de rires de l'insouciante famille Hallows. Tout l'art du bien-être dans les pièces spacieuses et le parc paysager, tous les présents de la nature dans les collines douces du Hampshire et les pâtures de la vallée du Meon semblaient réunis pour former le cadre de vie idéal d'un petit enfant.
Pourtant, cela n'était pas suffisant. Tandis que je grandissais à Meongate, au début des années 1920, sa splendeur était depuis longtemps ternie. De nombreuses chambres avaient été condamnées, une partie de son parc mise en fermage. Et les gens gais que j'imaginais se promenant sur les pelouses aujourd'hui désertes ou dans les pièces désormais vides avaient disparu dans un passé hors de ma portée.
Je grandis en sachant que mes parents étaient morts tous les deux, mon père tué dans la Somme, ma mère emportée par une pneumonie quelques jours après ma naissance. On ne me le cachait pas. Au contraire, on me rappelait souvent ces tristes évènements, sans perdre une occasion de me faire comprendre que j'étais responsable de l'ombre qui planait sur leur mémoire. Les raisons de ma culpabilité m'échappaient et j'ignorais si le silence qui régnait autour de la mort de mes parents était dû au chagrin ou à quelque chose de pire. Je n'avais qu'une triste certitude : je n'étais pas la bienvenue à Meongate, je n'y étais pas aimée.

Livre lu dans le cadre d'un partenariat logo_bob_partenariat  et sonatine

15 mai 2010

Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements... - Macha Makeieff et Stéphane Goudet

Livre lu en partenariat avec les Éditions Naïve

Jacques_Tati Éditions Naïve - avril 2009 – 304 pages

Mot de l'éditeur :
Sous la direction de Macha Makeïeff et Stéphane Goudet, des artistes de différents horizons témoignent de leur attachement à l’œuvre de Jacques Tati ( Pierre Étaix, David Lynch, Olivier Assayas, Jean-Claude Carrière, Sempé, Philippe Delerm, Jean-Philippe Toussaint…). Si le livre reproduit les objets, souvenirs, photogrammes des films rassemblés dans l’exposition que la Cinémathèque française consacre au cinéaste, il est, au-delà d’un catalogue, une création graphique, un objet ludique qui réussit à restituer l’esprit et la fantaisie si singulière de Tati.

Auteurs :
Née à Marseille en 1953, fondatrice, avec son acolyte Jérôme Deschamps, de la Compagnie Deschamps, Macha Makeïeff est une artiste complète, auteur, metteur en scène mais aussi costumière et décoratrice. Formée au Conservatoire d'art dramatique de Marseille, puis à la Sorbonne où elle étudie l'histoire de l'art, elle choisit la voie de la mise en scène grâce à sa rencontre avec Jérôme Deschamps au début des années 1970. La communion de leurs esprits est évidente et fait naître une langue nouvelle, celle des Deschiens. Intarissable, elle monte pièce sur pièce - plus de vingt-cinq pièces en moins de trente ans -, souvent présentées dans le cadre du Festival d'Avignon (' En avant', 'Les Petits Pas', 'Les Pieds dans l'eau') et jouées sur des scènes renommées. Ainsi 'Les Etourdis' est représentée au théâtre national de Chaillot tandis que 'L' Affaire de la rue de Lourcine' plante son décor sur la scène de l'Odéon. Makeïeff théorise son approche du théâtre et publie des essais comme 'Poétique du désastre' sorti en 1998. Multipliant les projets, l'artiste se plonge avec son complice dans la réalisation cinématographique avec 'Tam Tam', 'C' est dimanche' ou le film d'animation 'La Véritable Histoire du Chat Botté', sorti en 2009. Son travail investit également galeries et musées : l'exposition 'Le Grand Ordinaire et le petit ménager' qui se tient à la Villette dans la Grande Halle, en 1992, est suivie de 'Vestiaire et défilé' à la Fondation Cartier. Directrice du théâtre de Nîmes de 2002 à 2008, Macha Makeïeff s'investit de manière totale dans son art jusqu'à créer une véritable identité visuelle, décrite dans l'ouvrage 'Bréviaire pour une fin de siècle'. En 2009, elle est la co-commissaire et scénographe de l'exposition “Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements” à la Cinémathèque.

Stéphane Goudet est un exploitant, critique de cinéma et universitaire français. Il est directeur du cinéma Le Méliès à Montreuil depuis 2002. Il a participé en tant que critique à la revue Positif. Il est enfin maître de conférences en cinéma à l'Université Paris I et est auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma et notamment Jacques Tati, sur lequel il a écrit une thèse en 2000. Il est membre du « Club des 13 ».

Jacques Tatischeff :
Né à Le Pecq le 09 octobre 1908, d'un père russe et d'une mère française, il commence son observation du monde extérieur dès l'école. Amateur de sport, il pratique la boxe et le rugby et se produit à ses débuts dans des cabarets et des music-halls. A partir de 1936, il travaille pour le cinéma en scénarisant et en jouant dans des courts métrages. En 1947, il remplace le réalisateur René Clément sur 'L' Ecole des facteurs'. Véritable pied à l'étrier, ce film lui permet de tourner et de produire 'Jour de fête' (1947) qui remporte le prix de la Mise en scène à la Biennale de Venise deux ans après sa sortie. Tati entame alors un combat contre une société moderne qui fait d'une déshumanisation inhérente le lot de chacun. Il crée pour cela un personnage burlesque et rêveur : Hulot. Il sera le personnage principal des 'Vacances de monsieur Hulot' (1952), 'Mon oncle' (1958), 'Playtime' (1968) et 'Trafic' (1971). Malheureusement, l'échec financier de 'Playtime' mine ses dernières productions. Ses œuvres seront néanmoins récompensées par un césar d'honneur en 1977. Il est décédé à Paris le 04 novembre 1982.

Mon avis : (lu en mai 2010)

J'ai eu la chance de voir avec mon fils, l'Exposition “Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements” qui a eu lieu du 8 avril au 2 août 2009 à la Cinémathèque Française.

Ce livre est non seulement le catalogue de l'exposition mais aussi une mine de renseignements sur Jacques Tati et son œuvre. Dès la réception de ce livre, j'ai commencé à le feuilleter, à retrouver ce que j'avais vu à l'exposition mais à découvrir également beaucoup d'autres images... puis mon fils m'a emprunté le livre et il est devenu son livre de chevet pendant plus d'une semaine !

Jacques Tati évoque pour moi mon enfance, en effet mon père aimait beaucoup ses films et me les a fait découvrir. Avant de nous emmener voir les films de Jacques Tati au cinéma, mon père nous les racontait et nous mimait la partie de tennis, les Arpel enfermés dans leur garage à cause de leur petit chien... Et lorsque que nous allions en famille au cinéma, nous restions deux séances de suite pour mieux apprécier le film et ne rater aucun des gags !

Ce livre est constitué d'une première partie avec des notes et des croquis faits lors de la conception de l'exposition, dans la deuxième partie, on retrouve beaucoup d'images vues à l'exposition en 15 sensations (ou chapitres) décrivant le monde de Jacques Tati et en troisième partie, il y a des témoignages d'artistes variés sur Jacques Tati. Des auteurs, des architectes, des cinéastres et certaines personnes qui ont travaillé avec lui nous raconte des anecdoctes ou comment ils ressentent le cinéma de Jacques Tati.

Presque un an après l'Exposition “Jacques Tati : Deux temps, trois mouvements”, j'ai eu beaucoup de plaisir à revivre les émotions que j'avais eu lors de ma visite. Et nous avons pu partager ce que nous avions vu avec le reste de la famille.

Un grand Merci à Camille et aux Éditions Naïve de m'avoir permis de découvrir ce très Beau Livre.

Avis de P'tit Aproposdelivres2 (15 ans) :
Ce livre est très amusant et très complet, on y retrouve bien l'expo. Il est plein de petits détails et de photos. On découvre également Tati vu par d'autres (des auteurs, des cinéastes et des architectes). J'ai trouvé cela très intéressant et j'ai beaucoup aimé ce livre.

Extrait : (début du livre)
Le monde selon Tati
Serge Toubiana

Ceux qui évoquent le cinéma de Jacques Tati, parce qu'ils ont connu ou approché de près le cinéaste, ou parce qu'ils connaissent parfaitement son œuvre, parlent de sa manière de travailler, de son obsession à trouver et mettre en scène des gags visuels toujours ancrés dans la vie quotidienne. Donc, le travail, le travail, toujours le travail. Tati a passé sa vie à travailler. Mais le résultat de son travail est tout le contraire : la fête (Jour de fête, son premier long métrage), les vacances (Les Vacances de monsieur Hulot), la famille sous l'angle le plus fantaisiste (Mon Oncle), les jeux de quiproquo et le déséquilibre à l'échelle d'une ville, voire du monde: Play Time. Et ainsi de suite avec Trafic et Parade. Sur l'écran le monde défile et parade, tandis que derrière Tati est au travail. Cet homme a travaillé à nous (spectateurs) rendre fainéants, à nous faire aimer par-dessus tout la vie buissonnière. Rien que pour cela, il a droit à notre estime et à notre admiration éternelles.

L'autre idée qui me vient à l'esprit c'est que Tati a filmé quelque chose d'essentiel au cours du XXe siècle : il a filmé la campagne, la vie à la campagne (période Jour de fête), puis il a filmé la vie pavillonnaire (Mon Oncle), l'aspiration au confort petit-bourgeois de l'après-guerre et la découverte du formica, et il a surtout filmé et capté de manière ultrasensible, tel un sismographe de génie, le passage de la campagne à la ville, cette grande transhumance des hommes et des objets, d'un monde ancien vers un monde moderne. Le vélo du facteur a laissé place à la voiture et aux ennuis qu'inéluctablement elle génère, les encombrements. Tout est bouleversé, les gestes et les parcours, les ambiances et les costumes. Et bien sûr l'architecture. La villa Arpel de Mon Oncle a laissé place aux buildings ultramodernes de Play Time, génial film d'anticipation. À eux seuls les mots n'arrivent pas à décrire cette mutation.

C'est la raison pour laquelle les films de Tati ne parlent pas. Ils sont. Ils bruitent. Ils observent. Et ils fixent du regard, d'un regard précis et entomologiste, le monde des humains fait de un plus un plus un, dans ses affolements et ses paniques, devant les inéluctables transformations de la vie matérielle. Monsieur Hulot est un homme parmi les hommes. Mais il est aussi la quintessence de l'homme: maladroit, désarticulé, mutique, lunaire, gentil (mais en est-on certain ?), guère sexué. L'Homme au cours du XXe siècle a changé : Tati en a saisi les étapes et les mutations.

Cette multitude de «légers décalages» dont parle le génial Sempé constitue l'univers graphique et plastique de Jacques Tati. Tout part du dessin, de la forme, avant de s'incarner. Le geste premier est abstrait, puis prend de la chair et s'évertue à saisir le mouvement. Il y a de la pensée, à tous les stades de l'élaboration de l'œuvre, car Tati est un cinéaste intelligent et conceptuel. Avec Tati nous en sommes toujours, ou nous y revenons, à l'art primitif du cinématographe. Plus exactement: passage par l'art forain, le cirque, la scène, puis la mise en scène. En six films, Tati fait œuvre. Son œuvre. Elle est unique et généreuse. Matricielle. Elle scintille de mille feux avec un fond de mélancolie, de tristesse russe. Comment ne pas aimer Tati ? Cet amour se transmet de génération en génération. Tati c'est notre oncle à nous, celui qu'on n'a pas eu : l'excentrique de la famille.

Lorsque Macha Makeïeff et Stéphane Goudet sont venus me voir il y a deux ans pour me parler d'une exposition consacrée à Tati, j'ai dit oui dans la seconde. Exposer Tati à la Cinémathèque française relève de l'évidence. Encore faut-il faire preuve d'imagination. Avec Macha Makeïeff je me sens rassuré. Le monde selon Tati, je sais qu'elle le connaît et qu'elle saura nous le faire re-connaître et re-voir. Un monde de féerie, de poésie et d'humour. Un monde fait sur mesure pour l'homme. Plus précisément, pour la part d'enfance qui continue de vivre en lui.

Films de Jacques Tati en DVD :

dvd_play_time     dvd_mon_oncle     dvd_les_vacances_de_monsieur_hulot
    Play Time      Mon Oncle / My Oncle   Les vacances de Monsieur Hulot

L_Illusionniste_de_Sylvain_Chomet_diaporama

Sept ans après Les triplettes de Belleville, Sylvain Chomet sortira son nouveau film d’animation L’illusionniste, adapté d’un scénario inédit de Jacques Tati, le 16 juin 2010, distribué par Pathé.

Livre lu en partenariat avec les Éditions _naive

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