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A propos de livres...
france
26 février 2015

Constellation - Adrien Bosc

LOGOTYPE-2015

9782356418562-T

Audiolib -  janvier 2015 - 4h46 - Lu par Bernard Gabay

Stock - août 2014 - 198 pages

Grand Prix du roman de l’Académie française 2014

Quatrième de couverture :
28 octobre 1949, le Constellation à destination de New-York s’écrase dans l’archipel des Açores avec quarante-huit personnes à son bord. Aucun survivant. Parmi les victimes, des gens célèbres : Marcel Cerdan, champion de boxe et amant d’Édith Piaf, et la grande violoniste Ginette Neveu. Mais aussi des anonymes, des entrepreneurs, une ouvrière devenue héritière d’une usine à Detroit et cinq bergers basques partis tenter leur chance au Far West… Pourquoi tout s’est-il arrêté pour eux ce jour-là ? Dans ce brillant premier roman, Adrien Bosc enquête sur le lien étrange qui relie désormais ces disparus : quels hasards, quelles coïncidences les ont conduits à ce destin commun ?

Auteur : Adrien Bosc est né en 1986 à Avignon. Constellation est son premier roman. Il dirige les revues « Feuilleton » et « Desports ». 

Lecteur : Comédien au théâtre, à la télévision et au cinéma, Bernard Gabay excelle dans tous les registres de la « voix » : chant (baryton), lectures et dramatiques radiophoniques, et doublage d’acteurs américains comme Robert Downey Jr (Sherlock Holmes, Iron man), Andy Garcia, Viggo Mortensen, Antonio Banderas ou Daniel Day-Lewis.  

Mon avis : (écouté en février 2015) 
C'est le premier livre audio que j'écoute pour le Prix Audiolib. C'est un livre que j'avais très envie de découvrir, mais mon avis est mitigé, j'en attendais peut-être trop ?
Constellation raconte l'histoire vraie du crash du F-BAZN d’Air France qui a eu lieu aux Açores, la nuit du 27 octobre 1949. Dans cette catastrophe plus de quarante passagers ont perdu la vie dont le boxeur Marcel Cerdan et la grande violoniste, Ginette Neveu. 
Ce livre ressemble plus à un récit documentaire qu'à un roman. L'auteur alterne le récit du vol et l'histoire de chacun des passagers. Le livre est assez court moins de 5 heures de lecture (moins de 200 pages), mais malgré cela j'ai eu une impression de longueur. Les chapitres sont courts et nombreux, le récit alterné donne un côté décousu, on dirait que chaque chapitre a été écrit indépendamment puis le tout réuni pour en faire ce livre. 
Avant cette lecture, je ne connaissais de ce accident d'avion que le fait que Marcel Cerdan était l'une des victimes. J'ai donc trouvé l'histoire de ce crash et des passagers de cet avion intéressante et très bien documentée.
Le lecteur est agréable à écouter et j'ai passé malgré tout un très bon moment de lecture.

Extrait : (début du livre)
Ce soir du 27 octobre 1949 sur la piste de l’aérodrome d’Orly, le F-BAZN d’Air France s’apprête à accueillir trente-sept passagers en partance pour les États-Unis. Un an plus tôt, Marcel Cerdan débarquait auréolé du titre de champion du monde de boxe des poids moyens conquis de haute lutte à Tony Zale. Et le 7 octobre 1948, la foule le portait en triomphe. Un an plus tard, à l’intérieur de l’aérodrome, Cerdan, accompagné de son manager Jo Longman et de son ami Paul Genser, part reconquérir son titre, désormais propriété de Jake LaMotta, le Taureau du Bronx. Et c’est une certitude, en décembre prochain, par un autre Constellation, il reviendra avec le titre. Dans le hall d’Orly, il fanfaronne, aux journalistes il assure : « Puisque je vous dis que je le ramènerai mon titre. Je vais me battre comme un lion. » Lion contre Taureau, une affaire de signes et de constellations. Le lion de Némée contre le Minotaure, fabuleuse affiche du 2 décembre 1949 au Madison Square Garden.

Jo Longman a sa tête des mauvais jours, il a fallu se dépêcher, annuler la traversée en bateau, faire valoir le droit de priorité sur le Paris-New York, et tout ce merdier pour retrouver Édith Piaf au petit matin. « Revenez avec le titre ! » lui lance un employé d’Air France, « Je ne pars que pour ça ! » répond Marcel. « Mouais », marmonne Jo, qui ne peut s’empêcher d’ajouter : « Si tu m’avais écouté, nous aurions attendu quelques jours. Ma parole ! Nous partons presque comme des voleurs. Mardi, nous apprenions la signature du match pour le 2 décembre, hier, nous étions en province, c’est à peine aujourd’hui si nous avons pu boucler nos valises. Je t’avais proposé de rester ici toute la semaine, d’assister lundi à la réunion du Palais des Sports. C’était simple, trop simple, et demain tu tempêteras, car, naturellement, dans notre précipitation tu auras oublié la moitié de tes affaires. » La colère est feinte, ils sont habitués à jouer la comédie des reproches, à Marcel revient le rôle de l’inconséquence amusée, à Jo celui du professionnel contrarié. Dans quelques instants, accoudés au comptoir du bar d’Air France, ils en riront. Depuis le départ de l’entraîneur Lucien Roupp, Jo est monté en grade. Éternelles lunettes noires, cheveux graissés au Pento, fondateur du « Club des Cinq » – le cabaret-restaurant où Édith et Marcel se sont rencontrés –, Jo a tout du personnage louche. Le boxeur aime son bagou, son sens de la fête et des affaires, il est le parfait compagnon des allers-retours entre Paris, New York et Casablanca.

L’« Avion des stars » ne fait ce soir pas injure à son surnom : à côté du « Bombardier marocain », la virtuose Ginette Neveu, elle aussi, part à la conquête de l’Amérique. Pour France-Soir, une série de photos s’improvise dans le hall. Sur le premier cliché, Jean Neveu au centre, amusé, regarde sa sœur, Marcel tient entre ses mains le Stradivarius et Ginette, tout sourire, l’observe. Puis Jo remplace Jean et de son œil d’expert compare la petite main de la violoniste à la puissante poigne du boxeur.
Désormais sur le tarmac, au pied de l’escalier d’accès, la discussion se poursuit entre les deux célébrités. Ginette lui détaille la tournée, Saint Louis, San Francisco, Los Angeles, Chicago, New York. Il lui propose des places au premier rang pour la revanche au Madison Square Garden et promet d’assister au concert du Carnegie Hall le 30 novembre. Peut-être dîneraient-ils au Versailles, le cabaret où triomphe depuis des mois la Môme.
Les quatre énormes moteurs Wright Cyclone du Lockheed Constellation F-BAZN bourdonnent. Hélices et pales ont été inspectées, et les onze membres d’équipage prennent place à l’avant de l’appareil. C’est un grand et beau quadrimoteur au fuselage d’aluminium, son train démesuré lui donne l’allure singulière d’un échassier. Dans la file d’embarquement, trente-deux autres passagers : John et Hanna Abbott, Mustapha Abdouni, Eghline Askhan, Joseph Aharony, Jean-Pierre Aduritz, Jean-Louis Arambel, Françoise et Jenny Brandière, Bernard Boutet de Monvel, Guillaume Chaurront, Thérèse Etchepare, Edouard Gehring, Remigio Hernandores, Simone Hennessy, René Hauth, Guy et Rachel Jasmin, Kay et Ketty Kamen, Emery Komios, Ernest Lowenstein, Amélie Ringler, Yaccob Raffo, Maud Ryan, Philippe et Margarida Sales, Raoul Sibernagel, Irène Sivanich, Jean-Pierre Suquilbide, Edward Supine et James Zebiner. Sur le carreau, les deux jeunes époux, Edith et Philip Newton, de retour de leur lune de miel, et Mme Erdmann, font les frais du droit de priorité accordé au champion.

Challenge Petit Bac 2015 
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Titre : 1 mot (2)

Challenge 6% Rentrée Littéraire 2014 
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35/36

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24 février 2015

Happy parents - Zep

happy parent Delcourt - octobre 2014 - 64 pages

Présentation de l'éditeur :
Etre parent, c'est compliqué, être enfant, ce n'est pas simple ! Au fil de 60 gags et autant de situations différentes, Zep donne vie à une vaste galerie de personnages : d'un côté des pères et des mères que rien ne préparait à ce choc ; de l'autre des bébés, des écoliers, des ados immergés dans leur univers... Et entre les deux, mille et une occasions de ne pas se comprendre. Mieux vaut en rire... et avec Zep, c'est garanti !

Auteur : Zep dessine et raconte des histoires depuis ses 14 ans. Il a déjà fait rire des générations d'écoliers en 20 ans d'aventures de Titeuf (20 millions d'albums vendus, traduit en 25 langues à l'international, dessin animé traduit en 35 langues et diffusé dans 240 pays) et reçu le grand prix d'Angoulême à 37 ans en 2004. Cet homme pressé a depuis conquis le public adulte avec ses Happy Books et ouvre aujourd'hui une toute nouvelle veine de son travail.

Mon avis : (lu en février 2015)
Une BD de Zep destinée aux parents jeunes ou plus anciens... Un bon moment de détente avec des situations qu'en tant que parents, on peut avoir rencontré... Depuis l'échographie jusqu'à l'adolescence...  En famille, à l'école, dans l'intimité des parents, durant les loisirs, au restaurant... voilà de nombreuses situations qui prêtes à rires. Un graphisme très proche de celui utilisé dans Titeuf.

Extrait : 

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HP-ZEP-5

Déjà lu du même auteur :

une histoire d'hommes Une histoire d'hommes 

 Challenge 6% Rentrée Littéraire 2014 
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34/36

22 février 2015

Nous sommes tous des exceptions - Ahmed Dramé

nous sommes tous des exceptions Fayard - octobre 2014 - 180 pages

Quatrième de couverture :
À première vue, ça peut sembler banal. Une classe de seconde qui se distingue en remportant un concours, ça arrive tous les ans. Mais quand il s’agit d’un lycée de banlieue où les profs, à force de se confronter à des cas difficiles, ont des raisons d’être lassés, et où les élèves, à force d’être mal vus, perdent leur estime d’eux-mêmes, l’événement acquiert une tout autre portée. Et quand ce concours porte sur la Shoah, à une époque qui excite l’antisémitisme et le racisme, cette victoire devient puissante.

Puissante au point d’inspirer à l’un des élèves de la classe, Ahmed Dramé, une belle histoire à scénariser et un livre édifiant à écrire.
Derrière le quotidien singulier d’une classe « à problèmes » devenue classe à lauriers, au-delà de l’audace de ses protagonistes et de la transformation d’Ahmed, se dessinent en filigrane les pires errements de l’Histoire.
Le lycéen devenu adulte ne sortira pas indemne de sa rencontre avec Léon et les autres survivants, à l’âme abîmée mais rayonnante. Il renaîtra profondément touché et infiniment plus fort.

Auteur : Acteur et scénariste, Ahmed Dramé a notamment coécrit le scénario du film Les Héritiers, inspiré de son histoire.

Mon avis : (lu en février 2015)
Ahmed a grandi dans une cité de la banlieue parisienne, dans ce livre, il nous raconte comment sa vie a changé, en participant avec sa classe au Concours National de la Résistance et de la Déportation.
Il rend tout d'abord hommage à sa maman qui a su lui donner des valeurs, l'encourager à faire des efforts pour travailler, à ne compter que sur lui même... En classe de seconde, il a eu une professeur d'histoire géographie qui n'hésite pas à proposer à sa classe « difficile » de participer au Concours National de la Résistance et de la Déportation : "Les enfants et les adolescents juifs dans le système concentrationnaire nazi". Les élèves de la classe représentent la diversité, de nationalités et de religions différentes, leurs préoccupations sont très éloignées de ce sujet... Et pourtant, cette expérience sera pour eux forte et inoubliable. Ils vont rencontrer des anciens déportés comme Léon Zyguel, déporté à l’âge de 15 ans à Auschwitz Birkenau. Leurs témoignages vont faire grandir ces élèves de seconde. Ahmed est l'un d'eux, cette année de seconde aura été déterminante pour son avenir. Avec l'aide d'une scénariste et réalisatrice qu'il a osé contacté, il raconte son histoire dans le film Les Héritiers où il joue son propre rôle avec Ariane Ascaride dans le rôle de son professeur.
Une histoire touchante et passionnante qui donne très envie de voir le film Les Héritiers.

 les héritiers

Extrait : (page 11)
« Je pourrais vous pardonner, mais je n’ai pas envie. Parce que si je ne m’étais pas déplacée, il se serait passé quoi pour mon fils ? » La phrase vient de creuser, telle une sentence divine, un silence dense dans le bureau. Les « accusés » se trémoussent sur leur siège, les preuves de leur faute étalées sur la table. Soudain, il fait chaud malgré la température modérée de ce mois de mai. Un peu de sueur perle aux fronts et du rouge afflue sur les joues.
En effet, il est trop tard pour une plaidoirie, les faits sont clairs, l’injustice est avérée. Là, sous leurs yeux, deux dossiers qu’elle les a obligés à sortir des tiroirs où ils sont rangés par ordre alphabétique. Soi-disant. Parce qu’à y regarder de plus près, dans leur classement, il n’est pas question de lettres ou d’initiales, mais plutôt de noms et de couleurs. Le phénomène se produit inconsciemment, les tiroirs ne pensent pas.
La discrimination naturelle : on choisit au plus près, au plus ressemblant. En tout cas moi j’ai pas assez une tête de vainqueur pour échapper au mauvais tri.

L'autre, l'élève blanc, il est presque translucide tellement il a été absent au moins la moitié de l'année scolaire. Je n'ai pas eu le temps de le connaître, personne n'a eu le temps de le connaître. Mais, manifestement, les profs l'ont assez vu pour l'estimer apte à suivre un cursus général. Ou bien ils hésitaient, mais, dans le doute, ils lui ont laissé la voie ouverte. Alors qu'il n'a aucune envie de l'emprunter, il rêve d'être orienté. Il me l'a avoué, ça a redoublé mon dépit.
Sa moyenne générale se situe à un point et demi en dessous de la mienne. Normalement, si l'équité et la justice n'avaient pas laissé leur nom au vestiaire, étant dans la même barque, la classe moyenne d'un bahut moyen d'une ville pas toute rose, je devrais être admis, comme lui, en seconde générale. Mais visiblement il y a un bug, un décalage dans lequel mon dossier scolaire est tombé et moi avec. On me classe donc dans la catégorie « inapte à la seconde générale ».
Ma mère, comme moi, est embêtée qu'on me range dans le mauvais sac. Mais, manque de chance pour ceux qui lui font face, elle n'est pas fataliste, pas du genre à laisser faire. 


 Challenge 6% Rentrée Littéraire 2014 
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 Challenge Petit Bac 2015 
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Pronom personnel (3)

19 février 2015

Charly 9 - Richard Guérineau d'après Jean Teulé

 Charly-9-couv Delcourt - novembre 2013 - 128 pages

Quatrième de couverture :
Charles IX fut de tous les rois de France l'un des plus calamiteux. À 22 ans, pour faire plaisir à sa mère, il ordonna le massacre de la Saint-Barthélemy qui épouvanta l'Europe entière. Abasourdi par l'énormité de son crime, il sombra dans la folie. Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous... Pourtant, il avait un bon fond.

Auteur : Richard Guérineau est né en 1969. Dès son plus jeune âge, il est envoûté par le démon de la bande dessinée et dévore avec frénésie les passionnantes aventures de Bibi Fricotin, Bill Tornade, et Blek-le-Roc. Assez rapidement, ses proches lui affirment que «le dessin n’est pas un métier !». De nature conciliante, il suit leurs conseils et passe un bac scientifique. Pourtant il ne perd pas son but de vue ! Il entame en effet des études d’arts plastiques. Plus il réfléchit sur l’Art en général, et plus il a envie de faire de la bande dessinée en particulier. En 1991, sa rencontre avec le scénariste Corbeyran aboutit à une fructueuse collaboration : L’As de Pique édité d’abord chez Dargaud, puis aux éditions Delcourt en intégralité dans la collection Encrages... Parallèlement, le duo signe un thriller aux frontières du réel, Le Chant des Stryges, toujours chez Delcourt. Pour cette série, il a adapté son style graphique : son trait nerveux et ses cadrages serrés servent brillamment ce récit mené tambour battant ! C’est toujours en compagnie de Corbeyran, son voisin bordelais, qu’il réalise une histoire au sein du collectif Paroles de Taulards.

Mon avis : (lu en février 2015)
Cette bande dessinée est l'adaptation, très réussie, du roman Charly 9 de Jean Teulé. Il raconte l'histoire du roi Charles XI depuis la veille du massacre de la Saint Barthélemy jusqu'à sa mort. Poussé par sa mère, Catherine de Médicis, il donne malgré lui le départ de la Saint Barthélemy. Dépassé par l'ampleur de cette épouvantable crime, il ne s'en remettra jamais...
Cette BD est fidèle au roman de Jean Teulé, on y retrouve le même ton humoristique et noir. Le dessin et surtout la couleur sont très réussis. Les scènes de mort et de violence sont en rouge et noir. Charly 9 est touchant, Jean Teulé a réussi à le rendre presque sympathique...

Extrait : 

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barthelemy

 

Challenge Petit Bac 2015 
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Prénom (2)

15 février 2015

Si j'étais un rêve... - Charlotte Bousquet

Lu en partenariat avec les éditions Flammarion

si j'étais un rêve Flammarion - février 2015 - 185 pages

Quatrième de couverture : 
Lina et Nour sont en classe de seconde : l'une vit à Sofia, en Bulgarie, l'autre vit à Saint-Denis. Sous la direction de leurs professeurs, elles entament une correspondance qui tourne aux confidences et une amitié s'installe. Tandis que Lina se révolte contre la corruption des pays de l'Est, Nour cache un grand mal-être. Elles se soutiennent l'une l'autre, jusqu'au jour où Nour devient distante.

Auteur : Philosophe de formation, passionnée par les mythes, les contes et l'histoire,Charlotte Bousquet a écrit une près de vingt romans et au moins autant de nouvelles.Cytheriae,deuxième opus de son cycle de dark fantasy, a été récompensé par le prix Elbakin 2010 et le Prix Imaginales 2011. A l'aise dans tous les genres, elle s'essaie aussi bien à la réécriture de contes (La Marque de la bête), qu'au polar historique (Noire lagune, Princesses des os et Venenum), au documentaire (Précieuses, pas ridicules, avec Stéphanie Rubini) ou au thriller (Le Dernier ours). Paru en octobre 2011, Nuit tatouée, premier opus La peau des rêves, dystopie YA, a été récompensé du prix Imaginales des Collégiens 2012. 

Mon avis : (lu en février 2015)
Lina et Nour sont en classes de seconde, l'une à Sofia, l'autre à Paris. Leurs professeurs respectifs ont eu l'idée d'organiser un échange épistolaire entre leurs élèves. Au début, c'est un travail scolaire mais cela devient vite pour Lina et Nour un vrai plaisir de s'écrire, de découvrir qui est l'autre, sa vie, sa ville, son pays... Lina est fille de diplomate, la Bulgarie est en effervescence, elle participe à des manifestations, elle se révolte contre ce que subit les Tziganes. Nour vient du 9-3, est mal dans sa peau, aimerait se faire tatouer... Un jeu de portrait chinois s'organise entre les deux filles. Au cours de l'année, elles vont se dévoiler de plus en plus et le lecteur aura quelques surprises...  
J'ai beaucoup aimé ce roman construit avec beaucoup d'intelligence qui nous permet de découvrir la vie en Bulgarie et les préoccupations des adolescents aujourd'hui. 

Merci Brigitte et les éditions Flammarion pour cette très belle découverte.

Autres avis : Canel, Argali

Note : ♥♥♥♥♥

Extrait : (début du livre) 
17 septembre
Cher(e) inconnu(e), C’est vraiment bizarre d’envoyer une lettre, une vraie lettre, à quelqu’un qu’on ne connaît pas du tout pour commencer une correspondance censée durer jusqu’à la fin de l’année ! Quand notre prof de français nous a expliqué ce projet, j’avoue avoir pensé qu’elle était complètement barrée. Je veux dire : nous sommes au XXIe siècle ! Si on veut écrire à quelqu’un, on utilise Internet ! Ce n’est pas super-compliqué de se connecter pour trouver à quoi ressemble la personne qui est de l’autre côté de l’écran. C’est vrai, il y a les avatars et les pseudos, mais il y a toujours moyen de se renseigner, non ? Et puis, j’ai réfléchi : finalement, je trouve ça intéressant de ne pas savoir qui tu es, de te découvrir au fil de la plume, à travers ces courriers que nous allons échanger. Bref, j’ai envie qu’on respecte la règle du jeu : pas d’ordinateur, pas de téléphone. Si tu es d’accord, bien sûr. Quand on écrit sur du papier, on peut choisir le ton, le rythme des phrases, le raturer, le rouler en boule, le jeter dans la corbeille et recommencer. C’est un peu comme un e-mail, en plus solennel, en plus sérieux, je trouve. Sauf que je suis incapable de prendre mon temps. Les mots me viennent comme ça, un torrent qui roule et coule sans barrage. J’espère que cela ne t’ennuie pas. Mais voilà, je bavarde et je ne suis même pas les consignes : me pré- senter, puis présenter ma ville et mon pays. Je m’appelle Lina, j’ai quinze ans et je suis en classe de seconde – comme toi, j’imagine ! – au Lycée français de Sofia. Que te dire de plus ? Je dessine. Énormément. Tout le temps. Des animaux, essentiellement. Voilà. C’est difficile de parler de soi, tu ne trouves pas ? Et pour quoi ? Décrire un quotidien qui ne t’inté- resse probablement pas ? Je vis à Sofia depuis dix ans, dans le centreville, près de l’université. Quand je me lève, le matin, je vois de ma fenêtre les bulbes dorés de la cathédrale Alexandre-Nevski. Sofia, c’est une cité magique, sale, bordélique, magnifique. Il y a des bâtiments de toutes les époques, des églises colorées, des immeubles qui ressemblent à des bunkers, des magasins de chaussures multicolores et des palais viennois, un tramway, des voitures pourries, des chevaux qui tirent les carrioles, des librairies partout, des chiens et des chats errants par milliers, des bars à bières et des restos bios, des tapis tissés main, des tarés, des artistes, des hommes d’affaires corrompus, des étudiants, des icônes, des musées, un opéra et des magasins de chaussures kitch. Tu l’as compris, j’adore vivre ici ! Lorsque je vais en France rendre visite à ma famille, j’hallucine toujours quand je me rends compte à quel point les gens ont des préjugés sur Sofia et sur la Bulgarie. Si tu savais le nombre de : « Il y a quoi chez toi, à part des yaourts ? » que j’ai entendus… Et puis ce n’est pas comme si mes cousins avaient pris la peine de se déplacer une seule fois à la maison. La Bulgarie, à part les yaourts, donc. La Bulgarie, c’est l’ancienne Thrace, civilisation de guerriers et de cavaliers, plus vieille que celle des Grecs. On dit qu’Orphée serait né sur ces terres et y aurait découvert l’entrée des Enfers où était emprisonnée Eurydice. Il n’y a pas de Cerbère chez nous mais des parcs naturels, des plaines immenses, des montagnes et de profondes forêts où vivent des lynxs, des loups. Des ours aussi. Il y avait une tradition, avant, qui consistait à les obliger à danser au son d’un violon. Tu sais comment on les dressait ? Avec un anneau d’acier dans le nez et des braises sous les pieds. C’était horrible. Et quand tu croisais leur regard… Rien que d’y penser, j’en ai les larmes aux yeux. Heureusement, c’est terminé tout ça. Ils vivent libres, désormais, et ceux qui étaient prisonniers ont un sanctuaire à Belitsa. La Bulgarie, c’est le carrefour de l’Orient et de l’Occident, un mélange entre l’Italie et la Grèce, la Russie et la Méditerranée. Mais c’est aussi un pays pauvre, très pauvre. Et très mal en point. En gros : mafia et corruption sont les deux mamelles de notre économie. Résultat : le salaire moyen est de 400 € et les gens crèvent de faim. C’est pour ça qu’ils s’en vont. C’est pour ça qu’il y a de plus en plus de Bulgares du côté de chez vous. Des personnes désespérées, qui rêvent d’y trouver un avenir meilleur et qui ne récoltent que coups et mépris. Bon, je m’arrête ici. La fin du cours vient de sonner, et puis je m’énerve vite quand je me lance sur ce sujet. Tu n’y es pour rien, toi que je ne connais pas !
Ciao, Lina

 Challenge Petit Bac 2015 
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Pronom personnel (1)

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11 février 2015

Mamette, Tome 4 : Entre ciel et terre - Nob

mamette_4 Glénat - avril 2010 - 48 pages

Présentation éditeur :
Les nouvelles aventures, toujours plus tendres et réjouissantes, de la grand-mère que tout le monde aimerait avoir ! Qui a dit que la retraite était la plus ennuyeuse des périodes de la vie ? Pas Mamette ! Parce qu’entre les bougonneries de sa copine Mademoiselle Pinsec, les fêtes de fin d’année du club des seniors à organiser, et surtout le retour à la maison de son grand fils, touché par la crise économique et par une drôle de crise d’adolescence à cinquante ans, elle ne voit pas défiler les journées, Mamette ! Heureusement qu’elle n’est pas seule, elle peut compter sur l’aide de sa petite-fille et de ses 234 amis Facebook ! Et même si Mamette suit à la lettre un sévère régime alimentaire pour protéger son petit cœur, celui-ci  risque bien de s’emballer pour un drôle de septuagénaire. Il n’y a pas d’âge pour l’amour ! Entre rire et tendresse, Nob offre avec ce tome 4, une nouvelle tranche d’âge d’or à sa merveilleuse petite Mamette. Une amie précieuse. Plus que jamais magnifique bouffée d’air drôle dans un monde trop sérieux et trop triste !

Auteur : Nob, de son véritable nom Bruno Chevrier né en 1973 à Tours, est un dessinateur, scénariste et coloriste de bande dessinée français.

Mon avis : (lu en février 2015)
Je n'avais encore jamais succombé à Mamette cette merveilleuse grand-mère au grand coeur, je ne fréquente plus beaucoup le rayon BD jeunesse... C'est à l'occasion du Café Lecture mensuel de la Bibliothèque que cette BD a été évoquée et j'ai emprunté celle-ci (le tome 1, 2 et 3 n'étant pas disponible).

Voilà une grand-mère bien sympathique, son grand fils, la cinquantaine, est revenu vivre chez elle pour cause de crise économique. Elle s'en occupe comme s'il était redevenu un petit... Il y a sa copine Mademoiselle Pinsec et sa rencontre avec un ancien acteur...
Une bande dessinée pleine de tendresse et de bonnes ondes ! Belle découverte que je poursuivrai !

Extrait : 

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31 janvier 2015

N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures - Paola Pigani

n'entre pas dans mon ame Liana Levi - septembre 2014 - 224 pages

Quatrième de couverture : 
Autour du feu, les hommes du clan ont le regard sombre en ce printemps 1940. Un décret interdit la libre circulation des nomades et les roulottes sont à l'arrêt. En temps de guerre, les Manouches sont considérés comme dangereux. D'ailleurs, la Kommandantur d'Angoulême va bientôt exiger que tous ceux de Charente soient rassemblés dans le camp des Alliers. Alba y entre avec les siens dans l'insouciance de l'enfance. À quatorze ans, elle est loin d'imaginer qu'elle passera là six longues années, rythmées par l'appel du matin, la soupe bleue à force d'être claire, le retour des hommes après leur journée de travail... C'est dans ce temps suspendu, loin des forêts et des chevaux, qu'elle deviendra femme au milieu de la folie des hommes.
N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures, dit le proverbe : on n'entre pas impunément chez les Tsiganes, ni dans leur présent ni dans leur mémoire Mais c'est d'un pas léger que Paola Pigani y pénètre. Et d'une voix libre et juste, elle fait revivre leur parole, leur douleur et leur fierté.

Auteur : Paola Pigani a grandi en Charente dans une famille nombreuse d'origine italienne. Elle y rencontre la communauté manouche et en particulier une femme ayant été internée au camp des Alliers. Cet épisode méconnu de l'histoire française lui inspire son premier roman. Poète et nouvelliste, Paola Pigani vit aujourd'hui à Lyon où elle partage son temps entre l'écriture et son travail d'éducatrice.

Mon avis : (lu en janvier 2015)
C'est au Café Lecture que j'ai découvert ce livre qui raconte sous forme romancé une histoire vraie. Celle d'Alba et sa famille, des Manouches qui ont été enfermés dans le camp des Alliers près d'Angoulême de l'automne 1940 à mai 1946. Ce sont des nomades et en 1940, on leur interdit de circuler. L'administration leur demande de laisser leurs roulottes et chevaux à l'extérieur du Camp, les Tziganes doivent loger dans des baraquements. Voulait-on les protéger ou les sédentariser de force ? Les conditions sont déplorables et ne s'amélioront pas durant toutes ses années d'internement... Ils ne seront "libérés" qu'en 1946, plus d'un an après la Libération de 1945 !
Le titre de ce livre peut prêter à rire, mais n'a rien de drôle, c'est un proverbe tzigane qui peut se traduire, au sens propre, en : N'entre pas dans ma roulotte avec tes chaussures. La roulotte représente toute l'intimité d'une famille tzigane, lorsqu'on est gadjé (non tzigane), on ne rentre pas dans la roulotte sans y avoir été invitée. 

Soixante-dix ans plus tard, l'auteur a su recueillir le témoignage d'Alba devenue une grand-mère. Avec sa voix d'une enfant de 14 ans, le lecteur découvre le camp avec la mort, la faim, le froid mais ce peuple fier va s'organiser et survivre au jour le jour avec toujours l'espoir de retrouver leur liberté.
Un témoignage très fort et plein d'émotions. 

Pour en savoir un peu plus sur cet épisode historique de la Seconde Guerre Mondiale méconnu : voir ici

Note :  ♥♥♥♥♥

Extrait : (page 17)
1940, Alba a quatorze ans, elle est blonde aux yeux bleus, merveilleux laissez-passer chez les gadjé et les représentants de la police pétainiste, pourrait-on croire. Elle ne sera pas plus épargnée que les siens, mais, après la guerre, on lui accordera plus facilement l’hospitalité ou l’aumône et elle pourra chiner sans être inquiétée.
Avec ses parents, elle vit du théâtre ambulant qui rayonne sur une cinquantaine de kilomètres autour de Saint-Jean-d’Angély, en Charente-Maritime. On la voit souvent en tablier clair et court, une miette de sourire accrochée aux lèvres, assise sur le plancher de la roulotte, les jambes dans le vide. À ses côtés, son père, Louis, ressemble à tous les hommes de ces années-là. Il porte une chemise blanche, une moustache épaisse et une large casquette. Maria, sa mère, a le regard vide, ébloui à perpétuité, elle est aveugle. Elle tient sur les hanches un petit garçon.
Une paix tranquille les habite. Ils sont amoureux, français, lancent des rêves à la volée lors de leurs numéros de saltimbanques.
Comme après chaque spectacle, les parents rangent les costumes, les lanternes et les instruments de musique qui tiennent tous dans une seule malle accrochée à l’arrière de la roulotte. Ce soir, ils ont attiré du monde, mais quand Alba a passé le chapeau au milieu des villageois, elle n’a pas entendu de grelot joyeux, ce tintement de pièces qu’elle est si fi ère d’offrir à son père les jours de bonne fortune.
La guerre est là. Elle existe dans les journaux, au cinéma, dans le poste de TSF qu’un ami de Louis, maraîcher, à qui il prête main-forte les jours de marché, lui fait écouter chez lui. L’exode de milliers de Français en direction de la zone libre les émeut beaucoup. Ils en croisent quelques-uns, hagards, exténués, si peu habitués à vivre sur les routes. Alba et les siens n’ont jamais erré, ne se sont jamais perdus. Le sort de ces gens fuyant la zone occupée renforce pour la première fois leur différence, exalte leur liberté, leur nomadisme. Moins de mépris, de crainte à leur égard dans la population locale, mais très vite les contrôles se resserrent sur eux, balayant cette embellie.
La Gestapo et la police de Vichy exigent leurs carnets anthropométriques pour un oui ou pour un non, accompagnant chaque contrôle de paroles humiliantes. Alba voit son père serrer les dents sous sa moustache, il ne baisse jamais les yeux, pas même le temps de trouver son carnet dans ses poches. Elle comprend ce qu’est un homme fort. Elle prend acte de cette rage muette, cette foi dure et folle qui l’aidera à traverser le plus noir de la guerre.
Alba s’en va glaner du maïs dans les champs, elle y trouve souvent des champignons rosés dont son père raffole, elle sait comment lui redonner le sourire. Sur les chemins de ronces elle emmène ses petits frères cueillir des mûres, des noisettes qu’elle glisse dans un grand fichu attaché autour de sa taille. Dès qu’un moteur se fait entendre, elle apprend aux petits à se faufiler sous les buissons. Ils savent déjà reconnaître le bruit des lourdes berlines de la Gestapo et des véhicules militaires. C’est chose aisée sur ces routes où ne circulent que le camion du laitier, quelques tracteurs, des estafettes. Leur campement est installé depuis de longs mois à Saint-Germain-de-Marencennes, près de Surgères. Depuis qu’elle est enfant, Alba n’a connu que ces routes, allant avec les siens de Charente en Gironde, au gré des travaux agricoles et surtout des vendanges.
Très vite, sur autorité du préfet, des mesures de contrôle et de détention sont prises dans toutes les communes avoisinantes. Les forains, musiciens, saltimbanques de toute sorte, assignés à résidence, tournent sur eux-mêmes, rejouent aux villageois inlassables les mêmes numéros, sans étincelle dans les yeux. Bientôt ils ne se donneront plus du tout en spectacle. Le cinéma ambulant, les cabrioles, la musique, les petites lanternes s’éteignent une à une. Le rapport relatif au décret du 6 avril 1940 précise qu’en période de guerre, la circulation des nomades, des individus errant généralement sans domicile fixe, ni patrie, ni profession effective, constitue, pour la défense nationale et la sauvegarde du secret, un danger qui doit être écarté.
Dans l’été finissant, des rumeurs gagnent les roulottes. On s’affole en silence. Qu’adviendra-t-il d’eux s’ils ne peuvent regagner le Bordelais pour les vendanges ? Les hommes fument et se taisent près du feu qui meurt.
Dans un sursaut d’orgueil, ils se ressaisissent. Depuis la nuit des temps, un or secret dans le sang leur donne la force de résister à tout. Où qu’ils soient, ils ont toujours su se frayer un chemin.

 Challenge Petit Bac 2015 
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Challenge 6% Rentrée Littéraire 2014 
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29 janvier 2015

L'Apache aux yeux bleus - Christel Mouchard

 Lu en partenariat avec les éditions Flammarion

l'apache aux yeux Flammarion - janvier 2015 - 189 pages

Quatrième de couverture : 
Mai 1870. Le jeune Herman, âgé de 11 ans, est enlevé par des Apaches. Il est le "cadeau" d'un chef à sa femme qui ne peut pas avoir d'enfant. Il devient un véritable guerrier. A 20 ans, en pleine guerre des territoires contre les "Visages pâles", Herman est reconnu par les soldats. Il servira d'intermédiaire entre les Indiens et les blancs d'Amérique et retournera dans sa première famille.

Auteur : Christel Mouchard, directrice d'ouvrage, travaille depuis vingt ans sur les récits d'exploration et de voyage. Elle est l'auteur d'Aventurières en crinoline, La Reine des Boucaniers, La Rivière des âmes perdues au purgatoire, La Reine Antilope. Elle a traduit les mémoires de Mary Seacole (Je suis une mal-blanchie) et suivi l'édition du Dernier journal de David Livingstone.

Mon avis : (lu en janvier 2015)
Dès le début de cette lecture, j'ai pensé au livre Le fils - Philipp Meyer que j'ai lu en octobre 2014. Autant ce dernier était un pavé de 700 pages, assez long à lire, autant L'Apache aux yeux bleus de Christel Mouchard est parfait pour découvrir une partie de l'histoire des amérindiens. 
Herman est un jeune garçon de 11 ans, il est enlevé par les Apaches. Il est donné en cadeau par le Chef à sa femme celle-ci n'ayant  aucun enfant. D'abord considéré comme un esclave, il est mis à l'épreuve par les Indiens et deviendra ensuite un vrai guerrier Apache. Sa chevelure blonde et ses yeux bleus seront bientôt la seule preuve de son origine "Visage pâle". En effet Herman va devenir En Da et tout oublier ou presque de son passé.
J'ai beaucoup aimé cette histoire inspirée de faits réels très peu connus. C'est à la fois dépaysant et passionnant.

Merci Brigitte et les éditions Flammarion pour cette belle découverte.

 

 Challenge Petit Bac 2015 
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24 janvier 2015

L'avenue des Géants - Marc Dugain

 Lu dans le cadre du Challenge
 
"Écoutons un livre"
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Ecoutez lire - février 2013 - 10 h - Lu par Bernard Métraux

Gallimard – avril 2012 – 368 pages

Folio - septembre 2013 - 432 pages

Quatrième de couverture : 
Al Kenner serait un adolescent ordinaire s'il ne mesurait pas près de 2,20 mètres et si son QI n'était pas supérieur à celui d'Einstein. Sa vie bascule par hasard le jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Plus jamais il ne sera le même. Désormais, il entre en lutte contre ses mauvaises pensées. Observateur intransigeant d'une époque qui lui échappe, il mène seul un combat désespéré contre le mal qui l'habite. Inspiré d'un personnage réel, Avenue des Géants, récit du cheminement intérieur d'un tueur hors du commun, est aussi un hymne à la route, aux grands espaces, aux mouvements hippies, dans cette société américaine des années 60 en plein bouleversement, où le pacifisme s'illusionne dans les décombres de la guerre du Vietnam.

Auteur : Né en 1957, après avoir vécu les sept premières années de sa vie au Sénégal, Marc Dugain revient en France avec ses parents. Il intègre quelque temps plus tard l'Institut d'études politiques de Grenoble, où il étudie les sciences politiques et la finance, avant de prendre la tête d'une compagnie d'aviation. Mais l'écriture l'a toujours démangé. Aussi, il se décide à prendre la plume, et signe "La Chambre des officiers" en 1998. Ce premier roman reçoit près de vingt prix littéraires et est adapté au cinéma. Il sort ensuite "Campagne anglaise", "Heureux comme Dieu en France", "La Malédiction d'Edgar" et plus récemment "Une exécution ordinaire" (2007), et se constitue peu à peu un lectorat fidèle. Friand d'horizons lointains, Marc Dugain vit au Maroc depuis 2001.

Lecteur : Bernard Métraux est un acteur et metteur en scène français spécialisé dans le doublage. Il est la voix française régulière de Bill Murray. Il est aussi la voix de Kevin Spacey dans American Beauty.

Mon avis : (écouté en janvier 2015)
J'ai mis plus de temps que prévu à relire ce livre coup de cœur et coup de poing. J'ai trouvé le ton du lecteur un peu monocorde mais heureusement les chapitres sont assez courts et reprendre plusieurs fois la lecture d'un chapitre n'est pas trop contraignant.
Pour mon billet, je reprends l'essentiel du billet fait lors de ma première lecture...

Marc Dugain s'est inspiré de la vie d'un tueur en série américain des années 70 pour créer le personnage d'Al Kenner. Le 22 novembre 1963, jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, la vie d'Al va basculer, encore adolescent il commet son premier meurtre. Il est alors interné dans un hôpital psychiatrique et rencontre des psychiatres qui l'écoutent. Son intelligence lui permet d'apprendre beaucoup de la psychiatrie.
Al Kenner est hors norme, il mesure 2,20 m et a un QI exceptionnel, supérieur à celui d'Einstein. Il aime les grands espaces et en même temps il est renfermé sur lui-même, il est lucide et il connaît très bien le mal qui le ronge et fait beaucoup d'effort pour vivre avec. Son contexte familiale est terrifiant, il a toujours été considéré comme un monstre par sa mère et son père ne s'est jamais interposé pour le protéger des maltraitances de sa mère.

Entre roman policier et roman américain, Marc Dugain a construit avec beaucoup de talent cette histoire prenante et passionnante de la vie d'Al Kenner. L'auteur tente de comprendre sa psychologie et le lecteur s'interroge : naît-on tueur ou le devient-on ? Al Kenner est à la fois attachant et d'une froideur et d'une lucidité troublante. Ce livre est également l'occasion de découvrir les États-Unis des années 60 et 70 avec la guerre du Vietnam, les communautés hippies...
Ce roman ne peut pas laisser indifférent le lecteur.

Malgré mon esprit trop occupé par autre chose, j'ai bien aimé cette relecture.

Extrait : (début du livre)
Comme chaque mois, elle lui fait face après s'être installée lourdement sur sa chaise. Elle sort les livres de son sac, une dizaine. Pour la plupart ils ont une couverture cartonnée. Il y jette un coup d’œil rapide, et les pose devant lui. Elle sourit d'un trait fin sans le regarder en face. Elle fait en sorte depuis des années de ne jamais croiser son regard, ce qui l'oblige à beaucoup tourner les yeux. Elle baisse souvent la tête. C'est l'occasion pour lui de voir le sillon de sa calvitie au milieu de son crâne s'élargir. Elle a les cheveux longs et il est difficile de dire quand ils sont propres. Même propres, ils n'ont pas l'air de l'être. Elle a dû être passablement jolie, pour autant qu'on puisse distinguer une ancienne beauté derrière des traits bouffis. Affaissé il l'est aussi, mais il a de bonnes raisons de l'être. Alors qu'elle, on se demande. Il aime bien cette femme. En fait, il en est venu à conclure qu'il l'aime bien parce qu'il ne ressent rien pour elle, ni amour ni haine. Parfois un peu d'agacement. Il lui en veut d'être la seule personne à lui rendre visite. Il lui en veut pour les autres qui ne le visitent jamais, ce qui est un peu injuste vu qu'il n'y a plus d'autres. Il est assez perspicace pour avoir remarqué que depuis longtemps elle a quelque chose à lui dire. Mais quoi ? Il n'en sait rien. Il sent juste la pesanteur d'une parole qui ne s'exprime pas. C'est au-delà de la timidité. Elle n'est jamais vraiment naturelle devant lui. Elle compose. Assez maladroitement et souvent sa voix est en décalage avec ses expressions. Parfois il la sent illuminée, parfois complètement éteinte. Elle a de gros seins flasques qui finissent une gorge fripée. Pour une femme qui doit avoir la soixantaine il ne trouve pas cela très reluisant. Mais il lui est reconnaissant de ne pas le faire fantasmer. On ne tire pas sur un moteur sans essence. 
- Vous avez parlé avec les journaux de ce qu'on avait évoqué ? 
Elle prend un temps pour répondre. Rien d'extraordinaire à cela, elle prend toujours un temps pour répondre comme si elle se sentait une responsabilité. 
- Oui. A plusieurs journaux de la côte. Ils sont int... comment dire, intrigués. Ils réfléchissent. Mais je crois que cela peut se faire. 
Ses yeux se remettent à tourner. Quand elle fait comme ça, il lui écraserait son poing sur la tête, mais au fond il n'en a pas très envie. Et puis il imagine les dégâts que cela causerait pendant qu'elle continue de sa voix où chaque mot semble s'excuser de sortir de sa bouche petite pour un visage de cette taille. Elle doit avoir du sang indien. Pas du sang frais, du sang qui remonte au début du siècle où on leur a réglé leur compte. 
- C'est un peu risqué pour eux, vous comprenez... 
- Vous voulez dire comme critique littéraire ? 
- Oh non ! Là-dessus ils se feront leur propre opinion. C'est plus de révéler qui vous êtes ou pas. Et s'ils ne disent pas qui vous êtes, on pourrait le leur reprocher un jour. En même temps, ils se disent qu'à révéler votre identité, ils pourraient faire un coup. Enfin, les médias... quoi... 

Déjà lu du même auteur : 

l_insomnie_des__toiles L'insomnie des étoiles avenue_des_geants Avenue des géants

 Challenge Petit Bac 2015 
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Taille (2)

Challenge Trillers et Polars
2014-2015
 
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catégorie "Même pas peur" :  12/25 

6 janvier 2015

Un parfum d'herbe coupée - Nicolas Delesalle

Livre en librairie le 7 janvier 2015

Lu en partenariat avec Préludes - Livre de Poche

un parfum d'herbe coupée Préludes - janvier 2015 - 288 pages

Prix des lecteurs du livre numérique 2013

Quatrième de couverture :
« Le jour où mon père a débarqué avec son sourire conquérant et la GTS, j'ai fait la gueule. Mais j'ai ravalé ma grimace comme on cache à ses parents l'odeur de sa première clope. J'ai dit ouais, j'ai dit super, la mort dans l'âme, même si j'avais compris que la GTS pour la GTX, c'était déjà le sixième grand renoncement, après la petite souris, les cloches de Pâques, le père Noël, Mathilde, la plus jolie fille de la maternelle, et ma carrière de footballeur professionnel. » 
Par petites touches qui sont autant d'instantanés de vie, Kolia convoque les figures, les mots, les paysages qui ont compté : la route des vacances, les filles, Totor le paysan aux cèpes et la maison de famille, des livres, quelques sauterelles, Raspoutine le berger allemand... Des petits riens qui seront tout.
Un premier roman remarquable, plein d'émotion, d'humour, de poésie, de profondeur, où la petite musique singulière de l'enfance ouvre sur une partition universelle. Un parfum inoubliable...

Auteur : Nicolas Delesalle est grand reporter à TéléramaUn parfum d’herbe coupée est son premier livre.

Mon avis : (lu en janvier 2015)
Lorsque l'on m'a proposé de recevoir ce livre, la lecture de la quatrième de couverture m'a donné envie de découvrir ce livre. Une version courte de ce livre a d'abord eu une vie en livre numérique et même obtenu Prix des lecteurs du livre numérique 2013.
Kolia, le narrateur, nous raconte des moments de l'enfance qui évoquent également chez le lecteur ses propres souvenirs. L'auteur étant né en 1972, il évoque certains souvenirs des années 70 et 80.
Il raconte son dernier échange avec son grand-père, le jour de l’enterrement de sa grand-mère.

Il se souvient de ces professeurs, de celle qui l'a collé tous les mercredi de son année de quatrième pour insolence... mais qui lui a également appris à apprécier les livres et la lecture. De sa professeur de russe qui ne voulait pas le favoriser. 
Il nous confie sa jeune vocation d'astronaute et ses expériences de lancer de fusée avec comme "cobayes" vivants, des sauterelles du jardin. 
Il évoque aussi son premier baiser, ses premiers émois amoureux et comment il descendait de sa chambre la nuit en cachette pour regarder à la télévision le film du premier samedi du mois sur Canal+
Ce livre m'a fait penser à Philippe Delerm et son livre "La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules"... 

Les chapitres sont émouvants, plein d'humour, touchants, plein de tendresse ou d'espièglerie...

Mon fils (20 ans) avait entendu parler de ce livre bien avant moi et lorsqu'il a su que je l'avais reçu en avant-première, il me l'a emprunté et il l'a dévoré et beaucoup aimé. 

Merci Anne et les éditions Préludes - Livre de Poche pour cette découverte très plaisante au parfum d'enfance.

Extrait : (début du livre)
Au plafond, un ventilateur antédiluvien tournait au ralenti et découpait de grosses tranches d'air tiède qui me tombaient sur le visage.

J'étais seul dans le salon avec mon grand-père. Il dormait sur le canapé en cuir élimé. On venait d'enterrer ma grand-mère, une petite ortie brune d'origine sicilienne qui souriait tout le temps.
Les gens déambulaient sans but précis dans le jardin et la maison de mes grands-parents où flottait un parfum particulier, un mélange d'ennui, de soupe aux poireaux et de mélancolie.
Les invités rejouaient la chorégraphie sempiternelle de ces « fêtes » qui parachèvent les enterrements. Chacun faisait ce qu'il pouvait de ses pieds, de ses mains et de ses mots.
La famille se retrouvait malgré elle, penaude, désemparée, entre les petits fours, les grands silences, le vin, le café, les larmes et les sourires compatissants. On s'écoutait. On prenait le pouls du temps qui passe trop vite. Pourquoi ne se voit-on pas plus souvent ?
Les amis proches naviguaient entre les écueils. Les phrases étaient courtes. Chaque geste, chaque mot pouvait briser une molécule d'air qui en brisait une autre qui en brisait une autre et ainsi de suite, une réaction en chaîne au bout de laquelle une molécule d'eau salée pouvait finir par couler sur la joue de celui qu'on essayait de consoler.
Ma grand-mère venait de mourir de vieillesse, comme on dit. C'est-à-dire que quelque chose avait lâché quelque part. On ne savait pas trop quoi. On ne voulait plus trop savoir pourquoi. Il fallait juste l'accepter. L'accident, le cancer et toutes les saloperies du monde déclenchent la révolte, la rage puis la résignation, tiercé perdant dans l'ordre. La mort de vieillesse, on doit l'accepter d'un tenant, au comptant, toutes taxes comprises. C'est la vie.
Mon grand-père dormait de tout son long dans le canapé, allongé sur le dos, les mains croisées sur le ventre, dans la même position que ma grand-mère, dans son cercueil, sous la dalle fraîchement scellée. 
Sa respiration était lente. Il avait oublié d'ôter ses lunettes. Il avait tout oublié. Il avait oublié qu'il avait été chimiste. Spécialiste des teintures. Il avait oublié qu'il était un peu belge, un peu irlandais, un peu du Nord, un peu de Normandie, un peu barré. Il avait oublié qu'il avait vécu toute sa vie d'adulte en Argentine et au Chili, où mon père était né. Il avait oublié qu'il parlait espagnol couramment, mais avec un accent à débiter des bûches. Il avait oublié qu'il avait passé sa retraite à colorer des morceaux de coton avec lesquels il recomposait des toiles, des photographies, avant de les emprisonner sous une plaque de verre. Il accrochait ses œuvres au mur. Il y en avait partout.
Au-dessus du canapé où il ronflait, une reproduction cotonneuse du Déjeuner sur l'herbe de Manet égayait le mur couvert d'un papier peint jaune qui fut joyeux un jour mais que les années avaient rendu maussade. Je n'ai jamais été sensible à l'art de mon grand-père, mais il est le seul peintre sur coton que je connaisse, alors va pour le Déjeuner sur l'herbe tout en ouate et respect Papito.
J'ai très peu de souvenirs de mes grands-parents. J'étais le dernier des petits-enfants et quand j'ai atteint l'âge de les comprendre et de les écouter, l'un comme l'autre n'avaient plus l'envie ou la force de parler. Ne restent en mémoire que des risettes, de la tendresse et deux, trois détails qui ne feraient pas un paragraphe dans une biographie.

 Challenge Petit Bac 2015 
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