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A propos de livres...
allemagne
30 mars 2013

Dans le jardin de la bête - Erik Larson

dans_le_jardin_de_la_bete Le Cherche Midi - août 2012 - 656 pages

traduit de l'anglais (États-Unis) par Edith Ochs

Titre original : In the Garden of Beasts, 2011

Quatrième de couverture :
Après 
Le Diable dans la Ville blanche, Erik Larson nous offre un superbe thriller politique et d'espionnage, fondé sur des événements réels et peu connus qui se sont déroulés en Allemagne pendant l'accession au pouvoir d'Adolf Hitler. 
1933. Berlin. William E. Dodd devient le premier ambassadeur américain en Allemagne nazie. Sa fille, la flamboyante Martha, est vite séduite par les leaders du parti nazi et leur volonté de redonner au pays un rôle de tout premier plan sur la scène mondiale. Elle devient ainsi la maîtresse de plusieurs d'entre eux, en particulier de Rudolf Diels, premier chef de la Gestapo, alors que son père, très vite alerté des premiers projets de persécutions envers les Juifs, essaie de prévenir le département d'État américain, qui fait la sourde oreille. Lorsque Martha tombe éperdument amoureuse de Boris Winogradov, un espion russe établi à Berlin, celui-ci ne tarde pas à la convaincre d'employer ses charmes et ses talents au profit de l'Union soviétique. Tous les protagonistes de l'histoire vont alors se livrer un jeu mortel, qui culminera lors de la fameuse « Nuit des longs couteaux ».

Auteur : Erik Larson est un auteur américain de romans historiques et de romans policiers né le 3 janvier 1954 à Brooklyn. Après Le Diable dans la Ville blanche, bientôt adapté au cinéma avec Leonardo DiCaprio, Dans le jardin de la bête est son deuxième ouvrage paru en France. Les droits d’adaptation cinématographique du livre ont donné lieu à des enchères exceptionnelles, remportées par Tom Hanks.

Mon avis : (lu en mars 2013)
Voilà un livre dont l'épaisseur peut faire peur... 641 pages, mais je me suis rapidement rendue compte que les cent dernières pages sont consacrées aux notes. En effet, en utilisant les carnets de William Dodd, ambassadeur des États-Unis à Berlin de juillet 1933 à décembre 1937 et le journal intime de sa fille Martha, Erik Larson relate ce qu'il se passe à l'époque à Berlin avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir et la montée des idées antisémites...
William Dodd n'est pas diplomate de formation, c'est un ancien professeur d'histoire qui obtient ce poste car personne n'en voulait et ayant fait ses études à Leipzig, il connaissait l'Allemagne... Son regard critique sur la fonction d'ambassadeur et sur ce qu'il se passait en Allemagne à cette époque est particulièrement intéressant. Il a un côté naïf ou optimiste, il voit son rôle d'ambassadeur comme celui d'un observateur et d'un rapporteur. En octobre 1933, il croyait sincère Hitler dans sa volonté de paix mais au fil des mois il découvre la réalité de l'horreur nazie, pourtant refusant l'ingérence, il cherchera longtemps à préserver des relations cordiales entre les États-Unis et l'Allemagne. Après la Nuit des longs couteaux, du 29 au 30 juin 1934, Dodd critiquera ouvertement le régime mais le gouvernement américain reste prudent et ne réagira pas, ce qui préoccupe le plus les américains, c'est le remboursement de la dette de l'Allemagne ! 
Dodd est également naïf vis à vis de sa fille Martha insouciante et délurée, elle ne pense qu'à s'amuser, elle est séduite par le régime nazi, elle a de nombreux amis, de toutes nationalités et deviendra même la maîtresse de plusieurs dignitaires nazis, comme Rudolf Diels le premier chef de la Gestapo, mais également celle d'un espion soviétique…

Ce livre se lit comme un roman ou un thriller mais les phrases entre guillemets dont il est constitué nous rappellent que c'est un vrai document, un témoignage de cette époque. Erik Larson a effectué un très gros travail de documentation. Et cette chronologie vue de l'intérieur de la lente ascension d'Hitler au pouvoir sans réelle réaction des Allemands comme des autres nations est passionnante.

 

Extrait : (début du livre)
Il était courant, pour les expatriés américains, de se rendre à leur consulat à Berlin, mais l'homme qui s'y présenta le jeudi 29 juin 1933 n'était pas dans un état normal. Joseph Schachno, 31 ans, était un médecin originaire de New York qui, récemment encore, exerçait la médecine dans une banlieue de Berlin. A présent, il se tenait nu dans une salle d'examen entourée d'un rideau au premier étage du consulat où habituellement, un praticien de la santé publique examinait les demandeurs de visas qui aspiraient à émigrer aux États-Unis. Schachno était écorché vif sur une grande partie de son corps.
Deux agents consulaires arrivèrent et entrèrent dans la cabine. L'un était George Messersmith, le consul général américain pour l'Allemagne depuis 1930 (sans rapport avec Wilhelm Messerschmitt, l'ingénieur en aéronautique allemand). A la tête des services diplomatiques à Berlin, Messersmith supervisait les dix consulats américains situés dans les grandes villes allemandes. A côté de lui se tenait son vice-consul, Raymond Geist. En règle générale, Geist était calme et flegmatique, le parfait subalterne, mais Messersmith remarqua qu'il était blême, visiblement secoué.
Les deux hommes étaient atterrés par l'état de Schachno. «Depuis le cou jusqu'aux talons, il n'était qu'une masse de chairs à vif, constata Messersmith. Il avait été roué de coups de cravache et de tout ce qui était possible jusqu'à ce que la chair soit littéralement mise à nu et sanguinolente. J'ai jeté un coup d'oeil et je suis allé le plus vite que j'aie pu jusqu'à un des lavabos où le [médecin de la santé publique] se lavait les mains.»
Le passage à tabac, comme l'apprit Messersmith, était survenu neuf jours plus tôt, mais les plaies étaient toujours ouvertes. «Après neuf jours, des omoplates aux genoux, il y avait toujours des zébrures qui montraient qu'il avait été frappé des deux côtés. Ses fesses étaient pratiquement à cru avec de grandes parties encore dépourvues de peau. Par endroits, la chair avait été pratiquement réduite en charpie.»
S'il constatait cela neuf jours plus tard, se dit Messersmith, à quoi devaient ressembler les plaies aussitôt après le passage à tabac ?
L'histoire se fit jour :
Dans la nuit du 21 juin, Schachno avait vu débarquer chez lui une escouade d'hommes en uniforme à la suite d'une dénonciation anonyme le désignant comme un ennemi potentiel de l'État. Les hommes avaient mis son appartement à sac et, bien qu'ils n'aient rien trouvé, ils l'avaient emmené à leur quartier général. Schachno avait reçu l'ordre de se déshabiller, et il fut aussitôt roué de coups avec brutalité, longuement, par deux hommes armés d'un fouet. Il fut ensuite relâché et parvint tant bien que mal à regagner son domicile. Puis, avec sa femme, il se réfugia au centre de Berlin, dans l'appartement de sa belle-mère. Il était resté alité pendant une semaine. Dès qu'il s'en était senti la force, il s'était rendu au consulat.
Messersmith donna l'ordre de le conduire dans un hôpital, et lui délivra ce jour-là un nouveau passeport américain. Peu après, Schachno et sa femme s'enfuirent en Suède, puis aux États-Unis.

  Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Sélection document 
Jury Avril

Challenge 6% Littéraire 2012
 logochallenge2 
41/42

 Challenge Petit BAC 2013
petit_bac_2013
"Animal"

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10 mars 2013

Blanche-Neige doit mourir - Nele Neuhaus

blanche_neige_doit_mourir Actes Sud - octobre 2012 - 400 pages

traduit de l'allemand par Jacqueline Chambon

Titre original : Schneewittchen muss sterben, 2010

Quatrième de couverture :
Une femme est tombée d'un pont sur une voiture. Selon un témoin, elle aurait été poussée. L'enquête conduit Pia Kirchhoff et Oliver von Bodenstein à Altenhain où la victime, Rita Cramer, a vécu avant son divorce d'avec un certain Hartmut Sartorius. Onze ans plus tôt, deux jeunes filles du village avaient disparu sans laisser de trace. Sur la foi de maigres indices, un garçon de vingt ans, Tobias Sartorius, avait été arrêté et condamné à dix ans de prison. Or, depuis quelques jours, Tobias est revenu chez son père à Altenhain... Dans le village, Pia et Bodenstein se heurtent à un mur de silence. Mais bientôt une autre jeune fille disparaît et les habitants accusent Tobias Sartorius, même si ce dernier a toujours clamé son innocence. Les preuves manquent, la police piétine et certains villageois semblent bien décidés à prendre les choses en main. Dans ce deuxième roman du duo Pia-Bodenstein, Nele Neuhaus construit une fois de plus une intrigue millimétrée autour des non-dits et de l'atmosphère étouffante d'un petit village allemand. Procédant par dévoilements successifs, elle démonte patiemment les mécanismes d'une erreur judiciaire et analyse magistralement le fonctionnement de ces fascinantes machines à broyer les individus que sont parfois la justice et les préjugés. Succès colossal à sa sortie, Blanche-Neige doit mourir s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires outre-Rhin. Depuis, Nele Neuhaus règne sans partage sur le domaine du "Krimi".

Auteur : Née en 1967 à Münster, en Westphalie, Nele Neuhaus, a grandi à Taunus, près de Francfort. Après ses études, elle travaille dans une agence de publicité puis se met à écrire des romans policiers qui rencontrent aussitôt un succès immédiat. Déjà paru Flétrissure (2011).

Mon avis : (lu en mars 2013)
Altenhain est un petit village allemand proche de Francfort où y a dix ans deux jeunes filles Laura et Stefanie ont disparues. Tout accuse alors Tobias qui était le petit ami de Stefanie et l'ex de Laura. Pourtant, cette fameuse nuit, Tobias avait beaucoup bu et il ne se souvient de rien.
Lorsque le livre commence, Tobias rentre chez lui après avoir purgé sa peine. Toute sa famille a été brisée par cette condamnation, son père a fermé son restaurant, ses parents se sont séparés et Altenhain, refuse le retour de l'enfant du pays. En quelques jours, les restes du corps de Laura est découvert dans une ancienne cuve sur un aéroport désaffecté et la mère de Tobias est poussée d'un pont. Les enquêteurs Pia Kirchhoff et à Oliver von Bodenstein vont alors s'intéresser au passé et revenir sur les évènements dix ans plus tôt. L'atmosphère est pesante, le silence est de mise. J'ai trouvé cette histoire captivante et l'intrigue très bien construite, avec du rythme, des rebondissements, de nombreuses fausses pistes et un suspense haletant. J'ai pris du plaisir à lire et découvrir ce roman policier. Une découverte très plaisante.

Autres avis : Canel, Jostein, Nadael

Extrait : (début du livre)
L’escalier de fer rouillé était étroit et raide. Il tâta le mur pour trouver l’interrupteur. Une seconde après l’ampoule de vingt-cinq watts éclaira l’endroit d’une lumière chiche. La lourde porte de fer s’ouvrit sans bruit. Il en huilait régulièrement les charnières pour qu’elles ne grincent pas quand il venait la voir. Un air chaud mêlé à une odeur sucrée de leurs fanées l’accueillit. Il ferma soigneusement la porte derrière lui, éclaira et resta un moment immobile. La grande pièce, environ dix mètres de long et cinq de large, était simplement meublée, mais elle avait l’air de s’y sentir bien. Il alla vers l’appareil stéréo et appuya sur la touche Play. La voix rauque de Bryan Adams remplit la pièce. Lui-même n’appréciait pas beaucoup la musique, mais elle aimait le chanteur canadien et il tenait compte de ses goûts. S’il devait la garder cachée, au moins que rien ne lui manque. Comme d’habitude, elle ne dit rien. Elle ne lui parlait pas, ne répondait jamais à ses questions mais cela ne le dérangeait pas. Il poussa de côté le paravent qui partageait discrètement la pièce en deux. Elle était allongée, silencieuse et belle sur le lit étroit, les mains croisées sur la poitrine, la longue chevelure s’élargissant comme un noir éventail autour de sa tête. À côté du lit étaient posées ses chaussures, sur la table de nuit un bouquet de lilas blanc se fanait dans un vase de verre.
— Hello, Blanche-Neige, dit-il à voix basse.
La sueur perlait à son front. La chaleur était à peine supportable, mais elle aimait ça. Même avant elle avait vite froid. Il parcourut du regard les photos qu’il avait accrochées pour elle à côté de son lit. Il voulait lui demander s’il devait en accrocher d’autres. Mais il devait attendre le moment approprié pour que cela ne la blesse pas. Il s’assit prudemment au bord du lit. Le matelas s’inclina sous son poids et un instant il crut qu’elle avait bougé. Mais non. Elle ne bougeait jamais. Il tendit la main et la posa sur sa joue. Sa peau, au cours des années, avait pris une teinte jaune. Au toucher, elle était dure comme du cuir. Comme toujours, elle avait les yeux fermés et si sa peau n’était plus aussi douce et rose, sa bouche était aussi jolie qu’avant, lorsqu’elle lui avait parlé et lui avait souri. Il resta assis un moment à la regarder. Jamais le désir de la protéger n’avait été plus fort.
— Je dois partir, dit-il enin à regret. J’ai beaucoup à faire. 
Il se leva, prit le bouquet fané et s’assura que la bouteille de Coca-Cola sur la table de nuit était pleine.
— Tu me dis si tu as besoin de quelque chose, n’est-ce pas ?
Parfois son rire lui manquait et cela le rendait triste. Naturellement, il savait qu’elle était morte, mais il trouvait plus simple de faire comme s’il ne le savait pas. Il n’avait jamais entièrement abandonné l’espoir d’obtenir un sourire d’elle.

Grand_Prix_des_Lectrices_2013
Sélection policier 
Jury Mars

 Challenge Petit BAC 2013
petit_bac_2013
"Météo"

 Challenge Voisins, voisines

voisins_voisines_2013
Allemagne

 Challenge Thriller 
challenge_thriller_polars
catégorie "Même pas peur" : 30/12

Challenge 6% Littéraire 2012

   logochallenge2  
38/42

  Lire sous la contrainte

 

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5ème session : couleur

 

20 décembre 2012

L’interprétation des peurs - Wulf Dorn

l_interpretation_des_reves Le Cherche Midi – mai 2012 – 432 pages

traduit de l'allemand par Joël Falcoz

Titre original : Trigger, 2009

Quatrième de couverture :
Psychiatre de talent, Ellen Roth reçoit en consultation dans la clinique où elle travaille une femme en état de choc, qui lui confie être harcelée par un homme, sur lequel elle refuse de donner le moindre détail. Serait-elle en proie à un délire de persécution ? Ellen n'a pas le temps d'en apprendre plus : à peine internée, l'inconnue disparaît. Quelques jours plus tard, un mystérieux individu agresse Ellen et lui lance un macabre défi : elle a quarante-huit heures pour découvrir qui il est et les raisons qui le poussent à s'en prendre à elle, sans quoi la patiente disparue mourra. C'est le début d'une course contre la montre pour Ellen, confrontée à la paranoïa, la peur et la violence. Bien vite, elle se retrouve isolée de tous, ne pouvant compter sur personne. Et avec très peu de temps pour découvrir ce qui, dans sa vie et celle de ses proches, peut motiver cet inconnu qui semble en savoir très long sur elle.

Auteur : Né en 1969, Wulf Dorn écrit depuis l'âge de 12 ans. Plusieurs de ses nouvelles ont été publiées et récompensées par des prix littéraires. L'Interprétation des peurs est son premier roman. Il vit à Ulm, en Allemagne.

Mon avis : (lu en décembre 2012)
Ce livre est un thriller psychologique. L'histoire a pour cadre un hôpital psychiatrique. Ellen Roth, brillante psychiatre, a pour patiente une femme maltraitée et terrorisée admise depuis peu dans la Clinique du Bosquet. Ellen voudrait aider cette femme et elle y met toutes ses forces.
Pendant une centaine de pages le lecteur est happé par l'intrigue dont le suspens devient de plus en plus intense. Certains passages sont plutôt flippants (livre à éviter de lire avant d'aller se coucher...). J'ai même éprouvé un certain malaise et une impression désagréable car, comme un schizophrène, je n'arrivais plus à distinguer ce qui était réel et ce qui était imaginaire... Malgré tout, j'avais très envie de savoir comment cette histoire allait pouvoir se terminer... 
Le milieu du livre est plus difficile à suivre, j'ai eu l'impression de tourner en rond, de répétitions, des rebondissements peu crédibles et la bonne impression du début retombait. Heureusement, le dénouement et la conclusion de cette histoire est inattendu et efficace. Au cours de ma lecture, j'avais échafaudé quelques hypothèses et j'étais complètement à côté. 

Une lecture prenante et captivante mais le malaise et les peurs que suscitent ce livre ne sont pas vraiment agréables. 

Autres avis : Theoma, Clara, Canel, HélèneKeishaNadaelMimiAkialam

Extrait : (début du livre)
Il est des lieux maléfiques, nimbés de légendes. De tels lieux sont régulièrement le théâtre d'évènements funestes, comme s'ils se nourrissaient de drames.
Pour Hermann Talbach, la ferme en ruine du vieux Sallinger était de ces endroits maudits. Tout le monde dans le village en était convaincu. Certains allaient jusqu'à prétendre que quiconque osait s'en approcher sombrait dans la folie. Comme jadis Sallinger qui, un soir de mai, avait mis le feu aux bâtiments avant de périr dans les flammes avec sa femme et ses deux enfants.
Or, ce jour-là, Talbach était pressé d'atteindre la ruine. Tandis qu'il arpentait le sentier forestier avec Paul, son apprenti, il priait pour qu'il ne soit pas trop tard. Il était de leur devoir d'empêcher une nouvelle tragédie.
Talbach n'avait pas eu le temps de se changer. En bleu de travail, les mains pleines de cambouis, il passa en hâte près des vestiges de l'ancien portail couverts de mousse. Le mécanicien avait dépassé la quarantaine et boitillait suite à un accident sous le pont élévateur de son garage. Pourtant, il ne ralentissait pas l'allure. Paul, âgé de dix-neuf ans, peinait à le suivre.

 

 Grand_Prix_des_Lectrices_2013 
Sélection policier 
Jury Novembre

 Challenge Thriller 

challenge_thriller_polars

catégorie "Même pas peur" : 17/12

Challenge Voisins, voisines

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Allemagne

Lu dans le cadre du Challenge Défi Premier roman

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10 octobre 2012

La Guerre d'Alan - Emmanuel Guibert

la_guerre_d_Alan L'Association - juin 2012 - 298 pages

Quatrième de couverture :
Lorsque Emmanuel Guibert rencontre Alan I. Cope sur les plages de l'île de Ré, il ne se doute pas qu’il consacrera douze ans de sa vie à cet homme extraordinaire et humble, qui, comme nombre de jeunes américains de son époque, fut enrôlé dans l'armée et traversa l'Europe pour y faire la guerre. Emmanuel Guibert a patiemment enregistré Alan lui racontant son périple, la vie de soldat et les à-côtés de la guerre, loin de la violence des combats. On le suit au gré de ses voyages en France et en Allemagne, de ses rencontres, amicales et littéraires qui auront une influence déterminante sur sa vie d'adulte.

Auteur : Emmanuel Guibert est un dessinateur et scénariste de bande dessinée, né en 1964 à Paris.  

Mon avis : (lu en octobre 2012)
Dans la préface de cette Bande Dessinée, Emmanuel Guibert raconte le hasard de sa rencontre avec Alan Cope sur l'Ile de Ré, ce dernier a 69 ans et une amitié se noue entre eux.

Ce livre nous raconte la vie d'un jeune GI qui a été appelé à 18 ans par l'Armée Américaine, qui est venu en Europe pour faire la guerre et libérer la France. C'est un anonyme parmi les anonymes, et nous suivons son quotidien. Cela commence par l'entraînement aux États-Unis, puis son arrivée en Europe le jour de son vingtième anniversaire jusqu'à l'après-guerre. Alan traversera la France, l'Allemagne et ira jusqu'en Tchécoslovaquie.
Loin des récits habituels d'une guerre héroïque, ce témoignage nous montre la guerre sous un angle différent. Un quotidien détaillé, proche de la réalité. Les absurdités de la guerre côtoient les belles rencontres. Un voyage dans le temps, riche et émouvant en noir et blanc.

Autres avis : Mimipinson, Mo

Extrait : 

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 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012

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"Prénom"

19 mai 2012

L'Été de l'ours - Bella Pollen

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Belfond – janvier 2012 – 404 pages

traduit de l'anglais par Florence Bertrand

Titre original : The summer of the bear, 2010

Quatrième de couverture :
Poignant, bourré d'émotion et de poésie, un roman au charme particulier, qui oscille entre rire et larmes. Une oeuvre lumineuse, dont la lecture captive autant qu'elle réconforte. 
Après le décès aussi soudain qu'inexpliqué de son époux, haut diplomate anglais, Letty Fleming prend une décision : fuir l'ambassade de Bonn en pleine guerre froide et s'installer avec ses trois enfants sur une île d'Écosse. 
Mais la distance n'y fait rien, Letty ne peut se détacher de ces questions : son mari était-il vraiment le traître qu'on lui a dépeint ? Et quelles menaces rôdent autour des siens ? 
Comblant les silences de leur mère et l'absence de leur père, les enfants, eux, tentent de reconstruire leur vie. Tandis que la douce Georgie découvre les joies de l'amour, la terrible Alba passe son chagrin et ses nerfs sur son jeune frère. Hypersensible, doté d'une imagination sans bornes, Jamie envoie des bouteilles à la mer en songeant à celui qui ramènera leur père...
Arpentant les plages et la lande désolées, un ours solitaire rêve de liberté et d'une âme à sauver...

Auteur : Après une enfance passée entre New York et l'Angleterre, Bella Pollen a travaillé treize ans dans la mode, un milieu qu'elle côtoie désormais en tant que journaliste, collaborant pour de grandes revues, telles American Vogue, The Spectator, The Times et The Sunday Telegraph. Écrivain, Bella Pollen a déjà publié quatre romans outre-Manche. L'Été de l'ours, son premier ouvrage à paraître en France, a remporté un vif succès critique lors de sa sortie en Angleterre, en 2010. Elle vit entre Londres et les États-Unis, avec son mari et leurs quatre enfants.

Mon avis : (lu en mai 2012)
Nous sommes en 1980, époque de la Guerre Froide. Nicky Fleming, diplomate anglais en poste à Bonn en Allemagne, est mort dans des conditions inexpliquées, il serait tombé du toit de l'Ambassade. Sa femme Letty décide de quitter Bonn avec ses trois enfants, pour sa maison d'enfance dans une petite île au nord de l'Écosse dans les Hébrides Extérieures.
La mort de Nicky est un choc pour chacun des membres de la famille. Et chacun ne vit pas ce drame de la même manière. Letty est noyée par son chagrin, elle veut comprendre ce qu'il s'est vraiment passé, elle refuse à croire au suicide de son mari ou à sa trahison. Occupée par son chagrin, elle oublie de s'occuper de ses enfants.
Georgie la fille aînée de 17 ans est la plus compréhensive, elle tente d'être un vrai soutien pour sa mère car elle est devenue presque une adulte. Elle a cependant quelques secrets qui la travaillent et pourtant elle aspire à regarder vers l'avenir.
La seconde Alba, 14 ans, est en pleine crise d'adolescence, c'est une révoltée qui n'exprime que par la colère, sa victime favorite c'est Jamie son petit frère qu'elle persécute et bouscule un peu pour le faire revenir dans la vraie vie...
Jamie est garçon de onze ans, émotif et fragile, personne ne lui a dit franchement que son père était mort. Les mots « perdu » ou « accident » ont été utilisés. Et pour le protéger, Jamie n'était même pas présent aux obsèques de son père. Et depuis, il attend son retour et il cherche ce père qu'il a perdu. Il a une imagination très fertile et il se berce d'illusion.
Sur cette même petite île, un ours s’est échappé et  se cache quelque part. Cet ours apparaît régulièrement tout au long de cette histoire et le lecteur comprendra plus tard qu'il est l'un des personnage important du roman.

Les chapitres sont très courts et révèlent tour à tour les pensées de Letty, de Jamie, de Georgie, d'Alba et même de l'ours. Ils évoquent également des évènements en Allemagne ou en Grande-Bretagne, avant ou après la mort de Nicky.
Une histoire belle et très forte en émotions avec des personnages attachants se débattant avec la perte brutale d'un mari ou d'un père. Ce livre est un coup de cœur pour moi.

Autres avis : Clara, Canel, Sharon

Extrait : (début du livre)
Hébrides-Extérieures, été 1980
C’était l’odeur qui le rendait fou. Comme si l’océan lui-même était une soupe appétissante confectionnée à partir des ingrédients les plus frais qui soient, et qu’il ne pouvait s’en rassasier. Oh, que n’avait-il un croûton de pain assez gros pour saucer cette merveilleuse bouillabaisse – une tête de maquereau, des queues de lieu jaune et noir. A chaque brasse, un nouvel arôme s’offrait à lui : à l’arrière-plan un bouillon parfumé par les coquilles de moules et de bigorneaux ; une pincée d’assaisonnement provenant du jus d’une anémone de mer ; une légère couche de plancton par-dessus pour la texture. Il secoua brusquement la tête, un mouvement involontaire, un simple élan de gourmandise. Pourtant, ce fut suffisant. La corde se rompit et aussitôt la pression se relâcha autour de son cou. Il marqua une pause, puis avança de nouveau, la lumière se faisant lentement dans son esprit.
La liberté.
Devant lui s’étendait l’horizon, derrière lui l’île montait et descendait au gré de la houle. Il aperçut la tache floue d’un homme émergeant des lignes d’écume que les vagues avaient laissées sur la plage. Le dresseur se mit debout et leva les bras pour lui faire signe. Pourtant, il hésita encore, déchiré. Il avait beau être un prisonnier heureux, une corde reste une corde, peu importe celui qui la tient. Alors il tourna le dos au gros homme, plongea dans les eaux salées de la Minch et, indifférent à la tempête qui menaçait à l’horizon, continua à nager.

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Challenge Voisins, voisines
voisin_voisines2012
Grande-Bretagne

Challenge God Save The Livre
 Challenge_anglais

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Animaux"

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4 mars 2012

La résistance française à Buchenwald - Olivier Lalieu

Lu dans le cadre du partenariat Logo_News_Book et des éditions Tallendier

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Editions Tallandier – mars 2005 – 

Editions Tallandier – janvier 2012 – 441 pages

Préface de Jorge Semprun

Quatrième de couverture :
Depuis la Libération, le camp de Buchenwald, symbole de la résistance des déportés dans le système concentrationnaire nazi, est au cœur de polémiques acharnées : quel est le rôle respectif des droits communs et des politiques dans le contrôle de l’administration intérieure du camp ? Et chez ces derniers, quelles sont les conséquences des rivalités entre gaullistes et communistes ? Qu’impliquent les rapports de force permanents entre les différentes communautés nationales ? Et dans quelles circonstances le camp est-il libéré, le 11 avril 1945 ? 


Au-delà des passions et des conflits, à partir d’archives et de témoignages inédits et avec le recul serein de l’historien, Olivier Lalieu révèle la véritable histoire de la résistance des déportés français alors que chaque action avait le poids d’une vie.

Auteur : Olivier Lalieu, historien au Mémorial de la Shoah à Paris, est également l’auteur de La Déportation fragmentée. Les anciens déportés parlent de politique (Boutique de l’histoire, 1994) et de nombreux articles ou communications sur la mémoire de la déportation. Jorge Semprun,ancien déporté à Buchenwald, a rédigé la préface de ce livre.

Mon avis : (lu en mars 2012)
J'ai accepté ce partenariat avec Newbook car depuis toujours je me suis intéressée aux témoignages des personnes ayant vécu durant la Seconde Guerre Mondiale. 

Ce livre est est le résultat d'un gros travail d'historien très bien documenté, rassemblant une documentation riche et variée avec des archives officielles ou privées, de nombreux témoignages sur la vie du camp du Buchenwald et en particulier sur la Résistance française. Avec un regard objectif de l'historien, Olivier Lalieu nous décrit avec une grande précision l'histoire de la résistance clandestine à Buchenwald.
Le camp de concentration de Buchenwald « Forêt de hêtres » a été créé en 1937 par le régime hitlérien sur la colline d'Ettersberg près de Weimar, en Allemagne. Les nazis y envoyaient des opposants politiques et religieux allemands comme les sociaux-démocrates, les communistes, les syndicalistes, les libéraux, les démocrates, les pacifistes, les religieux catholiques et protestants (ils portent l'insigne du triangle rouge). Au début, les petits chefs du camp étaient constitués de criminels de « Droit Commun » (les triangles verts), une idée des nazis pour mater . Lorsque la plupart des Français arrivent à Buchenwald en 1943 et 1944, les détenus « Politiques », ont réussi à s’imposer sur les détenus « Droit Commun » pour les postes stratégiques du camp. La Résistance française à Buchenwald va se développer grâce à la rencontre deux hommes aux parcours différents mais dont les personnalités affirmées et leurs engagements vont réussir à créer un collectif français CIF (Comité des intérêts français) et cela permet à la communauté française de se faire mieux respecter. La Résistance dans un camp comme Buchenwald est multiple. C'est avant tout avoir le sens collectif. C'est refuser la brutalité envers les autres détenus. C'est entretenir le moral des déportés en organisant des « loisirs » (dessins, musique, théâtre, conférences...) pour oublier la triste réalité du froid, de la misère, des coups, de la mort. C'est avoir des gestes de solidarité, alimentaire ou vestimentaire, C'est entretenir le moral des déportés en organisant des « loisirs » (dessins, musique, théâtre, conférences...) pour oublier la triste réalité du froid, de la misère, des coups, de la mort. C'est aussi faire du sabotage en particulier dans les usines d'armement qui utilisaient comme main-d’œuvre les déportés. Mais c'est aussi participer à « la dramatique question des « Transports » », c'est à dire établir des listes d'affectations à certains kommandos ou de départ vers d'autres camps.

Ce livre très complet m'a beaucoup intéressée même si certains passages m'ont paru un peu long. J'y ai appris beaucoup de choses, le camp y est décrit avec beaucoup de précision, glossaires, carte, plans, annexes, bibliographies et index enrichissent également ce cours d'histoire.

Un grand merci à News Book et aux éditions Tallendier pour m'avoir permis de découvrir ce livre.


Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC 2012
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"Géographie"

20 septembre 2011

Le goût des pépins de pommes – Katharina Hagena

Lecture Commune avec
CanelValérie, Enna, AngelbbJules, George, Hebelit

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Éditions Anne Carrière – janvier 2010 – 267 pages

Livre de Poche – avril 2011 – 285 pages

traduit de l’allemand par Bernard Kreiss

Titre original : Der Geschmack von Apfelkernen, 2008

Quatrième de couverture :
A la mort de Bertha, ses trois filles, Inga. Harriet et Christa, et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur maison de famille, à Bootshaven, dans le nord de l'Allemagne, pour la lecture du testament. A sa grande surprise, Iris hérite de la maison et doit décider en quelques jours de ce qu'elle va en faire. Bibliothécaire à Fribourg, elle n'envisage pas, dans un premier temps, de la conserver. Mais, à mesure qu'elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin qui l'entoure, ses souvenirs se réveillent, reconstituant l'histoire émouvante, parfois rocambolesque, mais essentiellement tragique, de trois générations de femmes. Katharina Hagena nous livre ici un grand roman sur le thème du souvenir et de l'oubli.

Auteur : Katharina Hagena est née en 1967. Spécialiste de l'œuvre de Joyce, elle enseigne la littérature anglaise et allemande à l'université de Hambourg.

Mon avis : (lu en septembre 2011)
Voilà un livre que je voulais lire depuis longtemps et que je n'avais toujours pas emprunté à la bibliothèque, j'ai donc sauté sur l'occasion d'une Lecture Commune organisée par Canel pour le sortir des rayons... Et, je vous le dit tout de suite, la lecture a été savoureuse comme une bonne pomme...
A la suite du décès de sa grand-mère, Iris hérite de la maison familiale. Elle décide d'y passer quelques jours et les souvenirs de son enfance ressurgissent. A travers les souvenirs d’Iris, le lecteur découvre trois générations de femmes. Les pommes, les groseilles, la nature, les lieux sont l’occasion de nombreux flash-back, et en conclusion nous aurons l’explication d’une tragédie qui a eu lieu dans le passé et qui est juste évoquée durant tout le livre.
Avec cette lecture, je me suis laissé emporter par mes propres souvenirs, je me suis retrouvée enfant dans les maisons de mes grands-mères, j'ai retrouvé les odeurs, les bruits familiers de la maison, du jardin... Et j'ai ressenti de fortes émotions.
J’ai beaucoup aimé les belles descriptions précises et avec beaucoup de sensibilité des fruits, des fleurs et du paysage faites par l’auteur. Elle évoque les événements les plus sensibles avec justesse, et l’humour est également présent avec quelques situations cocasses.
Un moment de lecture savoureux, avec un peu de nostalgie et de l’émotion !

Et maintenant les avis de Canel, Valérie, Enna, AngelbbJules, George, Hebelit

Extrait : (début du livre)
Tante Anna est morte à seize ans d'une pneumonie qui n'a pas guéri parce que la malade avait le cœur brisé et qu'on ne connaissait pas encore la pénicilline. La mort survint un jour de juillet, en fin d'après-midi. Et l'instant d'après, quand Bertha, la sœur cadette d'Anna, se précipita en larmes dans le jardin, elle constata qu'avec le dernier souffle rauque d'Anna toutes les groseilles rouges étaient devenues blanches. C'était un grand jardin, les nombreux vieux groseilliers ployaient sous les lourdes grappes. Elles auraient dû être cueillies depuis longtemps mais lorsque Anna était tombée malade, personne n'avait plus songé aux baies. Ma grand-mère m'en a souvent parlé car c'est elle, à l'époque, qui a découvert les groseilles endeuillées. Il n'y avait plus depuis lors que des groseilles noires et blanches dans le jardin de grand-mère, et toutes les tentatives ultérieures visant à y réintroduire des groseilliers rouges se sont soldées par un échec, leurs branches ne portaient que des baies blanches. Mais cela ne dérangeait personne, les blanches étaient presque aussi savoureuses que les rouges, quand on les pressait pour en extraire le jus, le tablier n'en souffrait pas trop, et la pâle gelée que l'on obtenait luisait de reflets d'une mystérieuse transparence. Comme « des larmes en conserve », disait ma grand-mère. Et aujourd'hui encore, on trouvait sur les étagères de la cave des bocaux de toutes les tailles avec de la gelée de groseilles de 1981, un été particulièrement riche en larmes, le dernier été de Rosemarie. En quête de cornichons au vinaigre, ma mère est tombée un jour sur un bocal de 1945 contenant les premières larmes d'après-guerre. Elle en a fait cadeau à l'Association pour la sauvegarde des moulins, et lorsque je lui ai demandé pourquoi elle donnait la délicieuse gelée de grand-mère à un écomusée, elle a déclaré que les larmes contenues dans ce bocal étaient trop amères.

Ma grand-mère, Bertha Lünschen, née Deelwater, est morte quelques décennies après tante Anna, mais à ce moment-là, il y avait déjà un certain temps qu'elle ne savait plus qui avait été sa sœur, ni comment elle s'appelait elle-même, ni si c'était l'hiver ou l'été. Elle avait oublié à quoi pouvait servir une chaussure, un brin de laine ou une cuiller. Dix ans lui ont suffi pour s'affranchir de tout souvenir, il semblait que ce fût tâche à sa convenance, aussi facile à mener à bien que de chasser d'un geste négligent les courtes boucles blanches qui avaient tendance à lui encombrer la nuque ou de balayer en un tournemain les miettes invisibles qui jonchaient la table. Davantage que des traits de son visage, je me souviens du bruissement de la peau dure, sèche de sa main sur le bois de la table de la cuisine. Du fait aussi que ses doigts bagués se refermaient résolument sur les miettes, un peu comme s'ils tentaient de saisir au passage les ombres fuyantes qui lui traversaient l'esprit, mais peut-être aussi Bertha voulait-elle simplement, plutôt que de les voir finir sur le sol, les jeter aux moineaux qui prenaient, à folâtrer dans le sable du jardin au début de l'été, un plaisir tel que les petits radis finissaient toujours le ventre à l'air. Plus tard, à la maison de retraite, la table était en formica et la main de grand-mère s'est tue. Avant que la mémoire ne lui fît totalement défaut, Bertha nous coucha sur son testament. Ma mère, Christa, hérita de la terre, tante Inga des valeurs mobilières, tante Harriet de l'argent. Bijoux et meubles, linge et argenterie devaient être partagés entre ma mère et mes tantes. Moi, la petite dernière, j'héritai de la maison. Clair comme de l'eau de roche, tel était le testament de Bertha – une douche froide de vérité. Les valeurs mobilières étaient de peu de valeur, les pâturages de la pénéplaine d'Allemagne du Nord n'avaient d'attrait que pour les vaches, de l'argent il n'y en avait guère, et la maison était vieille.

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Allemagne

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Végétal"

23 juillet 2011

Comme personne - Hugo Hamilton

Lu dans le cadre du partenariat bibliofolie_2011_logo_1501 et Points

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Phébus - janvier 2010 – 336 pages

Points – mars 2011 – 315 pages

Libra Diffusio – janvier 2011 – Grands Caractères

traduit de l'anglais (Irlande) par Joseph Antoine

Titre original : Disguise, 2008

Quatrième de couverture : 
L'Allemagne nazie vit ses derniers jours. Maria fuit la capitale, tombeau de son fils Gregor. Dans la foule des réfugiés, sa main saisit celle d'un petit garçon : elle nommera l'orphelin du nom de son enfant défunt. Cet héritage va hanter le garçon sa vie durant et le jeter sur les routes de l'Europe. Persuadé d'être juif, il quitte sa famille adoptive, en quête de ses véritables origines...

Auteur : Hugo Hamilton est né à Dublin en 1953. Auteur du sulfureux Berlin sous la Baltique (2005) et de polars Déjanté (2006), et Triste flic (2003), il rencontre avec Sang impur un succès international (Prix Femina étranger 2004). Hugo Hamilton s'affirme une fois de plus comme l'auteur des enfances perdues, de la quête obsédante des origines et confirme ici qu'il est un des plus importants écrivains irlandais contemporains.

Mon avis : (lu en juillet 2011)
Lorsque Bibliofolie a proposé ce partenariat, je n’ai pas hésité et j’ai été ravie d’avoir été choisie pour ce premier partenariat. En effet, j’ai déjà lu "Sang impur" du même auteur, un livre autobiographique très touchant sur son enfance à Dublin dans les années 50.
Dans « Comme personne », Hugo Hamilton nous raconte l'histoire de Gregor, petit rescapé de la Seconde Guerre Mondiale, il a été adopté par Maria Liedmann qui fuyait Berlin après avoir perdu son fils âgé de trois ans dans un bombardement. « Il venait de trouver sa mère, et elle avait retrouvé le fils qu'elle avait perdu. » Mais Maria a promis à son père, Emil de ne jamais révéler à quiconque qu’il n’est pas son fils. Pas même à son mari encore sur le front.
Gregor a peu de souvenirs de l'époque, seulement quelques images. Il s'est toujours interrogé sur son passé, il a toujours eu le sentiment d'être juif et que Maria n'était pas sa vrai mère...
Soixante ans plus tard, Gregor a été invité par son ex-femme à la campagne pour participer à la cueillette des pommes avec des amis et son fils. Alternativement, le lecteur va suivre l'histoire de Gregor depuis son arrivée dans la famille Liedmann à l’âge de trois ans et le récit du week-end paisible à la campagne.
Gregor est touchant, toute sa vie, il a été déstabilisé par ce passé plein de mensonges et de non-dits. Il est toujours hanté par la quête de ses origines. Il ne sait toujours pas qui il est. 
Une histoire belle et bouleversante.

Un Grand Merci à Bibliofolie et aux éditions Points pour m’avoir permis de découvrir ce livre.

Extrait : (début du livre)
Ils avaient dû être fous de terreur. Ils s’étaient précipités dans les caves en se tenant par la main, hurlant, encore à moitié endormis, se bousculant dans le noir. Les enfants pouvaient percevoir les tremblements des adultes. Ils pouvaient entendre la panique dans leurs voix. Ils pouvaient entendre les hurlements des sirènes traverser les immeubles et le bourdonnement profond de la musique des orgues autour de la ville, lorsque les avions la survolaient.
Quand la première bombe siffla dans les airs, ils se blottirent les uns contre les autres et prièrent.
- c’est notre tour. Que Dieu nous aide.
Ils avaient si peur qu’ils en perdaient leur personnalité. Certains marquaient à la craie les nuits de bombardement sur les murs des caves. Créatures sans défense réfugiées sous terre, se bouchant les oreilles tandis qu’au-dessus d’eux les sombres escadrilles traversaient le ciel nocturne. Par vagues successives entrecoupées de silences mortels. Ils suivaient la chute de chacune des bombes, essayant d’évaluer à quelle distance elle se trouvait. Ils sentaient chaque fois tressaillir la terre, ils sentaient la force de l’explosion dans leurs cheveux, le long de leur crâne. Une explosion qui faisait voler les fenêtres en éclats et aspirait l’ardoise des toitures. Qui fendait les immeubles et les ouvrait en deux, laissant voir une maison de poupée en plan de coupe, révélant le quotidien des habitants, leurs intérieurs bien tenus, leurs lits, leurs commodes, leurs tables et leurs services à thé. Certains périssaient chez eux parce qu’ils avaient tardé à se réfugier dans les caves, ou parce qu’ils avaient décidé de rester et d’ignorer leur peur, se réconfortant avec un dernier verre de vin et leur vain humour noir pendant que le ciel, tel un sapin de Noël, lâchait des pluies d’étincelles. Le phosphore se répandait dans les escaliers, les salles à manger et les chambres où il scintillait le long des murs jusqu’à ce que tout s’enflamme.

Gregor Liedmann dormait dans on lit et jamais il ne se réveilla. Il avait presque trois ans et passa de son rêve à la mort, entouré de ses crayons, du carnet, et du navire en bois que son grand père Emil avait fabriqué pour lui. Sa mère disait qu’il était doué avec les mots. Il avait appris à parler très tôt, savait déjà compter et écrire. De grandes lettres dégringolant vers le coin de la page. Voilà comment il se couchait chaque soir : le carnet sous l’oreiller, entouré des crayons bien taillés que sa mère serait obligée d’enlever avec beaucoup de précaution, comme des baguettes de Mikado, pour ne pas le réveiller.

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Irlande

Déjà lu du même auteur :

sang_impur_p Sang impur

15 mai 2011

Une vie de Pintade à Berlin – Hélène Kohl

Lu dans le cadre du partenariat Livraddict et Calmann-Lévy

une_pintade___Berlin Calmann-Lévy – mars 2011 – 384 pages

illustrations de Sanaa Kassou

Quatrième de couverture :
Berlin, capitale de l’Allemagne et de l’Europe, capitale de la fête, capitale de la liberté… Berlin où l’on vient tour à tour s’encanailler et s’inspirer, une ville qui n’en finit pas de connaître des transitions. En huit chapitres décoiffants, Une vie de Pintade à Berlin vous guidera dans ses coulisses féminines, avec carnet d’adresses pointu et radioscopie en profondeur des habitants.
Féministes et indépendantes, rebelles et libertaires, les Berlinoises portent leur ville chevillée au corps. Elles sont DJettes, designers, actrices porno-lesbiennes, éternelles adolescentes ou mères de famille. Elles sont naturelles, sans fards, sans artifices. La mode est d’abord pratique pour elles, qui filent sur leurs vélos le long de la Spree. Leurs cafés sont légendaires, leurs brunchs dominicaux, incontournables, leurs saucisses, mythiques, et leurs saunas, indispensables.
Qu’on ne vienne pas leur dire qu’à Berlin l’hiver est trop long : les salles de vapeur sont là pour réchauffer les corps, les marchés de Noël pour réchauffer les cœurs et, pour se réchauffer les sangs, les Pintades berlinoises savent faire la fête jusqu’au bout de la nuit.
Que vous soyez Berlinoise pour un week-end, une année ou une vie, Une vie de Pintade à Berlin vous montrera le chemin des plaisirs teutons. Afin que vous aussi puissiez dire : « Ich bin eine Berlinerin. »

Auteur : Hélène Kohl, 31 ans, vit et travaille à Berlin depuis 2003. Des crues du Rhin aux variations du Dax, en passant par les exploits de la Mannschaft et la cote de popularité de la chancelière, elle couvre l'actualité allemande pour Europe 1, LCI, Le Journal du dimanche et Les Dernières Nouvelles d'Alsace. Elle a obtenu le Prix franco-allemand du journalisme en 2007.

Mon avis : (lu en mai 2011)
Lorsque Livraddict a proposé ce partenariat avec Calmann-Lévy, j'étais assez curieuse de découvrir Berlin à travers cette collection "une vie de pintade"... J'ai souvent entendu l'auteur à la radio et c'est cela aussi qui m'a incitée à postuler pour ce livre.
Tout d'abord, je ne m'attendais pas à un livre aussi épais... Je l'ai d'abord feuilleté comme un guide avant de le lire vraiment de la première à la dernière page !
Le principe de la collection, c'est un guide-découverte d'une capitale à travers le regard d'une femme journaliste et qui raconte le quotidien, les habitudes et les spécificités des femmes dans cette capitale.
« Une vie de Pintade à Berlin » est divisé en 8 chapitres, chacun étant consacré à un sujet particulier : les sorties, la mode, les femmes indépendantes, la cuisine, les enfants...
A la fin de chaque chapitre, nous trouvons un carnet d'adresses utiles comme dans tout bon guide.
Berlin est une ville où les femmes tiennent une place particulière. Les hommes ont détruit Berlin, les femmes l'ont reconstruit. En effet, après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale ce sont les femmes qui ont déblayé les ruines brique après brique et reconstruit la ville. «Je n'ai pas peur.» Voilà la devise des Berlinoises.
La mode c'est « pratique et confortable avant tout », le look « billig » (bon marché) est légion, « beaucoup de vintage, pas mal de fait maison... Surtout ne pas ressembler aux autres. »
« Toute la ville n'est que récup... » « Les Berlinoises ont toujours été des as de la débrouille, des magiciennes qui transforment du vieux en neuf. » Elles organisent même des Klamottentauschparty (fête de troc de fringues)...
Berlin est une ville débordante d'énergie, de créativité, c'est une ville d'artistes en tous genres...
La Berlinoise pratique le FKK, Freikörperkultur « la culture du corps libre », c'est une philosophie de vie. La nudité ne les gêne pas et la Berlinoise assume son âge.
« Le vélo est un accessoire indispensable à la vie de toute Berlinoise qui se respecte. » La superficie de la ville est huit fois celle de Paris, et c'est un mode de transport parfaitement écolo ! Et ni la pluie, ni le froid n'arrêtent les cyclistes.
Il n'existe pas vraiment de cuisine berlinoise... « la cuisine de Berlin, c'est le mélange « multikulti ».

Un peu effrayé par l'épaisseur du livre, je l'ai finalement lu très facilement, c'est un mélange d'informations et d'anecdotes croustillantes. Hélène Kohl a payé de sa personne pour tester de nombreux lieux et activités répertoriés dans ce livre... C'est vraiment très documenté et très complet.
J'ai pris beaucoup de plaisir durant cette balade au féminin dans Berlin, les Berlinoises sont authentiques, anticonformistes très différentes des Françaises mais très attachantes.
Cela m'a vraiment donnée envie d'aller découvrir par moi-même Berlin et les Berlinoises...

Même si ce livre semble plutôt destiné aux femmes, je pense que les hommes seront également intéressés de découvrir ces « Portraits piquants des Berlinoises »...

Un grand merci à Livraddict et aux éditions Calmann-Lévy de m'avoir permis de passer un très bon moment avec ce livre.

 

Extrait : (Introduction)
« Pour faire le portrait d'un oiseau, peindre d'abord une cage. » Jacques Prévert aurait eu tout faux à Berlin. C'est bien en liberté, toutes plumes au vent, qu'il faut saisir la pintade des bords de Spree. Un siècle de dictature derrière elle, alors la Berlinoise, maintenant, elle veut de l'air, de la tolérance, de la folie même.
Pour croquer la volière de Berlin, il faut de l'énergie. Ma traque dure depuis 2003 déjà. Et, pour mon plus grand bonheur, le safari sociologique se poursuit encore et toujours, dans une métropole huit fois plus vaste que Paris. Où aurai-je la meilleure prise de vue ? Sous des tonnes de débardeurs en textile synthétique, avec la basse-cour des quartiers d'immigrés, dans ces friperies bon marché où jeunes Turques, Libanaises et Iraniennes cherchent le chèche assorti à leur manucure ? Ou bien au-delà de la ligne de S-Bahn qui encercle le centre, vers le grand Est où 40% des familles vivent en dessous du seuil de pauvreté ? Dans un café branchouille pour un brunch au mousseux avec des jeunes libérales qui méprisent les artistes paresseux du nouveau Berlin et ont bien l'intention de faire de cette cité aux 60 milliards d'euros de dettes une ville enfin rentable ? Ou dans une manifestation, avec cette faune colorée et cosmopolite – vieilles hippies, altermondialistes de 20 ans avec des dreads et des percings, bataillons de féministes sans soutien-gorge et les cheveux en brosse – qui tente de sauver les squats, les bars illégaux et les villages de roulottes où l'on vit en communauté au coeur de la capitale du pays le plus riche d'Europe ?
Venez ! L'aventure est alléchante ! Berlin passe actuellement pour être l'eldorado des nuits sans fin, Babylone joyeuse des fêtes éternelles. Je vous promets des rencontres décoiffantes : une femme fontaine en action, une DJ à peine sortie du lit, une lesbienne reine des bigoudis... On pourrait même se prendre au jeu d'expériences extrêmes : laisser son bikini au vestiaire du sauna, croire (ne serait-ce qu'une minute) qu'on va pouvoir accoucher sans péridurale, encourager un club de foot de métallos, être prête à donner sa tunique Kaviar Gauche (celle pour laquelle on a tant compté ses sous) pour séduire un videur tatoué... Car cette saison, c'est chez lui qu'il faut danser ; demain, au gré des rachats immobiliers, des destructions d'usines, des réhabilitations d'espaces, il faudra peut-être aller danser ailleurs. Berlin est une ville mouvante qui n'en finit pas de se réorganiser, de se chercher, de redéfinir ses contours...

 Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Géographie" et "Animal"

 

2 avril 2011

La Trilogie berlinoise – Philip Kerr

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Le Masque – novembre 2008 – 836 pages
Livre de poche – janvier 2010 – 1015 pages
Livre de poche – novembre 2010 – 1015 pages

Prix Livre de poche des lecteurs Policiers 2010

traduit de l'anglais de Gilles Berton

Quatrième de couverture :
Publiés pour la première fois dans les années 1989-1991, L'été de cristal, La pâle figure et Un requiem allemand évoquent l'ambiance du Ille Reich en 1936 et 1938, et ses décombres en 1947 Ils ont pour héros Bernie Gunther, ex-commissaire de la police berlinoise devenu détective privé. Désabusé et courageux, perspicace et insolent, Bernie est à l'Allemagne nazie ce que Phil Marlowe était à la Californie de la fin des années 30 : un homme solitaire témoin de la cupidité et de la cruauté humaines, qui nous tend le miroir d'un lieu et d'une époque. Des rues de Berlin " nettoyées " pour offrir une image idyllique aux visiteurs des Jeux olympiques, à celles de Vienne la corrompue, théâtre après la guerre d'un ballet de tractations pour le moins démoralisant, Bernie va enquêter au milieu d'actrices et de prostituées, de psychiatres et de banquiers, de producteurs de cinéma et de publicitaires. Mais là où la Trilogie se démarque d'un film noir hollywoodien, c'est que les rôles principaux y sont tenus par des vedettes en chair et en°os.*Heydrich, Himmler et Goering...

Auteur : Né en 1956 à Édimbourg, Philip Kerr a fait ses études de droit à l'université de Birmingham. Auteur de douze romans traduits en plus de 25 langues et de nombreux scénarios, il s'est lancé récemment dans la littérature pour jeunes adultes. Écrite près de vingt ans après la Trilogie berlinoise, la suite des aventures de Bernie Gunther, La mort, entre autres est paru en 2009.

Mon avis : (lu en mars 2011)
J'ai mis plusieurs jours à lire ce gros pavé de plus de mille pages, en effet, ce livre regroupe 3 livres publiés indépendamment dans les années 1989-1991.

L’été  de cristal : L’histoire se passe en 1936, à Berlin à la veille des Jeux Olympiques.
Bernie Gunther, ancien inspecteur de la police berlinoise est devenu détective privé. Un riche industriel lui demande d’enquêter sur la mort de sa fille et de son gendre. Leurs corps ont été retrouvés calcinés dans leur maison incendiée. Des bijoux ont disparus du coffre fort. Les polices Kripo, Orpo, Sipo et Gestapo se livrent une guerre d'influence tout comme Heydrich, Goering et Himmler. C'est la monté du nazisme.

La pâle figure : Nous sommes toujours à Berlin, mais en Septembre 1938, la conférence de Munich est en cours, les Allemands s'interrogent sur une future guerre. Bernhard Gunther, le détective privé, est engagé par une riche veuve victime d'un maître chanteur. Mais il est également obligé par Heydrich de mener une enquête pour retrouver un tueur en série qui rode dans les rues de Berlin et s'attaque depuis quelques temps à des jeunes filles. Pour cela il est réintégré dans la Kripo en tant que Komissar.

Un requiem allemand :
Nous retrouvons Bernie Gunther, après la guerre, dans le Berlin de 1947. Un Berlin occupé, détruit par les bombes, où règne le marché noir, la prostitution, et où l'on craint les exactions des soldats russes. Bernie Gunther est contacté par un officier de la police secrète soviétique pour enquêter sur le meurtre d'un officier américain et innocenter un certain Emil Becker emprisonné à Vienne. Gunther avait connu Becker lorsqu'il appartenait à la Kripo en 1940. Il part donc à Vienne qui est également occupé par les Alliés et les Soviétiques, il se trouve mêlé aux services secrets américains et russes de l'après-guerre...

Ces trois enquêtes indépendantes sont l'occasion de découvrir l'atmosphère inédite de l'Allemagne à plusieurs époques troubles. Les intrigues sont passionnantes et le personnage de Bernie Gunther, détective privé hostile au régime nazi, est vraiment sympathique. Il m'a fait penser à Nestor Burma. Les descriptions sont très réalistes, l'auteur s'est beaucoup documenté sur les faits historiques et j'ai été très intéressée. J'aurai peut-être encore mieux apprécié ces trois enquêtes si je ne les avais pas lu à la suite. Je vais donc attendre un peu avant de lire la suite de « La Trilogie berlinoise » qui est paru en 2009, sous le titre de « La mort, entre autres ».

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Extrait : (début du livre)
Ce matin, au coin de Friedrichstraße et de Jägerstraße, deux S.A. démontaient une des vitrines rouges où est affiché chaque nouveau numéro du Stürmer. Der Stürmer est le journal dirigé par Julius Streichder, le propagandiste antisémite le plus virulent du Reich. Ces vitrines où s'étalent les dessins à moitié pornographiques de jeunes Aryennes soumises à l'étreinte de satyres au nez crochu sont destinées à attirer et titiller les esprits faibles. Aucun individu décent ne veut rien avoir à faire avec ça. Les deux S.A. déposèrent le panneau dans leur camion, déjà à moitié plein de vitrines identiques. Ils opéraient sans ménagements, car deux ou trois vitres étaient brisées.
Une heure plus tard, je revis les deux même S.A. en train d'emporter une autre vitrine installée à un arrêt de tramway devant l'hôtel de ville. Cette fois, je m'approchai pour leur demander ce qu'ils faisaient.
- C'est pour les Olympiades, m'informa l'un d'eux. On nous a ordonné de les faire disparaître pour ne pas choquer les étrangers qui viendront assister aux Jeux.
A ma connaissance, c'était la première fois que les autorités faisaient montre de tels égards.
Je rentrai chez moi dans ma vieille Hanomag noire et mis mon dernier costume présentable en flanelle gris clair qui m'avait coûté 120 marks trois ans auparavant. Il est d'une qualité qui devient de plus en plus rare dans ce pays. Tout comme le beurre, le café et le savon, le tissu qu'on utilise à présent n'est qu'un ersatz, pas très solide, quasiment inefficace contre le froid en hiver et très inconfortable en été.
Je me contemplai dans le miroir de le chambre et parachevai ma tenue avec mon plus beau chapeau. Une coiffure de feutre gris foncé à large bord, entouré d'un ruban de soie noire. Un modèle fort répandu. Mais, comme les hommes de la Gestapo, je le porte d'une manière particulière, le bord rabattu sur le devant. Cela a pour effet de dissimuler mes yeux, de sorte qu'il est plus difficile de me reconnaître. Un style lancé par la police criminelle de Berlin, la Kripo, au sein de laquelle je l'avais adopté.
Je glissai un paquet de Muratti dans la poche de mon veston et, serrant sous mon bras avec précaution une porcelaine Rosenthal emballée d'un papier cadeau, je sortis dans la rue.

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Lu pour le Baby Challenge - Polar organisé par Livraddict
Livre 13/20 Médaille de bronze

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Grande-Bretagne

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Lu dans le cadre du Défi des Mille organisé par Fattorius

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