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A propos de livres...

15 juillet 2011

Le bleu est une couleur chaude - Julie Maroh

Lu dans le cadre du Challenge Un mot, des titres...
un_mot_des_titres 
Le mot : BLEU

le_bleu_est_une_couleur_chaude Glénat – mars 2011 – 156 pages

Prix du Public 2011 du Festival d’Angoulême

Quatrième de couverture :
« Mon ange de bleu
Bleu du ciel
Bleu des rivières
Source de vie… »
La vie de Clémentine bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune fille aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir toutes les facettes du désir.Elle lui permettra d’affronter enfin le regard des autres.Un récit tendre et sensible.

Auteur : Née dans le Nord de la France, Julie Maroh y a vécu jusque ses 18 ans, elle est auteur de bande dessinée et illustratrice. Actuellement, elle habite à Bruxelles.
Le site de l'auteur :  ici

Mon avis : (lu en juillet 2011)
Lorsque j'ai décidé de participer au challenge Un mot, des titres organisé par Calypso avec comme premier mot BLEU et que j'ai trouvé à la bibliothèque “Le bleu est une couleur chaude” une bande dessinée que j'avais déjà vu sur plusieurs blogs, mon livre était trouvé ! En premier, j'aime beaucoup la poésie de ce titre. Ce livre est une grande et belle leçon de tolérance. C'est l'histoire de Clémentine qui croise un jour dans la rue une jeune fille avec des cheveux bleux, Emma. C'est pour elle comme un coup de foudre, mais son cœur et sa raison lui font ressentir des sentiments contradictoires, elle a du mal à accepter sa préférence pour une fille. Comme c'est difficile pour Clémentine d'assumer son homosexualité non seulement vis à vis des autres mais aussi vis à vis d' elle-même. Dès les première page de la BD, le lecteur connaît l'issue de cette histoire poignante et pleine d'émotions. Le thème de l'homosexualité est traité avec beaucoup de sensibilité et de pudeur. Il s'agit d'une belle histoire d'amour.
Le dessin est très agréable, tout en nuances de gris avec des touches de couleurs qui évoquent avec justesse et poésie l'atmosphère du moment. Une très belle découverte !

Extraits :

Le_bleu_est_une_couleur_chaude_p6 bleu_extrait_p8
bcc_p12_vign  bleu_extrait_16
Extrait_le_bleu_p17 bleu_extrait_p55

Prochain Challenge Un mot, des titres, le mot : SOLEIL, lecture à faire pour le 1er septembre, je me suis déjà inscrite !

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13 juillet 2011

Chienne de vie - Helle Helle

chienne_de_vie Le Serpent à Plumes – février 2011 – 230 pages

Titre original : Ned til hundene, 2008

Quatrième de couverture :
Bente plaque tout. Son appart, son mari. Elle échoue dans un endroit isolé au bout du bout du Danemark. C'est là que Johnny et Cocotte la trouvent à un arrêt de bus. Ils l'adoptent. Alors que Helle Helle est connue pour son style intimiste et sait dépeindre avec grâce et humour les petits riens de la vie quotidienne, Bente entre petit à petit dans l'intimité de Johnny et Cocotte. Chienne de vie, c'est le récit troublant de l'arrivée d'un écrivain dans la vie de ses personnages.

Auteur : Helle Helle est née en 1965 au Danemark. Premier écrivain danois à recevoir le prestigieux prix Per Olov Enquist, elle est traduite en 7 langues. Chienne de vie est son cinquième roman et le premier traduit en français.

Mon avis : (lu en juillet 2011)
C'est grâce au « Café lecture » de la Bibliothèque que j'ai découvert ce livre venant du Danemark.
En revenant de son travail en vélo, Johnny aperçoit Bente assise sur un vieux banc, seule avec sa valise à roulette. Le vent souffle fort. Le ciel est gris foncé au-dessus de la mer. Quelques instants plus tard, il revient avec Cocotte sa femme et ils l'invitent à venir chez eux.
Sans poser aucune question, Cocotte et Johnny invitent Bente a partager leur vie simple dans leur petite maison du fin fond du Danemark. Le temps passe lentement, les journées se déroulent avec des occupations et des tâches simples. On prépare les repas, on s'occupe des chiens, on discute ou on joue à des jeux de sociétés au coin du feu. Bente s'adapte facilement et apprécie ce rythme lent. Le lecteur découvre peu à peu son histoire, elle est écrivain, en panne d'inspiration, en pleine dépression, elle est partie de chez elle. Cette nouvelle vie simple et calme, la gentillesse gratuite de ses hôtes et des habitants de ce bout du Danemark va aider Bente à reprendre goût à la vie...

Voilà un livre très agréable et apaisant à lire, il nous décrit un quotidien simple. Le couple Cocotte et Johnny est attachant, ils ont beaucoup de gentillesse et d'humanité. L'entraide, la solidarité et les bonheurs simples sont le quotidien de Cocotte, Johnny, Elly, Ibber... Une très belle découverte.

Extrait : (début du livre)
Je cherche un bon endroit pour pleurer. Ce n'est pas si facile à trouver. Mon voyage en bus a duré des heures, et à présent je suis assise sur un vieux banc tout près de la côte. Il n'y a pas de ferry ici. Seulement un bac qui traverse les bestiaux sur une île déserte au gré des saisons.
J'habite un lotissement avec de nombreuses fenêtres qui donnent sur la route. J'aurais peut-être mieux fait d'en nettoyer quelques-unes. Enfin, de toute façon, on ne voit plus à travers à cause des plantes. L'été dernier avait été humide et la végétation avait poussé d'un coup. Aujourd'hui c'est l'hiver, je ne rentrerai plus chez moi. D'habitude, à cette heure-ci, je dors un peu dans le canapé. Bjørnvig est à la clinique. Il gèle une verrue.

Le vent souffle fort. Il m'a fouetté le visage lorsque je suis descendue du bus avec ma valise à roulettes. Le ciel est gris foncé au-dessus de la mer. A droite, sur la piste cyclable qui longe l'eau, un homme en bleu de travail s'approche péniblement sur son vélo. Il incline le buste vers le guidon en pédalant. Je fais ça, moi aussi. C'est pour ça que je ne me déplace jamais à vélo. Il s'arrête et descend. Scrute l'horizon, plante ses poings sur les hanches. Il sait que je suis assise ici. Je baisse les yeux sur mes gants de pécari.
Il remonte en selle et poursuit sa route le long de la mer. Dans quelques instants, il bifurquera et s'éloignera de la piste cyclable pour passer devant le cabanon et se diriger vers moi. Il tire son vélo sur les derniers mètres qui nous séparent. Ses cheveux sont foncés et clairsemés. Il n'est pas très vieux pourtant, quelques années de moins que moi.
- Vous êtes bien, là ? Dit-il.
- Oui.
- Vous risquez d'y rester un moment.
- Je verrai, dis-je, pelotonnée dans mon châle.
Nous regardons tous les deux le panneau où sont affichés les horaires, puis la valise à roulettes.
- Eh bien, bonne chance, dit-il en remontant sur son vélo.
Il repart, rivé à sa selle, lève deux doigts en signe de salut. Il a le vent dans le dos cette fois, et disparaît rapidement.

Lu dans le cadre du  Défi Scandinavie blanche
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Danemark

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Danemark

Lu dans le cadre du Challenge Viking Lit'
Viking_Lit

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Animaux"

12 juillet 2011

Brooklyn – Colm Tóibín

brooklyn 

Robert Laffont – janvier 2011 – 313 pages

traduit de l'anglais (Irlande) par Anna Gibson

Titre original : Brooklyn, 2009

Quatrième de couverture :
Enniscorthy, Irlande, années 50. Comme de nombreux jeunes femmes de son âge, Eilis Lacey ne parvient pas à trouver du travail. Par l’entremise d’un prêtre, on lui propose un emploi à Brooklyn, aux Etats-Unis. Poussé par sa famille, Eilis s'exile à contrecœur. Au début, le mal du pays la submerge. Mais comment résister aux plaisirs de l'anonymat, à l'excitation de la nouveauté ? Loin du regard de ceux qui la connaissent depuis toujours, Eilis goûte une sensation de liberté proche du bonheur. Puis un drame familial l’oblige à retraverser l’Atlantique. Au pays, Brooklyn se voile de l'irréalité des rêves. Eilis ne sait plus à quel monde elle appartient, quel homme elle aime, quelle vie elle souhaite. Elle voudrait ne pas devoir choisir, ne pas devoir trahir.

Auteur : Né à Enniscorthy, Irlande en 1955, après des études d'histoire et d'anglais à l'Université de Dublin, Colm Tóibín s'installe à Barcelone en tant que professeur. Il retourne en Irlande peu après, travaille comme journaliste avant de sillonner l'Amérique du Sud et l'Argentine. Il écrit de nombreux ouvrages de fiction et d'essais, tout en collaborant à divers journaux et magazines. Il se voit accorder le EM Forster Award en 1995 par l'Académie Américaine des Arts et des Lettres. Son premier roman, 'The South' - dont l'action se situe en Espagne et dans l'Irlande rurale des années 1950 - reçoit le prix du 'Premier roman' de l''Irish Times'. Suivent 'The Heather Blazing' (1992) et 'The Story of the Night' (1996), puis 'The Blackwater Lightship' (1999). Le dernier ouvrage de Colm Toibin, 'The Master' (2004) constitue un portrait du romancier Henry James, et a été retenu parmi les candidats au Man Booker Prize for Fiction de 2004.

Mon avis : (lu en juillet 2011)
Nous sommes dans le sud de l'Irlande, à Enniscorthy, ville natale de Colm Tóibín dans les années 1950, Eilis vient d'une famille modeste. Avec un diplôme de comptabilité, elle n'a pu obtenir qu'un emploi de vendeuse à temps partiel dans une épicerie. Ses frères sont déjà parties en Angleterre pour travailler. Sa sœur Rose va la convaincre de tenter sa chance à New-York où le père Flood va lui trouver un travail et un logement. Pour une jeune fille qui n'a jamais quitté sa famille et l'Irlande, partir à New-York est une vraie aventure ! Cela commence par un voyage épique d'une semaine en train puis en transatlantique. Ensuite, elle découvrira la pension de famille irlandaise de Madame Kehoe et ses co-pensionnaires. Elle travaillera comme vendeuse dans un grand magasin. Au début, la nouveauté de la situation lui fera oublier un peu l'Irlande, mais à la réception de son premier courrier, elle est prise du mal du pays. Grâce au soutien de Mme Kehoe, du père Flood et de Melle Fortini du grand magasin, Eilis se reprend. Elle participe au bal du vendredi soir organisé par la paroisse, elle suit des cours du soir en comptabilité américaine. Peu à peu elle se met à apprécier la vie américaine...
J'ai beaucoup aimé ce livre qui nous raconte une histoire d'émigration et d'intégration. Eilis est très attachante, c'est jeune fille sérieuse et un peu naïve, elle n'a pas vraiment choisi de quitter l'Irlande pour les États-Unis, par devoir elle lutte contre le mal du pays et finalement apprécie cette nouvelle vie et pourtant elle va être obligée de choisir entre le devoir familial et son destin...
Je n'avais pas encore lu cet auteur irlandais et cette lecture va m'inciter à sortir de ma PAL "Le bateau-phare de Blackwater" !

Extrait : (début du livre)
Eilis Lacey, assise au premier étage de la maison de Friary Street, aperçut par la fenêtre sa soeur qui revenait du travail. Elle vit Rose traverser la rue d'un pas vif et passer du soleil à l'ombre ; elle portait son nouveau sac à main en cuir acheté chez Clery's, à Dublin, pendant les soldes, et un cardigan crème était jeté sur ses épaules. Ses affaires de golf l'attendaient dans le hall d'entrée. D'ici à quelques minutes, quelqu'un viendrait la chercher et, Eilis le savait, elle ne rentrerait pas avant la nuit.
Les cours de comptabilité touchaient à leur fin ; sur les genoux d'Eilis était posé un manuel détaillant les différents systèmes comptables et, sur la table derrière elle, son devoir en cours, un bordereau de saisie où elle avait consigné dans les colonnes débit et crédit les opérations courantes d'une société sur laquelle elle avait pris des notes en classe la semaine précédente.
Entendant la porte s'ouvrir, Eilis descendit. Rose avait tiré de son sac un miroir de poche et y examinait attentivement son reflet. Elle appliqua un peu de mascara et de rouge à lèvres, puis vérifia son apparence devant la grande glace de l'entrée, et se recoiffa. Eilis la regarda en silence s'humecter les lèvres et procéder aux dernières retouches à l'aide du petit miroir avant de le ranger.
- Tu es ravissante, Rose, dit leur mère en arrivant de la cuisine. Ce soir, au club, tu seras la vedette.
- Je meurs de faim, mais je n'ai pas le temps d'avaler quoi que ce soit.
- Je te préparerai quelque chose tout à l'heure. Eilis et moi allons dîner maintenant.
Rose ouvrit à nouveau son sac à main, puis son porte-monnaie, et déposa une pièce d'un shilling sur la table de l'entrée.
- Au cas où tu aurais envie d'aller au cinéma, dit-elle à Eilis.
- Et moi ? demanda sa mère.
- Eilis te racontera l'histoire à son retour.
- Tu es trop gentille !
Elles rirent toutes les trois. Au même moment, une voiture klaxonna devant la porte. Rose ramassa ses clubs de golf et disparut.

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
voisin_voisine
Irlande

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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"Géographie"

 

 

 

11 juillet 2011

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [37]

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C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou et proposé par Galleane 

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

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Pas de vacances pour Fantômette – Georges Chaulet
Father - Vito Bruschini  (partenariat Libfly Furet du Nord) livre et billet à paraître en septembre 2011
Quinze kilomètres trois – Martine Laval
L'enragé, L'intégrale – Baru

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Brooklyn - Colm Toibin

Que lirai-je cette semaine ?

L'extravagant voyage du jeune et prodigieux - T.S. Spivet (partenariat Livraddict / Livre de Poche)
Chienne de vie - Helle Helle (Danemark)
Comme personne - Hugo Hamilton (partenariat Bibliofolie / Points)

Bonne semaine, bonnes lectures et à lundi prochain !

8 juillet 2011

L'enragé, L'intégrale – Baru

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Dupuis – octobre 2010 – 136 pages

L'enragé Tome 1- Dupuis - novembre 2004 - 72 pages

L'enragé Tome 2 – Dupuis – avril 2006 – 63 pages

Quatrième de couverture :
Anton Witkowsky a la rage. La rage de sortir de sa condition. De quitter sa banlieue pourrie. De fuir la rigueur paternelle. La rage, il l'a dans ses poings. Il a de l'or dans ses poings, il le sent, il le sait. Tout le monde le lui répète, Marco, son entraîneur, Mo, son pote. La boxe, c'est la clé du paradis. Le paradis du fric et de la gloire. Pour gagner ce paradis-là, il est prêt à tout.
L'Enragé, un récit d'une force inouïe, sublimé par un dessin supérieur. Du grand, du très grand Baru.

Auteur : Né en 1947 dans une famille ouvrière et biculturelle, d'une mère française d'origine bretonne et d'un père italien, Hervé Baruléa, dit Baru, est l'aîné de trois garçons. Ses parents communistes étant convaincus qu'il n'y avait pas de pain à gagner dans le dessin, Baru enseigne l'éducation physique avant de s'aventurer dans une carrière de dessinateur. Ce n'est qu'à trente ans passés qu'il prend la décision de se consacrer à la bande dessinée, trouvant l'inspiration dans son histoire personnelle, ses années d'adolescence passées en France, ou encore ses voyages accomplis aux quatre coins du monde. Il ne tarde pas à donner tort à ses parents en devenant très vite un dessinateur à temps plein et un artiste reconnu du grand public. Il débute en 1982 dans Pilote, avec des récits complets, et publie, deux ans plus tard, les 'Quéquette Blues', récit partiellement autobiographique de la vie quotidienne des enfants issus de la classe ouvrière française. En 1985, il sort 'La Piscine de Micheville', suivi des deuxième et troisième volumes des 'Quéquette Blues'. Il réalise pour L'Echo des Savanes 'Cours camarade', puis 'Le Chemin de l'Amérique'. En 1995, il prend véritablement son envol avec 'L' Autoroute du Soleil', un manga européen. Suivent ensuite de nombreux succès comme 'Sur la route encore', 'Bonne année', 'Les Années Spoutnik' et 'L' Enragé'.

Mon avis : (lu en juillet 2011)
Encore une bande dessinée qui m'a été conseillée par Émilie. Baru est un auteur à connaître, m'a-t-elle dit et même si dans cette histoire il est question de Boxe, la BD se lit très facilement. C'est vrai !
Anton Witkowsky est un jeune de banlieue qui ne veut pas avoir une vie identique à celle de ses parents, il veut quitter sa « cité pourrie ». Il sait qu'il a de l'or dans ses poings et il veut devenir un grand boxeur. Son père n'est pas d'accord, «parce que ce n'est pas un métier ! », il refuse que son fils se fasse taper dessus. Mais Anton est bien décidé et il ira au bout de son rêve.
Devenu champion du monde de boxe, Anton prend un peu la grosse tête, il multiplie les conquêtes féminines. Il s'éloigne de son passé et de ses amis d'enfance et après l'ascension et le sommet, c'est la chute et Anton se retrouve dans le box des accusés...
Avec cette BD, nous découvrons le monde de la boxe, les magouilles, les mauvais coup... Anton peut être attachant mais aussi crispant, pris par l'intrigue le lecteur tourne pages après pages avec plaisir, pressé de connaître comment Anton pourra se sortir de ce mauvais pas.

Extraits : (cliquer sur l'image pour agrandir)

l_enrag__extrait_p5 l_enrag__extrait_p6 l_enrag__extrait_p7 

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6 juillet 2011

Quinze kilomètres trois – Martine Laval

 

quinze_kilometres_trois Liana Levi – mai 2011 – 57 pages

Quatrième de couverture :
Quinze kilomètres trois. La distance qui les sépare du Cap Blanc-Nez. Cette échappée, c'est leur secret, aux petites. Ce matin, elles fuient l'ennui des jours, un avenir sans promesse. Elles s'en vont, légères. Dans le paysage à la fois brutal et magnifique de la Côte d'Opale, Martine Laval suit les deux adolescentes, espionne leur désœuvrement et fait entendre d'autres voix - une prof, un cousin, une voisine. Tous cherchent à comprendre le pacte qui les emmène à la falaise.

Auteur : Martine Laval, critique littéraire à Télérama et animatrice du blog "Lectures buissonnières", est née à Calais.

Mon avis : (lu en juillet 2011)
J’avais aperçu ce petit livre chez Bellesahi et c’est tout d’abord la couverture du livre qui m’avait attirée, un bord de mer ou un phare et je ne résiste pas…
C’est un triste fait divers qui a inspiré l’auteur pour écrire ce petit livre. Deux adolescentes de quatorze ans ont décidé « Mardi, elles se font la belle. » « Elles rêvent. Une escapade, leur premier pas vers l’aventure, la liberté ? » « Elles marchent. Leur bout du monde est à quinze kilomètres. Virgule trois. » Le premier chapitre, l’auteur raconte le fait divers à sa façon, comme si elle en était le témoin. Puis différents personnages racontent ce fait divers à leur manière, une prof, une autre fille, un cousin, une lectrice et pour terminer… le paysage…
Le paysage et l’atmosphère du lieu sont très présents dans ce livre, cette histoire se passe sur la Côte d’Opale, au Cap Blanc-Nez. Et je n'en raconterai pas plus pour vous laisser découvrir ce livre touchant et poignant.

Les avis de Bellesahi, Cathulu et Clara

 

Extrait : (début du livre)
Je les vois.
Deux gamines. Elles n’ont pas de visages, pas de nom. Juste un bout de vie posé sur des guiboles de quatorze ans et quelques, quinze aux printemps. C’est loin, le printemps.
Elles ont dit : Mardi. Mardi, on le fait. Un signe de tête. Puis, rien. Elles s’en vont. Chacune retourne chez elles. Elles laissent là la grande place du village et le vide du dimanche.
Mardi, elles se font la belle. Elles s’offrent deux jours pour savourer leur trouvaille, leur secret. Le tenir au chaud, rien qu’à elles.
Elles se moquent de savoir si c’est un mensonge. Elles rêvent. Une escapade, leur premier pas vers l’aventure, la liberté ? Elles ne disent pas escapade, aventure, liberté, des mots comme ça. Elles sourient, en douce, en dedans. Apaisées.
Je les cherche. Je ne les entends pas. Je les sens. Je vais les cueillir mardi matin devant le collège, et les suivre. Prendre la route avec elles. Leur donner quelques pages, une histoire. Elles le méritent bien, ces petites.

Extrait : Le paysage
Je suis le vent. J’habite ici, en haut, en bas, sur la falaise, sur la plage. Je tourne, je file, je donne de la voix, je crie, je rugis. Grave, aigu. Je siffle, je souffle, j’affole, je m’amuse. Je suis le vent. J’ordonne les choses. Aucun arbre dans mon sillage. Aucun obstacle. Je suis le roi. Je m’engouffre dans des ventres de béton et de ferraille, je nettoie, je règne. Je suis libre. Je roule sur la lande rase, frôle des béances, déshabille les herbes, et m’envole. Les mouettes m’accompagnent dans ma danse folle. Ensemble, nous dessinons des arabesques. Personne ne m’aime. Je suis le vent. Je les agace.

Je suis le ciel. Je flotte sur la lande, sur la mer. J’enlace le paysage. Je protège la fin du  monde. J’ai l’humeur changeante, j’aime les déluges, j’aime le calme. On me regarde. On me scrute. On attend de moi la paix. J’annonce l’hiver, jamais le printemps. Je dessine l’horizon et la faille. Je suis la lumière et l’infini. Je suis l’éternité, celle qui passe sans bouger.

Je suis la mer. Je suis laide et j’en suis fière. J’aime mes colères. Elles ont des couleurs. Vert acide, noir dense, jaune imprenable. Je joue. Je les marie. Je les décline. Je peaufine leurs nuances trompeuses. Personne ne m’aime. Je hurle. Je les appelle. Je les attire dans mes écumes lourdes. Je les tétanise. Ils suffoquent. Tous suffoquent. J’ai en moi l’immensité et le froid, la fureur et les ténèbres. Je suis le reflet de leurs âmes vides. Je les envahis. Je les avale. Je les bois. Ils me craignent, et viennent à moi. Je suis la sauvage. Je suis la cruelle. Je suis la mer, libératrice. L’inconsolable.

5 juillet 2011

Pas de vacances pour Fantômette – Georges Chaulet

 pas_de_vacances_pour_F_1965 pas_de_vacances_pour_F_1980 pas_de_vacances_pour_F_1983
pas_de_vacances_pour_F_1999 pas_de_vacances_pour_F_2000  pas_de_vacances_pour_F_2007

Hachette – 1965 – 189 pages

Hachette – 1980 – 189 pages

Hachette – 1983 – 189 pages

Hachette – novembre 1999 – 154 pages

Hachette – novembre 2000 – 122 pages

Hachette – janvier 2007 – 154 pages

illustrations de Jeanne Hives

Quatrième de couverture :
Non, Fantômette n'a pas le temps de se reposer : la chasse aux bandits ne lui laisse aucun répit ! Et même si elle pouvait partir en vacances, il lui faudrait d'abord se sortir de la machine à laver dans laquelle elle se trouve enfermée...

Auteur : Né, à Paris en 1931, d'une mère commerçante et d'un père ingénieur des Ponts et Chaussées, Georges Chaulet écrit très tôt ses premiers romans policiers. Une fois son bac en poche, il s'inscrit à l'école des Beaux-Arts de Paris, mais en 1952, il part faire son service militaire en Allemagne. Son rejet absolu de l'autorité transforme son séjour en cauchemar. Il se réforme grâce à l'écriture. Il décide à cette époque de faire de l'écriture son métier. C'est en 1960, avec le personnage de Fantômette que Georges Chaulet devient vraiment célèbre. Il a écrit plus de cent cinquante romans pour la jeunesse dont la célèbre série Fantômette et est aussi scénariste de la série de bande dessinée Les 4 as, dessinée par François Craenhals.

Mon avis : (relu en juillet 2011)
Cette semaine, je continue de relire Fantômette avec « Pas de vacances pour Fantômette ». C'est l'épisode où apparaît pour la première fois Œil de Lynx, de son vrai nom Pierre Dupont, le journaliste du journal France-Flash. Fantômette va poursuivre avec son aide une bande de faux-monnayeurs. Comme d'habitude, une enquête qui ne lui laisse aucun répit et qui commence à l'intérieur d'une machine à laver...
Je me suis encore bien amusée à retrouver Fantômette et suivre son enquête dans Framboisy et les villes environnantes de Fouilly, Goujon-sur-Epuisette, Vélivoles... L'auteur s'amuse beaucoup avec les noms propres !

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Extrait : (début du livre)
« Les mains en l'air ! Fantômette, ne bougez pas ! »
Fantômette éclata de rire et dit avec ironie :
« Comment voulez-vous que je lève les mains et qu'en même temps je reste immobile ? Il faut choisir !
- Taisez-vous !
- Ah ! Non. Je consens à ne pas bouger, mais si vous m'empêchez de parler, je vais faire un malheur... »
Elle croisa les bras, affichant un parfait mépris pour ses adversaires. Cette étrange scène se déroulait en pleine nuit, dans la boutique d'une laverie qui portait pour enseigne, en tubes lumineux bleus, le nom LAVTOUTBLANC.
Fantômette était adossée à l'une des six machines à laver qui s'alignaient le long d'un mur blanc orné d'ondulations bleues évoquant la mer. En face d'elle, négligemment accoudé au comptoir en forme d'S, Barberini réfléchissait. Par la porte du fond un autre homme apparut, d'allure chétive, et sournoise. Sa voix nasillarde évoquait un mirliton de foire. Il dit :
« Mon cher Barberini, il faudrait peut-être éteindre ces lumières. On doit vous voir de l'extérieur. »
Il tourna un bouton, et la boutique ne fut plus éclairée que par une petite lampe posée sur le comptoir. Barberini désigna la jeune justicière :
« Qu'est-ce qu'on va en faire ? Un témoin comme ça, c'est gênant. Maintenant qu'elle a découvert notre petite combinaison, nous ne pouvons pas courir le risque de la laisser filer. Elle irait tout raconter à la police...

Challenge Le Club des 5
logo_club_des_5
3/10

Déjà lu du même auteur :

F_iledelasorci_re_1975  Fantômette et l'île de la sorcière

4 juillet 2011

C'est lundi ! Que lisez-vous ? [36]

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C'est le jour du rendez-vous initié par Mallou et proposé par Galleane 

Qu'est-ce que j'ai lu la semaine dernière ?

a_quand_les_bonnes_nouvelles_p dangereux_complots la_parenth_se le_portail_folio

A quand les bonnes nouvelles ? - Kate Atkinson (Grande-Bretagne / Ecosse)
Les chevaliers en herbe – Dangereux complots – Arthur Ténor
La Parenthèse – Élodie Durand (BD)
Le portail - François Bizot 

Qu'est-ce que je lis en ce moment ?

Father - Vito Bruschini  (partenariat Libfly Furet du Nord)

Que lirai-je cette semaine ?

Brooklyn - Colm Toibin
L'extravagant voyage du jeune et prodigieux - T.S. Spivet (partenariat Livraddict / Livre de Poche)

Bonne semaine, bonnes lectures et à lundi prochain !

3 juillet 2011

Persécution – Alessandro Piperno

Lu dans le cadre  d'un partenariat Libfly et Furet du Nord
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pers_cution Liana Levi – septembre 2011 – 420 pages

traduit de l’italien par Fanchita Gonzalez Batlle

Titre original : Persecuzione, Arnaldo Mondadori Editore S.p.A, 2010

Présentation éditeur :
Leo Pontecorvo est un professeur de médecine reconnu et un père de famille respecté. Avec savoir vivre et discrétion, il mène une vie confortable. Les excès et les incartades font d’autant moins partie de son univers qu’il est issu d’une famille juive romaine qui a sa place dans la bourgeoisie depuis des décennies, ce qui lui confère une tranquille approche de la vie. Mais voilà qu’un soir, en regardant le journal télévisé, il apprend qu’une gamine de douze ans, petite amie de l’un de ses fils, l’accuse d’avoir tenté de la séduire. Un gouffre s’ouvre sous ses pieds. Rien dans sa vie ne l’a préparé à affronter une situation aussi humiliante. Rien ne l’a préparé à se battre en général. Depuis toujours il s’est déchargé des contingences matérielles sur sa mère et sa femme, Rachel. Au lieu d’affirmer son innocence, Pontecorvo se replie sur lui-même et commence une lente descente aux enfers, tout en se remémorant comment le piège s’est refermé sur lui entre l’indispensable et trop raisonnable épouse, la fillette mythomane, les clinquants parents de l’accusatrice, l’intraitable magistrat, l’ami avocat pervers…
Dans ce roman magistral, Alessandro Piperno décortique les moindres détours de l’âme humaine, sa complexité, ses ambiguïtés. Avec une écriture aux milles subtilités, qui ne dédaigne pas l’inventivité, il enveloppe le lecteur dans un récit aux innombrables ramifications.

Auteur : Alessandro Piperno est né en 1972 à Rome où il vit toujours. Passionné de Proust, auquel il a consacré son premier essai, Proust antijuif (Liana Levi 2007), il enseigne la littérature française à l’université. En 2005 son premier roman, Avec les pires intentions (Liana Levi 2006, Folio 2007), suscite une polémique en Italie parce qu’il y dresse de façon provocatrice le portrait d’une famille de la bonne bourgeoisie juive et de la jeunesse dorée à Rome. C’est avec un ton plus grave, mais sans se départir d’une féroce ironie, qu’il écrit et publie en 2010 Persecuzione. Fan de littérature américaine, de pop music et de foot, Alessandro Piperno est aujourd’hui considéré comme l’un des auteurs majeurs de la Péninsule.

Mon avis : (lu en juillet 2011)
Leo Pontecorvo est un cancérologue, pédiatre réputé, il fait parti de la bourgeoisie juive de Rome. C'est un père de famille respecté et respectable. Mais le 13 juillet 1986, sa vie va basculer. En effet, rassemblé en famille pour le dîner devant la télévision, le présentateur du journal de 20 heures, l'accuse d'avoir voulu séduire la petite amie de son fils Samuel, âgée de 12 ans et demi. C'est un choc pour toute sa famille, sa femme Rachel, ses fils Filippo et Samuel et pour Leo lui-même.
Sa réaction est surprenante, en panique, au comble du désarroi, il est incapable de se défendre et il se réfugie dans le studio aménagé au sous-sol de sa propre maison. Sa femme ne lui parle plus, ses fils font comme s'il n'existait pas... Leo se remet en mémoire les circonstances qui ont fait qu'il se trouve dans cette situation absurde. Il se sent pris au piège.

J'ai mis plusieurs jours à lire ce livre assez dense, avec seulement quatre chapitres (un par partie). Le lecteur suit la lente descente aux enfers de Leo Pontecorvo, il y a du suspens, de nombreuses digressions qui nous font mieux connaître Leo, son épouse, ses fils, son travail...
J'ai été un peu perturbée au début, par les longues digressions de l'auteur, perdant un peu le fil de l'histoire, puis je me suis finalement attachée à Leo et j'avais hâte de savoir comment il allait pouvoir se défendre et faire éclater la vérité.

Merci beaucoup à Libfly et Furet du Nord et aux éditions Liana Levi pour m'avoir permis de découvrir ce livre dans le cadre de l'opération La rentrée littéraire en avant-première.

Extrait : (début du livre)
C’est le 13 juillet 1986 qu’un désir inconfortable de n’être jamais venu au monde s’empara de Leo Pontecorvo.
Un instant plus tôt, Filippo, son fils aîné, s’autorisait la plus mesquine des lamentations puériles : contester la toute petite portion de frites que sa mère avait fait glisser dans son assiette, en regard de la générosité inouïe qu’elle avait témoignée à l’égard de son petit frère. Et voilà que quelques secondes plus tard le présentateur du journal télévisé de vingt heures insinuait, devant une considérable tranche de la population, que Leo Pontecorvo ici présent avait entretenu une correspondance dépravée avec la petite amie de son fils cadet, âgé de treize ans.
Autrement dit, de ce même Samuel, avec son assiette pleine du trésor doré et croustillant qu’il ne mangerait jamais. Hésitant probablement quant à savoir si la célébrité soudaine que lui apportait la télé serait archivée par ses amis dans la case à ragots rigolos ou dans celle, encore vide, destinée à recevoir l’image la plus irrémédiablement merdique qui puisse être accolée au jeune garçon d’une tribu gâtée et indolente.
Inutile d’espérer que l’âge tendre de Samuel l'ait empêché de deviner ce qui avait instantanément été clair pour tout le monde : quelqu'un à la télé sous-entendait que son père avait baisé sa petite copine. Quand je dis « petite copine », je parle d'un oisillon de douze ans et demi aux cheveux couleur citrouille et au museau de fouine parsemé de taches de rousseur ; mais quand je dis « baiser » je parle bien de baiser. Et donc de quelque chose d'énorme, d'extrêmement grave, de trop brutal pour être assimilé. Même par une épouse et deux fils qui se demandaient depuis quelque temps déjà si ce mari et père était réellement le citoyen irréprochable dont il avait toujours été naturel de se sentir fiers.


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Libfly et Furet du Nord

Lu dans le cadre du Challenge Voisins, voisines
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Italie

Challenge 1%
Rentrée Littéraire 2011
RL2011b
3/7

2 juillet 2011

Le portail - François Bizot

Challenge Destination Cambodge : 2 juillet 2011
proposé par evertkhorus

Destination_Cambodge

Le challenge consistait à découvrir un pays à travers sa littérature et/ou sa culture. Pour cela, il s'agissait de lire un livre se passant au Cambodge ou écrit par un Cambodgien et d'en faire la critique pour aujourd'hui. Nous pouvions aussi ce jour-là présenter des recettes, de la musique, des photos, des carnets de voyage...

   

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La Table Ronde – août 2000 – 397 pages

Folio – janvier 2002 – 439 pages

Prix des lectrices d'Elle, catégorie Essai, 2001

Quatrième de couverture : 
François Bizot, membre de l'École française d'Extrême-Orient, est fait prisonnier au Cambodge par les Khmers rouges, en 1971. Enchaîné il passe trois mois dans un camp de maquisards. Chaque jour, il est interrogé par l'un des plus grands bourreaux du vingtième siècle, futur responsable de plusieurs dizaines de milliers de morts, aujourd'hui jugé pour crimes contre l'humanité : Douch. Au moment de la chute de Phnom Penh, en 1975, François Bizot est désigné par les Khmers rouges comme l'interprète du Comité de sécurité militaire de la ville chargé des étrangers auprès des autorités françaises. Il est le témoin privilégié d'une des grandes tragédies dont certains intellectuels français ont été les complices. Pour la première fois, François Bizot raconte sa détention. Grâce à une écriture splendide et à un retour tragique sur son passé, l'auteur nous fait pénétrer au coeur du pays khmer, tout en nous dévoilant les terribles contradictions qui - dans les forêts du Cambodge comme ailleurs - habitent l'homme depuis toujours.

Auteur : Membre de l'École française d'Extrême-Orient, François Bizot a été affecté depuis 1965 dans différents pays de la péninsule indo-chinoise dont il étudie les religions. Directeur d'études à l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il est titulaire de la chaire de "Bouddhisme d'Asie du Sud-Est".

Mon avis : (lu en juin 2011)
Le Cambodge est un pays que je ne connais pas, je me suis donc contentée de lire un livre qui était dans ma bibliothèque depuis très longtemps. En effet, j'avais acheté ce livre lors d'une conférence organisée à la Bibliothèque de ma commune en 2002 et où l'auteur nous avait parlé de son expérience de prisonnier au Cambodge puis d'interprète auprès des Khmers rouges.

François Bizot est arrivé au Cambodge en 1965. Ethnologue, il venait étudier le bouddhisme de l’Asie du sud-est dans la région des temples d’Angkor. Le 10 octobre 1971, il est arrêté avec ses 2 assistants khmers et interné durant 3 mois dans le camp dirigé par Douch.

Durant cette captivité, il est longuement interrogé  par Douch car on l’accuse d’espionnage, ces interrogatoires évoluerons  peu à peu en longues  discutions à propos du Cambodge et de la révolution Khmers. Il s’interroge aussi sur la personnalité de Douch.

« Dans la nuit, le feu vacilla. Une ombre sinistre dédoubla son visage. J'étais effrayé. Jamais je n'aurais cru que le professeur de mathématiques, le communiste engagé, le responsable consciencieux, puisse être en même temps l'homme de main qui cognait. »

Je me rappelle que lors de sa conférence, François Bizot disait que cet homme paraissait équilibré et intelligent et de savoir qu’il soit devenu un tortionnaire lui faisait peur et il s’interrogeait lui-même à ce propos, « Aurait-il pu un jour, lui François Bizot, devenir  un bourreau ?»

En 1971, Douch était un jeune chef révolutionnaire et François Bizot lui doit la vie. Il est l’un des 3 seuls survivants de ce camp.

Plus tard il deviendra l'un des plus terribles chefs de guerre et tortionnaire cambodgien.

Douch  a été arrêté en 1999 et jugé en 2009 pour crime contre l'humanité. En juillet 2010, il est condamné à 30 ans de prison.

Dans la deuxième partie du livre décrit avec grande précision la chute de Phnom Penh en 1975, à cette époque, François Bizot a été désigné par les Khmers rouges comme l'interprète du Comité de sécurité militaire de la ville chargé des étrangers à l’Ambassade de France, il est donc le témoin privilégié des tractations entre français et khmers rouge.

En écrivant ce billet, je réalise que ce livre est vraiment d’actualité même s’il parle de faits qui ont plus de trente ans… Il est question d’un otage et un nouveau procès d’anciens dirigeants Khmers rouge s’est ouvert il y a quelques jours au Cambodge.

Voilà un témoignage passionnant et fort sur une période difficile de l’Histoire du Cambodge.

 

Extrait : (page 29)
De mes souvenirs surgit aujourd’hui l’image d’un portail. Il m’apparaît, et je vois l’articulation dérisoire qui fut dans ma vie à la fois un début et une fin. Fais de deux battants qui hantent mes songes, d’un treillis de fer soudé sur un châssis tubulaire, il fermait l’entrée principale de l’ambassade de France quand les Khmers rouges sont entrés dans Phnom Penh, en avril 1975.
Je l’ai revu treize ans plus tard, lors de mon premier retour Cambodge. C’était en 1988, au début de la saison des pluies. Ce portail m’a semblé beaucoup plus petit et fragile. J’y ai, sans attendre, posé mes yeux et mes mains aveugles, immédiatement surpris de mon audace, hésitant sur ce que je cherchais au juste, et surtout ignorant de ce que j’allais y trouver : de la serrure légèrement de travers, des soudures visibles, des plaques de renforcement posées dans les coins, de toutes ce cicatrices qui m’apparaissaient soudain cruciales – mes yeux passant au travers ne s’y étaient jamais arrêtés -, un surprenant mélange de confusion et de crainte m’envahit ; devenu réel et comme doté d’existence, il me faisait éprouver du plaisir en même temps que resurgissait l’horreur.
Ce n’était pas seulement le plaisir du déclenchement des larmes. Cette nouvelle réalité, recouvrant mon souvenir, me fit songer aux soudeurs qui avaient posé sans soin le grillage sur le cadre, et aux maçons qui avaient fiché les charnières dans le ciment. Auraient-ils pu imaginer de quel drame ce montage un jour serait l’instrument ? Je ne m’expliquais pas qu’une ambassade ait pu recevoir une porte de si mauvaise facture ; ni qu’un grillage si fragile ait résisté à tant d’espoirs si forts, se soit ouvert à tant de maux si lourds. J’avais conservé l’image d’une structure beaucoup plus imposante, faite pour retenir, pour refouler, lourde, infranchissable ; or, la ferronnerie, tout à coup mise au jour, et dont je voyais (comme avec gêne) le matériau, les lésions, les souffrances, m’apparaissait dérisoire.
La douceur inattendue qui m’envahissait au moment même où remontait l’horreur – mélange qui coule maintenant dans mes veines pour toujours – fit vaciller mon corps sans chasser l’affliction qui m’étouffait. Je ressentis avec force la dérision du temps et le jeu frivole des choses.

 

 

Lu dans le cadre du Challenge Petit BAC
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